B. UNE POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT FONCIER MOINS AMBITIEUSE

1. Une diminution régulière des interventions de l'Etat

Le budget pour 1998 enregistre d'importantes réductions sur les acquisitions foncières en crédits de paiement (-35 % soit une diminution de 9 millions de francs).

Les crédits destinés aux investissements directs de l'Etat diminuent en effet à 50,6 millions de francs, contre 62,8 millions de francs en 1997, en crédits de paiement.

2. La situation particulière de la région Ile-de-France

Il faut remarquer la situation particulière de la région Ile-de-France, dont les crédits consacrés aux acquisitions foncières font l'objet d'une dotation spécifique, hors du budget "urbanisme et services communs".

Le fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France (FARIF) est un compte d'affectation spéciale financé par le produit de la taxe sur les locaux à usage de bureaux existant sur l'ensemble de l'Ile-de-France. Ce fonds permet de disposer de moyens complémentaires à ceux du budget général pour financer des opérations liées à la concentration urbaine dans cette région.

Les crédits consacrés à la politique d'acquisition foncière ne représentent que 7,8 % du fonds mais augmentent de 25%, à 128 millions de francs pour 1998.

Cette hausse est destinée à développer une politique active de réhabilitation et d'aménagement urbain sur les sites stratégiques d'Ile-de-France dans le cadre des contrats de développement urbain.

Ces contrats définissent une stratégie urbaine à moyen et long terme, afin de mettre en oeuvre les orientations du schéma directeur régional d'Ile-de-France (SDRIF). Le principe d'une participation de l'Etat aux acquisitions foncières a été retenu à hauteur de 100 millions de francs pour la durée du plan.

Sur l'ensemble des sites concernés, trois contrats de développement urbain sont signés ou sur le point de l'être (Seine amont, Plaine Saint Denis, Mantes) et devraient faire l'objet de subventions foncières en 1998 au titre du FARIF.

3. La situation financière des établissements d'aménagement foncier

Les Etablissements publics foncier d'Etat sont les 8 établissements publics des villes nouvelles (Cergy Pontoise, Marne la Vallée, Sénart, Evry et Saint-Quentin-en-Yvelines, l'Isle d'Abeau et l'Etang de berre) auxquels s'ajoute l'établissement public d'aménagement de La Défense mais il existe également des opérateurs agissant pour le compte de l'Etat : l'AFTRP, organisme à vocation foncière et d'aménagement, l'Etablissement public de Basse-Seine, l'Etablissement public Métropole Lorraine, l'Etablissement public foncier du Nord Pas-de-Calais.

D'une manière générale, les opérateurs mis en place par l'Etat ou les collectivités locales (établissements publics de villes nouvelles, syndicats d'économie mixte) connaissent des difficultés financières, avec pour corollaire une crise de l'aménagement urbain .

a) Situation financière des E.P.A.V.N

L'activité des établissements publics d'aménagement des villes nouvelles (EPAVN) subit encore les contrecoups de la conjoncture économique aussi bien dans le domaine des logements que dans celui des activités.

Le chiffre d'affaires brut (vente de charges foncières et prestations de service) a atteint 658 millions de francs en 1996 contre 998 millions de francs en 1995 et les produits d'exploitation ont chuté de 1214 millions de francs à 924 millions de francs. Malgré des efforts de productivité tant sur les marges que sur leurs coûts structurels, la plupart des établissements ont été confrontés à des problèmes de financement de leur activité et à des résultats d'exploitation négatifs.

Agrégats significatifs de la situation financière des E.P.A.V.N

1995

1996

1997

chiffre d'affaires

998,2

657,5

960,7

produits d'exploitation

1214,1

923,8

1139

endettement total

1248,1

1248,5

1195,7

dont organismes prêteurs

816,3

879,6

867

Etat (portage foncier)

431,8

369

328,7

(en millions de francs)

Les estimations pour 1997 sont sensiblement plus favorables puisque la dette devrait décroître de 1248 millions de francs à 1196 millions de francs (-4,1%). Dans le même temps, le chiffre d'affaire devrait progresser de 657,5 millions de francs à 960,7 millions de francs (+ 46%) sans toutefois atteindre le niveau de 1995. Enfin, les produits d'exploitation s'élèveraient à 1139 millions de francs (+23 %).

Les dotations de l'Etat se sont progressivement réduites.

Dotations aux EPAVN

chapitre budgétaire

1995

1996

1996

1997

acquisitions foncières

55-21, art 90

19,9

9,34

4

0

acquisitions foncières

FARIF

43,6

54

53,2

n.c

voirie primaire

55-43, art 40

81

70,1

55

77

desserte interne

46-41, art 50

3,5

3

2

2

total

148

136,4

112,2

Les crédits consacrés aux acquisitions foncières sur le chapitre budgétaire 55-21 se sont progressivement éteints depuis 1995.

Dans le même temps, les crédits du FARIF ont progressé de telle sorte que les dotations se sont maintenues en 1995 et 1996. Cependant, l'ensemble des dotations budgétaires se sont progressivement réduite aussi bien pour la voirie primaire (chapitre 55-43) que pour la desserte des villes nouvelles (chapitre 46-41).

b) Perspectives des différents EPAVN

A Cergy , en raison d'un affaiblissement de son rythme de commercialisation, et de l'obligation de diversifier son offre foncière, l'établissement public a accru légèrement son endettement après plusieurs années de désendettement.

Malgré un endettement modéré, l'établissement public d' Evry connaît des déséquilibres structurels de son activité en raison du caractère limité de son périmètre opérationnel.

L'établissement public de Marne la Vallée connaît un tassement de son activité mais les perspectives en 1997 devraient conforter son rôle de rééquilibrage de l'est parisien.

A Sénart , l'Etat a consolidé en 1996 une avance de 35 millions de francs qui a pu être réintégrée aux capitaux propres de l'établissement et il s'est porté acquéreur d'une partie du stock du foncier de l'établissement public à hauteur de 30 millions de francs en 1996 et 20 millions de francs en 1997. Cependant, l'endettement de cet établissement est encore très important puisqu'il représente 4 années de son chiffre d'affaires.

A Saint Quentin en Yvelines , la ville nouvelle est en voie d'achèvement.

Il faut remarquer qu'en raison de la situation financière favorable de l'établissement public de Saint Quentin en Yvelines, l'article 3 du projet de loi de finances rectificative pour 1997 prévoit un prélèvement exceptionnel de 150 millions de francs sur les réserves de cet établissement . Ce prélèvement ne manquera pas d'étonner car il met en oeuvre un mécanisme de redistribution inédit entre les établissements d'aménagement des villes nouvelles, au détriment de ceux dont la situation est la plus saine.

4. Les grands projets

Contrairement aux autres interventions de l'Etat, dont les moyens diminuent, il faut noter que les moyens des grands projets sont maintenus.

a) Le rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel

Ce projet, qui a fait l'objet d'une annonce par le premier ministre le 1er avril 1995, a été engagé par la mise en oeuvre d'études de cadrage pour 1997 (investigations techniques et archéologiques, études hydrosédimentaires à l'automne).

En 1998, les résultats des essais hydrauliques seront déterminants et permettront d'établir un programme technique détaillé et un échéancier à l'automne 1998. Ce dossier permettra de passer au stade de la réalisation.

b) Le programme "Euroméditerranée"

Ce programme public d'investissement associe l'Etat (50%), la ville de Marseille (25%), la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (10%), le département des Bouches-du-Rhône (10%) et la communauté de communes Marseille-Provence-métropole (5%).

Une première phase d'aménagement est aujourd'hui lancée dans le cadre d'un programme triennal (96-98) dont le coût actualisé est évalué à 890 millions de francs.

Les acquisitions foncières ont été engagées en 1996 et 1997. Les travaux de conception du centre international de promotion et des échanges (CIPE) qui devrait regrouper des espaces publics et privés, des représentations étrangères et des institutions délocalisées devraient commencer en 1998, de même que ceux d'un bâtiment universitaire rassemblant des formations du 3ème cycle et un centre de recherche concernant le droit, la gestion ainsi que les affaires et les finances internationales.

Les dotations au programme Euroméditerranée seront relevées : les dépenses en capital progresseront de 42% en crédits de paiement.

c) Le Stade de France

La subvention versée au concessionnaire du stade de France est inscrite sur le budget du ministère de la jeunesse et des sports. Le coût global de réalisation du stade s'élève à 3,41 milliards de francs, incluant l'édification de l'ouvrage, la dépollution du site, la réalisation d'équipement et de voiries annexes et l'aménagement de la zone d'aménagement concerté (ZAC).

La société anonyme d'économie mixte (SANEM) stade de France, dont l'Etat détient plus de la moitié du capital, procède en effet à l'aménagement de la ZAC du Cornillon Nord. Cette zone a pour vocation de créer autour du stade de France un nouveau quartier à usage mixte de logements, bureaux et activités centrées sur les sports et les loisirs. Un premier programme de 17 700 m² sera réalisé d'ici la coupe du Monde 1998. Au total, la participation de la Direction de l'Aménagement Foncier et de l'urbanisme (DAFU) devrait être de 131,9 millions de francs sur 1996-1998, dont 12,4 millions de francs au titre de 1998 .

Crédits consacrés à l'aménagement de la ZAC du Cornillon Sud

1996

59,5

1997

60

1998

12,4

total

131,9

(en millions de francs)

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