B. UNE MOBILITÉ ACTUELLEMENT JALONNÉE DE NOMBREUX OBSTACLES
L'association Europ App Mobility a publié en septembre 2021 un « Manifeste pour une Europe des apprentis » dans lequel sont identifiés cinq types d'obstacles à lever : juridique, financier, académique, linguistique et psychologique.
Le frein juridique à la mobilité internationale vient du fait que l'alternant est lié à un employeur par un contrat de travail et que son accord est requis pour la réalisation d'une mobilité internationale. Or, le départ de l'alternant pour un séjour à l'étranger peut être coûteux pour l'employeur et source de perturbation au sein de l'entreprise. Surtout, le cadre juridique applicable aux mobilités constitue un frein à leur réalisation. En effet, ainsi que l'a constaté l'Igas dans son rapport précité, la mise en veille du contrat pour une mobilité supérieure à quatre semaines libère certes l'entreprise de ses obligations en termes de rémunération, mais reporte les contraintes et les incertitudes sur le CFA et l'apprenti, voire sa famille. Cette mise en veille du contrat porte ainsi un certain nombre d'effets très négatifs qui limitent voire empêchent les mobilités longues.
En outre, les obligations liées à la signature d'une convention entre l'alternant et les différentes parties (entreprise, centre de formation à l'étranger) impliquées dans la mobilité constituent des démarches complexes à mettre en oeuvre, notamment pour les centres de formation. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas tous dotés d'un référent mobilité, cette fonction étant parfois assumée à temps partiel par un enseignant qui n'a pas la capacité d'assumer l'ensemble des charges administratives qu'elle implique et de faire face à la complexité des règles.
Les alternants sont aussi freinés par le coût d'un séjour à l'étranger. En 2023, l'agence Erasmus+ n'a pu satisfaire que 53 % des demandes de soutien financier pour des mobilités internationales relevant du champ de l'enseignement professionnel. En outre, le soutien financier des opérateurs de compétences est très hétérogène et souvent insuffisant.
Ensuite, des freins académiques sont constatés, puisque l'alternant n'a que rarement connaissance de la possibilité d'effectuer une mobilité à l'étranger dans le cadre de son parcours et que l'expérience acquise lors de sa mobilité n'est pas aisément reconnue dans le cadre des certifications professionnelles. À ces difficultés s'ajoutent des barrières linguistiques et psychologiques auxquelles tous les jeunes apprenants font face pour s'engager dans un projet de séjour à l'étranger et pour lesquelles ils doivent être accompagnés.