CONCLUSION
Votre
rapporteur relevait déjà l'an passé que
" l'évolution préoccupante des crédits prévus
en 1999 pour l'aide au développement jetait un doute sur le sens
même de la réforme ; la fusion des budgets et des
administrations ne saurait recouvrir une marginalisation de l'aide au
développement et de la place de l'Afrique au sein de notre
diplomatie ".
Ces appréhensions étaient malheureusement justifiées car
elles se sont trouvé confirmées par la nouvelle baisse des moyens
affectés à l'aide au développement dans le projet de
budget pour 2000.
La réduction des crédits de la coopération ouvre
incontestablement la voie à une
" banalisation " de la
place de l'Afrique dans la politique étrangère de la France.
Une telle évolution ne paraît pas conforme à nos
intérêts nationaux
.
Pour votre rapporteur, la priorité africaine de l'aide au
développement doit être clairement réaffirmée. D'une
part, les progrès économiques accomplis par les pays de la zone
franc constituent un indicateur encourageant pour la politique française
de coopération. Il serait dès lors regrettable de
relâcher l'effort au moment où il commence à porter ses
fruits
. D'autre part, nos liens avec l'Afrique reposent aussi sur la
présence d'une
communauté française
forte de
quelque 150.000 personnes. Il faut faire fructifier et amplifier ce capital
humain. Nous devons admettre à cet égard que
nos compatriotes
n'ont pas toujours bénéficié de l'attention
nécessaire de la part des pouvoirs publics
comme le démontre
amplement le problème récurrent des pensions des retraités
français ayant exercé en Afrique ou les difficultés
d'indemnisation de nos ressortissants parfois ruinés et acculés
au désespoir à la suite d'événements politiques
dans lesquels ils n'ont aucune part de responsabilité.
L'équité, comme la simple logique, commanderait de mettre en
place
d'urgence
une solution enfin stable et définitive à
ce très grave problème qui génère une
désaffection profonde de nos compatriotes vis-à-vis de
l'expatriation. Cette désaffection affaiblit dangereusement la
présence et l'influence de la France dans certaines zones de la
planète où nous avons pourtant tout intérêt non
seulement à maintenir solidement nos positions mais également
à les renforcer dans l'immédiat et pour l'avenir.
Des solutions existent. Une d'entre elles, peut-être la plus simple et la
plus rapide, consisterait à précompter sur les aides
apportées à certains pays les sommes dues à nos
compatriotes, qu'il s'agisse des pensions de retraite ou des indemnités
nécessaires pour la reconstitution de leur outil de travail et la
reprise de leurs activités.
D'autres solutions sont également possibles. Elles ont pour
préalable, dans certains cas, la fermeté et la pugnacité
des négociateurs, mais avant tout, la réelle volonté
politique du Gouvernement de résoudre ce problème. Le jour
où cette volonté politique existera réellement, nous
pourrons mettre sur pied en quelques mois les mécanismes
nécessaires.
Conforter la situation des Français en Afrique apparaît, en effet,
comme un moyen décisif d'encourager nos entreprises à investir
sur le continent.
N'oublions pas que l'influence de la France en Afrique constitue un
élément essentiel de notre rayonnement international. En dehors
d'autres considérations, nous pouvons régulièrement
compter aux Nations unies sur le soutien et la fidélité de nos
partenaires africains et parfois d'eux seuls. En outre, notre politique en
Afrique doit également s'apprécier dans un horizon de moyen et
long termes : le continent africain comptera
1,25 milliard
d'habitants
en 2025, soit 18 % de la population mondiale. Ces
perspectives démographiques constituent à la fois une promesse et
un défi : une promesse car le continent africain représente
un marché au potentiel considérable ainsi qu'une caisse de
résonance pour la francophonie et l'influence française ; un
défi, aussi, car il faudra contribuer au développement harmonieux
du continent.
Telles sont les raisons principales qui plaident pour le maintien de la
priorité accordée à l'Afrique dans notre politique
étrangère. Or cette priorité se trouve aujourd'hui
menacée, d'une part, par l'élargissement de la zone de
solidarité prioritaire et, d'autre part, par l'érosion continue
des crédits de l'aide au développement au cours de la
période récente -érosion qui enlève toute
cohérence aux objectifs affichés par le Gouvernement.
Le budget pour 2000, loin d'infléchir cette évolution
préoccupante, la renforce
. S'il était encore possible de se
prononcer sur un budget séparé de la coopération, ce qui
n'est plus le cas depuis 1998, votre rapporteur aurait appelé à
rejeter cette dotation nettement insuffisante. Dans la mesure où le vote
porte sur l'ensemble du budget des affaires étrangères, votre
rapporteur s'en est remis à l'avis favorable proposé par votre
commission.