3. Le bilan nuancé de la politique d'implantation d'équipements culturels en province
a) Les grands projets en régions
Le
programme des grands projets en régions décidé lors du
Comité interministériel d'aménagement du territoire de
Troyes en 1994 symbolisait la volonté politique de veiller à une
répartition plus équilibrée de l'action culturelle.
Couvrant la période 1995-2000 et bénéficiant d'une
enveloppe globale de 800 millions de francs, il visait à favoriser la
constitution d'un réseau de " pôles d'excellence "
susceptibles d'avoir une action " structurante " sur le tissu
culturel local.
Près d'un an avant la date fixée pour l'achèvement de ce
programme, le bilan des opérations réalisées dans ce cadre
est mitigé.
Le montant total des autorisations de programme inscrites entre 1995 et 1999 au
titre des grands projets en région ne s'élève qu'à
410 millions de francs, dont 70,9 millions de francs dans le projet de loi
de finances pour 1999.
Les crédits dégagés pour 1999 permettront de
financer :
- les aménagements intérieurs du centre des costumes de
scène à Moulins (16 millions de francs) ;
- le démarrage du projet de la Villa Arson à Nice, destiné
à abriter une école nationale supérieure d'art, un centre
d'art et une résidence pour artistes (5 millions de francs) ;
- la première tranche de restructuration du théâtre du
Cargo à Grenoble (45 millions de francs) ;
- et la réhabilitation de l'architecture coloniale de Saint-Laurent du
Maroni (3,9 millions de francs).
Il apparaît donc que ce programme, qui devait initialement porter sur une
enveloppe de 800 millions de francs, aura subi un singulier retard
puisqu'
un
peu plus de la moitié seulement de l'enveloppe
initialement prévue aura été dégagée
. On
relèvera qu'en dépit de la volonté affichée du
gouvernement de renforcer l'offre culturelle en province, les dotations
consacrées à ces projets diminuent en 1999 de près d'un
tiers par rapport à 1998, passant de 165,5 millions de francs
à 75,9 millions de francs et que le projet de centre de la
mémoire contemporaine à Reims a été
abandonné.
Le retard pris dans la mise en oeuvre de ce programme peut s'expliquer par les
modalités mêmes de réalisation des opérations,
entamées trop récemment ou programmées sur une
période supérieure à cinq ans, ou encore par le
caractère encore trop flou de certains des projets
sélectionnés en 1994. On regrettera aussi que les annulations
intervenues en cours d'exécution budgétaire aient frappé
si souvent les grands projets en région.
b) Les contrats de plan Etat-régions
Les
constats faits à propos de la réalisation du programme des grands
projets en région rejoignent ceux tirés du bilan du volet
culturel des contrats de plan Etat-régions qui s'achèveront en
1999.
En effet, dans le domaine culturel, le taux d'exécution des contrats de
plan Etat-régions sera de 83 % en 1999. Si l'on peut se
féliciter de l'effort accompli depuis 1997, année où le
taux d'exécution n'était que de 51 %, on notera que le
domaine culturel est celui où l'on constate les taux de
réalisation les plus faibles.
On rappellera que le budget des volets culturels des contrats de plan
s'élevait au total à 1 505,32 millions de francs (soit
1 411,55 millions de francs pour la métropole ;
53,30 millions de francs pour les départements d'outre-mer et
40,47 millions de francs pour les territoires d'outre-mer), soit plus du
double par rapport au Xe plan où la part de la culture s'élevait
à 612 millions de francs.
La répartition de ce budget privilégiait les actions relatives au
patrimoine et aux musées, qui représentent 54 % des
crédits, par rapport à celles relatives au spectacle vivant et
à la création, auxquelles sont destinés 46 % des
crédits. On relèvera que cette situation a traduit une
évolution par rapport au Xe plan où les parts respectives de ces
actions étaient de 80 % et 20 %.