C. LA COHÉRENCE ENTRE EFFECTIFS, ÉQUIPEMENTS ET MISSIONS
Des effectifs moins nombreux appellent des équipements moins abondants. Il existe indubitablement une logique dans la réduction corrélative des uns et des autres.
Pour autant la programmation en projet entend conduire vers une armée « mieux équipée ».
Qu'en est-il ?
Le tableau ci-dessous met en parallèle l'évolution des effectifs et des équipements.
Situation en 1995 |
Horizon 2015 |
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Armée de Terre |
239.000 militaires 927 chars lourds 340 hélicoptères |
136.000 militaires 420 chars lourds 180 hélicoptères |
Ratio : homme/char homme/hélicoptère |
257/1 703/1 |
323/1 755/1 |
Marine |
64.000 militaires 314.000 t. de bâtiments |
42.500 militaires 234.000 t. de bâtiments |
ratio : homme/tonnage |
1/5 |
1/5,5 |
Armée de l'Air |
89.200 militaires 405 avions de combat 86 avions de transport |
63.300 militaires 300 avions de combat 52 avions de transport |
Ratio homme/avion de combat homme/avion de transport |
220-1 1037/1 |
211/1 1217/1 |
Sans doute faut-il tenir compte, dans l'appréciation des ratios dégagés dans ce tableau, de l'amélioration qualitative des équipements. Mais on ne peut manquer d'être frappé, s'agissant de l'armée de Terre, d'une évolution médiocre de ces ratios qui met directement en cause les retards que vont subir les programmes destinés à son équipement. L'amoindrissement brutal de sa capacité aéromobile lui permettra-t-elle, en attendant les livraisons de l'hélicoptère Tigre (au-delà de 2002), de remplir des missions impliquant un engagement effectif ? Pourra-t-elle tenir sa place dans des opérations conjointes ? Ne risque-t-elle pas d'être cantonnée dans un rôle second qui la confinerait dans des missions subalternes ?
Il est vrai que l'armée de Terre verra ses missions allégées en ce sens qu'elles seront plus tournées vers les interventions extérieures que vers la défense du territoire national. Reste que les menaces à venir et qui commencent déjà à se dessiner pourraient directement viser notre sécurité intérieure (violences, terrorisme, pressions migratoires, intégrismes etc.). Le plan Vigipirate, pourtant modeste, a exigé le renfort de 50.000 appelés. L'accroissement des effectifs de la Gendarmerie (+ 4,5 %) ne sera pas tel qu'il permettra de fournir le complément des effectifs requis pour faire face à ces menaces. De même, on peut s'interroger, face à des périls de cette nature, sur l'efficacité opérationnelle des renforts apportés à la sécurité intérieure par certaines formes volontaires du nouveau service national. D'où le rôle indispensable des réserves qui font l'objet d'un développement séparé.
Pour la Marine et l'armée de l'Air, en revanche, leurs missions ne connaîtront aucun changement notable. Leurs moyens diminués leur permettront-elles de continuer à les assurer convenablement ?
Notons, enfin, que la programmation en projet est peu explicite sur les dépenses dites de « socle » bien qu'elles conditionnent l'entretien des personnels et des matériels ainsi que les travaux d'infrastructure, c'est-à-dire la cohérence de la mise en oeuvre des forces.
Il y a là une source d'interrogations très préoccupante sur la compatibilité entre les contraintes financières et les exigences opérationnelles.