B. FORCES ET FAIBLESSES DU NUCLÉAIRE
L'année 2008 a été, à de nombreux égards, l'année de la relance du nucléaire, au regard notamment de la politique active menée par le Président de la République en faveur de la promotion de cette énergie dans de nombreux pays. Fort de l'expérience française en la matière, il a été proposé, à de nombreuses reprises, une aide à différents Etats (pays d'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient notamment). Au plan national, le Président de la République a par ailleurs indiqué, à l'occasion d'une visite au Creusot le 3 juillet 2008, l'intention des pouvoirs publics de soutenir la construction d'un deuxième réacteur de type EPR, réacteur dit de troisième génération.
Sans négliger le fait que le recours à l'énergie nucléaire permet à la fois de maîtriser nos émissions de dioxyde de carbone (CO 2 ) et constitue un gage important d'indépendance énergétique 108 ( * ) , votre rapporteur pour avis plaide en faveur d'une approche plus nuancée de ces questions. En effet, les incidents intervenus au début de l'été dernier -tant sur le site du Tricastin avec le déversement de substances radioactives dans les cours d'eau environnants par la société Socatri que sur celui de Romans-sur-Isère avec la rupture d'une canalisation dans une installation exploitée par la société FBFC (Franco belge de fabrication du combustible)- démontrent à quel point il est nécessaire de procéder à la gestion de ces activités avec les plus grandes précautions possibles . Votre rapporteur pour avis estime ainsi que la diffusion des technologies nucléaires dans des pays qui ne les maîtrisent pas actuellement doit être effectuée avec la plus grande circonspection et dans des conditions telles qu'elles permettent, au préalable, le transfert d'une culture de la sûreté. En outre, il tient également à souligner qu'il portera une attention particulière aux conditions dans lesquelles les opérations de maintenance des installations nucléaires, qui font massivement appel à des entreprises sous-traitantes, seront assurées par les exploitants.
S'agissant du lancement d'un deuxième réacteur EPR , au regard des récentes difficultés éprouvées, tant par Areva sur le chantier finlandais d'Olkiluoto que par EDF sur celui de Flamanville 3, votre rapporteur pour avis , à titre personnel, se demande si une telle décision n'est pas, à de nombreux égards, prématurée . Il tient à rappeler qu'il a toujours fait part de ses interrogations sur le recours à cette technologie dans la mesure où une stratégie alternative aurait pu être envisagée. En effet, votre rapporteur pour avis se demande s'il n'aurait pas été possible de s'appuyer à la fois sur une prolongation de la durée de vie des réacteurs en service et sur un effort de recherche accru en faveur du développement des réacteurs dits de quatrième génération , lesquels présenteront, sur de nombreux aspects, des sauts technologiques bien supérieurs à ceux de la troisième génération.
* 108 Le taux d'indépendance énergétique national se situe autour de 50 % depuis la fin des années 1980.