II. L'ATTRACTIVITÉ DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR FRANÇAIS : UN DÉFI À RELEVER DANS UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR MONDIALISÉE ET COMPÉTITIVE
Force est de constater que la France occupe une place plus que décevante sur le marché mondial des formations supérieures, alors même qu'elle dispose du plus important réseau scolaire à l'étranger. Elle accueille, en valeur absolue, deux fois moins d'étudiants étrangers que l'Allemagne et trois fois moins que le Royaume-Uni 13 ( * ) .
Le paradoxe est d'autant plus consternant qu'il vaut en particulier pour les jeunes bacheliers francophones issus des lycées français à l'étranger. En juin 2001, parmi les 3 520 élèves non français qui ont obtenu leur baccalauréat hors de France, sur un total de 6 282 bacheliers, seulement 38,26 % d'entre eux ont fait le choix de poursuivre leurs études supérieures en France, contre 73,8 % des bacheliers français 14 ( * ) .
A. ÉTAT DES LIEUX D'UNE POLITIQUE EN CHANTIER
1. Une tendance baissière inquiétante
D'après les données communiquées par le ministère des affaires étrangères et européennes, 212 932 étudiants étrangers se sont inscrits à l'université en France en 2007-2008 dans les établissements appartenant au système d'information SISE 15 ( * ) . Il s'agit, certes, d'une augmentation de près de 50 % en sept ans, mais cela correspond également à une diminution des effectifs étrangers dans nos universités de - 1,59 % en un an, c'est-à-dire presque 3 500 étudiants étrangers de moins. Sur un total de 1 197 383 étudiants inscrits dans les universités françaises en 2007-2008, les étudiants étrangers en représentent 15 %, soit une proportion analogue à celle observée l'an passé.
Si l'on ajoute les étudiants inscrits dans d'autres établissements d'enseignement supérieur (écoles d'ingénieurs, de commerce, classes préparatoires aux grandes écoles, etc.), le nombre total d'étudiants étrangers en France atteint 263 126 en 2006-2007 16 ( * ) contre 265 039 en 2005-2006, soit encore une légère diminution en un an. Compte tenu de la moindre proportion d'étrangers dans ces établissements, la part des étudiants étrangers pour l'ensemble des établissements est de 11,7 %.
Votre rapporteur pour avis ne peut que déplorer le manque d'attractivité à l'étranger de notre enseignement supérieur , que traduisent ces chiffres une nouvelle fois décevants. Dans le contexte particulièrement concurrentiel d'une mondialisation de plus en plus fondée sur l'économie du savoir, les performances de notre offre en formations supérieures lui paraissent inquiétantes, et ce d'autant plus que ce constat a été réalisé de longue date par les pouvoirs publics français. Les avertissements déjà formulés par le Conseil économique, social et environnemental dans son rapport de 2003 sur l'avenir de l'enseignement français à l'étranger en témoignent.
Votre rapporteur pour avis partage l'analyse exposée dans les rapports précédents de notre commission sur ce problème, à savoir que la promotion de notre enseignement supérieur à l'étranger doit aller au-delà d'une simple politique de bourses et d'équivalence des diplômes ; elle doit également redéployer des efforts massifs en matière de logement étudiant, de politique des visas et de communication extérieure de la part des établissements français.
* 13 Source : Projet annuel de performances.
* 14 Rapport du 29 octobre 2003 présenté au nom de la section des relations extérieures du Conseil économique, social et environnemental par M. Bernard Cariot sur l'avenir de l'enseignement français à l'étranger.
* 15 La collecte et l'édition de ces données sont de la responsabilité du ministère de l'éducation nationale. Le système SISE comprend les 83 universités publiques françaises, 3 instituts nationaux polytechniques, 3 universités de technologie, 5 établissements spécifiques à l'agglomération parisienne (INALCO, Institut d'études politiques de Paris, Observatoire de Paris, Institut de physique du Globe et Paris-Dauphine) et l'école du paysage de Blois.
* 16 Le nombre total d'étudiants étranger en France pour l'année 2007-2008 n'est pas encore connu.