F. LA MISE EN oeUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE 2000-2003 DES NMPP
Depuis bientôt dix ans, votre commission des affaires culturelles, dans chacun de ses rapports pour avis sur les crédits de la presse, suit avec la plus grande attention le déroulement des plans de modernisation des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP). Cet avis ne dérogera pas à la règle. Car du succès ou de l'échec de la restructuration de la principale société de groupage des titres dépend l'avenir d'un système de distribution collective et solidaire mis en place à la Libération.
Le plan stratégique adopté en février 2000 par l'ensemble des coopératives d'éditeurs et l'opérateur-actionnaire Hachette reposait sur 2 volets distincts destinés à moderniser l'entreprise :
- Un volet commercial , concernant les trois niveaux de la diffusion, dont l'objectif était de :
* renforcer l'efficacité des prestations de distribution des NMPP (niveau 1) ;
* reformer le réseau des dépositaires dans une optique concurrentielle (niveau 2) ;
* dynamiser le réseau de détail et l'adapter aux attentes des consommateurs (niveau 3).
- Un volet industriel visant à :
* améliorer l'efficacité de la distribution des quotidiens ;
* tirer parti de la nouvelle logistique des magazines et achever la réforme des invendus;
* refonder Paris Diffusion Presse (PDP).
Le plan stratégique 2000-2003 prévoyait aussi et surtout une baisse de trois points des coûts d'intervention des NMPP afin d'améliorer leur position concurrentielle vis à vis des Messageries Lyonnaises de Presse (MLP).
Deux ans et demi après le lancement du plan, un premier bilan peut être tiré de son état d'avancement pour chacun des deux volets.
1. Volet commercial
a) Niveau 1
Afin d'ajuster, aussi finement que possible, le nombre d'exemplaires mis en vente à la demande des lecteurs, les NMPP ont créé l'ART (anticipation des rythmes de vente en temps réel). Destiné à réduire le nombre d'invendus, dont le taux élevé (37,5 % des exemplaires en moyenne en 2001) reste un des problèmes récurrents de la vente au numéro, ce nouveau principe privilégie les flux tirés (le réapprovisionnement du diffuseur est déclenché par l'état des stocks constatés dans les magasins de presse) aux flux poussés (l'approvisionnement se fait en fonction de quantités calculées à l'avance) jusqu'alors utilisés.
b) Niveau 2
• Restructuration du réseau
Le plan prévoit la poursuite de la restructuration, en province, du réseau des dépositaires. Le nombre de dépôts, qui était à l'origine de 350 doit, à l'échéance du programme, être ramené à 200.
Au 1 er octobre 2002, 60 dépôts ont déjà été rattachés. Sur les 95 dépôts restant à rattacher :
- 10 rattachements sont planifiés pour la fin 2002 ;
- 53 rattachements sont planifiés pour 2003 ;
- 32 dépôts font toujours l'objet de négociations.
Cette stratégie de réduction du nombre de dépôts, intéressante pour la société d'un point de vue comptable, doit faire l'objet d'une appréciation nuancée. En effet, si la fermeture des dépôts permet mécaniquement de réduire le montant des coûts fixes, elle peut aussi accentuer la fragilité des NMPP. Ce danger, mis en avant par le rapport Hassan, doit être gardé à l'esprit.
Remis le 25 janvier 2000 à la ministre de la culture et de la communication de l'époque, ce rapport, après avoir reconnu l'impérieuse nécessité, à la fin des années 80, de rationaliser un réseau comportant plus de 2 600 dépôts, avance l'idée qu'une réduction trop importante de leur nombre aurait pour conséquence de :
- rendre la chaîne de distribution plus sensible aux éventuels retards et par conséquent d'exposer les NMPP à d'éventuelles critiques sur la qualité de leurs prestations,
- faciliter la « contournabilité » des NMPP. « Réduire encore le nombre de points à servir depuis l'imprimerie ou l'atelier de brochage pourrait rendre contournable à son tour tout le niveau 2 » soulignait ainsi le rapport.
Le choix de ramener le nombre de dépôts à 200 est un pari dont l'issue incertaine doit être attentivement observée. Une erreur stratégique dans ce domaine pourrait en effet s'avérer fatale pour l'ensemble du système.
• Modulation des tarifications
Pour accompagner la restructuration du réseau, une tarification modulée pour les dépositaires a été mise en place au printemps 2001. Celle-ci repose sur un taux de base qui passera progressivement de 8 % à 7,1 % du prix de vente selon le calendrier suivant :
- au 1 er janvier 2002 : 7,3 % ;
- au 1 er janvier 2003 : 7,3 % ;
- au 1 er janvier 2004 : 7,2% ;
- au 1 er janvier 2005 : 7,1%.
A ce taux de base s'ajoute une rémunération variable basée sur la performance des dépositaires. Trois critères de performance ont été établis :
- croissance du chiffre d'affaires du dépôt ;
- développement du réseau (création de points de vente, augmentation du linéaire) ;
- participation à des opérations de promotion.
Chaque critère atteint donnera droit à une commission de 0,1 %.
En contrepartie de cette baisse de rémunération, les NMPP s'engagent à proposer des solutions pour réduire les charges qui sont imposées aux dépositaires, par l'optimisation des flux aller et retour, dans une proportion estimée à 0,3 % du chiffre d'affaires presse.
c) Niveau 3
De 1999 à 2001 le nombre de diffuseurs de presse en activité a diminué de 2,2 %. Pour enrayer ce phénomène, les NMPP ont mis en place diverses actions dont les résultats se font encore attendre.
• Amplification de la politique d'enseignes
Sous l'impulsion d'une politique volontariste, le nombre de magasins à enseignes « Maison de la presse » et « Mag presse » a fortement progressé sur la période 2000-2001, passant de 1 064 à 1 210.
• Modernisation des points de vente
De 1997 à 2001, les NMPP ont versé plus de 1,7 million d'euros d'aides à 1 450 diffuseurs pour les inciter à moderniser leurs points de vente.
• Développement du nombre de points de vente
L'objectif affiché du plan est de créer 1 500 points de vente d'ici 2003.
Pour le moment, aucun des points de vente prévus n'a été créé. Au contraire, entre le 31 décembre 1999 et le 31 décembre 2001, 710 diffuseurs ont disparu portant leur nombre total à 31 504.