E. LA PRESSE À L'ÉCOLE : DES EFFORTS À ACCENTUER

Un sondage réalisé en janvier 1999 par l'institut CSA pour le centre de liaison de l'enseignement et des moyens d'information (CLEMI), le syndicat de la presse des jeunes et la presse quotidienne régionale auprès d'un échantillon représentatif de 838 jeunes scolarisés âgés de 12 à 18 ans, mettait en évidence le peu d'attrait de cette population pour la presse quotidienne. Ainsi, 70 % des jeunes interrogés déclaraient ne « jamais (ou presque) » lire un quotidien national d'information et 20 % d'entre eux assuraient ne lire ce type de journal que « de temps en temps, moins d'une fois par semaine ». De même, 42 % ne lisaient « jamais ou presque un journal quotidien régional » et 29 % n'en lisaient que « de temps en temps, moins d'une fois par semaine ».

Cette situation est particulièrement inquiétante pour deux raisons.

La lecture de la presse constitue en premier lieu un support idéal pour l'éveil intellectuel de l'adolescent. Fenêtre ouverte sur le monde, le journal permet à l'élève, comme à chacun des lecteurs, de s'informer sur l'actualité et de réfléchir sur celle-ci. Il permet ainsi de se forger une opinion différente de celle assurée par l'écran de télévision qui privilégie trop souvent le choc émotionnel et suscite trop rarement le débat.

D. Junqua 3 ( * ) met ainsi en évidence la particularité de l'écrit : « la radio par le son, la télévision par l'image agissent directement sur notre sensibilité.(...) L'écrit s'adresse à la raison. Il contraint l'auteur à une discipline, l'oblige à la rigueur. Il permet d'expliquer, de relativiser, de nuancer, de préciser.(...). Dans ce transfert d'information, le lecteur est un partenaire à part entière. Il doit faire lui même un effort, mobiliser son attention, mettre en oeuvre une technique ».

Elle favorise l'apparition en second lieu, chez le jeune lecteur, de l'esprit citoyen. Fenêtre ouverte sur le monde, le journal est aussi et avant tout une fenêtre ouverte sur la cité. Premier acte de participation à la vie sociale, la lecture régulière de la presse permet ainsi le développement, chez les 15-20 ans, d'un sentiment d'appartenance à la collectivité.

Dans ces conditions, votre rapporteur estime que l'école devrait être le lieu de rencontre privilégié entre les jeunes lecteurs et la presse. Cette initiation à la lecture de la presse écrite, que l'on souhaite obligatoire, ludique et pluraliste, aurait en outre le mérite d'éviter que le fossé ne se creuse encore d'avantage entre ceux qui liront et qui sauront et les autres, toujours plus nombreux.

Or, force est de constater que l'Education nationale ne s'est pas engagée dans cette voie. Elle a surtout privilégié de vastes projets permettant d'assurer la présence, dans un premier temps, de téléviseurs puis, plus récemment, d'ordinateurs dans les salles de cours 4 ( * ) .

S'il n'est pas de notre propos de contester le bien-fondé de ces initiatives, il convient néanmoins de les comparer aux efforts réalisés pour promouvoir la presse dans les écoles. Or dans ce domaine, tout ou presque reste à faire.

Une initiative doit néanmoins être saluée : la semaine de la presse dans l'école. Organisée par le CLEMI, cette opération annuelle est un véritable succès. La treizième édition, qui s'est tenue en mars dernier, a concerné 3 850 000 élèves, 270 000 enseignants et près de 800 médias dont 466 titres de presse écrite pour 12 434 établissements scolaires.

Cette opération prouve qu'il existe un avenir, dans l'intérêt de tous, pour la presse à l'école. C'est pourquoi votre rapporteur incite les éditeurs et les représentants de l'éducation nationale à se concerter pour envisager la généralisation de ce type d'opération. Outil pédagogique encore sous-estimé, la presse mérite une place plus importante dans un système éducatif qui, en dépit de ses mérites, ne parvient pas à endiguer le développement de l'illettrisme.

Votre rapporteur rappelle par ailleurs qu'il s'attache depuis plusieurs années à promouvoir l'idée de créer un fonds de concours permettant de faciliter l'abonnement de chaque classe à plusieurs titres de la presse quotidienne. Lorsqu'une véritable volonté politique existera, le Parlement saura certainement dégager des fonds pour financer ce qui devrait être considérer comme une grande cause nationale.

* 3 « La presse, le citoyen et l'argent » Gallimard 1999

* 4 Ces efforts ont d'ailleurs porté leurs fruits : selon les chiffres fournis par l'Education nationale en mars 2002, 100 % des lycées et collèges et 62 % des écoles sont aujourd'hui connectés à internet. Le nombre d'élèves par machine est en moyenne de 6 au lycée, 14 au collège et 23 à l'école.

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