III. L'EFFICACITÉ DES DISPOSITIFS PROPOSÉS POUR LES MOINS FAVORISÉS RESTE À PROUVER
Particulièrement sensible au sort des moins favorisés, votre commission a souhaité cette année se faire l'écho des propositions faites par le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées et d'une nécessité de relancer l'accession sociale à la propriété.
A. L'APPLICATION INCERTAINE DE LA LOI « LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS »
1. La parution des décrets d'application ou l'inscription de crédits budgétaires ne présument pas de l'efficacité du dispositif
Le 13
septembre 2000, la ministre de l'emploi et de la solidarité a
présenté en conseil des ministres, un bilan de
« deux ans d'action de lutte contre les exclusions menée
depuis le vote de la loi du 29 juillet 1998 ».
Le rapport présenté est un véritable satisfecit.
« Cette brochure propose un premier bilan de l'entrée en
vigueur de ce volet logement depuis 1998.
Elle dresse d'abord un bilan
général : les crédits prévus sont en
place ; les textes d'application sont parus pour l'essentiel
; la
mise en oeuvre locale est achevée pour certains dispositifs ou progresse
dans un cadre partenarial pour les autres. Elle fait ensuite le point sur les
dispositifs les plus importants, avec des exemples locaux».
Le rapport préjuge de l'efficacité de la loi à l'aune de
deux critères : la parution des décrets d'application et
l'inscription de crédits budgétaires.
S'agissant des textes d'application, votre rapporteur constate qu'ils ont
été édictés dans des délais
raisonnables.
Objet du texte |
Articles |
Nature |
Date |
Circulaire générale (ensemble du volet logement) |
Tous les articles logement |
Circulaire ministérielle |
13 octobre 1998 |
Versement de l'APL et de l'AL après l'ALT |
44 et 45 |
Circulaire interministérielle |
23 octobre 1998 |
Aide à la médiation locative |
40 |
Décret simple |
13 novembre 1998 |
|
|
Circulaire |
20 novembre 1998 |
Supplément de foyer solidarité (code construction et habitation) |
56-III |
Décret en Conseil d'Etat |
13 novembre 1998 |
Mesures concernant les rapports locatifs dans le parc social HLM |
47-56 II à V 58-59-60 |
Circulaire |
23 novembre 1998 |
Taxe sur la vacance |
|
|
|
• Liste des communes où la taxe vacance est instituée |
51 |
Décret simple |
29 décembre 1998 |
• Rattachement du produit de la taxe à l'ANAH |
|
Décret simple |
8 février 2000 |
Prévention des expulsions |
114 à 122 |
Circulaire interministérielle |
9 février 1999 |
Consultation des associations de défense des personnes en situation d'exclusion sur les mesures visant à la mise en oeuvre du droit au logement |
31 |
Décret en Conseil d'Etat |
24 mars 1999 |
Règles d'obligation de construction de parkings (Code de l'urbanisme) |
46 |
Décret en Conseil d'Etat |
1 er avril 1999 |
|
|
Circulaire |
19 avril 1999 |
Réquisition : |
|
|
|
• Conditions d'application des sections 1 (principes généraux), 2 (procédure) et 3 (relations entre le titulaire du droit d'usage des locaux et l'attributaire de la réquisition) |
52
|
Décret en Conseil d'Etat |
29 avril 1999 |
• Détermination du loyer en fonction du prix de base au m2 de surface habitable (code construction et habitation) |
(art. L. 642-23 CHH) |
Décret simple |
29 avril 1999 |
Saturnisme : |
|
|
|
• Délimitation des zones à risques |
123
|
Décret en Conseil d'Etat |
9 juin 1999 |
• Procédure |
(L. 32-1 à 4 du code de la santé publique |
Décret en Conseil d'Etat |
9 juin 1999 |
|
|
3 arrêtés |
12 juillet 1999 |
|
|
Circulaire |
30 août 1999 |
Attributions de logements sociaux : |
|
|
|
• Recodification et condition d'application de la section |
(art. L. 441-2-5 CCH) |
Décret en Conseil d'Etat |
22 septembre 1999 |
• « attribution de logements » (code construction et habitation) |
|
Circulaire |
30 novembre 1999 |
• Conférences intercommunales, bassins d'habitat, accords collectifs |
|
2 circulaires |
25 mars 1999 |
Attributions de logements sociaux : |
|
|
|
• Modalités d'enregistrement départemental unique des demandes d'attribution de logement (code construction et habitation) |
(art. L. 441-2-5 CCH) |
Décret en Conseil d'Etat |
4 e trimestre 2000 |
• Informations statistiques annuelles dues par les organismes HLM et les SEM |
|
Circulaire
|
23
février 2000
|
Modifications loi 31 mai 1990 (plans départementaux d'action pour le logement des personnes défavorisées et fonds de solidarité pour le logement) |
|
|
|
• PDALPD et FSL |
36, 37 et 39 |
Décret en Conseil d'Etat |
22 octobre 1999 |
|
|
Circulaire d'application |
4 e trimestre 2000 |
• Convention constitutive type des GIP-FSL |
36 |
Arrêté interministériel |
22 octobre 1999 |
• Frais de fonctionnement FSL |
36 |
Décret simple |
4 e trimestre 2000 |
• Règles comptables FSL |
39 |
3 arrêtés interministériels |
Octobre 2000 |
Subvention sortie d'insalubrité pour propriétaires occupants |
123 |
Décret simple |
21 décembre 1998 |
S'agissant des inscriptions financières, le rapport présente un tableau concluant à une mise en oeuvre satisfaisante de la loi.
Evolution des financements budgétaires liés
à la loi « exclusions »
(augmentations s'ajoutant
aux crédits existants en 1997)
(en millions de francs )
|
1998 |
1999 |
2000 |
Cumul
|
FSL |
70 |
220 |
230 |
520 |
Aide à la médiation locative |
- |
47 |
60 |
107 |
Lutte contre le saturnisme |
- |
15 |
75 |
90 |
Exonération de TFPB pour les PLA acquisition-amélioration |
- |
25 |
50 |
75 |
ALT (ouverture aux CCAS) |
10 |
23 |
23 |
56 |
Continuité ALT vers APL |
5 |
10 |
10 |
25 |
PLA intégration |
170 |
320 |
350 |
840 |
TOTAL LOGEMENT |
- |
- |
- |
1.713 |
Votre
rapporteur ne saurait considérer cette évaluation comme
suffisante car elle contraste parfois fortement avec la réalité.
Ainsi, en est-il d'un des dispositifs les plus symboliques de la loi du 29
juillet 1998, puisqu'il ressort de la santé des enfants : la lutte
contre le saturnisme.
A titre d'exemple, dans son rapport parlementaire paru en juin 2000
22(
*
)
, M. Daniel Marcovitch
déclarait que la lutte contre le saturnisme évoluait positivement
puisque
« la dotation pour 2000 a créé un article 10
spécifique « lutte contre le saturnisme » et l'a
doté de 75 millions de francs. A titre de comparaison, le cadrage
initial de la loi « lutte contre les excluions »
prévoyait une enveloppe annuelle de 50 millions de francs de 1998
à 2000 au bénéfice de la résorption du
saturnisme ».
Qu'en est-il réellement ?
Votre rapporteur prend acte du constat d'échec dressé par le
rapporteur spécial de l'Assemblée nationale sur ce
point
23(
*
)
:
« Les crédits de lutte contre le saturnisme sont
également très peu consommés. Les montants inscrits en loi
de finances pour 2000 ont été abondés de
4,40 millions d'euros par report de crédits de l'exercice 1999, et
représentaient au total 15,84 millions d'euros. 0,35 million
d'euros avait été consommé le 31 décembre 2000
(2,3 % des crédits disponibles) ».
« Sur les crédits disponibles en 2001, soit
24,63 millions d'euros, l'arrêté du 21 mai 2001 a
annulé 7,62 millions d'euros. Le taux de consommation au 30
septembre s'élevait à 3,4 % soit 0,58 million d'euros
disponible après annulation ».
A titre d'information, et pour compléter cette déplorable
énumération, il faut mentionner le contenu de
l'arrêté du 14 novembre dernier... qui annule à nouveau au
chapitre 37-40 « lutte contre le saturnisme » 230.000 euros
en crédits de paiements.
Votre rapporteur considère pour sa part que les dispositifs d'une loi
doivent être jugés à l'aune de leur effet utile.
2. Le 7ème rapport du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées procède à une évaluation sectorielle
Dans le
cadre de son rapport annuel remis au Président de la République
et au Premier ministre, le Haut comité au logement des personnes
défavorisées procède à une évaluation des
dispositifs existant en faveur du logement des exclus.
Ce rapport est donc le cadre d'une évaluation des dispositions relatives
au logement contenue dans la loi d'orientation du 29 juillet 1998.
En 2001, le 7
ème
rapport annuel de ce comité
s'intéresse plus particulièrement à la réforme des
attributions, l'accueil des personnes étrangères et la
prévention des expulsions.
Votre rapporteur se fait ici l'écho du bilan et des propositions faites
par le Haut comité sur la réforme des attributions des logements
sociaux.
a) La réforme proposée par la loi « lutte contre les exclusions » pour l'attribution des logements sociaux
Dans son
article 56, la loi du 29 juillet 1998 modifie le régime des attributions
de logements locatifs sociaux, les attributions devant prendre en compte la
diversité de la demande, promouvoir la mixité sociale des villes
et des quartiers et assurer l'égalité des chances entre les
demandeurs.
L'étude du Haut comité décrit l'ensemble des structures et
procédures intervenant dans l'attribution des logements sociaux :
règlement départemental d'attribution, accord collectif
départemental, les bassins d'habitats, les conférences
intercommunales, les chartes intercommunales, le numéro
départemental unique et le rôle de la commission de
médiation.
Dans chaque département, les bailleurs sociaux et le préfet
concluent un accord collectif départemental. Cet accord triennal fixe un
objectif d'attribution de logements sociaux aux publics les plus en
difficulté. Cet accord fixe également une référence
en matière de
« délai d'attente manifestement
anormal »
au-delà duquel les demandes doivent être
examinées en priorité.
Auprès des préfets est créée une commission de
médiation composée paritairement au plus de quatre
représentants de bailleurs sociaux, quatre représentants des
associations de locataires et de deux représentants des associations
agréées dont l'objet est l'insertion ou le logement des personnes
défavorisées.
Cette commission reçoit les réclamations relatives à
l'absence de l'offre de logements après ce délai d'attente
anormal.
Son pouvoir est seulement informatif, elle alerte le préfet mais ne peut
attribuer elle-même un logement.
Le Haut comité observe à ce titre qu'
« à
l'avenir, il sera intéressant d'étudier quels pouvoirs peuvent
être attribués à cette commission pour dépasser les
stades d'alerte et d'interpellation initialement voulus dans sa
création »
.
Les villes situées dans des bassins d'habitat comprenant des zones
urbaines sensibles forment une conférence intercommunale du logement qui
formule un avis sur le projet d'accord collectif départemental et
élabore une charte intercommunale déclinant l'accord collectif
par bailleur et par ville.
Selon le Haut comité, ces chartes intercommunales
« représentent le dernier maillon de la réforme
et c'est celui qui est le plus en retard dans l'application de la loi.
« Ce retard est entièrement préjudiciable et
même s'il s'explique en partie par les raisons évoquées
pour la délimitation des bassins d'habitat et la création des
conférences intercommunales, il ne saurait être
toléré beaucoup plus longtemps. »
« En effet, elle représente l'outil objectif et concret des
engagements de l'accord collectif et de l'élaboration des
conférences intercommunales. »
« Elle est la traduction matérielle, chiffrée et
localisée, de l'accord et de plus sa non-réalisation ou son
non-respect sont le point de départ des sanctions prévues par la
loi. »
« C'est donc la crédibilité de la réforme qui
est en jeu dans son application. La solidarité, la mixité
sociale, le rééquilibrage ne seront que de vains mots si la
population, les acteurs, les associations ne voient pas se concrétiser
la réalisation des accords qui ont mobilisé les partenaires
depuis des mois et parfois gelé toutes les autres
initiatives ».
Toutes les demandes d'attribution d'un logement doivent faire l'objet d'un
enregistrement départemental.
Cet enregistrement vise à garantir l'égalité des chances
des demandeurs et permet la mise en oeuvre de la procédure prioritaire
lorsque le délai anormalement long est dépassé. Il procure
également des indications statistiques plus fiables sur l'état de
la demande départementale.
A ce titre, le Haut comité observe que le décret du 7 novembre
2000 fixe la date limite du 31 mai 2001 pour l'application sur tout le
territoire du nouveau système d'enregistrement.
Aux yeux des membres du Haut comité, une campagne d'information
s'avère indispensable pour accompagner cette réforme.
« Où s'adresser, comment, quelle implication dans le choix
de la commune citée, possibilités de plusieurs
inscriptions ? » sont autant de questions qui demandent à
être éclaircies pour le demandeur de logement
social. »
b) Les analyses et les propositions du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées
Le
rapport du Haut comité identifie deux difficultés principales
dans la mise en oeuvre de la réforme de l'attribution des logements
sociaux : la définition de structures intercommunales et celle du
public visé.
S'agissant du premier sujet, le Haut comité rappelle qu'en 2000,
337 bassins d'habitat étaient envisagés alors que seuls 126
avaient été créés dans 39 départements.
Les membres du Haut comité ont constaté que les bassins d'habitat
prenaient le plus souvent pour référence des
périmètres administratifs préexistants, soit
l'arrondissement, soit des zones de coopération intercommunales.
Ainsi, le Haut Comité constate que :
« La délimitation de bassins d'habitat a connu un fort
ralentissement fin 2000 et début 2001 que l'on peut assimiler à
la période pré-électorale des municipales où le
sujet de l'intercommunalité a souvent été un
élément de débat avec la population pour la promouvoir ou
au contraire pour la combattre en particulier sur le thème de
l'habitat ».
« Les préfets rencontrés et les services de l'Etat ont
souvent évoqué la difficulté de ce sujet. Si
l'intercommunalité avance concrètement et positivement dans la
préhension collective des élus locaux, le thème de
l'habitat, et a fortiori celui des personnes défavorisées, reste
le plus épineux dans l'approche intercommunale.
« Au 1
er
juillet 2000, seuls 17 départements
disposaient d'un accord collectif signé. »
« 42 autres départements évoquaient des
négociations en cours et une signature pour l'année qui suivait
et 20 départements n'avaient pas prévu de signatures en 2000 ou
2001 ».
La seconde difficulté, la définition du public visé, se
révèle être pour le Haut comité
« l'obstacle majeur ».
La loi fixe comme priorité les personnes qui cumulent
« difficultés économiques » et
« difficultés sociales ».
Le comité observe à cet égard qu'une lecture
exagérément optimiste, ou restrictive, conduit à
sous-estimer certains objectifs dans un tiers des départements (20
à 150 ménages).
Une conception plus large et, plus conforme au PDALPD, doit porter ces chiffres
entre 150 et 1.400 ménages. Or, le Haut comité souligne que
« les discussions, blocages, négociations se sont
beaucoup noués autour de ce chiffrage qui représente moins de
1 % du nombre total de logements locatifs sociaux dans plus de la
moitié des départements ».
En outre, le Haut comité a constaté un décalage entre les
positions prises par l'Union des HLM et l'attitude prudente voire
défensive de certains organismes vis-à-vis des accords collectifs.
Le Haut comité note que l'union des HLM a orienté du personnel
spécifiquement sur ces missions. Elle a élaboré des outils
pédagogiques bien documentés concernant la réforme, les
accords collectifs, le numéro unique d'enregistrement et commandé
une mission d'évaluation sur l'analyse des accords collectifs
départementaux.
Les accords ont été présentés aux organismes HLM
comme l'occasion d'aborder ou de valoriser leur effort d'accueil. Ils
permettaient de mettre en relief :
- la proportion de ménages à faibles ressources (enquête
triennale),
- la précarisation de l'occupation sociale,
- le lien avec la gestion du contingent préfectoral, la connaissance et
le partage des risques et enfin l'articulation avec l'accompagnement social,
- la mixité sociale qu'elle aborde, mais rarement de manière
précise, en terme de quantification ou de localisation pertinente.
Votre rapporteur se félicite de la pédagogie entourant la mise en
place des accords.
Enfin, le rapport précise qu'au 30 juin dernier, tous les
départements avaient mis en place le numéro unique
d'enregistrement, 90 % ayant opté pour le logiciel national
conçu avec le ministère. Près de 250.000 demandes avaient
déjà été enregistrées.
Certes, votre rapporteur observe que le numéro départemental
unique ne résoudra pas toutes les difficultés, ne serait-ce qu'en
raison de la divergence des demandes (taille du logement, localisation) mais il
offre une garantie supplémentaire pour des usagers rendus parfois
sceptiques par des délais d'attente prolongés.
En guise de conclusion, le Haut Comité formule huit propositions pour
parfaire la mise en oeuvre de cette réforme :
1. Installer dans les plus brefs délais les instances de
médiation prévues par la loi pour les demandes de logements
sociaux connaissant un délai d'attente anormalement long ;
2. Accélérer la constitution des conférences
internationales ;
3. Publier rapidement les charges intercommunales et programmer leur
évacuation et leur actualisation ;
4. Impliquer tous les contingents de réservations (Etat, communes,
1 %...) dans les accords collectifs ;
5. Mobiliser les acteurs de la conférence régionale en
Ile-de-France ;
6. S'assurer de la publication obligatoire des bilans statistiques sur les
résultats obtenus dans les accords départementaux et les
attributions effectuées dans l'année tels qu'inscrits dans la
loi ;
7. Lancer une campagne d'information grand public sur les nouvelles
modalités d'attribution de logements sociaux ;
8. Permettre par convention, à des associations agréées,
l'ouverture à l'accès d'une partie du contingent
préfectoral.
B. CONFORTER L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ
1. Le prêt à taux zéro, un outil mal aimé
a) Un instrument en danger
Le bilan
positif du prêt à taux zéro est aujourd'hui unanime
Selon le rapporteur spécial de l'Assemblée nationale
24(
*
)
,
« le remplacement,
à l'automne 1995, des prêts aidés par l'Etat en vue de
l'accession à la propriété (PAP) par les prêts
à taux zéro (PTZ) a été un
succès
, puisque, à la fin du mois d'août 2001,
650.345 prêts à taux zéro avaient été
« mis en force », c'est-à-dire avaenit fait l'objet
d'un versement de subvention par l'Etat, dans le neuf et environ 30.000 dans
l'ancien. »
Or, compte tenu de son dynamisme et de l'accord obtenu des partenaires de
l'UESL d'une rebudgétisation de la charge qu'il représente
à partir de la convention du 3 août 1998, le PTZ a
été l'objet de mesures de restrictions qui mettent aujourd'hui sa
pérennité en question.
Réservée à l'égard d'un dispositif qu'elle ne fait
sien qu'à contrecoeur, l'actuelle majorité en restreint
progressivement la portée.
Un décret du 30 octobre 1997 a limité le bénéfice
du PTZ aux primo-accédants.
En 1999, le Gouvernement a plafonné sa subvention et en 2000 il a
réduit la période de remboursement des prêts.
Depuis la création du PTZ, il n'y a pas eu de revalorisation du plafond
de ressources et le montant des crédits affiche une diminution constante
depuis 1998.
L'enveloppe consacrée à cet instrument s'élevait à
1 milliard d'euros en 1998 et n'est plus que de 880 millions aujourd'hui.
En 2002, les dotations sont en diminution de 3,4 % en autorisations de
programme et de 0,94 % en crédits de paiement.
Dotations budgétaires en faveur du PTZ (crédits paiements)
(en millions d'euros)
Nombre de prêts à 0 % donnant lieu à
engagements
d'autorisations de programme
|
Nombre de prêts |
Montant prêts
|
Prêt moyen (en euros) |
Montant des subventions (en millions d'euros) |
Subvention moyenne
|
Taux de subvention |
Décembre 1995 |
2.087 |
33,39 |
16.036,72 |
23,17 |
11.115,36 |
69,3 % |
Total 1996 |
119.617 |
1.790,36 |
14.967,29 |
1.212,58 |
10.137,71 |
67,7 % |
Total 1997 |
118.987 |
1.856,98 |
15.606,21 |
1.126,29 |
9.465,56 |
60,7 % |
Total 1998 |
111.770 |
1.757,58 |
15.725,12 |
962,11 |
8.607,27 |
54,7 % |
Total 1999 |
116.858 |
1.862,62 |
15.938,54 |
906,00 |
7.753,56 |
48,6 % |
Total 2000 |
112.169 |
1.787,01 |
15.931,38 |
927,65 |
8.270,21 |
51,9 % |
Janvier 2001 |
8.825 |
140,56 |
15.927,26 |
73,94 |
8.378,29 |
52,6 % |
Février |
8.549 |
135,98 |
15.906,63 |
72,11 |
8.434,70 |
53,0 % |
Mars |
9.054 |
144,83 |
15.995,87 |
76,38 |
8.435,77 |
52,7 % |
Avril |
8.492 |
134,76 |
15.869,64 |
70,13 |
8.258,01 |
52,0 % |
Mai |
7.982 |
126,99 |
15.909,58 |
66,01 |
8.269,90 |
52,0 % |
Juin |
8.064 |
128,36 |
15.917,96 |
65,25 |
8.091,23 |
50,8 % |
Juillet |
9.648 |
153,82 |
15.943,27 |
77,60 |
8.142,75 |
50,4 % |
Août |
8.233 |
130,34 |
15.831,83 |
65,71 |
7.980,71 |
50,4 % |
Source : secrétariat d'Etat au logement.
Or, les crédits de PTZ sont régulièrement consommés
dans leur intégralité. Ainsi, au 30 septembre 2001, 62 % des AP
et 73 % des CP étaient exécutés.
Consommation des dotations PTZ en 2001
(en millions d'euros)
|
AP |
CP |
Dotation LFI |
899 |
893 |
Consommation 30.09.2001 |
558 |
680 |
Votre
rapporteur partage en tout point l'avis du rapporteur spécial de
l'Assemblée nationale
25(
*
)
, lorsqu'il craint le syndrome de
« papisation » du PTZ :
« Des mesures de réduction de sa charge financière
ont été prises en octobre 1997, décembre 1999 et octobre
2000 (restriction aux primo-accédants et raccourcissement de la
durée d'amortissement), alors que les plafonds de ressources, de prix
maximaux d'opérations et de montants de prêt, n'ont pas
été réévalués depuis l'origine ».
« Ces mesures ont eu pour principale conséquence de
réduire l'efficacité du prêt à taux zéro pour
les emprunteurs les plus modestes,
alimentant le soupçon d'une
« papisation » de ce prêt par l'administration des
finances, c'est-à-dire l'organisation concertée de sa
disparition »
.
Consommation de crédits PTZ
(en millions d'euros)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Chapitre 65-48-40 |
780 |
396 |
5 |
364 |
- |
- |
865 |
432 |
912 |
902 |
CAS 902-28 Fonds pour l'accession à la propriété |
295 |
147 |
- |
147 |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
CAS 902-30 Fonds pour le financement de l'accession à la propriété |
- |
- |
1.109 |
584 |
976 |
1.049 |
- |
483 |
- |
- |
Total |
1.075 |
543 |
1.114 |
1.066 |
976 |
1.049 |
865 |
916 |
912 |
902 |
Source : secrétariat d'Etat au logement (non prise en compte de dépenses de faible montant sur des chapitres de dépenses ordinaires).
b) Un instrument à relancer
Certes,
les mesures applicables depuis le 1
er
novembre 2001 tendent
à relancer l'accession sociale à la propriété,
puisque le prêt conventionné et le prêt à l'accession
sociale permettent de financer 100 % du coût de l'opération,
minorant ainsi l'effort personnel des acquéreurs. La notion de prix de
revient maximum a été supprimée et les plafonds de
ressources du PAS ont été augmentés.
Mais le PTZ reste bridé, notamment concernant l'acquisition d'un
logement ancien.
Les conditions posées à l'accession sociale dans l'ancien par le
biais du PTZ concernent la date de construction du logement, celui-ci devant
avoir été construit au minimum 20 ans avant sa date
d'acquisition, la seconde consiste en une quotité de travaux
obligatoires devant être réalisés par l'acquéreur
pour une somme égale à 35 % du montant global de
l'opération.
Ces conditions restreignent assez fortement les possibilités des
ménages d'accéder à un logement ancien au moyen du PTZ.
Déjà en 1999, M. Jacques Bimbenet, alors rapporteur pour
avis des crédits du logement social, avait proposé la diminution
de la quotité de travaux exigés pour acquérir dans
l'ancien grâce à un PTZ.
Il avait plaidé pour une réduction de 35 % à
20 % du montant global de l'opération.
Cette proposition garde toute son actualité et apparaît plus
fondée encore dans le cadre des débats ayant entouré la
loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, cette
dernière fixant, au nom de la mixité sociale, un plancher de
20 % de logements sociaux dans les communes de plus de
3.500 habitants.
Les difficultés entraînées par l'application de cette
disposition, les réticences opposées par les organismes HLM et
les incertitudes entourant l'application de la loi SRU donnent à cet
objectif un caractère idéologique.
Pour sa part, votre rapporteur constate que la véritable mixité
sociale est de permettre aux ménages les plus modestes d'accéder
aux logements de centre ville, qui sont pour la plupart des logements anciens.
La sécurisation de l'accession sociale
Afin de
garantir les établissements de crédits d'une éventuelle
défaillance d'un accédant, les pouvoirs publics ont
constitué un fonds, le Fonds de garantie de l'accession sociale à
la propriété (FGAS), dont les ressources sont constituées
de cotisations versées par l'Etat et les établissements
financiers.
Sa gestion est confiée à une société anonyme de
gestion, la Société de gestion du FGAS (SGFGAS), dont le conseil
d'administration est composé de représentants des
établissements de crédits adhérents et de
représentants de l'Etat.
La loi de finances pour 1993 créant ce fonds prévoit
l'inscription annuelle de provisions afin de couvrir les défaillances
potentielles.
Or, il apparaît que la difficulté principale posée par le
FGAS est que le montant des sinistres est infiniment inférieur au
montant des cotisations versées, expliquant une situation de
trésorerie de ce fonds de près de 1 milliard d'euros en 2001.
2. L'accession très sociale à la propriété : les propositions de Mme Marie-Noëlle Lienemann
Lors du
congrès des organismes HLM en juin 2001, à Toulouse,
Mme Marie-Noëlle Lienemann avait fait part de son désir de
développer l'accession très sociale à la
propriété.
Le 15 octobre dernier, l'Etat a signé avec la Fédération
nationale des sociétés coopératives un appel à
projet expérimental visant à favoriser l'accession à la
propriété en zone urbaine sensible.
Cet appel à projet comprend un double volet -1.000 logements
réalisés par des promoteurs publics ou pris en accession dans les
zones sensibles -1.000 logements lancés par les organismes HLM en faveur
des ménages très modestes. Dans tous les cas, l'aide remonte
à 10.700 euros par logement.
Les programmes devront être visés par un comité de
sélection.
Votre rapporteur ne s'élève pas contre un programme
destiné une clientèle très sociale mais souhaite
néanmoins que ce nouvel outil ne se développe pas au
détriment du prêt à taux zéro.
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Au vu des observations formulées dans le présent rapport, votre commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits relatifs au logement social pour 2002.