Projet de loi de finances pour 2002, adopté par l'Assemblée nationale - TOME IX : Logement social
HENNERON (Françoise)
AVIS 91 - TOME IX (2001-2002) - Commission des Affaires sociales
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AVANT-PROPOS
-
I. DANS UN CONTEXTE DE FORTES ATTENTES, LE GOUVERNEMENT
PRÉCISE SES INTENTIONS
- A. LA POLITIQUE DU LOGEMENT CONCENTRE LES ATTENTES SOCIALES
- B. DU « PLAN DE RELANCE » DU 7 MARS 2001, À LA DÉFINITION D'UNE « MÉTHODE POUR AGIR », LE GOUVERNEMENT PRÉCISE SES INTENTIONS
- II. LES CRÉDITS EN DIMINUTION RESTENT TOUTEFOIS COHÉRENTS AVEC LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT
-
III. L'EFFICACITÉ DES DISPOSITIFS PROPOSÉS
POUR LES MOINS FAVORISÉS RESTE À PROUVER
- A. L'APPLICATION INCERTAINE DE LA LOI « LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS »
- B. CONFORTER L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ
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I. DANS UN CONTEXTE DE FORTES ATTENTES, LE GOUVERNEMENT
PRÉCISE SES INTENTIONS
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME IX
LOGEMENT SOCIAL
Par Mme Françoise HENNERON,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Nicolas About, président ; MM. Alain Gournac, Louis Souvet, Gilbert Chabroux, Jean-Louis Lorrain, Roland Muzeau, Georges Mouly, vice-présidents ; M. Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Claire-Lise Campion, M. Jean-Marc Juilhard, secrétaires ; MM. Henri d'Attilio, Gilbert Barbier, Joël Billard, Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Jean Chérioux, Mme Michelle Demessine, M. Gérard Dériot, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Claude Domeizel, Michel Esneu, Jean-Claude Étienne, Guy Fischer, Jean-Pierre Fourcade, Serge Franchis, Francis Giraud, Jean-Pierre Godefroy, Mme Françoise Henneron, MM. Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, André Lardeux, Dominique Larifla, Jean-René Lecerf, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Mme Valérie Létard, MM. Jean Louis Masson, Serge Mathieu, Mmes Nelly Olin, Anne-Marie Payet, M. André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Mmes Janine Rozier, Michèle San Vicente, MM. Bernard Seillier, André Vantomme, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
21
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Dans un contexte marqué par la prise de fonctions d'un nouveau ministre
et les nombreuses annonces qui ont suivi, le constat, fait cette année
d'une baisse des crédits consacrés au logement social, surprend.
En effet, en 2002, les dépenses consacrées au logement diminuent
de 1,7 % , atteignant 7,3 milliards d'euros, alors même que le
Gouvernement promettait, à travers les réformes annoncées,
un effort important.
Sans doute, le présent projet de budget est-il en lui-même
ambivalent. Sans doute, des éléments de satisfaction sont-ils
à saluer, des déceptions à déplorer.
A ce titre, la crédibilisation du programme de construction et
l'atteinte, pour la première fois d'un objectif, même modeste, de
démolition sont à inscrire au crédit du Gouvernement.
Bien des incertitudes sont en revanche apparues cette année : une
réforme des aides aux logements dont on ne sait comment elle est
financée si ce n'est par une traite sur les gouvernements
suivants ; une convention signée par l'Etat et les partenaires du
1 % logement dont les tenants et les aboutissants demeurent obscurs ;
des annonces de convergence de la politique du logement et de la politique de
la ville dont le financement repose sur des partenaires mis davantage à
contribution chaque année.
Les intentions exprimées par Mme Marie-Noëlle Lienemann,
secrétaire d'Etat au logement, parmi lesquelles figurent certaines
idées intéressantes, leur traduction très partielle dans
le projet de budget, n'éclairent en rien ces incertitudes et ne
paraissent pas en mesure, loin s'en faut, d'inverser l'avis défavorable
formulé l'an dernier par la commission des Affaires sociales sur les
crédits du logement.
I. DANS UN CONTEXTE DE FORTES ATTENTES, LE GOUVERNEMENT PRÉCISE SES INTENTIONS
A. LA POLITIQUE DU LOGEMENT CONCENTRE LES ATTENTES SOCIALES
Les
besoins des ménages ont toujours été supérieurs
à l'offre de logements disponibles.
Depuis quelques années, la crise de la construction, notamment dans le
secteur social, a accru cet écart.
Cette insatisfaction latente touche particulièrement certains
ménages, notamment ceux disposant de ressources modestes.
Paradoxalement, l'embellie économique qu'a connue notre pays ces
dernières années a amplifié ces difficultés.
L'exigence perdure donc, formulée tant en termes quantitatifs que
qualitatifs.
1. Des Français en quête de logement
a) Des besoins croissants
Dans une
étude en date d'avril 1997, l'INSEE envisageait une demande potentielle
fluctuant entre 241.000 et 305.000 logements par an.
Or, ces projections fondées sur les hypothèses du recensement
général de 1990 ont été infirmées par les
premiers résultats du recensement général de 1999.
A partir d'éléments statistiques livrés par ce
recensement, les nouvelles hypothèses de l'INSEE font apparaître
une croissance du nombre de ménages supérieure d'environ 35.000
aux hypothèses hautes initialement formulées.
Le nombre de logements vacants, nécessaires pour assurer la
fluidité du parc, est lui aussi supérieur aux prévisions.
L'enquête logement, déjà ancienne, puisque
réalisée en 1996, montrait un écart supérieur
à 100 % sur la première moitié des années
1990, à savoir 49.000 logements nécessaires contre 21.000
disponibles.
Cet écart s'expliquerait par les évolutions du marché du
travail qu'a connues notre pays ces dernières années qui,
entraînant une mobilité professionnelle accrue, créent
mécaniquement des besoins de constructions neuves dans les
régions de croissance et, en contrepartie, des vacances
supplémentaires dans les zones de dépression.
b) Des besoins paradoxalement accrus par l'embellie de la conjoncture économique
La
croissance économique n'a pas été à l'origine de
disparités telles entre les régions qu'un
déséquilibre général pourrait être
constaté à ce titre.
Mais, les effets de l'embellie sur le secteur du foncier et de la construction
ont, en somme, rendu plus difficile des opérations que les maîtres
d'oeuvre, publics ou privés, hésitaient déjà
à engager.
Les termes de l'arbitrage entre locaux à usage professionnel et à
usage d'habitation se sont modifiés. Confrontés à une
demande de bureaux accrus, des promoteurs privés ont construit ou
réhabilité des locaux à destination d'entreprises. A ce
titre, les changements d'affectations entre local résidentiel et
professionnel présentent un solde de 9. 300 en 1999 et 11.000 en 2000 au
détriment de l'habitat.
La demande de bureaux, les destructions dues aux tempêtes et les
ressources nouvelles générées par la croissance ont
dopé les demandes à l'égard du secteur de la construction,
en renchérissant son coût.
Les évolutions du prix du foncier sont en phase avec cette tendance.
Les organismes sociaux ont donc été les premiers frappés
par ce renchérissement par les coûts, alors même que le prix
des loyers augmente faiblement et que la précarité de leurs
clients s'accroît.
La crise de la construction sociale préexistait aux trois
années d'embellie que la France a connues mais a été
amplifiée.
Programmation de nouveaux logements sociaux
* en prévisions
Au
total, les déficiences de la construction, notamment en parc social, les
changements d'affectations entre local résidentiel et professionnel, le
renouvellement du parc par destruction, les transformations de logements du
fait de fusions dégradent le stock disponible.
Dans ce contexte, les 311.000 mises en chantier en 2000 se sont
révélées insuffisantes pour satisfaire la demande
potentielle.
Et ce sont les plus modestes de nos concitoyens qui ressentent le plus durement
les conséquences de cette pénurie.
2. L'accès au logement relève de la gageure pour certaines populations
a) Des sans logis nombreux
Les
premières personnes à souffrir de la pénurie de logement,
et notamment de la chute de la construction en HLM, sont
précisément celles qui ne disposent pas de logement.
L'évaluation du nombre de sans logis est toujours aussi difficile. Les
résultats de l'enquête nationale menée par l'INSEE n'ont
pas encore été rendus publics.
Néanmoins, en 1999, 75.000 personnes, dont 21.000 enfants de moins de
quinze ans, résidaient dans un centre d'hébergement d'urgence.
Ce chiffre est à compléter par la centaine de milliers de
personnes qui restent hébergées par des tiers, le plus souvent
des amis ou de la famille éloignée, faute de disposer d'un
logement indépendant.
A ce nombre déjà dramatique puisqu'il dépasse les 200.000
personnes, il faudrait ajouter une fraction des habitants de caravanes ou
mobil-home, qui n'ont pas choisi cet habitat.
Quatre ans après l'adoption de la loi du 29 juillet 1998 relative
à la lutte contre les exclusions, votre rapporteur déplore de ne
pouvoir constater la décrue d'un phénomène, par ailleurs
difficile à chiffrer.
b) Des jeunes en attente
Accéder à un logement constitue une aspiration
croissante des jeunes adultes.
Les questions entourant l'accès à l'autonomie de ces derniers
dépassent de beaucoup le cadre de ce rapport.
Néanmoins, en dépit des dispositifs d'aides à la personne
institués en leur faveur, beaucoup d'entre eux ne peuvent
réaliser ce souhait.
Les contributions du rapport général au Plan
« jeunesse, le devoir d'avenir »
et du Conseil
économique et social
« Familles et insertion
économique et sociale des adultes de 18 à 25 ans »
fournissent des observations intéressantes.
Selon l'enquête
« logement des jeunes »
mentionnée par le rapport du Plan, 75 % des jeunes adultes
souhaiteraient vivre de manière indépendante alors qu'ils ne sont
que 45,5 % à pouvoir réaliser ce souhait.
L'accès au logement n'est sans doute pas détachable d'une
démarche plus globale visant à l'insertion des jeunes au sein de
notre société en tant qu'adulte à part
entière : autonome et responsable.
Néanmoins, l'aspiration des jeunes au logement autonome,
considérée parfois par certains d'entre eux comme un
véritable sésame, est d'une telle ampleur qu'elle a
justifié une intervention des pouvoirs publics, dans le cadre de la
Conférence de la Famille du 11 juin 2001.
A ce titre, votre rapporteur devait s'en faire ici l'écho.
3. L'aspiration à vivre dans un environnement de qualité
a) Le refus de l'habitat indigne
La
prospérité due à l'activité économique de
notre pays a rendu encore moins acceptable la situation de nos concitoyens
vivant dans des logements que Mme Marie-Noëlle Lienemann qualifie
elle-même « d'habitat indigne ».
En 1999, l'INSEE a recensé un million de logements, soit 4,2 % des
résidences principales, dépourvus de tout confort sanitaire de
base. Près de deux millions de personnes résident dans ces
logements. De surcroît, un million d'entre elles y vivent dans une
situation de surpeuplement.
Sans doute, faut-il apporter cette précision. Les difficultés
posées par cet habitat dégradé ne se confondent-elles pas
avec les difficultés posées par les logements sociaux où
les taux de vacances sont plus fréquemment constatés.
En zone urbaine sensible, le taux de locataires de logements HLM est cinq fois
supérieur à la moyenne nationale et le taux de logements
dégradés est deux fois inférieur à cette moyenne.
Les organismes HLM sont en effet attentifs à la qualité de leur
parc.
Les taux de vacance dans ces logements s'expliquent souvent par d'autres
raisons.
En fait, l'habitat dégradé ouvre un nouveau front pour la
politique du logement.
A côté des exclus résidant en zones sensibles, se
rencontrent de plus en plus des populations en centre ville, installées
dans des ensembles immobiliers vétustes et dégradés,
souvent insalubres.
Ces personnes, exclues des logements sociaux pour des raisons
financières, sont les victimes de bailleurs indélicats et des
« marchands de sommeil » dont les objectifs de la loi de
lutte contre les exclusions promettaient pourtant l'extinction.
b) L'exigence de la sécurité
Traditionnellement silencieux sur les aspects de la
sécurité, votre rapporteur ne peut pas, cette année, ne
pas se faire l'écho de l'exigence de sécurité
exprimée par les habitants, notamment dans les quartiers sensibles, en
proie à l'expansion de la violence.
Les aspects relatifs à la sécurité dans la politique du
logement se posent avec une acuité accrue dont a rendu compte
l'accord-cadre « pour une meilleure sécurité dans
les quartiers » signé le 21 mars 2000 entre le
ministère de l'intérieur et les organismes HLM.
Quelle est la mesure de ce phénomène ?
Le premier constat de votre rapporteur est de déplorer la faiblesse des
éléments statistiques disponibles.
Votre rapporteur rappelle en second lieu l'écart existant entre ces
statistiques et la réalité de la délinquance, ainsi que le
soulignent les résultats de l'enquête suivante.
L'enquête IHESI/INSEE
Catégories d'infractions |
Le réel vécu |
La déclaration aux services répressifs |
L'enregistrement par les services
répressifs
|
Rapport délinquance
constatée/
|
|||
|
Nombre de faits survenus |
Taux d'incidence (1) |
Nombre de déclarés |
Taux de déclaration |
Nombre de faits enregistrés |
Taux d'enregistrement |
|
Cambriolages de résidences principales |
899.000 |
3,8 % |
564.000 |
62,74 % |
370.000 |
65,60 % |
41,16 % |
Vols de véhicules |
771.000 |
3,3 % |
695.000 |
90,14 % |
639.000 |
91,94 % |
82,88 % |
Dégradations de véhicules |
3.576.000 |
13,2 % |
1.121.000 |
31,35 % |
559.000 |
49,87 % |
15,63 % |
Menaces |
4.167.000 |
6,1 % |
683.000 |
16,39 % |
63.000 |
9,22 % |
1,51 % |
Injures |
2.886.000 |
4,3 % |
236.000 |
8,18 % |
25.000 |
10,59 % |
0,87 % |
(1) Le taux d'incidence est calculé par rapport aux ménages pour les atteintes aux biens (cambriolages, vols de véhicules, dégradations de véhicules) et par rapport aux individus de 15 ans et plus pour les atteintes aux personnes (menaces, injures).
B. DU « PLAN DE RELANCE » DU 7 MARS 2001, À LA DÉFINITION D'UNE « MÉTHODE POUR AGIR », LE GOUVERNEMENT PRÉCISE SES INTENTIONS
1. L'héritage de M. Louis Besson : le plan de relance du logement social du 7 mars 2001
Sous le
titre
« Plan gouvernemental pour le logement social :
programme de réformes - mesures immédiates »,
MM.
Jean-Claude Gayssot et Louis Besson ont présenté, le 7 mars
dernier, un plan de relance en faveur du logement social.
Justifiées par les résultats excessivement médiocres de la
construction en 2000, 42.500 selon M. Gayssot lui-même, les mesures alors
proposées pour ce plan de relance prenaient quatre directions.
a) L'amélioration du montage financier des opérations
Le
Gouvernement a, en premier lieu, proposé d'augmenter de 10 %
l'assiette de subvention des opérations de construction et
d'acquisition-amélioration, c'est-à-dire des bases de
référence pour la détermination du montant de subvention
versé par l'Etat.
Les valeurs des bases dépendent du coût de la construction, un
indice global, alors que le prix de revient des constructions et des
achats-réhabilitation était largement supérieur dans le
contexte de hausse du foncier décrit ci-dessus.
Le Gouvernement a décidé de porter le taux de la subvention
prêt locatif à usage social (PLUS) de 5 % à 8 %
dans le neuf et de 10 % à 15 % dans l'ancien. Cette mesure
améliore la rentabilité d'un projet immobilier puisque la part de
la subvention dans le financement de l'opération s'accroît par
rapport à celle du prêt.
Mais cette bonification n'est possible que dans le cas de la signature d'un
plan de relance par l'organisme.
Il a proposé en second lieu une meilleure prise en compte de la charge
spécifique liée au foncier en majorant la contribution de l'Etat
à la surcharge foncière, c'est-à-dire le surcoût
lié à l'acquisition du terrain dans les zones tendues.
Il a enfin annoncé l'intervention du 1 % logement dans le
financement du logement social sous la forme de prêts à taux bas
(1,25 %), assortis d'une remise d'intérêts de 10 ans et sans
contrepartie obligatoire de réservation de logements par le 1 %.
Les deux premières de ces mesures ont été rendues
effectives par un arrêté du 23 avril et un décret du 18
avril dernier.
b) L'encouragement des organismes qui participent activement à la relance du logement social
A cette
fin, le Gouvernement a proposé de moduler les aides de l'Etat en
fonction de la politique de programmation des organismes.
Sont proposés à ces derniers des plans de relance de la
production locative, élaborés sur le plan régional ou
départemental et conclus pour une durée de trois ans.
Les avantages attachés à la signature de ces conventions sont
réels : les organismes bénéficient de la bonification
de PLUS évoquée ci-dessus ainsi que d'une priorité sur les
prêts préférentiels financés sur le 1 %.
Il n'en demeure pas moins que, pour bénéficier des majorations de
subvention, les organismes doivent être liés par un contrat
d'objectifs dont votre rapporteur, à cette heure, ignore le
détail des clauses.
c) La diversification de la production de logements sociaux
Cette
proposition, qui a trouvé sa traduction dans les articles 2 et 4 du
décret du 18 avril précité, vise à permettre aux
organismes HLM d'acquérir des immeubles sans l'obligation de
réaliser 20 % de travaux.
Parallèlement, le délai de cinq ans répondant à
l'acquisition du logement de la première subvention PALULOS est
supprimé.
Les opérateurs privés seront par ailleurs invités à
intervenir dans le secteur du logement social grâce à la
création d'un nouveau prêt, le prêt locatif social (PLS),
qui ne donne pas lieu à subvention mais s'adresse à un public
moins « modeste » que le public visé par le PLUS.
Les caractéristiques du « nouveau » Prêt Locatif Social (PLS)
•
Taux : entre 4,7 % et 4,8 % l'an ;
• Plafonds de loyer : 150 % de ceux du PLUS ;
• Plafonds de ressources : 130 % de ceux du Plus ;
• Durée maximale : 30 ans ;
• Avantages fiscaux : ceux du PLUS, c'est-à-dire une TVA
à taux réduit et une exonération de TFPB pendant 15 ans.
En outre, compatibilité avec le dispositif d'amortissement ;
• Distribution : partagée entre quelques grands
établissements.
Source : document de presse du 7 mars 2001.
d) L'allégement et la simplification des procédures
Constatant que la crise dans la construction de logements sociaux provient parfois de procédures longues et complexes, le Gouvernement a proposé plusieurs mesures de simplification administratives, notamment des allégements du montage des dossiers PLUS et prêt à la location aidé-intégration (PLA-I).
La simplification administrative entourant la subvention PLUS et PLA-I
•
Actuellement, la signature de la convention APL doit être
préalable à la date de décision favorable de la subvention
PLUS ou PLA-I. Désormais, elle pourra intervenir jusqu'au versement du
premier acompte ;
• Sur la nature des justificatifs à produire par les bailleurs,
plusieurs assouplissements sont apportés. Seront ainsi
acceptés :
- la promesse de vente au lieu de l'acte définitif ;
- une estimation détaillée du coût des travaux
envisagés au lieu du résultat d'appel d'offre ;
- un état des surfaces au lieu d'un jeu complet de plans ;
- le dossier de permis de construire au lieu du dossier d'appel d'offre ;
- l'arrêté de permis de construire, même non purgé du
délai de recours des tiers ;
- pour les subventions des collectivités territoriales, l'avis favorable
de l'exécutif local sous réserve de l'avis de l'assemblée
délibérante, au lieu de la délibération
définitive.
Source : document de presse du 7 mars 2001.
Votre rapporteur doit à ce stade formuler
trois observations
concernant ce plan.
Ces annonces succèdent aux mesures prises en faveur des bailleurs
sociaux à l'été 1999 et à l'été 2000
et qui étaient restées sans effets.
Les bonifications des programmes financés en PLUS et PLA-I sont soumises
à la signature d'un engagement en termes de relance. Les organismes
souhaiteront-ils s'engager sur des opérations de grande ampleur ?
Une réponse négative rendrait inopérante
l'amélioration des financements annoncée.
L'augmentation des « valeurs de bases » était rendue
nécessaire par la hausse du foncier constatée. Pourtant, ce
« coup de pouce » de 10 % sera-t-il suffisant pour
compenser l'inflation galopante du prix de revient de la construction ?
Les mesures annoncées par MM. Gayssot et Besson pourraient
améliorer significativement l'environnement du logement social sans pour
autant lever toutes les hypothèques.
Dans un contexte de crise de la construction qui s'était traduit par une
« mise en accusation »
1(
*
)
des partenaires, les annonces du Gouvernement auraient au minimum le
mérite de pacifier les rapports entre institutionnels.
M. Louis Besson quittant le Gouvernement, Mme Marie-Noëlle Lienemann le
remplaçait comme secrétaire d'Etat au logement.
La prise de fonctions d'un nouveau ministre appelle souvent des annonces
nombreuses.
Le 7 novembre dernier, huit mois après le plan de relance
hérité de son prédécesseur, la ministre rendait
public son « discours de la méthode » sous forme
d'un codicille.
2. Le codicille du 7 novembre 2001 : une nouvelle « feuille de route » pour les mois qui viennent
Lors de
sa conférence de presse du 7 novembre 2001, Mme Marie-Noëlle
Lienemann a précisé la méthode d'actions qu'elle avait
proposée lors du séminaire gouvernemental du mois d'avril
dernier, à savoir
le recours aux groupes d'appuis aux actions
prioritaires (GAAP)
.
La philosophie animant ces groupes est de faire naître des partenariats
susceptibles de localiser les blocages rencontrés dans la mise en oeuvre
de la politique du logement : délais, complexité des
procédures, insuffisances ou à l'inverse, non-consommation des
crédits.
Entre avril et novembre, Mme Marie-Noëlle Lienemann a mis en place cinq
GAAP :
Le
groupe d'appui « Casser les ghettos »
a pour
objectif d'accélérer le traitement des immeubles listés
comme totalement vacants et prêts à démolir,
d'améliorer les financements, simplifier les procédures,
identifier les sites et les lister sur la base d'état du patrimoine,
organisme par organisme.
Ce groupe réunit les ministères du logement, de la ville, la DIV,
l'UNFOHLM et la CDC. Il a pour mission de faciliter la mise en oeuvre des
projets de démolition, afin de passer de 3.500 logements démolis
en 1998 à 10.000 en 2001, et plus de 15.000 en 2002
, l'objectif
à terme étant d'atteindre 30.000 logements démolis.
Le
groupe d'appui « relancer le logement social »
vise à contrer la crise de la construction au moyen des outils
présentés le 7 mars
Le
groupe d'appui « Eradication de l'habitat
indigne »
a pour objectif de repérer les
départements qui concentrent ces problèmes (insalubrité,
saturnisme...), renforcer les équipes concernées en moyens
humains, de déterminer avec les préfets, les DDE et les DDASS un
plan d'action pluriannuel, et de mettre en place un dispositif
opérationnel sur le terrain dans l'attente d'un décret logement
décent.
Ce groupe avait pour objectif de mettre en oeuvre dans les faits un des volets
les plus importants de la loi d'orientation relative à la lutte contre
les exclusions puis de la loi SRU -solidarité et renouvellement urbain-
l'éradication de l'habitat indigne, en visant tant l'habitat insalubre
au sens le plus large que le saturnisme.
Ce groupe d'appui a réuni en partenariat, outre le ministère du
logement, celui de la santé, la CILPI, les PACT-ARIM et l'ANAH.
Le groupe a identifié, d'emblée, onze départements
prioritaires qui concentrent, selon toutes les données disponibles, une
part très significative des problèmes.
Le
groupe d'appui « Copropriétés
dégradées »
a pour objectif de repérer une
série de sites prioritaires communs aux ministères du logement et
de la ville, à l'ANAH et à la CDC et de préparer les
dispositifs d'actions à présenter en comité
interministériel des villes (CIV) et les articulations avec la
convention Etat/UESL.
En complément de l'action menée dans le parc privé
dégradé par le groupe « Eradication de l'habitat
indigne », un groupe thématique d'appui, lui aussi
centré sur la préparation du CIV du 1
er
octobre a
été lancé avec le ministère du logement, le
ministère de la ville et la DIV, l'ANAH et la CDC.
L'évolution des crédits de réhabilitation et le contenu de
la convention Etat/UESL appellent des développements particuliers.
Le
groupe d'appui « Garantir la sécurité dans
l'habitat »
a travaillé sur la base d'un décret
« gardiens » avec une norme d'un gardien pour 100 logements
et sur l'évolution de la qualité de service vers le financement
de travaux améliorant la sécurité (parkings, boxes,
interphones...).
Enfin, Mme Marie-Noëlle Lienemann a annoncé la création d'un
nouveau groupe d'appui pour développer l'accession très sociale
à la propriété sur laquelle votre rapporteur
reviendra
2(
*
)
.
Dans ce contexte, comment évaluer les crédits du logement
social pour 2002 ?
II. LES CRÉDITS EN DIMINUTION RESTENT TOUTEFOIS COHÉRENTS AVEC LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT
A. UN BUDGET EN BAISSE MAIS FIDÈLE AUX ORIENTATIONS ARRÊTÉES
1. Des crédits en baisse
a) Structure du budget
Les
crédits consacrés au logement et à l'urbanisme dans le
projet de loi de finances diminuent globalement de 1,7 % et n'atteignent
plus, en 2002, que 7,3 milliards d'euros.
Sans doute ce budget retrace-t-il de plus en plus imparfaitement l'effort
national en faveur du logement ; les annonces faites par Mme
Marie-Noëlle Lienemann lors du comité interministériel des
villes du 1
er
octobre dernier, relatives à la mobilisation du
1 % logement, confirment ce constat.
La structure du budget n'évolue guère. La majeure partie des
crédits est constituée des dépenses ordinaires, et la
quasi-totalité de ces dernières sont consacrées aux aides
à la personne.
Structure des crédits logements et urbanisme
Dépenses ordinaires |
Dépenses en capital |
74 % |
26 % |
5,4 md€ |
1,9 md€ |
Structure des dépenses ordinaires du « bleu » logement
Aide à la personne |
Autres dépenses |
97 % |
3 % |
5,24 md€ |
0,16 md€ |
En
conséquence, l'encouragement et les interventions en matière
d'action économique d'une part et les participations de l'Etat au fonds
de solidarité pour le logement et aux associations, d'autre part,
restent modestes.
Le chapitre 46-50 retrace la participation de l'Etat aux fonds de
solidarité pour le logement, aux fonds d'aide aux accédants en
difficulté et les subventions associations logeant des personnes
défavorisées.
Participation de l'Etat aux fonds de solidarité
|
2001 |
2002 |
Evolution |
Participation Etat au FSL |
82.017 |
82.020 |
STABLE |
Contribution ALT |
27.440 |
33.075 |
+ 20 % |
Participation aux fonds aides aux accédants en difficulté |
304 |
0 |
- 100 % |
Total |
109.763 |
115.095 |
+ 4,8 % |
En milliers d'euros
Les aides provenant des fonds de solidarité pour le logement (FSL)
Ces
aides financent principalement trois types d'actions : des aides aux
locataires en impayés de loyer, des aides à l'accès au
logement locatif et l'accompagnement social des personnes en difficulté.
Ces aides financières peuvent être accordées sous forme de
prêts ou de subventions. Leur champ d'intervention est distinct de celui
des aides personnelles : celles-ci sont des aides structurelles au
paiement du loyer ou de l'emprunt, à la différence des aides
versées par les FSL qui interviennent ponctuellement pour aider au
paiement d'une dette constituée de loyers ou de charges de logement. De
1998 à 1999, on constate une augmentation de 10 % du nombre de
ménages aidés par le FSL.
Les prestations des FSL sont financées par les dotations annuelles des
contributeurs (Etat, conseils généraux, caisses d'allocations
familiales, ASSEDIC, communes, groupements de communes, organismes HLM et
sociétés d'économie mixte), ainsi que par les ressources
propres des FSL (retours de prêts, trésorerie...).
Les compétences des FSL, à l'origine ciblées sur les aides
à destination des locataires en difficulté, ont été
élargies par la loi du 14 novembre 1996 relative à la mise
en oeuvre du pacte de relance pour la ville, aux copropriétaires
accédants en difficulté habitant notamment une zone urbaine
sensible (ZUS). Plus récemment, la loi d'orientation n° 98-657
du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions a
renforcé le rôle des FSL et harmonisé ses principes
d'intervention.
En dernier lieu, la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000
relative à la solidarité et au renouvellement urbains comporte un
important volet consacré aux copropriétés dont le
bâti est dégradé ou dont les habitants connaissent de
graves difficultés.
Cette loi :
- rend obligatoire l'ouverture des FSL aux propriétaires occupants d'un
logement situé dans un plan de sauvegarde, en cas d'impossibilité
pour ceux-ci d'assumer leurs obligations concernant les charges
collectives ;
- permet aux FSL d'accorder des aides à ces mêmes
propriétaires occupants s'ils se trouvent dans l'impossibilité
d'assumer leurs obligations relatives aux remboursements d'emprunts
contractés pour l'acquisition de leurs logements (article 84) ;
- permet aux FSL d'accorder des aides aux propriétaires occupants qui se
trouvent dans l'impossibilité d'assumer le paiement de leurs charges
collectives ou de remboursement d'emprunt si leur logement est situé
dans le périmètre d'une opération programmée
d'amélioration de l'habitat (OPAH° définie à
l'article L. 303-1 du code de la construction et de l'habitation,
limitée à un groupe d'immeubles bâtis en
société d'attribution ou en société
coopérative de construction donnant vocation à l'attribution d'un
lot ou soumis au régime de la copropriété (article 140).
Les FSL sont majoritairement gérés par les caisses d'allocations
familiales (75) ; dans les autres cas, ils sont gérés par
des associations ou par des groupements d'intérêts publics (GIP)
ad hoc.
Source : annexe « bleu » fascicule budgétaire
Montant des aides versées par le FSL
|
Montant total des aides financières et prestations financées (en millions d'euros) hors frais de gestion et répartition en % des montants pour les principaux types d'aide |
Dotations de l'Etat
|
Nombre total de bénéficiaires et montant moyen en euros de l'aide par principal type d'aide |
|||
|
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
FSL |
197 |
217 |
76 |
74 |
256.540 ménages |
Non encore disponible |
- accès au logement locatif |
38,6 % |
37,4 % |
|
|
512,23 |
|
- maintien dans le logement locatif |
32,1 % |
31,5 % |
|
|
1.030,56 |
|
- accompagnement social lié au logement |
23,4 % |
24,7 % |
|
|
731,76 |
|
Les dépenses d'investissement s'élèvent à 1,9 milliard d'euros en baisse de 1,9 % en 2002 après avoir déjà diminué de 1,3 % en 2001.
b) Les mesures nouvelles
Dans ce
contexte, les mesures nouvelles prévues par le budget sont modestes. Il
faut rappeler la hausse signalée ci-dessus de la contribution pour
l'aide au logement temporaire (+ 5,6 millions d'euros) et le doublement
des crédits des opérations de financement des
réquisitions, démolitions et changements d'usages qui passent de
31,2 millions d'euros à 68,9 millions d'euros.
Il faut également saluer la hausse de la dotation pour la
résorption de l'habitat insalubre qui progresse de 28 %
après avoir diminué en 2001 et l'augmentation des dotations aux
agences départementales d'information sur le logement (ADIL) et aux
agences d'urbanisme liées à la création de nouvelles
structures.
L'effort budgétaire reste modeste, encore faut-il y ajouter les moyens
mis à la disposition de la politique du logement par le comité
interministériel des villes du 1
er
octobre dernier.
En effet, tournant résolument la politique de la ville vers celle du
logement social, ou peut-être l'inverse, le Gouvernement a annoncé
un plan de démolition-reconstruction ambitieux au regard de la
situation présente : 15.000 démolitions en 2002 et 30.000 en
rythme annuel par la suite.
Cet objectif sera atteint au moyen d'une mobilisation forte des fonds du
1 % logement, prévue dans un contexte préoccupant.
2. Un budget qui traduit les priorités du Gouvernement
a) Les objectifs de démolition-reconstruction sont menés aux dépens de la réhabilitation
Détruire pour reconstruire ou réhabiliter des
logements anciens semble constituer un dilemme.
Dans le secteur de l'habitat social, M. Jacques Bimbenet, alors rapporteur pour
avis de votre commission, avait déjà constaté le dynamisme
des opérations de réhabilitation.
Les raisons de ce dynamisme sont en effet connues : devant la hausse du
taux de vacance des appartements et surtout l'alourdissement des prix du
foncier et de la construction, les bailleurs sociaux ont
préféré restaurer le parc existant.
Ils disposent pour cela d'un outil : la prime à
l'amélioration des logements à usage locatif et à
occupation sociale (PALULOS).
Consommation PALULOS
en millions d'euros
Année |
Montants AP |
Montants CP |
1997 |
322 |
198 |
1998 |
166 |
197 |
1999 |
177 |
203 |
2000 |
181 |
163 |
Source : secrétariat d'Etat au logement
Pour 2000, 181 millions d'euros auront permis le financement de la
réhabilitation de 124.132 logements pour un coût moyen de 1.457
euros par logement.
En 2002, le montant prévu sur la ligne fongible dédiée au
financement du logement social
(chapitre 65-48, article 10)
révèle une diminution des crédits consacrés aux
PALULOS qui ne devraient pas dépasser 142 millions d'euros.
Ce chiffre correspond à une diminution de 10.000 PALULOS environ en
2002, alors même que les organismes HLM admettent pouvoir conduire un
volume d'opérations supplémentaires
susceptibles de consommer
entre 30 et 60 millions d'euros supplémentaires.
Les partisans d'une diminution de ces crédits avancent un argument
repris par le Gouvernement dans son choix de privilégier la
démolition-reconstruction par rapport à la restauration.
Les logements visés par ces démolitions sont des logements que
nos concitoyens ne souhaitent plus habiter, malgré parfois deux ou trois
réhabilitations.
Recevable dans son principe, cet argument ne doit pas être
surestimé.
Fin 2000, le taux de vacance atteint 3 % et demeure très
concentré puisque 25 % des logements vacants se trouvent dans
1,5 % du parc.
Ces immeubles constituent une cible
a priori
pour la démolition.
Il est de bon sens de ne pas investir dans leur restauration.
Pour le reste, comment ne pas croire que la réhabilitation, voire
l'amélioration de logements plus ou moins dégradés, ne
bonifie pas l'environnement et le bien-être des habitants ?
Ce constat ne serait pas si préoccupant s'il n'était
accompagné d'une réduction des crédits budgétaires
consacrés à la réhabilitation du parc privé.
Développement et renouvellement du parc privé
Il
s'agit principalement de la subvention versée à l'Agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) au titre de ses
crédits d'intervention ainsi que de la contribution de l'Etat aux
dépenses de personnel de cet établissement public administratif
de l'Etat.
Dans le cadre de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000
relative à la solidarité et au renouvellement urbains (article
185), les missions de l'ANAH ont été élargies, afin de
permettre la transformation en logements de locaux initialement non
destinés à un usage d'habitation ainsi que le versement de
subventions aux propriétaires occupants, donnant ainsi à l'ANAH
compétence pour intervenir sur l'ensemble du parc privé. A ce
titre, l'ANAH, traditionnellement chargée de verser pour le compte de
l'Etat des aides à destination des propriétaires bailleurs qui
réalisent des travaux d'amélioration, devrait également
prendre en charge, à compter du 1
er
janvier 2002,
l'attribution des primes d'amélioration de l'habitat (PAH)
versées aux propriétaires occupants sous condition de
ressources
3(
*
)
.
Le décret n° 2000-351 du 20 avril 2001, outre les nouvelles
modalités d'organisation et de fonctionnement de l'ANAH, définit
le nouveau cadre de son intervention en faveur de l'ensemble des
propriétaires, bailleurs ou occupants.
Les subventions de l'ANAH sont attribuées par une commission
départementale, la « commission d'amélioration de
l'habitat », présidée par le directeur
départemental de l'équipement ; les dossiers sont instruits
et les paiements ordonnancés par la délégation locale de
l'ANAH qui est composée d'agents de la DDE apportant le concours des
services de l'Etat à l'établissement public.
Relèvent également de cette composante les crédits
relatifs à la lutte contre le saturnisme. Mis en oeuvre dans le cadre de
la loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions, ces
crédits sont affectés à la réalisation de
diagnostics à la charge de l'Etat, dont le coût est de l'ordre de
457 euros par logement et/ou par partie commune, et, le cas
échéant, en cas de carence des propriétaires, au
financement des travaux nécessaires pour supprimer
l'accessibilité au plomb, dont le coût est de l'ordre de
4.573 euros par logement et/ou par partie commune ; s'y ajoutent les
contrôles postérieurs aux travaux à la charge de l'Etat
ainsi que l'hébergement provisoire des occupants d'immeubles
traités, en cas de travaux réalisés d'office par le
préfet.
Source : annexe « bleu » fascicule budgétaire
Crédits en faveur de la réhabilitation du secteur privé en 2000
|
Montant
des subventions versées par l'Etat
|
Nombre de logements subventionnés |
Coût moyen des subventions versées
|
ANAH |
267 |
135.542 |
2.839 |
PAH |
128 |
80.184 |
1.628 |
En effet, en 2002, les crédits de l'ANAH révèlent une diminution de 10 % en autorisations de programme et de 14 % en crédits de paiement, malgré une évolution rendue moins lisible du fait de la fusion des crédits avec ceux de la prime à l'amélioration de l'habitat au sein d'une même ligne en 2001.
Évolution des crédits de l'ANAH
(en milliards de francs)
(1) LFI
(2) PLF
Sans
doute, la majorité plurielle n'est-elle pas favorable à
l'orientation donnée par le Gouvernement en la matière.
Le rapporteur spécial de la commission des Finances de
l'Assemblée nationale a obtenu le vote, contre l'avis du Gouvernement,
d'un amendement visant à réduire de 200 millions de francs
les crédits du fonds de garantie à l'accession sociale à
la propriété (FGAS), invitant par la même occasion le
Gouvernement à relever d'autant les crédits de l'ANAH.
Il s'est d'ailleurs justifié
4(
*
)
de la
nécessité de procéder à cette augmentation.
« Les nouvelles missions de l'Agence et la volonté
politique affichée d'appliquer la loi de solidarité et de
renouvellement urbains vont pousser
l'ANAH à
se mobiliser
et à traiter, grâce à un montant suffisant d'autorisations
de programme, tous les dossiers qui lui seront soumis ».
« Pour autant, je rappelle que
l'insuffisance de la ligne
budgétaire destinée à doter la prime à
l'amélioration de l'habitat a, à une certaine époque,
empêché le règlement de dossiers et créé des
files d'attente. Il ne faudrait donc pas qu'en 2002, l'Agence ne puisse pas
faire face à la demande, pour le simple prétexte que sa dotation
a été établie en fonction du niveau qui était le
sien en 2000 ou 2001
»
.
Au cours d'une nouvelle délibération, le Gouvernement a
proposé un amendement donnant satisfaction aux députés.
Mme Florence Parly
5(
*
)
a alors
déclaré :
« Le troisième objet de la seconde
délibération est de modifier plusieurs dispositions votées
au cours de la discussion ou de procéder à quelques augmentations
de crédits qui n'avaient pu intervenir. Les augmentations
opérées sur proposition de votre commission des Finances
s'élèvent, au total, à 89,9 millions d'euros. Il vous
est demandé, en outre, de revenir sur la suppression de la cotisation de
l'Etat au Fonds de garantie de l'accession sociale à la
propriété ; j'ai bien entendu vos interrogations sur le
fonctionnement de ce fonds, mais il ne paraît raisonnablement pas
possible de remettre en cause un système qui garantit l'accès de
millions de Français modestes à la propriété, et
c'est pourquoi je propose de rétablir les moyens permettant à
l'état d'honorer ses engagements,
en même temps que d'abonder
les crédits de l'ANAH, puisque tel est le souhait de votre commission
des Finances
».
Votre rapporteur prend acte de cette majoration tout en souhaitant
néanmoins à cet égard formuler deux observations.
Elle partage en tout point l'avis du rapporteur spécial quand celui-ci
déclare
6(
*
)
:
« Si j'ai déposé cet amendement, c'est pour que les
nouvelles missions réservées à l'ANAH soient mieux prises
en compte
. Il faut peut-être aller au-delà d'un simple
affichage politique,
ainsi que l'a fort bien souligné Jean-Pierre
Kucheida
, et bien voir ce qu'il en est exactement de l'ensemble des
mouvements budgétaires
, c'est-à-dire des reports d'une
année sur l'autre, des annulations ou des gels de crédits -pour
cela, je vous renvoie aux pages 29 à 35 de mon rapport. »
Les pages 29 à 35 de ce rapport
7(
*
)
rappellent combien les crédits de l'ANAH sont « sous
contrainte budgétaire » lors des collectifs successifs.
« L'arrêté du 21 mai 2001 a annulé
30,49 millions d'euros (200 millions de francs) d'autorisations de
programme sur le chapitre 65-48, intégralement imputés sur
l'article de l'ANAH. Il a annulé également 21,34 millions
d'euros (140 millions de francs) de crédits de paiement dont
13,72 millions d'euros (90 millions de francs) ont été
imputés sur le même article. Au 30 septembre 2001, il s'ajoutait
à ce moment 15,24 millions d'euros (100 millions de francs) de
crédits de paiement bloqués, à mettre au regard de
21,51 millions d'euros (141,1 millions de francs) de reports de
l'exercice 2000 ».
La seconde observation est la suivante : le Gouvernement doit recourir
à l'autorisation du Parlement pour engager une dépense... mais
une autorisation parlementaire en dépense ne vaut pas obligation de
dépenser...
Le Gouvernement a obtenu le rétablissement de la dotation en faveur du
FGAS mais, en revanche, rien ne l'empêchera d'annuler, lors des
collectifs 2002, la rallonge consentie à l'ANAH.
Qu'en sera-t-il ? Malgré le bilan qu'il dresse de la consommation
des crédits de l'ANAH en 2001, le rapporteur spécial de
l'Assemblée nationale a remercié le Gouvernement de son geste.
Pour sa part, votre rapporteur craint que, dans un contexte de tension
budgétaire plus accrue en 2002 qu'en 2001, ce
« geste » ne soit précaire.
Sans doute, les critiques formulées par la Cour des comptes dans son
rapport d'activité 2000
8(
*
)
sont-elles
fondées, encore faudrait-il que le Gouvernement justifie que la
diminution des crédits de l'Agence par un questionnement sur
« la pertinence des subventions de l'ANAH dans un contexte en
évolution et sur l'incertitude du rapport
coût/efficacité ».
9(
*
)
Or, la revalorisation du rôle de l'ANAH par la loi SRU souligne
a
contrario
que le Gouvernement attribue une pertinence au moins
équivalente aux subventions versées par cette Agence (ANAH)
qu'à l'incitation fiscale, qui donne également, dans la
réhabilitation privée, de bons résultats
10(
*
)
.
Dans ce contexte, la seule justification du « sacrifice »
de la réhabilitation dont témoigne ce budget est la contrainte
budgétaire que le Gouvernement ne parvient pas, malgré ses
efforts, à masquer.
En effet, et votre rapporteur conclura ce développement sur ce point,
lorsque le Gouvernement prétend relancer un pan de l'activité du
logement
11(
*
)
, et notamment la
« rénovation de la copropriété
dégradée »
, c'est bien à des moyens
extra-budgétaires qu'il recourt et notamment aux fonds des partenaires
sociaux.
b) Un programme de démolition-reconstruction amplifié
Le
constat a été maintes fois fait que des zones entières
devaient être démolies pour donner lieu à des
réorganisations, des reconstructions souhaitées d'ailleurs par
les locataires des organismes qui ne désirent plus vivre dans certains
immeubles.
Les appartements sociaux vacants, concentrés pour un quart dans
1,5 % du parc, constituent une cible toute désignée.
Sous le titre
« casser les ghettos »
, le
Gouvernement a créé un groupe d'appui
12(
*
)
dont la mission est de permettre d'atteindre les
objectifs fixés à 30.000 destructions annuelles à terme.
Pour 2001, les objectifs semblent atteints puisque le secrétariat d'Etat
avance le chiffre de 10.632 logements démolis pour 10.000 en
prévisions.
Nombre
de logements démolis
Source : Secrétariat d'Etat au logement
* prévision.
Votre rapporteur souscrit à cet objectif tout en formulant trois
réserves.
Les logements démolis sont parfois les « projets
porteurs » d'hier. L'urbanisme, comme d'autres secteurs,
bénéficie -ou est victime- d'un effet de mode. La tendance des
années 1980 était à la construction de grands ensembles
ouverts, avec des coursives. Ces derniers sont aujourd'hui mis en cause car
jugés responsables de la hausse de la délinquance. Faudra-t-il,
parce que les modes urbanistiques changent, détruire demain ce qui fut
fait hier ? Une dimension est ignorée dans le concept de
« ghetto ». On ne peut prétendre détruire les
« cités-dortoirs » qu'en implantant
l'activité économique dans les quartiers
défavorisés. Le développement seul combat le
paupérisme.
Les objectifs sont, nous dit-on, atteints en 2001 soit 10.032 logements
démolis.
Que représente ce chiffre au regard des besoins en la matière
alors que dans son rapport pour 2001
13(
*
)
, votre
rapporteur spécial, M. Jacques Pelletier évaluait entre 150.000
et 200.000 les besoins en matière de
reconstruction-démolition ?
Reste enfin la question du financement. L'Etat triple sa contribution en 2002
puisque celle-ci passe de 26 millions d'euros en 2001 à 76 millions
d'euros.
Les décisions prises lors du comité interministériel des
villes du 1
er
octobre dernier, simplification des
procédures de décision, augmentation du taux et de l'assiette des
dépenses subventionnées, élargissement du taux
réduit de TVA (5,5 %) aux démolitions partielles, sont des
éléments susceptibles d'encourager le processus.
Il n'empêche que ce n'est pas véritablement le budget qui porte
cette réforme.
Pour la première fois, il est annoncé que les organismes verront
une part des coûts indirects de la construction pris en charge... par le
1% logement.
Les coûts de la démolition pour un organisme HLM
Principaux postes de la démolition :
1. Les coûts sociaux :
Ce premier groupe concerne principalement les dépenses engagées
pour assurer le relogement des ménages logés dans les
bâtiments à démolir : études de relogement,
travaux à réaliser dans les nouveaux logements, prise en charge
des déménagements, etc.
Le coût moyen observé se monte à 15.000 francs par logement.
2. Les coûts techniques :
Il s'agit des coûts de démolition proprement dits : fermeture
des bâtiments, démolition, tri et évacuation des
déchets, etc. Ces coûts sont sensiblement augmentés par la
directive sur le tri des déchets.
Le coût moyen observé se monte à 46.000 francs par logement.
3. Les coûts financiers :
Ces dépenses concernent principalement le remboursement des prêts
et des aides initialement accordés lors de la construction :
remboursement du capital restant dû pour les prêts consentis lors
de la construction du bâtiment ou lors de travaux de
réhabilitation, mais aussi le remboursement d'aides de diverses
provenances (CAF, CIL, etc).
Le coût moyen observé se monte à 40.000 francs par logement.
4. Les pertes de recettes :
Il s'agit de montants qui correspondent aux loyers et aux charges non
perçus pendant la période où l'immeuble se vide. Ils sont
pris en compte à partir du moment où la décision de
démolir est prise, jusqu'au jour où le bâtiment est
effectivement démoli.
Le coût moyen observé se monte à 30.000 francs par logement.
Le coût moyen d'une démolition se monte à 131.000 francs
par logement.
Les coûts du programme proposé par le Gouvernement pourraient
s'envoler mais
c'est en réalité les partenaires sociaux qui
devraient l'assumer par un prélèvement de 460 millions
d'euros par an pendant cinq ans, soit 2,3 milliards d'euros au total, sur
le 1 % logement.
c) La crédibilisation du programme de construction
La crise
de la construction de logements sociaux a déjà été
évoquée ci-dessus.
Les annonces du plan de relance du 7 mars dernier seront-elles en mesure de
contrer la tendance ?
Pour 2002, le Gouvernement propose pour la ligne fongible PLA-PLUS-PALULOS
457 millions d'euros en autorisations de programme et 399 millions
d'euros en crédits de paiement.
Sachant que 142 millions d'euros seront consacrés à la
PALULOS, c'est-à-dire moins que l'an passé, la
quasi-totalité de la ligne traduit une légère augmentation
des crédits disponibles pour la construction sociale.
Le Gouvernement annonce 43.000 PLUS et PLA-I auxquels il ajoute 12.000 PLS, ce
qui induit un total de 55.000 logements construits.
Ces propositions conduisent votre rapporteur à formuler trois
observations.
La première est une prise d'acte quant à la réduction des
objectifs. Votre commission avait, au cours des deux dernières
années, dénoncé les objectifs fantaisistes fixés
par le Gouvernement (+ 70.000).
L'écart s'accroissant chaque année entre les prévisions
et les réalisations, sans doute était-il utile de procéder
à un « rebasage ».
Evolution du programme PLA/PLUS
Année |
PLA et PLUS prévus au budget |
PLA/PLUS financés
|
PLA/PLUS mis en chantier (neuf) |
||
|
PLA et PLUS |
PLA sociaux |
Total |
|
|
1993 |
88.000 |
13.000 PLA-I |
101.000 |
92.868 |
72.000 |
1994 |
80.000 |
20.000 PLA-TS |
100.000 |
89.324 |
72.500 |
1995 |
60.000 |
28.000 PLA-TS |
88.000 |
66.440 |
60.000 |
1996 |
60.000 |
20.000 PLA-TS |
80.000 |
60.051 |
54.000 |
1997 |
50.000 |
30.000 PLA-TS |
80.000 |
59.911 |
45.600 |
1998 |
50.000 |
30.000 PLA-LM et PLA-I |
80.000 |
51.415 |
44.000 |
1999 |
50.000 |
30.000 PLA-LM et PLA-I |
80.000 |
47.695 |
42.500 |
2000 |
65.000 |
5.000 PLA-I |
70.000 |
42.117 |
ND |
Source : Secrétaire d'Etat au logement
La seconde est la constatation que
le Gouvernement réduit de
40 % l'objectif des logements subventionnés
(70.000 à
43.000 car les PLS ne donnent pas lieu à subvention, donc ne
coûtent rien à l'Etat), tout en augmentant
légèrement les crédits disponibles de par la
réorientation des fonds qui auraient pu être disponibles pour la
PALULOS.
Cet affichage crédibilise les annonces du 7 mars dernier relatives aux
améliorations entourant le financement des logements sociaux.
Mais
ceci tient à une réserve forte : celle que les organismes
adhèrent à ce contrat de relance contraignant, qui leur sera
proposé.
Seulement dans ce dernier cas
bénéficieront-ils d'une subvention accrue. Dans le cas inverse,
la ligne PLA-PLUS-PALLULOS présentera, à nouveau, un fort taux de
crédits non consommés.
Certes, le Gouvernement ouvre l'accès à un prêt
préférentiel pour financer des logements au profil
« moins social », le PLS, que les PLA et PLUS mais cela ne
lui coûte rien et augure de cette tendance générale d'un
financement non budgétaire du logement social.
B. LES INTERROGATIONS DE VOTRE COMMISSION : VERS UN FINANCEMENT NON BUDGÉTAIRE DU LOGEMENT SOCIAL ?
Ces
interrogations rejoignent un même constat, celui d'économies
réalisées de manière générale par le budget
de l'Etat dans un contexte de fortes annonces.
La mise en oeuvre des priorités évoquées aboutit
finalement à transférer sur d'autres, et en l'espèce les
fonds sociaux, le coût des politiques décidées par l'Etat.
Si la politique du logement et de l'urbanisme ne dépend pas du budget de
l'Etat, de qui dépend-elle ?
Devant ces mécanismes de financement croisé, votre rapporteur
s'interroge sur la frontière qui sépare la contractualisation de
la débudgétisation.
A ce stade, et au vu des éléments décrits ci-dessus, votre
rapporteur formule deux interrogations.
1. La réforme des aides au logement est-elle financée ?
En 2002, la seconde étape de la réforme des aides à la personne sera achevée.
Les aides à la personne
-
• L'allocation de logement à caractère social (ALS)
Elle est financée par le fonds national d'aide au logement (FNAL), qui est alimenté par l'Etat, et par une cotisation des employeurs.
Elle a progressivement été étendue à d'autres catégories de bénéficiaires puis attribuée, depuis le 1 er janvier 1993, à toute personne sous seule condition de ressources, qui n'entre pas dans les conditions fixées pour bénéficier de l'ALF ou de l'APL.
- • L'aide personnalisée au logement (APL)
Le champ d'application de l'APL comprend :
- en accession à la propriété : les logements financés avec des prêts aidés par l'Etat (PAP ou PC/PAS) ;
- en secteur locatif : les logements conventionnés, financés avec des PLA/PLUS ou des PC locatifs, ou conventionnés avec des subventions à l'amélioration (PALULOS ou ANAH), ainsi que les logements existants, conventionnés sans travaux, appartenant à des organismes d'habitation à loyer modéré ou des sociétés d'économie mixte ou appartenant à d'autres bailleurs lorsque les logements ont bénéficié avant 1977 des anciennes aides de l'Etat.
Son financement est assuré par le fonds national de l'habitation (FNH) dont les recettes sont constituées par des contributions du FNPF, du FNAL et du BAPSA (budget annexe des prestations sociales agricoles) et par une contribution de l'Etat inscrite au budget du ministère chargé du logement.
Les trois aides (ALF, ALS et APL) sont versées sous condition de ressources aux personnes qui s'acquittent d'un minimum de loyer ou de mensualité, sous réserve que le logement constitue bien leur résidence principale, c'est-à-dire qu'il soit occupé pendant au moins huit mois par an par elles-mêmes ou leur conjoint ou des personnes à charge.
Le barème, selon lequel sont calculées les trois aides, tient compte de la situation familiale du demandeur, du montant du loyer (de la redevance dans les foyers ou des mensualités de prêts) dans la limite d'un plafond, et de ses ressources, ainsi que, s'il y a lieu, de celles de son conjoint et des personnes vivant habituellement à son foyer.
Les ressources qui servent au calcul de l'aide sont, en règle générale, les revenus nets catégoriels de l'année n-1, abstraction faite des reports de déficit de l'année précédente et après application, le cas échéant, de certains abattements pour tenir compte de la situation particulière du bénéficiaire (divorce, invalidité, chômage...).
Les aides personnelles au logement sont liquidées par les caisses d'allocations familiales (CAF) et de mutualité sociale agricole (CMSA) ; leur versement s'effectue mensuellement à terme échu. Contrairement à l'ALF et l'ALS, qui sont en règle générale versées directement aux bénéficiaires, l'APL est versée en tiers payant.
Cette réforme était utile et justifiée, notamment en ce qu'elle simplifie les barèmes et traite à égalité les revenus de transferts et les revenus du travail, à quelques exceptions près.
La réforme des aides au logement
Présentée par le Premier ministre le 15 juin
2000,
lors de la conférence de la Famille, cette réforme consiste en la
création d'un barème unique des aides personnelles et simplifie
le traitement des ressources ayant de faibles revenus, issus tant du travail
que des transferts sociaux.
- au 1
er
janvier 2001 entre en vigueur un barème permettant
le même niveau d'aide jusqu'à un revenu équivalent à
75 % du RMI.
- au 1
er
janvier 2002 entre en vigueur le barème
définitif prévoyant un même montant d'aide jusqu'au niveau
de revenu correspondant au RMI.
Sans doute, pourra-t-on discuter du caractère achevé de cette
réforme. M. Jacques Bimbenet, dans l'avis qu'il présentait l'an
dernier au nom de votre commission, en avait souligné les
limites
14(
*
)
.
Déjà, en juin 1994, la Cour des comptes avait décrit les
difficultés de l'unification du système d'aides
15(
*
)
. Votre rapporteur n'y reviendra pas ici.
Une question demeure néanmoins particulièrement
préoccupante : c'est le financement de cette réforme.
La simplification des barèmes d'aides, figurant à juste titre
parmi les plus complexes de la protection sociale française, n'a certes
pas de prix mais elle a un coût.
Annoncée opportunément lors de la conférence de la Famille
2000, alors même que le caractère « familial »
de l'objectif sous-tendu par cette réforme n'est pas évident, la
fusion des barèmes pourrait coûter globalement 991 millions
d'euros, dont une grosse moitié pour le budget de l'Etat.
Coût annoncé de la réforme des aides à la personne
(en millions d'euros)
|
Budget Etat |
Tiers |
Total |
2001 |
305 |
198 |
503 |
2002 |
244 |
244 |
488 |
Total |
549 |
442 |
991 |
Au
coût de cette réforme, il faut ajouter celui de
la
revalorisation des barèmes qui a eu lieu le 1
er
juillet
2001 et qui représente 242 millions d'euros en année
pleine.
Or, depuis 2001, les contributions de l'Etat au
Fonds national d'aide au
logement
(FNAL) et au
Fonds national de l'habitat
(FNH) qui
financent l'ALS et l'APL diminuent.
Mesures nouvelles inscrites au « bleu »
(en millions d'euros)
|
FNH |
FNAL |
Total |
LFI 2001 |
- 122 |
+ 222 |
+ 100 |
PLF 2002 |
- 16 |
- 149 |
- 165 |
Total 2001/2002 |
- 138 |
+ 73 |
- 65 |
Le
coût d'une réforme,
a priori
élevé, des aides
aux logements, encore accru par la revalorisation des barèmes d'aides,
n'a pas engendré un franc de dépenses nouvelles de la part de
l'Etat.
Cette surprenante conclusion est justifiée
16(
*
)
« grâce aux marges de manoeuvre
dégagées sur l'évolution tendancielle des prestations sous
l'effet d'une situation économique favorable, de l'augmentation
mécanique des cotisations des employeurs, de la croissance des revenus
et donc de la décroissance en francs constants du montant des
allocations et enfin de la baisse du chômage ».
« Celle-ci se traduit à la fois par une diminution du nombre
d'allocataires et par des économies, les chômeurs
bénéficiant automatiquement d'un abattement de 30 % sur
l'assiette de ressources qui majore les prestations qui leur sont servies.
Cette dotation permet de financer l'extension sur 2002 de l'actualisation au
1
er
juillet 2001 (64 millions d'euros) et la mise en
oeuvre au 1
er
janvier 2002 de la deuxième phase de la
réforme des barèmes locatifs (244 millions
d'euros) ».
Cette ambitieuse réforme devait coûter 549 milliards d'euros
à l'Etat à allocataires constants.
Or, la croissance,
distribuant des revenus, a fait sortir du dispositif des allocataires ou a
réduit le montant de cette aide différentielle.
La manne distribuée est restée dans un premier temps
équivalente mais elle est partagée entre moins
d'allocataires : de ce point de vue, cette réforme s'est traduite
par une redistribution plus affirmée entre les familles. Aujourd'hui
elle diminue.
A ce stade,
votre rapporteur ne peut que souligner les risques que font
peser un retournement de la conjoncture et une reprise du chômage
.
L'analyse de votre rapporteur aurait dû en rester là si, lors du
collectif d'automne, le chapitre 46-40 relatif à ces aides n'avait pas
enregistré une annulation de crédit de 195 millions d'euros.
Une telle annulation porte à 260 millions d'euros le montant des
économies réalisées en deux ans sur un poste de
dépenses qui aurait dû coûter 550 millions d'euros de
plus.
Le Gouvernement justifie cette annulation par l'existence d'une
« cagnotte » en 2000, du fait de la diminution des
dépenses.
Votre rapporteur ne peut se satisfaire de cette explication pour plusieurs
raisons.
Les comptes du FNAL et du FNH affichent, il est vrai, un excédent en
2000. D'une part, celui-ci ne représente que 84 millions d'euros
contre une annulation de 195 millions d'euros et relève tant
d'économies sur les dépenses que
du dynamisme de la
contribution des employeurs dont le produit s'est révélé
supérieur aux prévisions
.
L'année 2001 pourrait-elle présenter 100 millions
d'économies sur prestation ? Justifie-t-elle cette
annulation ? Cette éventualité est très improbable
pour trois raisons.
En réalité, on ignore le montant exact des prestations jusqu'au
sixième mois de l'année n + 1. Une estimation précise des
dépenses 2001 serait aujourd'hui très prématurée.
En second lieu, les crédits sont généralement
destinés au plus juste puisque des régularisations doivent
être faites en cours d'année en raison d'une insuffisance
chronique des crédits.
Enfin, l'effet frein joué par la croissance sur les prestations,
constatées en 2000, a été anticipé en LFI
2001
17(
*
)
. D'ailleurs, la remontée du
chômage dès le second trimestre de cette année aurait
plutôt poussé à la hausse les dépenses.
La « surbudgétisation » des aides à la
personne est peu crédible. Votre rapporteur propose une explication
alternative.
Depuis deux ans (2000-2001), les prévisions initiales de croissance de
la masse salariale sont sous-estimées.
Or, le FNAL est alimenté par une contribution des employeurs assise sur
la masse salariale et par une dotation de l'Etat. Le FNH est, lui,
alimenté par la CNAF et par un versement du FNAL. Les deux fonds
bénéficient donc pleinement de dynamisme des cotisations des
employeurs.
Votre rapporteur constate le caractère concomitant des annonces de Mme
Elisabeth Guigou, rappelées par M. Alfred Recours
18(
*
)
« le Gouvernement s'est trompé
sur la masse salariale qu'il a sous-estimé de 0,6 % en
2001 »
et l'arrêté d'annulation du 18 novembre
dernier.
Cette annulation de crédit traduit en réalité un
désengagement de l'Etat du financement des aides à la personne.
Profitant d'une pression fiscale accrue sur les entreprises, le Gouvernement
diminue sa contribution, afin d'afficher en collectif un déficit
d'exécution minoré de 195 millions d'euros.
Le Gouvernement assèche les réserves des « fonds
logement ». Une telle attitude est-elle raisonnable à l'heure
où la conjoncture fait peser un fort aléa à la hausse sur
les dépenses du FNAL ?
Votre rapporteur ne le pense pas.
Soulignant par ailleurs que les employeurs sont appelés à
financer une réforme décidée par l'Etat,
votre
rapporteur déplore de ne pas disposer d'informations plus
précises de l'effort de chaque financeur
.
Constatant néanmoins que l'existence de deux fonds gérés
par la Caisse des dépôts et consignations rend plus difficile la
collecte de ces informations, votre rapporteur rappelle le constat
dressé par la Cour des comptes
19(
*
)
:
« Les deux fonds, FNH et FNAL, qui isolent les circuits de
financement et d'attribution de l'APL et de l'ALS constituent des écrans
dont l'utilité n'est pas démontrée ».
2. L'appel au 1 % logement
Le 12 octobre dernier, l'Etat et l'Union d'économie sociale pour le logement (UESL) signaient une convention de prolongation de la convention du 3 août 1998, afin que « ces emplois du 1 % logement contribuent à une politique ambitieuse de renouvellement urbain » .
a) La participation du 1 % aux priorités de l'Etat
Cette
courte convention, qui ne comprend que quatre articles, prévoit, dans le
B du premier article, les conditions dans lesquelles
« le 1 %
logement affectera 3 milliards de francs par an à la politique de
renouvellement urbain (...) sous les formes suivantes
:
« le financement des opérations de démolition de
logements locatifs sociaux -y compris les coûts
associés-
qui concerneront à terme 30.000 logements
par an. La participation du 1 % logement prendra la forme de subventions
aux maîtres d'ouvrage ;
« en complément
, le traitement de
copropriétés dégradées ;
« le versement des subventions
actuarielles initiales permettant
la mise en oeuvre d'une nouvelle enveloppe unique de
prêts au
renouvellement urbain (PRU)
20(
*
)
de
15 milliards de francs au taux de 3,25 % ».
Mais la convention comporte une clause additionnelle :
« Pour tenir compte de la montée en puissance de ces
actions nouvelles, le 1 % logement apportera un financement à
hauteur de 2,8 milliards de francs au titre de 2002 pour faciliter la
conduite d'actions concourant au renouvellement urbain
. Ce
financement se fera par versement au budget général de l'Etat
selon des modalités qui devront être précisées dans
la convention d'application ».
Certes, la convention prévoit bien que
« l'Etat et les
partenaires sociaux définiront en commun la répartition de
l'enveloppe de 3 milliards de francs entre les différents emplois
prévus »
.
Mais elle prévoit par avance que « d'autres affectations
pour des sommes dont il serait anticipé qu'elles ne seront pas
consommées l'année suivante ou constaté qu'elles n'ont pas
été consommées l'année en cours pourront être
prévues en lien avec des actions de renouvellement
urbain ».
Par un amendement à l'article 12 du présent projet de loi, le
Gouvernement a inscrit en 2002, en ressources non fiscales, l'apport des
partenaires sociaux au titre du 1 % (2,8 milliards de francs,
427 millions d'euros).
Il est très clair que ces sommes ne serviront pas à l'usage qui
leur est destiné par la convention. Ainsi que le confirme le tableau
ci-dessous, tout au plus peut-on convenir que le 1 % logement finance les
mesures issues des CIV du 19/12/1999 (ORU et GPV) et du CIV du 1
er
octobre dernier.
Inscription budgétaire des actions susceptibles
d'être
financées par l'apport du 1 % logement en 2002
(en milliers d'euros)
GPV et ORU |
10.671 |
Actions démolition |
68.980 |
Qualité de service |
11.430 |
Accession très sociale propriété |
10.700 |
Copropriété dégradées - habitat insalubre |
16.550 |
A - Total |
118.331 |
B - Apport 1 % logement |
426.857 |
Reliquat |
308.526 |
Au
regard de ce tableau, votre rapporteur ne peut que formuler deux observations.
Le 1 % logement finance 100 % des annonces faites par le
Gouvernement, et notamment les actions prévues dans le cadre des GAAP
mis en place par Mme Marie-Noëlle Lienemann. Ce constat amène votre
rapporteur à s'interroger sur cette frontière ténue :
celle qui sépare la contractualisation des politiques du transfert de
charges pur et simple.
Votre rapporteur constate en second lieu que plus de 300 millions d'euros
ne serviront pas aux objectifs qui leur sont assignés par la convention
nouvellement conclue.
Lors du débat à l'Assemblée nationale, M. Gilles Carrez a
déclaré :
« L'UESL a accepté de se faire
plumer de 2,8 milliards de francs »
.
Pour sa part, le rapporteur de la commission des Finances, M. Philippe
Marini, a proposé de supprimer ce versement en 2002 car ce dernier est,
selon lui
, « contraire à la convention de 1998 car ayant le
caractère d'un prélèvement sans
contrepartie »
.
Louant la pertinence des analyses du rapporteur général,
votre
rapporteur s'interroge néanmoins sur l'absence d'une contrepartie
à ce prélèvement.
Cette interrogation se justifie par le contexte et le contenu de la convention
du 3 août 1998.
Cette convention terminait un contentieux ouvert en 1995. Le Gouvernement avait
alors prélevé sur les réserves du 1 % pour financer
le prêt à taux zéro.
Certainement cavalière sur la forme, cette ponction permettait
néanmoins au 1 % de justifier son existence : promouvoir
l'accession sociale à la propriété.
Les partenaires de l'UESL ne souhaitaient pas financer le prêt à
taux zéro (PTZ) et ont obtenu de l'Etat, par la convention de 1998, une
sortie progressive de leur « engagement forcé ».
Or, le renouvellement urbain semble plus éloigné des objectifs du
1 % logement que l'accession sociale à la propriété.
A son grand regret, votre rapporteur n'a pu entendre les représentants
de l'UESL. L'exposé de leurs motivations l'aurait probablement
éclairé sur l'intérêt de ces négociateurs
avisés pour le renouvellement urbain.
En l'absence d'explications votre rapporteur ne saurait conclure, même si
un pan de la convention du 11 octobre dernier soulève ses
interrogations.
b) La constitution d'une société foncière aux contours imprécis
Le A du
premier article de cette convention stipule en effet :
« une société foncière sera
créée ayant pour objet de financer l'acquisition de logements
locatifs privés destinés en priorité aux salariés
des entreprises du secteur assujetti sur une partie des emprises
foncières libérées dès 2002 par la politique de
renouvellement urbain, en contrepartie des financements affectés par le
1 % logement à cette politique tels qu'ils sont convenus au
paragraphe B (et) sous conditions de loyers et de ressources, sur des
territoires où l'offre de logements locatifs est
insuffisante ».
La convention précise par ailleurs que les opérations seront
financées pour partie par emprunt, pour partie par des fonds propres
apportés par le fonds d'intervention de l'UESL, qui assurera
également la couverture des déficits d'exploitation
éventuels.
Un investissement annuel en fonds propres de 7 milliards de francs est
prévu à moyen terme
. La société foncière
constituera un actif immobilier, dont l'objectif sera d'améliorer les
garanties sociales des salariés du secteur assujetti.
Devant l'avènement d'une société foncière
appelée à devenir, au regard des moyens dont elle est
dotée
21(
*
)
, un des tous premiers acteurs
du secteur, votre rapporteur souhaite formuler plusieurs interrogations.
Le rôle de cette société foncière se cantonnera-t-il
à faciliter des opérations de restructurations urbaines
menées par les bailleurs sociaux ou la société
foncière deviendra-t-elle une sorte de bailleur social national au
détriment des organismes d'HLM ?
La cible potentielle des logements détenus par la société
foncière s'approche du calibre du nouveau prêt locatif social
(PLS). Il s'agirait donc, de fait, des locataires les plus solvables du parc
social qui seraient attirés hors des HLM...
Imprécise, la convention ne semble pas fermer la porte à ce
risque.
En second lieu, votre rapporteur constate que le Gouvernement a promu le
1 %, par les subventions qu'il est appelé à verser, au rang
de financeur des organismes HLM.
Or, la convention prévoit que la société foncière
doit intervenir sur les emprises foncières libérées par
les destructions que le 1 % aura, lui-même, financées.
N'y a-t-il pas alors un risque que les organismes HLM ou les
collectivités locales, propriétaires aujourd'hui des emprises,
doivent céder des terrains à la société
foncière en contrepartie de subventions ? Cette dérive n'est
bien sûr que potentielle mais votre rapporteur, qui ignore les termes de
la négociation entre l'Etat et l'UESL, estime qu'elle mérite
d'être soulignée.
Lors du congrès de Bordeaux du 20 septembre 2000, M. Michel Delebarre,
Président de l'Union nationale des HLM avait alors
déclaré :
« Le débat sur le projet de loi relatif à la
solidarité et au renouvellement urbains est une bonne illustration de
nos difficultés, à savoir nous faire entendre et comprendre. Nous
avons découvert tardivement un
projet de loi qui, à
l'évidence, ne pouvait nous satisfaire quant aux compétences
d'intervention qui nous étaient reconnues ».
« Il n'était pas question de reconnaître que nos
missions d'intérêt général puissent s'étendre
aux opérations de renouvellement urbain, pas question non plus
d'entendre que la diversité de l'habitat rendait nécessaire le
développement d'une offre d'accession à la
propriété. Nous partions donc de loin ! »
Dans le contexte de la mise en oeuvre de la loi SRU, qui prévoit
à terme un taux de 20 % de logements sociaux dans les communes
urbaines, le Gouvernement promeut la création d'une
société foncière financée par le 1 % sans
clairement définir son rôle et ses rapports avec les bailleurs
sociaux actuels.
La création de cette société foncière peut-elle
éviter d'être, en l'état actuel de l'information
disponible, considérée comme une marque de défiance
à l'égard des organismes HLM ?
Votre rapporteur n'ose le penser.
III. L'EFFICACITÉ DES DISPOSITIFS PROPOSÉS POUR LES MOINS FAVORISÉS RESTE À PROUVER
Particulièrement sensible au sort des moins favorisés, votre commission a souhaité cette année se faire l'écho des propositions faites par le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées et d'une nécessité de relancer l'accession sociale à la propriété.
A. L'APPLICATION INCERTAINE DE LA LOI « LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS »
1. La parution des décrets d'application ou l'inscription de crédits budgétaires ne présument pas de l'efficacité du dispositif
Le 13
septembre 2000, la ministre de l'emploi et de la solidarité a
présenté en conseil des ministres, un bilan de
« deux ans d'action de lutte contre les exclusions menée
depuis le vote de la loi du 29 juillet 1998 ».
Le rapport présenté est un véritable satisfecit.
« Cette brochure propose un premier bilan de l'entrée en
vigueur de ce volet logement depuis 1998.
Elle dresse d'abord un bilan
général : les crédits prévus sont en
place ; les textes d'application sont parus pour l'essentiel
; la
mise en oeuvre locale est achevée pour certains dispositifs ou progresse
dans un cadre partenarial pour les autres. Elle fait ensuite le point sur les
dispositifs les plus importants, avec des exemples locaux».
Le rapport préjuge de l'efficacité de la loi à l'aune de
deux critères : la parution des décrets d'application et
l'inscription de crédits budgétaires.
S'agissant des textes d'application, votre rapporteur constate qu'ils ont
été édictés dans des délais
raisonnables.
Objet du texte |
Articles |
Nature |
Date |
Circulaire générale (ensemble du volet logement) |
Tous les articles logement |
Circulaire ministérielle |
13 octobre 1998 |
Versement de l'APL et de l'AL après l'ALT |
44 et 45 |
Circulaire interministérielle |
23 octobre 1998 |
Aide à la médiation locative |
40 |
Décret simple |
13 novembre 1998 |
|
|
Circulaire |
20 novembre 1998 |
Supplément de foyer solidarité (code construction et habitation) |
56-III |
Décret en Conseil d'Etat |
13 novembre 1998 |
Mesures concernant les rapports locatifs dans le parc social HLM |
47-56 II à V 58-59-60 |
Circulaire |
23 novembre 1998 |
Taxe sur la vacance |
|
|
|
• Liste des communes où la taxe vacance est instituée |
51 |
Décret simple |
29 décembre 1998 |
• Rattachement du produit de la taxe à l'ANAH |
|
Décret simple |
8 février 2000 |
Prévention des expulsions |
114 à 122 |
Circulaire interministérielle |
9 février 1999 |
Consultation des associations de défense des personnes en situation d'exclusion sur les mesures visant à la mise en oeuvre du droit au logement |
31 |
Décret en Conseil d'Etat |
24 mars 1999 |
Règles d'obligation de construction de parkings (Code de l'urbanisme) |
46 |
Décret en Conseil d'Etat |
1 er avril 1999 |
|
|
Circulaire |
19 avril 1999 |
Réquisition : |
|
|
|
• Conditions d'application des sections 1 (principes généraux), 2 (procédure) et 3 (relations entre le titulaire du droit d'usage des locaux et l'attributaire de la réquisition) |
52
|
Décret en Conseil d'Etat |
29 avril 1999 |
• Détermination du loyer en fonction du prix de base au m2 de surface habitable (code construction et habitation) |
(art. L. 642-23 CHH) |
Décret simple |
29 avril 1999 |
Saturnisme : |
|
|
|
• Délimitation des zones à risques |
123
|
Décret en Conseil d'Etat |
9 juin 1999 |
• Procédure |
(L. 32-1 à 4 du code de la santé publique |
Décret en Conseil d'Etat |
9 juin 1999 |
|
|
3 arrêtés |
12 juillet 1999 |
|
|
Circulaire |
30 août 1999 |
Attributions de logements sociaux : |
|
|
|
• Recodification et condition d'application de la section |
(art. L. 441-2-5 CCH) |
Décret en Conseil d'Etat |
22 septembre 1999 |
• « attribution de logements » (code construction et habitation) |
|
Circulaire |
30 novembre 1999 |
• Conférences intercommunales, bassins d'habitat, accords collectifs |
|
2 circulaires |
25 mars 1999 |
Attributions de logements sociaux : |
|
|
|
• Modalités d'enregistrement départemental unique des demandes d'attribution de logement (code construction et habitation) |
(art. L. 441-2-5 CCH) |
Décret en Conseil d'Etat |
4 e trimestre 2000 |
• Informations statistiques annuelles dues par les organismes HLM et les SEM |
|
Circulaire
|
23
février 2000
|
Modifications loi 31 mai 1990 (plans départementaux d'action pour le logement des personnes défavorisées et fonds de solidarité pour le logement) |
|
|
|
• PDALPD et FSL |
36, 37 et 39 |
Décret en Conseil d'Etat |
22 octobre 1999 |
|
|
Circulaire d'application |
4 e trimestre 2000 |
• Convention constitutive type des GIP-FSL |
36 |
Arrêté interministériel |
22 octobre 1999 |
• Frais de fonctionnement FSL |
36 |
Décret simple |
4 e trimestre 2000 |
• Règles comptables FSL |
39 |
3 arrêtés interministériels |
Octobre 2000 |
Subvention sortie d'insalubrité pour propriétaires occupants |
123 |
Décret simple |
21 décembre 1998 |
S'agissant des inscriptions financières, le rapport présente un tableau concluant à une mise en oeuvre satisfaisante de la loi.
Evolution des financements budgétaires liés
à la loi « exclusions »
(augmentations s'ajoutant
aux crédits existants en 1997)
(en millions de francs )
|
1998 |
1999 |
2000 |
Cumul
|
FSL |
70 |
220 |
230 |
520 |
Aide à la médiation locative |
- |
47 |
60 |
107 |
Lutte contre le saturnisme |
- |
15 |
75 |
90 |
Exonération de TFPB pour les PLA acquisition-amélioration |
- |
25 |
50 |
75 |
ALT (ouverture aux CCAS) |
10 |
23 |
23 |
56 |
Continuité ALT vers APL |
5 |
10 |
10 |
25 |
PLA intégration |
170 |
320 |
350 |
840 |
TOTAL LOGEMENT |
- |
- |
- |
1.713 |
Votre
rapporteur ne saurait considérer cette évaluation comme
suffisante car elle contraste parfois fortement avec la réalité.
Ainsi, en est-il d'un des dispositifs les plus symboliques de la loi du 29
juillet 1998, puisqu'il ressort de la santé des enfants : la lutte
contre le saturnisme.
A titre d'exemple, dans son rapport parlementaire paru en juin 2000
22(
*
)
, M. Daniel Marcovitch déclarait que la lutte
contre le saturnisme évoluait positivement puisque
« la
dotation pour 2000 a créé un article 10 spécifique
« lutte contre le saturnisme » et l'a doté de
75 millions de francs. A titre de comparaison, le cadrage initial de la
loi « lutte contre les excluions » prévoyait une
enveloppe annuelle de 50 millions de francs de 1998 à 2000 au
bénéfice de la résorption du saturnisme ».
Qu'en est-il réellement ?
Votre rapporteur prend acte du constat d'échec dressé par le
rapporteur spécial de l'Assemblée nationale sur ce
point
23(
*
)
:
« Les crédits de lutte contre le saturnisme sont
également très peu consommés. Les montants inscrits en loi
de finances pour 2000 ont été abondés de
4,40 millions d'euros par report de crédits de l'exercice 1999, et
représentaient au total 15,84 millions d'euros. 0,35 million
d'euros avait été consommé le 31 décembre 2000
(2,3 % des crédits disponibles) ».
« Sur les crédits disponibles en 2001, soit
24,63 millions d'euros, l'arrêté du 21 mai 2001 a
annulé 7,62 millions d'euros. Le taux de consommation au 30
septembre s'élevait à 3,4 % soit 0,58 million d'euros
disponible après annulation ».
A titre d'information, et pour compléter cette déplorable
énumération, il faut mentionner le contenu de
l'arrêté du 14 novembre dernier... qui annule à nouveau au
chapitre 37-40 « lutte contre le saturnisme » 230.000 euros
en crédits de paiements.
Votre rapporteur considère pour sa part que les dispositifs d'une loi
doivent être jugés à l'aune de leur effet utile.
2. Le 7ème rapport du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées procède à une évaluation sectorielle
Dans le
cadre de son rapport annuel remis au Président de la République
et au Premier ministre, le Haut comité au logement des personnes
défavorisées procède à une évaluation des
dispositifs existant en faveur du logement des exclus.
Ce rapport est donc le cadre d'une évaluation des dispositions relatives
au logement contenue dans la loi d'orientation du 29 juillet 1998.
En 2001, le 7
ème
rapport annuel de ce comité
s'intéresse plus particulièrement à la réforme des
attributions, l'accueil des personnes étrangères et la
prévention des expulsions.
Votre rapporteur se fait ici l'écho du bilan et des propositions faites
par le Haut comité sur la réforme des attributions des logements
sociaux.
a) La réforme proposée par la loi « lutte contre les exclusions » pour l'attribution des logements sociaux
Dans son
article 56, la loi du 29 juillet 1998 modifie le régime des attributions
de logements locatifs sociaux, les attributions devant prendre en compte la
diversité de la demande, promouvoir la mixité sociale des villes
et des quartiers et assurer l'égalité des chances entre les
demandeurs.
L'étude du Haut comité décrit l'ensemble des structures et
procédures intervenant dans l'attribution des logements sociaux :
règlement départemental d'attribution, accord collectif
départemental, les bassins d'habitats, les conférences
intercommunales, les chartes intercommunales, le numéro
départemental unique et le rôle de la commission de
médiation.
Dans chaque département, les bailleurs sociaux et le préfet
concluent un accord collectif départemental. Cet accord triennal fixe un
objectif d'attribution de logements sociaux aux publics les plus en
difficulté. Cet accord fixe également une référence
en matière de
« délai d'attente manifestement
anormal »
au-delà duquel les demandes doivent être
examinées en priorité.
Auprès des préfets est créée une commission de
médiation composée paritairement au plus de quatre
représentants de bailleurs sociaux, quatre représentants des
associations de locataires et de deux représentants des associations
agréées dont l'objet est l'insertion ou le logement des personnes
défavorisées.
Cette commission reçoit les réclamations relatives à
l'absence de l'offre de logements après ce délai d'attente
anormal.
Son pouvoir est seulement informatif, elle alerte le préfet mais ne peut
attribuer elle-même un logement.
Le Haut comité observe à ce titre qu'
« à
l'avenir, il sera intéressant d'étudier quels pouvoirs peuvent
être attribués à cette commission pour dépasser les
stades d'alerte et d'interpellation initialement voulus dans sa
création »
.
Les villes situées dans des bassins d'habitat comprenant des zones
urbaines sensibles forment une conférence intercommunale du logement qui
formule un avis sur le projet d'accord collectif départemental et
élabore une charte intercommunale déclinant l'accord collectif
par bailleur et par ville.
Selon le Haut comité, ces chartes intercommunales
« représentent le dernier maillon de la réforme
et c'est celui qui est le plus en retard dans l'application de la loi.
« Ce retard est entièrement préjudiciable et
même s'il s'explique en partie par les raisons évoquées
pour la délimitation des bassins d'habitat et la création des
conférences intercommunales, il ne saurait être
toléré beaucoup plus longtemps. »
« En effet, elle représente l'outil objectif et concret des
engagements de l'accord collectif et de l'élaboration des
conférences intercommunales. »
« Elle est la traduction matérielle, chiffrée et
localisée, de l'accord et de plus sa non-réalisation ou son
non-respect sont le point de départ des sanctions prévues par la
loi. »
« C'est donc la crédibilité de la réforme qui
est en jeu dans son application. La solidarité, la mixité
sociale, le rééquilibrage ne seront que de vains mots si la
population, les acteurs, les associations ne voient pas se concrétiser
la réalisation des accords qui ont mobilisé les partenaires
depuis des mois et parfois gelé toutes les autres
initiatives ».
Toutes les demandes d'attribution d'un logement doivent faire l'objet d'un
enregistrement départemental.
Cet enregistrement vise à garantir l'égalité des chances
des demandeurs et permet la mise en oeuvre de la procédure prioritaire
lorsque le délai anormalement long est dépassé. Il procure
également des indications statistiques plus fiables sur l'état de
la demande départementale.
A ce titre, le Haut comité observe que le décret du 7 novembre
2000 fixe la date limite du 31 mai 2001 pour l'application sur tout le
territoire du nouveau système d'enregistrement.
Aux yeux des membres du Haut comité, une campagne d'information
s'avère indispensable pour accompagner cette réforme.
« Où s'adresser, comment, quelle implication dans le choix
de la commune citée, possibilités de plusieurs
inscriptions ? » sont autant de questions qui demandent à
être éclaircies pour le demandeur de logement
social. »
b) Les analyses et les propositions du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées
Le
rapport du Haut comité identifie deux difficultés principales
dans la mise en oeuvre de la réforme de l'attribution des logements
sociaux : la définition de structures intercommunales et celle du
public visé.
S'agissant du premier sujet, le Haut comité rappelle qu'en 2000,
337 bassins d'habitat étaient envisagés alors que seuls 126
avaient été créés dans 39 départements.
Les membres du Haut comité ont constaté que les bassins d'habitat
prenaient le plus souvent pour référence des
périmètres administratifs préexistants, soit
l'arrondissement, soit des zones de coopération intercommunales.
Ainsi, le Haut Comité constate que :
« La délimitation de bassins d'habitat a connu un fort
ralentissement fin 2000 et début 2001 que l'on peut assimiler à
la période pré-électorale des municipales où le
sujet de l'intercommunalité a souvent été un
élément de débat avec la population pour la promouvoir ou
au contraire pour la combattre en particulier sur le thème de
l'habitat ».
« Les préfets rencontrés et les services de l'Etat ont
souvent évoqué la difficulté de ce sujet. Si
l'intercommunalité avance concrètement et positivement dans la
préhension collective des élus locaux, le thème de
l'habitat, et a fortiori celui des personnes défavorisées, reste
le plus épineux dans l'approche intercommunale.
« Au 1
er
juillet 2000, seuls 17 départements
disposaient d'un accord collectif signé. »
« 42 autres départements évoquaient des
négociations en cours et une signature pour l'année qui suivait
et 20 départements n'avaient pas prévu de signatures en 2000 ou
2001 ».
La seconde difficulté, la définition du public visé, se
révèle être pour le Haut comité
« l'obstacle majeur ».
La loi fixe comme priorité les personnes qui cumulent
« difficultés économiques » et
« difficultés sociales ».
Le comité observe à cet égard qu'une lecture
exagérément optimiste, ou restrictive, conduit à
sous-estimer certains objectifs dans un tiers des départements (20
à 150 ménages).
Une conception plus large et, plus conforme au PDALPD, doit porter ces chiffres
entre 150 et 1.400 ménages. Or, le Haut comité souligne que
« les discussions, blocages, négociations se sont
beaucoup noués autour de ce chiffrage qui représente moins de
1 % du nombre total de logements locatifs sociaux dans plus de la
moitié des départements ».
En outre, le Haut comité a constaté un décalage entre les
positions prises par l'Union des HLM et l'attitude prudente voire
défensive de certains organismes vis-à-vis des accords collectifs.
Le Haut comité note que l'union des HLM a orienté du personnel
spécifiquement sur ces missions. Elle a élaboré des outils
pédagogiques bien documentés concernant la réforme, les
accords collectifs, le numéro unique d'enregistrement et commandé
une mission d'évaluation sur l'analyse des accords collectifs
départementaux.
Les accords ont été présentés aux organismes HLM
comme l'occasion d'aborder ou de valoriser leur effort d'accueil. Ils
permettaient de mettre en relief :
- la proportion de ménages à faibles ressources (enquête
triennale),
- la précarisation de l'occupation sociale,
- le lien avec la gestion du contingent préfectoral, la connaissance et
le partage des risques et enfin l'articulation avec l'accompagnement social,
- la mixité sociale qu'elle aborde, mais rarement de manière
précise, en terme de quantification ou de localisation pertinente.
Votre rapporteur se félicite de la pédagogie entourant la mise en
place des accords.
Enfin, le rapport précise qu'au 30 juin dernier, tous les
départements avaient mis en place le numéro unique
d'enregistrement, 90 % ayant opté pour le logiciel national
conçu avec le ministère. Près de 250.000 demandes avaient
déjà été enregistrées.
Certes, votre rapporteur observe que le numéro départemental
unique ne résoudra pas toutes les difficultés, ne serait-ce qu'en
raison de la divergence des demandes (taille du logement, localisation) mais il
offre une garantie supplémentaire pour des usagers rendus parfois
sceptiques par des délais d'attente prolongés.
En guise de conclusion, le Haut Comité formule huit propositions pour
parfaire la mise en oeuvre de cette réforme :
1. Installer dans les plus brefs délais les instances de
médiation prévues par la loi pour les demandes de logements
sociaux connaissant un délai d'attente anormalement long ;
2. Accélérer la constitution des conférences
internationales ;
3. Publier rapidement les charges intercommunales et programmer leur
évacuation et leur actualisation ;
4. Impliquer tous les contingents de réservations (Etat, communes,
1 %...) dans les accords collectifs ;
5. Mobiliser les acteurs de la conférence régionale en
Ile-de-France ;
6. S'assurer de la publication obligatoire des bilans statistiques sur les
résultats obtenus dans les accords départementaux et les
attributions effectuées dans l'année tels qu'inscrits dans la
loi ;
7. Lancer une campagne d'information grand public sur les nouvelles
modalités d'attribution de logements sociaux ;
8. Permettre par convention, à des associations agréées,
l'ouverture à l'accès d'une partie du contingent
préfectoral.
B. CONFORTER L'ACCESSION SOCIALE À LA PROPRIÉTÉ
1. Le prêt à taux zéro, un outil mal aimé
a) Un instrument en danger
Le bilan
positif du prêt à taux zéro est aujourd'hui unanime
Selon le rapporteur spécial de l'Assemblée nationale
24(
*
)
,
« le remplacement, à
l'automne 1995, des prêts aidés par l'Etat en vue de l'accession
à la propriété (PAP) par les prêts à taux
zéro (PTZ) a été un succès
, puisque,
à la fin du mois d'août 2001, 650.345 prêts à taux
zéro avaient été « mis en force »,
c'est-à-dire avaenit fait l'objet d'un versement de subvention par
l'Etat, dans le neuf et environ 30.000 dans l'ancien. »
Or, compte tenu de son dynamisme et de l'accord obtenu des partenaires de
l'UESL d'une rebudgétisation de la charge qu'il représente
à partir de la convention du 3 août 1998, le PTZ a
été l'objet de mesures de restrictions qui mettent aujourd'hui sa
pérennité en question.
Réservée à l'égard d'un dispositif qu'elle ne fait
sien qu'à contrecoeur, l'actuelle majorité en restreint
progressivement la portée.
Un décret du 30 octobre 1997 a limité le bénéfice
du PTZ aux primo-accédants.
En 1999, le Gouvernement a plafonné sa subvention et en 2000 il a
réduit la période de remboursement des prêts.
Depuis la création du PTZ, il n'y a pas eu de revalorisation du plafond
de ressources et le montant des crédits affiche une diminution constante
depuis 1998.
L'enveloppe consacrée à cet instrument s'élevait à
1 milliard d'euros en 1998 et n'est plus que de 880 millions aujourd'hui.
En 2002, les dotations sont en diminution de 3,4 % en autorisations de
programme et de 0,94 % en crédits de paiement.
Dotations budgétaires en faveur du PTZ (crédits paiements)
(en millions d'euros)
Nombre de prêts à 0 % donnant lieu à
engagements
d'autorisations de programme
|
Nombre de prêts |
Montant prêts
|
Prêt moyen (en euros) |
Montant des subventions (en millions d'euros) |
Subvention moyenne
|
Taux de subvention |
Décembre 1995 |
2.087 |
33,39 |
16.036,72 |
23,17 |
11.115,36 |
69,3 % |
Total 1996 |
119.617 |
1.790,36 |
14.967,29 |
1.212,58 |
10.137,71 |
67,7 % |
Total 1997 |
118.987 |
1.856,98 |
15.606,21 |
1.126,29 |
9.465,56 |
60,7 % |
Total 1998 |
111.770 |
1.757,58 |
15.725,12 |
962,11 |
8.607,27 |
54,7 % |
Total 1999 |
116.858 |
1.862,62 |
15.938,54 |
906,00 |
7.753,56 |
48,6 % |
Total 2000 |
112.169 |
1.787,01 |
15.931,38 |
927,65 |
8.270,21 |
51,9 % |
Janvier 2001 |
8.825 |
140,56 |
15.927,26 |
73,94 |
8.378,29 |
52,6 % |
Février |
8.549 |
135,98 |
15.906,63 |
72,11 |
8.434,70 |
53,0 % |
Mars |
9.054 |
144,83 |
15.995,87 |
76,38 |
8.435,77 |
52,7 % |
Avril |
8.492 |
134,76 |
15.869,64 |
70,13 |
8.258,01 |
52,0 % |
Mai |
7.982 |
126,99 |
15.909,58 |
66,01 |
8.269,90 |
52,0 % |
Juin |
8.064 |
128,36 |
15.917,96 |
65,25 |
8.091,23 |
50,8 % |
Juillet |
9.648 |
153,82 |
15.943,27 |
77,60 |
8.142,75 |
50,4 % |
Août |
8.233 |
130,34 |
15.831,83 |
65,71 |
7.980,71 |
50,4 % |
Source : secrétariat d'Etat au logement.
Or, les crédits de PTZ sont régulièrement consommés
dans leur intégralité. Ainsi, au 30 septembre 2001, 62 % des AP
et 73 % des CP étaient exécutés.
Consommation des dotations PTZ en 2001
(en millions d'euros)
|
AP |
CP |
Dotation LFI |
899 |
893 |
Consommation 30.09.2001 |
558 |
680 |
Votre
rapporteur partage en tout point l'avis du rapporteur spécial de
l'Assemblée nationale
25(
*
)
, lorsqu'il
craint le syndrome de « papisation » du PTZ :
« Des mesures de réduction de sa charge financière
ont été prises en octobre 1997, décembre 1999 et octobre
2000 (restriction aux primo-accédants et raccourcissement de la
durée d'amortissement), alors que les plafonds de ressources, de prix
maximaux d'opérations et de montants de prêt, n'ont pas
été réévalués depuis l'origine ».
« Ces mesures ont eu pour principale conséquence de
réduire l'efficacité du prêt à taux zéro pour
les emprunteurs les plus modestes,
alimentant le soupçon d'une
« papisation » de ce prêt par l'administration des
finances, c'est-à-dire l'organisation concertée de sa
disparition »
.
Consommation de crédits PTZ
(en millions d'euros)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Chapitre 65-48-40 |
780 |
396 |
5 |
364 |
- |
- |
865 |
432 |
912 |
902 |
CAS 902-28 Fonds pour l'accession à la propriété |
295 |
147 |
- |
147 |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
CAS 902-30 Fonds pour le financement de l'accession à la propriété |
- |
- |
1.109 |
584 |
976 |
1.049 |
- |
483 |
- |
- |
Total |
1.075 |
543 |
1.114 |
1.066 |
976 |
1.049 |
865 |
916 |
912 |
902 |
Source : secrétariat d'Etat au logement (non prise en compte de dépenses de faible montant sur des chapitres de dépenses ordinaires).
b) Un instrument à relancer
Certes,
les mesures applicables depuis le 1
er
novembre 2001 tendent
à relancer l'accession sociale à la propriété,
puisque le prêt conventionné et le prêt à l'accession
sociale permettent de financer 100 % du coût de l'opération,
minorant ainsi l'effort personnel des acquéreurs. La notion de prix de
revient maximum a été supprimée et les plafonds de
ressources du PAS ont été augmentés.
Mais le PTZ reste bridé, notamment concernant l'acquisition d'un
logement ancien.
Les conditions posées à l'accession sociale dans l'ancien par le
biais du PTZ concernent la date de construction du logement, celui-ci devant
avoir été construit au minimum 20 ans avant sa date
d'acquisition, la seconde consiste en une quotité de travaux
obligatoires devant être réalisés par l'acquéreur
pour une somme égale à 35 % du montant global de
l'opération.
Ces conditions restreignent assez fortement les possibilités des
ménages d'accéder à un logement ancien au moyen du PTZ.
Déjà en 1999, M. Jacques Bimbenet, alors rapporteur pour
avis des crédits du logement social, avait proposé la diminution
de la quotité de travaux exigés pour acquérir dans
l'ancien grâce à un PTZ.
Il avait plaidé pour une réduction de 35 % à
20 % du montant global de l'opération.
Cette proposition garde toute son actualité et apparaît plus
fondée encore dans le cadre des débats ayant entouré la
loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, cette
dernière fixant, au nom de la mixité sociale, un plancher de
20 % de logements sociaux dans les communes de plus de
3.500 habitants.
Les difficultés entraînées par l'application de cette
disposition, les réticences opposées par les organismes HLM et
les incertitudes entourant l'application de la loi SRU donnent à cet
objectif un caractère idéologique.
Pour sa part, votre rapporteur constate que la véritable mixité
sociale est de permettre aux ménages les plus modestes d'accéder
aux logements de centre ville, qui sont pour la plupart des logements anciens.
La sécurisation de l'accession sociale
Afin de
garantir les établissements de crédits d'une éventuelle
défaillance d'un accédant, les pouvoirs publics ont
constitué un fonds, le Fonds de garantie de l'accession sociale à
la propriété (FGAS), dont les ressources sont constituées
de cotisations versées par l'Etat et les établissements
financiers.
Sa gestion est confiée à une société anonyme de
gestion, la Société de gestion du FGAS (SGFGAS), dont le conseil
d'administration est composé de représentants des
établissements de crédits adhérents et de
représentants de l'Etat.
La loi de finances pour 1993 créant ce fonds prévoit
l'inscription annuelle de provisions afin de couvrir les défaillances
potentielles.
Or, il apparaît que la difficulté principale posée par le
FGAS est que le montant des sinistres est infiniment inférieur au
montant des cotisations versées, expliquant une situation de
trésorerie de ce fonds de près de 1 milliard d'euros en 2001.
2. L'accession très sociale à la propriété : les propositions de Mme Marie-Noëlle Lienemann
Lors du
congrès des organismes HLM en juin 2001, à Toulouse,
Mme Marie-Noëlle Lienemann avait fait part de son désir de
développer l'accession très sociale à la
propriété.
Le 15 octobre dernier, l'Etat a signé avec la Fédération
nationale des sociétés coopératives un appel à
projet expérimental visant à favoriser l'accession à la
propriété en zone urbaine sensible.
Cet appel à projet comprend un double volet -1.000 logements
réalisés par des promoteurs publics ou pris en accession dans les
zones sensibles -1.000 logements lancés par les organismes HLM en faveur
des ménages très modestes. Dans tous les cas, l'aide remonte
à 10.700 euros par logement.
Les programmes devront être visés par un comité de
sélection.
Votre rapporteur ne s'élève pas contre un programme
destiné une clientèle très sociale mais souhaite
néanmoins que ce nouvel outil ne se développe pas au
détriment du prêt à taux zéro.
*
* *
Au vu des observations formulées dans le présent rapport, votre commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits relatifs au logement social pour 2002.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DE MME MARIE-NOËLLE LIENEMANN, SECRÉTAIRE D'ETAT AU LOGEMENT
Le mardi 23 octobre 2001, M. Nicolas About, président , a fait part à la commission de l'indisponibilité de Mme Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d'Etat au logement , dont l'audition a dû être en conséquence annulée de façon impromptue.
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mercredi 21 novembre 2001 sous la
présidence de M. Nicolas About, président, la commission a
procédé à l'
examen
du rapport pour avis de
Mme Françoise Henneron
sur le
projet de loi de finances pour
2002
relatif aux crédits consacrés au
logement social
.
Mme François Henneron, rapporteur pour avis
, a
présenté les grandes lignes de son rapport (cf. exposé
général).
M. Nicolas About, président
, a vivement félicité
Mme Françoise Henneron pour la qualité du premier rapport qu'elle
présentait à la commission.
M. André Vantomme
a salué le caractère complet du
rapport présenté, mais a observé que le groupe socialiste
ne partageait pas l'avis défavorable proposé par le rapporteur
pour avis sur les crédits du logement pour 2002.
Il a souligné le caractère éminemment positif de la
deuxième étape de la réforme des aides personnelles au
logement, la poursuite du plan de relance de la construction sociale,
l'amélioration de la qualité de vie dans les habitations à
loyer modéré (HLM), et les mesures prises en faveur de
l'accession sociale à la propriété.
M. Roland Muzeau
a également souligné la qualité du
rapport, mais a déclaré ne pas pouvoir partager les conclusions
de ce dernier. Il a déclaré ne pouvoir se satisfaire que les
objectifs fixés en matière de construction deviennent
« plus réalistes ».
Il a insisté sur la nécessité de mener une politique
ambitieuse en matière d'aide à la pierre et a justifié la
crise de la construction par l'élévation dramatique des
coûts de construction et du foncier.
Il a demandé au rapporteur pour avis des précisions sur le nombre
de logements sociaux effectivement construits ces trois dernières
années.
Mme Nelly Olin
a tenu également à féliciter le
rapporteur pour avis ; elle a noté les ambitions louables
affichées par le Gouvernement et a regretté que l'audition de la
ministre n'ait pu avoir lieu. Elle a souligné la nécessité
d'accélérer et de simplifier les procédures en
matière de démolition-reconstruction et la
nécessité, dans certains quartiers, de dissocier les deux.
Elle a relevé que les copropriétés en difficulté
prédominaient dans le secteur privé. Elle a enfin affirmé
que la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU), votée dans
une grande précipitation, entrait en contradiction avec les lois
relatives à l'aménagement du territoire et posait de ce fait des
difficultés d'application.
M. André Lardeux
a constaté que les coûts de la
construction avaient augmenté alors même que les taux
d'encadrement des loyers étaient bloqués, diminuant fortement la
rentabilité des investissements pour les bailleurs sociaux. Il a
demandé au rapporteur pour avis de préciser l'évolution de
l'effort de l'Etat en faveur du fonds de solidarité pour le logement
(FSL).
M. Guy Fischer
a observé qu'il ne fallait pas opposer
démolition-reconstruction aux opérations de réhabilitation.
Mme Annick Bocandé,
joignant ses félicitations à
ceux des autres intervenants, a partagé l'avis de Mme Nelly Olin et de
M. Roland Muzeau et a déploré le cloisonnement des
politiques et des financements.
Mme Valérie Létard
a souhaité formuler un certain
nombre d'observations. Elle a en premier lieu souligné que la politique
de l'habitat ne pouvait pas faire l'économie d'une réflexion sur
l'environnement dans les quartiers, que l'habitat privé insalubre posait
des difficultés croissantes et notamment creusait un
déséquilibre social en centre ville. Elle a enfin
déploré que le développement du surloyer ait chassé
des salariés de certains logements sociaux, renforçant les
difficultés dans certains blocs de logements.
Mme Janine Rozier
a partagé les analyses des différents
intervenants et a souhaité insister sur les délais de traitement
des dossiers et la lourdeur des procédures.
En réponse à M. Roland Muzeau,
Mme Françoise Henneron,
rapporteur pour avis,
a précisé que le nombre de logements
sociaux PLA-PLUS financés s'élevait à 47.695 en 1999 et
42.117 en 2000, le chiffre pour 2001 n'étant pas encore disponible.
En réponse à M. André Lardeux, elle a
précisé que la dotation de l'Etat en faveur du FSL était
stable en 2002 à un niveau de 82 millions d'euros.
La commission a alors, sur proposition du rapporteur, émis un
avis
défavorable à l'adoption des crédits du logement pour
2002.
1
Cf. rapport spécial de M. Jacques
Pelletier, loi de finances pour 2001, n° 92 Tome III . 46-47.
2
Cf. III B
3
Montant des dépenses constatées sur le budget des
charges communes
Contribuent par ailleurs à l'amélioration du parc privé
les principales dépenses fiscales suivantes :
- l'application du taux réduit de TVA pour les travaux
d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien
portant sur les logements achevés depuis plus de 2 ans (estimée
à 3.079 millions d'euros) ;
- la déduction au titre de l'amortissement des logements neufs
loués à usage d'habitation principale
(« Périssol et Besson neuf » estimée à
625 millions d'euros) ;
- la déduction forfaitaire majorée sur les revenues des logements
neufs et des logements loués sous condition de loyer et de ressources du
locataire (estimée à 35 millions d'euros) ;
- la déduction des dépenses de grosses réparations et
d'amélioration des logements loués (estimée à
823 millions d'euros).
4
Jean Louis Dumont, Assemblée nationale, débat 5
novembre 2001, JO p. 7033
5
Assemblée nationale, Débat, 3è séance
du lundi 19 novembre 2001
6
Jean-Louis Dumont, Assemblée nationale, 5 novembre 2001, p.
7033.
7
Rapport de M. Jean-Louis Dumont, n° 3320, annexe 25,
Assemblée nationale
8
Cour des comptes, rapport d'activité 2000, deuxième
partie, chapitre V, les subventions de l'Etat pour l'amélioration
de l'habitat privé.
9
Idem
10
Votre rapporteur fait particulièrement
référence à la baisse de la TVA sur les travaux
d'entretien.
11
Cf. I B
12
Cf. idem I B.
13
Jacques Pelletier, rapport n° 92, tome III, annexe 21,
2000-2001, p. 43
14
Jacques Bimbenet, Sénat 2000-2001, rapport
n° 56, Tome IX p. 16.
15
Cour des comptes, enquêtes sur le logement, rapport au
Président de la République, juin 1994 p. 37-69
16
Réponse du secrétariat d'Etat au logement au
questionnaire de votre rapporteur
17
Cf. bleu Urbanisme et Logement 2001, p.11
18
Alfred Recours, Assemblée Nationale, 2è
séance, 22 novembre 2001.
19
Convention du 12 octobre 2001
20
Ces subventions étaient financées jusque là
par les fonds d'épargne de la Caisse des dépôts et
consignations...qui par ailleurs versent une contribution annuelle à
l'Etat.
21
Un investissement en fonds propres de 7 milliards de francs
annuels suppose une « force de frappe » de l'ordre du
triple.
22
Source : Assemblée nationale, 1999-2000, rapport
n° 2108, p. 44-46
23
Rapport précité, p. 18
24
Rapport précité, p.37
25
Rapport précité, p. 37.