II. UNE GESTION BUDGÉTAIRE ALARMANTE DES FORMATIONS EN ALTERNANCE
Les
formations en alternance, touts formes confondues, concernent aujourd'hui
près d'un million de personnes, soit trois fois plus qu'il y a
25 ans. Votre commission se félicite d'un tel développement
car elles constituent un instrument précieux d'insertion professionnelle
durable des jeunes et des adultes.
En apparence, le projet de budget pour 2002 pourrait sembler s'inscrire dans
une perspective de «
poursuite du développement des
formations en alternance
»
15(
*
)
.
Il est vrai que les crédits budgétaires en leur faveur
s'élèvent à 2.069 millions d'euros, soit 45 %
des crédits de l'agrégat n° 2 consolidé.
Il est également vrai que ces crédits se fondent sur
l'hypothèse d'un développement significatif des formations en
alternance en 2002 : 389.000 nouveaux contrats seraient ainsi
signés alors que 371.000 seulement l'ont été en 2000.
Cette présentation n'est pourtant pas conforme à la
réalité budgétaire.
Les crédits budgétaires consacrés à l'alternance
devraient en effet diminuer de 0,7 % en 2002, alors même que le
financement des contrats en alternance apparaît d'ores et
déjà problématique.
A. LES CONTRATS D'APPRENTISSAGE : DE LOURDES INCERTITUDES
1. Un développement toujours soutenu
Ces dernières années, la croissance de l'apprentissage a été rapide : entre 1993 et 2000, le nombre de contrats conclus a augmenté de 86 %, même si l'on constate un certain ralentissement depuis 1998.
Flux annuels d'entrées en contrats d'apprentissage
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 1 |
2002 1 |
Nombre de contrats |
127.887 |
164.970 |
178.091 |
198.169 |
211.880 |
218.767 |
228.422 |
237.876 |
230.000 |
240.000 |
Evolution annuelle |
- |
+29,0% |
+8,0% |
+11,3% |
+6,9% |
+3,3% |
+4,4% |
+4,1% |
- |
- |
1
Prévisions
budgétaires
Source : DARES
Cette dynamique semble pourtant devoir se poursuivre : sur les trois
premiers trimestres de l'année 2001, les flux d'entrée ont
augmenté de 5,5 %.
Les contrats d'apprentissage
Le
contrat d'apprentissage, d'une durée au moins égale à
celle du cycle de formation qui fait l'objet du contrat (1 à
3 ans), est destiné aux jeunes de 16 à 25 ans
révolus ayant satisfait à l'obligation scolaire. Il peut aussi
bénéficier aux jeunes d'au moins 15 ans, s'ils justifient
avoir effectué la scolarité du premier cycle de l'enseignement
secondaire. Dans tous les cas, l'apprenti suit une formation
générale théorique et pratique en vue de l'obtention d'une
qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme de
l'enseignement professionnel ou technologique du second degré ou du
supérieur, ou un ou plusieurs titres d'ingénieurs ou titres
homologués. Dans l'entreprise, le maître d'apprentissage contribue
à l'acquisition des compétences correspondant à la
qualification recherchée et au titre ou diplôme
préparé par l'apprenti.
Ces contrats ouvrent droit à une indemnité compensatrice
forfaitaire (qui n'est pas applicable au secteur public) composée d'une
indemnité au titre de soutien à l'embauche (6.000 francs) et
d'une indemnité de soutien à l'effort de formation
(10.000 francs ou 12.000 francs par an avec majorations possibles).
Toutefois, en application de l'article 131 de la loi de finances pour 1999
et de l'article 119 de la loi de finances pour 2001, l'aide à
l'embauche est désormais réservée aux seuls apprentis
titulaires d'un diplôme inférieur au niveau du baccalauréat
et employés dans les entreprises de vingt salariés au plus.
Tous les employeurs, y compris les employeurs du secteur public non industriel
et commercial, peuvent conclure un contrat d'apprentissage sur la base d'une
déclaration en vue de la formation d'apprentis. Selon leur taille et
leur activité (artisans et employeurs de moins de
11 salariés, employeurs de plus de 10 salariés), les
entreprises bénéficient de deux régimes différents
d'exonération de charges sociales. L'employeur s'engage à verser
un salaire et à assurer une formation au jeune qui s'oblige en retour
à travailler et à suivre la formation dispensée en centre
de formation d'apprentis. Ce salairel varie de 25 % du SMIC pour les 16-17
ans au cours de la première année de leur contrat, à
78 % du SMIC (ou du salaire minimum conventionnel correspondant à
l'emploi occupé s'il est plus favorable) pour les plus de 20 ans
à partir de la troisième année.
2. Un risque d'insuffisance des dotations budgétaires
L'Etat
finance l'apprentissage d'une double manière.
D'une part, il compense auprès des régimes sociaux
l'exonération de cotisations sociales dont bénéficient les
apprentis.
D'autre part, il verse à l'employeur une aide à l'embauche (mais
depuis le 1
er
janvier 2001, cette aide ne concerne plus que les
jeunes titulaires d'un diplôme de niveau inférieur à celui
du baccalauréat et employés dans des entreprises de moins de
20 salariés) et une indemnité de soutien à la
formation.
En 2002, les crédits consacrés aux contrats d'apprentissage
devraient augmenter de 3,2 % par rapport à ceux inscrits en loi de
finances initiale pour 2001.
Crédits budgétaires en faveur du contrat d'apprentissage
(en millions d'euros)
|
Gestion 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Primes |
746 |
758 |
786 |
Exonérations |
801 |
802 |
825 |
Total |
1.547 |
1.560 |
1.611 |
Votre
commission se félicite que le projet de budget ne prévoit cette
année aucune réduction des aides à l'apprentissage comme
ce fut le cas dans les lois de finances pour 1999 et pour 2001.
Mais elle craint que le financement budgétaire de l'apprentissage ne
soit pas pour autant assuré
.
Elle observe ainsi que la hausse des crédits inscrits en loi de finances
initiale ne serait que de 3,2 % en 2002 contre 15,8 % en 2001 en
l'absence pourtant de toute mesure nouvelle.
Deux incertitudes planent en effet sur ces prévisions budgétaires.
D'une part, on peut observer que les crédits n'augmentent que de
3,2 % alors que le nombre de contrats prévus progresse lui de
4,3 %. Ce décalage semble résulter d'une
réévaluation à la baisse de l'âge moyen de
conclusion du contrat qui aurait alors une incidence sur le poids de l'aide de
l'Etat, celle-ci étant croissante avec l'âge de l'apprenti. Cette
analyse, d'ailleurs sujette à caution pour l'avenir
16(
*
)
, doit pourtant être
tempérée par une tendance à l'allongement de la
durée du contrat qui a, elle, pour conséquence de
renchérir le coût moyen de l'aide pour l'Etat. Il est alors
probable que ces deux effets se neutralisent, conduisant alors au maintien du
coût moyen par contrat hors hausse du SMIC.
D'autre part, ces dotations reposent sur une hypothèse de
240.000 contrats signés en 2002. Or, ce niveau a déjà
presque été atteint en 2000 et les trois premiers trimestres de
2001 confirment la poursuite de cette dynamique. Dès lors, on peut
craindre que les crédits ne soient sensiblement
sous-évalués et se révèlent insuffisants en gestion
comme ce fut le cas en 2000. Le budget 2000 avait en effet été
établi sur la base de 230.000 entrées en apprentissage. Or,
le nombre de contrats effectivement signés a été proche de
238.000. Il en a résulté une insuffisance de crédits de
200 millions d'euros (soit 1,3 milliard de francs) qui a dû
être «
partiellement compensée par la mobilisation
des disponibilités sur d'autres lignes, laissant un report de charges de
500 millions de francs sur 2001
».
17(
*
)
Votre commission ne peut alors que s'inquiéter de ce risque de
sous-estimation des dépenses budgétaires.
Elle considère, pour sa part, que la plus élémentaire
prudence aurait consisté à prévoir des dotations plus
élevées. Elle craint également que le Gouvernement,
à moins qu'il ne fasse le pari d'un ralentissement de l'apprentissage,
n'en soit réduit, en cours d'exercice, à imaginer de nouvelles
mesures restrictives ou de nouveaux « tours de
passe-passe » budgétaires, autant de mesures qu'elle avait
dénoncées l'an passé
.
B. LES CONTRATS DE QUALIFICATION-JEUNES : UN FINANCEMENT DÉSORMAIS NON ASSURÉ
1. Une dynamique apparemment préservée malgré le désengagement budgétaire de l'Etat
Les contrats de qualification constituent également un instrument efficace d'insertion professionnelle des jeunes. On estime ainsi qu'environ 60 % des jeunes sous contrat de qualification restent, à l'issue de leur contrat, dans l'entreprise d'accueil, en décrochant dans leur très grande majorité un contrat à durée indéterminée.
Le contrat de qualification
Le
contrat de qualification est un contrat de travail à durée
déterminée (6 à 24 mois) destiné aux jeunes de
16 à 25 ans révolus qui n'ont pu acquérir une
qualification au cours de leur scolarité ou dont la qualification ne
permet pas l'accès à un emploi. Ce contrat prévoit une
période de formation dont les enseignements généraux,
professionnels et technologiques, représentent au minimum 25 % de
la durée totale du contrat. Il doit déboucher sur une
qualification professionnelle qui doit être sanctionnée par un
titre homologué ou un diplôme de l'enseignement technologique, ou
être reconnue dans les classifications d'une convention collective de
branche, ou figurer sur une liste établie par la commission paritaire
nationale de l'emploi de la branche professionnelle.
L'employeur bénéficie de l'exonération des cotisations de
sécurité sociale et cotisations patronales dues au titre des
accidents du travail et des allocations familiales dans la limite du
SMIC ; une prise en charge forfaitaire de 60 francs (majoration
possible de 25 %) par heure de formation et par jeune accueilli est
assurée par l'employeur dans le cadre de sa participation au financement
de la formation professionnelle. L'aide à l'embauche attachée
à ces contrats, qui variait de 5.000 à 7.000 francs selon
leur durée, a cependant été totalement supprimée
à compter du 1
er
janvier 2001.
La rémunération du jeune est calculée en fonction de son
âge et de son ancienneté dans la mesure. Elle varie de 30 %
du SMIC pour les 16-17 ans au cours de la première année du
contrat, à 75 % du minimum conventionnel pour les plus de
20 ans à partir de la seconde année.
Dès lors, on ne peut s'étonner de la croissance soutenue de ce
type de contrat qui témoigne de l'attractivité d'un dispositif
répondant aussi bien aux aspirations des jeunes qu'à celles des
employeurs.
Flux annuels d'entrées en contrats de qualification
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 1 |
2002 1 |
Nombre de contrats |
96.604 |
101.364 |
116.787 |
118.548 |
134.306 |
123.000 |
135.000 |
Evolution annuelle |
- |
+4,9 % |
+15,2 % |
+1,5 % |
+13,3 % |
- |
- |
1
Prévisions
budgétaires
Source : DARES
Il semble désormais que les contrats de qualification aient atteint leur
rythme de croisière, les flux d'entrée annuels devant à
l'avenir se stabiliser entre 135.000 et 140.000.
Cette dynamique persistante des contrats de qualification contraste pourtant
avec un évident repli budgétaire
.
Depuis 1998, le Gouvernement a en effet progressivement supprimé les
aides à l'embauche en contrat de qualification, le décret du
26 décembre 2000 prévoyant la disparition de toute prime
à l'embauche et marquant ainsi la fin de ce processus.
Aussi, la diminution de 5,5 % des crédits budgétaires qui
leur seront consacrés en 2002 apparaît principalement comme la
conséquence mécanique de cette politique restrictive.
Crédits budgétaires en faveur des contrats de qualification
(en millions d'euros)
|
Gestion 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Primes |
43 |
24 |
0 |
Exonérations |
367 |
424,4 |
423,7 |
Total |
410 |
448,4 |
423,7 |
2. Une grave crise de financement
L'essentiel du financement des contrats de qualification repose
aujourd'hui sur les employeurs. Les organismes paritaires collecteurs
agréés (OPCA) au titre des formations en alternance prennent en
effet en charge les dépenses de formation liées à ces
contrats dans la limite forfaitaire, mais modulable, de 9,15 euros (soit
60 francs) par heure de formation. Ainsi, en 2000, les OPCA ont
consacré 749 millions d'euros à ces dépenses, soit
une prise en charge moyenne de 7.558 euros par contrat pour une
durée moyenne de formation de 852 heures.
La régulation de ce système de financement est assurée par
un organisme, l'AGEFAL, qui exerce en définitive une fonction de
mutualisation et de péréquation.
L'AGEFAL
Agréée par arrêté du ministre
chargé de la formation professionnelle en vertu des dispositions de
l'article 45 de la loi de finances rectificative pour 1996,
l'association de
gestion du fonds des formations en alternance
(AGEFAL), créée
le 9 janvier 1987 par les partenaires sociaux, est chargée de la
régulation du système de financement de l'alternance.
L'AGEFAL est alimentée par les disponibilités
excédentaires des OPCA agréés au titre de l'alternance, la
part des 35 % de la contribution alternance des entreprises non
reversée par les OPCA de branches aux OPCA interprofessionnels en
application de l'article 30 IV
bis
de la loi de finances pour 1985
modifié, les sommes versées au Trésor public par les
entreprises, à défaut de versement à un OPCA, au titre de
la contribution alternance.
En contrepartie, l'AGEFAL garantit les engagements de financement de formation
souscrits par les OPCA déficitaires auprès des entreprises et
couvre les besoins constatés de trésorerie de ces derniers.
Un commissaire du Gouvernement est désigné par le ministre
chargé de la formation professionnelle auprès de l'AGEFAL, qui
adresse chaque année un compte rendu d'activité à
l'autorité administrative.
Au titre de 2000, les produits de l'AGEFAL se sont élevés
à 177 millions d'euros et les dépenses à
238 millions d'euros.
Or, c'est aujourd'hui tout l'édifice du financement des contrats de
qualification qui est en crise, la dégradation de la situation de
trésorerie de l'AGEFAL l'empêchant désormais de jouer son
rôle de régulateur dans des conditions satisfaisantes.
Trésorerie de l'AGEFAL
(en millions de francs)
|
Réalisations 1998 |
Réalisations 1999 |
Réalisations 2000 |
Prévisions 2001 |
Prévisions 2002 |
Trésorerie en début d'exercice |
1.543 |
1.646 |
759 |
50 |
82 |
Encaissements de l'année |
1.926 |
1.126 |
1.167 |
1.320 |
1.095 |
Décaissements de l'année |
- 1.223 |
- 1.513 |
- 1.876 |
- 1.288 |
- 1.340 |
Trésorerie en fin d'exercice |
2.146 |
1.259 |
50 |
82 |
- 163 |
Prélèvement de l'Etat |
- 500 |
|
|
|
|
Contribution au fonds de concours |
|
- 500 |
|
|
|
Trésorerie nette en fin d'exercice |
1.646 |
759 |
50 |
82 |
- 163 |
Source : AGEFAL, novembre 2001.
La trésorerie de l'AGEFAL menace en effet d'être négative
en 2001. Dans ces conditions, l'AGEFAL s'est d'ores et déjà vue
dans l'obligation de limiter ses engagements de 15 % cette année pour
éviter des cessations de paiement.
Une telle limitation des engagements de l'AGEFAL est lourde de
conséquences.
Certes, elle ne signifie pas forcément une diminution de 15 % du
nombre de contrats de qualification car il reste toujours possible de moduler
la durée des contrats et la rémunération des heures de
formation.
Il reste que plusieurs OPCA ont d'ores et déjà limité le
nombre de contrats pris en charge. Et cette limitation devrait se prolonger en
2002 compte tenu des prévisions financières très
pessimistes de l'AGEFAL.
Votre commission considère cette situation d'autant plus regrettable
qu'elle est très largement imputable aux initiatives hasardeuses du
Gouvernement
.
Entre 1997 et 2000, celui-ci a en effet ponctionné 2,37 milliards
de francs (361 millions d'euros) sur l'AGEFAL avec pour résultat d'en
assécher la trésorerie, de compromettre la continuité de
son exploitation et de l'entraver dans sa mission de régulation.
Les ponctions de l'Etat sur les fonds de la formation professionnelle
Depuis
1996, l'AGEFAL et le COPACIF ont fait l'objet de prélèvements
réguliers au profit de l'Etat.
L'article 29 de la loi de finances pour 1996
a inauguré ces
prélèvements, en soumettant le COPACIF à une contribution
exceptionnelle au budget de l'Etat qui s'est élevée à
1,465 milliard de francs
(223 millions d'euros).
L'article 40 de la loi de finances pour 1997
a poursuivi le mouvement,
mais en visant cette fois l'AGEFAL. Une contribution exceptionnelle de
1,370 milliard de francs
(209 millions d'euros) a ainsi
été prélevée sur la trésorerie de
l'organisme.
L'article 75 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions
d'ordre économique et financier
a institué un nouveau
prélèvement sur les disponibilités de l'AGEFAL de
500 millions de francs
(76 millions d'euros).
En 1999, une contribution de
500 millions de francs
(76 millions
d'euros)a été versée à l'Etat par l'AGEFAL. La
nature du prélèvement avait cette fois cependant
évolué car il était affecté, via la création
d'un fonds de concours, au financement des primes d'apprentissage.
Les disponibilités au titre de l'alternance ou du congé
individuel de formation commençant à s'épuiser, il
importait de diversifier les sources de ces ponctions
répétées. Aussi la
loi de finances pour 2000, dans son
article 131
, a habilité le COPACIF à gérer les
excédents financiers au titre du capital de temps de formation, mais a
parallèlement permis leur affectation exceptionnelle aux actions de
l'Etat en matière de formation professionnelle. Une nouvelle
contribution de
500 millions de francs
(76 millions d'euros)
était alors programmée.
Mais cette fois, le conseil d'administration du COPACIF, composé des
partenaires sociaux, a refusé de verser cette contribution au fonds de
concours. La rémission n'a pourtant été que de courte
durée puisque
l'article 50 de la loi de finances rectificative pour
2000
a inscrit ce prélèvement d'autorité.
Au total, de 1996 à 2001, ce sont 4.335 millions de francs
(661 millions d'euros)
qui ont été
prélevés par l'Etat sur les fonds de la formation
professionnelle, 2.370 l'étant sur les disponibilités de l'AGEFAL
et 1.965 sur celles du COPACIF.
En outre, la loi de finances initiale pour 2001 avait prévu un nouveau
versement de
150 millions de francs
(23 millions d'euros) du
COPACIF à un fonds de concours. Mais, le conseil d'administration du
21 octobre 2001 du COPACIF a refusé de verser cette contribution
compte tenu de la situation de trésorerie de l'organisme. On peut
toutefois craindre, comme ce fut le cas l'an passé, que le Gouvernement
ne profite du collectif budgétaire de fin d'année pour inscrire
ce prélèvement d'autorité.
Votre commission avait pourtant souligné à maintes reprises la
menace que constituait la dégradation progressive de la
trésorerie de l'AGEFAL, véritable « bombe à
retardement » pour l'avenir du contrat de qualification.
«
La situation de trésorerie de l'AGEFAL apparaît
aujourd'hui très dégradée.
« Elle apparaît si inquiétante que le commissaire aux
comptes de l'AGEFAL considère que l'insuffisance de couverture des
engagements de l'AGEFAL est de nature à compromettre la
continuité de son exploitation. (...)
« Dans ces conditions, il est à craindre que les flux
d'entrée en formation par alternance ne se restreignent car les OCPA ne
sont plus en mesure de prendre en charge ces contrats, compte tenu de la
situation de trésorerie de l'AGEFAL, chargée de garantir leur
financement au titre de sa mission de mutualisation des fonds de l'alternance.
« Votre commission estime alors qu'à force d'avoir joué
à l'apprenti-sorcier, le Gouvernement a réussi à
assécher la trésorerie de l'AGEFAL. Dès lors, deux
solutions sont aujourd'hui ouvertes : soit diminuer les entrées en
formation par alternance comme semble le prévoir le présent
budget, soit verser une contribution à l'AGEFAL afin d'équilibrer
sa trésorerie et de lui permettre de faire face à ses
engagements. »
18(
*
)
Or, il est à craindre que le Gouvernement ne respecte pas son
engagement
«
à prendre toutes les dispositions
(...)
pour assurer la couverture effective des engagements pris par
l'AGEFAL
»
19(
*
)
.
Les propos de Mme Nicole Péry à l'Assemblée nationale
n'ont en effet rien de rassurant.
« Vous avez les uns et les autres, particulièrement Jacques
Barrot et Patrick Malavieille, évoqué les tensions relatives au
financement des contrats de qualification, en soulignant les difficultés
de certains organismes collecteurs paritaires à assurer la prise en
charge de nouveaux contrats en cette fin d'année. Je vais vous dire
très directement ce que je pense de cette situation et répondre
de façon précise à l'interrogation de Jacques Barrot. A
mon sens, malgré la situation conjoncturelle de sa trésorerie,
l'AGEFAL doit pouvoir abonder les fonds de ces organismes de telle sorte que le
flux d'embauches ne soit pas ralenti. J'ai donc cherché à
comprendre d'où vient ce chiffre de 15.000 contrats qui seraient
gelés par manque de moyens. Selon les propos qui me sont
rapportés, il est vraisemblable que l'AGEFAL, par précaution eu
égard au volume financier de ses avoirs, a donné consigne aux
organismes de ne pas monter plus de 85 % de dossiers par rapport au nombre
de contrats signés l'année dernière. Mais cette mesure de
précaution ne signifie pas du tout que l'argent ne sera pas
versé. Je pense au contraire qu'il le sera, ce qui permettra d'assumer
tous les contrats.
« Cependant, si jamais nous avions une mauvaise surprise, et encore
une fois je ne le pense pas, il est évident que le Gouvernement
prendrait, conformément au courrier que j'ai signé le
16 octobre 2000 et qui a valeur d'engagement, « toutes les
dispositions qui s'imposent pour assurer la couverture de nouveaux contrats
d'ici à la fin de l'année »
. (...)
«
J'ai demandé à mes services si, dans le
passé, l'AGEFAL avait été confrontée à une
telle difficulté. Il m' a été rapporté que cela
s'était produit à la fin des années 80 et que l'Etat avait
alors choisi de garantir une ligne de crédits ouverte par l'AGEFAL
auprès d'un établissement bancaire. Cela ne veut pas dire que
nous ferons forcément la même chose.
« Bref, malgré l'augmentation régulière du
nombre des contrats, j'ai la conviction que l'équilibre financier n'est
pas menacé
».
20(
*
)
De toute évidence, le Gouvernement n'apparaît pas disposé
à tenir ses engagements, rien n'étant prévu en ce sens
dans le présent projet de loi de finances.
3. Une solution de bon sens
Nous
sommes pourtant au pied du mur, la trésorerie de l'AGEFAL risquant
d'être négative de près de 25 millions d'euros en 2002
et l'organisme au bord du dépôt de bilan.
Votre commission tient alors, en l'absence de toute initiative du
Gouvernement, à formuler une proposition à la fois raisonnable et
praticable, susceptible de permettre la continuité de l'exploitation de
l'AGEFAL.
Cette proposition consiste en un recyclage des prélèvements
à venir de l'Etat sur les fonds de la formation professionnelle afin de
rendre possible une mutualisation exceptionnelle des disponibilités de
ces différents fonds.
L'Etat doit ainsi prélever en 2001, 150 millions de francs
(23 millions d'euros) sur la trésorerie du COPACIF. Toutefois, le
conseil d'administration du COPACIF du 21 octobre 2001 a refusé de
procéder au versement de cette somme à un fonds de concours pour
éviter l'assèchement de sa trésorerie qui est elle aussi
très fragile. Mais le Gouvernement pourrait profiter de l'examen du
collectif 2001 pour inscrire ce prélèvement d'autorité.
Le COPACIF
L'article L. 961-13 du code du travail introduit par l'article
29 de
la loi de finances pour 1996 a créé un fonds national
habilité à recueillir les excédents financiers des
organismes collecteurs gérant les contributions des employeurs au
financement du congé individuel de formation. L'organisation de ce fonds
a été confiée aux organisations syndicales
interprofessionnelles de salariés et d'employeurs représentatives
au plan national.
Le
Comité paritaire du congé individuel de formation
(COPACIF), institué par les partenaires sociaux par l'avenant du 21
septembre 1982 pour veiller au bon fonctionnement de la gestion paritaire du
dispositif du congé individuel de formation, et agréé par
arrêté du 5 juin 1996 du ministère chargé de la
formation professionnelle, a ainsi vocation à gérer les
excédents financiers des OPACIF et à les réaffecter aux
organismes déficitaires après constatation de besoins de
trésorerie.
En outre, en application de l'article 131 de la loi de finances pour 2000, il
est désormais compétent pour recevoir les disponibilités
excédentaires dégagées au titre du capital du temps de
formation, et les affecter aux OPACIF déficitaires.
Un commissaire du Gouvernement est désigné par le ministre
chargé de la formation professionnelle auprès du COPACIF, qui
adresse chaque année un compte-rendu d'activité à
l'autorité administrative.
En 2000, il a recueilli 150 millions d'euros de disponibilités
excédentaires au titre de 1999 et versé 45 millions d'euros
au titre des besoins de trésorerie des OPACIF.
Votre commission suggère pour sa part, à défaut d'un
abandon pur et simple du principe de cette nouvelle ponction et d'un soutien
direct de l'Etat à l'AGEFAL, une solution alternative : l'Etat
renoncerait à prélever les 150 millions de francs sur le
COPACIF, mais celui-ci serait alors autorisé à verser
100 millions de francs à l'AGEFAL.
Une telle solution aurait un triple avantage.
D'une part, elle permettrait de rétablir pour partie la situation de
trésorerie de l'AGEFAL en 2002 et de réduire en
conséquence d'autant son désengagement du financement des
contrats de qualification. Plus de 2.000 contrats de qualification
supplémentaires verraient ainsi leur financement garanti.
D'autre part, la perte de trésorerie pour le COPACIF serait moins
élevée : 100 millions de francs au lieu de 150. Cela
lui garantirait alors le maintien d'une trésorerie
légèrement positive
21(
*
)
et donc l'existence d'une
indispensable marge de manoeuvre pour le financement des congés
individuels de formation.
Trésorerie du COPACIF
(en millions de francs)
|
Réalisation 2000 |
Prévisions 2001 |
Prévisions 2002 |
Trésorerie en début d'exercice |
130 |
927 |
213 |
Encaissements de l'année |
1.086 (1) |
266 |
350 |
Décaissements de l'année |
- 289 |
- 480 |
- 450 |
Trésorerie en fin d'année |
927 |
713 |
113 |
Prélèvement de l'Etat |
|
- 500 |
|
Trésorerie nette en fin d'exercice |
927 |
213 |
113 |
Source : COPACIF - octobre 2001.
(1) dont 566 millions de francs issus de l'affectation des excédents du
CTF.
Enfin, cette solution permettrait à l'Etat de respecter, en
définitive à bon compte, la parole donnée.
Votre commission conçoit fort bien les limites d'une telle solution qui
n'a, par définition, qu'une portée de circonstance.
Elle juge donc souhaitable d'explorer, dans les meilleurs délais, les
conditions d'une nouvelle mutualisation des versements des entreprises au titre
de la formation.
La législation actuelle, issue des lois de 1993 et de 1996, permet en
effet tant une mutualisation horizontale vers les OPCA qu'une mutualisation
verticale
via
l'AGEFAL et le COPACIF, véritables fonds nationaux
de péréquation.
Mais elle n'autorise pas d'éventuels transferts de trésorerie
entre ces fonds de péréquation, en fonction des besoins et des
disponibilités réciproques.
Ce cloisonnement pourrait se justifier par le souci d'assurer l'affectation
effective de la participation des employeurs au type de formation qu'elle a
pour vocation de financer : apprentissage, alternance, congé
individuel de formation, plan de formation.
Or, cette justification initiale a désormais perdu sa cohérence,
dès lors qu'il existe une « porosité »
évidente entre les différents types de participations et que
l'Etat prélève les disponibilités restantes pour alimenter
en bloc le budget général.
Dès lors, la mise en place d'une possibilité, bien entendu
encadrée, de péréquation « au sommet »
entre l' AGEFAL et le COPACIF permettrait d'éviter une régulation
strictement budgétaire des fonds de la formation et d'assurer en
définitive leur affectation finale à leur objectif initial :
le financement de la formation.
C. LES CONTRATS DE QUALIFICATION-ADULTES : UNE RÉFORME INACCEPTABLE DE L'AIDE DE L'ÉTAT
1. Une indispensable relance
Votre
commission est, depuis l'origine, favorable au dispositif des
contrats de
qualification adultes
(CQA) qu'elle avait qualifié
d'
« utile »
lors de l'examen de la loi du 29 juillet
1998
22(
*
)
. Elle
considère en effet que, s'agissant du seul véritable contrat
d'insertion en alternance pour les adultes, il est susceptible de favoriser le
retour à l'emploi des demandeurs d'emploi les plus en difficulté.
Une récente enquête de la DARES
23(
*
)
souligne d'ailleurs l'effet
très positif des CQA pour l'insertion professionnelle durable d'adultes
très éloignés de l'emploi : 70 % des employeurs
d'adultes en contrats de qualification seraient ainsi prêts à les
recruter à l'issue de leur contrat.
Le contrat de qualification adulte
La loi
d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte
contre les exclusions a ouvert, à titre expérimental, le contrat
de qualification aux demandeurs d'emploi de 26 ans et plus, et ce jusqu'au 31
décembre 2000. La loi de finances pour 2001 a prorogé cette phase
d'expérimentation jusqu'au 30 juin 2002.
Le contrat de qualification adulte est un contrat d'insertion en alternance qui
vise à permettre à son bénéficiaire
d'acquérir une qualification professionnelle reconnue.
Les employeurs souhaitant conclure des contrats de qualification adulte doivent
au préalable conclure une convention avec un organisme de formation ou
adhérer à un accord-cadre, et être habilités par le
préfet.
Le contrat de qualification adulte est ouvert aux demandeurs d'emploi depuis au
moins douze mois durant les dix-huit mois qui ont précédé
leur embauche et âgés de 26 ans ou plus. Une dérogation
à la condition d'ancienneté d'inscription comme demandeur
d'emploi et une prolongation de la période de référence
sont possibles dans certains cas (bénéficiaires du RMI,
travailleurs handicapés).
Le dispositif prévoit un temps de formation supérieur ou
égal à 25 % de la durée du contrat,
l'exonération des charges sociales pour l'employeur, l'utilisation des
fonds de l'alternance pour le financement de la formation et la
possibilité de renouveler le contrat si ses objectifs ne sont pas
atteints.
La rémunération est calculée sur la base du SMIC à
taux plein ou sur la base des minima conventionnels. Les employeurs
bénéficient d'une prime à l'embauche de 10.000 francs
à laquelle vient s'ajouter, à l'issue du contrat, une prime
additionnelle de 10.000 francs si la personne embauchée est
restée demandeur d'emploi 24 mois au cours des 36 mois qui ont
précédé l'embauche et qu'elle se voit confier un contrat
de travail à durée indéterminée dans l'entreprise.
Ces aides peuvent exceptionnellement être majorées dans le cas des
employeurs qui accueillent des adultes handicapés.
Pourtant, ce dispositif fonctionne mal. Alors que le Gouvernement
annonçait, au moment de l'examen de la loi du 29 juillet 1998, 25.000
entrées dans le dispositif en 2000, elles ont été
inférieures à 7.000, en dépit de la
« relance » réalisée par le Gouvernement en
mars 2000.
L'enquête précitée de la DARES observe ainsi que
« cette mesure a connu une montée en charge moins rapide
que prévu : près de 10.000 contrats ont été
enregistrés entre la fin décembre 1998 et la fin décembre
2000 (dont 3.000 durant la première année
d'expérimentation), ce qui reste en deçà de l'objectif
initial ».
Il est vrai que les résultats quantitatifs sont pour l'instant
très modestes.
Flux annuels d'entrées en contrat de qualification adultes
(en nombre de contrats signés par an)
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (1) |
2002 (1) |
4 |
3.236 |
6.677 |
14.000 |
14.000 |
(1)
Prévisions budgétaires
Source : DARES
Plusieurs éléments concourent à expliquer ces
débuts difficiles.
Comme tout dispositif non pérenne, le CQA souffre de son
caractère expérimental : il constitue encore un instrument
peu proposé, peu demandé et mal maîtrisé au sein
d'une large palette des dispositifs d'aide au retour à l'emploi qui lui
sont alors souvent privilégiés. Ainsi, l'ANPE s'est pour
l'instant faiblement mobilisée en faveur du CQA qui reste rarement
prescrit par le service public de l'emploi. De même, les employeurs
manifestent un certain attentisme tant que le régime définitif du
CQA n'est pas stabilisé. Enfin, les demandeurs d'emploi restent mal
informés de l'existence de ce dispositif.
Le CQA est également un dispositif complexe et lourd à
gérer. Cette complexité pèse sur les employeurs qui
doivent alors s'engager dans une procédure lente et difficile. La
complexité touche aussi les organismes de formation, qui doivent pour
leur part faire face à de réelles difficultés pour la
construction de l'ingenierie formation dans la mesure où les publics
visés, en grandes difficultés, doivent se voir proposer des
parcours très individualisés et donc lourds à mettre en
oeuvre.
Enfin, les conditions d'accès au CQA se révèlent
très restrictives et paradoxalement contre-productrices. La condition
d'ancienneté au chômage (12 mois sur les 18 derniers mois) est
ainsi discriminante et tend à retarder la prise en charge des publics
les plus difficiles, qui ont pourtant pu être identifiés bien
avant.
Pour autant, deux évolutions importantes sont intervenues ces
derniers mois, qui devraient être de nature à lever la plupart des
difficultés du CQA et à relancer le dispositif.
D'une part, la nouvelle convention d'assurance chômage du
1
er
janvier 2001 a prévu, à son article premier,
§ 4, qu'
« accès privilégié aux contrats
de qualification adultes sera aménagé en faveur des
salariés involontairement privés d'emploi ayant besoin
d'acquérir une qualification favorisant le retour à l'emploi avec
une prise en charge des coûts de formation correspondant par le
régime d'assurance chômage »
.
Dans cette perspective, l'article 2 de la loi n° 2001-624 du
17 juillet 2001 autorise l'UNEDIC à financer les CQA. L'UNEDIC
s'est d'ores et déjà engagée à participer à
hauteur de 1 milliard de francs par an
24(
*
)
, sur la période 2001-2003
pour financer des actions de formation et d'accompagnement dans ce cadre. Une
convention en ce sens doit être signée avec l'AGEFAL dans les
prochains jours pour préciser les modalités d'application d'une
telle participation.
D'autre part, les partenaires sociaux, par l'accord paritaire du 6 juin
2001, ont pérennisé le dispositif jusqu'alors expérimental
du CQA, tout en y apportant certaines innovations.
Ainsi, l'accord prévoit notamment la suppression de toute condition
liée à une durée minimale d'ancienneté comme
demandeur d'emploi, la possibilité de conclure des CQA à
durée indéterminée, l'autorisation pour les entreprises de
travail temporaire de conclure des CQA et la fixation de la
rémunération minimale à hauteur de 80 % du minimum
conventionnel (au lieu de 1000 % précédemment) sans pouvoir
être inférieure au SMIC.
Votre commission considère ces évolutions comme très
positives et estime qu'elles sont de nature à relancer efficacement le
dispositif des CQA.
Elle observe d'ailleurs d'ores et déjà un léger
frémissement autour de ces contrats : sur les neuf premiers mois de
l'année 2001, les flux d'entrée ont progressé de
30 %.
2. Une réforme inopportune de l'aide de l'Etat
Votre
commission aurait alors espéré que le projet de budget accompagne
avec force cette tentative de réforme.
Or, il n'en est rien. Le soutien budgétaire aux contrats de
qualification adultes devrait se réduire très fortement en 2002
(- 54 %) et s'accompagner d'une réforme pour le moins
hasardeuse du régime de l'aide de l'Etat y afférant, alors
même que le projet de budget se fonde sur l'hypothèse ambitieuse
de 14.000 en CQA en 2002.
Crédits budgétaires en faveur du contrat de qualification adultes
(en millions d'euros)
|
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Primes |
18,3 |
16,9 |
2,9 |
Exonérations |
60,5 |
58,1 |
31,7 |
Total |
78,8 |
75,0 |
34,6 |
Cette
réduction des crédits, au-delà du simple ajustement aux
besoins, s'explique avant tout par la réforme du régime d'aide de
l'Etat qu'autorise l'article 70 du présent projet de loi de finances.
Cette réforme aurait un double volet.
S'agissant des exonérations, il est prévu de supprimer le
régime actuel d'exonération totale des cotisations sociales pour
le remplacer par le dispositif d'allégement de droit commun lié
à la réduction du temps de travail.
Votre commission observe à cet égard que l'aide deviendrait ainsi
moins favorable et serait conditionnée au passage aux 35 heures, dont on
connaît pourtant toutes les difficultés d'application dans les
petites et moyennes entreprises qui constituent pourtant le principal
utilisateur des CQA. Dès lors, l'attractivité et la
simplicité du dispositif seraient réduits d'autant pour des
employeurs qui ont toujours du mal à s'approprier le dispositif.
S'agissant des primes, il est envisagé d'en moduler le montant en
fonction de la durée du contrat, mais surtout de modifier leur date de
versement : celles-ci seraient versées non plus à la
signature du contrat, mais au bout d'un an (ou à l'issue du contrat s'il
est d'une durée inférieure à un an). Il en résulte
un gain de trésorerie évident pour l'Etat en 2002 qui n'aura
quasiment aucune prime à verser l'année prochaine, mais qui devra
en supporter la charge en 2003.
Ce report paraît pourtant totalement inadapté. L'embauche d'un
adulte en contrat de qualification nécessite en effet pour l'employeur
un accompagnement lourd qui passe souvent par un aménagement des postes
de travail, un accompagnement social et la mise en oeuvre d'un tutorat. Or,
tout cela a un coût immédiat, qui intervient dès l'embauche
et que la prime à l'embauche a précisément pour vocation
de compenser. Si son versement était différé, elle
perdrait donc sa signification.
Au total, votre commission craint fort que la relance du CQA, voulue par les
partenaires sociaux, ne soit très fortement entravée par ces
innovations budgétaires qui lui apparaissent bien inopportunes.
*
* *
En
matière de formation en alternance, la politique du Gouvernement s'est
en définitive résumée depuis 1997 à une simple
politique de régulation budgétaire de l'alternance.
Dès qu'une forme de l'alternance tend à se développer, le
Gouvernement réduit systématiquement les aides budgétaires
y afférentes. Ce fut le cas en 1999 et en 2001 pour l'apprentissage. Ce
fut encore le cas, en 1999 et en 2001, pour les contrats de qualification
jeunes. Ce sera le cas en 2002 pour les contrats de qualification adultes. Pour
éviter une dérive du coût budgétaire de
l'alternance, le Gouvernement se désengage progressivement et
massivement au risque de limiter l'attractivité de ces formations et,
finalement, de réduire les entrées en alternance.
Votre commission regrette cette vision strictement budgétaire qu'a le
Gouvernement de l'alternance. Elle lui semble à
« contre-vue », mais surtout bien périlleuse dans un
contexte de ralentissement sensible de l'activité.
Elle observe
d'ailleurs que les entrées en alternance, toutes formes confondues, ont
diminué de 1,5 % en septembre 2001 par rapport à septembre
2000. Elle craint donc qu'il ne faille y voir l'amorce d'un retournement de
tendance, auquel le projet de budget pour 2002, par sa frilosité, ne
sera pas en mesure d'apporter de réponse.