CHAPITRE IER -
UN SECTEUR EN DIFFICULTÉ
I. UN MARCHÉ FRANÇAIS DES PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE EN LEGERE PROGRESSION
A. STABILITÉ EN VOLUME ET PROGRESSION EN VALEUR DES DEBARQUEMENTS DE PÊCHE FRAÎCHE DANS LES CRIÉES FRANÇAISES EN 2000
En
2000, le tonnage de pêche fraîche débarquée dans les
criées françaises est resté stable
-autour de
300.000 tonnes- après la baisse constatée en 1999 (source
RIC
1(
*
)
).
Le prix moyen
à la première vente a continué à progresser
(+ 3 %), autant qu'en 1999. Cette évolution s'inscrit dans la
tendance des cinq dernières années, caractérisée
par une stabilité des débarquements et une augmentation du prix
moyen à la première mise en vente.
En 2000, la hausse du prix moyen est due à une augmentation
générale des prix de vente et à une proportion plus
importante d'espèces chères (bar, sole, rouget barbet, merlu)
dans les débarquements. Ainsi,
cet effet-prix, conjugué
à un effet-volume négligeable, a accru la valeur des ventes en
criées de 4 % après une baisse de 2 % en 1999.
Les retraits sont en baisse, mais cette évolution résulte
uniquement de la réduction des retraits de germon en 2000 par rapport
à 1999. Sans tenir compte du germon,
le taux de retrait est
identique
au cours des deux dernières années (3,2 %).
Les trois quarts des volumes retirés sont dus à une dizaine
d'espèces seulement. Parmi les espèces qui affichent un taux de
retrait supérieur à la moyenne, on trouve le grondin (taux de
retrait 18 %), la roussette (13 %), l'araignée de mer
(11 %), la sardine (10 %), le maquereau (5 %), l'anchois
(4 %) et le merlu (4 %).
RÉPARTITION DES VENTES ENTRE CRIÉES ENTRE 1996 ET 2000
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Quantités débarquées (tonnes) |
248 909 |
294 597 |
303 826 |
292 524 |
294 655 |
Retraits (tonnes) |
10 042 |
10 697 |
7 562 |
10 248 |
9 153 |
Quantités vendues (tonnes) |
274 867 |
283 900 |
296 264 |
282 276 |
285 512 |
Valeur des ventes (MF) |
3 837 |
4 108 |
4 340 |
4 243 |
4 430 |
Prix moyen (F/kg) |
13,96 |
14,47 |
14,65 |
15,03 |
15,52 |
Source
: RIC
Pour l'ensemble des
poissons
, on constate une stabilité des
apports et une hausse du prix. Les débarquements de
crustacés
sont en hausse de 3 %, ceux de céphalopodes
de 11 %, mais leurs prix sont en légère baisse : de
3 % pour les crustacés et de 1 % pour les céphalopodes.
En revanche, les volumes de
coquillages
débarqués sont en
baisse de 7 % mais leur valeur est en hausse de 14 % du fait d'une
augmentation de leur prix moyen à la vente.
RÉPARTITION DES VENTES EN CRIÉES EN 2000
|
Quantité (tonnes) |
Valeur (MF) |
Prix moyen (F/kg) |
Poissons |
228 655 |
3 380 |
14,78 |
Crustacés |
9 963 |
391 |
39,22 |
Coquillages |
23 867 |
308 |
12,9 |
Céphalopodes |
23 026 |
351 |
15,25 |
Source
: RIC
Les évolutions par rapport à 1999 sont très
contrastées selon les espèces.
Une augmentation des
quantités débarquées est observée pour le rouget
barbet (+46 %), la seiche (+22 %), le grenadier (+19 %),
l'anchois (+18 %), le merlu (+17 %), la sole (+12 %), le bulot
(+8 %) et le lieu noir (+11 %).
Au contraire, la baisse des apports a été très sensible
pour plusieurs espèces contribuant fortement au chiffre d'affaires de la
pêche française comme la baudroie (-7 %), le cabillaud
(-35 %), le calmar (-11 %), le germon (-16 %), la julienne
(-30 %) ou le merlan (-13 %).
Malgré des apports abondants, le prix de l'anchois et des seiches,
espèces essentiellement destinées à l'exportation, est
resté ferme, dans un contexte international favorable.
Avec une augmentation des ventes en criée de 10 % en volume et de
11 % en valeur, Boulogne reste largement en tête des
criées
françaises avec 570 MF, devant Le Guilvinec
avec 354 MF (+2 % en volume et +4 % en valeur) et Lorient avec
338 MF (-5 % en volume et stable en valeur). Concarneau garde sa
quatrième place (323 MF), mais affiche un fort recul
d'activité (-19 % en volume, -13 % en valeur).
B. LA PRODUCTION TOTALE DES PÊCHES ET DE L'AQUACULTURE EN 1999 : PROGRESSION EN VOLUME, MAIS RECUL EN VALEUR
La
production totale de la pêche et de l'aquaculture française peut
être estimée à partir des données de ventes de la
pêche fraîche en criée (Réseau Inter-Criées
-RIC) et des données de la pêche fraîche vendue hors
criées, de la pêche fraîche débarquée et
vendue à l'étranger, de la pêche congelée, de la
pêche professionnelle en eau douce, de la conchyliculture, de la
pisciculture continentale et de la pisciculture marine. Ces données,
issues de différentes sources, n'étant pas toutes disponibles sur
l'année 2000, la compilation est celle de 1999.
La compilation de tous ces éléments a permis d'évaluer
pour
1999
la
production française à près de
850.000 tonnes de produits aquatiques pour un chiffre d'affaires de
9,5 milliards de francs,
en progression par rapport à 1998 de
2 % en quantité mais en régression de 2 % en valeur,
due à la forte baisse de valeur (-30 %) des produits de la
pêche congelée.
La pêche fraîche
, dont 80 % de la valeur des ventes est
réalisée en criée, a représenté 46 % en
volume et 57 % en valeur de ce total. Elle fournit ainsi près de
400.000 tonnes de produits aquatiques destinés à
l'alimentation humaine pour une valeur de 5,5 milliards de francs.
L'aquaculture
(conchyliculture, pisciculture marine et pisciculture
continentale) a contribué à ce total pour 31 % en volume et
35 % en valeur, soit 260.000 tonnes pour une valeur de
3,3 milliards de francs.
La pêche congelée
ne
représente que 23 % du volume total (200.000 tonnes) et
seulement 8 % de la valeur (800 millions de francs).
PRODUCTION DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE EN FRANCE EN 1999
|
|
Production |
Part de marché |
Evolution par rapport à 1998 |
|
Quantité (tonnes) |
298 883 |
35 % |
-2 % |
Pêche fraîche en criée |
Valeur (MF) |
4 390 |
46 % |
1 % |
|
Prix moyen (F/kg) |
14,69 |
|
3 % |
Pêche fraîche hors criée) |
Quantité (tonnes) |
90 391 |
11 % |
6 % |
(y compris ventes à |
Valeur (MF) |
1 067 |
11 % |
25 % |
l'étranger) |
Prix moyen (F/kg) |
11,8 |
|
18 % |
Conchyliculture |
Quantité (tonnes) |
263 398 |
31 % |
-2 % |
et pisciculture |
Valeur (MF) |
3 293 |
35 % |
-5 % |
(et pêche en eau douce) |
Prix moyen (F/kg) |
12,5 |
|
-3 % |
|
Quantité (tonnes) |
194 744 |
23 % |
13 % |
Pêche congelée |
Valeur (MF) |
763 |
8 % |
-30 % |
|
Prix moyen (F/kg) |
3,92 |
|
-38 % |
|
Quantité (tonnes) |
847 416 |
|
2 % |
TOTAL |
Valeur (MF) |
9 513 |
|
-2 % |
|
Prix moyen (F/kg) |
11,23 |
|
-5 % |
Source : Compilation OFIMER
C. LE COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA PÊCHE : UN DÉFICIT STABLE EN VALEUR MALGRÉ UNE BAISSE DE VOLUME
En
2000, le déficit du commerce extérieur français en
produits aquatiques destinés directement à la consommation
humaine a baissé de 10 % en volume
pour redescendre à
450.000 tonnes, selon les données de l'administration des douanes.
En revanche
, ce déficit reste
stable en valeur à
hauteur de 13 milliards de francs.
La contraction du déficit en volume, qui accentue le mouvement
déjà constaté en 1999, a été permise par
l'augmentation des exportations en volume tandis que les importations
reculaient légèrement. Aussi bien à l'importation
qu'à l'exportation, le prix moyen des produits échangés
est en hausse de 8 % par rapport à 1999. Cette évolution du
prix moyen se traduit par une augmentation de la valeur aussi bien des
importations (+5 %) que des exportations (+15 %).
EVOLUTION DE L'ENSEMBLE DES ÉCHANGES
DE PRODUITS
AQUATIQUES 1999/2000
|
1999 |
2000 |
Evolution |
||||||
|
Quantité (tonnes) |
Valeur (MF) |
Prix moyen (F/kg) |
Quantité (tonnes) |
Valeur (MF) |
Prix moyen (F/kg) |
Quantité |
Valeur |
Prix moyen |
Import* |
860 976 |
19 577 |
22,74 |
840 644 |
20 580 |
24,48 |
-2 % |
5 % |
8 % |
Export* |
366 072 |
6 453 |
17,63 |
393 147 |
7 452 |
18,95 |
7 % |
15 % |
8 % |
Déficit* |
494 904 |
13 124 |
|
447 497 |
13 128 |
|
-10 % |
0 % |
|
* hors farines, huiles, graisses et algues |
Source
: Douanes françaises
Analyse de l'évolution du solde commercial par type de
produits
Le moindre volume du déficit du commerce extérieur de la
pêche résulte notamment de l'essor des ventes de poissons frais
(+6 %) et d'une baisse des quantités importées de produits
frais ou congelés.
Si, pour la plupart des
produits frais
, on constate effectivement une
baisse des quantités importées (-10 % pour les poissons,
-4 % pour les crustacés, -14 % pour les coquillages et les
céphalopodes), la valeur des achats reste stable à cause de
l'augmentation du prix de ces produits.
Au contraire, l'augmentation de 26 % en volume des importations de
conserves de poisson
(essentiellement du thon) ne se traduit que par une
augmentation de 18 % en valeur par suite d'une forte baisse du prix moyen.
Toutefois, il faut noter que l'alternance de phases d'abondance et de
pénurie de la ressource en thon influence la politique de stockage des
producteurs de conserves, ce qui peut faire apparaître des variations
inter-annuelles fortes dans les données du commerce extérieur.
En 2000, ce sont les
produits congelés
qui contribuent le plus
à la hausse de la valeur des importations, en dépit d'une
légère baisse des volumes importés. En effet, le prix
moyen des produits congelés a augmenté de 12 %, et en
particulier celui des crustacés (+23 %). De même, nos exportations
de produits congelés sont en baisse de 4 % en volume mais en hausse
de 6 % en valeur.
C'est pourquoi, globalement, le déficit reste stable en valeur : sa
diminution en volume se trouve compensée par la hausse des prix moyens
à l'importation et à l'exportation.