Projet de loi de finances pour 2002 - Tome II : Pêche
GERARD (Alain)
AVIS 89 - TOME II (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 305 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
UN SECTEUR EN DIFFICULTÉ-
I. UN MARCHÉ FRANÇAIS DES PRODUITS DE LA
PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE EN LEGERE PROGRESSION
- A. STABILITÉ EN VOLUME ET PROGRESSION EN VALEUR DES DEBARQUEMENTS DE PÊCHE FRAÎCHE DANS LES CRIÉES FRANÇAISES EN 2000
- B. LA PRODUCTION TOTALE DES PÊCHES ET DE L'AQUACULTURE EN 1999 : PROGRESSION EN VOLUME, MAIS RECUL EN VALEUR
- C. LE COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA PÊCHE : UN DÉFICIT STABLE EN VALEUR MALGRÉ UNE BAISSE DE VOLUME
- II. UN SECTEUR OÙ LE MAINTIEN DE L'EMPLOI EST LOIN D'ÊTRE ASSURÉ
- III. UNE RENTABILITÉ ET DES RÉMUNÉRATIONS À LA PÊCHE GREVÉES PAR LE PRIX DES CARBURANTS
-
I. UN MARCHÉ FRANÇAIS DES PRODUITS DE LA
PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE EN LEGERE PROGRESSION
-
CHAPITRE II -
DES POLITIQUES PUBLIQUES
MANQUANT D'AMBITION- I. UNE POLITIQUE NATIONALE À COURTE VUE
-
II. UNE POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EN DÉBAT
- A. LE LIVRE VERT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE SUR L'AVENIR DE LA POLITIQUE COMMUNE DE LA PÊCHE
-
B. L'INQUIÉTUDE UNANIME DES PROFESSIONNELS FACE AU
LIVRE VERT ET LES PROPOSITIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
- 1. Ambiguïté fondamentale de l'objectif de la Politique commune de la Pêche
- 2. Remettre en cause la logique capacitaire de gestion de la flotte
- 3. Replacer les TAC et quotas au coeur de la PCP pour la gestion de la ressource
- 4. Rendre efficace et équitable la politique de contrôle
- 5. Prendre en compte la dimension sociale de la pêche
- C. VOLET EXTERNE DE LA PCP : UN POSITIONNEMENT INTERNATIONAL À CONFORTER
-
CHAPITRE III -
LE PROJET DE BUDGET DES PÊCHES MARITIMES
ET DE L'AQUACULTURE -
ANNEXE -
RÉPONSES ÉCRITES DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE AUX QUESTIONS POSÉES PAR M. ALAIN GÉRARD, RAPPORTEUR POUR AVIS DU BUDGET DE LA PÊCHE, LORS DE L'AUDITION DU MINISTRE DEVANT LA COMMISSION LE 7 NOVEMBRE 2001
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
PÊCHE
Par M. Alain GÉRARD,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
3
)
(2001-2002)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Si les crédits consacrés à la pêche maritime et
à l'aquaculture dans le projet de loi de finances pour 2002 ne
représentent qu'un infime pourcentage du budget général de
l'Etat (0,01 % exactement), ils orientent de manière
décisive l'avenir de toute la filière pêche, qui
génère près de 100.000 emplois en mer et à
terre.
La pêche maritime française sort fragilisée de deux
années particulièrement difficiles, marquées par la
tempête du 26 décembre 1999, par la marée noire
consécutive au naufrage de l'Erika, et par la forte hausse des prix du
carburant.
Si les prix des produits de la mer se sont redressés, la stagnation des
apports a limité l'effet positif de la hausse des prix sur les chiffres
d'affaires. A chiffre d'affaires quasi-stable, les entreprises de pêche
ont connu nécessairement une nouvelle baisse de leur rentabilité,
en raison de charges croissantes, notamment en carburant. La
rémunération offerte aux équipages en a pâti, ce qui
n'a pas aidé à résoudre la pénurie criante de main
d'oeuvre.
Les difficultés que la pêche vient de traverser ont attiré
sur elle l'attention du Gouvernement, qui a pris les mesures qui s'imposaient
pour limiter l'impact de la crise. Votre rapporteur pour avis souligne à
ce propos sa grande inquiétude face au risque de condamnation de la
France, suite à la procédure d'enquête ouverte par la
Commission européenne sur la compatibilité des mesures nationales
avec la réglementation communautaire. Il serait, en effet, inadmissible
que les entreprises de pêche aient à rembourser les aides que
l'Etat leur a consenties pour faire face à cette situation de crise.
La réactivité du gouvernement à la crise conjoncturelle de
la pêche n'a pas pu couper court au déclin de long terme du
secteur. Votre Commission des Affaires économiques se préoccupe
de la durabilité de ce secteur, qui perd chaque année de ses
hommes et de ses navires.
L'avenir n'est pas dans une politique nationale à courte vue, mais passe
par l'accompagnement de la pêche française vers une
démarche de qualité pour valoriser ses produits, à l'heure
où la quantité de ressource exploitée est
contingentée pour permettre son renouvellement. L'exigence d'une
meilleure information des consommateurs, relayée par de nouvelles
règles communautaires d'étiquetage, implique une
traçabilité de la production maritime qu'il revient aux
autorités publiques françaises de rendre possible. A cette fin,
votre rapporteur pour avis estime nécessaire de mieux reconnaître
le rôle des criées, qui assurent des missions croissantes de
service public et constituent le premier maillon de la
traçabilité.
L'avenir de la pêche réside aussi dans une nouvelle politique
commune de la pêche (PCP). En vue de sa prochaine refonte en 2002, la
Commission Européenne a rédigé un livre vert sur la future
PCP. Celui-ci ne rompt pas avec la logique de réduction de
capacité de la flotte qui s'est traduite dans les plans d'orientation
pluriannuels successifs.
Les professionnels de la pêche expriment leur forte inquiétude et
votre rapporteur pour avis refuse également d'envisager comme unique
solution à l'épuisement de la ressource la « casse des
bateaux ».
Le Gouvernement français se doit d'être à l'écoute
des professionnels et de présenter à Bruxelles une autre
politique, recentrée autour de quotas de pêche assortis de
contrôles renforcés et de mesures techniques
complémentaires, que la recherche doit permettre d'affiner.
Il devra aussi exiger que la PCP prenne en compte la dimension sociale de la
pêche et son rôle dans l'aménagement du territoire.
La Commission des Affaires économiques sera aussi attentive, lors des
prochaines négociations commerciales internationales, à ce que la
politique de subvention publique à la pêche européenne soit
fermement défendue.
Dans ce contexte d'inquiétude et d'incertitude, la diminution de
3 % du budget consacré à la pêche et à
l'aquaculture ne semble pas à la hauteur des attentes et des enjeux.
C'est pourquoi votre rapporteur pour avis a proposé à la
Commission des Affaires économiques, qui l'a suivi, de donner un avis
défavorable à son adoption.
CHAPITRE IER -
UN SECTEUR EN DIFFICULTÉ
I. UN MARCHÉ FRANÇAIS DES PRODUITS DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE EN LEGERE PROGRESSION
A. STABILITÉ EN VOLUME ET PROGRESSION EN VALEUR DES DEBARQUEMENTS DE PÊCHE FRAÎCHE DANS LES CRIÉES FRANÇAISES EN 2000
En
2000, le tonnage de pêche fraîche débarquée dans les
criées françaises est resté stable
-autour de
300.000 tonnes- après la baisse constatée en 1999 (source
RIC
1(
*
)
).
Le prix moyen à la
première vente a continué à progresser
(+ 3 %), autant qu'en 1999. Cette évolution s'inscrit dans la
tendance des cinq dernières années, caractérisée
par une stabilité des débarquements et une augmentation du prix
moyen à la première mise en vente.
En 2000, la hausse du prix moyen est due à une augmentation
générale des prix de vente et à une proportion plus
importante d'espèces chères (bar, sole, rouget barbet, merlu)
dans les débarquements. Ainsi,
cet effet-prix, conjugué
à un effet-volume négligeable, a accru la valeur des ventes en
criées de 4 % après une baisse de 2 % en 1999.
Les retraits sont en baisse, mais cette évolution résulte
uniquement de la réduction des retraits de germon en 2000 par rapport
à 1999. Sans tenir compte du germon,
le taux de retrait est
identique
au cours des deux dernières années (3,2 %).
Les trois quarts des volumes retirés sont dus à une dizaine
d'espèces seulement. Parmi les espèces qui affichent un taux de
retrait supérieur à la moyenne, on trouve le grondin (taux de
retrait 18 %), la roussette (13 %), l'araignée de mer
(11 %), la sardine (10 %), le maquereau (5 %), l'anchois
(4 %) et le merlu (4 %).
RÉPARTITION DES VENTES ENTRE CRIÉES ENTRE 1996 ET 2000
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Quantités débarquées (tonnes) |
248 909 |
294 597 |
303 826 |
292 524 |
294 655 |
Retraits (tonnes) |
10 042 |
10 697 |
7 562 |
10 248 |
9 153 |
Quantités vendues (tonnes) |
274 867 |
283 900 |
296 264 |
282 276 |
285 512 |
Valeur des ventes (MF) |
3 837 |
4 108 |
4 340 |
4 243 |
4 430 |
Prix moyen (F/kg) |
13,96 |
14,47 |
14,65 |
15,03 |
15,52 |
Source
: RIC
Pour l'ensemble des
poissons
, on constate une stabilité des
apports et une hausse du prix. Les débarquements de
crustacés
sont en hausse de 3 %, ceux de céphalopodes
de 11 %, mais leurs prix sont en légère baisse : de
3 % pour les crustacés et de 1 % pour les céphalopodes.
En revanche, les volumes de
coquillages
débarqués sont en
baisse de 7 % mais leur valeur est en hausse de 14 % du fait d'une
augmentation de leur prix moyen à la vente.
RÉPARTITION DES VENTES EN CRIÉES EN 2000
|
Quantité (tonnes) |
Valeur (MF) |
Prix moyen (F/kg) |
Poissons |
228 655 |
3 380 |
14,78 |
Crustacés |
9 963 |
391 |
39,22 |
Coquillages |
23 867 |
308 |
12,9 |
Céphalopodes |
23 026 |
351 |
15,25 |
Source
: RIC
Les évolutions par rapport à 1999 sont très
contrastées selon les espèces.
Une augmentation des
quantités débarquées est observée pour le rouget
barbet (+46 %), la seiche (+22 %), le grenadier (+19 %),
l'anchois (+18 %), le merlu (+17 %), la sole (+12 %), le bulot
(+8 %) et le lieu noir (+11 %).
Au contraire, la baisse des apports a été très sensible
pour plusieurs espèces contribuant fortement au chiffre d'affaires de la
pêche française comme la baudroie (-7 %), le cabillaud
(-35 %), le calmar (-11 %), le germon (-16 %), la julienne
(-30 %) ou le merlan (-13 %).
Malgré des apports abondants, le prix de l'anchois et des seiches,
espèces essentiellement destinées à l'exportation, est
resté ferme, dans un contexte international favorable.
Avec une augmentation des ventes en criée de 10 % en volume et de
11 % en valeur, Boulogne reste largement en tête des
criées
françaises avec 570 MF, devant Le Guilvinec
avec 354 MF (+2 % en volume et +4 % en valeur) et Lorient avec
338 MF (-5 % en volume et stable en valeur). Concarneau garde sa
quatrième place (323 MF), mais affiche un fort recul
d'activité (-19 % en volume, -13 % en valeur).
B. LA PRODUCTION TOTALE DES PÊCHES ET DE L'AQUACULTURE EN 1999 : PROGRESSION EN VOLUME, MAIS RECUL EN VALEUR
La
production totale de la pêche et de l'aquaculture française peut
être estimée à partir des données de ventes de la
pêche fraîche en criée (Réseau Inter-Criées
-RIC) et des données de la pêche fraîche vendue hors
criées, de la pêche fraîche débarquée et
vendue à l'étranger, de la pêche congelée, de la
pêche professionnelle en eau douce, de la conchyliculture, de la
pisciculture continentale et de la pisciculture marine. Ces données,
issues de différentes sources, n'étant pas toutes disponibles sur
l'année 2000, la compilation est celle de 1999.
La compilation de tous ces éléments a permis d'évaluer
pour
1999
la
production française à près de
850.000 tonnes de produits aquatiques pour un chiffre d'affaires de
9,5 milliards de francs,
en progression par rapport à 1998 de
2 % en quantité mais en régression de 2 % en valeur,
due à la forte baisse de valeur (-30 %) des produits de la
pêche congelée.
La pêche fraîche
, dont 80 % de la valeur des ventes est
réalisée en criée, a représenté 46 % en
volume et 57 % en valeur de ce total. Elle fournit ainsi près de
400.000 tonnes de produits aquatiques destinés à
l'alimentation humaine pour une valeur de 5,5 milliards de francs.
L'aquaculture
(conchyliculture, pisciculture marine et pisciculture
continentale) a contribué à ce total pour 31 % en volume et
35 % en valeur, soit 260.000 tonnes pour une valeur de
3,3 milliards de francs.
La pêche congelée
ne
représente que 23 % du volume total (200.000 tonnes) et
seulement 8 % de la valeur (800 millions de francs).
PRODUCTION DE LA PÊCHE ET DE L'AQUACULTURE EN FRANCE EN 1999
|
|
Production |
Part de marché |
Evolution par rapport à 1998 |
|
Quantité (tonnes) |
298 883 |
35 % |
-2 % |
Pêche fraîche en criée |
Valeur (MF) |
4 390 |
46 % |
1 % |
|
Prix moyen (F/kg) |
14,69 |
|
3 % |
Pêche fraîche hors criée) |
Quantité (tonnes) |
90 391 |
11 % |
6 % |
(y compris ventes à |
Valeur (MF) |
1 067 |
11 % |
25 % |
l'étranger) |
Prix moyen (F/kg) |
11,8 |
|
18 % |
Conchyliculture |
Quantité (tonnes) |
263 398 |
31 % |
-2 % |
et pisciculture |
Valeur (MF) |
3 293 |
35 % |
-5 % |
(et pêche en eau douce) |
Prix moyen (F/kg) |
12,5 |
|
-3 % |
|
Quantité (tonnes) |
194 744 |
23 % |
13 % |
Pêche congelée |
Valeur (MF) |
763 |
8 % |
-30 % |
|
Prix moyen (F/kg) |
3,92 |
|
-38 % |
|
Quantité (tonnes) |
847 416 |
|
2 % |
TOTAL |
Valeur (MF) |
9 513 |
|
-2 % |
|
Prix moyen (F/kg) |
11,23 |
|
-5 % |
Source : Compilation OFIMER
C. LE COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA PÊCHE : UN DÉFICIT STABLE EN VALEUR MALGRÉ UNE BAISSE DE VOLUME
En
2000, le déficit du commerce extérieur français en
produits aquatiques destinés directement à la consommation
humaine a baissé de 10 % en volume
pour redescendre à
450.000 tonnes, selon les données de l'administration des douanes.
En revanche
, ce déficit reste
stable en valeur à
hauteur de 13 milliards de francs.
La contraction du déficit en volume, qui accentue le mouvement
déjà constaté en 1999, a été permise par
l'augmentation des exportations en volume tandis que les importations
reculaient légèrement. Aussi bien à l'importation
qu'à l'exportation, le prix moyen des produits échangés
est en hausse de 8 % par rapport à 1999. Cette évolution du
prix moyen se traduit par une augmentation de la valeur aussi bien des
importations (+5 %) que des exportations (+15 %).
EVOLUTION DE L'ENSEMBLE DES ÉCHANGES
DE PRODUITS
AQUATIQUES 1999/2000
|
1999 |
2000 |
Evolution |
||||||
|
Quantité (tonnes) |
Valeur (MF) |
Prix moyen (F/kg) |
Quantité (tonnes) |
Valeur (MF) |
Prix moyen (F/kg) |
Quantité |
Valeur |
Prix moyen |
Import* |
860 976 |
19 577 |
22,74 |
840 644 |
20 580 |
24,48 |
-2 % |
5 % |
8 % |
Export* |
366 072 |
6 453 |
17,63 |
393 147 |
7 452 |
18,95 |
7 % |
15 % |
8 % |
Déficit* |
494 904 |
13 124 |
|
447 497 |
13 128 |
|
-10 % |
0 % |
|
* hors farines, huiles, graisses et algues |
Source
: Douanes françaises
Analyse de l'évolution du solde commercial par type de
produits
Le moindre volume du déficit du commerce extérieur de la
pêche résulte notamment de l'essor des ventes de poissons frais
(+6 %) et d'une baisse des quantités importées de produits
frais ou congelés.
Si, pour la plupart des
produits frais
, on constate effectivement une
baisse des quantités importées (-10 % pour les poissons,
-4 % pour les crustacés, -14 % pour les coquillages et les
céphalopodes), la valeur des achats reste stable à cause de
l'augmentation du prix de ces produits.
Au contraire, l'augmentation de 26 % en volume des importations de
conserves de poisson
(essentiellement du thon) ne se traduit que par une
augmentation de 18 % en valeur par suite d'une forte baisse du prix moyen.
Toutefois, il faut noter que l'alternance de phases d'abondance et de
pénurie de la ressource en thon influence la politique de stockage des
producteurs de conserves, ce qui peut faire apparaître des variations
inter-annuelles fortes dans les données du commerce extérieur.
En 2000, ce sont les
produits congelés
qui contribuent le plus
à la hausse de la valeur des importations, en dépit d'une
légère baisse des volumes importés. En effet, le prix
moyen des produits congelés a augmenté de 12 %, et en
particulier celui des crustacés (+23 %). De même, nos exportations
de produits congelés sont en baisse de 4 % en volume mais en hausse
de 6 % en valeur.
C'est pourquoi, globalement, le déficit reste stable en valeur : sa
diminution en volume se trouve compensée par la hausse des prix moyens
à l'importation et à l'exportation.
II. UN SECTEUR OÙ LE MAINTIEN DE L'EMPLOI EST LOIN D'ÊTRE ASSURÉ
1. La flottille de pêche française se caractérise par un lent et régulier déclin en volume
Au 31 décembre 2000, la flotte métropolitaine comptait 5.803 navires armés représentant une puissance de 917.945 kilowatts.
EVOLUTION DE LA FLOTTE DE PÊCHE FRANÇAISE
EN
NOMBRE DE NAVIRES
Source
: CAAM - situation au 31 décembre
2000
On constate une
diminution continue
de la flotte française. Cette
situation, qui préoccupe votre rapporteur, résulte de la mise en
oeuvre des réductions opérées dans le cadre des programmes
d'orientation pluriannuels successifs.
De ce point de vue, on ne peut que regretter la lenteur avec laquelle les
pouvoirs publics autorisent le renouvellement de la flotte, et ce malgré
l'autorisation de Bruxelles. Au rythme actuel, il faudrait deux siècles
pour renouveler intégralement la flottille... or la moyenne d'âge
des navires ne cesse de s'élever, au détriment de la
sécurité.
Comme à l'accoutumée, l'examen de la structure de la flotte
française fait apparaître
une prédominance des petites
unités de moins de 12 mètres
, c'est-à-dire des
navires artisans de petite pêche côtière.
En effet, parmi les 5.803 navires que compte la flotte de pêche
métropolitaire, se trouvent :
- 156 navires de pêche industrielle et semi-industrielle (plus
de 25 mètres) ;
- 1.297 navires de pêche artisanale et hauturière (de 12
à 25 mètres) ;
- 4.829 navires artisans de petite pêche côtière
(moins de 16 mètres), dont 4.291 de moins de
12 mètres.
Entre 1995 et 2001, le nombre de navires de moins de 16 mètres a
diminué de 5.712 à 4.829 (15,45 %), reflétant les
obligations de réduction de l'effort de pêche imposées par
la réglementation communautaire. La classe des navires de pêche
industrielle a diminué de 8,77 % et celle des 16 à
25 mètres de 14,5 %. Entre 1995 et 2001, au total, la flotte
métropolitaine a diminué de 11,97 % en nombre
d'unités, avec une contraction concomitante de 9,13 % de la
puissance.
C'est ainsi qu'en 2000, pour satisfaire aux objectifs du POP IV,
différentes mesures ont été mises en oeuvre au niveau
national afin de réduire la capacité de la flotte et l'effort de
pêche. A ce titre, une capacité totale de 12.500 kilowatts a
été inscrite au plan de sortie de flotte ouvert en 2000.
La Bretagne représente la région la plus concernée par
la pêche maritime puisqu'elle totalise 40 % de la puissance totale
des navires.
La façade méditerranéenne totalise 19 % de la
puissance des navires.
2. La situation des marins pêcheurs et des conchyliculteurs
Le déclin progressif de la flotte de pêche française entraîne naturellement une diminution des emplois.
a) Des emplois en diminution
Les effectifs de marins
embarqués à
la
pêche font l'objet de deux modes de comptabilisation :
- le nombre total de marins embarqués au 31 décembre
est le mode de calcul traditionnel ; il ne reflète cependant pas
l'activité de l'ensemble des marins qui ont embarqué de
façon régulière au cours de l'année ;
- le nombre de marins embarqués à la pêche plus de
trois mois en cours d'année ; ce chiffre, outre qu'il
reflète mieux l'activité réelle, est de plus celui retenu
pour les comparaisons internationales. Selon le mode de calcul
, le nombre de
marins embarqués au 31 décembre 2000 était de 28.623,
y compris la « conchyliculture - petite
pêche ».
Globalement, l'emploi à la pêche est
en constante diminution
depuis dix ans
. La diminution des effectifs s'est poursuivie entre
1997 et 2000 à un rythme annuel moyen de - 1,8 %. La
pêche française a perdu de la sorte 1.600 marins en trois
ans, dont 1.128 à la petite pêche, soit 5 % de ses
effectifs.
L'évolution de l'emploi par genre de navigation montre néanmoins
une reprise de l'emploi à la grande pêche depuis un an et la
stabilité depuis trois ans des effectifs de la
conchyliculture-petite pêche.
La petite pêche concentre
l'essentiel (71 %) des pertes d'emplois.
Si l'on suit l'évolution de l'emploi par façade maritime sur les
trois dernières années, toutes sont atteintes par la baisse des
effectifs, même si les DOM-TOM (- 2,1 %) résistent. Deux
façades sont particulièrement touchées,
Poitou-charentes/Aquitaine (- 9,4 %) et Pays de Loire
(- 9,5 %).
Tous les genres de navigation ne représentent pas le même nombre
d'emplois.
Le secteur de la petite pêche est traditionnellement dominant. En 2000,
ce dernier représentait 43,3 % des emplois, tout en ayant
enregistré la diminution la plus marquée (- 5,1 %).
Les demandeurs d'emploi
Selon l'UNEDIC, le nombre de demandeurs d'emplois indemnisés à la
pêche industrielle est passé de 576 en 1991 à moins de 300
en 1998, soit une baisse continue. La proportion de chômeurs
indemnisés est établie aux environs de 1,8 % de la
population active du secteur en 1998.
Ces chiffres doivent néanmoins être maniés avec
précaution, car les marins pêcheurs artisans ne s'inscrivent pas
systématiquement à l'ANPE, du fait notamment de la non
affiliation de ce secteur à l'assurance chômage des ASSEDIC et du
faible recours des entreprises de pêche artisanale au réseau de
l'ANPE. Les objectifs de réduction de l'effort de pêche et de
restructuration de l'appareil productif ont conduit les pouvoirs publics
à instaurer des dispositifs d'accompagnement social des cessations
d'activité :
- la cessation anticipée d'activité (CAA) constitue une
préretraite servie aux marins et patrons-pêcheurs depuis 1995
à la condition d'être âgé d'au moins 50 ans
à la date de licenciement. Les bénéficiaires
reçoivent un revenu de remplacement calculé en fonction de leur
âge ;
- l'allocation complémentaire de ressources (ACR) assure un revenu
de remplacement aux marins pêcheurs privés involontairement
d'emplois. L'ACR se substitue aux prestations-chômage de l'UNEDIC, pour
les marins non adhérents à ce régime. Elle est servie sous
condition d'être licencié en raison d'une sortie de flotte et
d'être à la recherche d'un nouvel emploi.
Les perspectives
Lors de l'élaboration de la loi d'orientation sur la pêche du
18 novembre 1997, le législateur a envisagé une
amélioration de la protection des marins contre les différentes
formes de chômage. Un rapport sur ce thème a été
remis au Parlement en août 1998.
Toutefois, votre rapporteur pour avis regrette d'avoir à constater que
plusieurs textes d'application à caractère social de la loi
d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines ne sont
toujours pas parus, contrairement aux décrets et arrêtés
prévus dans le domaine économique.
b) Un système de formation dont la réforme devra remédier à la pénurie de main d'oeuvre
La
formation est indissociable de l'exercice de la profession de marin
pêcheur, qui est notamment subordonnée à l'obtention de
brevets de navigation.
Votre rapporteur pour avis rappelle que les
professionnels appellent de leurs voeux une meilleure prise en compte de la
spécificité de ce métier
, qui devrait se traduire par
une plus grande place faite à l'embarquement dans la formation initiale
ainsi qu'à la dimension économique et gestionnaire du rôle
du chef d'entreprise à la pêche artisanale.
Les réformes engagées dans l'adaptation des cursus de formation
ainsi que celles prévues par la loi d'orientation sur la pêche
maritime de 1997 visent à répondre à ces
préoccupations. Ainsi, la loi d'orientation a prévu
l'élargissement du champ d'action du fonds d'assurance formation de la
pêche et des cultures marines et le développement de
l'apprentissage. Elle prévoit également un encouragement à
la formation économique des chefs d'entreprise de pêche artisanale
par le biais d'une incitation fiscale à l'installation pour les jeunes
patrons qui auront suivi une telle formation.
Votre rapporteur pour avis est, en revanche, plus circonspect sur la mise en
oeuvre de la
réforme du statut des personnels de l'enseignement
maritime.
L'organisation des systèmes de l'enseignement maritime et aquacole
secondaire s'avérant compliquée, et trop refermée sur
elle-même, il était proposé, dès 1996,
d'intégrer les personnels de l'Association pour la gérance des
écoles de formation maritime et aquacole (AGEMA) dans les corps
existants de la fonction publique.
Le rapport présenté à cette époque allait plus loin
en dessinant les évolutions induites par ce passage sous statut
public :
- une relation plus étroite entre les lycées d'enseignement
maritime et aquacole (LEMA) et les écoles nationales de la marine
marchande (ENMM), ouvrant ainsi la voie à la création d'un
véritable service public de l'enseignement maritime ;
- une réflexion prospective sur les moyens humains et le
fonctionnement qui, à terme, doit se traduire par une véritable
politique de la pédagogie du système ;
- une reconnaissance de l'originalité de l'éducation
maritime dont la polyvalence des enseignants est une richesse ainsi que son
système de formation continue qui facilite la promotion sociale des gens
de mer, tout en étant résolument tourné vers
l'international.
Une disposition législative a été introduite dans la loi
de finances 2000 pour intégrer les agents de l'AGEMA sous statut public
(article 133 de la loi de finances n° 99-1172 du
30 décembre 1999).
Le décret n° 2001-33 fixant les conditions
d'intégration des personnels de l'AGEMA a été pris en
Conseil d'Etat le 10 janvier 2001 et sera complété par
un certain nombre d'arrêtés d'application.
Cette intégration sera finalisée le 1
er
décembre 2001 pour les personnels intégrés dans un des
corps d'accueil du Ministère de l'Equipement, des Transports et du
Logement (METL) et le 1
er
janvier 2002 pour ceux
intégrables au Ministère de l'agriculture et de la pêche
(MAP).
Pour le personnel non intégré (contractuel), un règlement
intérieur est en cours d'élaboration.
Par ailleurs, les conséquences sociales du changement de statut des
salariés de l'AGEMA, sont gérées dans le cadre d'un accord
collectif d'entreprise en cours d'élaboration.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner que la réforme de
l'enseignement maritime ne saurait se limiter au changement de statut des
personnels de l'AGEMA
.
En effet, face aux difficultés de recrutement de main d'oeuvre que
rencontrent les armateurs, qui amènent les uns à recruter des
étrangers (portugais, polonais, ukrainiens...), les autres à
rester à quai, les derniers à appareiller à
équipage réduit au détriment de la sécurité,
il convient de repenser et de revaloriser l'enseignement maritime.
La
désaffection à l'égard des métiers de la
mer
est imputable à plusieurs facteurs :
- des conditions de travail difficiles : le métier de
marin-pêcheur se caractérise par une pénibilité
forte (cadences fatigantes, nuits en mer...) et par une dangerosité
avérée ;
- un manque de reconnaissance, commun à tous les métiers
« manuels » ;
- le défaut de perspectives : un jeune ne peut songer à
s'installer un jour à son compte dans un contexte de non-renouvellement
de la flottille ;
- des rémunérations pas toujours suffisantes pour compenser
les points précédents. L'image du métier de
marin-pêcheur peine à se défaire des payes négatives
rendues publiques en 1993-1994, alors qu'elles se situaient dans un contexte
exceptionnel entraîné par la baisse
généralisée des prix et par les dévaluations
compétitives des pays européens voisins, clients ou concurrents
de la France.
Plusieurs pistes permettant de résorber cette difficulté
mériteraient d'être explorées.
D'une part, il faudrait
inciter les gens de mer à accroître
leur présence dans les écoles.
Les professionnels conviennent
eux-mêmes de leur manque d'implication dans le système
d'enseignement maritime et de la nécessité d'accueillir plus
d'élèves stagiaires en mer. Le développement de
l'alternance signifie une ouverture réciproque et une collaboration
accrue entre la sphère professionnelle et le corps enseignant.
D'autre part,
un décloisonnement plus large de l'enseignement
maritime s'impose
. Des passerelles entre l'enseignement
général et l'enseignement de la pêche autoriseraient une
plus grande souplesse dont bénéficieraient tant les
élèves que les professionnels. Ainsi, la création de
baccalauréats professionnels, maillons manquants entre le niveau
secondaire et le niveau supérieur, et souhaités par les
professionnels à l'instar de ceux existant dans le domaine agricole,
fournirait aux élèves un socle de connaissances
générales leur offrant des possibilités de reconversion
plus aisée vers d'autres secteurs, que ne permettent pas les brevets
d'enseignement professionnel (BEP) et certificats d'aptitude professionnelle
(CAP). En outre, les professionnels estiment que certaines fonctions techniques
à bord des bateaux (mécanicien...) devraient pouvoir être
confiées à des diplômés de CAP ou BEP
généraux et non spécifiquement maritimes.
Votre rapporteur pour avis souligne que les lacunes du système actuel
tiennent pour beaucoup à une sectorisation- qui, si elle reconnaît
la spécificité de l'éducation maritime et autorise la
polyvalence des enseignants, n'en est pas moins préjudiciable par
certains aspects-, l'enseignement maritime relevant du ministère de
l'Equipement, des Transports et du Logement et non de l'Education nationale.
Il insiste sur le caractère crucial de la pénurie de main
d'oeuvre,
imputable tant à la désaffection pour les
métiers de la mer qu'à l'inadéquation entre offre et
demande de main d'oeuvre au sein de chaque flottille.
Il appelle le
Gouvernement à y remédier rapidement, cette pénurie
risquant de s'accroître
avec la mise en place des 35 heures dans
la pêche, les départs en retraite massifs qui interviendront
prochainement et les cessations anticipées d'activité qu'un
prochain décret devrait proposer aux marins de la pêche et du
commerce ayant été exposés à l'amiante dans le
cadre de l'exercice de leur profession.
III. UNE RENTABILITÉ ET DES RÉMUNÉRATIONS À LA PÊCHE GREVÉES PAR LE PRIX DES CARBURANTS
1. Une rentabilité amoindrie
La
hausse du prix moyen des ventes de poisson a permis de compenser la stagnation
des tonnages de pêche débarqués en 2000.
Toutefois, cette relative bonne tenue des chiffres d'affaires n'a pu
permettre de maintenir les excédents bruts d'exploitation
.
En effet, la flambée des prix du pétrole, conjuguée
à la dépréciation de l'euro face au dollar, ont
provoqué une
forte hausse des prix du gazole
(+ 75 %)
au cours de l'année 2000 -et un triplement sur trois ans-
qui, bien que compensée partiellement par des mesures de
réduction de charges, a affecté très sérieusement
la rentabilité des bateaux. Celle-ci baisse donc pour l'essentiel des
segments et notamment pour les hauturiers (dont la consommation de gazole est
très importante).
Ainsi, en Bretagne, l'Observatoire économique régional des
pêches maritimes, mis en place par la Fédération bretonne
de la Coopération maritime, a publié une synthèse des
résultats 2000 qui met au jour une
baisse notoire des
excédents bruts d'exploitation sur la décennie
écoulée :
(1.000 francs constants 2000)
Type de bateau |
1989 |
1990 |
1999 |
2000 |
Hauturiers 20,5-24 m |
1 031 |
786 |
772 |
568 |
Hauturiers 19-20,5 m |
654 |
470 |
470 |
422 |
Hauturiers 15-17 m |
410 |
453 |
280 |
185 |
Langoustiniers hauturiers |
879 |
686 |
546 |
466 |
Côtiers intermédiaires |
406 |
348 |
298 |
298 |
Source
: Observatoire économique
régional des pêches maritimes -
Note de synthèse
1999/2000.
Certes, il existe de bons taux de rentabilité pour certaines entreprises
de pêche, pouvant atteindre 15 à 20 % des capitaux investis
sur certaines pêcheries spécialisées. Mais certains types
de pêche, en particulier chalutière, connaissent en revanche des
difficultés croissantes, étant, en effet, très sensibles
à la hausse des coûts d'exploitation induite par la montée
du prix du gazole.
Le gazole constitue, en effet, un poste important pour l'équilibre des
comptes d'exploitation des navires de pêche. Le prix de vente du gazole
suit l'évolution du marché pétrolier. Après une
certaine stabilisation ces dernières années et une baisse
significative en 1998, le prix de vente a subi une hausse brutale et continue
depuis le début de l'année 1999 (le prix moyen était
de 0,74 franc au 1
er
janvier 1999 contre
1,60 franc -1,80 franc courant juillet 2000).
La poursuite de
la hausse des prix du pétrole (qui vaut encore 1,60 francs au
1
er
octobre 2001) fragilise de nombreux armements. Cette charge, qui
se place en deuxième ou troisième position, après les
charges de personnel et d'armement, peut représenter dorénavant
près de 20 % des coûts d'exploitation (contre 10%
début 1999) d'un navire. Variable selon le type de métier
pratiqué, cette brutale augmentation des frais communs est
particulièrement lourde pour les chalutiers
, qui développent
les puissances les plus importantes. L'augmentation du prix du gazole touche
d'autant plus la France qu'une grande partie de la pêche française
s'effectue hors des eaux territoriales françaises.
Les effets de cet alourdissement de charges sont d'autant plus
sévères que la structure du marché des produits de la mer
rend sa répercussion très difficile sur le prix des produits
vendus.
2. Des rémunérations en baisse
Cette
évolution a eu des répercussions immédiates sur le revenu
des pêcheurs.
Le poste de charge dont relève le gazole pèse, en effet, d'un
poids considérable dans le revenu des armements et des marins
pêcheurs pour lesquels tout accroissement des frais communs, s'il n'y a
pas amélioration du chiffre d'affaires, entraîne une diminution
parallèle et mécanique de la part qui revient aux
équipages.
Dès la fin 1999, l'impact du prix du gazole était
déjà sensible et a affecté l'évolution moyenne des
résultats des entreprises de pêche et donc le revenu des
équipages, poussant, en août de cette même année, de
nombreux armements à stopper les navires et à débarquer
les équipages, ce qui a entraîné de vifs mouvements sociaux
et le blocage généralisé des ports au
deuxième semestre 2000.
Ainsi, en Bretagne, par exemple, sur les dix premiers mois de
l'année 2000, a pu être constatée une baisse des
rémunérations brutes des équipages hauturiers de plus de
8 % par rapport à l'année 1999.
D'une manière plus générale, on notera que l'incidence
d'une augmentation de 1 franc par litre de gazole sur le « reste
à partager » des équipages a été
évaluée à un niveau variant de 4 % pour les plus
petits fileyeurs à près de 16 % pour les chalutiers de plus
de 24 mètres.
Face à cette sévère dégradation de la
rémunération des pêcheurs, le Gouvernement a mis en oeuvre
un plan global pour la pêche au deuxième semestre 2000 dans
l'optique de ramener le prix du gazole à un prix compatible avec
l'équilibre des armements et la juste rémunération des
pêcheurs.
Ce plan global pour la pêche a permis d'atténuer tout ou partie du
surcoût subi par les entreprises de pêche en raison de l'inflation
du prix du carburant.
Votre rapporteur pour avis souligne toutefois que cette amélioration
ne doit pas dissimuler la fragilité persistante de l'équilibre
économique des flottilles.
Quand bien même ces difficultés ne seraient que conjoncturelles, la tendance de fond à la diminution de la flotte française et des emplois ne cesse de l'inquiéter . Si les évolutions observées ces dix dernières années se poursuivent, et qu'aucune mesure n'est prise afin de soutenir la filière, il est, en effet, à craindre que la baisse des effectifs de marins et navires ne prenne des proportions alarmantes et n'entraîne un sinistre de l'économie littorale des secteurs dépendants de la pêche. On peut se demander si les pouvoirs publics communautaires ne s'en accommoderaient finalement pas. La commission des Affaires économiques et son rapporteur pour avis refusent de l'envisager et appellent le Gouvernement à défendre notre tradition maritime et à tout mettre en oeuvre pour développer et moderniser nos entreprises de pêche.
CHAPITRE II -
DES POLITIQUES PUBLIQUES
MANQUANT D'AMBITION
I. UNE POLITIQUE NATIONALE À COURTE VUE
A. BILAN DES MESURES GOUVERNEMENTALES POUR UN SECTEUR DUREMENT ÉPROUVÉ
1. Le plan gouvernemental en réponse à la tempête et à la marée noire
Afin de
venir en aide aux victimes de la tempête des 28 et
29 décembre 1999 et de la marée noire
consécutive au naufrage de l'Erika, le
12 décembre 1999, le ministère de l'Agriculture et de
la pêche a mis en place dès le 2 février 2000 et
conformément aux dispositions du plan gouvernemental
arrêtées
le 12 janvier 2000, un dispositif d'aides
exceptionnelles de l'ordre de 450 millions de francs (69 millions
d'euros).
Celles-ci sont intervenues
en complément des
mécanismes d'intervention au titre des calamités agricoles
,
qui ont représenté environ 50 millions de francs
(7,6 millions d'euros) et des indemnisations par les compagnies
d'assurances.
Ce dispositif a été mis en oeuvre dans les départements du
Finistère, du Morbihan, de la Loire-Atlantique, de la Vendée, de
la Charente-Maritime et de la Gironde par les services de l'Etat, sous
l'autorité des préfets, en liaison avec les collectivités
locales, les organismes bancaires et d'assurances et les représentants
des conchyliculteurs, pisciculteurs marins et pêcheurs. Le paiement de ce
aides a été assuré par l'Office national
interprofessionnel des produits de la mer et de l'aquaculture (OFIMER). Tous
les dossiers ont été examinés au cas par cas afin de
moduler les aides en fonction de l'ampleur du préjudice subi par chaque
entreprise.
Ce dispositif a été complété au mois de mars par
une mesure d'allègement de charges sociales
au niveau national du
fait de la dégradation sensible de l'ensemble du marché des
produits de la mer à la suite de ces sinistres.
Le bilan des aides mises en place s'établit ainsi qu'il suit à la
mi-août 2001.
a) Dans le secteur aquacole
Aide à la reconstitution des matériels
et des
stocks
Cette aide est intervenue en complément de l'indemnisation par le fonds
national de garantie des calamités agricoles et les assurances. Elle a
pris en compte les pertes de stock de poissons et de coquillages en cours
d'élevage, les dégâts dans les concessions et dans les
établissements. Elle a été calculée sur la base de
75 % du préjudice, déduction faite des indemnisations des
compagnies d'assurance et modulée sur la situation globale de
l'entreprise. Elle a été plafonnée à 200.000 francs
(30.490 €).
1.380 dossiers déposés à ce titre ont fait l'objet du
versement d'une avance pour un montant de 99,122 millions de francs (15,11
millions d'euros), correspondant à la moitié de l'indemnisation
retenue. La Charente-Maritime a été le département le plus
sinistré. Au titre de cette aide aura également été
prise en charge la reconstruction des claires ostréicoles
endommagées.
Au 9 août 2001, 980 dossiers ont été
soldés.
Avance sur l'indemnisation à recevoir au titre du fonds
international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par
les hydrocarbures (FIPOL)
Afin que les conchyliculteurs, les pêcheurs à pied et les
paludiers bénéficient rapidement d'un concours financier, l'Etat
a consenti une avance de la moitié de l'indemnisation à recevoir
au titre du FIPOL du fait des dommages aux biens mais également du
préjudice économique causé par la marée noire.
Cette avance a été plafonnée à 200.000 francs
(30.490 €) au 9 août 2001. 1.441 dossiers ont
fait l'objet d'un versement par l'OFIMER pour un montant de 39,45 millions
de francs (6,01 millions d'euros). Le Gouvernement a, par la suite,
décidé de transformer cette avance en complément
d'indemnisation
par la circulaire du 11 septembre 2000, garantissant
ainsi à chaque sinistré le remboursement à 100 % de
son préjudice, quel que soit le taux d'indemnisation retenu par le FIPOL.
Allégement des charges financières
L'Etat a pris en charge une partie des intérêts des prêts
professionnels échus ou à échoir en 2000, 2001 et 2002. Le
montant ne peut pas excéder 48.000 francs (7.318 €), sauf
situation particulièrement critique, auquel cas il peut être
porté à 62.000 francs (9.452 €). Il est modulé
en fonction de la situation globale de l'entreprise.
Le montant global versé par l'OFIMER s'élevait, au 9
août 2001, à 7,327 millions de francs
(1,117 million d'euros).
Mesures d'allégement de charges sociales
-
Mesure ciblée
: destinée aux aquaculteurs et
pêcheurs à pied des six départements directement
touchés par la tempête ou la marée noire, elle a
été décidée au cas par cas, en fonction de la
situation du redevable, par le préfet sur proposition de la cellule
départementale d'indemnisation. Elle a été calculée
sur la base du salaire forfaitaire de la 4
ème
catégorie. Elle a porté sur un ou deux mois, pour les cotisations
dues au régime social des agriculteurs (MSA : mutualité
sociale agricole) ou à celui des marins (ENIM : Etablissement
national des Invalides de la Marine), ainsi qu'à la CNAFPM (Caisse
nationale d'allocations familiales des pêches maritimes) qui
prélève les cotisations d'allocations familiales pour les
assujettis à l'ENIM.
-
Mesure générale d'allègement des charges
sociales
: du fait de la dégradation du marché des
produits de la mer à la suite du naufrage de l'Erika, une mesure
générale d'allégement des charges sociales a
été décidée pour
l'ensemble des aquaculteurs
pour les cotisations dues à l'ENIM ou à la MSA. Elle a
porté sur un demi-trimestre.
Ont été concernées 3.600 entreprises de cultures
marines.
Exonération de redevance domaniale
: pour les
mêmes raisons, les concessions de cultures marines sur le domaine public
maritime ainsi que les autorisations de prise d'eau pour l'alimentation de
parcelles privées ont été exonérées du
paiement de la redevance domaniale en 2000. Sur l'ensemble des
départements littoraux, le coût de cette mesure a atteint
25 millions de francs (3,8 millions d'euros).
Actions de communication
Les conséquences négatives de la marée noire sur la
commercialisation des produits de la conchyliculture ont amené les
responsables professionnels du Comité national de la Conchyliculture
à mettre en place des actions de communication à destination du
grand public. L'OFIMER a ainsi versé 2,37 millions de francs
(O,36 million d'euros) en 2000 et 4,79 millions de francs
(0,73 millions d'euros) en 2001, à cette fin.
b) Dans le secteur de la pêche
Aide à la réparation des navires
endommagés du fait de la tempête et au remplacement des
matériels de pêche
Elle a été limitée à 75 % du montant du
préjudice après déduction des indemnités
d'assurance et plafonnée à 200.000 francs
(30.490 €).
199 dossiers se sont avérés éligibles pour un montant
d'aide de 3,42 millions de francs (0,521 millions d'euros).
Aide forfaitaire pour perte de revenu
Elle a été accordée à chaque marin embarqué
sur un navire rendu inutilisable du fait de la tempête et ayant au
préalable été embarqué au moins 15 jours sur
ce navire en décembre 1999. Elle a été
calculée au prorata du nombre de jours d'inactivité
constatés, sur la base du salaire forfaitaire net journalier sans
excéder 90 jours. Les jours pris en compte sont ceux où le
marin concerné n'a été ni embarqué sur un autre
navire de pêche, ni employé à terre.
230 marins ont été retenus pour un montant total de
1,38 million de francs (0,21 million d'euros).
Avance sur l'indemnisation à recevoir au titre du fonds
international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par
les hydrocarbures (FIPOL)
Afin que les pêcheurs bénéficient rapidement d'un concours
financier, l'Etat leur a consenti, comme aux agriculteurs, une avance de la
moitié de l'indemnisation à recevoir au titre du FIPOL du fait
des dommages aux biens (engins de pêche), ainsi que des pertes de chiffre
d'affaires pour les captures, essentiellement de crustacés,
retirées du marché pour raison sanitaire. Cette avance a
été plafonnée à 200.000 francs
(30,490 €).
202 dossiers ont été déposés et
examinés par les cellules départementales pour un montant total
de 1,55 million de francs (0,236 million d'euros)
Afin de garantir une indemnisation complète des préjudices,
les avances ont été ensuite transformées
également en compléments d'indemnisation.
Mesure d'allégement des charges sociales
Du fait de la dégradation du marché des produits de la mer
à la suite du naufrage de l'Erika, le bénéfice de la
mesure d'allégement des charges sociales a été
étendu à
l'ensemble des pêcheurs
. Elle a
porté sur un demi-trimestre.
Le montant global versé par l'OFIMER au titre des mesures
d'allégement des charges sociales, tant pour les conchyliculteurs que
pour les pêcheurs s'est élevé à 154,7 millions
de francs (23,58 millions d'euros).
2. Un plan global pour la pêche, affectée par une nouvelle hausse du prix du carburant
Dès le mois d'août 2000, la situation du
secteur a
connu une nouvelle dégradation avec une hausse très
sévère et sans précédent du prix du carburant.
La gravité de cette évolution et ses conséquences pour le
secteur ont conduit le Gouvernement à décider très
rapidement de mettre en place un
plan global pour la pêche
,
permettant de compenser la hausse des coûts et de les ramener à un
niveau supportable pour l'équilibre des entreprises.
Le gazole vendu aux pêcheurs bénéficiant d'une totale
détaxation, il a été décidé de mettre en
oeuvre l'aide des pouvoirs publics grâce à un
allègement
partiel, et dans certains cas total, des charges sociales et portuaires
(taxe de criée et part vendeur de la redevance d'équipement des
ports de pêche -REPP-). Les modalités de ce dispositif ont
été arrêtées en concertation avec la
représentation professionnelle afin de tenir compte, dans sa modulation,
de la sévérité des difficultés rencontrées
par les flottilles en fonction des différents métiers
pratiqués.
A l'approche de la fin de l'année, toutefois, les représentants
professionnels ont à nouveau sollicité l'aide de l'Etat en raison
d'un prix du gazole toujours élevé.
En réponse à cette demande, le Gouvernement a
décidé de
reconduire pour deux mois supplémentaires en
2001 le dispositif
, en place depuis le 1
er
septembre, tout
en réduisant son intensité de moitié au mois de
février pour tenir compte des tendances observées sur le
marché énergétique.
La prise en charge de la part
« vendeur » de la REPP, quant à elle, a en revanche
été maintenue jusqu'au
1
er
septembre 2001.
Parallèlement, le plan global mis en place en faveur des pêcheurs
comportait un important
volet structurel
dont la mise en oeuvre se
poursuite par un travail de recherche avec le concours de l'ADEME.
Il vise à établir un diagnostic de la flotte de pêche et
à identifier les gisements d'économie de carburants au niveau des
techniques et des pratiques d'exploitation des navires. Une réflexion
est également menée, sous l'égide de l'OFIMER, afin
d'améliorer l'efficacité et les performances du secteur tout au
long de la filière.
Face aux efforts financiers consentis par les pouvoirs publics pour venir en
aide aux pêcheurs,
la Commission européenne a ouvert une
procédure d'enquête formelle à l'encontre du dispositif
français
comme elle l'a fait pour l'Italie, l'Espagne, la Belgique
et les Pays-Bas.
La France a répondu aux observations communautaires en soulignant le
caractère exceptionnel et temporaire des allègements de charges
consentis pour le secteur de la pêche.
Votre rapporteur pour avis se félicite de ces mesures qui, à
défaut de s'attaquer aux difficultés structurelles du secteur,
ont néanmoins permis de limiter les difficultés
financières des entreprises de pêche. Il souhaite que ce
dispositif puisse être accepté par les autorités
communautaires. Il veut croire que le Gouvernement s'est assuré de sa
compatibilité avec le droit communautaire. Il serait, en effet,
inadmissible qu'à l'issue de la procédure ouverte par la
Commission européenne, la France se trouve condamnée et que les
entreprises de pêche aient à rembourser les aides que l'Etat leur
a consenties pour faire face à cette situation de crise.
B. ÉTIQUETAGE : UNE POLITIQUE DE LA TRAÇABILITÉ QUI MÉCONNAÎT LE RÔLE CENTRAL DES CRIÉES
1. Exigence d'une meilleure information du consommateur
Les
produits de la pêche et de l'aquaculture ont pendant longtemps
été présentés au consommateur de façon
très indifférenciée. En dehors du nom de l'espèce,
peu d'informations étaient apportées au consommateur pour guider
son choix.
Afin de répondre aux attentes légitimes des consommateurs, de
plus en plus demandeurs d'informations sur les produits, et afin de valoriser
les produits de la pêche et de l'aquaculture, il est apparu
nécessaire de mettre en place des dispositions rendant obligatoire
l'apport d'une information minimale au consommateur et d'inciter les
professionnels de la pêche et de l'aquaculture à rechercher, pour
les produits qui le méritent, l'obtention de signes officiels de
qualité.
Un nouveau cadre réglementaire communautaire prenant effet au
1
er
janvier 2002 et de nouvelles ambitions
Le
17 décembre 1999
, le Conseil des ministres de l'Union
européenne chargés de la pêche a arrêté un
nouveau règlement de base sur l'organisation commune de marché
dans le secteur des produits de la pêche et de l'aquaculture (OCM).
Afin de s'adapter aux nouvelles conditions de marché, le nouveau
règlement met en place une réglementation applicable au
1
er
janvier 2002, devant
garantir un meilleur
étiquetage et une meilleure information des consommateurs concernant les
produits vivants, frais ou réfrigérés
.
L'article 4 prévoit que, pour être proposés à
la vente au détail au consommateur final, tous les produits de la mer
devront comporter la dénomination commerciale de l'espèce, la
méthode de capture ou de production (pêche en eau douce, en mer ou
aquaculture) et la zone de production du poisson (Atlantique Nord ou Sud, Mer
du Nord, Méditerranée...). La
traçabilité
instaurée tout au long de la chaîne de commercialisation devra
être assurée par un étiquetage ou un emballage du produit
ou par tout document commercial comprenant au minimum le nom scientifique du
produit, son classement tarifaire et, le cas échéant, le
numéro d'agrément sanitaire de l'entreprise. En cas
d'importation, l'importateur communautaire répondra de l'exactitude des
informations contenues sur l'étiquette ou mentionnées dans le
document commercial d'accompagnement.
Ces dispositions pourraient stimuler la demande, dans la mesure où les
gens sont plus enclins à consommer un produit sur lequel ils disposent
d'informations complètes. Les consommateurs risquent moins d'être
trompés sur l'origine et la valeur des produits de la pêche et de
l'aquaculture mis en vente, ce qui peut parfois être le cas, notamment
avec les produits non emballés. Ces mesures éviteront aussi aux
consommateurs d'acheter du poisson produit ou commercialisé dans des
conditions défavorables à sa préservation. En outre, les
différentes précisions concernant l'origine permettront aux
inspecteurs chargés du contrôle de procéder à des
vérifications par recoupement avec les données recueillies
à bord des bateaux ou lors des débarquements.
Dans son Livre Vert sur la future politique commune de la pêche, la
Commission va plus loin en suggérant de mettre en place, sur une base
volontaire mais encadrée, un éco-étiquetage
présentant aux consommateurs les enjeux de leurs choix, sur la base
d'une information relative aux effets environnementaux de tel ou tel produit ou
à la durabilité de la ressource considérée.
La Commission convient toutefois des difficultés du projet
:
obtenir des critères d'appréciation adéquats, assurer
l'indépendance du contrôle de la conformité et l'exactitude
de l'information donnée aux consommateurs, identifier le produit
certifié tout au long de la chaîne de commercialisation,
résoudre le cas des poissons « non
certifiés » dont les captures s'effectuent pourtant
conformément à la politique commune de la pêche.
Les professionnels sont très réservés
sur
l'idée d'une écolabellisation. Outre les difficultés
soulevées par la Commission elle-même, plusieurs arguments sont
avancés à l'encontre de ce projet. L'éco-labellisation est
présentée comme :
- inutile, puisque la réglementation communautaire visant à
gérer de manière responsable l'exploitation des ressources
halieutiques constitue déjà le cahier des charges d'une
éco-labellisation ;
- trompeuse, car distinguer ainsi les engins de pêche pour leur
sélectivité est impossible du fait du caractère toujours
approximatif de cette sélectivité ;
- discriminatoire, puisque l'éco-étiquetage jetterait a
contrario le discrédit sur tous les produits n'en
bénéficiant pas quoique respectant la réglementation
communautaire ;
- utopique enfin, car la traçabilité qu'impliquerait
l'éco-labellisation est loin d'être garantie.
Les professionnels seraient favorables à une réorientation du
projet d'étiquetage, afin de mettre prioritairement l'accent sur la
« qualité » du produit commercialisé
, ce
qui serait une démarche nouvelle pour le secteur.
En effet, les produits de la pêche et de l'aquaculture sont pendant
longtemps restés à l'écart des signes officiels de
qualité. Seulement six produits de la pêche
bénéficiaient encore récemment en France d'un signe de
qualité. En 2000, trois nouvelles démarches ont été
engagées. Plusieurs d'entre elles se développent également
dans le secteur conchylicole, autour notamment des moules de bouchot. Dans le
secteur piscicole où seul le saumon bénéficiait de signes
officiels de qualité, des démarches ont été
validées pour la crevette et le bar, d'autres ont été
engagées pour la dorade ou le turbot.
En outre, au sein de la filière pêche, les mareyeurs
français se sont engagés dans une démarche de
certification de services qui devrait aboutir à l'été 2002.
Enfin, un cahier des charges concernant le mode de production biologique des
poissons d'élevage a été homologué par
arrêté ministériel en août 2000. Un projet concernant
le bar est à l'étude.
La promotion des « démarches
qualité » des produits de la pêche et de
l'aquaculture : des avancées limitées
-
Coquillages
:
transposition tardive d'une directive
communautaire et mesures de circonstance
En application de la directive n° 91/492 CEE du Conseil du
15 juillet 1991 fixant les règles sanitaires régissant
la production et la mise sur le marché des mollusques bivalves vivants,
modifiée par la directive n° 97/61/ CE du Conseil du
20 octobre 1997, le Gouvernement a pris le
15 décembre 1999 un décret en Conseil d'Etat
n° 99-1064. Afin d'améliorer la traçabilité des
échanges de coquillages avant leur mise sur le marché pour la
consommation humaine, ce décret complète les obligations
relatives aux documents d'accompagnement des lots de coquillages afin qu'y soit
mentionnée, notamment, l'identification des zones de production. De
plus, la durée de conservation de ces documents ainsi que des
résultats des analyses microbiologiques d'autocontrôles dans les
établissements d'expédition est portée à un an au
lieu de six mois. En application de ces nouvelles dispositions, un
arrêté interministériel a été publié
le 28 février 2000, simplifiant et précisant le
régime des documents d'accompagnement (bon de transport).
Le comité national de la conchyliculture, agissant en tant
qu'organisation interprofessionnelle au sens du code rural, a par ailleurs
adopté le 11 mai 2000 un accord relatif à la
dénomination et à la classification des huîtres creuses.
Cet accord a été rendu obligatoire jusqu'au
11 mai 2003. Il fixe en particulier le calibrage par taille et les
appellations (huîtres fines, spéciales ...).
En outre, la marée noire consécutive au naufrage de l'Erika a
entraîné la mise en oeuvre d'un dispositif de contrôle de
salubrité adapté aux circonstances, basé sur une
multiplication du nombre de points de prélèvements et une
intensification des fréquences d'analyses à tous les niveaux de
la filière (milieu de production, établissements, distribution).
Ces analyses ont montré une amélioration de la situation
dès le début du deuxième trimestre, elles ont conduit
à la réouverture des zones de production où avaient
été décidées des interdictions de récolte au
moment de l'arrivée des nappes de pétrole. Le dispositif de
contrôle renforcé a été maintenu tout au long de
2000.
-
Produits de la pêche : zèle affiché, mais
résultats embryonnaires
Sans attendre l'application des dispositions relatives à l'information
des consommateurs dans le règlement communautaire portant nouvelle OCM,
le Gouvernement a voulu anticiper en préparant un projet de
décret en concertation avec les professionnels. Il rendait obligatoire
l'introduction, dans la dénomination de vente des produits
d'aquaculture, de la mention « élevé en milieu
naturel » pour les coquillages et de la mention
« élevé en eau de mer » ou
« élevé en eau douce » pour les poissons et
autres espèces. Il prévoyait également, pour les produits
d'aquaculture commercialisés à l'état frais, l'indication
obligatoire de la date de récolte.
Ce projet de décret, après avoir reçu l'aval du Conseil
national de la consommation, a été notifié à la
Commission européenne, dont l'accord était nécessaire
à la publication.
Toutefois, au moment de transmettre le décret au Conseil d'Etat, la
procédure a fait long feu, le Gouvernement estimant inutile de prendre
un décret en Conseil d'Etat pour couvrir la période de
six mois qui séparait de l'entrée en vigueur des
dispositions communautaires.
Votre rapporteur pour avis déplore cet empressement vain,
motivé par l'effet d'affichage plutôt que par une volonté
réelle de répondre aux attentes des consommateurs à
l'égard de la pêche.
Les attentes des consommateurs se sont exprimées récemment
à travers le rapport d'étape du Conseil national de la
consommation devant le Ministre en juillet dernier. Ce rapport a mis au jour
quelques inquiétudes relatives notamment aux modes de nutrition dans la
filière aquacole, ou à l'introduction de nouvelles technologies
du vivant telles la triploïdie chez les huîtres.
2. Méconnaissance du rôle central des criées en matière de traçabilité pour la pêche fraîche
La
traçabilité des produits de la mer commence dès leur
débarquement à terre.
Votre rapporteur pour avis estime
à ce titre impératif que soit reconnu le rôle des
criées
-absentes du Livre Vert de la Commission sur la future PCP-,
qui sont à même d'être un lieu de passage obligé et
un centre d'enregistrement et d'identification pour tout le poisson frais
commercialisé.
Non seulement la criée permet de lutter contre le « black
fish » et les débarquements sauvages, mais, en outre, elle a
les moyens d'entraîner la filière pêche vers plus de
qualité et de traçabilité. A cette fin, elle tend à
développer une harmonisation des tris sous criées et un
système d'information sur les marchés susceptibles d'apporter
plus de transparence.
Préalable au développement des actions qualité,
l'harmonisation des tris sous criées selon des normes communes doit
être un objectif prioritaire de la filière « pêche
fraîche
». Elle facilite les échanges d'informations
entre les différents partenaires de la filière comme entre les
différents ports, sur la base d'un langage commun. Cette harmonisation
des dénominations, des critères de taille et de qualité
constitue le support indispensable à une identification claire des
produits.
Depuis 1999, l'OFIMER accompagne l'association interprofessionnelle
Normapêche Bretagne dans la mise en oeuvre d'un programme de cette
nature, sur la base d'un audit des pratiques sous quatorze criées
bretonnes réalisé en 1998.
Des projets similaires ont démarré avec le soutien de l'Office
dans d'autres régions : un audit des structures de
débarquement en Méditerranée et un audit des pratiques de
commercialisation en Basse-Normandie.
C'est, en effet, à la fois par la normalisation des produits et par
un recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication
que la traçabilité peut être organisée en Europe.
Toutefois, cet effort d'investissement des criées à l'heure
où leurs revenus sont en baisse ne peut pas reposer uniquement sur la
filière pêche, qui supporte déjà de lourdes charges.
La criée assure de nombreuses prestations, depuis l'enregistrement
jusqu'au contrôle vétérinaire, en passant par la perception
de taxes prélevées sur le prix du poisson, qui constituent autant
de tâches régaliennes et qui répondent à une demande
croissante des pouvoirs publics en ces temps de crises alimentaires.
Il serait donc naturel que l'Etat rémunère les criées pour
l'accomplissement de ces missions qu'il leur délègue.
Votre
rapporteur pour avis tient à attirer l'attention du Gouvernement sur
cette question du financement des criées, qui met en jeu leur
pérennité et leur rôle dans le service public et, plus
largement, dans l'aménagement du territoire
.
Il insiste à ce propos sur la nécessité
d'interpréter les textes relatifs au financement des investissements des
criées d'une manière qui autorise le subventionnement public le
plus large.
Ainsi, l'informatisation des criées devrait pouvoir
bénéficier de financements publics jusqu'à 100 %, au
titre de projet d'équipement collectif à terre, améliorant
la mise en marché ; elle ne doit pas être
considérée de manière restrictive comme une simple
adaptation des modalités de commercialisation, ce qui ne la rendrait pas
éligible aux financements publics pouvant atteindre 100%. Les
réserves financières de l'IFOP permettent cette
interprétation, tout à fait légitime au demeurant.
II. UNE POLITIQUE COMMUNAUTAIRE EN DÉBAT
A. LE LIVRE VERT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE SUR L'AVENIR DE LA POLITIQUE COMMUNE DE LA PÊCHE
Présenté par la Commission le 20 mars 2001, ce Livre vert sur l'avenir de la Politique commune de la pêche (PCP) répond à la nécessité de réformer la PCP à l'horizon 2002, d'abord en raison de l'échéance du règlement de base n° 3760/92 du 20 décembre 1992, mais aussi du fait de son incapacité à atteindre l'objectif d'une exploitation durable des ressources. Les défis que doit relever la Politique commune de la Pêche (élargissement de l'Union Européenne, mondialisation, considérations environnementales...) imposent également une réforme, indépendamment des faiblesses internes du système.
1. Constat des insuffisances de la PCP
Politique de conservation : inquiétude sur
certains stocks
Du point de vue biologique, la Commission juge la durabilité d'un grand
nombre de stocks menacée si l'intensité de l'exploitation se
maintient au niveau actuel ;
ce sont les stocks de poissons ronds
démersaux, notamment le cabillaud et le merlu, qui seraient aujourd'hui
le plus en danger et exigeraient des actions urgentes
: les
quantités de poissons démersaux adultes étaient en moyenne
de 90% supérieures au début des années 1970 par rapport
à la fin des années 1990.
Pour une exploitation maîtrisée des stocks, la Politique commune
de la Pêche a recouru presque exclusivement au plafonnement des
quantités qu'il est permis de pêcher en un an (totaux admissibles
de capture, ou TAC, et quotas nationaux fixés en conséquence), et
elle a établi des dispositions concernant par exemple le maillage, les
zones interdites, les périodes d'arrêt biologique (mesures
techniques). On s'est autrefois efforcé de combiner ces mesures
(destinées à maîtriser les quantités
pêchées) avec d'autres, portant sur la capacité de la
flotte ;
la Commission considère que ces tentatives ont
largement échoué
. Il n'a pas été possible de
tirer parti de tous les instruments mis à disposition par le
règlement 3760/92. De modestes progrès ont été
réalisés grâce à une programmation pluriannuelle;
quant à la gestion de l'effort de pêche, elle a donné des
résultats médiocres.
Il est encore trop tôt pour apprécier l'efficacité de la
réglementation sur les nouvelles mesures techniques, en vigueur depuis
le début de l'an 2000, mais la Commission estime que ce dispositif ne
pourra résoudre que partiellement les problèmes qui se posent
à l'heure actuelle. Le contrôle des maillages reste une
opération difficile, surtout lorsque plusieurs maillages
différents peuvent être utilisés au cours de la même
campagne de pêche. Si le respect des mesures techniques demeure
problématique, c'est aussi en raison de la complexité des
réglementations et de leur diversité selon les secteurs
géographiques.
La Commission reconnaît qu'il n'a pas été possible non plus
d'impliquer suffisamment les pêcheurs dans la politique mise en oeuvre,
ce qui aurait permis d'obtenir leur adhésion et de mettre à
profit leur savoir-faire.
La Commission regrette que le Conseil ait fixé certains totaux
admissibles de capture (TAC) à des niveaux systématiquement
supérieurs à ceux qu'elle proposait sur la base des avis
scientifiques ; la surpêche, les rejets et la surcapacité de
la flotte sont aussi partiellement responsables des problèmes actuels.
Enfin, la Commission relève qu'il y a des lacunes et des faiblesses
notables dans les avis et les informations émanant des scientifiques,
ces derniers n'ayant pas les moyens de se consacrer à des recherches
innovantes portant sur d'autres possibilités envisageables aux fins de
mesures de gestion.
Une dimension environnementale à prendre en compte
La Commission juge que la PCP devrait aller beaucoup plus loin dans le sens
d'une intégration volontariste de la dimension environnementale
dans
l'élaboration de la stratégie à mettre en oeuvre. En
effet, la durabilité du secteur de la pêche est tributaire du bon
fonctionnement de l'écosystème, ainsi que des espèces qui
en font partie.
Elle regrette les lacunes des connaissances sur le fonctionnement des
écosystèmes marins, et sur les effets collatéraux de la
pêche propres à aggraver les déficiences environnementales
de la PCP.
La pollution engendrée par l'industrie, le tourisme ou d'autres
activités humaines a des effets négatifs sur la qualité et
la quantité de poissons ainsi que sur les écosystèmes. Il
importe de prendre les mesures adéquates pour combattre de
manière cohérence ces effets négatifs.
Une politique de gestion de la flotte jugée peu rigoureuse
La flotte actuelle, dont la capacité de pêche est actuellement
définie en termes de tonnage et de puissance motrice, est jugée
beaucoup trop importante par la Commission.
Le progrès technique accroît l'efficacité des bateaux de
pêche et il réduit ainsi l'impact des efforts tendant à une
réduction programmée de la capacité.
Les programmes d'orientation pluriannuels (POP) de la flotte de pêche,
censés réduire le problème de sa surcapacité, ont
été fixés par le Conseil à des niveaux moins
ambitieux que ce que la Commission estimait nécessaire pour traiter
efficacement le problème de la surcapacité et souvent ils n'ont
pas été mis en oeuvre.
Contrairement à la proposition de la Commission, l'actuel programme, POP
IV (1997- 2001), est beaucoup moins ambitieux que le POP III : pour
une période de validité de cinq ans, il vise une réduction
de 3 % de la capacité et de 2 % de l'activité. Ces
objectifs ont déjà été atteints en matière
de capacité dès 1997, année d'adoption du POP IV.
En outre, le fait de combiner des réductions dont les unes portent sur
l'activité et les autres sur la capacité, rend l'administration
du POP IV extrêmement complexe et onéreuse, tant pour les
États membres que pour la Commission.
Les aides au titre de la construction ou de la modernisation et les coûts
d'exploitation ont peut-être concouru à aggraver la
surcapacité actuelle.
Un processus décisionnel inadapté, négligeant
d'impliquer les intéressés
La Commission européenne convient que le cadre juridique actuel n'est
pas bien adapté à la nécessité de réagir
à des problèmes locaux ou à des situations de crise.
De surcroît, elle n'ignore pas que les acteurs du secteur n'ont pas le
sentiment d'être suffisamment associés à certains aspects
importants de la politique mise en oeuvre (élaboration d'avis
scientifiques, adoption de mesures techniques...).
Ce déficit de participation influe négativement sur
l'adhésion aux mesures de conservation adoptées
. Les
intéressés ne sont pas satisfaits des dispositifs de consultation
existants, tel que le comité consultatif de la pêche et de
l'aquaculture. Les ateliers régionaux récemment organisés
par la Commission pour traiter les problèmes de gestion
spécifiques ont été considérés comme un pas
dans la bonne direction, mais la Commission est consciente que les
différents acteurs concernés attendent davantage.
Surveillance et contrôle défaillants
La Commission est consciente que les pêcheurs demandent la mise en place
au niveau communautaire d'un système de contrôle plus
centralisé et plus harmonisé, qui permettrait selon eux d'agir
plus efficacement dans toute la Communauté et d'y assurer
l'égalité de traitement. Elle n'ignore pas que les
résultats obtenus quant au suivi des infractions ne leur semblent pas
non plus satisfaisants.
L'organisation du contrôle et de la surveillance est aujourd'hui
compartimentée et les ressources disponibles pour l'inspection et pour
le contrôle sont loin d'être optimales.
La Communauté n'est pas davantage parvenue à arrêter une
position sur le contrôle des activités de pêche dans le
cadre des organisations régionales de la pêche (ORP).
Poids économique et malaise social
La PCP comporte une importante dimension économique.
Les effets économiques de la PCP sont importants. L'organisation commune
du marché et la politique commerciale commune permettent de soutenir les
cours et d'offrir une
protection tarifaire
aux producteurs
communautaires. Par l'intermédiaire de l'Instrument financier
d'orientation de la pêche (IFOP), la Communauté intervient
significativement dans le secteur de la pêche, en finançant des
investissements
concernant aussi bien des bateaux de pêche que des
installations côtières pour la transformation et pour
l'aquaculture. Enfin, le secteur de la pêche bénéficie
également de certaines
aides d'Etat
, hors IFOP. Si l'on totalise
les financements communautaires et nationaux,
la masse d'argent public
injectée chaque année dans le secteur de la pêche en Europe
s'établit à environ 1,1 milliard d'euros
, soit une part
importante de la valeur de la production communautaire totale (de l'ordre de
7 milliards d'euros pour le poisson débarqué et de
2 milliards pour l'aquaculture).
En outre, les
fonds structurels
prévoient que les zones
côtières et îles les moins prospères de l'Union
Européenne sont éligibles aux programmes d'aides de l'Objectif 1
(régions accusant un retard de développement) jusqu'en 2006. Ces
programmes couvrent la plus grande partie des régions
côtières et des îles appartenant à quatre pays :
Portugal, Espagne, Italie et Grèce. D'autres régions sont
aidées au titre de l'objectif 2 (régions en restructuration)
qui vise entre autres, des régions dépendantes de la pêche
en difficulté dans cinq Etats membres. Un programme particulier,
PESCA
, était également introduit pendant la période
de programmation précédente, 1994-1999, pour soutenir
l'adaptation des marins pêcheurs aux changements du secteur et pour les
préparer à des activités alternatives.
Si la situation économique de la pêche s'est quelque peu
améliorée au milieu des années 90 pour des raisons
conjoncturelles (hausse de la valeur du poisson débarqué et
baisse, en termes réels, du coût du carburant -tendance qui s'est
brutalement inversée depuis lors-),
la surcapacité a toujours
des effets économiques fâcheux sur la rentabilité de la
flotte
. En effet, chaque navire, considéré isolément,
est moins à même de procurer un revenu adéquat ; la
rentabilité de la flotte souffre de la sous-utilisation des
investissements ; concomitamment, l'insuffisance du retour sur
investissement retarde la modernisation et affaiblit encore la
compétitivité.
C'est pourquoi la Commission considère
que l'amélioration des résultats économiques et financiers
de la flotte de pêche communautaire passe avant tout par une
réduction quantitative globale des moyens de production mis en oeuvre,
évaluée à 40 %
.
La Commission juge également nocive la politique de
subvention
: réduisant artificiellement les coûts ainsi
que les risques inhérents à l'investissement, les subventions
aggravent les difficultés d'un secteur qui souffre déjà de
« surcapitalisation ». Dès qu'un navire donne lieu
à l'octroi de subventions, chaque navire de la flottille
concernée enregistre une baisse de sa productivité et de sa
rentabilité. La Commission relève aussi que la politique des
subventions a des effets pervers sur la concurrence, étant donné
que les navires, subventionnés ou non, se partagent les mêmes
zones de pêche et le même marché. Enfin, supportant des
coûts très élevés au titre du remboursement des
emprunts contractés pour investir, les propriétaires de navires
ont moins de moyens pour améliorer la rémunération de
leurs équipages.
Le secteur de la pêche est en constante régression. De 1990
à 1997, la baisse des effectifs s'établit à 13 %
(soit une perte de 60.000 emplois) et les aides communautaires à
l'investissement en capital n'ont pu, selon la Commission, qu'accentuer la
tendance.
Si les politiques existantes demeurent inchangées, le secteur
européen de la pêche sera de plus en plus menacé dans sa
durabilité
, dans sa viabilité économique et dans sa
compétitivité, même sur son propre marché. En outre,
si la surcapitalisation persiste et si la flotte reste surdimensionnée,
la durabilité des ressources de pêche sera compromise sans que
soit résolu pour autant le problème de l'emploi dans les
régions où la pêche revêt une grande importance
économique.
Selon la Commission, une gestion durable de la pêche, impliquant
l'accroissement des stocks de poisson, se soldera par une rentabilité
accrue de la pêche, activité à laquelle de nouveaux venus
pourraient alors s'intéresser.
L'aquaculture : un secteur à encourager
L'aquaculture contribue de manière importante à
l'approvisionnement en poisson
sans accroître la pression sur les
stocks
et elle fournit des emplois de substitution dans de nombreuses
régions tributaires de la pêche.
La Commission souhaite que l'aquaculture européenne sache relever
efficacement les défis résultant des exigences relatives à
l'environnement et à la protection de la santé.
Un secteur de la transformation en difficulté
Le secteur de la transformation en Europe, quoi qu'ayant
bénéficié de l'aide structurelle de la Communauté,
est principalement constitué de petites et moyennes entreprises qui
connaissent diverses difficultés : approvisionnement insuffisant,
irrégulier et non compétitif; exigences relatives à la
santé et à l'hygiène; concurrence des pays tiers;
apparition de chaînes de grande distribution qui tirent les prix vers le
bas.
Une dimension internationale de la PCP confrontée à de
nouveaux défis
La flottille de la Communauté opère surtout dans les eaux
communautaires, mais il n'en demeure pas moins que le secteur communautaire de
la pêche est tributaire, dans une mesure non négligeable, de
l'accès à des ressources non communautaires, c'est-à-dire
à des ressources qu'il faut partager avec des pays tiers, lesquels
doivent s'entendre avec la Communauté sur la définition des
conditions d'accès.
Il faut que la politique actuelle s'adapte à l'évolution de la
conjoncture et aux nouveaux défis à relever tels que l'apparition
de nouveaux acteurs, les aspirations légitimes de nombreux pays en voie
de développement désireux de renforcer leur industrie de la
pêche et enfin les impératifs du développement durable et
d'une pêche responsable.
2. La future PCP : propositions de la Commission européenne
La
Commission est persuadée que la PCP serait à la hauteur des
défis à relever si lui étaient assignés un ensemble
d'objectifs cohérents et compatibles entre eux, ce qui implique des
choix politiques plus clairs sur leur degré de priorité respectif.
Renforcer et améliorer la politique de conservation
- Mettre en oeuvre une gestion pluriannuelle
écosystémique : une approche pluriannuelle devrait aider
à écarter de graves inconvénients résultant de la
fixation annuelle des TAC et des quotas, à savoir l'ajournement des
décisions délicates pour l'avenir et de soudains changements,
d'une année à l'autre, en ce qui concerne le volume des TAC.
- Adopter des mesures techniques plus énergiques (matériel
sélectif, méthodes de pêche moins agressives pour
l'environnement), destinées à protéger les
juvéniles et à réduire les rejets. Établir des
projets pilotes en vue d'expérimenter des mesures qui n'ont pas
été appliquées jusqu'à présent, par exemple
l'interdiction des rejets ou la fermeture de zones en temps réel.
- Mettre au point un système permettant de mesurer les
progrès réalisés grâce à la PCP en
matière de développement durable, ainsi que l'efficacité
des programmes et mesures de gestion, au regard des objectifs assignés.
- Conserver le principe de la stabilité relative (clef de
répartition des quotas entre Etats depuis 1983).
- Maintenir le régime d'accès à la zone comprise
entre la limite des 6 milles et 12 milles et au Shetland Box.
Promouvoir la dimension environnementale de la PCP
- Appliquer intégralement les instruments environnementaux, plans
d'action et stratégies pertinents pour la protection de la
biodiversité et intégrer dans la PCP les exigences requises en
matière de protection de l'environnement.
- Lancer le débat sur l'éco-étiquetage des produits
de la pêche : les programmes d'éco-étiquetage offrent
une méthode adaptée aux nécessités du marché
en présentant plus clairement aux consommateurs les enjeux de leurs
choix, sur la base d'une information relative aux effets environnementaux de
tel ou tel produit ou à la durabilité de la ressource
considérée.
La Commission veut encourager l'élaboration et l'application volontaire
de programmes d'auto-étiquetage qui compléteraient la
législation relative à l'exploitation des ressources de
pêche et à la sécurité alimentaire.
Les pouvoirs publics seront peut-être amenés à
établir un cadre juridique pour l'éco-étiquetage
volontaire, de manière à obtenir des critères
d'appréciation adéquats, mais aussi afin d'assurer
l'indépendance du contrôle de la conformité et l'exactitude
de l'information donnée aux consommateurs.
Porter une attention accrue aux aspects touchant la santé et la
sécurité dans le secteur de la pêche pour assurer la
protection du consommateur
- Etudier les répercussions qu'aura sur les produits de la
pêche l'actuelle révision de la législation communautaire
relative aux denrées alimentaires.
La nécessité d'un ajustement structurel imposé par
l'application des normes sanitaires de la Communauté devra être
prise en considération dans les programmes d'assistance des États
membres en faveur de la pêche, dans le cadre de l'instrument financier
d'orientation de la pêche (IFOP).
- Assurer la protection des consommateurs dans le cadre des importations
de pays tiers, en exigeant que les produits importés répondent
à des normes sanitaires d'un niveau équivalent à celui de
la réglementation communautaire.
Rétablir l'efficacité de la politique de la
flotte et en renforcer le contrôle.
- Etablir une politique de la pêche qui soit plus efficace, bien
adaptée aux objectifs pluriannuels, différenciée par
segment de flotte, qui tienne compte des effets du progrès technique et
qui évite que l'aide publique ne contribue à un accroissement de
l'effort de pêche.
- Simplifier le nouveau système et subordonner l'octroi d'une aide
publique pour construire ou moderniser un navire au retrait d'une
capacité de pêche notablement plus élevée. Selon la
Commission, ce système permettra aux Etats membres de renforcer les
contrôles et de faire respecter plus énergiquement les
règles en vigueur et il alourdira les sanctions infligées en cas
de non-conformité.
Pour l'avenir, la Commission imagine donc un système qui soit plus
simple et plus efficace que la politique actuelle en terme d'effets sur
l'état des ressources. La politique de la flotte doit, à ses
yeux, établir un équilibre entre, d'une part, la capacité
de cette flotte, et d'autre part, des taux d'exploitation qui soient
compatibles avec des objectifs de gestion à long terme. En vue des
réductions à opérer, il faudra prendre en compte les taux
d'exploitation qui sont liés aux TAC pluriannuels. Cela
présenterait l'avantage d'assurer une cohérence entre les deux
domaines de la politique. La Commission note toutefois que l'idée
pourrait se révéler difficile à concrétiser, en
particulier là où l'on pratique la pêche mixte.
Améliorer la gouvernance dans le cadre de la PCP
- Etablir des comités consultatifs régionaux pour mieux
associer les acteurs concernés à l'élaboration de la
politique ;
- Décentraliser certaines responsabilités en matière
de gestion, pour faire face à des problèmes qui se posent
à l'échelon local ou qui appellent des solutions urgentes ;
- Améliorer la transparence des avis scientifiques ;
- Améliorer la compatibilité de la PCP avec les autres
politiques qui ont un impact sur la zone côtière en recourant
à la gestion intégrée des zones côtières.
Assurer la surveillance, le contrôle et l'exécution
- Progresser dans la coordination des politiques nationales,
l'harmonisation des sanctions, le suivi des infractions et la définition
des responsabilités respectives des États membres et de la
Commission quant à la mise en oeuvre des programmes de contrôle
adoptés dans le cadre des organisations régionales de pêche.
- Ne pas exclure la possibilité de créer au sein de la
Communauté une structure commune d'inspection qui cordonnerait les
politiques et les actions des États membres et de la Communauté
à cet égard.
Renforcer la dimension sociale et économique de la PCP
- Renouveler l'approche de la gestion économique pour assurer la
durabilité et la viabilité économique du secteur en
recentrant l'aide publique sur la réduction de la capacité de la
flotte ;
- Adopter des mesures ayant pour objet d'aider les anciens pêcheurs
à trouver un emploi dans d'autres secteurs ;
- Etudier les effets pouvant résulter de nouveaux instruments
consistant par exemple à fonder la gestion sur les droits de pêche
(quotas individuels transférables) ;
- Réexaminer les priorités relatives aux secteurs de
l'aquaculture et de la transformation.
Promouvoir les relations extérieures
- Contribuer à l'amélioration de la gouvernance mondiale
pour toutes les affaires qui touchent au secteur de la pêche, grâce
à la mise en oeuvre effective du cadre juridique existant au niveau
international, mais aussi au renforcement et à la promotion des
mécanismes de coopération régionale ;
- Mettre en oeuvre une approche axée sur le partenariat avec les
pays en voie de développement.
Développer la recherche et les avis scientifiques
- Mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes marins
en vue d'un compromis viable et socialement acceptable entre divers objectifs
contradictoires : efficacité économique, stabilité ou
productivité de l'écosystème, emploi, disponibilité
d'autres services ;
- Développer une recherche indépendante et
interdisciplinaire, au-delà d'une recherche purement instrumentale
servant à justifier des mesures techniques ;
- Mieux définir les priorités en matière de
recherche : engins de pêche sélectifs et respectueux de
l'environnement, génétique, systèmes d'aquaculture
durable...
B. L'INQUIÉTUDE UNANIME DES PROFESSIONNELS FACE AU LIVRE VERT ET LES PROPOSITIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Un consensus se dégage sur la nécessité de réformer la Politique commune de la Pêche qui, au titre d'acquis de la construction européenne, doit être préservée mais dont les dysfonctionnements et les incohérences ont déçu.
1. Ambiguïté fondamentale de l'objectif de la Politique commune de la Pêche
Chacun
s'accorde à reconnaître avec la Commission que la ressource de
pêche -notamment certaines espèces- est surexploitée et que
la durabilité de la pêche s'en trouve mise en cause, bien que des
réserves soient émises sur l'exactitude de l'estimation
scientifique des stocks et de la corrélation entre effort de pêche
et affaiblissement du stock.
L'objectif essentiel d'une gestion durable des ressources fut à
l'origine de la mise en place des limitations de capture, des mesures
techniques et de la définition des règles communautaires en
matière d'accès. Ces volets constituent l'architecture
fondamentale de la politique commune de la Pêche et doivent, à ce
titre, être améliorés. Ils ont été
complétés par des réductions de capacité de la
flotte qui mettent en péril la viabilité du secteur de la
pêche.
Cependant, votre rapporteur pour avis estime que la première exigence
de la Politique commune de la Pêche doit être de garantir une
pêche durable, ce qui implique effectivement de limiter l'exploitation de
la ressource mais ne passe pas exclusivement par une réduction de la
puissance et du nombre de nos navires
. En assurant une utilisation plus
responsable des instruments de gestion et d'encadrement des activités de
pêche et en améliorant leur efficacité par un
contrôle renforcé, la viabilité à long terme de
l'activité de pêche, comme celle de la ressource, peuvent
être garanties simultanément et non alternativement.
2. Remettre en cause la logique capacitaire de gestion de la flotte
Les
plans d'orientation pluriannuels (POP) constituaient, à l'origine, un
complément aux différents instruments du volet
« ressources » de la Politique commune de la Pêche.
Au gré d'une dérive dans la hiérarchie des instruments, le
POP a progressivement supplanté les outils qu'il avait seulement pour
objet de renforcer.
Au prix de destructions lourdes menaçant l'équilibre
socioéconomique et la vie de nombreuses régions littorales, les
POP ont démontré leur inefficacité face à leur
extraordinaire coût social et administratif. Principales cibles du
mécontentement des professionnels, les POP sont jugés arbitraires
et inéquitables, leur gestion opaque, leurs effets pervers et
paralysants.
En effet, les réductions importantes prévues par les POP
successifs, outre le fait qu'elles ont été
réalisées par des destructions de navires particulièrement
agressives et destructurantes pour le tissu économique littoral, ne
semblent pas avoir d'effets directs et immédiats sur la situation des
stocks. Ceci résulte notamment de l'absence de concordance entre les
échelles du POP (segments de flottilles) et celles des ressources
(stocks) et d'une non adéquation entre les critères actuels de
capacité (jauge et puissance) et la mortalité par pêche.
En revanche, les POP ont des effets pervers importants (élévation
du coût des navires neufs et d'occasion, vieillissement de la flotte,
moindre attention à la sécurité des équipages). Le
contrôle difficile du POP et le refus de certains Etats de faire
respecter les objectifs fixés par tous, créent en plus des
dissensions entre les Etats membres.
Après plus de quinze ans de destruction capacitaire, la simple
casse de navires qu'envisage à nouveau le Livre vert, à hauteur
de 40 %, n'est plus une réponse acceptable face à la
surexploitation de certains stocks
.
Il demeure vital de rechercher l'adéquation entre les
potentialités de la ressource et l'effort de pêche
déployé pour son exploitation. Pour ce faire, une meilleure
articulation entre les différents instruments existants
(contingentement des quantités et contrôles)
doit
être visée, ainsi qu'un recours accrû à la
subsidiarité et un élargissement de la palette des outils de
gestion
.
Si l'ajustement de la capacité des flottilles doit malgré tout se
poursuivre, votre rapporteur pour avis rappelle qu'il doit se faire à
titre subsidiaire et en conformité avec les quotas disponibles dans
chaque Etat. Une formule d'entrée-sortie de flotte qui permettrait aux
navires les moins performants ou aux armateurs qui le souhaitent, de sortir de
flotte avec un accompagnement financier -sans que, pour autant, cette sortie de
flotte ne pèse sur le niveau moyen des prix des navires d'occasion-
reste à déterminer de manière plus précise.
Inversement, l'entrée en flotte se ferait en fonction des
possibilités de quotas disponibles pour le nouveau navire.
Dans l'immédiat, votre rapporteur pour avis encourage le
Gouvernement, lors des prochaines négociations du Conseil des Ministres
de la pêche européens, à demander la prorogation d'un an du
POP IV
, afin de mettre en cohérence le calendrier des POP et la
réforme de la Politique commune de la Pêche,
mais en maintenant
les mêmes objectifs de réduction de l'effort de pêche
.
Il juge inacceptable la proposition de la Commission d'accroître les
taux-pilotes de réduction de la flottille au prorata de la durée
supplémentaire du POP IV.
Votre rapporteur pour avis demande également au Gouvernement de faire
preuve de la plus grande fermeté lors de la discussion du
règlement IFOP 2792/99 : il se refuse à envisager que
la modification des règles d'éligibilité aux aides
publiques les durcisse encore et que le retard d'un seul segment de flotte au
regard des objectifs du POP prive toute la flotte d'aides publiques.
3. Replacer les TAC et quotas au coeur de la PCP pour la gestion de la ressource
Le
régime communautaire des TAC et quotas est en effet
considéré comme un bon moyen de conservation et de gestion des
ressources, de même qu'un instrument pertinent de régulation de la
production et de répartition des accès, basé sur des bases
historiques objectives et simples, à condition toutefois d'être
réellement respecté par tous.
Les TAC et quotas, instrument central de la gestion des ressources
La limitation des captures par la détermination au niveau
européen de Totaux Admissibles de Capture (TAC) et leur
répartition entre Etats sous forme de quotas nationaux présente
plusieurs avantages :
- en tant qu'instrument de gestion de la ressource, il s'agit de l'outil
le plus direct. A cet égard, il est aussi le mieux compris par la
profession.
- en tant qu'instruments de régulation et de répartition des
accès, les TAC et quotas s'appuient sur des bases historiques objectives
et simples. Dans ce sens, ils permettent une grande clarté dans les
critères d'allocation, alors même que l'effort de pêche est
un paramètre technique dont le mode de censure est encore aujourd'hui
mal cerné.
En vertu de cette double fonction d'instrument explicite de limitation de
l'exploitation et d'instrument de partage des droits d'accès, et du fait
de l'absence d'ambiguïté des modes de mesures qui lui sont
associés, le système des TAC et quotas doit être
considéré comme l'instrument clé de gestion des ressources.
Des ajustements sont donc nécessaires si l'on souhaite redonner au
régime des TAC et quotas toute son efficacité :
- augmenter le nombre de stocks couverts et mieux prendre en compte la
pêche simultanée d'espèces différentes. En effet,
certains stocks étant fréquemment capturés
simultanément, leur gestion ne peut être considérée
séparément ;
- gérer les TAC sur une base pluriannuelle. Une approche
pluriannuelle contribuera à régler le conflit récurrent
entre les impératifs socio-économiques de court terme, impliquant
nécessairement une progressivité dans les variations des TAC, et
la gestion de la ressource sur les moyens et long termes ;
- renforcer et harmoniser les contrôles au niveau
communautaire ;
- développer la recherche afin d'améliorer
l'évaluation des stocks, la connaissance des espèces, des engins
et des pêcheries.
Il importe de placer l'interdisciplinarité des sciences (y compris
économiques et sociales) au coeur des processus de formulation des avis
scientifiques et de promouvoir la transparence et la publicité de ces
derniers lorsqu'ils sont rendus disponibles.
Il devrait être possible d'apprécier la qualité des
évaluations scientifiques disponibles, éventuellement de pouvoir
les remettre en cause par des études plus complètes ou mieux
documentées et d'orienter le champ d'investigation de la recherche aux
domaines et aux espèces qui représentent le plus grand
intérêt pour le secteur des pêches de la Communauté
dans son ensemble. Il importe aussi que le secteur de la recherche puisse
coopérer avec les professionnels dont l'expérience et les
connaissances permettront la mise en oeuvre des solutions techniques et
technologiques les plus adaptées ;
- impliquer les professionnels dans le processus d'élaboration des
TAC afin d'accroître la transparence donc la compréhension et de
partager la responsabilité de gestion de la ressource.
Il convient enfin de rappeler que le principe de
non-patrimonialisation des
droits de pêche
a été clairement affirmé par la
France dans la loi d'orientation de 1997. La majorité des professionnels
français souscrit à ce principe , redoutant les effets pervers
des quotas individuels transférables (QIT) évoqués dans le
Livre Vert -concentration des capitaux, spéculation-. Ils
considèrent que la répartition des quotas relève de la
compétence des Etats membres au titre de la subsidiarité et
souhaitent conserver le système français de répartition
des quotas par organisations de producteurs (OP) ainsi que les
possibilités d'échanges entre Etats membres qui apportent une
souplesse utile au régime des TAC et quotas.
Votre rapporteur déplore que le Livre Vert de la Commission sur la
future PCP ne confère pas aux TAC et quotas une place centrale dans le
dispositif de régulation de la ressource et rappelle que la
surproduction agricole a pu être résolue par des quotas ou des
jachères et non par la casse des tracteurs. Toutefois, il se
félicite que le principe de stabilité relative n'y soit pas remis
en cause
. La reconduction du principe de la stabilité relative des
activités de pêche constitue un acquis politique majeur qu'il faut
impérativement préserver puisqu'il garantit un droit
d'exploitation sûr et durable sur la base des antériorités
de pêche et qu'il répond au souci de stabilité du cadre
juridique de base du règlement de 1992 exprimé par les
professionnels.
Encourager la mise en oeuvre d'instruments complémentaires de
gestion de la ressource.
Afin d'éviter que la réforme de la PCP ne se cantonne à
une réduction de 40 % de l'effort de pêche, la filière
pêche ne manque pas de suggérer des solutions efficaces
alternatives aux POP : amélioration de la sélectivité
des engins, arrêts temporaires de pêcherie (notamment pendant les
périodes de frai)...
-
L'amélioration de la sélectivité des engins de
pêche
La capture des juvéniles, le volume des rejets et surtout la
surexploitation de certains stocks comme le merlu et le cabillaud font
particulièrement l'objet de l'attention des autorités
communautaires. Chacun s'accorde à dire qu'il vaut mieux
« trier sur le fond que trier sur le pont ».
Or des professionnels soucieux d'une exploitation maîtrisée de la
ressource ont, de leur propre initiative et avec une aide technique et
scientifique -notamment de l'IFREMER-, testé des engins sélectifs
afin de limiter les captures accidentelles non désirées et ont
obtenu des résultats prometteurs (réduction jusqu'à
60 % de la prise des poissons trop jeunes).
Ainsi, parmi les dispositifs « trieurs » mis au point par
l'IFREMER, on peut citer la « maille carrée »
(panneau constitué de mailles qui ne se referment pas, placé en
fond de chalut), très efficace pour certaines espèces (mais pas
le merlu), la nappe séparatrice, qui permet de capturer des langoustines
dans le bas du chalut et de laisser les merluchons s'enfuir par le haut et
surtout la grille, qui oriente les juvéniles vers un système
d'évacuation.
Il serait par ailleurs souhaitable que tout nouvel engin de pêche ou
amélioration substantielle d'un engin existant fasse l'objet d'un
agrément, peut-être communautaire, avant de pouvoir être
exploité commercialement. Ceci éviterait le développement
d'engins peu respectueux d'une gestion saine de la ressource. A l'inverse, une
telle étude préliminaire aurait pu sauver le filet maillant
dérivant d'une interdiction obéissant à des motifs plus
politiques que techniques.
A ce sujet,
votre rapporteur pour avis demande que, face aux incertitudes
persistantes sur les fondements scientifiques de l'interdiction du filet
maillant dérivant pour la pêche au thon germon, le gouvernement
obtienne la suspension de la mise en oeuvre du règlement CE/1239/98 du
Conseil, dans l'attente de la refonte complète de la politique commune
de la pêche. Il fait valoir que 400 emplois de marins-pêcheurs
seraient encore sacrifiés, si cette interdiction était
maintenue
.
C'est donc encore un renforcement de la recherche qui est souhaité
afin de trouver des solutions adaptées à chaque prise accessoire
par des mesures de prévention, d'échappement ou de valorisation
commerciale
.
-
Les arrêts temporaires de pêcherie
L'arrêt temporaire de pêcherie constitue un repos biologique tout
comme le cantonnement. Il s'en distingue par le fait qu'il n'est pas
dirigé sur un secteur géographique mais sur une espèce.
Ce système a l'avantage d'être plus facilement contrôlable,
le navire devant soit rester à quai, soit ne pas détenir de
captures de l'espèce concernée à bord. Il est
déjà pratiqué en Bretagne depuis longtemps pour certaines
activités (pêcheries de Saint Jacques fermées d'avril
à octobre, araignées fermées du 1
er
septembre
au 15 octobre).
Néanmoins, s'il devait être étendu à d'autres
pêcheries, il serait nécessaire d'en évaluer l'impact
économique afin de programmer un étalement des arrêts sans
lequel l'activité et la gestion des ports seraient difficiles. D'autre
part, les professionnels ne pourront accepter l'extension de cette solution
à de nouvelles espèces que si des compensations
financières sont prévues, du moins dans un premier temps.
Les plans de reconstitution du merlu et du cabillaud adoptés en
urgence par la commission européenne en juin dernier
(règlements 1162/2001 et 456/2001) doivent être saisis par
les professionnels comme une occasion de faire la preuve que la ressource peut
être préservée autrement qu'en « cassant des
bateaux ».
Ils se fondent en effet sur des mesures de pêche
sélective (interdiction de l'usage de chaluts aux mailles
inférieures à 100 mm) et constituent en cela une forme
d'étude de cas.
Le succès du mode de gestion drastique de la coquille Saint-Jacques a
aussi valeur d'exemple
: en réponse à
l'épuisement des stocks, une gestion serrée a été
mise en place autour de quotas, établis sur le fondement d'estimations
scientifiques approfondies de l'état des stocks, de temps de pêche
limités et contrôlés, et d'accès limité aux
seuls bateaux ayant acquis la licence de pêche à la coquille
Saint-Jacques. La préservation de cette ressource est ainsi
assurée d'une manière qui pourrait inspirer la future politique
commune de la pêche.
Approfondir la réflexion sur la dimension environnementale de la
PCP.
Les professionnels s'accordent avec la Commission pour dire que la PCP doit
mieux intégrer l'exigence de protection raisonnée de
l'environnement, en s'appuyant notamment sur des moyens de recherche
scientifiques accrus et une meilleure sélectivité des engins de
pêche.
Certes, l'activité de pêche a un impact, difficilement mesurable
d'ailleurs, sur l'environnement (perturbation des écosystèmes,
captures accidentelles d'espèces protégées...), impact
qu'il faudrait comparer à d'autres sources de mortalité
(pollution industrielle, rejet de boues, extraction de graviers,
aménagements portuaires...), plus graves à terre comme en mer.
Mais la pêche durable a également intérêt à ce
que l'écosystème littoral et côtier soit
préservé au mieux par l'ensemble des activités
économiques ayant un impact sur la qualité de l'environnement
marin.
Les professionnels de la pêche sont, en ce domaine, souvent les
victimes et non les responsables des atteintes à l'environnement.
4. Rendre efficace et équitable la politique de contrôle
Au
même titre que les limitations de capture, la politique de contrôle
en mer et à terre constitue un moyen primordial pour assurer une
pêche durable. Elle présente aujourd'hui des défaillances,
que la Commission a elle-même analysées dans son rapport de
septembre 2001 sur le contrôle de l'application de la PCP, tel qu'il
a été institué par le règlement CEE n 2847/03
du Conseil du 12 octobre 1993.
Le développement de la politique de contrôle des pêches
est une clef de la réussite de la politique commune des pêches et
de l'efficacité de ses instruments de gestion.
La standardisation des procédures de contrôle,
l'uniformité, l'équité et la transparence dans leur
application amélioreront la lisibilité de la PCP pour l'ensemble
de la profession.
Garantir une application uniforme et équitable des
contrôles
Loin d'être hostiles aux inspections, les professionnels souhaitent au
contraire, comme la commission européenne, que celles-ci fassent l'objet
de procédures standardisées dans les différents Etats
membres afin de parvenir à un contrôle équitable. Ils
appellent également de leurs voeux des sanctions uniformes pour une
même infraction.
Si le règlement du Conseil instituant la notion de comportement graves
constitue un premier pas en ce sens, encore convient-il de poursuivre cette
démarche afin d'uniformiser les sanctions encourues dans les
différents Etats membres pour ces mêmes faits, et envisager en
amont une démarche visant à déterminer les
modalités et la durée des procédures de contrôle,
comme cela a déjà pu être fait dans le cadre de certaines
organisations régionales de pêche.
Simplifier et codifier la réglementation existante
Les mesures techniques de conservation résultent actuellement de
nombreux règlements émanant tant du Conseil que de la Commission,
ces règlements faisant l'objet de nombreux modificatifs. Cette
réglementation apparaît particulièrement complexe tant pour
la profession elle-même que pour les agents chargés de la faire
appliquer. Une réflexion doit être engagée rapidement afin
de parvenir à une simplification et une clarification de la
réglementation existante, condition première d'une meilleure
application.
Intégrer les nouveaux outils de contrôle
Votre rapporteur pour avis est favorable, comme les professionnels, au
développement du contrôle du positionnement par satellite ainsi
qu'à l'amélioration -voire la simplification- des livres de bord
grâce à l'informatique, afin d'obtenir des statistiques de
pêche plus précises.
Renforcer les moyens communautaires dans le cadre du contrôle
Plusieurs voies sont ouvertes pour un contrôle plus efficace.
La Commission européenne doit non seulement contribuer à
l'élaboration de la réglementation communautaire des
pêches, mais aussi voir ses moyens renforcés afin de pouvoir
participer de façon effective aux opérations de contrôle
dans le cadre de l'Union européenne, tant dans les eaux relevant de la
juridiction des Etats membres, qu'à terre.
Votre rapporteur pour avis souhaiterait que soit envisagé à cette
fin le développement du corps des inspecteurs communautaires -qui compte
aujourd'hui 25 membres-, lesquels accompagnent les inspecteurs nationaux
et contrôlent également les activités de certaines
pêcheries pratiquées dans les eaux internationales
gérées par les organisations régionales de pêche.
Leur habilitation pourrait être prévue auprès des
autorités judiciaires et administratives des Etats membres afin qu'ils
puissent constater valablement les infractions et être en mesure de
poursuivre celles-ci devant les juridictions de l'Etat concerné.
Cette possibilité de contrôle offerte aux inspecteurs
communautaires concourrait au développement de l'équité et
de la transparence évoquées ci-dessus.
De la même façon, la prise en charge effective des
opérations de contrôle des pêches dans le cadre des
organisations régionales de pêche devrait être
assurée au nom de l'Union européenne par ce corps d'inspecteurs
communautaires, à l'aide de moyens navals et aériens
affrétés par la Commission européenne. Cette
procédure, se substituant à celle reposant sur le volontariat des
Etats membres, rendrait ainsi plus rationnelle l'application de
réglementations techniques spécifiques en assurant par là
même une égalité de traitement entre les Etats quant
à leur application et à la charge du coût de ces
opérations.
Votre rapporteur pour avis regrette que le plan quinquennal mis en place pour
participer aux dépenses de contrôle des Etats membres en 1995
n'ait été reconduit que pour trois ans, et avec une enveloppe
financière en baisse (35 millions d'euros par an au lieu de 41). Il
appelle de ses voeux une clarification rapide par l'Union de la
répartition des responsabilités entre la Commission et les Etats
membres en matière de contrôle.
5. Prendre en compte la dimension sociale de la pêche
Le volet
social n'est abordé dans le Livre vert qu'à travers la
reconversion éventuelle de professionnels vers d'autres
activités. Cette lacune est préjudiciable à plus d'un
titre. D'une part, elle empêche de réduire les distorsions de
régimes sociaux entre les pays membres de l'Union, alors que
« l'harmonisation sociale dans le progrès »
-prévue à l'article 117 du Traité de Rome- est un des
objectifs majeurs de l'Union Européenne et que les métiers de la
pêche se distinguent par leur singulière dureté.
En second lieu, dans le cadre du marché unique et d'une politique
pleinement intégrée, elle laisse subsister des conditions de
travail très différentes qui sont une source de distorsions de
concurrence considérables entre les entreprises et constituent des
barrières à la libre circulation des travailleurs.
Enfin, elle néglige le fait que les activités de pêche et
d'aquaculture jouent un rôle déterminant pour la cohésion
économique et sociale de nombreuses régions littorales et
remplissent une mission d'animation et d'aménagement du territoire.
La mission d'animation du territoire européen conférée
à la P.C.P.
Elle devrait continuer de fonder durablement les interventions
financières structurelles à vocation socioéconomique de la
Communauté (via l'I.F.O.P.) et des Etats membres à l'attention du
secteur.
Ce soutien, loin de se circonscrire au seul accompagnement de la
restructuration du secteur des pêches (reconversions), devrait aussi
l'accompagner dans ses mutations (adaptation des entreprises aux nouvelles
données techniques, économiques, environnementales,
réglementaires, etc.).
L'amélioration des conditions de travail à la pêche.
Cette amélioration passe en particulier par :
- une politique d'amélioration des conditions de
sécurité et d'hygiène applicables aux équipages. La
pêche est en effet un secteur particulièrement dur et dangereux,
qui subit un niveau d'accidents extrêmement élevé ;
- une réduction du temps de travail à la pêche.
L'harmonisation de certains volets du droit du travail
Cette harmonisation pourrait notamment avoir lieu dans les domaines de :
- la formation professionnelle (mécanismes de reconnaissance des
diplômes et brevets, aides à l'adaptation des connaissances et des
savoir-faire des travailleurs ; aides à la reconversion
professionnelle, etc.) à l'heure où la pénurie de main
d'oeuvre laisse augurer une disparition de la pêche professionnelle faute
de marins qualifiés ;
- la couverture sociale des travailleurs (charges sociales, temps de
cotisation,...) ;
- la durée de la carrière des marins ;
- l'homogénéisation du temps de travail des marins, afin de
limiter les distorsions de concurrence entre Etats.
Préciser les dispositions particulières annoncées pour
la petite pêche
La petite pêche côtière -se caractérisant par des
sorties inférieures à 24 heures- joue un rôle
essentiel : génératrice d'emplois, actrice de
l'aménagement du territoire, animatrice du littoral, porteuse d'une
culture maritime et d'une attractivité touristique, et n'ayant enfin sur
la ressource qu'un impact faible, elle mérite un programme d'aide
spécifique, assorti de conditions d'éligibilité claires et
précises.
Les navires de la petite pêche représentent 80 % des
entreprises de pêche et 50 % des équipages en France.
L'importance économique de ce segment se mesure donc autrement que par
les quantités débarquées.
Si le Livre Vert en convient, il ne s'étend pas sur les voies et moyens
d'une déclinaison particulière de la PCP pour la petite
pêche.
Or la flottille des navires de petite pêche a concentré
l'essentiel des réductions de capacité enregistrées au
niveau français dans le cadre des POP successifs. En effet, le rapport
entre la « prime à la casse » et la valeur
vénale est beaucoup plus avantageux pour ces petites unités,
alors que l'impact en termes de préservation de la ressource de ces
sorties de flotte de navires souvent vétustes reste douteux. Il faut
donc revoir la logique du dispositif de préservation de la ressource.
En outre, la petite pêche est fortement dépendante de quelques
espèces (coquille Saint Jacques, langoustine, bar...) qui ne font pas
toujours l'objet d'une protection. C'est pourquoi il convient d'élaborer
pour ces espèces inféodées à l'espace côtier
des plans de gestion organisant une exploitation optimale des ressources dans
l'espace, dans le temps -suspension de la pêche en période de
frai, notamment pour le bar- et entre les différents segments de
flottille.
Enfin, la petite pêche, géographiquement très
éclatée et souvent peu organisée, doit être soutenue
dans ses initiatives collectives face aux multiples défis qu'elle doit
relever : accès à la ressource, au marché, à
la main d'oeuvre, au financement... Il convient donc de doter de plus de moyens
les organisations professionnelles de la petite pêche qui
répondent à un besoin d'animation particulièrement
important de ce segment. Il faut également faciliter l'accès au
marché de la petite pêche en aménageant pour elle les
dispositions limitatives des règlements nationaux Ofimer qui excluent du
champ d'intervention des aides les démarches visant à faire
valoir une marque collective. En effet, il est difficile pour les acteurs de la
petite pêche de se structurer autrement qu'autour d'une marque collective.
Votre rapporteur pour avis invite le Gouvernement, lors des prochains
débats entre Etats membres en vue d'élaborer le nouveau
règlement sur la PCP, à soutenir la position des professionnels
français face au Livre Vert : d'une part privilégier la
limitation des volumes de captures (TAC et quotas) comme instrument de gestion
de la ressource, accompagné de mesures techniques et d'un renforcement
des contrôles ; d'autre part, tenir compte de la dimension
socioéconomique et d'aménagement du territoire de
l'activité pêche. La France se doit de défendre ces deux
volets indissociables à Bruxelles, avec une ardeur à la mesure du
l'enjeu.
C. VOLET EXTERNE DE LA PCP : UN POSITIONNEMENT INTERNATIONAL À CONFORTER
1. Améliorer le réseau des accords de pêche sans occulter leur dimension commerciale
Les
accords de pêche communautaires (APC) désignent les accords
signés entre l'U.E. et un pays tiers visant à définir le
niveau ainsi que les conditions d'attribution et d'utilisation de droits
d'accès aux ressources halieutiques situées dans la zone
économique exclusive (ZEE) du pays tiers signataire.
Les APC relèvent de la politique commune des pêches dont ils
constituent l'un des volets.
Depuis le premier accord de pêche communautaire (APC) signé en
1977 avec les Etats-Unis, 29 accords au total ont été
signés.
Les APC ne constituent pas une catégorie homogène. Se retrouvent
sous cette même appellation différents accords que distinguent les
modes de compensation mis en oeuvre.
On parle d'
accords de réciprocité
lorsque l'APC repose sur
un échange de possibilités de pêche de part et d'autre. Ces
possibilités portent sur des espèces différentes et
permettent en général une continuité des activités
de pêche de chacun à l'intérieur de sa ZEE en fonction de
spécialités d'exploitation et d'intérêts commerciaux
distincts. La Norvège, la Suède avant son adhésion, les
Iles Féroé et l'Islande ont signé ce type d'accord.
Avec les pays tiers qui souhaitent concéder une part importante de
l'exploitation de leurs ressources dans leur propre ZEE, sans
réciprocité de droits d'accès, les APC se fondent sur le
versement d'une
contrepartie financière
à charge du budget
de l'U.E. et des armateurs qui bénéficient des droits
d'accès. L'ensemble des APC avec les pays africains et ceux de
l'Océan Indien entrent dans cette catégorie ainsi que l'accord
avec le Groënland.
Un autre aspect des APC est constitué par des dotations pour des actions
d'accompagnement de la coopération ou de contributions pour la dotation
directe de services publics propres au secteur des pêches :
recherche, formation ou administration.
Le budget communautaire consacré aux APC est passé de
5 millions d'euros en 1991 à près de 300 millions en
1997 et 276,1 millions en 2000. La contrepartie communautaire
(intervention publique) a été en moyenne, sur la période
1992-2000, de l'ordre de 270 millions d'euros (stabilité), tandis
que les redevances payées par les armateurs s'élevaient en
moyenne à plus de 32 millions d'euros (à la hausse). En
2000, les accords de pêche représentaient environ 28,5 % du
budget communautaire consacré à la politique commune de la
pêche (PCP). La contrepartie financière est de plus en plus
consacrée au financement d'actions ciblées telles que la
recherche, la formation, les appuis institutionnels, le contrôle et la
surveillance, les infrastructures à terre ou le soutien à la
pêche artisanale.
Pour la France, la politique communautaire des accords de pêche est un
élément essentiel de la PCP
. En effet, la flotte
française participe à deux types d'accords : les accords
« nord » constituent un accès indispensable aux
stocks (principalement lieu noir, cabillaud, maquereau, hareng, chinchard et
espèces profondes) de l'Atlantique nord pour nos navires basés
à Boulogne, Fécamp, Saint Malo, Lorient, et les accords
« ACP » permettent à la flotte thonière
d'avoir accès aux ZEE des Etats partenaires et ainsi de poursuivre la
ressource thonière du nord au sud de l'océan Atlantique et
à travers tout l'océan Indien occidental. L'exploitation de la
flotte française dans le cadre des accords permet ainsi à la
France de participer directement à l'approvisionnement de son
marché et de ses industries ; les aspects positifs des accords pour
l'Union européenne, notamment en matière de retombées
économiques et d'emplois, ont également été mis
à jour.
C'est pourquoi, votre rapporteur pour avis tient à réaffirmer
le rôle essentiel des accords de pêche dans la PCP, dans la ligne
des conclusions du Conseil des ministres de l'Union européenne du
30 octobre 1997 sur les relations extérieures en
matière de pêche. Ils contribuent à favoriser une
pêche durable et responsable, en luttant contre la pêche
illégale et en protégeant l'environnement
.
Les
accords de pêche de première génération
(essentiellement commerciaux, prévoyant un accès contre
redevance) négociés entre les pays riverains et l'Union
européenne sont le gage d'une bonne gouvernance qui évite la
privatisation rampante au profit des pavillons tiers et de complaisance de la
rente qui être dégagée d'une exploitation des ZEE des pays
en voie de développement contraire aux objectifs de la pêche
responsable, du principe de précaution, des organisations
régionales de pêche (O.R.P.) et de l'Union européenne.
Votre rapporteur pour avis souhaite que la Commission affirme en la
matière plus de détermination et de volonté à
participer activement, dans le respect du droit international et du principe de
la pêche responsable, à l'exploitation des ressources halieutiques
du globe partout où elles sont disponibles et accessibles, tant pour
assurer l'approvisionnement de la population que pour réduire sa
dépendance dans ce domaine vis-à-vis de l'extérieur.
Concernant les
accords dits de deuxième génération
,
comportant un volet « coopération et
développement » et signés essentiellement avec les pays
tiers en voie de développement, votre rapporteur pour avis rappelle le
caractère prioritairement commercial de ces accords, et estime que les
intérêts de la pêche communautaire doivent prévaloir.
Ceci n'empêche pas de favoriser le développement des
pêcheries locales, mais exige de soumettre les sociétés
mixtes aux mêmes règles sanitaires ou environnementales afin
d'éviter toute distorsion de concurrence.
C'est pourquoi il appelle le Gouvernement français à mieux
associer le secteur de la pêche aux négociations internationales
et à obtenir la stabilisation de la participation des professionnels au
financement de ces accords. En effet, la part de la redevance pour
l'accès à la ressource pèse de plus en plus dans les
coûts de production des professionnels concernés.
2. Défendre la pêche européenne dans les négociations commerciales internationales
Les
produits de la pêche sont consolidés au sein du GATT depuis les
années 1960. Lors des négociations du cycle de l'Uruguay,
les produits halieutiques et les produits industriels ont fait l'objet de
procédures de négociations similaires, comme lors des
précédents cycles de négociation.
Des négociations en vue de l'adoption du nouveau cycle de l'OMC ont
été menées en 2000 et se sont intensifiées en 2001
dans la perspective de la conférence ministérielle de Doha
(novembre 2001). Le contexte pour le secteur des produits de la
pêche se présente de manière défavorable comme cela
était le cas lors de la précédente conférence
ministérielle de Seattle.
En effet, un certain nombre de pays, tels les Etats-Unis, la
Nouvelle-Zélande, le Canada, le Chili, le Pérou, le Bangladesh et
les pays de l'APEC (Asia Pacific Economic Coorporation) se sont montrés
jusqu'à présent particulièrement
offensifs sur deux
thèmes : le démantèlement des protections tarifaires
d'une part, la disparition des subventions dans le secteur de la pêche
d'autre part
.
Ainsi, les pays de l'APEC, soutenus notamment par les Etats-Unis, avaient
placé les produits de la pêche parmi les secteurs pour lesquels
les droits de douane devaient être, selon eux, démantelés
en totalité en l'espace de dix ans.
Par ailleurs, les pays du groupe de Cairns, les Etats-Unis, la Norvège
et l'Islande notamment, préconisaient la constitution d'un groupe de
travail sur les subventions à la pêche avec l'objectif
affiché d'en obtenir la suppression. La création d'un tel groupe
a été à nouveau demandée dans la perspective du
nouveau cycle de négociations multilatérales.
Sur ces deux thèmes, votre rapporteur pour avis soutient que la France
et l'Union européenne ne peuvent accepter de telles propositions.
En ce qui concerne la libéralisation du commerce
, un
démantèlement total des droits de douane pour les produits de la
pêche, intégrés aux produits non agricoles, est
inacceptable. Seule une réduction limitée des protections aux
frontières, dans le cadre de la négociation globale des
différents secteurs non agricoles, est envisageable, les produits les
plus sensibles devant être par ailleurs préservés. Il
convient en effet de protéger notre filière pêche des
perturbations de marché que provoquerait, inévitablement, une
libéralisation excessive des droits de douane, et de maintenir les
avantages comparatifs accordés par l'Union, dans le cadre de sa
politique de développement, au profit de certains Etats tiers (pays ACP
par exemple).
En matière de subvention
, sous la pression de la France, l'Union
européenne a jusqu'ici toujours refusé que la question des
subventions dans le secteur de la pêche fasse l'objet d'une discussion
spécifique à l'OMC, d'autant que ce thème est
déjà examiné dans d'autres instances internationales
telles que la FAO ou l'OCDE. Ces subventions font partie intégrante de
la politique commune des pêches qui a pour objectif de faire en sorte que
l'activité de pêche se maintienne, grâce à un
encadrement sévère de celle-ci à travers les quotas de
pêche ou la limitation des capacités de la flotte, aux fins d'une
gestion durable et de la préservation de la ressource. Elles sont
nécessitées par l'écart notoire qui sépare dans le
contexte actuel le prix de la construction navale de ce que rapporte un navire,
ou le coût d'exploitation d'un navire du
« cash-flow » qu'il dégage.
Il est d'ailleurs significatif de constater que
le rapport de l'OCDE (2000)
sur les transferts publics à la pêche conclut que le Canada est le
pays qui subventionne le plus le secteur de la pêche (à hauteur de
25 %, contre 15 % par l'Union européenne)
.
Néanmoins, votre rapporteur pour avis est bien conscient que le contexte
international et communautaire, actuellement très favorable aux
préoccupations environnementales, rend la défense de cette
position de principe de plus en plus difficile. Si la France envisage
d'assouplir sa position en acceptant que la question des subventions à
la pêche soit évoquée, mais dans le cadre d'une
réflexion englobant l'ensemble des problématiques du secteur de
la pêche -accès à la ressource, encadrement de la flotte de
pêche, contrôles, pavillons de complaisance, mesures
techniques...-, elle ne doit pas hypothéquer la survie du secteur de la
pêche, sur laquelle votre rapporteur pour avis ne peut transiger.
Ce sujet demeure une préoccupation très forte de votre
Commission des Affaires Economiques, à la veille de la prochaine
conférence ministérielle de l'OMC.
CHAPITRE III -
LE PROJET DE BUDGET DES PÊCHES MARITIMES
ET DE
L'AQUACULTURE
I. L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES DOTATIONS
A. UN PREMIER BILAN POUR 2001
Selon
les informations fournies à votre rapporteur, l'exécution du
budget 2001 en cours peut être analysée de la façon
suivante :
Le
chapitre 36-22
(Subvention de fonctionnement à divers
établissements publics), article 14 (Institut Français de
Recherche pour l'Exploitation de la Mer -
IFREMER
), a été
doté en loi de finances initiale 2001 de 0,53 millions d'euros
(3,45 millions de francs). Le versement de cette subvention est soumis
à l'établissement d'une convention entre l'Etat et l'IFREMER.
Aucun versement n'est intervenu à ce jour, les paiements intervenant au
cours du mois de novembre sur présentation des factures.
Le
chapitre 44-36 (Pêches maritimes et aquaculture - subvention
et apurement FEOGA)
a été doté en loi de finances
initiale 2001 de 24,77 millions d'euros (162,48 millions de francs)
auxquels se sont ajoutés 6,9 millions d'euros (45,27 millions de
francs) de reports (arrêtés du 26 février et du 27
mars 2001) et 0,29 million d'euros (1,91 million de francs) de fonds de
concours.
Le montant des crédits ouverts au chapitre 44-46 s'élevait,
pour 2001 à 31,67 millions d'euros (207,75 millions de francs) se
répartissant ainsi :
Les crédits de l'article 20
(Intervention en faveur
des entreprises de pêche et d'aquaculture)
étaient de 17,07
millions d'euros (111,97 millions de francs).
Les dépenses intervenues à ce jour sur cet article sont de 12,01
millions d'euros (78,77 millions de francs), soit :
- 5,57 millions d'euros (36,55 millions de francs) au titre des
caisses chômage intempéries (1,71 millions d'euros au titre
du solde 2000 et 3,86 millions d'euros correspondant à 65 % de
la dotation : 5,95 millions d'euros) ;
- 5,08 millions d'euros (33,35 millions de francs) au titre des
sorties de flotte 2000 et 2001 ;
- 0,98 million d'euros (6,425 millions de francs) au titre des
contrats de plan Etat/Régions 2000-2006 ;
- 0,29 million d'euros (1,93 million de francs) au titre de la
société Interpêche ;
- 0,05 million d'euros (0,35 million de francs) au titre de la convention
DPMA/CNPM relative à la mise en oeuvre du schéma d'observateurs
prévu par le règlement (CE) n° 1162/2001 de la
Commission du 14 juin 2001 relatif au plan de restauration du
merlu ;
- 0,02 million d'euros (0,158 million de francs) au titre de la
pisciculture.
Sur les 9 premiers mois de l'année, le taux de consommation de cet
article s'élève à 70,35 %.
L'article 30 (Office interprofessionnel des produits de la mer
OFIMER)
s'élève à 14,60 millions d'euros
(95,78 millions de francs) pour la loi de finances initiale 2001.
Les dépenses intervenues à ce jour se montent à 6,86
millions d'euros (45 millions de francs), au titre du versement partiel de
la subvention à l'OFIMER. Le solde sera versé dans le courant du
quatrième trimestre.
Le total des dépenses intervenues à ce jour sur ce chapitre est
de 18,87 millions d'euros (123,77 millions de francs). Les crédits
ouverts sur l'ensemble du chapitre 44-36 ont donc été
utilisés à hauteur de 59,58 %.
En ce qui concerne le
chapitre 64-36
(Pêches maritimes et
aquaculture - subventions d'équipement)
:
En autorisations de programme :
Le chapitre 64-36 a été doté en loi de finances initiale
de 5,24 millions d'euros (34,40 millions de francs) auxquels se sont
ajoutés 11,06 millions d'euros (72,524 millions de francs) de
disponible en fin de gestion, moins un blocage pour apurement de 0,23 million
d'euros (1,49 million de francs), soit 16,30 millions d'euros
(106,92 millions de francs) de crédits ouverts pour 2001.
Les délégations ou affectations intervenues à ce jour
s'élèvent à 5,41 millions d'euros (35,5 millions de
francs).
Elles se décomposent ainsi :
- 1,31 million d'euros (8 ,576 millions de francs) au titre du
renouvellement et de la modernisation des navires, dont 1,24 million d'euros
(8,12 millions de francs) au titre des contrats de plan ;
- 1,82 million (11,95 millions de francs) au titre de l'aquaculture,
dont 11,737 millions de francs au titre des contrats de plan ;
- 2,28 millions d'euros (14,98 millions de francs) au titre des
investissements à terre au titre des contrats de plan.
Le montant des autorisations de programme mises en place est réduit de
0,45 million d'euros (2,95 millions de francs) d'atténuations de
dépenses (réduction d'autorisations de programme,
dégagement sur opérations terminées, reliquats
d'autorisations de programme).
Le montant net des autorisations de programme déléguées ou
affectées s'élève donc à 4,96 millions d'euros
(5,41 millions d'euros - 0,45 million d'euros).
Le taux de consommation à ce jour des autorisations de programme du
chapitre par rapport aux crédits ouverts s'élève donc
à 30 %.
A ce jour, le disponible du chapitre 64-36 est de 11,11 millions d'euros
(16,30 millions d'euros - 0,23 million d'euros - 4,96 millions
d'euros).
Pour ce qui concerne les investissements à la pêche, le faible
montant des dépenses résulte du report des investissements
prévus
en raison de difficultés de trésorerie dues
à l'augmentation du prix des carburants, aux incertitudes qui ont
pesé sur l'évolution des marchés à la suite de la
tempête et de la marée noire, et également à la
saturation des chantiers navals due au report des modernisations et des
constructions prévues en 1999 et 2000 à la suite de la
délivrance de près de 80 permis de mise en exploitation fin
1999.
Pour ce qui concerne les investissements à terre et les
investissements en aquaculture, une reprise des investissements a
été sensible en 2001
. La mise en place définitive des
contrats de plan Etat/région a permis d'accentuer cette reprise des
investissements.
En crédits de paiement :
Le chapitre 64-36 a été doté en loi de finances initiale
2001 de 3,06 millions d'euros (20,10 millions de francs) auxquels se sont
ajoutés 8,9 millions d'euros (58,35 millions de francs) de reports,
soit un total de 11,96 millions d'euros (78,45 millions de francs) de
crédits ouverts pour 2001.
Les dépenses intervenues à ce jour sont de 2,88 millions d'euros
(18,92 millions de francs) et se répartissent ainsi :
- 1,69 million d'euros (11,11 millions de francs) au titre du
renouvellement et de la modernisation des navires ;
- 0,08 million d'euros (0,51 million de francs) au titre de
l'aquaculture ;
- 1,11 million d'euros (7,30 millions de francs) au titre des
investissements à terre (mise aux normes des halles à
marées et de l'équipement des ports de pêche).
Le taux de consommation actuel des crédits de paiement du chapitre par
rapport aux crédits ouverts s'élève à 24,12 %.
Le faible taux de consommation vient du ralentissement des investissements
à la pêche, notamment en matière de construction de navires
et surtout du retard pris dans la mise en place de contrats de plan
Etat-Région.
Le rattrapage de ce retard est en cours.
B. LE PROJET DE BUDGET POUR 2002
(en millions d'euros)
AGRÉGAT 24 : GESTION DURABLE DES PÊCHES MARITIMES ET DE l'AQUACULTURE |
2001
|
2002
|
Variation PLF 2002/
|
Dépenses ordinaires
(Chapitre 44-36)
|
10,17
|
11,69
|
+15 %
|
Dépenses en capital
(chapitre 64-36)
|
2,06 CP
|
1,56 CP
|
-24 %
|
-
Article 30
|
1,01 CP
|
0,72 CP
|
-29 %
|
TOTAL DO + CP hors autorisations de programme (1) |
27,83 |
27,06 |
-3% |
Subvention IFREMER (Chapitre 36-22 article 14) |
0,53 |
0,53 |
- |
Les
dotations affectées aux secteurs de la pêche maritime et de
l'aquaculture telles que retracées par l'agrégat 24 du
budget de l'agriculture et de la pêche s'élèvent pour 2002
à 27,06 millions d'euros, en diminution de 3 % par rapport au
budget pour 2001.
La dotation du chapitre 44-36 qui permet, d'une part, de poursuivre
l'adaptation de la filière pêche et de financer, d'autre part, des
actions ciblées facilitant la mise en oeuvre du programme communautaire
d'orientation pluriannuel de la flotte de pêche stagne en euros courants,
ce qui représente une diminution égale au taux d'inflation en
euros constants.
S'agissant du chapitre 64-36, qui diminue de 25 % (après avoir
diminué de 50 % l'an dernier), il contribuera, comme depuis de
nombreuses années, mais de plus en plus modestement, à la
modernisation de la flottille,
notamment en matière de valorisation
qualitative des produits (modernisation en froid des navires...)
, ainsi
qu'à l'équipement matériel léger
comme
l'informatisation des criées
.
II. LES ORIENTATIONS PRIORITAIRES
A. LES ACTIONS STRUCTURELLES DE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE MENÉES PAR L'OFIMER
L'OFIMER, structure interprofessionnelle d'accompagnement du
marché ayant succédé au FIOM depuis 1999, remplit deux
missions :
-
contribution à l'organisation économique du
marché et à une meilleure valorisation des produits de la
mer
: l'OFIMER appuie l'intervention des organisations de producteurs
dans la régulation du marché (retraits, reports...). Un tiers du
budget qu'il y consacre concerne les espèces couvertes par la PCP (les
fonds provenant alors essentiellement du FEOGA), deux tiers les autres
espèces ;
-
actions d'orientation, de gestion de la ressource et de
défense des intérêts de la filière
:
l'OFIMER promeut les produits, favorise les investissements améliorant
leur qualité et appuie la modernisation des équipements à
terre (halles à marée, entreprises de marayage...).
Le montant de la subvention à l'OFIMER (13,08 millions d'euros), en
baisse de 10 %, doit lui permettre d'exercer la diversité de ses
missions.
B. LES ACTIONS RELATIVES À LA FLOTTE DE PÊCHE ET AUX INVESTISSEMENTS À TERRE
En
matière de flotte de pêche, les crédits destinés
à l'ajustement de l'effort de pêche à l'état de la
ressource (11,69 millions d'euros) sont en hausse de 15 %.
L'ensemble des efforts de l'Etat en matière de crédits
d'investissement baissent fortement à 2,28 millions d'euros. Ils sont
destinés :
- au maintien d'une flotte de pêche performante et
compétitive par la modernisation et le renouvellement de l'outil
existant (1,56 million d'euros) ;
la baisse de 24 % de ce
poste est à déplorer au regard du vieillissement de la flotte et
des risques induits pour la sécurité
;
- au respect des engagements de l'Etat pour les équipements
à terre, notamment en matière de modernisation des ports de
pêche, d'informatisation et de mise en réseau des halles à
marée (0,72 million d'euros).
La baisse de cette enveloppe budgétaire (-29 %) témoigne
notamment du manque de reconnaissance du rôle des criées face
à l'objectif de traçabilité
.
C. L'EFFORT DE RECHERCHE
La
subvention à l'IFREMER se maintient à 0,53 million d'euros.
Ceci signifie une
baisse en valeur réelle que votre rapporteur pour
avis regrette d'autant plus que les débats sur le future PCP ont mis au
jour la nécessité de renforcer l'effort de recherche
, tant
pour parvenir à une meilleure estimation de l'état des stocks et
de la corrélation entre la capacité de pêche et le taux de
mortalité de la ressource que pour accroître la
sélectivité des engins et proposer ainsi une alternative
crédible aux plans d'orientation pluriannuels de réduction de la
flotte.
Une
autre priorité de la réforme de la PCP, à savoir le
contrôle de son exécution, n'est pas lisible
dans le budget
des pêches maritimes et de l'aquaculture. En effet, la Direction des
pêches et de l'aquaculture (DPMA) du MAP est en charge de la
définition de la politique de contrôle des pêches ; en
revanche, les moyens qui sont alloués à cette mission
relèvent d'autres ministères, principalement le ministère
de l'équipement, des transports et du logement (Direction des affaires
maritimes et des gens de mer), mais aussi le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie (Direction
générale des douanes) et le ministère de la défense
(Gendarmerie et Marine Nationale).
Votre rapporteur pour avis ne saurait se prononcer sur ces budgets, mais
rappelle au Gouvernement la nécessité de renforcer les moyens de
contrôler à terre comme en mer.
Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la Commission des
Affaires économiques a donné un avis défavorable à
l'adoption des crédits du ministère de l'agriculture et de la
pêche pour 2002 consacrés à la pêche maritime et
à l'aquaculture.
ANNEXE -
RÉPONSES ÉCRITES DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET
DE LA PÊCHE AUX QUESTIONS POSÉES PAR M. ALAIN GÉRARD,
RAPPORTEUR POUR AVIS DU BUDGET DE LA PÊCHE, LORS DE L'AUDITION DU
MINISTRE DEVANT LA COMMISSION LE 7 NOVEMBRE 2001
Question n° 1
Le blocus des ports bretons manifeste l'inquiétude des pêcheurs,
notamment face au Livre Vert européen qui préconise une nouvelle
diminution de 40 % de l'effort de pêche, et la baisse de 3 %
des crédits consacrés à la pêche en 2002 n'est pas
un signal propre à les rassurer. Le Gouvernement a-t-il
réellement la volonté politique de défendre la pêche
française?
Réponse
Le Gouvernement mène, bien entendu, une politique des pêches et
défend les intérêts des pêcheurs français.
Au niveau national, cette politique s'exprime à travers les grands axes
de la loi d'orientation :
- gestion durable de la ressource ;
- modernisation de la flottille et des entreprises de pêche ;
- politique de filière reposant sur le pilotage de la production
par le marché et la mise en oeuvre de démarches de
qualité ;
- modernisation des relations sociales.
Au niveau communautaire, la France est toujours à l'avant garde de la
défense des intérêts des pêcheurs. Deux exemples
peuvent être cités.
C'est grâce à l'action déterminée de la France que
dans la réforme des fonds structurels, les aides à la
construction et à la modernisation ont pu être maintenues.
De même, au dernier conseil TAC et Quotas, la France a obtenu leur
maintien à un niveau compatible avec l'exploitation de nos navires.
Mais la France porte également des propositions pour faire avancer la
PCP : lancée sous sa présidence, l'idée de la
gestion pluriannuelle des TAC et des Quotas est aujourd'hui sur le point
d'aboutir. Il en va de même de la mise sous TAC de nouvelles
espèces (espèces profondes, bar).
Enfin, le mémorandum sur la réforme de la PCP
préparé en 2000 avec les professionnels a déjà
apporté une contribution significative au débat qui s'est
engagé sur la gestion de la flotte.
Le ministre est déterminé à continuer de défendre,
avec acharnement, les intérêts de la pêche française
dans les débats actuels sur les plans de restauration et les quotas
comme dans la préparation de la future réforme de la PCP.
Question n°2
Vous proposez pour 2002 que les dépenses en capital consacrées
à la modernisation de la flotte diminuent de 25 %, après une
baisse de 50 % l'an dernier, et justifiez cette baisse par des reports de
crédits. Dès lors :
- comment expliquez-vous ces reports de crédits, alors que le
vieillissement de notre flotte ne se dément pas et menace sa
sécurité ? Quelles solutions préconisez-vous pour relancer
l'investissement dans la modernisation des bateaux ?
- ces reports de crédit ne pourraient-ils autoriser un
redéploiement en faveur de la recherche, ce qui permettrait ainsi
à l'IFREMER -dont les crédits stagnent- d'affiner ses
prévisions sur l'état des ressources et d'améliorer la
sélectivité des engins de pêche ?
Réponse
:
Il faut se rappeler que la crise des années 90 puis la suspension
des aides publiques imposée par Bruxelles, en raison des contraintes
liées au POP III, ont fortement ralenti le renouvellement de la
flotte française.
Dès 1999, le ministre a réussi à obtenir de la Commission
que la France puisse reprendre les investissements et assurer ainsi la relance
d'une dynamique de renouvellement indispensable au maintien de la
compétitivité des flottilles comme à leur adaptation aux
nouvelles exigences en matière de sélectivité, de
sécurité et de qualité.
Depuis, le ministre a ouvert chaque année un contingent de
capacité permettant la réalisation, dans le cadre de la
réglementation communautaire, des projets présentés par
les pêcheurs : 25.000kW en 1999, 37.000kW en 2000 et près de
30.000 encore cette année.
Mais il y a forcément un délai dans la mise en oeuvre effective
de ces projets, lié aux démarches individuelles des
pêcheurs, d'une part, et au plan de charges des chantiers navals, d'autre
part. Ceci est d'ailleurs prévu par le décret qui fixe les
règles de délivrance des permis de mise en exploitation des
navires de pêche puisque ce texte leur confère une durée de
vie de plusieurs années précisément pour intégrer
ces paramètres.
Enfin le ministre souligne deux points qui lui paraissent significatifs de sa
détermination à accompagner dans les meilleures conditions
possibles le renouvellement et la modernisation des flottilles :
- pour la première fois en 2001, il a décidé de
prendre en compte toutes les demandes de construction et de modernisation qui
seraient présentées par les pêcheurs dès lors
qu'elles sont compatibles avec les dispositions communautaires et ceci sans
calibrer à priori le montant de l'enveloppe comme c'était le cas
jusqu'ici ;
- il voudrait ensuite rappeler que dans le cadre du nouveau programme
IFOP, il a décidé de doubler (et même un peu plus) le taux
de la participation de l'Etat dans les aides à la flotte pour compenser
le désengagement communautaire, induit par la récente
réduction de 30 à 15 % de sa contribution. Il ajoute que
l'effet de ce doublement est encore accru par le relèvement de plus d'un
tiers des plafonds d'aides publiques autorisés par le nouveau
règlement IFOP.
S'agissant du problème particulier de la sécurité auquel
il est très attentif, il travaille avec son collègue Gayssot
à la mise en place d'un plan spécifique qui
bénéficiera d'un financement adapté.
S'agissant de l'Ifremer dont le budget ne relève pas de son
département mais du BCRD, une meilleure mobilisation des crédits
est recherchée avec l'institut. Ainsi les services du Ministère
de l'Agriculture et de la Pêche s'emploient à faire
bénéficier l'IFREMER des crédits communautaires sur
l'évaluation de la ressource. Le nouveau règlement sur la
collecte des données de base apportera une contribution significative
aux campagnes à la mer. De même des études sur la
sélectivité sont financées par l'IFOP.
Au-delà, la question n'est pas tant d'augmenter les moyens
affectés à ces travaux que de parvenir à un meilleur
dialogue entre scientifiques et professionnels et à une meilleure prise
en compte des différents facteurs qui influent sur l'évolution
des stocks (climat, pollution, ...) et pour lesquels les compétences
existent à l'IFREMER.
Question n° 3
Alors que le Gouvernement affiche le souci d'assurer la
traçabilité des produits alimentaires pour garantir leur
qualité, quel soutien le Gouvernement compte-t-il apporter aux
criées, acteur essentiel dans la mise en place d'une telle
traçabilité ? Je m'inquiète, à ce propos, de la
baisse de 29 % des dépenses consacrées aux investissements
à terre.
Réponse
Le Gouvernement soutient largement et depuis très longtemps, à
travers les crédits gérés directement par les services du
ministère de l'agriculture et de la pêche et à travers ceux
accordés à l'OFIMER, les investissements réalisés
dans les criées, tant pour leur mise aux normes sanitaires que pour leur
modernisation, leur informatisation...
Rien aujourd'hui ne vient remettre en question cette politique.
L'évolution des crédits gérés par le
ministère ne vient que traduire le souci des gestionnaires portuaires
eux-mêmes d'améliorer leur compétitivité en
rationalisant les investissements nouveaux, les programmes les plus lourds,
notamment ceux liés à la mise aux normes sanitaires, étant
maintenant réalisés.
A l'heure où la traçabilité apparaît toujours plus
d'actualité, en particulier puisque devra être assuré le
suivi tout au long de la filière des informations qui devront être
obligatoirement apportées aux consommateurs au
1
er
janvier prochain, le Gouvernement, à travers les
services du ministère et à travers l'OFIMER entend bien
poursuivre, comme par le passé, son intervention en faveur des
criées. Celles-ci savent que leurs besoins seront pris en compte, y
compris ceux liés à la traçabilité des produits et
des informations.
Question n°4
Comment le Gouvernement entend-il restaurer l'attractivité du
métier de pêcheur auprès des jeunes et quelle
réforme de l'enseignement maritime envisage-t-il à cette fin ?
Réponse
Il s'agit de deux questions essentielles pour le secteur de la pêche qui
se trouve confronté aujourd'hui à des difficultés
considérables -qui vont d'ailleurs s'accentuant-. Ce
phénomène n'est d'ailleurs pas spécifique à la
pêche mais se rencontre aussi dans d'autres domaines :
l'hôtellerie, la restauration, le transport routier.
Certains navires restent effectivement à quai, faute d'équipage,
et les armements font par ailleurs de plus en plus appel à une main
d'oeuvre nouvelle, différente du « vivier
habituel » : main d'oeuvre étrangère en provenance
notamment des pays de l'Est, ou ressortissants de l'Union Europénne,
mais aussi des français -plutôt de jeunes adultes- ayant une
expérience professionnelle à terre et qui veulent changer
d'orientation.
Chacun peut faire ce constat. Et chacun -élu, professionnel
administration- s'accorde à dire qu'il faut d'abord améliorer
l'image du métier pour le rendre plus attractif.
Pour ce faire, encore fallait-il en connaître précisément
les causes. C'est aujourd'hui chose quasiment faite avec le diagnostic qui a
été rédigé par le biais d'un contrat
d'études prospectives à la pêche dont les propositions
doivent être validées par la profession en tout début
d'année prochaine.
Sans être exhaustif, quelques pistes peuvent être citées
à ce stade :
une amélioration des conditions de vie, de travail et de
sécurité à bord des navires.
une meilleure communication. Certes, le métier est difficile, mais il
offre de réelles possibilités de promotion sociale et de
rémunération.
enfin, une modification en profondeur de notre système de
formation :
- en développant par exemple l'apprentissage et les formations en
alternance ;
- en améliorant aussi les méthodes pédagogiques,
notamment pour les BEP et CAP dont les contenus ont été
réformés et en complétant la filière par un bac
professionnel à la pêche ;
- en ouvrant aussi l'accès au métier à ceux qui,
ayant déjà une qualification professionnelle
« terrestre » désirent embarquer. Ce sera fait au
travers de la validation des acquis de l'expérience professionnelle par
la modularisation de notre enseignement et en étoffant la filière
courte du certificat d'initiation nautique (CIN) ;
- il faudra aussi -et c'est une question difficile compte tenu des
problèmes financiers (pertes de revenus) qu'il pose aux marins
pêcheurs- améliorer le dispositif de formation continue, dont
l'importance est toute particulière à la pêche.
Il faut aussi évoquer le passage sous statut public de l'enseignement
maritime secondaire, qui en fait désormais une filière
professionnelle à part entière.
Mais tout ceci doit se faire avec la profession.
Il faut en effet améliorer une image aujourd'hui trop négative,
peut-être d'ailleurs en recourant à une campagne active de
communication.
Question n° 5
Qu'envisage de faire le Gouvernement si la procédure d'enquête
ouverte par la Commission européenne sur la compatibilité des
mesures nationales avec la réglementation communautaire devait aboutir
à condamner la France ?
Réponse
Face à la grave situation induite par la hausse brutale et
exceptionnelle du prix du gazole, le Gouvernement a mis en oeuvre des mesures
d'urgence dès le mois d'avril 2000 et a poursuivi cet effort sans
précédent jusqu'au début de l'année 2001,
voire jusqu'aux dernières semaines pour certains allègements de
charge.
Plusieurs Etats membres ont également pris des dispositions
exceptionnelles pour leurs pêcheurs. La Commission, quant à elle,
est restée sourde à tous les appels de la France en faveur d'un
traitement commun de cette crise généralisée.
En février dernier, elle a ouvert une procédure d'enquête
sur les mesures mises en place en France, mais également en Espagne, en
Italie, aux Pays-Bas et en Belgique.
Déterminé à défendre le bien-fondé du
dispositif mis en oeuvre en France, le Gouvernement a répondu à
toutes les questions posées en argumentant point par point sur tous les
griefs listés dans la lettre de procédure. De nombreux
éléments concernant les mesures plus structurelles,
engagées avec l'ADEME notamment, ont également été
communiquées à la Commission qui en étudie attentivement
les progrès.
Selon les informations dont dispose le ministère de l'agriculture et de
la pêche, la Commission n'a pas terminé l'analyse des cinq plans
mis en oeuvre dans l'Union pendant cette crise et à cet égard, le
dossier ne serait pas forcément le plus mauvais... En tout cas, le
ministère de l'agriculture et de la pêche continuera à se
battre pour que soit reconnue la légitimité de l'action du
Gouvernement en faveur de la pêche française.
Question n° 6
Par quels moyens le Gouvernement compte- t- il renforcer le contrôle,
à terre comme en mer, de l'application de la politique commune de la
pêche ?
Réponse
Le Gouvernement attache la plus grande importance à la
problématique du contrôle des pêches. La mise en oeuvre
effective de la réglementation communautaire est en effet une condition
essentielle de la crédibilité et de l'efficacité de la PCP.
La circulaire du Premier ministre du 8 septembre 2000 a défini
les principes d'organisation dans le but de renforcer l'efficacité de
notre dispositif de contrôle. Sous la responsabilité du
ministère de l'agriculture et de la pêche, la direction des
pêches maritimes et de l'aquaculture est chargée de définir
la politique du contrôle et d'en suivre l'application par les
différentes administrations en charge des contrôles.
C'est ainsi que, pour la première fois, en 2001, un plan de
contrôle national a été élaboré et mis en
oeuvre. Il définit les priorités nationales et régionales
du contrôle afin de donner des lignes directrices claires aux services en
charge des contrôles.
Le ministre de l'agriculture et de la pêche observe avec satisfaction que
les administrations en charge des contrôles s'attachent à
renouveler et moderniser leurs équipements et à améliorer
la formation de leurs agents.
Il souligne également l'effort qui est mené pour associer les
professionnels de la pêche aux réflexions sur le contrôle.
En effet, le contrôle sera d'autant mieux accepté que ses
objectifs et ses modalités seront compris et partagés par ceux
à qui il s'applique.
Enfin, au plan communautaire, il s'attache à promouvoir des
contrôles toujours plus équitables et harmonisés afin de
garantir une égalité de traitement entre les pêcheurs des
différents Etats membres. A cette fin, et dans le contexte de la
réforme de la PCP, il a proposé que les pouvoirs des services
d'inspection de la Commission soient renforcés.
1 RIC : réseau inter-criées de collecte des données de vente de la pêche fraîche débarquée dans les ports français. Ce réseau est géré par l'OFIMER.