3. Un système récent dans sa forme actuelle
Malgré l'ancienneté et l'importance de
l'enseignement en Corée, ses caractéristiques actuelles sont
récentes.
________________________
14
Source de l'information télévisée KBS
Séoul, septembre 1993.
Jusqu'en 1887, l'enseignement était strictement
réservé aux garçons. La première ouverture aux
filles eut lieu l'année suivante, avec la création de deux
écoles de filles à Séoul par des missionnaires
américains. La nouvelle politique éducative du gouvernement
royal, marquée par l'adoption, en 1894, d'un système scolaire
d'inspiration occidentale, a été interrompue par l'occupation
japonaise. La mise en place du système éducatif actuel date
seulement de 1945, après le départ des Japonais. C'est le
commandement militaire américain, responsable du Sud de la Corée,
qui réorganisa l'enseignement en s'inspirant du schéma des
Etats-Unis.
a) L'enseignement primaire
La majorité des écoles primaires sont
publiques et mixtes. L'enseignement dure six ans (de la première
à la sixième) et dispense huit matières principales dans
le cadre d'un programme national : morale, coréen, études
sociales, arithmétique, sciences naturelles, éducation physique,
musique et beaux-arts. En quatrième année, sont ajoutés
les travaux ménagers. Tous les manuels scolaires sont
édités et diffusés par le Ministère de l'Education.
Les enfants vont en classe du lundi au samedi midi sans interruption. Il faut
noter l'importance donnée aux matières artistiques, que les
enfants approfondissent à l'extérieur. Les parents les inscrivent
à des cours privés, où ils suivent au moins une ou deux
disciplines différentes (musique, peinture, arts martiaux,
calligraphie...). La connaissance de ces matières forme ainsi la culture
générale des enfants coréens. Depuis quelques
années, l'apprentissage de l'anglais est aussi très suivi.
Pendant toute cette période, les parents sont omniprésents dans
la vie de l'école et des enfants. L'échec scolaire n'existe pas
car, poussés par leurs parents, les petits Coréens savent lire et
écrire avant d'entrer dans le primaire.
Les maîtres d'écoles sont, en général,
nommés dans leur région natale après quatre ans
d'école normale. Chacun s'occupe entièrement d'une classe qui
compte entre trente et cinquante écoliers.
b) L'enseignement secondaire
A l'âge de douze ans, tous les
élèves débutent l'enseignement secondaire. La
mixité devient rare. Il y a autant de professeurs que de
matières, mais en plus de ses cours, chaque enseignant est chargé
de la direction des études pour une classe entière : il rencontre
ses élèves au début et à la fin de chaque
journée, surveille leurs études, remplit les tâches
administratives, etc. Ces enseignants ont généralement suivi
quatre ans de formation dans les facultés de pédagogie.
Le secondaire comprend deux cycles de trois ans chacun.
En premier cycle
, douze matières sont dispensées :
éducation civique, coréen, composition littéraire,
idéogrammes chinois, anglais, mathématiques, histoire de la
Corée, géographie, biologie, éducation physique, musique
et beaux-arts. S'y ajoutent, pour les écoles de filles, la gestion
ménagère et la danse et, pour celles de garçons, les
travaux ménagers et techniques. Les élèves ont huit
à neuf heures de cours par jour, du lundi au samedi midi, plus une
à deux heures par semaine d'activités hors programmes.
En second cycle
, le programme comprend douze matières
principales et obligatoires (coréen, anglais, seconde langue
étrangère, mathématiques, histoire, géographie,
biologie, chimie, physique, géologie, éducation physique et
gestion ménagère ou technologie), des cours facultatifs (musique,
beaux-arts, danse, composition littéraire, idéogrammes
chinois...) et une séance par semaine d'activités hors programmes.
L'enseignement des langues étrangères
est centré
sur l'anglais, première langue obligatoire ; les secondes langues sont
introduites en second cycle sur un programme extensif, une à trois
heures par semaine. Le choix d'une seconde langue ne dépend pas de
l'élève, mais de l'établissement qu'il fréquente.
Les contenus de l'enseignement et les ouvrages sont conçus et
édités par le Ministère de l'Education.
L'évaluation
intervient systématiquement en fonction des
matières. Les lycéens ont, au début de chaque semaine, un
contrôle des matières fondamentales, à la fin de chaque
mois un examen dans toutes les matières et l'étape finale de
leurs études est marquée par le concours d'entrée en
faculté. Leur apprentissage est donc un parcours rempli
d'épreuves à passer en permanence, au point qu'ils n'ont pas le
temps d'approfondir leurs connaissances, ni de rattraper les retards ; ils
doivent apprendre très rapidement tout ce qui est enseigné dans
un programme intensif. L'abondance des cours particuliers peut s'expliquer par
le désir des lycéens de remédier à leurs
difficultés de compréhension et de combler les lacunes des cours
à l'école.
A la fin du premier cycle
, les élèves qui souhaitent
rapidement trouver un emploi optent pour l'enseignement professionnel
dispensé dans les lycées techniques. A la sortie, ces
élèves sont embauchés principalement dans les usines et
les banques, où ils mettent en pratique les connaissances acquises.
L'ouverture récente de lycées spécialisés
dans différents domaines, langues étrangères,
sciences, technologie, marine marchande et sport, va accélérer
les processus de formation des personnels qualifiés. Auparavant, seuls
existaient les lycées de musique et de beaux-arts.
Par ailleurs, il faut souligner
l'importance de l'éducation physique
tout au long du cursus scolaire : elle est obligatoire au concours
d'entrée en faculté, avec cinq ou six épreuves distinctes.
Le sport est également omniprésent dans les programmes
d'université. Dans tous les établissements scolaires et
universitaires, sont organisées chaque année des rencontres
sportives, permettant ensuite de participer à des épreuves
régionales et nationales. Les meilleurs athlètes lycéens
sont directement admis en faculté, sans concours.
Les écoles
organisent aussi des activités extra-scolaires
: sorties au cinéma, au théâtre et au musée,
excursions de printemps et d'automne, où les élèves se
détendent en pleine nature, voyages scolaires de fin d'études...
Les séjours linguistiques sont rares chez les lycéens : la
pratique de la langue est peu prise en compte dans l'enseignement et les
programmes d'études sont déjà surchargés.
Néanmoins, pour les langues occidentales, la destination la plus
fréquente demeure les Etats-Unis. Les élèves des
lycées de langues étrangères se rendent plutôt au
Japon ou à Taïwan, en raison de leur proximité
géographique et de leur influence grandissante.
Les lycéens
participent également à de nombreux
concours proposés soit par le Ministère de l'Education (concours
de mathématiques, concours de l'invention technologique...), soit par
les universités ou les journaux publiés en anglais (concours de
rhétorique anglaise...) ou encore par les médias locaux (divers
concours de musique et de beaux-arts...). Les gagnants obtiennent des bourses
pour financer leurs études ou la permission d'entrer sans examen en
faculté.
c) L'enseignement supérieur
80 % des établissements supérieurs sont
privés et plus d'un tiers se trouve dans la capitale. La mixité
regagne du terrain ; une dizaine de facultés seulement sont
féminines. La plupart de ces universités sont récentes et
toujours présidées par leur fondateur. Le président est
secondé par trois directeurs, l'un en charge des étudiants, le
second en charge des contenus de l'enseignement et le troisième de
l'administration et des finances. Les deux premiers sont des professeurs
titulaires, élus par le conseil des enseignants. Cette organisation
administrative est également valable pour les établissements
secondaires, avec une appellation légèrement différente.
L'enseignement supérieur
comprend les diplômes suivants :
- licence au terme de 4 ans d'études ;
- maîtrise au terme de 6 ans d'études;
- doctorat au terme de 11 ans d'études.
Pour passer de licence en maîtrise, il faut, bien sûr, avoir
obtenu le diplôme mais, de plus, satisfaire à un concours
d'entrée dans le cycle supérieur. Il en est de même de la
maîtrise en doctorat. Le premier diplôme donne lieu à la
rédaction d'un mémoire, les deux autres à celle d'une
thèse. Les épreuves orales n'existent pas, seul un entretien est
inclus dans chaque concours.
Les objectifs principaux
de l'enseignement supérieur consistent,
d'une part, à former des esprits ouverts et cultivés, d'autre
part, à préparer chaque individu à la vie active et
à son insertion professionnelle. Ce sont donc des objectifs à la
fois culturels et pratiques.
Les matières de culture générale, négligées
pendant la période de préparation du concours d'entrée
-elles ne font pas partie du programme- sont reprises au début de
l'enseignement supérieur. A l'instar du système américain,
les deux premières années universitaires permettent de
compléter la culture générale. L'éventail des
matières proposées est très large : les étudiants
doivent en choisir deux ou trois parmi l'histoire, l'histoire de l'art, la
philosophie, la psychologie, l'anthropologie, la sociologie, l'informatique et
les langues étrangères. L'enseignement de ces matières
prend autant de temps que celui de la spécialité suivie et il se
poursuit jusqu'à la fin des études, mais avec un horaire plus
réduit.
Les étudiants
ne se contentent pas de l'enseignement offert par
l'université, mais fréquentent aussi des cours privés pour
compléter leur formation, surtout en informatique et en langues
étrangères. Ces matières, pour lesquelles l'enseignement
est insuffisant, sont indispensables à double titre : les concours
d'entrée en maîtrise et en doctorat comprennent obligatoirement
l'anglais et une seconde langue étrangère, allemand ou
français ; si l'étudiant veut être embauché dans une
entreprise, il doit passer un concours comportant systématiquement
l'anglais et l'informatique.
L'université prépare également aux carrières
spécialisées qui, en France, relèveraient d'écoles
spécifiques : instituteurs, infirmières, secrétaires,
pilotes, hôtesses de l'air, guides touristiques, carrières
militaires...
Les universités
sont largement sollicitées par des
organismes extérieurs pour participer à des manifestations
culturelles et récréatives. Les plus connues sont les concours de
chansons organisés chaque année par les chaînes de
télévision, pour promouvoir la création musicale et
découvrir de jeunes talents parmi les étudiants. Les prix offerts
aux lauréats les aident à financer leurs études. La
plupart des gagnants continuent, avec succès, une carrière
professionnelle dans la chanson : les Coréens adorent les
variétés et apprécient tout particulièrement les
chanteurs étudiants, qui se distinguent par un bon niveau culturel. De
même, des jeux télévisés sont organisés de
façon identique, en étroite relation avec les universités.
Ces jeux, devenus très populaires, furent créés au
départ pour les lycéens et se sont élargis aux
étudiants.
Une autre forme d'ouverture
est apportée par les bourses
d'entreprises. Les plus grandes sociétés prennent en charge les
meilleurs éléments pendant toutes leurs études en
Corée et même à l'étranger. Dans les sections
françaises, l'ouverture à française et concours de
rhétorique, organisés par l'Alliance Française de
Séoul, avec pour premier prix un voyage en France. Plus
récemment, un concours de théâtre en langue
française s'y déroule tous les deux ans, devant un jury
composé de metteurs en scène coréens et de diplomates et
enseignants français. L'Ambassade de France soutient, pour sa part, une
troupe d'étudiants qui présente des pièces de
théâtre en français dans les villes principales.
Une autre particularité
du système d'enseignement
coréen est de solenniser chaque progression dans les études. Le
passage à une étape supérieure est marqué par une
grande cérémonie de remise du diplôme. C'est une occasion,
pour les élèves et étudiants, de recevoir honneur et
reconnaissance et aussi de remercier professeurs et parents. Aucune
étape n'est considérée comme mineure et même les
petits écoliers de maternelle, vêtus de la robe noire de
cérémonie et coiffés d'une toque, sont fiers d'obtenir
leur premier diplôme en présence de leurs parents tout aussi
émus. Ces cérémonies, qui prennent davantage d'ampleur
à mesure que le niveau avance, ont leur origine à la fin du Xe
siècle, lors de la création du concours national et de la remise
solennelle des diplômes par le roi.