B. SPÉCIFICITÉ DU SYSTÈME ÉDUCATIF CORÉEN
1. Un système où cohabitent public et privé
Le système éducatif coréen se
caractérise par la cohabitation de l'interventionnisme étatique
et de l'initiative privée.
Le rôle de l'Etat dans l'éducation est très ancien ;
il remonte à l'an 372, date de la fondation du premier institut
supérieur. Il demeure prépondérant dans l'enseignement
primaire et secondaire, et se trouve à parité avec l'initiative
privée dans l'enseignement supérieur.
L'organisation de tout le système éducatif dépend du
Ministère de l'Education. Il est responsable de l'élaboration et
de l'exécution des politiques relatives à l'éducation
publique et aux activités académiques. Les villes principales et
les provinces ont des conseils d'éducation, qui s'occupent des
activités éducatives dans les écoles primaires et
secondaires. Le gouvernement leur donne ses directives et leur fournit une
assistance financière. Les subventions de l'Etat constituent la plus
grande part des ressources de ces écoles.
Le Ministère de l'Education supervise également tout
l'enseignement supérieur, en exerçant son pouvoir de
contrôle sur le nombre d'étudiants admis, sur la qualité du
personnel enseignant, ainsi que sur les cours en général. En
revanche, au plan financier, l'Etat ne subventionne que les universités
nationales, ce qui représente seulement environ 20 % des
établissements supérieurs.
2. Un système coûteux pour les familles
Les contributions financières de l'Etat,
incomplètes au niveau de l'enseignement secondaire et très
réduites au niveau du supérieur, entraînent un transfert de
charge sur les familles.
A l'heure actuelle, l'école primaire est obligatoire et gratuite,
le premier cycle du secondaire est obligatoire mais en partie payant, dans les
écoles privées comme dans les écoles publiques.
Néanmoins, la plupart des élèves suivent le second cycle.
En dépit du coût des études supérieures (environ 20
000 francs par an en moyenne), près de la moitié des
élèves du second cycle entrent en faculté. L'attrait du
diplôme -voire son exigence- est tel que beaucoup de familles acceptent
de faire les sacrifices nécessaires.
A titre indicatif, en 1960, une famille en ville gagnait soixante francs par
mois et dépensait souvent davantage en s'endettant. Aujourd'hui, la
même famille a un revenu beaucoup plus élevé, 13 500 francs
par mois et dépense 12 000 francs en moyenne. Entre-temps, les
frais d'études, y compris les leçons particulières,
très répandues en Corée, ont été
multipliés par 450, soit deux fois plus vite que le revenu
moyen
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.
Si les parents financent les études en manifestant le plus grand
soutien possible, les jeunes, eux, oublient loisirs et heures de sommeil pour
préparer le concours d'entrée en faculté. Les
universités sont, certes, nombreuses (141 établissements), mais
la plupart sont privées et jouissent d'un prestige très
inégal. La sélection est faite essentiellement sur les notes
obtenues au concours. La compétition est très serrée pour
accéder aux universités les plus cotées car, outre leur
prestige, les relations qui se nouent sur les campus sont un atout
irremplaçable pour la réussite d'une carrière
professionnelle. Ainsi, quand une entreprise recrute, elle donne
généralement la priorité aux candidats venant de la
même faculté que ses dirigeants. Cela explique l'importance des
sacrifices consentis par les parents pour la réussite de leurs enfants.