2. Conséquences à tirer pour l'enseignant
La personnalité et l'attitude de l'enseignant
sont fondamentales pour une bonne communication avec les élèves
coréens. Ceux-ci doivent sentir qu'il est venu dans leur pays par une
curiosité et un intérêt forts, et qu'il est heureux
d'être parmi eux.
L'anecdote suivante, vécue à l'Alliance française de
Séoul, illustre cet état d'esprit. Lors d'une discussion portant
sur les mérites respectifs des deux cultures, l'enseignant
français interrogea ses élèves sur la signification exacte
du drapeau coréen, Tae-guk-ki. Devant la méconnaissance de son
auditoire, c'est lui-même qui la leur indiqua. Après une
première réaction de honte, le professeur avait conquis l'estime
de ses étudiants et la communication n'en fut que plus aisée par
la suite.
Il sera utile que l'enseignant apprenne quelques expressions courantes en
coréen, concernant la salutation, la bienvenue, le remerciement, etc.
Cela instaurera d'emblée un climat de confiance et de complicité
qui facilitera le contact. Le bonjour à la coréenne
" An-nyon-ha-sé-yo "
à la première
rencontre ou le remerciement
" Kam-sa-ham-ni-da "
toucheront
la sensibilité des Coréens.
Pour ne pas heurter leur sens de la hiérarchie et du respect qu'ils
vouent spontanément à leur professeur, l'enseignant
français doit être attentif à rester à sa place,
jusque dans ses tenues vestimentaires ; les étudiants
apprécieront une
" touche française "
dans sa
façon de s'habiller. L'idéal serait de faire preuve
d'autorité tout en restant chaleureux et disponible, à
l'écoute de ses élèves qui expriment difficilement leurs
sentiments. Encouragements et sollicitations seront les bienvenus, afin de
réduire la peur de faire des fautes et de s'exposer au jugement
d'autrui. Cette attitude demandera initialement beaucoup de patience et
d'efforts, mais ne tardera pas à porter ses fruits. Les étudiants
coréens sont suffisamment reconnaissants.
Dans le même esprit, l'enseignant doit éviter de toucher leur
sensibilité et leur amour-propre, notamment par des plaisanteries
ambiguës ou des critiques portant sur les aspects propres à la
société coréenne. Les comparaisons pourront mettre en
évidence les différences et les points communs, mais ne devront
en aucun cas impliquer des jugements de valeur ou exprimer la
supériorité de l'une sur l'autre ; en d'autres termes, accepter
et respecter la différence.