D. PROPOSITIONS D'AMÉLIORATION
1. Connaissance du contexte et de la mentalité coréens
Avant même d'envoyer un enseignant à
l'étranger, les autorités françaises devraient s'assurer
de ses motivations et de son désir de s'ouvrir à des pays qui
peuvent être très différents du sien.
Au-delà de considérations pécuniaires ou de confort,
l'enseignant doit faire
l'investissement intellectuel nécessaire
,
pour mieux connaître son pays d'accueil, dès son affectation.
Cette démarche est d'autant plus indispensable s'agissant d'un pays dont
la culture et la mentalité sont très éloignées.
La France et la Corée ont évolué dans deux pôles
totalement séparés, l'Occident et l'Extrême-Orient ; la
communication ne passera que si un effort de l'enseignant français aura
été fourni préalablement.
Celui-ci devrait avoir une connaissance minimale de l'histoire de la
Corée, un pays qui a toujours été refermé sur
lui-même et en butte aux agressions extérieures, pour comprendre
à la fois son homogénéité et son attitude
vis-à-vis des étrangers (très fermée autrefois,
curieuse aujourd'hui).
Sa connaissance des bases de la philosophie confucéenne serait aussi
utile pour bien appréhender la société coréenne,
son caractère hiérarchique que l'on retrouve aussi bien au sein
de la famille, à l'école, dans les entreprises, dans les
administrations, etc. Même si des évolutions sont perceptibles, en
particulier chez les jeunes générations, le confucianisme demeure
un fondement de la société coréenne.
Pour bien communiquer et faire passer son message avec la meilleure
efficacité, l'enseignant français devrait avoir à l'esprit
un
" portrait robot "
de l'étudiant coréen.
Les élèves sont en général
attentifs et
respectueux
. Elevés depuis l'enfance dans le respect de leurs
aînés, puis de leurs professeurs, ils reçoivent le cours de
l'enseignant sans exercer le moindre esprit critique.
On leur aura toujours inculqué qu'ils sont
un élément
de la collectivité
: ils sont donc
disciplinés et peu
portés à des manifestations individuelles
. Ainsi, lorsqu'un
élève est interrogé par l'enseignant sur sa
compréhension d'un point particulier du cours, il répondra
généralement par l'affirmative, même si ce n'est pas le
cas, à la fois pour ne pas se singulariser, s'exposer au jugement de
l'autre et aussi pour ne pas décevoir le professeur ; dans son esprit,
son incompréhension pourrait remettre en cause l'aptitude
pédagogique du professeur.
De même, il sera peu porté à livrer son jugement
personnel, même s'il est sollicité en ce sens par son professeur,
et cela d'autant plus qu'il
manque d'esprit critique.
En revanche, ils sont très
serviables et coopératifs
: ils exécutent scrupuleusement les instructions de l'enseignant et
sont contents de pouvoir rendre service à leur professeur. Chacun doit
se fondre dans la collectivité et suivre un code de bonne conduite.
C'est pourquoi il convient souvent de
ne pas
" perdre la
face "
, d'autant plus que les Coréens sont très
attentifs aux apparences.
L'élève coréen est
sensible et affectueux
: un
simple encouragement peut avoir un effet démultiplié sur sa
motivation. Mis en confiance, il pourra faire preuve d'une
spontanéité
que l'on ne soupçonnait pas au
départ. A l'inverse, une phrase perçue comme désobligeante
pourra le bloquer : il est
susceptible
, à la fois pour
lui-même et pour son pays.
Enfin, les élèves coréens ont une méthode de
pensée différente de celle de l'enseignant français, dont
la dominante est, en principe, l'esprit cartésien. L'esprit d'analyse et
de synthèse est moins bien partagé en Corée qu'en France.
L'étudiant coréen, dans son expression, pourra davantage faire
appel au coeur qu'à la raison.