3. Profil de l'enseignant
· Les enseignants de français en
faculté
Les premiers professeurs de section universitaire poursuivaient leurs
études en France après une carrière d'enseignant au
lycée ou en faculté. Nombre d'entre eux étaient des
boursiers du gouvernement français. Actuellement, après une
maîtrise en Corée, soit ils achèvent leur recherche dans
leur faculté d'origine, soit ils obtiennent leur doctorat en France.
Sans transiter par l'exercice d'un professorat au lycée comme leurs
anciens, ils passent directement du statut d'étudiant à celui de
professeur en faculté.
On peut distinguer deux catégories d'enseignants de langue :
- les enseignants coréens qui ont une maîtrise, un D.E.A. ou
un doctorat obtenus dans les universités françaises, car les
séjours dans le pays d'accueil sont considérés comme
indispensables pour enseigner la langue, mais la formation en didactique de
langue-culture n'est pas encore exigée ;
- les lecteurs français dont la présence pallie
l'insuffisance des professeurs coréens en nombre et en qualité.
Ils ont en général un contrat d'un an renouvelable et doivent
être titulaires d'une maîtrise quel qu'en soit le contenu. Ils
peuvent intervenir sur plusieurs facultés. En leur absence, le cours de
français risque d'être supprimé.
L'enseignant de français est unique au sein de chaque
département. Il est donc souvent confronté à un nombre
important d'étudiants, de l'ordre de cinquante à cent par groupe.
Quelques rares universités dispensent les cours de langue en divisant le
groupe en deux pour un effectif plus raisonnable de vingt-cinq ou trente.
En définitive, le statut des enseignants de français est
relativement précaire, il n'y a pas de formation spécifique
exigée et les conditions d'exercice sont difficiles. En revanche, ils
bénéficient de l'image de raffinement et de distinction
liée à la France dans l'esprit des Coréens.
_________________________
42
Où va la didactique du français langue
étrangère, E.L.A. n° 79 -Didier Erudition, 1990,
pp. 31-32.
43
Pour un modèle d'enseignement subordonné à
un modèle d'apprentissage des langues-cultures dans le cadre de
l'école, Centre de documentation de l'E.R.A.D.L.E.C. Paris III,
p. 19.
·
Les enseignants de français au lycée
Pour être enseignant de français au lycée, il suffit
de poursuivre quatre années de formation dans une faculté
pédagogique et d'avoir une compétence linguistique moyenne. Ceux
qui ont eu une formation dans une faculté de lettres doivent valider
leur diplôme, option pédagogique, en passant un concours d'Etat,
ou peuvent être recrutés dans un lycée privé,
souvent par cooptation. Dans les deux cas, la formation initiale demeure
littéraire et linguistique.
Les enseignants de français sont souvent uniques, au sein d'un
établissement, à l'inverse de leurs collègues d'anglais et
de coréen en nombre important. Les enseignants d'allemand sont en
majorité masculins et ceux de français, féminins. Les
enseignants natifs sont extrêmement rares et travaillent principalement
dans les douze lycées de langues étrangères.
En comparaison avec les enseignants d'anglais, fiers de leur statut et
motivés pour leur perfectionnement linguistique et culturel, ceux de
français voient en permanence leur statut remis en question, ou peuvent
même regretter d'avoir choisi cette option. Le nombre de cours et le
niveau de l'enseignement est très inférieur à ceux des
autres matières. Parfois même, le proviseur réquisitionne
les heures de français au profit de l'anglais ! Le contexte social, peu
favorable à l'enseignement/apprentissage du français, et
l'absence d'une politique linguistique stable, sont les raisons principales de
cette situation.
Cependant, pour améliorer leur statut et dynamiser cet
enseignement/apprentissage, il ne suffit pas de déplorer la situation ou
d'attendre la reconnaissance des autres, comme le font souvent la
majorité des enseignants de français, il faut plutôt se
former, se remettre en question.