2. Radiodiffusion communautaire
La réalité des radios communautaires est plus délicate. Comme la majorité opère dans l'illégalité, il ne leur est pas possible de bénéficier de recettes publicitaires ni de recruter de la main-d'oeuvre. Beaucoup des professionnels qui travaillent pour ces dernières interviennent en tant que militants de mouvements sociaux, ou juste par amour de la radio. Bien que la cible d'une station de cette nature devrait être sa réalité locale, beaucoup d'entre elles utilisent les mêmes techniques de programmation que les radios commerciales. Le manque de moyens fait qu'elles s'ouvrent à des contenus orientés par des producteurs externes.
Cette ouverture permet à divers acteurs sociaux, y compris des segments du gouvernement fédéral - ce même gouvernement qui à travers l'Anatel tente de fermer ces stations illégales - et même à des organisations internationales liées à l'Organisation des Nations Unies, de chercher à introduire des contenus dans leurs programmations respectives. Cette insertion peut se faire via la fourniture de contenues ou même de programmes entiers pré-produits, ou à travers un processus de sensibilisation des gatekeepers de ces supports. Cette sensibilisation s'effectue normalement au moyen de formations, de séminaires, des ateliers, de procédés de prise de conscience, entre autres procédés de sensibilisation des communicateurs.
Réseau Comunicadores pela Saúde (Communicateurs pour la Santé) - Nous prendrons comme exemple ce projet du Ministère de la Santé, en partenariat avec Oboré Projetos Especiais em Comunicação e Arte, qui intervenait dans les années 1970/1980 auprès de la presse syndicale 838 ( * ) . L'institution est spécialisée dans l'organisation de réseaux radiophoniques consacrés aux thématiques de santé et d'environnement. Le ministère a mis en place à une sorte d'agence de presse spécialisée dans la thématique santé. Le réseau qu'utilise le contenu mis en disposition comprenait, en 2004, un univers de 612 stations participantes (321 commerciales et 291 communautaires), dont les ondes couvraient 4 995 municipalités du Brésil, pour un total de 7 463 transmissions mensuelles.
Vozes en Sintonia (Voix en syntonie) - Toujours dans le champ de la Santé, un autre projet du Ministère de la Santé de formation de radialistas a été développé par le programme National MST/Sida. Des activités de qualification technique et de sensibilisation sont proposées aux communicateurs, dont beaucoup sont issus de radios associatives/communautaires, légalisées ou non, pour introduire dans l'agenda de leurs programmations des contenus de prévention de ces maladies. Les professionnels concernés sont invités à des séminaires et à des cours au travers desquels ils se familiarisent avec la thématique cible et sont présentés à de sources potentielles d'information auxquelles ils pourront accéder pour de possibles interviews. Les radios du projet Vozes em Sintonia sont aussi liées à une sorte d'agence de presse spécialisée dans la thématique santé. Depuis une rédaction centrale située à Brasilia, ce service fournit des actualités sous forme de textes et d'audio, qui peuvent être diffusées par les communicateurs. Le matériel fourni ne se limite pas à des notes journalistiques, il comprend aussi l'offre de vignettes et d'appels de programme, ainsi que des programmes culturels et éducatifs sur la thématique. Tout le matériel est distribué gratuitement et les stations ne reçoivent aucune contrepartie financière pour sa diffusion.
PAF-MÍDIA - Des institutions internationales, comme l'Unicef et l'Organisation Mondiale de la Santé, interviennent en permanence auprès de ces stations, en leur fournissant directement des contenus prêts à la diffusion ou en formant leurs communicateurs pour qu'ils traitent de leurs thèmes d'intérêt. Dans certains cas particuliers, ces institutions fournissent un appui matériel pour l'achat d'équipements et l'entretien des stations. Comme a souligné Rosemary Barber-Madden, la directrice au Brésil du FUNUAP, le Fond des Nations Unies pour la population, à l'occasion de l'ouverture du Programme de Accélération de Formation en Média - PAF-MÍDIA, un atelier destiné à entraîner des communicateurs des radios associatives dans les terrains de la prévention du Sida et des maladies sexuellement transmises,
La diffusion des informations par la radio est très importante au Brésil. Avec elle, on peut entrer dans la cuisine des foyers des familles brésiliennes, dans les transports publics, à la plage, dans les parcs, etc. C'est un support de communication très important pour communiquer avec tous les segments de la population, les personnes âgées, la jeunesse ou les mères 839 ( * ) .
* 838 Pour plus de détails sur la trajectoire de Oboré Projetos Especiais en Comunicação et Arte, voir Ière Partie, Chapitre I - 3, item 3.1 La presse contre le pouvoir. Sur les travaux actuels, voir le site ( http://www.obore.com ).
* 839 A comunicação pelo rádio é extremamente importante no Brasil, com ela nós entramos na cozinha de cada família brasileira, no ônibus, nas praias, parques. É um meio de comunicação importantíssimo para qualquer segmento populacional, seja a terceira idade, jovens, mães. Déclaration de Rosemary Barber-Madden, pendant l'ouverture du PAF-MÍDIA, à Salvador de Bahia, en février 2004.