B. LE PROFIL RADIOPHONIQUE NATIONAL
Le Brésil du début du troisième millénaire détient un univers de médias extraordinaire. Dans cette nation, la radio ne rencontre aucune frontière. Dans les 5 561 municipalités du pays, les stations publiques et privées composent un contingent de 3 076 stations, opérant en Fréquence Modulée, (FM), Ondes Moyennes, (OM), Ondes Courtes (OC), et Ondes Tropicales, (OT) 819 ( * ) . Outre ce spectre légalement officialisé, d'innombrables stations communautaires, considérées par les uns comme libres et par les autres comme pirates, transmettent quotidiennement vers des communautés spécifiques.
Les estimations sont imprécises, on parle de dix mille, vingt mille, ou même de trente mille stations de basse fréquence. Jusqu'à 2004, le Congrès National n'avait autorisé le fonctionnement que de 1 707 stations communautaires. Cependant, l'Abraço - Association Brésilienne des Radios Communautaires indique qu'elle représente environ 4 500 stations. Pour sa part, l'Anatel - Agence Nationale de Télécommunications a comptabilisé dans son travail d'inspection, pour l'exercice 2003, l'existence de 6 600 stations non légalisées 820 ( * ) . Le ministère des Communications indiquait quant à lui en avril 2004 que 4 400 demandes de concessions de radios communautaires attendaient l'analyse préliminaire du Pouvoir Exécutif 821 ( * ) . FAUTH signale qu'en réalité, plus de 7 300 stations seraient en attente de l'autorisation finale pour pouvoir émettre légalement dans le pays 822 ( * ) . La grande majorité de ces demandes et requêtes se réfère aux stations qui émettaient déjà, même sans autorisation. Pour cette raison, en croisant les pauvres statistiques disponibles, l'auteur considère comme licite de conclure qu'environ 30 000 stations communautaires émettaient dans le pays en 2004, de façon légale ou clandestine.
Les radios communautaires, quoique de plus faible puissance et avec une moindre couverture territoriale que celles du spectre commercial, montrent une insertion significative dans le quotidien des communautés où elles émettent. Cette modalité de radiodiffusion, en théorie plus proche de la réalité de son public cible, présente un immense potentiel d'interférence dans la sphère publique, et constitue donc un excellent mécanisme de construction d'un agenda public local. Les communicateurs et les auditeurs font partie d'une même réalité sociale et cohabitent dans les mêmes communautés. Ils travaillent dans un cadre de peer to peer tandis que le communicateur possède une même origine et un même statut social que son auditeur 823 ( * ) .
Bien qu'elle soit riche en stations, la radio au Brésil n'est pas un grand employeur de journalistes et, de ce fait, ne produit et ne diffuse que peu de contenus journalistiques 824 ( * ) . Le faible contingent de journalistes est dû à divers facteurs. Premièrement, parmi les grands groupes radiophoniques qui ont, en théorie, davantage les moyens d'embaucher cette main-d'oeuvre spécialisée, c'est le système des réseaux nationaux qui prédomine. Ainsi, les contenus informatifs sont produits de manière centralisée, en particulier à São Paulo, à Rio de Janeiro et à Brasilia. Ces villes interviennent en tant que tête de réseau et la programmation standardisée est transmise par satellite dans tout le pays. Sur les neuf millions de kilomètres carrés du territoire brésilien, de l'Amazonie aux Pampas, du Pantanal à la Forêt Atlantique, on écoute pratiquement le même contenu, emballé dans les grands centres. La méthode permet ainsi de se dispenser d'un grand nombre de professionnels dans les radios des petits centres urbains, qui retransmettent essentiellement la programmation de la métropole 825 ( * ) .
Deuxièmement, parmi les trois segments des médias, le segment radiophonique est celui qui reçoit la plus petite enveloppe publicitaire au Brésil. En 1999, sur les 8,009 milliards de R$ (2,86 milliards de $ EU) investis en publicité au Brésil, la radio a bénéficié d'à peine 3,8 %, soit environ 304,3 millions de R$ (108,67 millions de $ EU) qui, s'ils étaient répartis uniformément dans l'univers des stations, représenteraient pour chacune une recette publicitaire annuelle d'un peu moins de 99 000 R$ (35 357 $ EU), ou 2 946,43 $ EU par mois, pour faire face à tous les coûts 826 ( * ) . Sans recettes importantes, les stations investissent très peu dans les productions propres, qu'elles soient journalistiques, culturelles ou artistiques.
1. La radio comme média de source
La réalité financière de la radio au Brésil a pour conséquence deux effets essentiels qui l'amènent à intervenir en tant que média de source. Le premier est l'acquisition intégrale de stations radiophoniques pour des acteurs sociaux sans tradition dans le champ de la radiodiffusion ou du journalisme. Ce phénomène est très courant. Dans le pays, diverses radios privées, à caractère commercial, ont été acquises par des sectes de différentes croyances. L'occupation de cet espace implique aussi des acteurs sociaux d'autres secteurs. Pour démontrer la diversité de ces acteurs, nous présentons ci-dessous quelques exemples symboliques de ce phénomène médiatique.
Radio Verde Oliva - Le premier cas est celui de cette station créée en 2002 par le Commandement Général de l'Armée de Terre Brésilienne. Verde Oliva (Vert Olive) est la couleur des uniformes des troupes de ce corps de l'Armée. Il s'agit d'une station en fréquence modulée (FM), qui émet 24 heures sur 24 dans la capitale fédérale, et qui pourrait devenir, selon les plans de l'Armée de Terre, la tête de réseau du Sistema Verde Oliva de Rádio, un réseau national que l'Armée de Terre prévoit de mettre en place sur tout le territoire national.
La Fondation Culturelle de l'Armée de Terre Brésilienne - Funceb a été créée pour opérer ces radios. L'entité de droit privé et civile est maintenue et gérée par le Commandement de l'Armée de Terre. La station a pour but de créer, produire et transmettre une programmation de qualité, qui s'identifie avec les valeurs culturelles, civiques et militaires du Brésil, selon les termes du portail Internet de la Funceb 827 ( * ) .
Entre mai et juin 2004, nous avons observé les routines internes de la station, nous avons discuté avec certains de ses professionnels, mais en raison de la hiérarchie militaire interne, qui interdit la concession d'interviews, les noms des professionnels ne seront pas cités 828 ( * ) . Soulignons que l'équipe est formée essentiellement de militaires et que la station fonctionne au sein de la Caserne Générale de l'Armée de Terre, à Brasilia, où toutes les normes de sécurité relatives à une unité militaire sont en vigueur.
L'objectif de l'observation a été de connaître les contenus médiatiques et les routines journalistiques. Officiellement, la station est considérée comme éducative, mais cette finalité est mise en question par l'équipe qui y travaille elle-même, car elle ne diffuse pas de programme à caractère éducatif. Pour l'équipe, la qualifier de radio institutionnelle serait la plus adéquate, mais un tel type de cadre n'existe pas dans les catégories définies par le Code Brésilien des Télécommunications. Au Brésil, les stations radiophoniques peuvent être classées comme commerciales, et peuvent dans cette situation diffuser de la publicité payante et avoir un but lucratif, ou éducatives, catégorie dans laquelle les profits sont interdits, bien qu'elles puissent bénéficier de publicités sous la forme d'appui culturel. Verde Oliva bénéficie d'un appui culturel, avec les soutiens financiers d'un fonds d'épargne destiné aux militaires, le Poupex, et de la Banque du Brésil.
Sa programmation a été montée pour toucher un public adulte, âgé de plus de 20 ans, appartenant aux classes moyennes et supérieures, des deux sexes, civil et militaire. Pour une institution publique - l'Armée de Terre - marquée par le stigmate de vingt ans de dictature militaire, la station ne cache pas son ambition de tenter d'inverser l'image négative des militaires qui est restée auprès de la société civile.
La radio Verde Oliva, 98,7 FM, donne à l'Armée de Terre la possibilité d'augmenter l'efficacité de sa communication sociale, en atteignant ses divers publics et en contribuant à la formation d'une opinion publique favorable aux besoins de la Force. - souligne le portail de la Funceb 829 ( * ) .
Dans ce contexte, la station vénère les valeurs civiques et de citoyenneté liées à l'Armée de Terre et aux autres Forces Armées. La Marine et l'Aéronautique transmettent également des programmes sur cette même station.
En termes d'information, le point fort est la divulgation de notes de service, d'informations d'utilité publique et d'informations culturelles. Elle ne présente pas de journaux radiophoniques. Tous les jours, entre 8 et 18 heures, les notes sont lues au long de la programmation musicale, un mélange de musique brésilienne et internationale, sous la forme de petits bulletins. Chaque bulletin dure quinze minutes et est transmis d'heure en heure. Ce sont des brèves lues, il n'y a pas d'interviews, de reportages, de flashs en direct ou d'autres genres journalistiques.
L'ensemble de l'équipe de la station comptait, lors de la réalisation de cette recherche, 15 professionnels. Parmi eux, seuls deux rédacteurs étaient responsables de la production des actualités : une journaliste civile et une lieutenante dotée d'une formation en relations publiques. C'était elles qui étaient responsables de la rédaction des textes, qui utilisaient comme sources primaires les principales agences de presse et les chaînes de journalisme télévisuel continu - notamment Globo News -, et les communiqués de presse envoyés par les organismes fédéraux. Bien qu'il s'agisse d'une radio locale, dont la portée des ondes ne dépasse pas le District Fédéral, elle ne disposait d'aucun programme journalistique consacré aux sujets de la ville. Il n'y avait pas de reporter à Verde Oliva. En juillet 2006, l'Armée de Terre a lancé un concours pour l'embauche de journalistes, mais le fait de savoir s'ils seraient affectés à la radio n'était pas encore défini.
La représentation présente parmi les deux rédacteurs sur le type d'information diffusée est qu'elle consiste en un mélange de journalisme et de relations publiques. Alors que nous observions les routines de la station, une caserne de l'Armée de Terre, localisée à Rio de Janeiro, a été envahie par des narcotrafiquants, qui ont dérobé les armes de l'arsenal qui y étaient présentes. Le sujet a été traité par la station, mais nous avons perçu qu'il est parvenu à la rédaction de Verde Oliva par l'intermédiaire des communiqués des agences de presse. Aucune information n'a été transmise par les voies internes de l'Armée de Terre, pas même les communiqués officiels du Centre de Communication Sociale de l'Armée de Terre - Ceconsex. Ce fait nous a amené à nous demander s'il était le résultat d'une faille interne de communication ou de la précarité de la structure en personnel, ou s'il représentait un choix stratégique de l'Armée de Terre qui ne souhaitait pas transformer la station en porte-voix officiel. Les professionnels interrogés n'ont pas su non plus éclaircir ce doute. Une chose est sûre, le fait a été annoncé en s'appuyant uniquement sur les informations des agences de presse.
Tous les matins, entre 7 et 8 heures, elle transmet également l'émission Primeira Página, (À la une) qui consiste en une lecture des gros titres des principaux journaux du pays, des informations sportives, internationales et culturelles. Le programme, sous la forme d'un magazine radiophonique, mêle actualités et musique, et il a pour stratégie de capter l'auditeur dans son véhicule, en route vers son travail ou vers l'école.
Parmi ce que la station considère comme programmation journalistique 830 ( * ) , se trouvent aussi divers programmes d'interviews. On peut citer le Verde Oliva Entrevista (des interviews avec des personnalités civiles et militaires, et des spécialistes de thèmes de l'actualité), Verde Oliva Mulher (programme ciblé vers le public féminin qui traite de thèmes variés, comme la santé, la mode, la beauté et le marché du travail), Verde Oliva Responde (dont le but est de répondre aux doutes et aux questions des auditeurs sur l'Armée de Terre brésilienne), et les programmes consacrés à la citoyenneté, Momento Cívico - qui cultive les valeurs morales de la société brésilienne et les symboles nationaux - et Momento de Reflexão - toujours transmis à 18 heures. À l'exemple des radios religieuses qui profitent de l'heure du coucher du soleil et de la fin de la journée de travail, la station militaire utilise aussi cette plage horaire pour provoquer une réflexion des auditeurs sur leur vie quotidienne.
Pendant la journée, divers programmes de style magazine musical sont transmis, où la musique et l'information occupent un espace commun. Les noms des programmes conservent un lien avec le jargon militaire : Alvorada Verde Oliva (Aube Vert Olive), Informe Defesa (Informateur Défense), Notícias da Marinha (Nouvelles de la Marine), A Força Aérea no Ar (La Force Aérienne sur les Ondes), Bandas et Fanfarras (Bandes et Fanfares) en sont quelques exemples. Outre les trois Armées, déjà citées, des partenariats ont été développés avec d'autres entités pour la production de contenus, comme par exemple le Collège Militaire de Brasilia et les services de presse du ministère de la Défense du Brésil.
Les week-ends, la station diffuse Sábado Jovem (Samedi jeune) et Tarde de Domingo (Dimanche après-midi) qui, tout comme le profil des autres produits médiatiques, mêlent musique et information. Ici, les informations touchent à l'écologie, la santé, la science et la technologie, le marché du travail et les spectacles. Un contenu qui pourrait être classé dans les soft news.
Tout le projet médiatique est défini en association avec la direction de la Funceb et du Ceconsex. Le contrat journalistique, selon un officiel qui a demandé à ne pas être identifié, a comme paramètre d'inclusion dans l'actualité la vision politique, économique et culturelle de la corporation. Le niveau d'audience et le profil des auditeurs reste inconnu, mais les responsables du projet se disent satisfaits et indiquent que divers auditeurs font l'éloge, par correspondance ou par téléphone, de la programmation différenciée et la divulgation des informations civiques.
Radio Zona FM - Le deuxième exemple concerne une station sous la direction de l'Aprosba - Association des Prostituées de Bahia, qui émet depuis la mi-2006. Le nom choisi pour la station, qui bénéficie de l'appui du Ministère de la Culture, constitue une allusion claire au stéréotype de ce segment social, la « zona do baixo meretrício » (zone des prostituées). Le caractère singulier de cette nouvelle radio, qui émet à Salvador de Bahia, a attisé l'intérêt des journalistes anglais de l'agence Reuters, qui sous le titre Prostitutes get own radio station 831 ( * ) ont attiré l'attention du monde sur ces nouveaux acteurs de la scène informative.
La grille de programmation ne prétend pas faire l'apologie de la prostitution, ni tant soit peu attirer de nouvelles femmes vers le métier. L'objectif est de lutter pour la dignité de la profession, comme l'a précisé à l'agence anglaise le coordinateur de la station, Sandro Correia. Les routines professionnelles et de construction de l'information sont encore méconnues, mais au-delà de la question focale de la prostitution, la ligne éditoriale de Zona FM devrait se centrer sur le champ des droits de l'homme, du racisme, des questions sociales, de la prévention des maladies sexuellement transmissibles, des abus sexuels, des droits et de la santé de la femme, entre autres.
Outre les professionnels légalement habilités pour exercer en tant que journalistes, le projet prévoit que les prostituées elles-mêmes se mettent à travailler en tant que radialistas. Ce serait même une façon de leur fournir une alternative de travail. Le financement de ce nouveau média bénéficie du soutient d'institutions et d'associations nationales et internationales, mais il recherche également la participation d'annonceurs, comme n'importe quelle autre station de radio 832 ( * ) .
a) Les radios de location
Le deuxième effet décurrent de la réalité financière de la radio au Brésil est la vente d'espaces, grands ou petits, dans la grille de programmation, et l'externalisation de la production des contenus qui en découle. Il est difficile de mesurer exactement le nombre de programmes diffusés sur les radios brésiliennes et produits à partir d'actions de communication d'institutions privées ou publiques. La diversité des contenus est également infinie. Réforme agraire, petits entrepreneurs, religion, politique, syndicats de travailleurs, environnement, justice, éducation et enseignement, organismes gouvernementaux, sont quelques exemples des thèmes et des acteurs qui utilisent la radio comme support de diffusion de leurs informations. Les entités syndicales - urbaines et rurales, de travailleurs et patronales - sont parmi les grands utilisateurs d'espaces dans la programmation radiophonique. Selon l'Institut Brésilien de Géographie et Statistiques, en 2001, sur les 16 018 syndicats présents au Brésil, 7 754 (48 %) utilisaient régulièrement le radiojournalisme pour informer leurs catégories respectives, ainsi que l'ensemble de la société 833 ( * ) .
Ce phénomène ne se limite pas aux petites stations ni au monde syndical. Il touche aussi les grands réseaux nationaux strictement spécialisés dans le journalisme. C'est le cas de la CBN, Central Brasileira de Notícias, liée à Organisations Globo de Communication, le plus puissant groupe médiatique du pays, qui intervient dans les champs de la radio, TV, journal, magazine, Internet, la production de films et de disques. Le slogan, le refrain de la CBN, est A rádio que toca notícia (La radio qui diffuse l'information). Mais la réalité est un peu différente.
Parmi les informations diffusées se trouvent divers programmes et bulletins de format journalistique qui sont proposés aux auditeurs sans une quelconque mention que le contenu en question n'est pas produit par les journalistes de la CBN. Au deuxième semestre 2003, entre octobre et novembre, nous avons analysé trois de ces émissions d'informations 834 ( * ) , que nous allons détailler dans les paragraphes suivants. Ces contenus médiatiques corporatifs ont été choisis pour l'analyse dans le but de démontrer la diversité des acteurs sociaux qui se prévalent de cette qualité de média de source.
Informe CNT - Il s'agit d'un programme de courte durée, transmis sur la CBN, au niveau national, du lundi au vendredi et trois fois par jour, aux horaires d'audience maximale : 7h30, 12h30 et 18h30. Produit par la surintendance de Communication de la Confédération Nationale des Transports, une entité syndicale patronale qui réunit les syndicats des transporteurs aériens, terrestres et par voie fluviale du Brésil. Cette instance réunit les services de marketing, de presse et de cérémonies et événements. Les trois domaines interviennent en synchronie dans les actions de communication sociale. Le service de presse est chargé, outre de la production de l'Informe CNT, de celle du journal institutionnel de l'entité et de la production de bulletins d'informations pour les médias.
L'objectif est de capter l'audience des auditeurs à bord de leurs véhicules : chauffeurs professionnels et citoyen commun. L'un des critères qui a abouti au choix de la radio, selon les informations du chef du service de presse de la CNT, Palova Brito, est le faible coût du support, ce qui entraîne un meilleur rapport coût/bénéfice. Le contenu des bulletins d'informations est très varié. Il va de la qualité des routes nationales, leur importance pour le développement du pays, le mépris des gouvernements vis-à-vis de leur entretien, les taxes de péage, jusqu'aux actions d'assistance et de formation professionnelle développées par le Service Social des Transports - Sest, et par le Service National d'Apprentissage dans le Transport - Senat, des organes liés à la CNT.
La politique nationale fait aussi partie des contenus diffusés par la CNT. L'institution finance l'étude mensuelle Satisfaction du Citoyen, qui inclut des sujets autres que les transports, comme les politiques gouvernementales dans leur ensemble et le niveau d'approbation du gouvernement par la société. La divulgation des résultats de cette étude nationale par les dirigeants de l'entité assure à CNT et à sa direction une plus grande insertion dans l'agenda journalistique des médias nationaux, et fournit également des thèmes qui seront abordés dans l'Informe CNT.
Palova Brito précise que, bien qu'il s'agisse d'une insertion payante dans les programmations des radios, le caractère journalistique de l'Informe CNT donne une plus grande crédibilité aux contenus diffusés. Il n'existe pas d'étude de réceptivité auprès du public, mais ses auteurs évaluent indirectement la pénétration de ce produit médiatique corporatif comme bonne, par le niveau de demandes d'inscription aux cours proposés par le Sest et du Senat et de l'Idaq - Institut de Développement, Assistance et Qualité du Transport, qui proposent des cours de qualité d'entreprise aux normes ISO internationales.
Informativo Uniceub - Uniceub est une université privée basée à Brasilia. Elle propose des cours de deuxième et troisième cycles dans divers champs de la connaissance, y compris dans le domaine du journalisme. Depuis mars 2003, l'institution utilise la CBN et le quotidien Correio Braziliense pour transmettre l'Informativo Uniceub dans ses versions radiophonique et imprimée. La version papier occupe tous les dimanches une page Standard du premier cahier de ce journal, qui est le plus important de la capitale fédérale. Les informations divulguées concernent les faits internes de l'université et les événements externes liés à des thèmes concernant directement ou indirectement à l'établissement d'enseignement. Ainsi, des thèmes comme la réalisation de recherches par le corps enseignant et les étudiants, les titres obtenus, les championnats sportifs conquises, les actions liées à l'aide sociale, les expositions, les oeuvres, etc., occupent chaque semaine un espace de 51 cm sur 30 cm, encadré par une bordure. En haut, en très petites lettres, la mention informe publicitário - publi-reportage. Le sujet est cependant signé par la journaliste responsable, Bianca Brasil, qui indique à côté de son nom le numéro de sa Carte de Presse.
ILLUSTRATION 2.1
FAC-SIMILÉS DE LA PAGE DU INFORMATIVO UNICEUB
À la radio, sur la même station qui se présente comme la radio qui ne diffuse que des informations, l'Uniceub utilise quotidiennement, du lundi au vendredi, sept espaces d'une minute et cinq secondes. La transmission est locale, elle se restreint à la population du District Fédéral et de ses alentours, estimée en 2005 à environ trois millions de personnes. Les horaires de transmission, entre 11 h 40 et 13 h 40, visent à atteindre un public constitué de mères d'adolescents, de femmes au foyer, ainsi que de chauffeurs écoutant la radio. Il n'existe pas de contrôle d'audience, mais le public cible que le projet cherche à atteindre est constitué des communautés qualifiées par Bianca Brasil d'effective et potentielle. Ces communautés incluent aussi les étudiants, les ex-étudiants, les pères et les amis de ces étudiants, ainsi que les futurs étudiants potentiels et leurs groupes de relations respectifs.
La production, l'enquête, la rédaction et la locution des programmes radiophoniques sont réalisées par cette même journaliste, également responsable de la version papier, et qui joue aussi le rôle d'attachée de presse de l'université. Auparavant, la fonction était partagée avec une autre journaliste pigiste, qui n'est plus employée. La partie technique, enregistrement et post-production, est externalisée en externe par un studio spécialisé. Le bulletin d'information diffuse des événements organisés par l'Uniceub et des activités développées dans le campus ou en dehors par les divers départements de l'institution. Il contient aussi un programme d'information qualifié de services, composé de conseils sociaux, en particulier dans le domaine de la santé, tels le contrôle de l'hypertension, les diabètes, la nutrition, etc., où sont interviewés des spécialistes du corps enseignant des facultés de Soins Infirmiers, Biologie, Physiothérapie et Nutrition.
Aux périodes du vestibular - le concours brésilien d'entrée à l'université et d'inscription de nouveaux étudiants -, une attention particulière est portée à ces deux thèmes. L'objectif est d'orienter ces deux publics spécifiques sur les actions nécessaires pour entrer dans l'établissement universitaire ou continuer à y étudier. La radio CBN reçoit les emissions prêts à la diffusion.
Sur le plan structurel, il est intéressant de souligner que le service de presse de l'Uniceub est subordonné au service de marketing de l'institution. Ceci peut représenter une interférence dans le processus de sélection des nouvelles. Elle est aussi dotée d'un service de relations publiques, également subordonné au Marketing. Malgré tout, la professionnelle responsable ne qualifie pas les contenus diffusés de publicitaires, mais d'un moyen d'utiliser la créativité pour renforcer la divulgation des informations sur le campus dans la presse formelle, bien que celle-ci, selon la vision de l'université, réalise une bonne couverture des faits relatifs à cette dernière 835 ( * ) .
Parceiro dos Brasileiros - Tel est le nom du programme journalistique diffusé par le Service Brésilien d'Appui aux Micro, Petites et Moyennes Entreprises - Sebrae. Cette institution, qui est un mélange d'organisme gouvernemental et de droit privé, destinée à défendre les intérêts des petits entrepreneurs et à les conseiller, possède une série de supports journalistiques, qui pourraient être qualifiés de médias de source. Parmi eux, se trouve en particulier l'Agência Sebrae de Notícias, qui produit et distribue des informations vers tout le pays sous la forme de textes pour la presse écrite et d'audios (fichiers en MP3) pour les stations de radio. Sur le site de l'Agência Sebrae 836 ( * ) , les documents sous forme de texte sont insérés à une fréquence moyenne d'une note toutes les 20 minutes. L'entité est aussi dotée du programme télévisuel Repórter Sebrae, avec des reportages sur des événements exceptionnels touchant les micro entrepreneurs - des thèmes qui abordent le succès entrepreneurial, administratif ou technologique et de petites entreprises - ou les services de formation et de conseils aux entrepreneurs. Elle dispose aussi du Journal Sebrae, un support imprimé distribué dans tout le pays, et du Parceiro dos Brasileiros, un produit radiophonique diffusé nationalement par le réseau de stations qui composent la CBN.
Le programme dure deux minutes et il est diffusé avec des reportages inédits du lundi au vendredi, cinq fois par jour : à 7 h 35, 10 h 35, 11 h 35, 16 h 35, 10 h 35 et 18 h 35. Les samedis et dimanches, une reprise des meilleurs reportages est diffusée trois fois par jour, toujours à 7 h 35, 10 h 35 et 18 h 35. La production journalistique est externalisée. Deux reporters recrutés auprès d'une entreprise spécialisée en produits radiophoniques se relaient pour la production des reportages, qui ont comme source d'inspiration les thèmes abordés par l'Agência Sebrae de Notícias. Parceiro dos Brasileiros est diffusé depuis 1999 et il a succédé à un programme plus long, nommé Momento Sebrae. Ce dernier durait une demi-heure et s'est révélé très onéreux, tant en termes de production que de diffusion. Il a malgré tout été diffusé pendant deux ans, de 1997 à 1999.
L'émission actuelle est divisée en deux parties. La première un portrait, choisit un personnage, un cas réel d'entrepreneur ayant développé un produit ou une petite entreprise considérée comme un succès, un exemple. Les interviews réalisées sur le terrain sont accompagnées de commentaires lus par le même reporter. La technique est la même que celle utilisée régulièrement par le journalisme des stations nationales. La seconde partie propose un agenda des événements intéressant le Sebrae ou produits par ce dernier, et des conseils sur la façon de monter, d'organiser et de faire prospérer une petite ou une micro-entreprise.
Le public cible englobe ce que l'on pourrait appeler le public interne, des micros et petits entrepreneurs, mais aussi de futurs entrepreneurs potentiels et des leaders d'opinion. Selon la rédactrice du programme, Heloisa Helena, le Sebrae intervient avec des outils de publicité et de journalisme. La première est utilisée pour vendre une idée, une marque, alors que le journalisme serait, selon elle, employé pour révéler à la société des cas concrets de la réalité des micros et petits entrepreneurs qui ne sont pas abordés par la presse traditionnelle. La combinaison des deux outils permet une projection du Sebrae au niveau national et la sensibilisation des décideurs politiques, en particulier les parlementaires et les membres du gouvernement, sur la réalité de ce segment d'entreprises 837 ( * ) .
Dans les trois exemples cités ci-dessus, les institutions n'ont pas révélé des coûts de production et de diffusion, mais toutes se sont montrées satisfaites des résultats obtenus. Curieusement, le département de journalisme de la CBN à Brasilia (la maison mère se trouve à São Paulo) n'a pas souhaité se positionner sur le fait que des institutions publiques et privées achètent des espaces sur le réseau de stations spécialisé dans le journalisme 24 heures sur 24. Le thème est traité par le département Commercial. Pour ce dernier, l'attention portée est égale à celle manifestée envers tout autre client souhaitant insérer de la publicité sur le support. Le département refuse d'indiquer le pourcentage de temps que les bulletins d'informations journalistiques de cette nature occupent quotidiennement dans la grille de programmation. Il est notoire, cependant, que ces trois exemples ne constituent pas des cas isolés. Le Syndicat des Policiers Civils du District Fédéral, le Gouvernement du District Fédéral, l'Institut National de Défense du Consommateur - Idec, la Compagnie Brésilienne de Energie - Eletrobrás, parmi d'autres, utilisaient, en 2003, la même méthodologie de parler vers l'opinion publique, que ce soit avec une transmission locale ou nationale.
* 819 Ondes Moyennes, 1 584; Ondes Courtes, 62; Ondes Tropicales, 7 et Fréquence Modulée, 1 354. Cf. Associação Brasileira de Emissoras de Radio et TV -http://www.abert.org.br/MCDEZ02.pdf
* 820 Cf. Anatel, 2003.
* 821 Cf. Oboré Projetos Especiais em Comunicação e Arte, n° 323.
* 822 FAUTH, Luiz Fernando, 2003.
* 823 Pour plus de details sur peer to peer comunication et peer education, il faut consulter Damon W., 1984 et le site Europeer.
* 824 Le marché du travail radiophonique est détaillé dans le Chapitre II - 1 - Le profil du marché du travail du journaliste au Brésil.
* 825 Le manque de moyens, outre le fait qu'il contribue à la présence d'équipes amoindries, amène à sélectionner des professionnels de moindre coût (moins qualifiés) et aux capacités multiples. À savoir, des locuteurs/opérateurs audio, des producteurs/rédacteurs, des présentateurs/reporters, etc. Dans la radio brésilienne, il est aussi courant que la fonction d'informer soit assumée par des non journalistes, bien que la législation détermine que cette fonction est réservée aux journalistes, ayant reçu une formation universitaire spécifique. Ce qui prédomine, c'est l'emploi de Radialistas, dont la réglementation professionnelle présente des zones d'ombre qui permettent aux employeurs d'opter pour une main d'oeuvre effectuant des journées de travail plus longues et, dans la majorité des cas, pour des salaires inférieurs.
* 826 Cf. MEIO & MENSAGEM, 2000, São Paulo.
* 827 In: http://www.funceb.org.br/radioverdeoliva.html
* 828 Le travail sur le terrain a bénéficié de la collaboration des étudiants de la discipline Journalisme Corporatif , proposée par le Cours de Journalisme de la Faculté de Communication Sociale de l'Université de Brasilia. Étudiants impliqués dans la recherche : Ana Luiza Carneiro, Candice Alcântara, Larissa Ferreira, Paula Bitar, Renato Santezo Baptista et Viviani Yanagui.
* 829 A rádio Verde Oliva, FM 98,7, abre para o Exército a possibilidade do aumento da eficiência da sua comunicação social, atingindo seus diversos públicos e contribuindo para a formação de opinião pública favorável às necessidades da Força. Cf. http://www.funceb.org.br/radioverdeoliva.html
* 830 La programmation complète est indiquée sur le portail Internet de la station, à l'adresse http://www.verdeolivafm.exercito.gov.br/radiovo.htm#id
* 831 Cf. REUTERS, 2006.
* 832 Pour plus de détails, en portugais, sur le fonctionnement de cette station, consulter l'IJNET - Réseau de journalistes internationaux.
* 833 IBGE, 2002-A, p.200.
* 834 Le travail sur le terrain a bénéficié de la collaboration des étudiants de la discipline Journalisme Corporatif, proposée par le Cours de Journalisme de la Faculté de Communication Sociale de l'Université de Brasilia. Étudiants ayant participé à la recherche : Ana Cristina Fabre, Bruno Grossi et Luciana Yanekawa.
* 835 Témoignage donné à l'auteur pour la recherche.
* 836 Cf. http://asn.interjornal.com.br/site/Últimas.kmf
* 837 Témoignage donné à l'auteur pour la recherche.