3. L'émergence complexe d'une opposition
La délégation du groupe d'amitié, qui a été reçue à Phnom Penh par les plus hautes autorités, notamment le Président de l'Assemblée nationale et le Président du Sénat, et par le gouverneur de la province de Siem Reap, a pu mesurer l'implication croissante du Parti du Peuple Cambodgien (PPC) dans la gestion du pays .
Alors qu'il y a quelques années, le FUNCINPEC disposait de postes clefs comme celui de Président de l'Assemblée nationale, et de postes de haute responsabilité (vice-présidences au Parlement, gouverneurs), il ne subsiste pratiquement au plus haut niveau que des membres du parti dominant . Tout en restant un régime officiellement pluraliste, force est de constater que le régime cambodgien tend désormais, dans les faits, vers le mono-partisme. La question est donc de savoir si, à côté de ce parti dominant, il existe une opposition susceptible d'apporter, le cas échéant, une alternative aux électeurs cambodgiens.
Jusqu'à peu, le parti Sam Rainsy (PSR) du nom de son leader, faisait figure de principale contestation au régime au pouvoir . De fait, M. Sam Rainsy, que la délégation du groupe d'amitié a rencontré, tient des propos d'une grande virulence à l'égard du gouvernement en place. S'il a accepté le résultat des dernières élections locales, où il a emporté près d'un quart des suffrages, le PSR ne cesse de dénoncer une « démocratie confisquée ». Sam Rainsy s'est même dit contraint à l'exil à plusieurs reprises, dont la dernière fois pendant près d'un an, entre février 2005 et début 2006. M. Sam Rainsy est cependant rentré au Cambodge en bénéficiant d'une grâce royale, après s'être réconcilié avec le Premier ministre Hun Sen.
Depuis cette date, des évènements politiques importants sont intervenus, et notamment en mars 2006 le changement de la règle de majorité pour la formation d'un gouvernement , passée des deux tiers à la majorité simple. Ce changement a été rendu possible par le vote du parti de Sam Rainsy avec le PPC, si bien que le PSR ne se situe plus aussi clairement dans l'opposition qu'il l'était autrefois. Cela ne sera pas sans incidence sur le gouvernement qui sortira des élections de 2008, puisque la modification de la Constitution pourrait permettre à un seul parti, en l'occurrence le PPC, de gouverner.
Par ailleurs, Kem Sokha, ancien sénateur et président du centre cambodgien des droits de l'homme, a créé son parti « liberté khmère », qui bénéficie de la bienveillance des Etats-Unis. Pendant l'exil de Sam Rainsy en France, Kem Sokha a constitué des réseaux et mobilisé des militants et il est vu par certains comme un nouvel opposant au régime. Les législatives de 2008 constitueront un test à cet égard.