2. Un parti royaliste considérablement affaibli
Les élections législatives de juillet 2003 ont encore une fois donné la victoire au PPC (47 % des suffrages et 73 sièges sur 123 à l'Assemblée), devant le FUNCINPEC (20 % des suffrages et 26 sièges à l'Assemblée) et le PSR (22 % des suffrages et 24 sièges).
L'accord politique de coalition n'a pu cependant être trouvé qu'un an plus tard, en juillet 2004 , avec la reconduction de la coalition PPC-FUNCINPEC au pouvoir, après une médiation royale. L'accord de coalition s'est accompagné de la mise en place d'un gouvernement pléthorique (qui compte aujourd'hui un Premier Ministre, 7 Vice-Premiers ministres, 16 Ministres d'Etat, 13 Ministres, et plusieurs dizaines de secrétaires d'Etat), témoignant de la difficulté à trouver un compromis acceptable pour chaque partie.
De fait, cette difficulté à rendre compte des résultats des élections législatives de 2003 - le Cambodge est resté une année entière sans gouvernement - était le signe d'un malaise croissant dans la coalition gouvernementale. Depuis cette date, et alors que les prochaines élections législatives auront lieu en 2008, il faut constater que le parti royaliste a continué de s'effondrer, au point de devenir un partenaire extrêmement faible dans la coalition au pouvoir.
L'année 2006 a de plus été marquée par des querelles internes. Une crise ouverte est intervenue avec l'éviction du Prince Norodom Ranariddh de la présidence du FUNCINPEC à la suite d'un congrès extraordinaire en octobre 2006 (il lui a toutefois été accordé le titre de « président d'honneur »). Le Prince est accusé de malversations par son ancien parti, et il a été inculpé d'abus de confiance par la cour municipale de Phnom Penh pour la vente en novembre 2005 du siège du parti pour 3,6 millions de dollars.
Le Prince a perdu son mandat de député en décembre 2006 et créé son propre parti, le parti Norodom Ranariddh (PNR). Il a pour soutien son frère le prince Chakrapong, déchu également de ce fait de son mandat de sénateur.
Le nouveau président du FUNCINPEC est M. Keo Puth Ramsey. C'est un militant de longue date du parti royaliste, ancien secrétaire du Roi Sihanouk (et marié à la princesse Arunrasmy, fille du Roi-père), ancien ambassadeur en Malaisie, en Indonésie et en Allemagne. Le nouveau président du FUNCINPEC a justifié l'éviction du Prince Ranariddh par ses absences prolongées du pays, sa démission en mars 2006 de la présidence de l'Assemblée nationale sans consultation des instances dirigeantes, sa gestion hasardeuse et de nombreuses accusations de corruption.
Plus prosaïquement, compte tenu de la désaffection des militants, les cadres du FUNCINPEC ont estimé qu'il était nécessaire de changer de dirigeant avant les échéances municipales de 2007 et législatives de 2008. Le résultat des élections municipales d'avril 2007, qui a donné 2,4 % des voix au FUNCINPEC et 3,74 % des voix au Parti Norodom Ranariddh, montre cependant que la division a eu surtout pour conséquence de faire quasiment disparaître le parti royaliste du paysage politique . Si le Premier ministre Hun Sen a réaffirmé son souhait de poursuivre la coalition jusqu'aux élections législatives, il apparaît désormais évident que le parti Sam Rainsy, qui a obtenu près d'un quart des suffrages aux élections municipales d'avril 2007, est désormais la seule force politique alternative au PPC. Toute la question est de savoir si le PSR continuera à se situer clairement dans l'opposition ou cherchera, comme le FUNCINPEC en son temps, un accord de coalition après les élections législatives de 2008.
La famille royale Le Roi Norodom Sihanouk , monté sur le trône en avril 1941, a décidé en octobre 2004 de se retirer de la vie publique à l'âge de 82 ans. Le Royaume du Cambodge étant une monarchie élective, le Conseil du trône réuni le 15 octobre 2004 a élu à l'unanimité le Prince Norodom Sihamoni pour lui succéder à la tête du Royaume. Le nouveau Roi est le fils de la dernière épouse du roi Sihanouk, la reine Norodom Monineath Sihanouk. Le nom de Sihamoni est issu de la contraction de Sihanouk et Monineath. La délégation du groupe d'amitié a eu l'honneur d'être reçue en audience par le Roi, qui a rappelé son attachement aux relations étroites entre la France et le Royaume du Cambodge. La tâche du Roi Sihamoni est lourde car il hérite de la succession de la figure historique du Roi-père qui, tout en étant retiré de la vie politique, continue d'observer la situation du pays et reste une grande référence pour tous les cambodgiens. Par ailleurs, un débat est né récemment sur la place des membres de la famille royale dans la vie politique du pays. Sur son site internet, le Roi-père a ainsi évoqué l'hypothèse d'un retrait des princes de la vie politique en échange d'une liste civile, les princes et princesses se limitant alors à un rôle de représentation dans les domaines social et culturel. Un groupe ad hoc a été créé au sein du gouvernement pour étudier la situation existant au Japon, en Thaïlande et en Belgique. Si certains membres de la famille royale pourraient être tentés par un retrait de la vie politique, le projet suscite un tollé chez les princes engagés dans la vie politique aussi bien chez les Norodom (Ranariddh, Chakrapong) que chez les Sisowath (Thomico, Sirirath) dont certains ont menacé de redevenir « simples citoyens » pour poursuivre leurs activités politiques. |