CONCLUSION
L'Irak
est aujourd'hui en danger. Si ce phénomène n'est pas nouveau
depuis maintenant onze années, les menaces qui s'accumulent sur le
peuple irakien se sont singulièrement aggravées depuis le 11
septembre 2001.
A la catastrophe humanitaire scandaleuse que subit ce pays, et dont le rapport
médical ci-annexé témoigne, viennent s'ajouter les menaces
de plus en plus précises d'une intervention militaire unilatérale
des Etats-Unis. Cette intervention si elle se réalise sera un
échec pour la communauté internationale et un retour en
arrière de plusieurs décennies de tentatives de substituer le
droit à la force dans le cadre d'un mécanisme international de
règlement des différends.
La position de votre groupe d'amitié a toujours été
d'appeler et de militer activement pour une levée totale de l'embargo
qui pèse sur les populations civiles. Il ne convient pas ici de revenir
sur les occasions manquées, les erreurs et l'obstination des uns et des
autres, mais de rechercher les voies d'une solution à une crise dont la
durée est inadmissible et les effets sur la population criminels.
Sortir de l'impasse dangereuse actuelle suppose que des gestes soient faits de
part et d'autre. En effet, la rhétorique unilatérale des
Etats-Unis n'est pas acceptable, ni par l'Irak, ni par la communauté
internationale. De même, qu'il n'est pas admissible que l'autorité
du Conseil de sécurité soit contestée et remise en cause.
La sortie de crise et la levée totale de l'embargo, qui doit demeurer un
objectif prioritaire, ne peuvent s'inscrire que dans une reprise des
négociations entre l'Irak et l'ONU. Le dispositif de la
résolution 1382 donne l'occasion de cette reprise de la
négociation à la condition qu'il ne soit pas
détourné et qu'il n'aboutisse pas, comme le redoutent les
irakiens, à une nouvelle modalité d'un embargo sans limites.
Cela signifie qu'il est nécessaire que le Conseil de
sécurité précise les conditions d'application de cette
résolution non seulement en termes techniques mais aussi en termes
politiques. Il faut notamment préciser les conditions de sortie
définitive de l'embargo et offrir ainsi une perspective claire à
l'Irak.
De son côté, l'Irak doit accepter le retour des missions
d'inspection dans le cadre d'un embargo militaire qui doit évidemment
demeurer. La reprise des inspections sur place est seule de nature à
éloigner la menace d'une action militaire et à permettre
l'élaboration de propositions globales engageant l'Irak et l'ONU dans un
processus de négociation et de sortie de la crise commencée en
1991.