II. LE RAPPORT DE LA MISSION SÉNATORIALE
A. UN ENTRETIEN AVEC M. UMAID MIDHAT MUBARAK , MINISTRE DE LA SANTÉ (20 JUIN 2001)
M. Umaid
MIDHAT MUBARAK a dénoncé les conséquences médicales
de l'embargo. Il a notamment souligné que l'Irak ne recevait que 48,4%
des commandes de médicaments qu'elle avait passées par contrat,
le reste étant bloqué au niveau du comité des sanctions.
Le ministre a indiqué que 850.000 irakiens avaient une carte de
rationnement pour l'attribution de médicaments.
Beaucoup des problèmes sanitaires auxquels son ministère fait
face tiennent aux conséquences des coupures d'électricité
et du très mauvais état des canalisations en eau potable.
Une malnutrition généralisée continue de sévir avec
de dramatiques conséquences sur la croissance des enfants. Les maladies
infectieuses et chroniques ont connu une progression très importantes
depuis 10 ans. Il en va de même du développement des cancers dont
la progression est aggravée par le fait que les demandes de
matériels de diagnostic préventif sont bloquées par le
comité 661.
Le premier problème auquel doit faire face l'Irak est celui de la
prévention, notamment des maladies infectieuses. D'importants efforts
sont faits pour informer la population.
S'agissant des hôpitaux les services de maintenance ont de très
grandes difficultés du fait de l'embargo et du caractère
incertain de l'acceptation des contrats. Il en va de même pour les
questions de communication avec les hôpitaux et avec les ambulances
puisque le comité 661 a refusé l'équipement en standards
téléphoniques modernes.
Selon M. Umaid MIDHAT MUBARAK les insuffisances ou même l'absence de
matériels, notamment dans le domaine de la radiothérapie et de la
chimiothérapie, revenait à condamner à mort les malades
qui en avaient besoin.
D'une manière générale, les incertitudes sur les contrats,
le caractère absurde de certains refus, les retards dus à la mise
en attente empêchent d'avoir une politique du médicament, des
équipements, de leur entretien et de leur maintenance cohérente
et de long terme.
M. Umaid MIDHAT MUBARAK a souhaité que la coopération
française en matière de santé soit dynamisée. Il a
rappelé qu'il avait invité le ministre français de la
santé, M. Bernard Koutchner, à effectuer une visite officielle en
Irak, mais qu'aucune réponse n'avait encore été
donnée.
Dans le domaine de la santé le Service de l'action humanitaire (SAH) est intervenu jusqu'en 2000 pour la mise en place d'actions d'urgence en direction prioritairement de la population enfantine (programmes nutritionnels, vaccins, chirurgie) mais également dans le cadre d'action à plus long terme (réhabilitation d'infrastructures hospitalières, séminaires pharmaceutiques, mise en place d'atelier épidémiologique ou de chirurgie cardiaque). Afin de pérenniser les actions mises en place par le SAH des projets de coopération médicale, en partenariat avec plusieurs établissements hospitaliers et universitaires français dans les secteurs de la laparoscopie, de la cancérologie, de la pharmacie et de la pédiatrie sont en cours |
Après avoir souligné la compétence et
l'extrême dévouement des médecins irakiens, le ministre a
indiqué que d'importants problèmes de formation des jeunes
diplômés se posaient tant au niveau de l'acquisition des
connaissances que de la formation continue.
Il a souhaité que des délégations de médecins
français puissent venir en Irak pour former et opérer sur place.
La formation sur place est particulièrement importante car elle permet
d'utiliser les matériels qui sont à disposition en Irak. En effet
les stages à l'étranger dispensent une formation de grande
qualité mais avec les matériels les plus modernes et les plus
sophistiqués dont l'Irak, du fait de l'embargo, ne dispose pas. De
retour en Irak ces médecins devront travailler avec des matériels
obsolètes mais existants.
Par contre des stages dans des domaines spécialisés comme la
cardiologie ou encore des stages infirmiers dans des domaines comme la
neurologie seraient utiles.
Répondant à une question du docteur Privat, le ministre a
également insisté sur la difficulté de se procurer la
documentation et les revues médicales et les difficultés de
participation à des congrès.