II. UNE CROISSANCE SUSPENDUE À DES RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET À LA RÉUSSITE DE GRANDS PROJETS
Le Yémen mène avec le soutien du FMI et de la Banque Mondiale des réformes structurelles dont les premiers résultats, fragiles, sont encourageants. Une croissance importante est par ailleurs attendue de la réalisation de deux grands projets : le développement de la zone franche d'Aden et l'exploitation des gisements gaziers du Yémen. Si ces investissements, dont le second reste encore en suspens, devaient être réalisés, ils pourraient de manière significative contribuer à la croissance yéménite. Ils ne pourront à eux seuls assurer le développement du Yémen. Ces projets ne constituent ainsi pas un dernier recours mais sont partie intégrante d'une politique globale de croissance et de développement.
1. Des réformes appuyées par les institutions internationales
Les
autorités yéménites ont engagé en 1995 avec le
soutien des institutions internationales un ambitieux programme d'ajustement
structurel.
Les premières mesures ont porté sur la libéralisation du
commerce extérieur et la suppression totale des subventions
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*
)
, effective depuis la fin de 1999.
D'autres mesures doivent suivre comme la restructuration du secteur public, le
renforcement du secteur bancaire, une application réelle et saine du
système juridique et enfin la mise en place d'une véritable
réforme fiscale indispensable au financement des dépenses
d'infrastructures, notamment dans le secteur de l'eau.
S'agissant des privatisations, le cadre légal des opérations au
Yémen a clairement été défini, après
plusieurs années d'attente, par la loi sur les privatisations
approuvée par le Conseil des Ministres en février 1997 et
promulguée par le Parlement en octobre 1999 (loi n° 45 de 1999).
Une soixantaine de petites entreprises appartenant principalement au secteur du
tourisme et des loisirs (hôtels, cinémas...) ont été
privatisées. Elles représentent environ 30% des
sociétés publiques mais leur poids économique est faible.
Une première vague de privatisation d'entreprises plus importantes
(cimenteries, usines pharmaceutiques, sociétés de gestion de
fret, banque...) devrait intervenir courant 2001 et préparer une vague
de privatisation d'entreprises plus stratégiques, même si les
secteurs de l'eau et du pétrole devaient être exclus.
Le cadre juridique des investissements étrangers, fixé par la loi
n° 22 de 1991, amendée à plusieurs reprises, a
été conçu pour encourager les investisseurs. Des avantages
fiscaux (exemption d'impôts pendant 7 ans et, dans certains cas,
jusqu'à 10 ans) et douaniers (exemption des droits de douane pour les
équipements nécessaires au projet) sont offerts aux investisseurs
dont les projets sont approuvés par les autorités
yéménites. Le capital investi et les bénéfices sont
librement rapatriables et les entreprises étrangères peuvent
être majoritaires, voire propriétaires de la totalité du
capital.
L'aide que le FMI apporte aux réformes des autorités
yéménites s'élevait au premier novembre 1999 à 239
millions de $ sous forme d'un programme d'ajustement structurel. La Banque
Mondiale a, elle, engagé pour 2000-2002 510 millions de $ dans une
optique basse et 695 millions de $ dans une optique haute (soit 250 millions en
2000, 220 en 2001 et 225 en 2002). L'aide de la Banque Mondiale n'est pas
garantie et dépendra des progrès des réformes
économiques.
2. Dont les résultats, fragiles, sont encourageants.
En dépit de la dégradation brutale de la situation économique en 1998, liée la chute des cours du pétrole, les autorités yéménites ont su garder le cap des réformes. Leurs résultats, en 1999 et 2000, paraissent encourageants, même si une part de la croissance (5,3% en 1999) peut être imputée à l'embellie pétrolière. Le solde budgétaire quasi équilibré en 1999 devait être excédentaire en 2000. Le Yémen connaît aujourd'hui une diminution sensible du taux d'inflation, une stabilisation de son taux de change et une amélioration de sa balance commerciale.
a) Inflation
Les efforts des autorités yéménites pour maîtriser l'inflation ont indéniablement porté leurs fruits :
Évolution de l'indice général du coût de la vie (en %)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
+57,2 |
+27,2 |
+7,1 |
+11,9 |
+10,2 |
+2,8 |
Source : Banque centrale du Yémen
b) Taux de change
La parité du rial yéménite par rapport au $ qui s'était fortement affaiblie jusqu'en 1996, a été stabilisée en 1997 et 1998 avant de connaître une rechute au début de l'année 1999, aujourd'hui enrayée.
Taux de change du rial yéménite par rapport au $
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
110 |
129 |
135 |
160 |
163 |
Source : Banque centrale du Yémen
c) Commerce extérieur
Les échanges commerciaux du Yémen avec l'extérieur ont connu une croissance régulière de 1995 à 1997, tant un niveau des exportations que des importations, aboutissant à un solde positif. Un choc conjoncturel, dû à la diminution du prix du baril et la contraction des ressources pétrolière, a entraîné un solde négatif de la balance commerciale en 1998. Une reprise se fait nettement sentir depuis 1999.
Évolution de la balance commerciale
yéménite
(données CAF/FAB en millions de
rials)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
98/99 |
Exportations |
79.434 |
251.830 |
323.716 |
203.480 |
353.666 |
+73,8% |
Dont pétrole |
74.907 |
242.171 |
306.918 |
185.611 |
336.647 |
+81,4% |
Importations |
64.591 |
591 191 |
260.331 |
294.510 |
239.268 |
-18,8% |
Solde |
+14.843 |
+59.967 |
+63.385 |
-91.029 |
+114.399 |
+225,7% |
Source : Banque Centrale yéménite
Clients et fournisseurs du Yémen
Le
Yémen trouve ses marchés d'exportation principalement en Asie
(90% de parts de marché). Les quatre principaux clients du Yémen
sont la Chine, la Thaïlande, la Corée du Sud et Singapour
37(
*
)
.
Les trois grandes zones d'importation sont
-Les pays
arabes en progression régulière avec 34,4% en 1999 (29,5% en 1998
et 27,2% en 1997)
-Les pays asiatiques en légère diminution avec 22,8% en 1999
(24,9% en 1998 et 24,1% en 1997)
-Les
pays de l'Union Européenne en diminution sensible avec 21,4% en 1999
(26,6% en 1998 et 24,7% en 1997)
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)
Les biens alimentaires constituent le premier poste d'importation du
Yémen.