Yémen : l'Arabie heureuse en mouvement
Table des matières
- COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
-
PROGRAMME DE LA MISSION
- INTRODUCTION
-
UNE RÉPUBLIQUE PLUS ASSURÉE DANS SES
FONDEMENTS ET MIEUX INSERÉE DANS SON ENVIRONNEMENT RÉGIONAL
-
I. LES FONDEMENTS D'UNE STABILITÉ :
UNITÉ ET CHEMIN VERS LA DÉMOCRATIE
- A. 11 ANS APRÈS L'UNIFICATION DU YÉMEN, L'UNITÉ PARAÎT ASSURÉE...
- B. ET UN PROCESSUS DÉMOCRATIQUE FRAGILE SE DESSINE
- II. L'INSERTION RÉGIONALE : GARANTIE DES FRONTIÈRES ET DÉVELOPPEMENT DES SOLIDARITÉS RÉGIONALES
-
I. LES FONDEMENTS D'UNE STABILITÉ :
UNITÉ ET CHEMIN VERS LA DÉMOCRATIE
- UNE ÉCONOMIE FRAGILE AUX PERSPECTIVES DE CROISSANCE MAL CONNUES
-
UNE COOPÉRATION INTERNATIONALE TRÈS
ATTENDUE QUI DOIT SE DÉVELOPPER
- I. LE BESOIN D'UNE COOPÉRATION INTERNATIONALE
-
II. LA NÉCESSITÉ D'UNE PLUS GRANDE
PRÉSENCE FRANÇAISE
- A. EXPLOITER LES BONNES RELATIONS POLITIQUES ET LA SITUATION GÉOSTRATÉGIQUE DU YÉMEN
- B. DÉPASSER LA COOPÉRATION ACTUELLE
- CONCLUSION : AIDER LE YÉMEN
- REPÈRES SUR LE YEMEN
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
M.
André FERRAND, Président du groupe d'amitié
(Républicain indépendant, Français établis hors de
France)
M. Louis BOYER, Vice-Président du groupe d'amitié
(Républicain indépendant, Loiret)
M. Michel SOUPLET, Vice-Président du groupe d'amitié
(Union centriste, Oise)
M. Georges BERCHET, Secrétaire du groupe d'amitié
(Rassemblement démocratique et social européen, Haute-Marne)
La délégation était accompagnée de M. Pascal DESROUSSEAUX, Administrateur des services du Sénat, Secrétaire exécutif du groupe d'amitié.
PROGRAMME DE LA MISSION
Samedi 10 mars
(Arrivée à Sanaa)
05 h 30 : Accueil à l'aéroport
09 h 00 : Réunion de travail à l'Ambassade de France
10 h 00 : Réunion de travail présidée par M.
Abdulaziz Abdulghani, Président du Conseil Consultatif, avec les membres
du Conseil Consultatif
11 h 00 : Entretien avec le Premier Ministre, M. Abdel Karim al-Iryani
12 h 00 : Entretien avec le Ministre du Plan, M. Ahmed Mohammed Sofan
13 h 00 : Déjeuner libre et repos
16 h 30-18 h 30 : Visite de la vieille ville de Sanaa avec le
Secrétaire Général de l'Organisation
générale pour la protection du patrimoine urbain
19 h 15 : Cérémonie de remise de médaille à M.
Kassous, Directeur Général des Télécommunications
en présence de plusieurs ministres
20 h 00 : Réception à la Résidence de M.
l'Ambassadeur de France
Dimanche 11 mars
(Sanaa)
10 h 00 : Entretien avec le Président du Parlement, Cheikh
Abdullah Al-Ahmar
11 h 00 : Entretien avec le Président de la République, M.
Ali Abdallah Saleh
12 h 00 : Entretien avec le Président du Comité
électoral suprême,
M. Alawi al-Attas
13 h 30 : Déjeuner avec des personnalités politiques
17 h 30 : Visite du Centre culturel et de coopération linguistique
français
18 h 30 : Visite du centre français d'archéologie et de
sciences sociales de Sanaa (CEFAS) : rencontre avec les chercheurs
français et yéménites
20 h 00 : Cocktail dînatoire au CEFAS
Lundi 12 mars
(Sanaa)
08 h 30-09 h 30 : Visite de l'École Française de Sanaa
09 h 30-12 h 30 : Entretiens avec des responsables des partis politiques
yéménites : Congrès Populaire Général
et Parti Socialiste Yéménite
12 h 30-13 h 45 : Présentation de l'économie
yéménite et de nos relations commerciales, avec la participation
des Conseillers du commerce extérieur
13 h 45 : Déjeuner avec la communauté d'affaires
yéménite et française
16 h 30-18 h 00 : Rencontre avec les ONG françaises
18 h 30 : Départ vers l'aéroport de Sanaa
20 h 00 : Décollage de Sanaa pour Aden
Mardi 13 mars
(Aden)
09 h 30 : Inauguration du nouveau Centre culturel français
10 h 30 : Entretien avec le Président de l'Université d'Aden
11 h 30 : Inauguration du nouveau Département de français
à l'Université d'Aden
12 h 30 : Rencontre avec le Gouverneur d'Aden, M. Ghanem
13 h 30 : Déjeuner avec le Président de l'Université
d'Aden
Après-midi : Visite de la ville d'Aden
Soirée : Dîner avec la communauté française
d'Aden
Mercredi 14 mars
(Hadramawt)
07 h 00 : Départ d'Aden pour Seyoun
8 h 30 : Entretien avec le Vice-Gouverneur d'Hadramawt
Journée : Visite des sites de Seyoun, Shibam et Tarim dans le Wadi
Hadramawt
18 h 30 : Rencontre avec des élus des dernières
élections locales
Jeudi 15 mars
(Hadramawt et Sanaa)
Matinée : Visite des installations de la Compagnie Total à
Shabwa (Hadramawt)
15 h 20 : Décollage pour Sanaa
17 h 00 : Suite de la visite de la vieille ville de Sanaa
19 h 00 : Conférence de presse à la Résidence de
l'Ambassadeur
20 h 00 : Réception de la communauté française
à la Résidence de l'Ambassadeur
Vendredi 16 mars
(Sanaa-Paris)
08 h 30 : Petit déjeuner : réunion de bilan avec les
chefs de service de l'Ambassade de France
09 h 30 : Départ de l'hôtel Taj Sheba pour l'aéroport
de Sanaa
11 h 30 : Départ pour Paris
INTRODUCTION
Le
Yémen a le redoutable privilège d'être, dans l'imaginaire
du voyageur, l'Arabie heureuse, l'
Arabia Felix
de l'Antiquité, la
riche civilisation caravanière de la myrrhe et de l'encens. Loin de ce
mythe enchanteur, de la nostalgie d'un quelconque âge d'or, le
Yémen contemporain a fait face depuis son unification, en 1990, à
de formidables problèmes politiques, économiques et sociaux. Il a
choisi pour les résoudre d'entrer en mouvement.
Le 10
e
anniversaire de l'unification a été l'occasion
de mesurer le chemin parcouru. Si le groupe sénatorial
France-Yémen n'a pu être représenté aux
commémorations grandioses du 22 mai 2000, il a souhaité se rendre
au Yémen à un moment particulièrement important du
processus démocratique yéménite : une
délégation est ainsi partie en voyage officiel du
9 au 16
mars 2001, moins d'un mois après les premières élections
locales et le référendum constitutionnel du 20 février.
Le premier objectif de la délégation était ainsi
politique
. La délégation du groupe sénatorial s'est
félicitée de la qualité des entretiens qu'elle a pu avoir
avec des interlocuteurs de très haut niveau. Elle a mesuré la
chaleur des relations bilatérales franco-yéménites et a pu
apprécier, tout au long de ses rencontres, le processus
démocratique que conduit malgré les difficultés et les
imperfections
la seule République de la péninsule
arabique
. La délégation a suivi, avec un grand
intérêt mais aussi une certaine émotion, les débats
et réflexions sur le nouveau Conseil consultatif, issu du
référendum du 20 février, qui pourraient bien conduire
à
l'avènement d'une véritable deuxième
chambre
.
La délégation a cherché en deuxième lieu à
analyser la situation économique du Yémen,
pays le plus
peuplé et le plus pauvre de la péninsule arabique
, le seul
à ne pas bénéficier de la rente pétrolière.
Si elle a pu constater les efforts et les réformes
réalisées pour améliorer, avec l'aide des institutions
internationales, les fondamentaux économiques, elle ne peut que
déplorer la fragilité de la croissance et la lenteur du
développement économique. Si le Yémen est en mouvement sur
le plan de la politique intérieure et extérieure, il est encore
en attente d'investissements extérieurs, notamment dans les domaines du
pétrole et du gaz, du tourisme et de la pêche. Il a
besoin
d'une intensification de la coopération internationale
.
La délégation du groupe sénatorial France-Yémen a
dès lors observé avec attention le dispositif de
coopération mis en place par la France au Yémen. La
délégation tient à en saluer tous les acteurs, quel que
soit leur domaine d'action, sans oublier évidemment les ONG, pour la
qualité de leur travail. Elle regrette pour autant que la France,
malgré l'excellence des relations qu'elle entretient avec le
Yémen, l'intérêt géostratégique de ce pays et
l'importance de ses besoins,
ne mobilise pas davantage les outils
financiers
dont elle dispose au titre de la ZSP et
ne puisse diversifier
son offre de coopération
au-delà de l'inévitable
action linguistique. Le Président du groupe d'amitié, M.
André Ferrand, qui conduisait la délégation, a posé
dès son retour plusieurs questions écrites aux ministères
concernés pour attirer l'attention sur la nécessité de
développer et de redéployer l'aide française. Certaines de
ses questions attendent encore leur réponse. De son côté,
la délégation, que le Président du Sénat, M.
Christian Poncelet, avait chargée de le représenter, fera tout
son possible pour qu'émerge entre Conseil consultatif et Sénat
français une
coopération interparlementaire constructive
.
La visite d'une délégation à l'étranger est de plus
toujours l'occasion de rencontres avec la communauté française.
Celle du Yémen, si elle est limitée en nombre, avec 450 personnes
immatriculées, n'en est pas moins très active et dynamique. Elle
montre un attachement enthousiaste à ce pays de haute culture qu'est le
Yémen.
La délégation exprime sa plus vive gratitude à M.
Abdulaziz Abdulghani, Président du Conseil Consultatif, pour l'accueil
chaleureux qu'il lui a réservé. Elle témoigne de sa
reconnaissance à S. Exc. Monsieur Mohamed Ahmed Basalanah, Ambassadeur
du Yémen en France, qui a bien voulu, dès son arrivée en
poste, être le relais du groupe sénatorial auprès des
autorités yéménites.
La délégation tient enfin à remercier tout
particulièrement pour l'organisation de cette mission, leur
compétence et leur parfaite disponibilité S. Exc. M. Pierre
Boillot, Ambassadeur de France au Yémen, M. Jean Hannoyer, Premier
Conseiller à l'Ambassade de France qui ont fait de ce voyage une
véritable réussite. Que l'ensemble des personnels de l'Ambassade,
du Poste d'Expansion Économique, de l'École française, des
Centres culturels à Sanaa et à Aden, les Conseillers du Commerce
Extérieur soient également remerciés pour leur excellent
accueil.
UNE RÉPUBLIQUE PLUS ASSURÉE DANS SES FONDEMENTS ET MIEUX INSERÉE DANS SON ENVIRONNEMENT RÉGIONAL
Sept ans
après la guerre civile de mai-juillet 1994 qui a consacré
l'unification définitive du pays par la victoire du Nord sur le Sud, le
Yémen a renoué avec la stabilité politique. Si les
dernières élections du 20 février 2001 ont connu un niveau
élevé de violence et ont entraîné de fortes
dissensions entre le parti CPG, Congrès du Peuple Général,
au pouvoir, et le parti Al-Islah, Rassemblement yéménite pour la
Réforme, deuxième parti du pays, islamo-tribal, elles ont
été reconnues, malgré leurs limites, par l'ensemble des
parties et consolident au final le processus démocratique.
La sécurité intérieure, si elle n'est pas encore
assurée dans toutes les zones du pays, semble pour autant avoir fait
quelques progrès durant ces derniers mois.
Enfin, sur le plan extérieur, le Yémen a rétabli
l'ensemble des relations qui avaient été suspendues à
l'occasion de la guerre du Golfe. Les frontières du pays semblent par
ailleurs désormais mieux assurées. Le contentieux territorial
avec l'Érythrée est réglé et le traité de
Djeddah du 12 juin 2000 avec l'Arabie Saoudite porte en germe une
amélioration des relations entre les deux pays.
I. LES FONDEMENTS D'UNE STABILITÉ : UNITÉ ET CHEMIN VERS LA DÉMOCRATIE
A. 11 ANS APRÈS L'UNIFICATION DU YÉMEN, L'UNITÉ PARAÎT ASSURÉE...
Le 22
mai 2000 ont eu lieu les fêtes du 10
e
anniversaire de
l'unification yéménite. Organisées dans la capitale,
Sanaa, les diverses cérémonies ont remporté un grand
succès. 1.200 invités de près de 50 pays ont notamment
assisté à un grand défilé rassemblant plus de
100.000 civils et militaires.
Les cérémonies ont été marquées par la
présence de personnalités, pour l'essentiel arabes, de premier
plan. Le Prince héritier saoudien, celui du Qatar et les
Présidents de l'Autorité palestinienne, d'Algérie, de
Djibouti, d'Éthiopie et du Soudan ont fait le déplacement.
La France, qui a apporté un soutien sans faille au processus
d'unification, a été représentée par l'Ambassadeur
Francis Gutmann, envoyé spécial du Président Chirac, qui
avait joué un rôle important dans le dénouement du conflit
des îles Hanish, par six députés du groupe d'amitié
France-Yémen de l'Assemblée nationale, par le Contre-Amiral
Commandant des Forces Maritimes de l'Océan Indien et le Commandant en
Chef des Forces françaises stationnées à Djibouti.
L'unité yéménite a ainsi bénéficié
d'une reconnaissance internationale éclatante. Elle n'est plus
contestée en interne comme en externe et jouit d'un soutien populaire
important. Les institutions ont définitivement consolidé
l'unité, le Président de la République apparaissant comme
le garant majeur de celle-ci.
L'unité yéménite reste néanmoins contrariée
par l'expression de conflits tribaux. De plus, l'unité, faite par
absorption du Sud par le Nord, soulève quelques difficultés en
termes d'équilibres territoriaux. La persistance de forces tribales
centrifuges comme un déséquilibre Nord/Sud fortement
prononcé, sans affaiblir le sentiment national, malmènent parfois
l'unité du pays.
1. Un processus parvenu à son terme
Si l'unification du Yémen constitue une aspiration ancienne des deux Yémen et de leur peuple, le processus d'unification ne s'est pas réalisé sans conflit. L'achèvement du processus trouve paradoxalement sa source, non dans l'instauration d'un nouvel État, la République du Yémen, le 22 mai 1990 mais dans la victoire des partis du Nord contre les « sécessionnistes » du Sud à l'issue de la guerre civile de mai à juillet 1994.
a) Deux Yémen
L'origine des deux Yémen trouve sa source dans un
héritage colonial. Si le Nord a été marqué par la
présence des Ottomans, le Sud a été jusqu'en 1967
protectorat britannique. Cet héritage colonial est doublé d'une
différence religieuse : le Nord est majoritairement zaydite, le Sud
est plutôt chaféite
1(
*
)
.
Les orientations politiques des deux régimes, Yémen du Sud et
Yémen du Nord ont été fondamentalement
différentes :
Au Nord, après le régime de l'Imamat, autour de l'Imam Yahya et
de son fils Ahmed en 1962, se sont longtemps opposés royalistes et
républicains. Les différentes parties, malgré la
persistance d'une certaine instabilité, se sont
réconciliées autour d'un régime républicain
conservateur en 1970. L'arrivée au pouvoir du lieutenant-colonel Ali
Abdallah Saleh
2(
*
)
en 1978 a inauguré une
période de stabilité au sein du régime jusqu'à
l'unification.
Les indépendantistes, qui ont proclamé l'indépendance en
1967 au Yémen du Sud, ont fondé un régime marxiste
dirigé par le Parti Socialiste Yéménite (PSY). La
République démocratique populaire du Yémen, fortement
financée par l'URSS, a ainsi connu les vicissitudes de la guerre froide.
A partir de la Perestroïka et de la diminution des financements
extérieurs qu'elle a engendrée, le Yémen du Sud a connu
des troubles politiques forts, allant jusqu'à la guerre civile de 1986,
entre « pragmatiques » et
« idéologues » du régime. Cette guerre a fait
plus de 10.000 morts.
b) L'unification : une nécessité pour les deux régimes
Le
régime de la RDPY (Sud) apparaissait à la fin des années
80 à bout de souffle. L'arrêt des financements soviétiques,
l'instabilité politique intérieure induisaient un vif
mécontentement de la population et la possibilité d'une relance
du processus d'unification.
La RAY (Nord), si elle ne connaissait pas les mêmes problèmes,
voyait dans l'unification un dérivatif face aux mécontentements
éventuels de la population. Les difficultés économiques
récurrentes pouvaient être en partie résolues par
l'ouverture du marché du Yémen du Sud aux produits du Nord.
L'unification de 1990 a donc été souhaitée par les deux
régimes. Elle s'est réalisée notamment autour de
l'idée de complémentarité économique
(investissements pour le Sud contre marché élargi pour le Nord).
Le Président Ali Abdallah Saleh, en raison du déséquilibre
démographique entre le Nord et le Sud, a tout de suite vu
l'intérêt politique qu'il aurait à se présenter
comme le maître d'oeuvre de l'unité yéménite.
Les deux Yémen avant l'unification (1989)
|
RAY |
RDPY |
République du Yémen |
Surface (milliers de km²) |
195 |
333 |
528 |
Population (en millions) |
10,1 |
2,1 |
12,6 |
PIB (en millions de $ 1988) |
5.631 |
1.275 |
6.906 |
Dette extérieure (en milliards de dollars) |
3,3 |
2,5 |
5,8 |
Taux de change (/$) |
9,6 |
0,45 |
---- |
Source : Banque Mondiale, FMI
Croissance économique des deux Yémen
|
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
Croissance réelle du PIB : RAY |
3,3 % |
4,6 % |
9,4 % |
4,7 % |
19,2 % |
Croissance réelle du PIB : RDPY |
8,8 % |
-6,6 % |
-11,8 % |
3,2 % |
0,3 % |
Source : Banque Mondiale, FMI
c) 1990 : l'unité par le haut
Le 22
mai 1990, le Président Ali Abdallah Saleh annonçait, depuis Aden,
la naissance de la République du Yémen. L'unification
yéménite s'est réalisée selon des modalités
particulières. Contrairement à l'unité allemande qui
consista à intégrer l'ex-RDA dans une RFA présumée
suffisamment riche pour en supporter les effets, l'unité
yéménite a été qualifiée par ses initiateurs
d' « unité par fusion complète ».
Les deux Républiques yéménites du Nord et du Sud se sont
fondues à parité institutionnelle. Ainsi, l'article 6 de la
Constitution unitaire mentionnait-il parmi les principes économiques de
la nouvelle République des valeurs du Sud et du Nord : justice
sociale islamique dans les rapports productifs et sociaux, construction d'un
secteur public développé capable de prendre possession des
principaux moyens de production, protection de la propriété
privée, toute contravention à ce dernier principe devant
procéder de l'intérêt général et recevoir une
juste compensation selon la loi...
Cette unification a d'abord été une unification par le haut, la
répartition du pouvoir ayant été négociée
entre les régimes du Nord et du Sud et ne procédant pas de
l'élection. Les deux parlements ont été fusionnés
et le gouvernement mis en place comptait autant de ministres sudistes que
nordistes. Le Conseil présidentiel, au-dessus de ce gouvernement,
était composé de cinq membres, dirigé par le
Président Ali Abdallah Saleh et le secrétaire
général du PSY, Ali Salim al-Bid, qui devint
vice-président.
La nouvelle République instituait dans la société
yéménite un espace politique pluraliste. L'article 39 de la
nouvelle Constitution, approuvée massivement par
référendum en mai 1991, dispose en effet que « les
citoyens peuvent librement s'organiser à partir d'objectifs politiques,
culturels et syndicaux ».
d) Une unité issue de fait du conflit de 1994
C'est
justement cet espace politique pluraliste qui, en faisant émerger un
troisième acteur, remettra en cause le partage du pouvoir
négocié en 1990. L'apparition d'Al-Islah, Rassemblement
yéménite pour la Réforme, islamo-tribal, comme nouvelle
force politique dans le Nord, opposé avec force au Parti socialiste
yéménite, va remettre en cause le partage paritaire du pouvoir
entre Nord et Sud, entre CPG et PSY.
Les élections législatives du 27 avril 1993
(« l'unité par le bas ») tenues dans un climat
très libéral, vont occasionner une véritable
déception pour le PSY qui n'obtient que 20% des voix, même s'il
détient la majorité dans l'ensemble des gouvernorats du Sud,
engendrant une crise institutionnelle qui ne pourra se résoudre que dans
la guerre civile. Le CPG obtiendra lui 40% des voix et Al-Islah 20%.
Les partis au Parlement, 1993 |
|
CPG |
123 |
al-Islah |
62 |
PSY |
56 |
Parti Ba'as |
7 |
Partis nassériens |
3 |
al-Haqq |
2 |
Indépendants |
47 |
Élection repoussée |
1 |
TOTAL |
301 |
Le
débat sur les nouveaux amendements constitutionnels, les
aménagements institutionnels nécessités par l'apparition
d'al-Islah, mais aussi les actes de violence perpétrés contre des
militants du PSY vont occasionner une forte dégradation du climat
politique. Le choix par les dirigeants du PSY et du Vice-président Ali
Salim al-Bid d'un repli, en mai 1994, sur Aden, et la multiplication de
manifestations d'autonomie de leur part seront considérés
de
facto
comme une tentative de sécession.
La guerre civile entre Nord et Sud dure deux mois, entre le 5 mai et le 7
juillet 1994. Malgré un soutien logistique russe et la bienveillance
appuyée de l'Arabie Saoudite, les dirigeants du PSY vont
connaître la défaite : la plupart seront contraints à
l'exil.
C'est par la défaite du PSY du Yémen du Sud que le Yémen
va trouver son unité. Elle est aujourd'hui solide.
Il est à noter que la France a toujours fermement soutenu
l'unité yéménite. Le Président de la
République M. François Mitterrand avait ainsi
déclaré lors de sa visite à Sanaa en octobre 1993 que
l'unification du Yémen apparaissait comme un « choix
historique né des aspirations profondes à l'unité du
peuple yéménite », « un facteur
d'équilibre, de sécurité et de développement pour
toute la région ». La France a ensuite été la
seule puissance à soutenir clairement et fermement l'unité
yéménite durant la guerre civile par la diffusion d'un
aide-mémoire à l'ONU appelant la communauté internationale
à ne pas reconnaître la sécession du PSY, contre la
position à l'époque notamment de l'Arabie Saoudite, et rappelant
que l'unité yéménite avait été
ratifiée par référendum en 1991.
e) Une unité consolidée
L'unité yéménite dispose aujourd'hui
d'assises
solides. En premier lieu, le Président de la République Ali
Abdallah Saleh apparaît aujourd'hui comme le garant de l'unité du
pays. La longévité de son pouvoir, le contrôle de
l'armée, sa maîtrise des équilibres tribaux lui permettent
d'être une véritable clef de voûte pour la République
du Yémen.
La délégation du groupe sénatorial France-Yémen a
pu constater en deuxième lieu, tout au long de sa mission, de Sanaa en
Hadramawt en passant par Aden, le très fort sentiment national du peuple
yéménite.
Enfin, cette unité n'a plus de véritables adversaires. Le Parti
Socialiste Yéménite, après avoir boycotté les
élections législatives d'avril 1997, a souhaité entrer de
nouveau dans le jeu démocratique. Si la participation de son candidat,
Ali Saleh Obad, à l'élection présidentielle de 1999 n'a
pas été rendue possible, le PSY a en revanche pu participer aux
élections locales du 20 février 2001. La délégation
du groupe sénatorial France-Yémen a rencontré le bureau
politique du PSY : celui-ci, s'il a déploré en des termes
vifs les conditions dans lesquelles se sont tenues la campagne et les
élections du 20 février 2001, n'en a pas moins marqué sa
complète adhésion au processus de démocratisation du pays.
Les conflits entre les différents protagonistes de l'unification
paraissent aujourd'hui apaisés, même si le PSY a toujours
auprès de l'opinion publique yéménite une mauvaise image,
non pas comme parti socialiste mais comme parti
« sécessionniste ». Il n'empêche, preuve de
l'apaisement d'un régime aujourd'hui suffisamment sûr de
l'unité du pays, que 17 journalistes sudistes exilés au
Caire
3(
*
)
depuis la fin de la guerre civile de
1994 devraient bientôt pouvoir rentrer au Yémen. La
résolution du contentieux territorial avec l'Arabie Saoudite devrait
également permettre la cessation de campagnes de déstabilisation,
imaginaires ou réelles, qui ont empoisonné pendant longtemps la
vie politique yéménite.
2. La prise en compte du facteur tribal et du facteur régional
Le raffermissement de l'unité yéménite ne peut faire oublier la nécessaire prise en compte du facteur tribal et du facteur régional. Si ceux-ci sont davantage constitutifs de l'identité yéménite que source de déstabilisation, il n'empêche que certaines tribus ou que certaines régions, ressentent parfois un vif mécontentement, pouvant aller jusqu'au conflit violent avec le pouvoir central.
a) Les tribus, cellules de base de la démocratie yéménite ou forces centrifuges ?
Le
tribalisme est indissociable de l'identité
yéménite
4(
*
)
. Si l'ancien
Yémen du Sud a longtemps considéré que le tribalisme avait
disparu sur son territoire, l'unification a entraîné en partie sa
résurgence. Le tribalisme est ainsi une donnée de la vie
politique yéménite même s'il n'est pas toujours perceptible
par l'observateur occidental. Ali Abdallah Saleh, alors Président de la
République Arabe du Yémen, affirmait ainsi en 1986 que
« l'État lui-même fait partie des tribus et le peuple
yéménite est un groupement de tribus ».
5(
*
)
La deuxième force politique du pays, al-Islah, est ainsi dirigée
par Cheikh Abdullah Al-Ahmar, le chef de la confédération tribale
des Hached. Le Président de la République du Yémen, Ali
Abdallah Saleh, est membre de la famille Al-Ahmar, qui appartient au clan des
Sanhan et à la confédération des Hached. Le système
tribal double autant qu'il recoupe le système des partis.
Les tribus jouent un rôle utile de contre-pouvoir face à
Sanaa : elles permettent ainsi l'autonomie de certains secteurs de la
société face à l'État.
Il n'empêche toutefois que certaines tribus - on a ainsi parfois
parlé des Bakil, autre grande confédération tribale du
Yémen du Nord- se sont senties mal représentées au sein du
système politique yéménite.
De même, certaines petites tribus pauvres, aux environs de Marib par
exemple, s'estiment mal dotées en équipements collectifs
(écoles, dispensaires, routes, mais aussi récemment bureaux de
votes...) par le gouvernement et manifestent leur mécontentement selon
des modalités variées. L'une d'entre elles consiste en
l'enlèvement d'étrangers, touristes, coopérants ou hommes
d'affaires. Ces enlèvements d'étrangers ont longtemps
été considérés comme une composante
« folklorique » du Yémen par les voyageurs
occidentaux. La probabilité forte d'intervention armée des
autorités yéménites pour la libération de l'otage
accroît désormais les risques de blessure ou de mort dans ce genre
d'enlèvement. La mort, le 11 juin 2000, d'un diplomate norvégien
lors d'une fusillade entre ses ravisseurs et l'armée est là pour
le rappeler.
Le recours fréquent de certaines tribus à ces enlèvements
peut pour une grande part expliquer la diminution du nombre de touristes
visitant le Yémen.
Nombre d'enlèvements
Année |
Nombre d'enlèvements d'étrangers |
Nombre d'étrangers enlevés |
||||
Total |
Concernant des touristes |
Concernant des expatriés |
Total |
Touristes |
Expatriés |
|
2001 |
4 |
1 |
3 |
5 |
2 |
3 |
2000 |
6 |
2 |
4 |
8 |
4 |
4 |
1999 |
10 |
4 |
6 |
27 |
11 |
16 |
1998 |
11 |
6 |
5 |
42 |
33 |
9 |
1997 |
10 |
6 |
4 |
50 |
43 |
7 |
1996 |
4 |
2 |
2 |
23 |
21 |
2 |
TOTAL |
45 |
21 |
24 |
155 |
114 |
41 |
Source : Yemen Gateway (http://www.al-bab.com/yemen)
Nationalité des personnes enlevées
Nationalité des personnes enlevées |
|||||||
Italie
40
|
|
|
|
|
Source : Yemen Gateway (http://www.al-bab.com/yemen)
Les
affrontements entre tribus ou entre le gouvernement et les tribus, à
l'occasion de problèmes plus ou moins fréquents, plus ou moins
profonds, ne prennent pas seulement la forme d'enlèvements mais aussi de
conflits armés. Plus de 50 millions d'armes circulent dans le pays pour
une population de 17 millions d'habitants ce qui explique le nombre de crimes
de sang particulièrement important constaté chaque année,
pour une grande part liée à un conflit tribal.
Les conflits avec certaines tribus, recherchant un meilleur partage des
richesses, peuvent parfois entraîner des retards, voire des remises en
cause de projets ayant un impact non négligeable sur le plan
économique ou culturel (fouilles archéologiques, prospection
pétrolière...). Le soutien extérieur à certaines
tribus, aux confins du Grand Quart Vide (Rub al-Khali), a enfin mis à
mal pendant longtemps la sécurité à la frontière
Nord du Yémen.
Si le tribalisme est indéfectiblement attaché à
l'identité yéménite, les revendications de certaines
tribus s'estimant lésées par le pouvoir central et les conflits
parfois violents qu'elles engendrent conduisent le gouvernement
yéménite à la recherche de solutions. Outre la
sécurisation croissante du pays, à travers un renforcement de la
présence policière et une pénétration croissante du
pouvoir central liée au développement du réseau routier,
les dernières réformes institutionnelles paraissent être de
nature à mieux prendre en compte le facteur tribal. Le Conseil
consultatif devrait ainsi permettre de mieux représenter les forces
vives du pays. Les premières élections locales constituent, aux
yeux de la délégation du groupe sénatorial, une amorce
intéressante de décentralisation qui pourra conduire à
mieux prendre en compte les aspirations de membres des tribus, sur leur
territoire.
Ces élections locales constituent pour la délégation du
groupe sénatorial les prémisses d'un aménagement du
territoire auquel elle se montre particulièrement sensible.
b) Le facteur régional
Les
élections des gouvernorats et districts portent en germe pour le
développement local du Yémen des perspectives
intéressantes. Si la délégation du groupe
sénatorial n'a pas visité l'ensemble des gouvernorats de la
République du Yémen, elle n'a pas constaté entre les
gouvernorats de Sanaa, d'Aden et d'Hadramawt, de disparités
économiques trop importantes. Il lui a semblé néanmoins en
se rendant à Aden qu'elle visitait une ville en déclin, moins
bien entretenue que Sanaa, et que le déséquilibre entre Sud
et Nord, dû sans doute pour une part à un héritage
historique distinct, mais aussi pour une autre part aux séquelles de la
guerre civile de 1994, ne se résorbait pas.
Un mécontentement latent est ainsi observé dans le Sud, suscitant
parfois des manifestations violentes comme dans la ville de Daleh depuis
juillet 1998. Face à cette hostilité dans certaines
régions du Sud vis à vis du pouvoir central, le
développement régional pourrait apporter certaines
réponses.
Si les perspectives du port d'Aden paraissent prometteuses, nul doute que
l'émergence sur le plan politique, d'une démocratie locale,
pourra faire jouer aux régions les moins développées un
rôle plus actif dans le développement du Yémen.
B. ET UN PROCESSUS DÉMOCRATIQUE FRAGILE SE DESSINE
Le
Yémen est la seule République de la péninsule arabique et
cette caractéristique n'est pas pour rien dans la chaleur des relations
entre ce pays et la France. La délégation du groupe
sénatorial a offert au Président de la République Ali
Abdallah Saleh une copie de la Marseillaise de Rude pour honorer son action en
faveur de la démocratie.
La République du Yémen est de plus une des rares
Républiques du monde arabe à pratiquer le pluralisme politique.
Si le processus démocratique n'est pas parvenu à son terme, s'il
connaît des insuffisances et des limites, force est de constater qu'il a
connu depuis dix ans peu de retours en arrière et qu'il a
bénéficié des encouragements des institutions
internationales.
1. Une démocratie en chemin...
Le Yémen, malgré l'illettrisme d'une grande part de sa population et ses difficultés économiques qui permettraient dans d'autres pays d'éluder la question de la démocratie, peut s'honorer d'un bilan plutôt satisfaisant au regard de ses onze années de vie démocratique. Les progrès récents ont dissipé certains doutes suscités par le déroulement de la campagne pour les élections présidentielles de 1999.
a) Une Constitution adoptée par le peuple
La
Constitution yéménite a été adoptée par
référendum en mai 1991, amendée le 29 septembre 1994 par
le Parlement, puis le 20 février 2001, par le Parlement et par
référendum.
Deux articles sont tout particulièrement à remarquer :
- Article 4 : « le peuple est le détenteur et la source
du pouvoir. Il l'exerce directement par la voie du référendum et
des élections générales... »
- Article 5 : « le régime politique de la
République repose sur le pluralisme politique et le multipartisme en vue
de l'alternance pacifique au pouvoir. »
Ces deux articles paraissent relativement communs pour la Constitution d'une
démocratie occidentale. Ils sont en revanche plus rares dans les
Constitutions de la région.
Les révisions constitutionnelles ne sont pas nécessairement en
elles-mêmes porteuses de davantage de démocratie. Elles traduisent
d'abord le rapport des forces politiques du moment. Ainsi, l'article 3 de la
Constitution a été amendé sous l'influence d'al-Islah,
dont la montée en puissance s'est faite au détriment du
PSY : de source principale de la législation, la Chari'a est
devenue source unique de législation.
De même, l'allongement de la durée des mandats de 5 à 7 ans
pour le Président de la République et de 4 à 6 ans pour la
durée du mandat des députés lors de la dernière
révision constitutionnelle, deux mois avant la tenue des
législatives peut surprendre l'observateur occidental, surtout en France
où les débats récents ont plutôt porté sur un
raccourcissement du mandat présidentiel.
Par contre, l'élargissement des pouvoirs du Conseil Consultatif, permet
d'envisager l'instauration d'un parlement bicaméral. La
nécessité pour le Conseil Consultatif et le Parlement de
présenter au moins trois candidats contre deux auparavant
améliore le dispositif de l'élection présidentielle,
remédie aux défauts constatés en 1999 et élargit le
champ politique.
b) Un système politique multipartite
Le Parlement constitue l'expression même du multipartisme yéménite.
Partis au Parlement issu des élections de 1997 |
|
|
|
CPG |
187 |
al-Islah |
53 |
Parti Ba'as |
2 |
Partis nassériens |
3 |
Indépendants |
54 |
Élection reportée |
2 |
TOTAL |
301 |
Le PSY n'est aujourd'hui plus véritablement représenté au Parlement en raison de son boycott des élections législatives d'avril 1997. Le report des élections législatives d'avril 2001 auxquelles le PSY aurait participé, à avril 2003, en raison de la prolongation du mandat de député de 4 à 6 ans, a porté un coup d'arrêt au retour du PSY sur la scène politique.
Les trois principaux partis politiques
-Le CPG,
le Congrès Populaire Général, est le parti du
Président de la République Ali Abdallah Saleh. Il est aujourd'hui
le seul parti représenté au Gouvernement après la sortie
du parti al Islah de la coalition en 1997. Le CPG détient la
majorité des sièges au Parlement. Il vient également de
remporter les élections locales avec plus de 60% des voix.
-Le parti islamique du Rassemblement yéménite pour la
Réforme (al-Islah) reste un parti qui compte malgré sa sortie de
la coalition gouvernementale. Proche du pouvoir sur le plan idéologique
et politique, Al Islah adresse pour autant des critiques parfois assez vives au
gouvernement. Les récentes élections locales ont ainsi
été l'occasion de conflits assez nourris entre le pouvoir et ce
parti. Pour autant, on ne peut le considérer comme un véritable
parti d'opposition d'un pays à représentation bipartisane. Al
Islah, fortement représenté au Parlement et dans les institutions
locales, est toujours le deuxième parti du Yémen. Son chef,
Cheikh al-Ahmar, est Président de l'Assemblée Nationale.
-Le parti socialiste, PSY, a connu bien des déboires depuis la
réunification de 1990. Ex-parti unique du Yémen du sud, à
l'idéologie marxiste, ses résultats électoraux l'ont
très tôt marginalisé par rapport aux partis du Nord, CPG et
al-Islah. Grand perdant de la guerre civile de 1994, accusé de tentative
de sécession, le PSY a perdu à cette occasion la plus grande
partie de ses cadres dirigeants partis en exil. Son boycott des
élections législatives de 1997 l'a encore marginalisé. Son
candidat n'a pu se présenter aux élections présidentielles
de 1999, sa candidature n'ayant pas été acceptée en amont
par un nombre suffisant de députés. Aux élections du 20
février 2001, le PSY a recueilli 4% des voix.
Le multipartisme yéménite dont la délégation du
groupe sénatorial peut témoigner, à la suite de ses
rencontres avec les dirigeants du CPG, du PSY et le Cheikh al-Ahmar,
Président d'al-Islah, est bien vivant. Il rencontre néanmoins des
limites liées à la difficile émergence d'une opposition et
aux conditions matérielles dans lesquelles les partis
yéménites exercent leur activité.
Deux des trois principaux partis yéménites peuvent aujourd'hui
être considérés comme faisant partie de l'opposition. Le
PSY est celui qui dénonce le plus vigoureusement la politique du
gouvernement yéménite. Son discrédit lié à
la « sécession » de 1994, sa faible audience
électorale, sa difficulté à disposer de moyens suffisants
pour faire campagne l'empêche de jouer le rôle auquel il
prétend dans la vie politique yéménite. De plus,
malgré le soutien de quatre petites formations d'opposition (le Parti
unioniste nassérien, le Baas yéménite et les partis
islamistes d'Al Haq et de l'Union des forces populaires), le candidat du PSY
à l'élection présidentielle de 1999 n'a pas recueilli
les
10 % des voix des parlementaires nécessaires à la
participation à l'élection. On a ainsi pu parler avec raison en
1999 à propos de l'élection présidentielle de
« rétrécissement du champ politique ».
De son côté, al-Islah, parti beaucoup plus puissant, a des
positions politiques contrastées. Il ne fait plus partie depuis 1997 de
la coalition au gouvernement. Il garde néanmoins la présidence du
Parlement alors qu'il y est minoritaire. al-Islah a une réelle
liberté de ton, un crédit important dans l'opinion avec 20% des
sièges dans les conseils de gouvernorat et 22% dans les conseils de
district. Toutefois, il n'a pas souhaité présenter de candidat
contre Ali Abdallah Saleh à l'élection présidentielle de
1999. Les liens personnels entre le Cheikh Al-Ahmar et Le Président de
la République, la proximité politique et idéologique,
même sur l'Islam, entre le CPG et al-Islah n'amènent pas ce
dernier parti à assumer une opposition réelle. Les
évènements récents ont néanmoins conduit al-Islah
à durcir ses positions. Le déroulement mouvementé de la
campagne pour les premières élections locales du 20
février 2001 a amené al-Islah à contester vigoureusement
les conditions dans lesquelles se sont tenues les élections. Les
résultats dans de nombreuses circonscriptions ont été mis
en cause par des partisans de l'Islah en colère, à travers des
manifestations de plusieurs milliers de personnes et parfois des heurts
armés. Très récemment, la décision du gouvernement
de placer les écoles coraniques financièrement et
administrativement dans le budget du ministère de l'Éducation a
été vivement contestée par al-Islah. Le Cheikh Al-Ahmar a
ainsi refusé de présidé les séances du Parlement
durant lesquelles ont été discutées ces mesures.
Cheikh Al-Ahmar
Âgé de près de 65 ans, le Cheikh Al-Ahmar
est le
très puissant Chef de la Confédération tribale des Hashed,
disposant d'une grande autorité sur la moitié Nord du pays.
Seigneur féodal par excellence, très soutenu politiquement et
financièrement par l'Arabie Saoudite, il a toujours eu une attitude
hostile à une future union avec le Yémen du Sud. Il a eu des
relations conflictuelles avec le pouvoir en place à Sanaa, sous la
Présidence d'Al-Hamdi (1974-1977).
Ne pouvant se permettre de heurter de front le pouvoir de ce Cheikh, qui a la
possibilité de lever du jour au lendemain des dizaines de milliers
d'hommes en armes, le Président Ali Abdallah Saleh a choisi depuis son
arrivée au pouvoir de composer avec lui en l'associant à la
direction du pays au sein d'un Conseil Consultatif de 15 membres
créé en mai 1979, en le nommant en août 1982 à la
Commission Permanente du Congrès Populaire Général et en
facilitant son accession à la Présidence de l'Assemblée
Nationale.
Quelques dates :
Septembre 1990 : Crée son propre parti « Al-Tajammu Al
Yemeni-Li'l-Islah » (le « Rassemblement
Yéménite pour la Réforme »), qui ouvre son
siège à Sanaa le 3 janvier 1990.
Avril-Mai 1991 : Combat l'article 3 de la Constitution qui stipule que
« la Chari'a est la source principale (et non pas unique) de la
législation ».
Août 1991 : Inaugure le siège de Al-Islah à Dhamar
15 mai 1993 : Président du Parlement
18 mai 1997 : Reconduit à la Présidence du Parlement
L'exercice du multipartisme est enfin contrarié par les conditions
matérielles dans lesquelles travaillent les partis politiques.
La délégation du groupe sénatorial en rencontrant les
membres du bureau politique du PSY a pu constater les obstacles et
matériels et financiers que peuvent rencontrer les partis politiques au
Yémen. Le PSY se plaint en effet de la confiscation de l'ensemble de ses
biens, mobiliers
6(
*
)
et immobiliers, depuis 1994,
de leur non-restitution et de l'absence de paiement d'un loyer compensatoire
pour les immeubles occupés par les administrations d'État. Le PSY
affirme vivre uniquement des cotisations de ces membres, environ 200.000,
recrutés parmi les couches les plus pauvres de la population. La
possibilité de promouvoir ses idées lui paraît aujourd'hui
limitée : le PSY dispose d'un journal, mais en raison de la forte
proportion d'illettrés au Yémen, souhaiterait également
avoir accès à la télévision et à la radio.
Au-delà de la situation du PSY, héritée de la guerre
civile de 1994, se pose la question du financement public des partis
politiques
7(
*
)
et de leur égal
accès aux médias. L'encouragement de la vie démocratique
yéménite passera sans doute à terme, comme dans toute
République, par la définition d'un meilleur statut du parti
politique.
c) Un Parlement à l'existence réelle
Contrairement à d'autres Parlements du monde arabe, le
Parlement yéménite, qui compte 301 membres, est une réelle
enceinte de débats même si l'impact de ses décisions est
parfois limité.
À côté de ce Parlement existe un Conseil Consultatif qui
tend à devenir de plus en plus une seconde chambre. Ce Conseil compte,
depuis la réforme constitutionnelle, 111 membres.
Les pouvoirs de ce Conseil ont été élargis et sa
représentativité améliorée. Le bicamérisme
yéménite, parce qu'il favorisera l'expression des
sensibilités les plus diverses et qu'il permettra une meilleure
concertation en amont de la décision devrait apporter une contribution
majeure à la démocratisation du pays.
L'élargissement des pouvoirs du Conseil Consultatif,
dénommé aujourd'hui Conseil de la Choura
8(
*
)
, revêt deux aspects majeurs :
- Son association, avec le Parlement, à la désignation des
candidats à l'élection présidentielle.
- Son nouveau rôle joué en matière de ratification des
traités et des accords de défense.
Le conseil de la Choura a également un rôle de conseil
auprès du Président de la République.
Le mode de nomination des membres du Conseil de la Choura a fait l'objet
d'amples débats lors du passage de la délégation du groupe
sénatorial à Sanaa. La délégation, reçue par
le Président de la République, l'a entendu souhaiter que les
conseillers soient élus, au moins en partie, par les conseils locaux, ce
qui aurait fait du conseil une assemblée élue au suffrage
universel indirect, sur le modèle du Sénat français. Le
Président de la République a d'ailleurs indiqué que la
réforme constitutionnelle avait été inspirée d'une
part par l'exemple du Sénat américain et d'autre part par
l'initiative
9(
*
)
du Sénat français
de réunir le 14 mars 2000 à Paris tous les Sénats du monde.
Les opposants au projet du Président ont été nombreux,
notamment parmi les anciens membres du Conseil Consultatif qui se sont
prononcés pour une reconduction pure et simple de leur mandat, mais
aussi parmi les députés qui ont craint l'émergence d'une
légitimité concurrente.
Pour des motifs constitutionnels, l'élection des membres du Conseil
Consultatif n'étant pas prévue par la dernière
réforme de la Constitution, le Président de la République
Ali Abdallah Saleh a dû renoncer à l'élection et s'est
résolu à désigner lui-même les conseillers. Il l'a
fait dans un souci d'ouverture certain puisque l'on compte parmi les 111
membres du nouveau Conseil consultatif plusieurs figures de l'opposition,
notamment le secrétaire général du parti unioniste
nassérien, Abdel Malek al-Mikhlafi, le chef du parti Baas
yéménite pro-irakien Kassem Salam et le
secrétaire-général adjoint du parti islamiste al-Islah,
Abd al-Wahab al-Ansi.
Sans doute a-t-il eu raison trop tôt : le Conseil Consultatif sera
certainement encore appelé à évoluer, conformément
aux ambitions réformatrices du Président de la
République.
d) État de droit : la réalité yéménite
Si
l'État de droit n'est pas un concept yéménite, il permet
néanmoins de confronter, sur un certain nombre de points, la jeune
démocratie yéménite aux démocraties occidentales.
Il en ressort tout d'abord que la liberté d'expression
bénéficie au Yémen d'assises solides. La presse
yéménite, malgré le fort taux d'analphabétisme, est
ainsi très florissante depuis le début de l'unification et
bénéficie d'une certaine autonomie par rapport au
pouvoir
10(
*
)
. La délégation du
groupe sénatorial a pu le vérifier, lors de la conférence
de presse à la résidence de l'Ambassadeur de France
Dans les centaines de Maqial où les Yéménites se
réunissent quotidiennement pour mâcher le qât se
déploie un véritable débat intellectuel, non
dépourvu de liberté de ton et de vigueur.
Enfin, un mouvement associatif nombreux et varié manifeste
également l'émergence d'une véritable
société civile.
Sur le plan de la sécurité, le Yémen n'offre pas encore
aujourd'hui toutes les garanties souhaitables. Sécurité juridique
tout d'abord où les investisseurs étrangers se plaignent de la
fragilité des contrats commerciaux et de la difficulté d'obtenir
gain de cause devant les tribunaux en cas de contentieux.
Sécurité des personnes également : si la ville de
Sanaa est bien moins dangereuse pour le promeneur que le centre-ville de
n'importe quelle capitale occidentale, le nombre important de morts liés
à des crimes de sang pose problème. Le présent rapport a
déjà évoqué l'insécurité liée
aux conflits tribaux. Il souhaite mettre aussi l'accent sur la question du
terrorisme islamiste au Yémen et de la capacité du gouvernement
à l'éradiquer. Ce terrorisme ne doit en rien être confondu
avec l'action du parti al-Islah, conservateur. Il concerne une frange
très marginale de la population, d'anciens d'Afghanistan notamment, qui
à travers l'enlèvement d'Abyane, l'attentat contre l'Ambassade de
Grande-Bretagne à Sanaa et celui contre le croiseur américain USS
Cole ternit l'image internationale du Yémen.
L'enlèvement d'Abyane en décembre 1998, revendiqué par
l' « armée islamiste » a causé la mort
de trois touristes : deux Britanniques et un Australien. L'attentat contre
le croiseur USS Cole en octobre 2000 a, lui, coûté la vie à
17 marins américains et fait 35 blessés. Le lendemain, c'est
l'Ambassade de Grande-Bretagne qui était la cible d'un attentat à
la bombe, heureusement sans victime.
Les autorités yéménites n'ont pu faire toute la
lumière sur les auteurs de ces attentats qui témoignent de la
présence de petits groupes islamistes armés
incontrôlés et manipulés par l'extérieur
11(
*
)
. Le FBI enquête depuis l'attentat de l'USS Cole
sans avoir établi toutes les responsabilités
12(
*
)
.
Sans que l'islamisme soit un danger au Yémen, ces petits groupes
terroristes mettent gravement en cause l'État de droit en ce qu'ils
menacent les principes constitutionnels du Yémen et font peser le doute
sur la capacité du gouvernement à être maître de la
sécurité intérieure.
Enfin, toujours s'agissant de l'État de droit, le Yémen est un
des États au monde qui applique le plus la peine de mort : un
durcissement s'est même opéré depuis 1998. Les
exécutions sont publiques et leur nombre peut être
évalué à une centaine depuis juin 1998.
2. Aux avancées récentes...
a) Une avancée majeure : le début de la décentralisation
Les
nouveaux conseils de districts et de governorats
13(
*
)
élus, constituent la base d'une future
décentralisation. La vie, dans les premières années, de
ces conseils élus, réunis pour la première fois le 20 mars
2001, conditionnera sans doute l'avenir de la décentralisation
yéménite.
La délégation du groupe sénatorial a rencontré, en
compagnie du Vice-Gouverneur de Seyyun, deux nouveaux élus locaux. A
cette occasion, elle a pu mieux entrevoir la manière dont seront
organisés ces conseils.
Il semble que les exécutifs locaux seront toujours
désignés, soit par le Président de la République
pour les gouverneurs, soit par le gouvernement pour les responsables de
district. Un certain nombre de leurs adjoints, membres également de
l'exécutif, seront eux élus par les conseils, les élus se
répartissant entre différentes commissions dont l'une sera
consacrée au développement économique régional.
b) Un progrès à encourager : la participation des femmes à la vie publique
Le Yémen est un des rares pays, sinon le seul pays de la péninsule arabique, à autoriser le vote des femmes. Si leur participation à la vie publique est cependant modeste, 31 sont membres des conseils locaux, deux sont députés, deux sont membres du Conseil Consultatif 14( * ) et, depuis le dernier remaniement ministériel d'avril 2001, une est ministre 15( * ) .
3. Dont les élections rendent encore imparfaitement compte
Le
peuple yéménite est régulièrement convoqué
à des élections. En 1993 et en 1997 ont eu lieu les
élections législatives. La première élection au
suffrage universel du Président de la République depuis
l'unification a, elle, eu lieu en 1999. Enfin se sont tenues en février
2001 les premières élections locales au Conseil de gouvernorat et
de district.
Ces élections ont présenté certains défauts, que
les autorités yéménites ont en général
reconnus et qu'elles cherchent à corriger au fur et à mesure.
L'organisation des élections s'est tout d'abord heurtée à
des problèmes logistiques. La délégation du groupe
sénatorial a rencontré le Président du Comité
électoral suprême, M. Alawi al-Attas, qui a insisté sur la
difficulté de faire face à l'organisation des scrutins, avec des
comités électoraux peu qualifiés. Il a mentionné,
parmi les problèmes rencontrés à l'occasion du dernier
scrutin, ceux des emblèmes électoraux pour tenir compte de
l'analphabétisme d'une grande part de la population, de l'édition
des bulletins de vote, du contrôle des centres de vote. Le Yémen
fait dès lors souvent appel à la coopération
internationale en matière d'élections. L'Union Européenne
a ainsi fourni au Comité électoral son matériel
informatique pour le scrutin présidentiel de 1999. De son
côté, l'Allemagne a fourni le papier des bulletins de vote et la
France pour 400.000 francs d'encre indélébile devant permettre
d'éviter les votes à répétition.
Symboles des partis politiques
yéménites
pour
les élections législatives de 1997
CGP : cheval
Al-Islah : soleil
Parti nassérien populaire : croissant
Parti Baas : croissant et étoile
Parti démocratique nassérien : palmier
Parti populaire réformiste nassérien : échelle
Parti de l'alliance yéménite : chameau
Front national démocratique : poignard
Al Haq : pigeon
Parti national et social : mains croisées
Au-delà des difficultés matérielles, les scrutins de 1997,
1999 et 2001 se sont déroulés, tant durant la campagne
électorale que le jour du vote, de manière contrastée. La
comparaison des élections yéménites avec les autres
scrutins du monde arabe a néanmoins suscité, à juste
titre, les encouragements et les félicitations des pays occidentaux dont
la France.
a) Les élections législatives de 1997
Ces
élections ont été marquées par un boycott majeur,
celui du PSY, qui, s'il n'a pas remis en cause la validité du scrutin a
rendu difficile l'évaluation du rapport des forces politiques dans le
pays. 3.851 candidats, dont 3.000 indépendants se sont inscrits, 1.539
renonçant à se présenter le jour du scrutin.
Le département d'État américain dans un point de presse a
considéré ces élections comme « un pas
significatif vers le développement de la participation politique et un
système politique représentatif ». Malgré des
violences isolées, les observateurs locaux et internationaux ont
amené le Département d'État à qualifier ce scrutin
de « libre et sincère ».
16(
*
)
b) L'élection présidentielle de 1999
Si
l'élection présidentielle de 1999 a été
plutôt décevante au regard des espoirs que le régime avait
lui-même entretenus
17(
*
)
, elle a
été néanmoins reconnue comme ce qu'elle
était : la première élection d'un chef d'État
yéménite au suffrage universel direct.
Ali Abdallah Saleh n'a pas eu face à lui de challenger crédible.
Le refus de l'Islah de présenter un candidat y a été pour
une part. Le refus des membres du Parlement yéménite de porter
10% de leurs voix sur l'unique véritable candidat d'opposition restant,
le socialiste Ali Saleh Obad, a ôté au scrutin du 23 septembre
1999 son caractère pluraliste.
Les électeurs ont eu le choix entre Ali Abdallah Saleh et Najib Qahtant
al-Chaabi, député quasiment inconnu, membre de la même
formation politique que le Président, se présentant sous une
étiquette indépendante. Malgré une campagne
sérieuse de ce dernier et quelques apparitions à la
télévision, le score a été sans appel, Ali Abdallah
Saleh étant réélu avec 96,1% des suffrages.
18(
*
)
La communauté internationale, si elle n'avait pas envoyé
d'observateurs, malgré les vives critiques de l'opposition socialiste, a
rendu hommage à cette première élection
présidentielle au suffrage universel, répétition pour les
scrutins suivants. Le chef de l'État français a ainsi
félicité son homologue yéménite en ces
termes : « votre élection vient confirmer l'engagement de
votre pays sur le chemin de la démocratie. La France s'en
félicite et soutient avec sympathie ce choix déterminé en
faveur du droit et des institutions. »
19(
*
)
Les derniers amendements constitutionnels approuvés par le
référendum du 20 février 2001 devraient ouvrir plus
largement le prochain scrutin, prévu en 2006 : 3 candidats devront
au minimum être présentés par le Parlement et le Conseil
Consultatif, chacun ayant obtenu au minimum 5% des voix des membres des deux
assemblées.
20(
*
)
Ali Abdallah Saleh, Président de la République du Yémen
Après ses études primaires, il s'engage à
16
ans dans l'armée de l'imam Badr, puis entre en 1960 à
l'école des sous-officiers de Taëz. Après la
révolution de 1962, il participe aux différents épisodes
de la guerre civile contre les partisans de l'imam soutenus par l'Arabie
Saoudite. Il entre en 1964 à l'école des blindés puis fait
carrière dans les Services de Sécurité de
l'État-major des armées jusqu'en 1974.
Lieutenant en 1974, commandant en 1975, gouverneur militaire de la province de
Taëz en 1977, il devient d'abord au lendemain de l'assassinat de son
prédécesseur Ahmed Al Ghasmi membre du conseil
présidentiel temporaire avant d'être élu par une
assemblée constituante, Président de la République et
commandant en chef des forces armées le 17 juillet 1978. Élu le
30 août 1982 secrétaire général du Congrès
populaire général nouvellement créé, il a ensuite
été réélu à la présidence de la
République le 22 mai 1988.
Le 22 mai 1990, aux termes de la nouvelle Constitution née des accords
de réunification, il est devenu président du Conseil
présidentiel tripartite. Le 1
er
octobre 1994, à
l'issue de la guerre civile et des amendements de la Constitution qui ont
suivi, Ali Abdallah Saleh a été élu Président de la
République du Yémen unifiée.
Né en 1942, père de cinq enfants, Ali Abdallah Saleh est
originaire de Bait al Ahmar, au Sud Est de Sanaa. Il est membre de la
communauté zaydite.
c) Les élections locales du 20 février 2001
Si la campagne pour les élections locales a enregistré de nombreux incidents, parfois sanglants 21( * ) , elle peut néanmoins être considérée comme un élément de satisfaction pour la République du Yémen. 30.000 personnes se sont portées candidates pour environ 7.000 sièges : 401 sièges pour les Conseils provinciaux et 6.734 sièges pour les conseillers de districts. 100 femmes se sont portées candidates et 31 22( * ) ont été élues.
Résultats (partiels) des élections locales du 20 février 2001
Governorats (sièges remportés) |
Districts (sièges remportés) |
|
CPG |
253 |
3703 |
Al Islah |
77 |
1391 |
PSY |
16 |
210 |
Indépendants |
30 |
702 |
Parti nassérien |
|
26 |
Parti baas |
|
6 |
Front National |
|
3 |
Union des forces populaires |
|
2 |
Al Haq |
|
1 |
Les
résultats sont toujours contestés dans certaines circonscriptions
par des militants d'Al-Islah. Le PSY a lui aussi dénoncé de
nombreuses fraudes, dont celles liées au vote multiple de membres des
forces armées qualifiées de « forces électorales
mobiles
23(
*
)
».
Pour autant, ces premières élections constituent les
prémisses d'une décentralisation au Yémen et peuvent
être vues dans cette perspective comme une avancée
démocratique encourageante.
d) Un tabou : l'alternance
Si les élections provoquent d'indéniables ouvertures dans la vie politique yéménite, elles restent encore sous contrôle du Président de la République, du CPG et de l'armée, celle-ci se considérant comme le fer de lance de l'intérêt général, de la modernisation et de la stabilité intérieure. Dès lors, l'alternance à un très haut niveau ne paraît pas aujourd'hui d'actualité, Ali Abdallah Saleh jouissant au demeurant, semble-t-il, en l'absence de sondages, d'une très bonne côte de popularité.
II. L'INSERTION RÉGIONALE : GARANTIE DES FRONTIÈRES ET DÉVELOPPEMENT DES SOLIDARITÉS RÉGIONALES
Aussi
étonnant que cela puisse paraître, la nation
yéménite, vieille de plusieurs milliers d'années, issue de
la civilisation sabéenne, a tardé à voir ses
frontières reconnues par l'ensemble de ses voisins engendrant une
instabilité chronique et des troubles frontaliers constants.
De plus, le Yémen, pays à l'identité forte, est dans le
même temps un pays charnière, situé au carrefour de la Mer
rouge et de l'Océan Indien, face à la Corne de l'Afrique,
à l'angle sud-est de la péninsule arabique. S'il se
présente assurément comme un pays arabe, le Yémen a des
liens étroits, quoique parfois conflictuels avec la Corne de l'Afrique.
Les influences lointaines, d'Inde, de Singapour se font également
sentir, par exemple en Hadramaout.
Dès lors, l'insertion du Yémen dans des ensembles
régionaux est problématique. La délégation du
groupe sénatorial souhaite que la résolution de l'ensemble des
contentieux territoriaux, intervenue récemment, puisse déboucher
sur des coopérations renforcées entre le Yémen et ses
voisins.
A. DES FRONTIÈRES MIEUX DÉFINIES
Le Yémen a une frontière terrestre avec Oman et l'Arabie Saoudite et une frontière maritime avec l'Érythrée. Le Yémen entretient des relations paisibles avec le sultanat d'Oman et a pu définir ses frontières dès 1992. L'établissement des frontières avec l'Érythrée et l'Arabie Saoudite s'est avéré, lui, beaucoup plus conflictuel. L'arbitrage international rendu sur les îles Hanish, dont la souveraineté était revendiquée par l'Érythrée et le Yémen, comme la conclusion d'un traité frontalier entre le Yémen et son grand voisin du Nord, permettent au pays d'envisager son avenir avec plus de confiance, sur un territoire dont les limites sont enfin reconnues.
1. Un traité frontalier avec le grand voisin saoudien
a) Un conflit frontalier ancien
Les
territoires entre Arabie Saoudite et Yémen sont des territoires
désertiques, une partie de la frontière passant notamment par le
désert du Grand Quart Vide (Rub al-Khali), peuplés au Nord comme
au Sud depuis des siècles par des tribus nomades pour lesquelles la
question des frontières ne se pose pas de la même façon que
pour un État sédentaire.
L'affirmation de la souveraineté des deux États, la
volonté d'exploiter ses ressources naturelles par l'Arabie Saoudite ont
conduit dans les années 30 à se préoccuper de la question
des frontières. Elle n'a pu être réglée
définitivement à cette époque. Les accords de Taëf
signés en 1934 prévoyaient en effet la cession par bail
renouvelable tous les vingt ans des provinces de Jizan, Najran et de l'Assir
à l'Arabie Saoudite sans statuer véritablement sur la
souveraineté de ces territoires, ni définir un tracé
précis des frontières. En annexe de ces accords figurait une
lettre garantissant aux travailleurs yéménites un accès
privilégié au marché du travail saoudien.
La frontière saoudo-yéménite, longue de 1.300 km, est
ensuite restée dépourvue de validité juridique
internationale, les pourparlers entre les deux pays étant marqués
par une méfiance réciproque.
La rivalité entre les deux pays explique ainsi la permanence, tout au
long des années d'un contentieux territorial. On a pu relever parmi les
causes de cette rivalité un fort déséquilibre
démographique entre les deux pays (17 millions de
Yéménites face à 10 millions de Saoudiens), les
disparités de développement et les reproches d'ingérence
formulés à l'encontre de l'Arabie Saoudite. Cette rivalité
a même été avivée durant la guerre du Golfe et la
prise de position du Yémen en faveur de l'Iraq, causant ainsi le renvoi
des travailleurs yéménites hors du territoire d'Arabie Saoudite.
L'Arabie Saoudite a ainsi pris ouvertement parti en faveur du Yémen du
Sud durant la guerre civile de 1994.
La fixation des frontières suscitait d'autres difficultés,
liées au nomadisme des tribus peuplant les régions du Nord du
Yémen et à la traditionnelle contrebande existant entre les deux
pays. Elle était enfin source de tensions pour une raison simple :
les zones frontalières sont riches en réserves
pétrolières et l'Arabie saoudite n'entendait renoncer à
aucune de ses prétentions sur ces réserves. Elle réclamait
également un corridor d'accès à l'Océan indien aux
confins des deux pays avec le sultanat d'Oman.
L'intransigeance saoudienne, en position écrasante de force en raison de
sa puissance économique et militaire, a ainsi bloqué pendant
longtemps le règlement du conflit, ne souhaitant rien céder
à un pays qu'elle percevait d'abord comme une menace.
b) Une résolution récente
La résolution récente de ce vieux contentieux, par le Traité de Djeddah du 12 juin 2000, est due pour l'essentiel à la bonne qualité des relations entre Ali Abdallah Saleh et le Prince héritier saoudien Abdallah. L'amélioration des relations entre les deux pays était déjà en germe depuis le mémorandum de 1995 qui ne concernait pas directement les frontières mais prévoyait l'approfondissement des relations économiques, commerciales et culturelles.
Le
traité de Djeddah recense 310 coordonnées géographiques
définissant les frontières terrestres et maritimes entre les deux
pays. Il entérine la souveraineté de l'Arabie Saoudite sur les
provinces de Jizan, Najran et de l'Assir. S'agissant de la frontière
orientale, la plus contestée entre les deux parties, le Yémen
bénéficie de gains territoriaux substantiels, de 37.000 km²
selon le ministère des affaires étrangères sur le saillant
en forme de triangle particulièrement visible sur les cartes
géographiques. C'est dans cette région que le Yémen
espère exploiter de nouvelles ressources pétrolières.
Cette exploitation devra vraisemblablement être commune entre les deux
pays, les réserves étant situées de part et d'autre de la
frontière.
Au lieu d'une ligne, seuls des points ont été fixés pour
cette partie orientale de la frontière, afin que les repérages
sur le terrain puissent prendre en compte les particularités locales.
Une société occidentale de bornage a été
sélectionnée pour effectuer ce travail
24(
*
)
.
Enfin, les frontières maritimes ont été définies
conformément aux arguments yéménites.
Traité frontalier entre le Yémen et l'Arabie Saoudite du 12 juin 2000
Préambule :
Traité frontalier international
signé le 12 juin 2000 entre le Yémen et l'Arabie Saoudite et
renforçant les liens de fraternité qui unissent les deux peuples.
Article 1
Les deux parties confirment leurs engagements et leur respect du traité
de Taef et de ses annexes, y compris des rapports établis sur les
frontières communes. Elles confirment également leur engagement
vis à vis du mémorandum d'entente signé à La Mecque
au mois de février 1995.
Article 2
La ligne de frontière définitive et permanente est fixée
comme suit
a) La première section va du point côtier situé sur la Mer
Rouge RAS AL MIWAJ SHAMI sur l'estuaire appelé RADIF QIRAD dont les
coordonnées sont 16.24.14.8 Nord et 42.46.19.7 Est, jusqu'au JEBEL THAR
dont les coordonnées sont 44.21.58 Est et 17.26.00 Nord. On peut
déterminer l'appartenance des villages situés sur le tracé
de cette partie de la frontière en fonction de ce qui avait
été déjà décidé par l'accord de Taef
et ses annexes, y compris leur appartenance tribale. Au cas où la ligne
frontière traverserait un village, il serait tenu compte de l'ethnie de
ses habitants et de son appartenance à l'une des deux parties, afin de
modifier le tracé de la ligne. Les points fixant la frontière
figurent dans l'annexe 1.
b) La seconde section correspond à la partie de la frontière qui
n'avait pas encore été tracée. Les deux parties se sont
entendues pour tracer la frontière à l'amiable et en toute
fraternité. Elle court du JEBEL THAR jusqu'au point d'intersection 52
Est/ 19 Nord. La liste des points précis figure dans l'annexe 2.
c) La troisième section est constituée par les frontières
maritimes et part de RAS AL MIWAJ SHAMI sur l'estuaire appelé RADIF
QIRAD.
Article 3
1) Le bornage de la frontière du point 52/19 à RAS AL MIWAJ SHAMI
sera confié par les deux parties à une société
internationale qui effectuera le travail pour l'ensemble des frontières
terrestres et maritimes. Cette société, en collaboration avec une
équipe conjointe yéméno-saoudienne, devra respecter
rigoureusement les points fixés, leur écart et toutes les
spécifications mentionnées dans le traité de Taef Il
s'agit en effet de dispositions contraignantes engageant les deux parties
contractantes.
2) La société internationale dressera des cartes
détaillées de la frontière terrestre qui seront soumises
pour approbation et ratification aux représentants des deux pays et
ensuite officialisées. Les deux parties signeront un accord de
financement relatif aux travaux de la société.
Article 4
Les deux parties confirment et renouvellent leur engagement vis à vis de
l'article cinq du traité de Taef relatif à la
démilitarisation d'une zone de 5 km de part et d'autre de la
frontière, laquelle sera tracée conformément aux rapports
annexés à l'accord de Taef En ce qui concerne la frontière
non encore tracée entre le JEBEL THAR et le point 52/19, elle sera
déterminée par le tableau 4 du présent traité
(coordonnées des points).
Article 5
Le traité prendra effet après sa ratification conformément
aux institutions et procédures en vigueur auprès de chacune des
parties contractantes et aussitôt après l'échange mutuel
des éléments de ratification.
Une nette amélioration des relations entre les deux pays est attendue
à la suite de ce traité. S'il convient de ne pas faire preuve
d'un optimisme excessif, la conclusion heureuse du contentieux territorial peut
autoriser à terme le retour de travailleurs yéménites en
Arabie saoudite et le développement de l'aide publique saoudienne au
Yémen.
2. Une médiation internationale dans le conflit érythréo-yéménite
Le
règlement du contentieux des îles Hanish, archipel situé en
Mer Rouge dépourvu de statut international, est parvenu à son
terme.
25(
*
)
Ces îles inhabitées et désertiques,
fréquentées par les seuls pêcheurs des deux pays, ont
suscité une montée des tensions entre 1995 et 1998. Le
déclenchement du conflit est assez confus et les versions des faits
divergent entre les deux pays. Il semble que le Yémen ait envoyé
en juillet 1995 une force militaire importante sur l'île de la grande
Hanish pour « protéger » les travaux de construction
d'un complexe hôtelier destiné à la plongée et que
le 11 novembre 1995, une patrouille navale érythréenne ait
intimé l'ordre aux forces yéménites de quitter
l'île. Malgré une tentative de conciliation entre les dirigeants
érythréens et yéménites, un affrontement meurtrier
aura lieu du 15 au 17 décembre 1995. Les forces
érythréennes bousculent la garnison yéménite,
faisant plusieurs morts et 195 prisonniers.
Les deux parties feront preuve de sagesse en acceptant d'abord une
médiation française, puis par accord du 21 mai 1996 le recours
à une Cour internationale d'arbitrage
ad hoc
.
Celle-ci a rendu deux sentences. La première, rendue en octobre 1998, a
été favorable à Sanaa, établissant sa
souveraineté sur les îles Hanish. La seconde, de décembre
1999, délimite de manière équilibrée les
frontières maritimes entre les deux pays. Le Yémen et
l'Érythrée ont accepté ces sentences.
Il convient de saluer la manière dont le Yémen a su recourir de
manière pacifique à l'arbitrage pour un conflit territorial, lui
permettant ainsi de garder de bonnes relations avec ses voisins de la Corne de
l'Afrique et de ne pas déstabiliser la situation dans les îles de
la Mer Rouge.
B. LA VOIE VERS UNE MEILLEURE INSERTION RÉGIONALE
1. L'amélioration des relations du Yémen avec ses voisins
Au-delà des conflits territoriaux, le Yémen a pu
au
cours des dernières années améliorer ses relations avec
l'ensemble de ses voisins.
Depuis la fin de la guerre du Golfe et la prise de position de Sanaa en faveur
de l'Iraq, le Yémen a réussi à rétablir avec les
États du Golfe des relations de confiance. Tous, à l'exception du
Qatar, avaient joué la carte sécessionniste en 1994.
Le Yémen entretient de bonnes relations avec Oman et le Qatar qui,
après avoir pris parti pour l'unité yéménite durant
la guerre civile, a en outre soutenu la candidature yéménite au
Conseil de coopération du Golfe.
Si les anciens flux d'aide bilatérale n'ont pas repris, les relations
sont plus confiantes avec les autres États du Golfe. Le Président
Ali Abdallah Saleh s'est rendu aux Émirats Arabes Unis en avril 2000.
Les relations diplomatiques avec le Koweït, gelées depuis 1991, ont
été rétablies en 1999.
Les États du Golfe n'ont pas tous un intérêt fort dans le
développement du Yémen. L'exploitation du gaz
yéménite peut venir concurrencer d'autres pays producteurs de la
région tandis que le port d'Aden, s'il prenait son envol, pourrait
détourner du trafic d'autres ports de la péninsule.
En ce qui concerne la Corne de l'Afrique, les relations avec Djibouti sont
bonnes, en raison notamment des liens personnels tissés entre le
Président Djiboutien Ismaël Omar Guelleh, qui s'est rendu en visite
officielle à Sanaa en janvier 2000, et le président Ali Abdallah
Saleh. Une communauté yéménite dynamique vit à
Djibouti.
La présence de la France à Djibouti est, elle, perçue de
manière extrêmement favorable par les Yéménites et
son rôle en faveur de la stabilité de la région est reconnu
et apprécié.
2. Les perspectives de coopération régionale
Le
Yémen appartient à différents ensembles
régionaux : celui du monde arabe, celui du Golfe, celui de
l'Afrique de l'Est et n'appartient paradoxalement à aucun ensemble de
coopération régionale.
Malgré ses demandes répétées, il ne fait pas partie
de la coopération Euro-Méditerranée et du programme MEDA.
Il n'appartient pas davantage à la zone de libre-échange
d'Afrique de l'Est.
Officiellement candidat depuis décembre 1996 au Conseil de
Coopération des États du Golfe (CCEAG), conseil auquel il a
vocation naturelle à appartenir, le Yémen s'est heurté
depuis au veto saoudien et à une réticence sourde d'autres pays
de la péninsule. Le traité de Djeddah rend raisonnablement
optimiste sur la possibilité d'un accord saoudien à la
candidature yéménite, sans que les perspectives de succès
de celle-ci puissent être garanties à court terme.
Ainsi, le Yémen, seul PMA du monde arabe, est paradoxalement un des
seuls à ne pas être intégré à une zone de
coopération régionale.
UNE ÉCONOMIE FRAGILE AUX PERSPECTIVES DE CROISSANCE MAL CONNUES
Le Yémen, s'il a pu restaurer la stabilité politique du pays, n'est pas encore parvenu à entrer dans un cycle vertueux de croissance. Confronté à une très forte pauvreté et à une démographie galopante, le Yémen, seul PMA du monde arabe, est entré dans une phase de réformes économiques structurelles avec l'aide des institutions internationales. L'assainissement de la situation économique lui permettra de réfléchir à une meilleure exploitation de ses ressources et à une maîtrise de sa démographie, les grands projets de développement (gaz liquide, port d'Aden) apparaissant comme des projets de dernier recours.
I. UNE SITUATION ÉCONOMIQUE DIFFICILE
A. LE YÉMEN, SEUL PAYS MOINS AVANCÉ DU MONDE ARABE
Avec un PIB par habitant compris, selon les sources entre 350$ et 450$ 26( * ) par habitant, le Yémen était classé au 201e rang mondial sur 226 pays en 1994. Le Yémen est un des pays les plus pauvres de la planète qui cumule une situation économique fragile avec une démographie en forte expansion.
1. Les indicateurs
S'il est difficile de disposer d'indicateurs économiques et sociaux fiables sur le Yémen, l'ensemble des chiffres disponibles tant au niveau des ministères yéménites que des ONG concorde pour mettre en évidence une pauvreté préoccupante 27( * ) .
a) Pauvreté
Le PNUD essaie d'évaluer le pourcentage de la population vivant en dessous du niveau de pauvreté. Ce taux a atteint 37,7% en 1999, en légère hausse par apport aux années précédentes. Cette pauvreté, si elle touche les classe sociales qui étaient déjà marginales dans la société yéménite (les akhdam 28( * ) notamment), touche dans les mêmes proportions les villes et les campagnes. Elle a été avivée par le durcissement du marché du travail lié au retour des émigrés d'Arabie Saoudite et par une forte inflation. Le taux de chômage atteint aujourd'hui les 30%. Le taux d'inflation était de 72% en 1994 et de 45% en 1995.
La pauvreté au Yémen (% de la population)
Indicateurs |
1998 |
1999 |
Population totale vivant en dessous du seuil de pauvreté |
36,4 |
37,7 |
Population urbaine vivant en dessous du seuil de pauvreté |
31,8 |
34 |
Population rurale vivant en dessous du seuil de pauvreté |
37,7 |
38,9 |
Rang (Indice de développement humain) |
148 |
|
Source : Banque Mondiale, FMI, PNUD
b) Eau et santé
L'État yéménite peine à garantir
à l'ensemble de la population un accès aux services publics de
base que sont la santé et l'assainissement. Les dispositifs de
santé publique sont encore peu développés et l'absence
d'assainissement pose de véritables problèmes pour garantir
l'hygiène tant dans les villes que dans les campagnes.
L'absence d'eau potable dans certaines régions est également
préoccupante même s'il a été possible de pallier
pour partie cette situation en développant la production d'eau
minérale en bouteilles, évidemment plus onéreuse.
Accès aux services publics de base (% de la population)
Indicateurs |
|
|
Accès à l'eau saine
|
1998 |
44,45
|
Accès aux services de santé |
1990-1995 |
38 |
Accès aux égouts
|
1990-1997
|
24
|
Source : Banque Mondiale, FMI, PNUD
c) Alphabétisation
A la fois source et conséquence du sous-développement, le taux d'alphabétisation de la population est préoccupant au Yémen, d'autant qu'il se double d'une forte inégalité entre hommes et femmes. Si des efforts récents sont menés pour améliorer l'éducation dès l'enfance, la situation de la femme yéménite est un facteur d'inquiétude pour le développement du Yémen à moyen terme.
Taux d'alphabétisation de la population (% de la population de + de 15 ans)
Indicateurs |
1998 |
Taux d'alphabétisation des femmes |
33,85 |
Taux d'alphabétisation des hommes |
68,75 |
Source : Banque Mondiale, FMI, PNUD
d) Mortalité
Enfin, le Yémen se caractérise par une mortalité assez forte. La mortalité infantile atteint les 70 %o.
Mortalité
Indicateurs |
Années |
|
|
Espérance de vie à la naissance |
1999 |
|
60,1 ans |
Mortalité infantile
|
1999
|
|
70 %o
|
Source : Banque Mondiale, FMI, PNUD
2. Les freins au développement
Si l'instabilité chronique du pays, au Nord dans les années 60 et 70, au Sud dans les années 80, et dans le Yémen réunifié de l'année 1994, a indéniablement contribué à l'absence de décollage économique, d'autres facteurs, structurels, une fois la stabilité revenue, peuvent expliquer l'impossibilité qu'a le Yémen d'entrer dans une logique de croissance à la hauteur des besoins de la population.
a) Une évolution démographique préoccupante
Le taux
de croissance démographique est aujourd'hui de 3,5% par an. Ce taux
très élevé, même en terre d'Islam, s'explique par
une absence de régulation des naissances. Sur le plan politique,
certains partis, comme al-Islah, y paraissent fermement opposés.
Les projections établies en 1998 par le Ministère du Plan
annonçaient que la poursuite de la croissance démographique selon
la même tendance conduirait à un doublement de la population en 19
ans. Elles prévoyaient pour le Yémen une population de 50
millions de personnes à échéance de 2031.
La délégation du groupe sénatorial a rencontré M.
Ahmed Mohammed Sofan, Ministre du Plan qui lui a indiqué que la
République du Yémen entendait faire baisser son taux de
croissance démographique à 3,1% dans 5 ans et à 2% dans 25
ans. Il a indiqué, parmi les moyens d'y parvenir, s'opposant fermement
à une régulation autoritaire des naissances, l'éducation
de la femme et une amélioration des soins dans les maternités et
en pédiatrie.
L'absence de maîtrise de sa démographie constitue un risque majeur
pour le Yémen : le PIB est en effet aujourd'hui susceptible de
croître moins vite que la population.
b) Le rôle ambivalent du qât dans la société et l'économie yéménite
Le qât, « plante philosophique », « euphorisant, semi-stupéfiant, drogue », plante arbustive peu connue en Occident, joue un rôle majeur dans la société et dans l'économie yéménite.
Le qât
Le
qât «
cath edulis
» pousse au-dessus de
700
mètres
. C'est une plante arbustive haute parfois de 7 m dont les
feuilles se mâchent très fraîches (moins de
48 heures
après la cueillette). Elle est très répandue au
Yémen, en Éthiopie et en Somalie.
Effets psychologiques :
Euphorie, hallucinations, concentration,
paranoïa et anxiété.
Effets physiologiques
: proches des amphétamines. Coupe la
faim et empêche de dormir.
Un rite social :
activité sociale par excellence, la
séance de qât se déroule l'après midi, à la
maison, dans une pièce qui lui est spécialement
dédiée, le « mafraj ». Hommes et femmes
mâchent séparément mais toujours en groupe. On ne mange pas
avec le qât mais on fume et on boit de l'eau.
La culture du qât a pris un essor considérable au Yémen.
Elle est aujourd'hui la principale du pays puisqu'elle couvrirait plus de 30%
des terres arables soit environ 100.000 hectares, utiliserait 85% de l'eau
d'irrigation et 70% des pesticides vendus au Yémen. Le secteur du
qât occuperait 200.000 personnes, soit 15% de la population active.
Les surfaces cultivées auraient doublé depuis 1970, au
détriment des céréales pour l'essentiel. La production
annuelle de qât serait passée de 35 millions à 690 millions
de bottes entre 1970 et 1997
29(
*
)
.
Une grande partie de la population masculine cède au qât tous les
après-midi ou au moins deux à trois fois par semaine. Les femmes
et les jeunes mâchent également. Le qât
représenterait entre 18% et 30% des dépenses de consommation des
ménages.
Le qât joue pour le développement du Yémen un rôle
ambivalent :
(1) Le qât, vecteur de cohésion sociale ?
Il paraît difficile de concevoir le rôle que joue le qât au Yémen comme positif. Il est pourtant aux yeux de la population une des seules distractions qu'elle peut s'octroyer et constitue le pivot autour duquel tourne l'essentiel de sa vie sociale : affaires, réunion amicale, mariage, naissance, retour de pèlerinage ou de voyage ne peuvent être fêtés qu'avec le qât. 30( * ) Les poètes yéménites exaltent les vertus du qât et ses effets sociaux :
Il y a
dans le qât une consolation
Pour qui est accablé de soucis et de chagrin.
Du vin, il a la délicatesse,
Mais il n'est point prohibé.
Il en possède la pureté, pour l'oeil,
Et le même goût agréable, pour la bouche.
En lui le lettré trouve le réconfort,
Et on y découvre aussi une protection contre l'affliction.
C'est le messager de la fraternité :
Il groupe les gens et les unit.
Le qât contribue de manière importante aux revenus de la paysannerie yéménite. Certains estiment que la modération de l'exode rural au Yémen est due à la possibilité qu'a encore une partie des paysans de vivre de ses terres, grâce au qât, bien plus rémunérateur que toute autre culture. C'est d'ailleurs pour cette raison que les cultures alternatives qui sont proposées dans les montagnes yéménites (café, coton, dattes, légumes) peinent à s'imposer : elles sont beaucoup moins rentables que le qât.
(2) Le qât, fléau social
Le
qât constitue néanmoins un des freins majeurs au
développement yéménite :
§ Il empêche l'agriculture yéménite de se tourner vers
des cultures vivrières et/ou d'exportation et oblige le Yémen
à recourir à l'aide alimentaire pour nourrir une part de sa
population.
§ Il paralyse tous les autres secteurs de l'économie
yéménite : les activités cessent ou sont
sérieusement ralenties dès le début de l'après-midi.
§ Il pèse de manière importante sur le budget des
ménages.
§ Il constitue une menace pour la santé publique
31(
*
)
en raison des pesticides qui sont consommés en
même temps que la plante...
Les efforts pour lutter contre le qât sont aujourd'hui mesurés,
malgré le lancement d'une « campagne
anti-qât », annoncée par le Président de la
République, Ali Abdallah Saleh, qui a déclaré s'abstenir
lui-même
32(
*
)
. Cette campagne est
relayée par plusieurs associations anti-qât.
Les mesures prises jusqu'à présent sont pour l'essentiel encore
symboliques : prolongation jusqu'à 15 heures de la durée
quotidienne du travail des fonctionnaires, interdiction de consommer du
qât pour les policiers et les militaires durant l'exercice de leurs
fonctions, interdiction du qât à bord des avions de la compagnie
Yemenia.
c) Le problème de l'eau
Depuis
1970, le Yémen doit faire face à une crise d'approvisionnement
aiguë dans le domaine de l'eau. Certaines analyses font état d'un
épuisement des ressources en eau de Sanaa dans les 12 ans.
La prise de conscience du problème est relativement récente tant
le Yémen vit dans la mémoire de civilisations florissantes qui
avaient construit une part de leur prospérité sur des
systèmes sophistiqués de collecte et de répartition de
l'eau (grand barrage de Marib, citernes d'Aden...).
La concentration des pluies sur juillet et août, les pertes de 60% de
l'eau recueillie dans les canaux d'irrigation en terre, l'absence quasi-totale
de rivières permanentes et les prélèvements croissants sur
les nappes phréatiques en raison de la croissance de la population et du
qât risquent d'engendrer au Yémen une pénurie d'eau.
La privatisation du secteur de l'eau, par affermage ou concession, qui
apparaît comme une des solutions possibles, se heurte pour le moment
à des considérations religieuses (l'eau, don de Dieu, n'est pas
monnayable).
d) L'absence de classes moyennes
Le
Yémen est une société inégalitaire : il existe
quelques très grosses fortunes tandis qu'une partie croissante de la
population vit en dessous du seuil de pauvreté. La classe moyenne est
quasiment inexistante, d'où :
§ Une main d'oeuvre certes abondante, mobile et bon marché, mais
peu qualifiée.
§ Une consommation intérieure peu dynamique, consacrée au
minimum indispensable.
B. DES RESSOURCES ÉCONOMIQUES DONT L'EXPLOITATION RESTE LIMITÉE
Le
voyageur qui marche dans les montagnes au Nord de Sanaa découvre
à perte de vue, jusqu'à plus de 3.000 mètres, utilisant la
moindre parcelle de terrain, des milliers de terrasses cultivées,
plantées de sorgho et de café. Le Yémen fut d'ailleurs une
importante place tournante pour le commerce du café et nom du port de
Mokha, aujourd'hui en fort déclin, est passé dans le vocabulaire
courant. Le mokha n'est-il pas le café par excellence ?
Cette agriculture traditionnelle, toujours en place avec ses araires, son
battage du sorgho au fléau, ses boeufs remontant l'eau des puits, ne
peut plus faire face aux besoins d'une population en très forte
augmentation. Celle-ci a besoin de la mobilisation d'autres ressources.
Le Yémen ne manque pas de ressources : pétrole, pêche,
tourisme sont des secteurs fragiles, mais prometteurs, dans lesquels les
investissements sont encore limités. Le second revenu du Yémen
après le pétrole est ainsi constitué par les transferts de
ses travailleurs émigrés.
1. Pétrole, une manne vitale
Les exportations de pétrole constituent la principale ressource du Yémen : elles représentent plus de 90% de ses recettes d'exportations. Les réserves pétrolières prouvées du Yémen sont estimées à 4,6 milliards de barils 33( * ) dont 1,7 milliard sont aujourd'hui exploitables.
Champ (opérateur) |
Millions de barils |
Masila (CanOxy) |
550 |
Marib (Yemen Hunt) |
490 |
Jannah (Jannah Hunt) |
345 |
Shabwa (Total Yemen) |
180 |
Iyad (Nimir) |
135 |
La
production s'élevait en 2000 à 440.000 barils /jour. Cette
production pourrait s'accroître à l'avenir. La
délégation du groupe sénatorial a d'une part pu visiter le
champ de Shabwa, géré par Total, qui recèle
vraisemblablement des perspectives de développement. D'autre part,
à la suite de l'accord frontalier avec l'Arabie Saoudite, 4 nouveaux
blocs, en plus des 59 existants, vont prochainement pouvoir être mis en
exploration.
Si le pétrole constitue une ressource précieuse pour le
Yémen, il ne prendra toutefois pas la forme d'une rente comme dans
beaucoup d'autres États de la péninsule arabique.
2. Agriculture et pêche, des ressources traditionnelles
a) Une agriculture ancienne aux progrès limités
Le
Yémen est indéniablement la partie la plus fertile de la
péninsule arabique. L'agriculture et l'élevage
représentent 23% du PIB et occupent 50% de la population active.
L'agriculture yéménite est aujourd'hui une agriculture peu
moderne, fondée sur de très petites exploitations tournées
vers l'autosubsistance. Les paysans yéménites cultivent de petits
lopins de terre et leurs troupeaux de chèvres ou de moutons
dépassent rarement une quinzaine de têtes.
Le cheptel yéménite en 1997
Ovins |
3.970.000 |
Caprins |
3.700.000 |
Bovins |
1.250.000 |
Chameaux |
183.000 |
Total |
9.103.000 |
Sur 3,5 millions d'hectares cultivables, 1,4 millions sont cultivés. Les surfaces se répartissent comme suit :
Céréales |
50% |
Fruits et légumes |
20% |
Qât |
12% |
Le
qât occupe une part croissante des terres cultivables et de la production
agricole totale. La production de céréales (sorgho, blé,
maïs, orge) s'élevait en 1997 à 700.000 tonnes, soit 25% des
besoins du pays et celle de fruits et légumes à 900.000 tonnes.
Une zone maraîchère se développe autour de Sanaa pour
nourrir les habitants de la capitale.
L'agriculture yéménite n'incite pas à l'optimisme. Sans
remise en cause de la priorité accordée au qât, sans un
investissement fort de l'État yéménite et de la
coopération internationale en faveur de cultures alternatives comme le
café, compte tenu de la localisation de nombreuses parcelles,
cultivées en montagne, les perspectives d'augmentation de la production
agricole sont aujourd'hui relativement limitées.
b) La pêche, un secteur prometteur encore peu développé
La
République du Yémen compte 2.250 km de côtes. La
combinaison de ces étendues côtières et de la richesse
halieutique des eaux territoriales peut créer une forte dynamique
économique. Les produits de la mer se situent aujourd'hui au
quatrième ou au cinquième rang des productions
yéménites.
Le Yémen compte une vingtaine de ports de pêche dont les plus
importants sont Aden, Mukalla et Shihr sur l'Océan Indien, et Hodeidah
et Mokha sur la Mer Rouge. Les espèces capturées sont très
variées puisque l'on pêche au Yémen, thons, requins,
barracudas, daurades, mulets, maquereaux, bars, loups de mer, raies, sardines,
anchois, poulpes, pieuvres, calamars, homards, langoustes, crevettes, crabes
bleus, moules, coques, pétoncles...
Prises en volume (en tonnes)
|
1997 |
1998 |
Poissons de surface |
93.547 |
101.966 |
Poissons des profondeurs |
12.367 |
13.480 |
Autres
produits de la mer
|
9.740 |
10.617 |
Si le Yémen exporte poissons et crustacés de l'Océan Indien et crevettes de la Mer Rouge, principalement vers l'Union Européenne (Belgique, Espagne, France, Pays-Bas), le Japon et la Corée du Sud, et un peu vers les États-Unis, l'Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient, la pêche yéménite reste artisanale, dangereuse et mal considérée. L'insuffisance d'usines de transformation comme le mauvais respect des standards occidentaux d'hygiène empêche encore le secteur de la pêche de se développer.
3. Le tourisme, une ressource fragile
La
délégation du groupe sénatorial a pu se convaincre au
cours de sa mission que le Yémen recelait un potentiel touristique
considérable. Culture, patrimoine, tradition, chaleur de la population
possèdent pour le voyageur un charme irrésistible.
Le Yémen n'offre pas de perspectives en matière de tourisme de
masse : ses richesses peuvent engendrer un tourisme culturel, un tourisme
de plongée, un tourisme « vert » qui peuvent
être vecteurs de développement durables. Les voyageurs occidentaux
ne s'y sont pas trompés et le nombre de voyages au Yémen a
constamment augmenté dans la deuxième moitié des
années 90.
Le tourisme au Yémen : quelques chiffres
ANNÉE |
NOMBRE DE TOURISTES |
REVENUS
ENGENDRES
|
1988 |
60.000 |
21 millions |
1989 |
65.000 |
26 millions |
1990 |
52.000 |
20 millions |
1991 |
44.000 |
21 millions |
1992 |
72.000 |
7 millions |
1993 |
70.000 |
45 millions |
1994 |
40.000 |
19 millions |
1995 |
61.000 |
33 millions |
1996 |
74.000 |
42 millions |
1997 |
84.000 |
69 millions |
1998 |
100.000 (estimation) |
200 millions |
Provenance des voyageurs en 2000
Allemagne |
5.522 |
Italie |
3.851 |
France |
3.734 |
Inde |
2.934 |
États-Unis |
1.074 |
Royaume-Uni |
265 |
Autres |
3.612 |
Le
nombre de visiteurs avait augmenté de 20% en 1998. Le rapt meurtrier
d'Abyane a porté un coup au développement du tourisme au
Yémen. Si les enlèvements étaient fréquents
auparavant, ils n'avaient jamais entraîné mort d'homme. Le rapt
d'Abyane a été suivi quelques mois après d'un autre
enlèvement malheureux
34(
*
)
, de l'attentat
du USS Cole, qui ont remis en cause le développement touristique
yéménite. Les touristes recommencent en 2001 à venir en
nombre au Yémen mais la question de la sécurité continue
de décourager de nombreux candidats au voyage. Les ministères des
affaires étrangères britanniques et américains dissuadent
d'ailleurs leurs ressortissants de se rendre en vacances au Yémen.
Cette image du Yémen, fausse pour l'essentiel, empêche
également les investissements dans le domaine hôtelier. Le
Yémen mettra sans doute quelques années à attirer de
nouveau les voyageurs en nombre, en absence d'une communication
spécifique à leur intention
35(
*
)
.
II. UNE CROISSANCE SUSPENDUE À DES RÉFORMES ÉCONOMIQUES ET À LA RÉUSSITE DE GRANDS PROJETS
Le Yémen mène avec le soutien du FMI et de la Banque Mondiale des réformes structurelles dont les premiers résultats, fragiles, sont encourageants. Une croissance importante est par ailleurs attendue de la réalisation de deux grands projets : le développement de la zone franche d'Aden et l'exploitation des gisements gaziers du Yémen. Si ces investissements, dont le second reste encore en suspens, devaient être réalisés, ils pourraient de manière significative contribuer à la croissance yéménite. Ils ne pourront à eux seuls assurer le développement du Yémen. Ces projets ne constituent ainsi pas un dernier recours mais sont partie intégrante d'une politique globale de croissance et de développement.
1. Des réformes appuyées par les institutions internationales
Les
autorités yéménites ont engagé en 1995 avec le
soutien des institutions internationales un ambitieux programme d'ajustement
structurel.
Les premières mesures ont porté sur la libéralisation du
commerce extérieur et la suppression totale des subventions
36(
*
)
, effective depuis la fin de 1999.
D'autres mesures doivent suivre comme la restructuration du secteur public, le
renforcement du secteur bancaire, une application réelle et saine du
système juridique et enfin la mise en place d'une véritable
réforme fiscale indispensable au financement des dépenses
d'infrastructures, notamment dans le secteur de l'eau.
S'agissant des privatisations, le cadre légal des opérations au
Yémen a clairement été défini, après
plusieurs années d'attente, par la loi sur les privatisations
approuvée par le Conseil des Ministres en février 1997 et
promulguée par le Parlement en octobre 1999 (loi n° 45 de 1999).
Une soixantaine de petites entreprises appartenant principalement au secteur du
tourisme et des loisirs (hôtels, cinémas...) ont été
privatisées. Elles représentent environ 30% des
sociétés publiques mais leur poids économique est faible.
Une première vague de privatisation d'entreprises plus importantes
(cimenteries, usines pharmaceutiques, sociétés de gestion de
fret, banque...) devrait intervenir courant 2001 et préparer une vague
de privatisation d'entreprises plus stratégiques, même si les
secteurs de l'eau et du pétrole devaient être exclus.
Le cadre juridique des investissements étrangers, fixé par la loi
n° 22 de 1991, amendée à plusieurs reprises, a
été conçu pour encourager les investisseurs. Des avantages
fiscaux (exemption d'impôts pendant 7 ans et, dans certains cas,
jusqu'à 10 ans) et douaniers (exemption des droits de douane pour les
équipements nécessaires au projet) sont offerts aux investisseurs
dont les projets sont approuvés par les autorités
yéménites. Le capital investi et les bénéfices sont
librement rapatriables et les entreprises étrangères peuvent
être majoritaires, voire propriétaires de la totalité du
capital.
L'aide que le FMI apporte aux réformes des autorités
yéménites s'élevait au premier novembre 1999 à 239
millions de $ sous forme d'un programme d'ajustement structurel. La Banque
Mondiale a, elle, engagé pour 2000-2002 510 millions de $ dans une
optique basse et 695 millions de $ dans une optique haute (soit 250 millions en
2000, 220 en 2001 et 225 en 2002). L'aide de la Banque Mondiale n'est pas
garantie et dépendra des progrès des réformes
économiques.
2. Dont les résultats, fragiles, sont encourageants.
En dépit de la dégradation brutale de la situation économique en 1998, liée la chute des cours du pétrole, les autorités yéménites ont su garder le cap des réformes. Leurs résultats, en 1999 et 2000, paraissent encourageants, même si une part de la croissance (5,3% en 1999) peut être imputée à l'embellie pétrolière. Le solde budgétaire quasi équilibré en 1999 devait être excédentaire en 2000. Le Yémen connaît aujourd'hui une diminution sensible du taux d'inflation, une stabilisation de son taux de change et une amélioration de sa balance commerciale.
a) Inflation
Les efforts des autorités yéménites pour maîtriser l'inflation ont indéniablement porté leurs fruits :
Évolution de l'indice général du coût de la vie (en %)
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
+57,2 |
+27,2 |
+7,1 |
+11,9 |
+10,2 |
+2,8 |
Source : Banque centrale du Yémen
b) Taux de change
La parité du rial yéménite par rapport au $ qui s'était fortement affaiblie jusqu'en 1996, a été stabilisée en 1997 et 1998 avant de connaître une rechute au début de l'année 1999, aujourd'hui enrayée.
Taux de change du rial yéménite par rapport au $
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
110 |
129 |
135 |
160 |
163 |
Source : Banque centrale du Yémen
c) Commerce extérieur
Les échanges commerciaux du Yémen avec l'extérieur ont connu une croissance régulière de 1995 à 1997, tant un niveau des exportations que des importations, aboutissant à un solde positif. Un choc conjoncturel, dû à la diminution du prix du baril et la contraction des ressources pétrolière, a entraîné un solde négatif de la balance commerciale en 1998. Une reprise se fait nettement sentir depuis 1999.
Évolution de la balance commerciale
yéménite
(données CAF/FAB en millions de
rials)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
98/99 |
Exportations |
79.434 |
251.830 |
323.716 |
203.480 |
353.666 |
+73,8% |
Dont pétrole |
74.907 |
242.171 |
306.918 |
185.611 |
336.647 |
+81,4% |
Importations |
64.591 |
591 191 |
260.331 |
294.510 |
239.268 |
-18,8% |
Solde |
+14.843 |
+59.967 |
+63.385 |
-91.029 |
+114.399 |
+225,7% |
Source : Banque Centrale yéménite
Clients et fournisseurs du Yémen
Le
Yémen trouve ses marchés d'exportation principalement en Asie
(90% de parts de marché). Les quatre principaux clients du Yémen
sont la Chine, la Thaïlande, la Corée du Sud et Singapour
37(
*
)
.
Les trois grandes zones d'importation sont
-Les pays
arabes en progression régulière avec 34,4% en 1999 (29,5% en 1998
et 27,2% en 1997)
-Les pays asiatiques en légère diminution avec 22,8% en 1999
(24,9% en 1998 et 24,1% en 1997)
-Les
pays de l'Union Européenne en diminution sensible avec 21,4% en 1999
(26,6% en 1998 et 24,7% en 1997)
38(
*
)
Les biens alimentaires constituent le premier poste d'importation du
Yémen.
B. LES GRANDS PROJETS COMME DERNIER RECOURS
La délégation du groupe sénatorial a pu constater au cours de ses entretiens combien les projets de développement du port d'Aden et d'exploitation du gaz liquide tenaient au coeur de ses interlocuteurs yéménites. Ces projets à fort potentiel constituent un véritable espoir pour l'ensemble des acteurs politiques et économiques. Pour autant, la faisabilité de ces projets est encore incertaine et leur importance, au regard des réformes structurelles menées par le gouvernement, ne doit pas être surestimée.
1. Le développement du port d'Aden
Les
projets en cours visent à redonner au port d'Aden son rayonnement dans
l'Océan Indien et à lui faire jouer un rôle
d'entraînement pour une partie du pays. Ils portent sur le
développement d'un terminal conteneurs et la création d'une zone
franche.
Le Terminal Conteneurs d'Aden (ACT), mis en service en mars 1999, a
été officiellement inauguré en septembre 1999. Du fait de
sa localisation géographique, il est en mesure de desservir la
Péninsule arabique ainsi que l'Afrique de l'Est et du Sud.
Géré par une coentreprise entre une société
saoudienne et l'autorité portuaire de Singapour, il devrait offrir
à terme 1.650 mètres de quais et pouvoir traiter 2 millions de
« Ton Equivalent Units » (TEUs) par an. La première
phase du projet est déjà achevée : le Terminal
Conteneurs compte d'ores et déjà 700 mètres de quai et
offre une capacité de 500.000 TEUs par an.
Le Terminal Conteneurs d'Aden est déjà un succès, avec
120.000 TEUs pour sa première année d'exploitation et une
prévision de 250.000 TEUS en 2000. Le port accueille 1,5
porte-conteneurs par jour et fonctionne sur la base de 20.000TEUs par mois.
La Zone Franche d'Aden (AFZ) recueille, elle, en revanche, un certain
scepticisme. Elle est régie par la loi sur les zones franches n° 4
de 1993 qui propose notamment aux entreprises étrangères
l'exemption de droits de douanes, de taxes sur les activités
commerciales et industrielles pour une durée de 15 ans renouvelable,
l'absence de contrôle de contrôle des changes, de mouvements de
capitaux et d'impôts sur le revenu du personnel non
yéménite. La zone franche est aujourd'hui très
désorganisée et la délégation du groupe
sénatorial en déplacement à Aden n'a pu malheureusement
que constater le faible nombre d'entreprises implantées.
Le gouverneur d'Aden M. Ghanem a par ailleurs indiqué à la
délégation la possibilité d'approfondir le port,
actuellement limité aux bateaux de moins de 40.000 tonnes.
Le développement du port d'Aden devra en tout état de cause faire
face à la concurrence des autres ports de la région, notamment du
nouveau Terminal Conteneurs de Salalah dans le sultanat d'Oman.
2. L'exploitation du gaz naturel liquéfié
Le
Yémen possède des réserves prouvées de gaz naturel
de
14 trillions de pieds
3
situés principalement sur les
champs de Marib et de Jannah. L'exploitation de ces réserves constitue
une opportunité majeure pour l'industrie yéménite et les
autorités ont lancé un grand projet intitulé
« Yemen LNG » qui devrait permettre d'exploiter plus de
10.000 km² de champs pour une production annuelle de gaz naturel liquide
de 5,3 M/tonnes pendant une période de 25 ans.
Le gouvernement yéménite a retenu la société
française Total comme chef de file du consortium international
39(
*
)
chargé d'exploiter les gisements de gaz
naturel de Marib. Cette exploitation nécessite la pose de deux gazoducs,
l'un jusqu'à Sanaa et l'autre jusqu'à la côte,
l'installation d'une usine de liquéfaction, la création d'un port
à l'Ouest de Mukalla (Bal Haf) et l'exportation du gaz
liquéfié.
L'exploitation du gaz naturel devrait occasionner 500 emplois et des
exportations à hauteur de 700 millions de dollars par an, dont 15%
seront attribués à l'État yéménite et 85%
devraient dans les premières années amortir les frais
engagés.
Le projet bute encore aujourd'hui sur le montant des investissements à
réaliser, plus de 2,6 milliards de $, et sur la difficulté de
s'assurer des débouchés, en raison principalement d'une forte
concurrence de l'Iran et des Émirats Arabes Unis notamment sur le
marché du gaz naturel. S'ajoutent à ces facteurs
économiques le problème d'insécurité
récurrent autour de Marib.
Après quelques années difficiles, le projet a été
« remobilisé » par le lancement début juin
2000 des appels d'offres pour la réalisation des infrastructures du
projet. Des «
heads of agreements
» pour l'achat du gaz
yéménite ont été signés en mars 2001 avec
l'Inde : elles constituent un premier pas encourageant, même si le
début de la production ne pourra intervenir au mieux avant 2004/2005.
La délégation du groupe sénatorial a constaté que
le Yémen attend beaucoup de la France sur ce projet. S'il ne devait pas
se réaliser, les relations entre nos deux pays, en l'absence de
coopérations significatives dans d'autres domaines, pourraient se
trouver affectées.
UNE COOPÉRATION INTERNATIONALE TRÈS ATTENDUE QUI DOIT SE DÉVELOPPER
Compte
tenu de l'acuité des problèmes économiques et sociaux, des
efforts réalisés par le pouvoir yéménite en faveur
d'une « bonne gouvernance », il paraît
étonnant que la coopération internationale ne se mobilise pas
davantage en faveur du seul PMA du monde arabe et donc du plus pauvre des pays
arabes. Le nombre d'ONG étrangères présentes au
Yémen paraît ainsi étonnamment faibles.
Ne serait-ce qu'en raison de son intérêt
géostratégique et de sa proximité avec Djibouti, la France
n'a de son côté qu'intérêt à accroître
sa coopération avec le Yémen. La délégation du
groupe sénatorial appelle de ses voeux une coopération
diversifiée, non exclusivement tournée vers la francophonie, mais
consacrée aussi aux aspects économiques et à la formation
professionnelle.
I. LE BESOIN D'UNE COOPÉRATION INTERNATIONALE
La coopération internationale est très demandée par les autorités yéménites. Elle est d'abord une coopération multilatérale avant d'être une coopération bilatérale. 70 % des engagements proviennent de sources multilatérales et 30 % de sources bilatérales, pour un total au premier novembre 1999 de 1,333 milliards de $.
A. LA PRÉPONDÉRANCE DE LA COOPÉRATION MULTILATÉRALE
Outre la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, les deux principaux bailleurs de fonds dont l'aide porte principalement sur l'ajustement des politiques économiques, la réforme de l'État et les services publics, d'autres donateurs multilatéraux s'attachent à la résorption de la pauvreté, au développement du système de santé et de l'agriculture et à l'adduction d'eau...
1. Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social
Les engagements du Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social s'élevaient au premier novembre 1999 à 192 millions de $ consacrés essentiellement aux secteurs de l'adduction d'eau, au traitement des eaux usées, aux infrastructures, à l'agriculture et à la pêche, ainsi qu'aux services sociaux.
2. Union Européenne
Depuis 1978, date du début de l'aide européenne au Yémen, plus de 127 millions de $ ont été consacrés à des projets économiques et de développement. Les engagements actuels de l'Union européenne au Yémen s'élèvent à 90 millions de $ et visent à accompagner les actions du FMI et de la Banque Mondiale en essayant d'en atténuer l'impact social. Elle se tourne ainsi vers la lutte contre la pauvreté, le développement des ressources humaines et le renforcement des services sociaux.
3. Nations-Unies
Toutes les agences des Nations-Unies sont présentes au Yémen. Le PNUD joue un rôle prééminent parmi toutes ces agences compte tenu des problématiques qui le concernent. Le PNUD emploie 44 personnes au Yémen. Depuis 1972, date du début de l'aide du PNUD au Yémen, 216 millions de $ ont été affectés à des projets de développement. Pour la période 1997-2001, l'aide du PNUD devrait s'élever à 77,2 millions de $ :
Engagements annuels du PNUD (en millions de $)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
11,5 |
24,8 |
20,6 |
13,8 |
8,2 |
Les projets, gérés en tout ou partie par le PNUD, sont extrêmement variés. Ils concernent pour l'essentiel la lutte contre la pauvreté, la gestion des ressources en eau et à la gestion de l'environnement.
4. Fonds international pour le développement agricole
Les engagements du fonds international pour le développement agricole pour le Yémen s'élevaient au premier novembre 1999 à 39 millions de dollars.
5. Organisation des Pays Exportateurs de pétrole
L'OPEP consacre ses efforts principalement à l'éducation, à l'adduction d'eau et au traitement des eaux usées pour des engagements s'élevant à 40 millions de $.
B. UNE COOPÉRATION BILATÉRALE LIMITÉE À UN PETIT NOMBRE DE PAYS
Les principaux donateurs bilatéraux sont des pays membres de l'Union Européenne. Au regard de l'aide apporté par certains pays européens, l'aide de la France apparaît modeste, d'autant qu'elle est en très fort recul depuis la fin des protocoles financiers en 1996.
1. Les principaux donateurs
a) Allemagne
L'Allemagne est le premier pays contributeur au Yémen, alors même qu'elle n'occupe que le 11 e rang des fournisseurs du Yémen, avec 2,9% de parts de marché en 1999. Elle investit en priorité dans l'eau, et, dans des proportions moins fortes, dans l'éducation, l'agriculture et la pêche. Son aide s'élève à environ 30 millions de $ par an.
b) Pays-Bas
Les Pays-Bas apportent également une aide annuelle de 30 millions de $ répartie entre les secteurs de la santé, l'éducation et l'eau.
c) Japon
Le Japon contribue, à hauteur de 30 millions de $ par an à des secteurs d'intervention essentiellement horizontaux : programme d'ajustement structurel, agriculture, santé...
d) Espagne
L'Espagne est devenue un contributeur important depuis 1999, avec un don de 32 millions de $ dans le domaine de l'électricité.
e) États-Unis
Les États-Unis figurent aujourd'hui parmi les grands donateurs bilatéraux avec une aide alimentaire correspondant à 13,5 millions de $ en 1999 et 30 millions de $ en 2000.
2. Une aide réduite de la France
La France ne peut plus guère figurer parmi la liste des grands donateurs bilatéraux du Yémen. Sa contribution annuelle est limitée : elle s'élève à 12 millions de francs. Elle se consacre pour la majeure partie à l'aide alimentaire et pour une fraction plus faible à la coopération culturelle et technique.
C. DES ONG ÉTRANGÈRES ENCORE TROP PEU PRÉSENTES
Sans
doute pour des raisons historiques liées à la relative fermeture
du pays jusqu'à la réunification, les ONG
étrangères sont peu présentes au Yémen. Les ONG
nationales sont, elles, fort nombreuses. On en compte aujourd'hui 2000 dont une
grande proportion n'existe que sur le papier ou comme dispositif de collecte de
fond sans réelle action sur le terrain.
Les ONG étrangères sont au nombre de 35, européennes pour
la plupart. Leur travail est essentiellement axé sur le
développement économique, sanitaire, social et culturel.
La délégation du groupe sénatorial a pu rencontrer les
trois ONG françaises présentes sur le terrain, MSF, Triangle et
DIA dont elle a pu saluer l'action. MSF supervise un important projet de
développement et de gestion de la santé à Aden. Triangle,
association présente depuis 1997 au Yémen mène
différents projets dans le domaine de l'eau, de l'hygiène et de
l'assainissement. Elle est également partenaire du HCR pour l'aide aux
réfugiés. DIA participe depuis 1999 au développement
sanitaire et éducatif notamment à Taëz.
II. LA NÉCESSITÉ D'UNE PLUS GRANDE PRÉSENCE FRANÇAISE
La délégation du groupe sénatorial a été impressionnée par la chaleur de l'accueil qu'elle a reçue de la part de ses interlocuteurs yéménites. Elle a pu constater le caractère privilégié des liens entre la France et le Yémen. Si elle a apprécié le dynamisme et l'excellence de la coopération française dans les domaines culturels et scientifiques, elle a été frappée par les faibles montants engagés par la France, en comparaison avec les autres pays européens, et la faible diversification des actions engagées. La prise en compte de l'environnement régional du Yémen et de sa proximité avec Djibouti devrait donner à terme à la coopération française une autre dimension.
A. EXPLOITER LES BONNES RELATIONS POLITIQUES ET LA SITUATION GÉOSTRATÉGIQUE DU YÉMEN
1. Des relations politiques cordiales en attente d'une concrétisation sur le plan économique
Les
relations politiques franco-yéménites bénéficient
d'acquis solides :
§ Le soutien au processus de réunification a été
constant et ferme de la part des autorités françaises, tant en
1990 qu'en 1994. Les autorités yéménites sont ainsi encore
reconnaissantes à la France de ses positions durant la guerre civile et
la considèrent comme leur principal soutien politique à
l'échelle internationale.
§ La médiation française, par le biais de l'Ambassadeur
Guttman
40(
*
)
, dans le contentieux des îles
Hanish entre le Yémen et l'Erythrée a directement
contribué au règlement pacifique du conflit.
§ Le Yémen et la France ont des positions voisines sur les
questions régionales (Iraq, Iran...). Le Yémen respecte
l'indépendance de la diplomatie française sur ces questions et
approuve la politique française dans la région.
§ La fréquence des rencontres entre les deux chefs d'État
depuis 1995. Le Président Ali Abdallah Saleh est très
attaché à son déplacement annuel à Paris, en visite
de travail ou en visite officielle. A l'occasion de son entretien avec la
délégation du groupe sénatorial, le Président de la
République a invité Jacques Chirac à se rendre au
Yémen.
Les relations politiques entre France et Yémen ont néanmoins
commencé à être affectées par l'absence de visites
de haut niveau au Yémen, depuis celle de Christian Pierret,
secrétaire d'État à l'Industrie en février 1998. La
reprise des visites françaises à l'occasion du dixième
anniversaire de l'unification du Yémen a été
appréciée. Après la délégation du groupe
sénatorial, les autorités yéménites ont reçu
récemment M. Loïc Hennekine, secrétaire
général du Quai d'Orsay et attendent tout prochainement M.
Charles Josselin, ministre délégué chargé de la
coopération.
Il est dommage que l'excellence de ces relations politiques n'ait pas davantage
de répercussions sur le plan économique. Malgré
l'obtention de grands contrats (Airbus, Total, Thomson-CSF), preuve de la
très bonne disposition des autorités yéménites
à l'égard de la France, les entreprises françaises sont
encore peu présentes au Yémen. La délégation du
groupe sénatorial n'a ainsi pu rencontrer au Yémen que peu
d'entreprises françaises : Total/Ipedex, BNP/Paribas, Alcatel et la
Compagnie Générale de Géophysique, entreprise
française la mieux implantée au Yémen.
Il paraît également étonnant, compte tenu toujours de
l'excellence des relations politiques entre la France et le Yémen, que
la coopération entre les deux pays ne soit pas davantage
développée.
2. Aider le Yémen : un intérêt géostratégique pour la France
Le
Yémen occupe en effet une position géostratégique forte.
C'est un pays charnière, qui, si le port d'Aden se développe,
pourrait jouer un rôle majeur dans le trafic maritime entre Canal de
Suez/Mer Rouge d'une part, Afrique, Golfe persique et Océan Indien
d'autre part.
La proximité de Djibouti, où la présence de la France est
forte et les ressortissants yéménites nombreux, milite pour une
intégration régionale de la coopération française
et la prise en compte de son environnement le plus proche. La
coopération franco-yéménite paraît ainsi
complémentaire de la présence française à Djibouti.
Enfin, le Yémen est le seul pays de la péninsule arabique qui
n'ait pas fait de ses relations avec les États-Unis la clef de
voûte de sa diplomatie. Une présence française croissante
au Yémen favoriserait ainsi un rééquilibrage des
influences occidentales dans la région.
B. DÉPASSER LA COOPÉRATION ACTUELLE
Il paraît dès lors indispensable de dépasser les coopérations actuelles, non pour les remettre en cause mais pour leur donner davantage de moyens, développer de nouvelles pistes d'actions et renforcer les synergies.
1. Les limites de la coopération actuelle
a) Des montants limités
L'aide
de la France est en net recul depuis l'interruption en 1996 d'une longue
série de protocoles financiers en faveur du Yémen (937 millions
de Francs entre 1977 et 1996). Les montants financiers engagés sont
aujourd'hui modestes :
La programmation pour l'année 2001 prévoyait l'affectation de
7.209.126 francs au Yémen, se répartissant comme suit au sein du
ministère des affaires étrangères :
Direction de l'Audiovisuel et des Techniques de
Communication :
218.727 francs
Direction de la
Coopération Culturelle et du Français :
3.547.867
francs
Direction du Développement et de la Coopération
Technique :
1.071.107 francs
Direction de la Coopération
Scientifique, Universitaire et de Recherche :
1.121.425
francs
Direction de la Stratégie, de la Programmation et de
l'Évaluation :
1.250.000 francs
S'ajoutent à ces crédits les fonds de
contrepartie
générés par la vente de l'aide alimentaire
française (10.000 tonnes de farines de blé en 2000 au lieu de
6.100 en 1999). Ces fonds de contreparties sont destinés à
financer des projets dans le domaine agricole et rural, axé sur la
sécurité alimentaire, ainsi qu'un appui aux secteurs de
l'irrigation et de la pêche.
Le relevé de la dernière commission mixte
franco-yéménite de novembre 1999, qui constitue le cadre de
référence de l'action française de coopération
à moyen terme, met l'accent sur l'axe traditionnel de la
coopération culturelle et linguistique mais aussi sur l'aide au
développement de l'État de droit.
L'aide au développement française reste malheureusement bien en
deçà de l'aide octroyée par d'autres pays européens
comme l'Allemagne, Les Pays-Bas et l'Espagne, même si la France contribue
à hauteur de 20% aux crédits de l'Union Européenne mis
à disposition du Yémen.
b) Une priorité à la francophonie
L'aide
française a une spécificité qui la distingue encore des
autres actions de coopération étrangères en ce qu'elle met
l'accent sur l'éducation et la coopération linguistique. Si cette
action ne répond pas à toutes les attentes des autorités
yéménites, elle permet de donner une visibilité
supérieure aux moyens effectivement mis à disposition et permet
d'investir un champ ignoré des autres pays occidentaux. Elle pose
néanmoins question dans un pays où la francophonie est
traditionnellement inexistante et où le taux d'analphabétisme est
aussi élevé.
L'enseignement du français absorbe une part importante des
crédits affectés à la coopération et mobilise
l'essentiel des bourses
41(
*
)
et du personnel
dont dispose le poste de coopération à Sanaa.
Cette promotion du français porte ses fruits puisque dix lycées
yéménites comportent aujourd'hui un cursus du français qui
concerne 25 professeurs et 8.820 élèves. La création
d'un corps d'inspecteur de français en juin 1999 a même permis
l'introduction d'une épreuve de français au baccalauréat
national.
Dans l'enseignement supérieur, quatre universités sont
dotées de départements de français à part
entière : Sanaa, Aden, Taëz et Dhamar. Une première
promotion de licenciés est sortie en 1995 de Sanaa, en 1997 d'Aden et en
1998 de Taëz.
La délégation du groupe sénatorial a eu le plaisir
d'inaugurer le nouveau bâtiment du département de français
de l'université d'Aden et de féliciter l'action du corps
professoral.
Elle a remarqué que les enseignants de français à
l'université et des centres culturels étaient pour une part
constitués de Français d'origine algérienne qui font le
pont entre arabe et français d'une manière extrêmement
efficace et passionnée.
Par ailleurs, à l'occasion de l'inauguration de la nouvelle école
française de Sanaa, la délégation
42(
*
)
a pu rendre hommage au dévouement du corps
professoral et à l'implication des parents d'élèves d'un
établissement qui, des petites classes jusqu'au collège, joue un
rôle irremplaçable pour la communauté française mais
aussi pour d'autres expatriés, francophones ou non francophones.
Enfin, le Centre Culturel et de Coopération linguistique de Sanaa est un
lieu majeur pour l'enseignement du français langue
étrangère puisqu'il accueille plus de 300 étudiants. Ce
centre a un véritable rayonnement culturel à Sanaa. Il est un des
rares lieux publics mixtes de la ville.
Depuis la fermeture de la Maison Rimbaud
43(
*
)
,
la coopération linguistique française avait quelque peu
délaissé le sud du pays. Si la fermeture de la maison Rimbaud, le
transfert des coopérants français de l'université d'Aden
vers celle de Sanaa, la suppression des bourses d'études de longue
durée étaient motivées par de stricts motifs
économiques, ces mesures ont été considérées
par les autorités yéménites comme un véritable acte
de défiance politique.
L'ouverture en 2001 d'une antenne du centre culturel et de coopération
linguistique de Sanaa à Aden, si elle ne compense pas le vide
laissé par la maison Rimbaud, a dès lors été vue
comme un signe encourageant par le Yémen, et notamment par les
populations du sud, à la recherche depuis 1994 d'un
rééquilibrage de la coopération étrangère du
Nord vers le sud.
L'université d'Aden met ainsi gracieusement un local à
disposition de l'antenne du centre culturel et de coopération
linguistique à Aden. Le contexte est favorable à un nouvel essor
de la coopération culturelle française à Aden d'autant que
le British Council a dû cesser ses activités d'enseignement.
Dans une question écrite
44(
*
)
aujourd'hui
encore sans réponse, le Président du groupe sénatorial
André Ferrand a demandé au ministère des Affaires
étrangères quelles pourraient être les initiatives prises
pour assurer au centre culturel d'Aden un financement autonome par rapport
à celui de Sanaa et quelles pourraient être les perspectives
budgétaires de ce centre pour les années à venir.
Au-delà du renforcement des moyens consacrés au centre culturel
d'Aden, il paraît nécessaire de stabiliser les crédits
affectés à la coopération linguistique. Le
développement de cette coopération pose en effet la question des
débouchés professionnels des étudiants
yéménites après licence, dans un pays où le besoin
en professeurs de français est limité.
c) Des actions intéressantes mais qu'il faut approfondir
La France mène par ailleurs d'autres actions qui n'ont peut-être pas pu encore bénéficier de crédits suffisants en raison de la priorité accordée à la coopération linguistique. Une diversification de la coopération française paraît aujourd'hui indispensable.
(1) La coopération scientifique et de recherche
La
délégation du groupe sénatorial a observé le
remarquable travail effectué par le Centre Français
d'Archéologie et de Sciences Sociales (CEFAS)
45(
*
)
de Sanaa et son rayonnement, à la fois au
Yémen grâce à un effort méritoire de traduction de
certaines publications en arabe mais aussi dans les milieux de la recherche
scientifique sur le monde arabe. Son travail d'accueil d'étudiants et de
chercheurs mérite d'être salué. Il a aujourd'hui
étendu son champ de recherches aux pays limitrophes comme Oman, l'Arabie
Saoudite et l'Érythrée.
Dans d'autres domaines scientifiques, la France mène des actions qui
mériteraient d'être renforcées. Elle met
particulièrement l'accent sur les secteurs de l'ingénierie et des
sciences de la terre. Une mission d'experts de l'Université de Rouen a
permis de tracer les grandes lignes d'une nouvelle coopération avec les
Universités d'Aden et de Sanaa dans le domaine de l'informatique en vue
d'aboutir à la création d'un laboratoire de recherche commun.
Outre ce partenariat, le ministère des Affaires étrangères
soutient un programme de recherche géologique international mené
par l'Institut National des Sciences de l'Univers et le CNRS ? en
étroite collaboration avec les facultés de Sanaa et de Dhamar.
Enfin, les Hospices Civils de Lyon mènent une coopération
médicale qui mérite d'être encouragée.
(2) La coopération agricole
L'action
de la France en matière agricole, grâce aux fonds de contrepartie
générés par l'aide alimentaire, commence à prendre
de l'ampleur. La majorité des projets retenus conjointement par le
Ministre du Plan yéménite et l'Ambassade de France consiste en la
construction de barrages et de réservoirs d'eau en vue de l'irrigation
des zones cultivées.
La délégation du groupe sénatorial s'est montrée
très sensible à ces projets qui paraissent de nature à
contribuer, à leur mesure, à la résolution du
problème de l'eau au Yémen.
(3) La coopération institutionnelle
Compte
tenu des efforts des autorités yéménites menés pour
la démocratisation du pays, il paraissait inconcevable que la France ne
prenne pas sa part à la construction de l'État de droit. Les
actions de coopération françaises consistent en la formation de
cadres politiques et de hauts fonctionnaires relevant de la Présidence
de la République, du ministère des Affaires
étrangères, du Plan, des Affaires Locales et des Finances.
L'institut international des droits de l'Homme de Strasbourg et l'institut
international d'administration publique jouent un rôle majeur dans ces
formations.
La délégation du groupe sénatorial estime tout
particulièrement souhaitable qu'une coopération parlementaire
puisse être mise en place entre le Sénat et le nouveau Conseil de
la Choura dès que celui-ci aura été installé.
(4) La coopération de sécurité et de défense
Cette
coopération a été longtemps gelée compte tenu de la
priorité accordée à la coopération militaire avec
l'Arabie Saoudite. Elle se développe aujourd'hui. La visite du
Général Kelche, chef d'État-major des Armées,
à Sanaa en octobre 1999 a permis d'engager une coopération
décentralisée à partir des forces françaises
stationnées à Djibouti et des forces maritimes dans
l'Océan Indien. Le Général Kelche a par ailleurs
annoncé, en accompagnement du contrat de couverture radar
remporté par Thomson CSF en 1997, la cession gracieuse au Yémen
de 10 automitrailleuses légères Panhard. Les projets que la
France développe avec le Yémen visent à conforter sa
sécurité intérieure et sont soucieux de ne
représenter en aucun cas une source de modification de
l'équilibre régional.
En matière de sécurité, les besoins du Yémen sont
également réels. La cession gracieuse d'un laboratoire de police
scientifique en 1999 et la mise en place de stages de courte durée au
profit d'officiers de police yéménites ont traduit le
début d'une coopération qui mériterait d'être
poursuivie.
(5) La coopération multimédia
Cette
coopération est aujourd'hui en gestation. Elle permettra au Yémen
de diversifier ses sources d'informations et de mieux diffuser les savoirs dans
le domaine. La délégation du groupe sénatorial a
apporté tout son soutien au projet de RFI consistant à installer
deux émetteurs FM à Aden et Sanaa et à initier une
coopération avec la radio publique, tant en matériel qu'en
formation. Elle a enfin pris connaissance avec intérêt des projets
de développement du multimédia au Centre culturel de Sanaa
qu'elle encourage vivement tant le développement d'Internet dans un pays
comme le Yémen peut représenter une ouverture culturelle et
politique.
Le Président du groupe d'amitié André Ferrand a, dans une
question écrite,
46(
*
)
attiré
l'attention du ministère des affaires étrangères sur ce
dernier projet.
2. Redéployer les actions
La délégation du groupe sénatorial a pu constater tout au long de sa mission le potentiel de coopération que recelaient les relations franco-yéménites. Il lui paraît nécessaire de doter cette coopération des instruments financiers indispensables à son succès, de renforcer les complémentarités avec les coopérations menées dans des pays proches et de diversifier les projets en vue d'un meilleur développement du Yémen.
a) Doter la coopération franco-yéménite d'instruments financiers
(1) La Zone de Solidarité Prioritaire
L'absence du Yémen dans la Zone de Solidarité
Prioritaire a étonné la délégation du groupe
sénatorial, tant la suppression des « pays du
Champ » au profit d'une zone plus ouverte lui semblait aller dans le
sens des pays les plus pauvres et des solidarités régionales.
Le Président du groupe d'amitié a posé une question
écrite
47(
*
)
au ministre des Affaires
étrangères pour attirer son attention sur la situation du
Yémen au regard de la ZSP. Il a noté que le Yémen, avec un
PIB de 360 dollars par habitant, était le seul pays moins avancé
(PMA) du monde arabe et qu'il constituait un des rares PMA au monde, à
la situation politique stable, à ne pas être classé en ZSP.
De plus, Il a rappelé que l'Allemagne a pour sa part classé le
Yémen en ODA (
öffentliche Entwicklungszusammenarbeit
,
58 millions de marks en 1999) et que les Pays-Bas font
bénéficier ce pays de leur programme ORET/MILIEV, alors
même que Pays-Bas et Allemagne entretiennent avec le Yémen des
relations politiques moins privilégiées que la France. Il a
insisté sur la nécessité d'une cohérence
régionale dans l'aide au développement français : le
Yémen entretient des relations anciennes et étroites avec la
Corne de l'Afrique, Éthiopie, Érythrée et surtout
Djibouti, tous trois classés en zone de solidarité
prioritaire ; cette cohérence régionale, à
l'échelle de la ZSP, lui paraissant d'autant plus souhaitable que le
Yémen ne fait pas partie du conseil de coopération du Golfe et
n'est pas éligible au programme de la commission européenne MEDA.
Il a souligné enfin la position géostratégique importante
du Yémen, entre Péninsule arabique et Corne de l'Afrique, entre
mer Rouge et océan Indien.
Il a dès lors appelé à un classement de la
république du Yémen en ZSP lors du prochain comité
interministériel pour la coopération internationale et le
développement (CICID).
Dans sa réponse, le ministre des Affaires étrangères a
reconnu que le Yémen était effectivement classé parmi les
pays les moins avancés (PMA) de la péninsule arabique et se
trouvait confronté à de considérables difficultés
économiques et qu'il bénéficiait de programmes
d'assistance économique (environ 300 millions de dollars pour
l'assistance étrangère au Yémen en 2000) insuffisants pour
compenser les coûts sociaux de l'ajustement structurel engagé
depuis le début de 1995 sous l'égide du Fonds monétaire
international et de la Banque mondiale. Il a indiqué que la liste des
pays en ZSP n'était pas figée, mais que la ZSP avait
néanmoins besoin d'un minimum de stabilité. Il a noté
enfin que le Yémen, pays avec lequel la France entretient des relations
anciennes et de qualité, avait plusieurs arguments à faire valoir
et que sa candidature méritait d'être examinée sans qu'il
soit, à ce stade, possible de préjuger de la position qui sera
adoptée lors de la prochaine réunion du comité
interministériel pour la coopération internationale et le
développement (CICID).
Cette réponse, si elle ne présume pas de la position du prochain
CICID, invite néanmoins à un certain optimisme.
(2) La COFACE
L'absence de garantie, autre qu'à court terme,
accordée par la COFACE aux investissements réalisés au
Yémen n'est pas de nature à renforcer la présence
économique française au Yémen. Cette absence de garantie
est due à un contentieux ancien opposant la société " les
moulins de la mer Rouge " à la COFACE pour un montant de 39 millions de
dollars. La COFACE lie la reprise de ses garanties sur le Yémen à
la résolution de ce contentieux alors même qu'elle n'a semble-t-il
pas soumis son différend à la justice ou à une instance
d'arbitrage. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne offrent,
eux, une couverture à moyen et long termes de ce pays.
Le Président du groupe d'amitié André Ferrand a
attiré l'attention du ministre de l'Économie et des finances sur
l'intérêt des reprises des garanties de la COFACE sur le
Yémen à moyen et long termes pour l'approfondissement de la
coopération économique entre les deux pays.
48(
*
)
b) L'intégration du Yémen dans une zone de coopération régionale
Alors
que Djibouti, et pour une moindre part l'Érythrée,
bénéficient d'une aide importante de la part de la France, il
paraît souhaitable de renforcer les complémentarités et les
solidarités régionales. Le
« détournement » d'experts français venus
à Djibouti pourrait constituer un bénéfice important pour
le Yémen, comme la mise en place d'un travail commun entre les
différents centres de coopération de part et d'autre du
« Bab el Mandeb »
49(
*
)
.
La coopération militaire avec le Yémen s'appuie
déjà sur les forces françaises stationnées à
Djibouti. Par ailleurs, certains nouveaux projets dans le domaine de la
pêche et du café sont menés avec la collaboration de
l'assistance technique française basée à Djibouti et
à Asmara.
Ces synergies régionales, évidentes pour qui regarde une carte de
la région, méritent sans conteste d'être
développées.
c) La diversification de la coopération : l'exemple de la formation professionnelle
Il est
apparu enfin à la délégation du groupe sénatorial
qu'au-delà de la formation à la langue française, il
serait sans doute pertinent d'investir davantage dans la formation
professionnelle. Elle a pu discuter de cette question avec les Conseillers du
Commerce Extérieur dont elle tient à saluer l'action.
Si certaines entreprises s'emploient à participer à l'effort de
professionnalisation de la main d'oeuvre yéménite, en assurant
comme Total et la Compagnie Générale de Géophysique (CGG)
la formation continue de leurs salariés, il paraît opportun de
« professionnaliser » davantage l'enseignement de
français dans les universités yéménites et de
développer les partenariats entre les centres de formation
professionnelle des deux pays.
CONCLUSION : AIDER LE YÉMEN
Pays
montagnard et pays de désert, le Yémen a fait depuis sa
réunification le pari de l'ouverture vers l'extérieur : paix
avec ses voisins, échanges culturels et économiques avec
l'Occident.
Pays de tradition, face à ses difficultés, le Yémen a fait
le pari du mouvement. L'Arabie heureuse s'est engagée, à son
rythme, mais sans retour en arrière, sur le chemin de la
démocratie et des réformes économiques.
A la France maintenant de faire une partie du chemin à ses
côtés, de mettre sa coopération en mouvement, pour que les
fragilités du pays le plus pauvre et le plus peuplé de la
péninsule arabique ne brisent pas les volontés de changement de
tout un peuple, aspirant aujourd'hui à davantage de liberté et de
prospérité.
REPÈRES SUR LE YEMEN
I. CHRONOLOGIE
XVe
s.-IIe s. av. J.-C. : Royaumes de Maan, Saba et Qataban.
vers VIIIe av. J.-C. : Construction de la digue de Marib.
IVe s. : Unification du pays par la Confédération des
Himyarites.
525-572 : Domination éthiopienne.
575-628 : Occupation perse.
VIIe s. : Avènement de l'islam.
A partir du IXe s. : Début de la dynastie des imams zaydites qui se
perpétuera jusqu'au milieu du XIXe siècle.
1538-1636 : Domination ottomane.
1850-1918 : Domination ottomane.
1857 : Début de la colonisation britannique au sud du pays.
1911 : Traité entre les Turcs de l'imam Yahya assurant à la
partie du Yémen jusque-là sous domination ottomane une
quasi-indépendance.
1926-1934 : Conflit avec l'Arabie saoudite à propos de la province
de l'Asir.
1939 : Les Britanniques s'installent à Aden.
1948 : Assassinat de l'imam Yahya, son fils Ahmed lui succède.
1958-1962 : Fédération du Yémen avec la
République arabe unie (avec l'Égypte et la Syrie)
1962 (26 septembre) : Coup d'État et prise de pouvoir par un
groupe d'officiers nationalistes et proclamation de la République ;
début de la guerre civile.
1967 (30 novembre) : Le Yémen du sud accède à
l'indépendance ; proclamation de la République
démocratique et populaire du Yémen.
1970 : Année de réconciliation nationale au Yémen du
Nord après la mise en place d'un gouvernement de compromis.
1972 : Conflit entre les deux Yémen, suivi des accords
du Caire et de Tripoli prévoyant la création d'une
république yéménite unique.
1979 (24 fév.-16 mars) : Seconde guerre
inter-yéménite, seconds accords d'unité (30 mars).
1981 : Guerre civile au Yémen du Sud.
1990 : Proclamation d'unification entre les deux Yémen,
proclamation de la République yéménite.
1991 (mai) : Référendum constitutionnel.
1993 (avril) : Premières élections législatives du
Yémen unifié.
1994 : Affrontements entre l'armée et le parti socialiste
(sud) ; chute d'Aden (5 juillet).
1997 : Élections législatives.
1999 : Réélection au suffrage universel de Ali Abdallah
Saleh à la Présidence de la République.
2000 : 10
e
anniversaire de l'unification en présence de
nombreuses personnalités étrangères.
2001 : Référendum constitutionnel et premières
élections locales.
II. SITUATION GÉOGRAPHIQUE
Le
Yémen occupe le sud-est de la péninsule arabique, en bordure de
la mer Rouge, du Golfe d'Aden et du Golfe d'Oman, offrant ainsi environ 1.500
km de façade maritime. Situé dans le prolongement de l'Arabie
Saoudite, il possède aussi une frontière commune avec le sultanat
d'Oman dans sa partie orientale. De nombreuses îles font partie du
territoire yéménite : Kamaran en mer Rouge ; l'îlot de
Périm qui commande l'accès à la mer Rouge par le
détroit de Bab el-Mandeb et qui, de ce fait, présente un
intérêt stratégique important ; Socotra, la plus grande des
îles, dans l'Océan Indien.
Le Yémen constitue une partie du plateau arabique incliné d'ouest
en est. On distingue 3 zones géographiques parallèles à la
mer Rouge:
-la Tihama, une bande côtière de moins de 50 km de largeur, une
plaine de nature aride. La côte est basse et bordée de
récifs coralliens.
-une chaîne montagneuse large de 100 à 150 km, avec de hauts
sommets, tel le djebel Hadur Nabi Chuayb qui culmine à 3.760
mètres.
-les hauts plateaux s'abaissent progressivement vers l'est à hauteur de
Marib. Ce sont les steppes puis le désert qui rejoint le grand
désert saoudien du Rub al-Khali. A l'est du Yémen, entre le
désert et le Golfe d'Aden, le massif montagneux de l'Hadramawt atteint
2.200 mètres dans le Chukra. Il tombe sur la mer en laissant la place
à d'étroites plaines côtières.
La capitale, Sanaa, est la ville la plus importante du pays avec 1.373.000
habitants.
Les autres villes importantes sont Aden, ancienne capitale du Yémen du
Sud avec 462.000 habitants, Ta'izz, Hodeïda et Al Moukallâ.
III. CLIMAT
Le Yémen est le territoire le moins désertique de la péninsule arabique grâce aux moussons qui, deux fois par an, se déversent sur le pays. La saison humide court de mars à mai, puis de juillet à août. Les températures les plus élevées sont relevées entre juin et août. La zone de la Tihama est chaude et humide tout au long de l'année. En hiver, le thermomètre grimpe jusqu'à 32°C et, en été, les 40°C sont fréquents. Les plateaux et montagnes sont plus tempérés.
IV. POPULATION
La
population yéménite croît à un taux de 3,5% par an.
Elle atteint aujourd'hui 17.676.000 habitants. Cette population est pour
l'essentiel encore très rurale puisqu'elle représente en effet
74% de la population. Les phénomènes d'exode rural n'ont pas
encore pris de fortes proportions au Yémen.
La population yéménite est une population très jeune
puisque la moyenne d'âge est de 21 ans. L'âge médian est,
lui, de 14 ans.
L'espérance de vie est de 60 ans (58,3 ans pour les hommes et
62,1 ans pour les femmes). La mortalité infantile est
élevée avec un taux de décès de 70 pour
mille : en zone rurale, ce taux atteint les 74 %o contre 54 %o en zone
urbaine.
Un grand nombre de travailleurs yéménites ont
émigré dans les autres pays de la péninsule arabique mais
aussi à Djibouti, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada.
L'expulsion durant la guerre du Golfe des 800.000 immigrés
yéménites d'Arabie Saoudite a suscité de graves
difficultés économiques. La reprise des relations entre l'Arabie
Saoudite et le Yémen devrait permettre un nouveau mouvement
d'émigration.
Une immigration existe également au Yémen. Dans le sud du pays
sont ainsi installés des réfugiés somaliens ou
comoriens.
V. RELIGION
Le
Yémen fut l'un des premiers pays à se joindre, dès
l'année 6 de l'Hégire (628 après Jésus-Christ),
à la révolution musulmane. L'article premier de la Constitution
yéménite dispose que « la République du
Yémen est un État arabe, islamique, indépendant,
souverain, un et indivisible. Le peuple yéménite fait partie
intégrante de la Nation arabe et islamique. ».
« L'Islam est la religion de l'État » (article 2).
« La Chari'a islamique est la source de toutes les
législations » (article 3).
L'Islam yéménite est composé de deux courants religieux
principaux : le zaydisme, issu du chiisme, très implanté
dans le Nord du pays et le chaféisme, issu du sunnisme et davantage
implanté dans le Sud. La petite communauté des Ismaéliens
compte 75.000 membres.
Une communauté juive a existé au Yémen. Entre 1948 et
1950, environ 50.000 juifs yéménites ont émigré en
Israël : la communauté juive au Yémen ne compte plus
que quelques centaines de membres dispersés dans le pays.
VI. INSTITUTIONS POLITIQUES
Le
Yémen est la seule République de la péninsule arabique. La
Constitution du Yémen a été adoptée par
référendum en mai 1991, amendée le 29 septembre 1994
(séparation des pouvoirs, Parlement unicaméral, démocratie
pluraliste) puis le 19 novembre 2000 par 276 des 284 députés
présents (sur 301 sièges). Ces derniers amendements
constitutionnels, touchant notamment à l'élection du
Président de la République, à l'allongement de la
durée des mandats, à l'extension des pouvoirs du Conseil
Consultatif, ont été approuvés par
référendum, avec 73% de « oui » le 20
février 2001.
Le Président de la République est élu au suffrage
universel direct pour 7 ans. Les candidatures à l'élection
présidentielle sont acceptées par l'Assemblée nationale et
le Conseil Consultatif réunis si elles recueillent chacune au moins 5%
des votes des membres des deux assemblées. L'Assemblée nationale
et le Conseil Consultatif doivent autoriser au minimum trois candidatures
à l'élection.
Le Président de la République est aujourd'hui M. Ali Abdallah
Saleh. Il nomme le Premier ministre. Celui-ci, désigné le 31 mars
2001, est M. Abdulqader Abdulrahman Bagammal, ancien ministre des Affaires
étrangères.
La nature, bicamérale ou unicamérale, du Parlement fait
désormais question. La lettre de la Constitution fait de
l'Assemblée nationale la seule chambre du Parlement. Celle-ci est
élue au suffrage universel direct (27 avril 1993 et 27 avril
1997) pour six ans. Le Président de l'Assemblée nationale est M.
Cheikh Abdullah Bin Hussein Al-Ahmar, chef du parti de la réforme.
L'esprit de la Constitution semble, lui, avoir quelque peu
évolué. Le Conseil Consultatif d'Al-Choura, dont les membres sont
toujours désignés par le Président de la
République, évolue lentement et progressivement vers le statut
d'une deuxième chambre. L'élargissement de ses pouvoirs et la
volonté exprimée par les amendements constitutionnels de lui voir
assurer une meilleure représentation des acteurs locaux vont en ce sens.
Le Conseil Consultatif est présidé par M. Abdulaziz Abdulghani,
ancien Premier ministre.
VII. BIBLIOGRAPHIE ET LIENS INTERNET
A. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
-
L'Arabie du Sud, histoire et civilisation
en trois
tomes,
sous la direction de Joseph Chelhod, Éditions Maisonneuve et Larose.
-
Le Yémen contemporain
, sous la direction de Rémy Leveau,
Franck Mermier et Udo Steinbach, Editions Karthala.
-
Republic of Yemen, 10 years of achievements
, 1990-2000,
Ministère du Plan de la république du Yémen (en anglais).
-Monde arabe Maghreb Machrek, n° 155 janvier-mars 1997, La documentation
française.
-Monde arabe Maghreb Machrek, n° 168 avril-juin 2000, La documentation
française.
B. SITES INTERNET
-http://www.dree.org/yemen/ : site du Poste d'Expansion
économique de Sanaa
-http://www.univ-aix.fr/cfey/ : site du CEFAS
-http://www.undp.org/povertyreport/FRENCH/Frprofil.pdf : rapport
d'activité du PNUD 2000 sur le Yémen
-http://www.diplomatie.fr/voyageurs/etrangers/avis/conseils/ : conseil aux
voyageurs du ministère des Affaires Étrangères
-http://www.al-bab.com/yemen/ : site de référence sur le
Yémen (en anglais)
-http://www.yementimes.com : site du Yémen Times (en
anglais)
1
cf. en annexe les
éléments sur
la religion au Yémen.
2
Le Président de la République du Yémen est
aujourd'hui Général.
3
Dépêche AFP du 12 mai 2001.
4
Sur les tribus au Yémen
cf. « l'Arabie du Sud, histoire et civilisation », tome 3,
sous la direction de Joseph Chelhod, Éditions Maisonneuve et Larose et
plus précisément p.39 à 62 :
« l'organisation tribale ».
5
cf. « tribalisme et démocratie au
Yémen » », de Paul Dresh, chroniques
yéménites du CFEY, 1995.
6
12,5 millions de dollars selon le PSY
7
les partis présents aux élections reçoivent
néanmoins une petite aide
8
En arabe, concertation.
9
Initiative à laquelle M. Abdulaziz Abdulghani,
Président du Conseil Consultatif a participé.
10
La délégation du groupe sénatorial a
rencontré M. Ghanem, gouverneur d'Aden qui lui a précisé
que la presse était libre, même sur des sujets touchants à
la sécurité de l'État...
11
Le nom d'Oussama ben Laden, milliardaire saoudien d'origine
yéménite, animateur d'un réseau terroriste international,
réfugié en Afghanistan, revient évidemment
fréquemment.
12
Le département d'État américain a
annoncé récemment la fermeture de son Ambassade en raison des
risques d'attentats islamistes encourus par ses ressortissants.
13
320 districts et 20 governorats
14
Il s'agit d'une ancienne députée, Mouna Bashraheel,
et d'une journaliste Fatima bint Mohammad.
15
Waheeba Faree, ministre d'État pour les droits de l'homme
16
Le Département d'État a par ailleurs appelé
à une plus grande participation des femmes à la vie publique et
au développement d'un système multipartite. 17 femmes furent
candidates en 1997.
17
Les déclarations du Président Ali Abdallah Saleh
avant la campagne électorale étaient en effet rassurantes :
« nous ne voulons pas d'une démocratie des 99% ».
18
Le taux de participation fut officiellement de 66%, l'opposition
l'estimant plutôt à 50%.
19
cf. sur ces élections l'article « les
élections présidentielles de septembre 1999 au
Yémen : « du « pluralisme
armé » au retour à la « norme
arabe » de François Burgat, Monde arabe Magrheb, Machrek
avril-juin 2000.
20
La direction du PSY que la délégation du groupe
sénatorial a rencontrée relève néanmoins qu'il lui
sera très difficile de présenter son candidat, tous les membres
du conseil consultatif étant nommés par le Président de la
République.
21
Ali Abdallah Saleh a affirmé dans une conférence de
presse que la violence électorale avait fait au total "13 morts, 8
militaires et cinq civils, et 34 blessés" et accusé les
médias d'avoir "exagéré" le nombre de victimes.
22
23 issues du CPG, 5 du PSY et 3 indépendantes
23
Sur 5,6 millions d'inscrits, le PSY estime que seuls 4,5 millions
sont de vrais électeurs, les autres étant des membres des
unités militaires ayant été successivement basés
dans différents governorats et n'ayant jamais été
rayés des listes électorales.
24
Le choix de la société de bornage s'est finalement
porté sur l'Allemand Hansa Luftbild, concurrent direct de l'IGN
français. L'IGN avait la nette préférence du Yémen
mais la société allemande était mieux introduite du
côté saoudien qui financera intégralement les travaux.
25
cf. sur la question l'article « les relations
yéméno-érythréennes à l'épreuve du
conflit des Hanish » de Marc Lavergne, Monde arabe Maghreb/Machrek,
janvier-mars 1997
26
Il est sans doute plus élevé, comme dans beaucoup
de pays en développement, si l'on prend en compte l'économie
informelle (qât, contrebande...)
27 cf. article « Pauvreté et droits au Yémen » de Blandine Destremau, Chroniques yéménites 2000 du Centre français d'archéologie et de sciences sociales de Sanaa (CEFAS).
28
Couche sociale apparentée à une caste, et fortement
stigmatisée comme impure et quasiment « intouchable »
29
Ces chiffres ne tiennent vraisemblablement pas compte de
l'autoconsommation paysanne.
30
cf. « la société yéménite
et le qât » p259-275, dans l'ouvrage collectif
« l'Arabie du Sud, histoire et civilisation », sous la
direction de Joseph Chelhod, Éditions Maisonneuve et Larose.
31
Risques de cancer de la bouche et de la gorge notamment.
32
Pour se mettre au sport et à l'informatique...
33
L'Arabie Saoudite dispose de réserves estimées
à 260 milliards de barils.
34
Celui d'un diplomate norvégien, de passage au
Yémen, tué lors d'un affrontement entre ses ravisseurs et
l'armée le 11 mai 2000.
35
Cf sur l'image du Yémen un article de France Soir,
à l'approche des vacances d'été « Ces pays
à éviter. Pour vos vacances, gare au terrorisme
touristique » (mardi 19 juin 2001) qui cite plusieurs fois le
Yémen.
36
Source éventuelle de corruption.
37
La France est 19
e
. Elle était 14
e
en
1998 et 8
e
en 1997.
38
La France est au sixième rang des fournisseurs du
Yémen avec 4,19% des parts de marché en 1999(4
e
avec
5,6% en 1998 et 4
e
avec 5,9% en 199).
39
Total (France) : 36%, Yémen Gas Co
(Yémen) : 21%, Yemen Hunt (Etats-Unis) : 15,11%, Exxon
(Etats-Unis) : 14,51%, SK Corpoartions (Corée du Sud) : 8,38%,
Hyundai (Corée du Sud) : 5%.
40
Ancien Président de l'Institut Français du
Pétrole.
41
Avec environ 20 bourses par an, la France reste à ce jour
le principal pourvoyeur de bourses de longue durée à l'attention
d'enseignants ou de cadres yéménites.
42
Elle a assuré également, au pied levé, un
cours d'instruction civique et répondu aux questions, toujours
pertinentes, des élèves sur le rôle du Sénat.
43
Dans une nouvelle biographie de Rimbaud écrite par
Jean-Jacques Lefrère, on apprend que cette maison n'a sans doute pas
été la maison de Rimbaud comme on l'a cru en 1990. Elle est quoi
qu'il en soit devenue aujourd'hui un hôtel, l'hôtel Rambow.
44
Question écrite N° 32400 du 05/04/2001
45
Ex CEFEY, Centre Français d'Études
Yéménites
46
Question écrite N° 32399 du 05/04/2001.
47
Question écrite N° 32402 du 05/04/2001
48
Question écrite N° 32401 du 05/04/2001.
Cette question n'a pas encore reçu de réponse.
49
Nom du détroit entre le Yémen et
Djibouti.