B.- UNE PUISSANCE INCONTOURNABLE
I.-
Le cinquième de la population du continent, campé sur
un carrefour stratégique.
a.-
Un carrefour stratégique
La Fédération du Nigeria occupe une position
géographique stratégique. Elle se situe en effet au carrefour de
trois axes fondamentaux : l'axe saharien reliant la
Méditerranée à l'Afrique subsaharienne, l'axe
sahélien traversant le continent d'est en ouest, l'axe guinéen
longeant l'Atlantique, de la Mauritanie au Golfe de Guinée.
Le Nigeria représente un condensé de tous les paysages
d'Afrique de l'Ouest : plateaux herbeux et savanes arborées de type
sahélien au nord, papyrus et roseaux le long du bassin
asséché du lac Tchad, à l'extrême nord-est, plateaux
climatiques et forêts dégradées au Centre, avec cultures de
cacao et de palmiers à huile ; marécages et mangroves du
delta du Niger au sud, forêts tropicales et collines vallonnées du
pays yorouba à l'ouest
35(
*
)
.
De fait, le quadrilatère ainsi couvert, soit 923.773
km
2,
constitue un des rares Etats africains auquel les
données géographiques confèrent une possible autonomie et
de substantielles potentialités de développement. L'accès
à la mer s'étend sur 800 km le long du Golfe de Guinée. Le
réseau hydraulique tracé par le Niger et ses affluents est
à la fois considérable et relativement exempt de
déséquilibres catastrophiques
36(
*
)
.
Le Nigeria se situe enfin au " confluent " de quatre pays
francophones : le Niger au nord (1.497 km de frontières), le
Bénin à l'ouest (773 km de frontières), le Cameroun au
sud-est (1.690 km de frontières) et le Tchad à l'est (87 km de
frontières).
b.-
La plus importante concentration démographique du
continent
Une démographie toujours croissante, à l'inverse du
reste du monde
.
Avec 118 millions d'habitants, le Nigeria est aujourd'hui, de loin,
le plus peuplé du continent. Ses premiers" concurrents "
africains sont, loin derrière l'Egypte et l'Ethiopie (60 millions), le
Congo (46 millions), la Tanzanie (31 millions), le Kenya (29
millions)
37(
*
)
.
La population nigériane représente le quart du total
de la population du sous-continent africain et près de la moitié
de la population de l'Afrique de l'Ouest. A eux tous, les voisins francophones
du Nigeria atteignent à peine le tiers de la population
nigériane : près de 14 millions d'habitants au Cameroun,
moins de 10 millions au Niger, 7 millions au Tchad, près de 6 millions
au Bénin, un peu plus de 4 millions au Togo.
Or, à l'entrée dans le troisième
millénaire, le Nigeria est désormais le seul pays au monde, avec
le Pakistan, à ne pas avoir été affecté, comme la
quasi-totalité des pays les plus peuplés au cours des trois
dernières décennies, par un " basculement profond ",
à l'origine d'un sensible ralentissement de la croissance
démographique
38(
*
)
.
De fait, avec un taux de croissance annuel démographique de
2,9 %, un taux de fécondité supérieur à 6 enfants
par femme, la population nigériane pourrait, selon les dernières
perspectives démographiques des Nations-Unies (
Rapport mondial sur le
développement humain - 1999
), atteindre
154 millions d'individus
en 2015
.
Une urbanisation ancienne et importante
Cette population est caractérisée -de façon
historique- par une forte urbanisation. 40 % de la population totale du Nigeria
vit aujourd'hui
39(
*
)
-et souvent
depuis plusieurs générations- en ville.
Il s'agit là en effet d'une donnée historique. Elle
remonte aux cités-Etats haoussas (Kano, Katsina, Sokoto, Zana) du nord
du pays, situées au confluent des grandes routes caravanières du
continent africain, mais aussi aux villes yoroubas traditionnelles à
forte densité, assises sur une forte imbrication avec le milieu rural,
avec lequel elles ont toujours entretenu des liens étroits, et enfin aux
villes côtières de l'époque coloniale, notamment
stimulées par le " commerce " des esclaves (Lagos, Badagry,
Bonny, Calabar, Port Harcourt). Datent également de l'époque
coloniale la ville de Kaduna, capitale coloniale du Protectorat britannique du
nord, et celle de Jos, sur les hauts plateaux, centre de l'industrie de
l'étain.
La prospérité pétrolière des
années soixante-dix a considérablement renforcé ce
mouvement, et le Nigeria a connu à cette époque le taux de
croissance de la population urbaine le plus rapide du monde. Dès 1990,
les 21 capitales fédérales du Nigeria comptaient toutes plus de
100.000 habitants, et 15 d'entre elles dépassaient 200.000 habitants.
Il en résulte aujourd'hui un contraste marqué entre
Lagos, qui présente désormais tous les handicaps des villes du
Tiers monde, à l'instar des autres " villes "
pétrolières comme Port Harcourt
40(
*
)
, ravagées par la pollution et le
banditisme, Abuja, nouvelle capitale surgie d'un plateau désertique au
coeur du pays, clone africain de Brasilia
41(
*
)
, traversée d'échangeurs
routiers et de carrefours à la fois suréquipés et
déserts, semée de bâtiments administratifs imposants au
milieu de terrains toujours en friche, et enfin les cités historiques
comme Kano, horizontales et conçues en cercles successifs autour de
l'ancienne
médina
fortifiée, apparemment paisibles,
où circulent en bonne harmonie cavaliers peuls, chameaux venus du nord
et bicyclettes chinoises.
La ville de Lagos constitue une illustration extrême de
l'explosion des villes tentaculaires du sud, marquées par la
déstructuration, le déracinement des habitants, l'absence totale
de maîtrise foncière et d'équipements de base (ni
égouts, ni éclairage public, ni feux de signalisation, ni
trottoirs), la pollution massive de l'air et de l'eau liée à
l'inexistence de systèmes d'évacuation des eaux usées et
des déchets solides, l'impossibilité de circuler, la
montée de la délinquance, de la criminalité et de la
violence pure. Loin de découvrir pour la première fois une ville
du " Tiers monde ", la délégation sénatoriale a
pourtant été très particulièrement marquée
par la conjonction inexorable et massive de tous les handicaps possibles avec,
en outre, une absence totale d'insouciance et de gaieté, un sentiment de
dureté, d'âpreté, d'agressivité latente, un rapport
de forces permanent, un marchandage continu, qu'on ne trouve pas à ce
degré dans les autres villes de même nature
42(
*
)
.
Avec un nombre d'habitants estimé -avec de
considérables marges d'erreur potentielle - à 12 millions
aujourd'hui
43(
*
)
, ce qui en fait
la sixième plus grande ville du monde, Lagos pourrait, selon les
estimations des Nations-Unies, doubler sa population en 15 ans pour atteindre
24,4 millions en 2015, devenant ainsi la troisième ville du monde
après Tokyo (28,7 millions) et Bombay (27,4 millions).
Aperçus de Lagos
Les
"
go-slows
" : embouteillages soudains et massifs, qui
peuvent se traduire par plusieurs heures d'immobilité, la seule
mobilité étant celle des animaux qui circulent en permanence
entre les voitures, et des handicapés montés sur des planches de
surf, " risque " constant pour les conducteurs incapables de les
repérer. Pratiquement aucun " deux roues ", contrairement
à la plupart des villes du Tiers monde.
Les "
pikins
" : les enfants " rois du
bitume ", qui vendent un peu de tout, généralement à
l'unité (y compris la chaussure et l'allumette) avec beaucoup
d'insistance et un certain talent.
Les "
area boys
" : vivant au bord des routes en
permanence, ils se faufilent sous les voitures pendant les
go-slows
pour
arracher une durite ou débrancher un fil électrique...
Les "
bolekajas
" (" descends et viens te
battre ") : surnom des conducteurs. Les permis de conduire
s'achètent. Pas d'auto-écoles, pas d'assurances, pas d'entretien
des voitures, souvent " reconstituées ", pas de feux, de
trottoirs ou de passages cloutés, pas d'ambulances, moins encore de
" SAMU "... C'est la règle du chacun pour soi.
La
NEPA
: EDF locale, surnommée
Never Expect Power
Again...
Le "
Juju market
" : marché local de la sorcellerie,
officiellement connu pour ses trafics d'organes humains.
Les "
gutters
" : " construit " sur des
marécages, tout Lagos est aujourd'hui un égout à ciel
ouvert (3 % à peine des ordures sont évacuées,
généralement à dos d'homme). En saison des pluies, les
" trottoirs ", purement abstraits, sont remplacés par des
torrents qui charrient un peu de tout -on y fait le tri. Le seul bâtiment
administratif un peu " florissant " remarqué par la
délégation est celui de la "
Flood and Erosion Control
Division
" du ministère de l'Equipement et du Logement.
Les "
ghettos blindés
" : ambassades,
légations, sociétés étrangères et grands
hôtels vivent retranchés dans des ghettos avec veilleurs de nuit
armés, voitures blindées, talkies-walkies, grillages de
protection, barbelés et barreaux, chambres blindées pour
s'enfermer la nuit au sein même de son domicile.
Une population jeune et relativement
" qualifiée
"
La population nigériane est massivement jeune : 45 % de
la population a moins de 14 ans, avec une espérance de vie de 54 ans en
moyenne. En outre -même si ces données sont peu fiables-, il
semble qu'elle soit " relativement " moins décimée par
le sida que d'autres Etats du sous-continent
44(
*
)
.
Elle est également, là encore de façon
ancienne, une des plus éduquées du sous-continent. 67 % de la
population est alphabétisée.
Trois " systèmes " d'éducation
différents coexistent encore au Nigeria. Le système
" indigène ", encore très présent en
région rurale, fondé sur une éducation
" communautaire " et des systèmes d'
" apprentissage professionnel " relativement élaborés
et surtout " suivis " ; les écoles coraniques,
complétées par les centres d'études islamiques,
particulièrement nombreux, anciens et réputés dans le nord
du pays ; enfin l'enseignement " à l'occidentale "
dispensé dès les débuts de la colonisation par les
missions chrétiennes -méthodistes, anglicanes, catholiques.
Au moment de l'unification en 1914, le Nigeria comptait 36.800
enfants scolarisés dans le primaire (1.100 dans le nord et 35.700 dans
le sud), et onze établissements d'enseignement secondaire dans le sud. A
la veille de l'Indépendance, à la fin des années
cinquante, 2,4 millions d'enfants fréquentaient des
établissements d'enseignement primaire, et 36.000 des
établissements d'enseignement secondaire, toujours dans le sud
essentiellement. En 1985, 13 millions d'élèves
fréquentaient 35.000 établissements publics d'enseignement
primaire, et 125.000 étudiants étaient inscrits dans 35
collèges et universités. Aujourd'hui, chaque Etat
fédéral possède au moins un campus. Selon les chiffres
officiels, en 1996, le Nigeria comptait 46.000 écoles primaires et
secondaires et 573.000 enseignants pour 18,2 millions d'étudiants.
Cet effort manifeste doit toutefois être nuancé. Lors
du passage de la délégation, la totalité de l'enseignement
-primaire, secondaire et supérieur- était en grève
illimitée. Les enseignants nigérians sont ironiquement
surnommés "
ceux qui seront récompensés au
Ciel
", tant ils sont aujourd'hui délaissés par le
Gouvernement, qui n'arrive même pas à payer un salaire fixé
à 240 francs par mois... De graves troubles se produisent
régulièrement sur les campus universitaires, dans lesquels la
montée des sectes et la criminalisation des associations
d'étudiants adeptes de cultes secrets (
Scorpions noirs, Filles de
Jézabel, Vickings, Chiens de mer...
) deviennent préoccupantes.
Il reste que les élites nigérianes sont
incontestablement les premières d'Afrique Noire, d'abord certes par leur
nombre, mais aussi de par la grande vivacité de la vie intellectuelle.
Apparue dès la fin du XIX
ème
siècle
(1859), sans doute aujourd'hui la plus puissante du sous-continent africain, la
presse nigériane est considérée par l'Institut
International de Presse de Zurich comme " la plus libre d'Afrique
Noire ".
Elle comporte aujourd'hui 18 grands titres quotidiens (dont 12
à Lagos), 14 hebdomadaires et plus de 200 magazines. Elle est
complétée par 29 chaînes nationales, 17 chaînes
régionales, 11 retransmises par satellite et 11 par câble, enfin
une quarantaine de stations de radio
45(
*
)
.
D'une manière générale, la vie intellectuelle,
littéraire ou artistique nigériane reste une des plus
créatives du sous-continent.
Le Prix Nobel de littérature décerné en 1986
à Wole Soyinka
46(
*
)
a
certainement contribué à la reconnaissance de l'excellence de la
littérature nigériane. Mais, dès 1952, déjà,
Amos Tutuola avait publié
The Palm-wine Drinker and his Dead
Palm-wine Tapster in the Dead's Town
, immédiatement traduit en
français par Raymond Queneau (
L'Ivrogne dans la Brousse
).
Nombreux sont encore les auteurs nigérians de renommée
mondiale
47(
*
)
. Pour l'essentiel,
cette littérature souligne sans complaisance le poids du passé,
le conflit permanent entre tradition et modernité, la violence et la
corruption des moeurs " modernes ".
On retrouve la même vitalité en matière de
peinture ou de musique
48(
*
)
.
II.-
Des ressources naturelles conséquentes,
aujourd'hui masquées par la dictature du pétrole
a.-
Des ressources naturelles considérables, insuffisamment
exploitées
Devenu en moins de trente ans le 6
ème
producteur
mondial de pétrole, le Nigeria s'est entièrement voué
à cette richesse inattendue, abandonnant l'essentiel de l'exploitation
des ressources qui avaient pourtant fait sa renommée dès les
débuts de la colonisation
49(
*
)
.
En 1970, le Nigeria était en effet le premier producteur
mondial d'arachides et d'huile de palme, et le second pour le cacao.
Trente ans plus tard, 97 % de ses recettes d'exportation reposent
désormais sur les produits pétroliers, contre 60 % en 1970, la
part des produits non pétroliers étant passée, au cours de
la même période, de 40 % à 3 %.
Evolution de la structure des exportations
|
||||||
|
1970 |
1990 |
||||
Produits agricoles |
28,3 |
2,1 |
||||
dont cacao |
15,6 |
1,0 |
||||
dont noix de cajou |
5,1 |
0 |
||||
Produits agricoles transformés |
3,1 |
0 |
||||
Produits minéraux |
0,2 |
0,1 |
||||
Produits manufacturés |
4,0 |
0,2 |
||||
dont métallurgie |
4,0 |
0 |
||||
Autres |
4,7 |
0,5 |
||||
Total produits non pétroliers |
40,3 |
3,0 |
||||
Produits pétroliers |
59,7 |
97,0 |
||||
Source : FMI : Nigeria, Experience with Structural Adjustment, Occasional Paper n° 148, mars 1997. |
||||||
Production agricole 1997
|
||||||
Manioc |
32.510 |
|||||
Ignames |
27.710 |
|||||
Sorgho |
7.052 |
|||||
Mil |
5.610 |
|||||
Riz |
3.200 |
|||||
Haricots |
1.867 |
|||||
Arachide |
1.723 |
|||||
Bananes plantain |
1.689 |
|||||
Source : Central Bank of Nigeria |
||||||
Evolution des exportations de produits non
pétroliers
|
||||||
|
1980 |
1990 |
||||
Produits agricoles |
622,5 |
283,8 |
||||
dont Palmiers à huile |
25,8 |
11,8 |
||||
dont Cacao |
568,7 |
130,3 |
||||
dont Caoutchouc |
25,8 |
95,7 |
||||
dont Coton |
2,2 |
12,0 |
||||
Produits agricoles transformés |
51,9 |
16,7 |
||||
Produits minéraux |
-- |
3,3 |
||||
Produits manufacturés |
26,0 |
31,8 |
||||
- métallurgiques |
26,0 |
0,6 |
||||
- textiles |
-- |
12,8 |
||||
- chimiques |
-- |
18,3 |
||||
Autres |
259,2 |
69,9 |
||||
TOTAL |
959,2 |
405,5 |
||||
Source : FMI : Occasional Paper n° 148 |
Le monopole pétrolier contemporain masque en réalité
l'existence de ressources naturelles pourtant importantes et
diversifiées, du moins à l'origine, y compris dans le secteur
agricole, longtemps exportateur -auprès des pays européens au
temps de la colonisation, mais aussi plus récemment auprès des
pays limitrophes moins favorisés. Leur exploitation est toutefois
aujourd'hui, de façon risquée, tombée dans une
désuétude telle que d'aucuns évoquent désormais la
"
malédiction pétrolière
" ou une
nouvelle manifestation de la "
dutch disease
"
50(
*
)
.
Ressources minières
Le Nigeria possède d'importants gisements de charbon, de
chaux, d'étain, d'or, de plomb, de zinc, de fer, de colombite, d'uranium
-certains, comme l'uranium- n'ayant encore fait l'objet ni d'une reconnaissance
suffisante, moins encore d'une exploitation sérieuse. Enfin,
lorsqu'elles existaient, la plupart des exploitations ont été
laissées à l'abandon. Ainsi, de 1990 à 1994, la production
de charbon est passée de plus de 77.000 tonnes à moins de 13.000
tonnes, du fait de l'obsolescence des équipements et de la croissance
des coûts de production.
Actuellement, le nouveau Gouvernement Obasanjo multiplie, comme
déjà le précédent, les déclarations et les
initiatives pour relancer le secteur minier, dans une optique de
diversification de l'économie.
La cassitérite (210 tonnes en 1998), la colombite (30
tonnes), le charbon (220.000 tonnes et la pierre à chaux (3,28 millions
de tonnes) sont les quatre minéraux actuellement exploités. Mais
des études, plus ou moins sérieuses, s'intéressent
désormais, à la demande pressante du nouveau Gouvernement, aux
potentialités en matière d'or, de bitume, d'étain et de
tantale
51(
*
)
.
Ressources agricoles
D'autre part, le Nigeria dispose de réelles
potentialités agricoles.
La superficie cultivée représente le tiers environ de
la surface totale du pays, soit la dixième au monde. Le nord est
caractérisé par une agriculture céréalière
et le sud par une agriculture de tubercules, la
Middle Belt
réunissant les deux. Le nord cultive donc le sorgho, le mil, le
maïs, en association avec les arachides et le coton, ainsi qu'un peu de
blé et de riz le long des rivières et des canaux
d'irrigation
52(
*
)
. Le sud produit
du manioc, des ignames, des bananes plantain, ainsi que les cultures qui ont
fait la célébrité du Nigeria aux débuts de la
colonisation : les palmiers à huile, puis le cacao et le
caoutchouc. Les ressources de la pêche et de l'élevage sont
également conséquentes. Le Nigeria reste encore le premier
producteur africain d'huile de palme, mais ne couvre plus que les deux-tiers de
la demande intérieure. Il a laissé passer le " boom "
du coton dont ont bénéficié les pays du Sahel pendant les
années 70. Il dispose encore d'un potentiel intéressant en
matière de gomme arabique, étant le second producteur mondial
après le Soudan. Enfin, le principal produit générateur de
devises est devenu le cacao.
Il faut donc déplorer qu'une utilisation peu rationnelle des
sols, une déforestation incontrôlée et surtout la
découverte de l'eldorado pétrolier aient conduit ce secteur
à une quasi déshérence. Autrefois l'un des champions
africains de l'exportation agricole, le Nigeria n'assure même plus son
autosuffisance alimentaire, et doit désormais importer pour nourrir sa
population -certes en croissance accélérée. Les produits
vivriers représentent aujourd'hui 12 % du total des importations.
Pourtant, les spécialistes considèrent généralement
que -à condition d'investir dans un minimum d'infrastructures
adéquates- le Nigeria pourrait facilement satisfaire un marché
intérieur de près de 120 millions de consommateurs, tout en
développant une réelle capacité d'exportation vers les
pays voisins déficitaires.
Capacités de transformation
Enfin, le Nigeria dispose, aujourd'hui encore, de la plus
importante capacité industrielle de transformation de l'Afrique
subsaharienne, composée à la fois de petits industriels locaux et
de nombreuses multinationales. Là encore, toutefois, le recul de la
production est constant, notamment dans les sous-secteurs des biens
manufacturés et des produits miniers. Aujourd'hui, le taux moyen
d'utilisation des capacités de production est inférieur à
30 %. Ainsi, la production automobile nigériane, qui assemblait plus de
170.000 véhicules par an en 1980 (notamment dans les usines Peugeot de
Kaduna, aujourd'hui en veilleuse), a diminué de plus de 70 %. On
note toutefois une sensible reprise de cette production depuis 1998, qui
bénéficie notamment à Peugeot
53(
*
)
. En revanche, les industries textiles,
autrefois florissantes, poursuivent leur dégringolade.
b.-
Le sortilège pétrolier
"
Oil, sweet oil
"
54(
*
)
Le Nigeria possède un potentiel pétrolier et gazier
exceptionnel -tant en quantité qu'en qualité.
Les premiers indices signalant la probable présence
d'hydrocarbures remontent au début du siècle. Dès 1937,
Shell et BP ont obtenu un permis de recherche couvrant
l'intégralité du territoire. Les premiers forages ont
été effectués par la Shell en 1951. La licence de
concession unique est supprimée en 1961 et de nombreuses compagnies
étrangères s'implantent alors avec succès.
La production passe de 5.000 barils par jour en 1958 à 2,3
millions de barils par jour en 1979, période où elle atteint son
maximum, fournissant, à l'époque,
plus de 25 milliards de
dollars de revenus annuels
. La moyenne s'établit aujourd'hui
à plus de 2 millions de barils par jour, soit 100 millions de tonnes par
an
55(
*
)
, faisant du Nigeria le
premier producteur africain, devant la Libye et l'Algérie, le
quatrième exportateur OPEP, et le sixième exportateur mondial.
Le pétrole nigérian bénéficie en outre
d'un double atout : une excellente qualité et un faible coût
de production (2 à 3 $/baril), ce qui lui confère, en conjoncture
basse, une résistance économique presque comparable à
celle du pétrole du Moyen-Orient.
Les réserves (prouvées) de pétrole sont
actuellement estimées à 22 milliards de barils (dont 40 % en
offshore), soit l'équivalent de 21 années de production au rythme
actuel . La production
offshore
, aujourd'hui estimée à
1,12 million de barils par jour devrait progressivement prendre le pas sur la
production
onshore
(1 million de barils par jour), notamment pour des
raisons de sécurité
56(
*
)
.
Parallèlement, les réserves connues de gaz naturel
sont évaluées à plus de 8.000 milliards de m
3
,
ce qui place le Nigeria parmi les dix premiers pays possédant les plus
grandes réserves du monde, et représente un potentiel de 150 ans
de production au rythme d'exploitation actuel.
Les réserves de gaz sont, jusqu'à présent,
demeurées inexploitées. Longtemps
déconsidéré dans un pays dénué de base
industrielle pour l'utiliser, le gaz naturel a jusqu'ici fait l'objet,
s'agissant du gaz associé, d'un brûlage à la torche
important, équivalent à 70 % de la production.
La production du pétrole nigérian est confiée
depuis 1971 à la
Nigerian National Petroleum
(NNPC)
,
associée en joint-venture aux sept conpagnies majors
étrangères.
Les majors avancent à 100 % les dépenses
d'exploitation -compte non tenu des dépenses d'
" environnement "-, et la NNPC rembourse à hauteur de 60 %
(cash calls), en dollars et devises locales, avec un retard plus ou moins long.
Le montant accumulé des arriérés s'élève
désormais à plusieurs milliards de dollars.
De fait, la privatisation actuellement envisagée, même
partielle, des participations que l'Etat détient, via la NNPC, dans les
principales entreprises de production, pourrait redonner un coup de fouet
à l'exploration-production.
Répartition de la production de pétrole |
Part détenue par la NNPC en joint-venture |
|
Shell |
44,55 % |
55 % |
Mobil |
19,3 % |
60 % |
Clevron |
18,1 % |
60 % |
Agip |
7 % |
60 % |
Elf |
6,5 % |
60 % |
Texaco |
2,5 % |
60 % |
La " malédiction " de l'or noir ?
Ce potentiel considérable contient toutefois, en
lui-même, des risques majeurs.
D'abord parce que les recettes ainsi procurées
dépendent, de façon étroite, de l'évolution du
cours mondial du baril exprimé en dollars. Cette dépendance
extérieure devient particulièrement forte dès lors que les
recettes pétrolières représentent l'essentiel (96 %
aujourd'hui) des recettes totales d'exportation.
De fait, après avoir atteint un sommet en 1981 à 58
dollars, le cours du baril a suivi une évolution plus erratique.
Descendu à 14,3 dollars en 1986, il a touché en 1998 son niveau
le plus bas depuis 1973. Du coup, les revenus pétroliers annuels du
Nigeria ont diminué de moitié, passant de 12 à 7 milliards
de dollars.
Les cours connaissent depuis une constante remontée qui
les a conduits à 25 dollars le 15 novembre dernier, en liaison avec les
déclarations de l'OPEP de prolonger ses réductions de production
et la menace irakienne de " fermer les robinets ". Cette reprise des
cours à la hausse risque toutefois d'être partiellement
contrebalancée par une baisse des volumes exportés de l'ordre de
12 %, en raison d'une part du manque croissant de productivité du
secteur lié à la recrudescence des troubles dans le
delta
57(
*
)
, et d'autre part
à la décision de réduction des quotas de l'OPEP (23 mars
1999) qui a fixé, pour le Nigeria, un maximum de production de 1,885
million de barils/jour à compter du 1
er
mai 1999.
Si le pétrole nigérian possède une
qualité de haut niveau, ses conditions d'exploitation sont
particulièrement nocives en termes d'environnement. La petite taille des
gisements se traduit par une exploration intensive du territoire
concerné, au prix d'une forte dégradation des sols
58(
*
)
. Enfin, l'importance du brûlage
à la torche du gaz jusqu'à présent inutilisé induit
une pollution de l'air qui atteint des niveaux inégalés.
Or, les inquiétudes grandissantes concernant
l'environnement menacent à terme, au niveau mondial, le secteur
pétrolier. La convention de Kyoto sur le réchauffement
planétaire de 1997 prévoit un sommet de suivi fin 2000, dont les
conclusions pourraient bien être porteuses de nouvelles contraintes
coûteuses pour le secteur pétrolier.
En revanche, une telle évolution favoriserait l'essor du
gaz naturel, déjà amplifié par la libéralisation
progressive des marchés du gaz et de l'électricité au
niveau mondial.
Or, dans ce secteur, les potentialités nigérianes
sont considérables, supérieures sans doute encore à celles
du pétrole.
Il est donc regrettable que l'usine de liquéfaction de GNL
(gaz naturel liquéfié) de
Bonny
, construite par le
consortium NNPC-Shell-AGIP-ELF, d'un coût voisin de 4 milliards de
dollars, en vue d'assurer d'ici deux ans une production de 6,3 millions de
tonnes, ait été momentanément mise hors d'état de
produire avant même son inauguration, par les communautés locales.
De fait, la montée des troubles dans la région du
Niger devient particulièrement préoccupante. En
réalité, le "
partage du gâteau
"
pétrolier n'a jamais été résolu de manière
satisfaisante par le Gouvernement.
Les Etats " producteurs " devaient -statutairement-
recevoir 5 % des revenus fédéraux du pétrole en 1969.
Descendu à 2 % en 1982, ce pourcentage a été
remonté à 7,5 %, voire 13 % selon la décision -jamais
promulguée- de l'Assemblée constituante de 1994, mais à
nouveau intégrée dans la nouvelle Constitution de 1999. Reste
à l'appliquer.
Depuis le début des années 90, la protestation
-devant la dégradation croissante des territoires et l'absence de
revenus supplémentaires- a pris une ampleur sans
précédent, se traduisant par de véritables actes de
terrorisme organisé -sabotages, kidnappings, demandes de rançon.
Parallèlement, les forces de sécurité privées,
financées par les compagnies pétrolières, ont souvent
mené en réalité une guerre toute personnelle par ethnies
interposées en alimentant les litiges locaux
59(
*
)
.
Incidents dans le delta au cours des trois derniers mois
20
septembre
: occupation de l'usine de GPL de Bonny.
12 octobre
: attaque par 500 jeunes de la communauté
itsekiri d'un dépôt de la NNPC :
4 morts.
15 octobre
: fermeture du terminal Shell de Forcados.
28 octobre
: enlèvement de 6 employés
nigérians de la Shell.
1
er
novembre
: fermeture du terminal Shell de Bonny
(6
ème
fermeture en 3 mois).
5 novembre
: massacre de 12 policiers par les Ijaws dans l'Etat de
Bayelsa.
12 novembre
: massacre de 10 militaires par les Ijaws à
Warri et dans l'Etat de Bayelsa
15 novembre
: explosion d'un oléoduc Shell : 4 morts.
22 novembre
: opération militaire dans l'Etat de Bayelsa.
On évoque des dizaines de victimes civiles et l'évacuation de
centaines de civils. Destruction probablement totale de la ville de Odi.
30 décembre
: nouvelle fermeture, pour un mois, du
terminal Shell de Forcados.
La persistance et la sophistication désormais accrue de
ces perturbations rend chaque jour plus aléatoires les conditions
d'exploitation des gisements pétroliers et gaziers et conduisent les
sociétés étrangères à multiplier les
fermetures de sites et les arrêts d'enlèvements pour " force
majeure ".
" La situation des compagnies pétrolières et de
leurs sous-traitants, pris en otage sur le terrain par la guérilla
business, devient de plus en plus précaire. Non seulement rien n'est
jamais durablement résolu, les accords négociés au cas par
cas avec les communautés étant très vite remis en cause,
mais le " savoir faire " revendicatif musclé mis au point dans
le delta est en train de faire tâche d'huile sur les Etats voisins du
nord et de l'ouest, partout où les ethnies locales sont au contact des
entreprises étrangères "
60(
*
)
.
Cette situation pose un défi majeur à la
société civile qui vient de se mettre en place. De fait,
après près de six mois d'apparente " inertie ", le
Président Obasanjo a décidé -le 22 novembre dernier-
d'envoyer l'armée dans le delta. Les conditions de " remise en
ordre " dans ce secteur, désormais entièrement bouclé
par l'armée, n'ont pas été connues.
III.-
L'affirmation institutionnelle d'une prééminence
régionale
61(
*
)
Fort de sa position géographique centrale, de son poids
démographique et de ses richesses énergétiques, le Nigeria
a, depuis l'Indépendance de 1960, constamment confirmé son
ambition de jouer un rôle moteur au sein du sous-continent africain.
Ainsi, dès la fin de la deuxième guerre mondiale, il s'est fait
le champion de la dénonciation de la colonisation et de l'apartheid. En
1961, il a suspendu ses relations diplomatiques avec la France pour protester
contre les essais nucléaires au Sahara.
a.-
De la CEDEAO à l'ECOMOG : une évolution
sécuritaire
Instituée le 28 mai 1975 à Lagos, le CEDEAO
(
ECOWAS/Economic Community of West Africa States
) regroupe 16 pays
anglophones, francophones et lusophones de la région :
Bénin, Burkina-Faso, Cap-Vert, Côte-d'Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie
62(
*
)
, Niger, Nigeria, Sénégal,
Sierra Leone, Togo. Deux grands voisins du Nigeria, le Tchad et le Cameroun,
n'en font pas partie.
La CEDEAO s'était fixée initialement pour principaux
objectifs l'établissement d'une union douanière et d'un
marché commun destinés à favoriser la libre circulation
des personnes et des marchandises en Afrique de l'Ouest.
Toutefois, les intérêts commerciaux concurrents des
pays membres, l'absence de partenaires majeurs -le Cameroun notamment-,
l'existence concurrente d'autres organismes sous-régionaux à
vocation similaire (UEMOA), l'inexistence d'une monnaie commune à
l'instar du franc CFA, le non-paiement des cotisations, l'importance de
l'économie informelle dans la sous-région, ont
considérablement handicapé la réalisation de ces objectifs
De fait, à partir de 1990, la CEDEAO s'est largement
éloignée de ses objectifs initiaux en s'orientant, sous
l'impulsion marquée du Nigeria, vers une mission de " maintien de
la paix " initialement au Liberia
63(
*
)
.
Lors de la 16
ème
conférence de la CEDEAO en
1993 à Cotonou, il fut décidé que "
la
résolution des conflits constituerait désormais une des missions
essentielles de la CEDEAO
". Ainsi fut mise sur pied l'ECOMOG
(
Ecowas Cease Fire Moritoring Group
).
- La première intervention a eu lieu en 1990 au Liberia, et
mobilisé 4.000 hommes
64(
*
)
sous commandement nigérian. Les forces ECOMOG ont quitté le pays
8 ans plus tard en 1998. Le mandat était large : cessez-le-feu,
désarmement des factions, organisation d'une conférence
nationale, tenue d'élections
65(
*
)
.
- La deuxième intervention, presque exclusivement
nigériane
66(
*
)
, s'est
déployée en Sierra Leone après le coup d'Etat de mai 1997
à Freetown. Le Nigeria a engagé 10.000 soldats dans cette
opération pour un coût global estimé à 8 milliards
de francs. Ayant entamé une procédure de retrait graduel des
soldats nigérians de l'ECOMOG, le Président Obasanjo s'est
engagé à porter à 1.562 hommes sa participation à
la force de paix des Nations-Unies en Sierra Leone (MINUSIL).
- La troisième intervention, exclusivement francophone (600
hommes), sous commandement togolais, a été envoyée en
Guinée Bissau en février 1999. Elle est devenue sans objet avec
le renversement du Président Vieira le 7 mai 1999
67(
*
)
.
Avec l'instrument ECOMOG, le CEDEAO apparaît donc
désormais comme l'organisation africaine sous-régionale qui
dispose de la plus large expérience dans le domaine du maintien de la
paix. Fort opportunément, le sommet de 1998 de la CEDEAO à Abuja
a " institutionnalisé " davantage ce mécanisme
régional de gestion des conflits avec la création d'un Conseil de
médiation et de sécurité de 9 membres, la mise en place
d'un Conseil des Sages, et l'institution de structures intégrées
de commandement.
Il est clair que, au sein de la CEDEAO comme de l'ECOMOG, le Nigeria
joue un rôle prééminent, et entend bien qu'il continue
à en être ainsi
68(
*
)
.
Dans le cadre de la " nouvelle politique africaine " de la
France, il apparaît donc particulièrement opportun, et ce
notamment à l'égard du Nigeria, de marquer le soutien de la
France à ces deux organismes, en témoignant à la CEDEAO un
intérêt au moins aussi marqué que celui accordé
à la SADC (organisme équivalent pour les pays d'Afrique australe)
en plaidant pour une aide accrue à cet organisme par le biais du FED, en
favorisant le rapprochement entre les zones CFA et naïra, et en
encourageant encore l'institutionnalisation de l'ECOMOG.
b.-
La nouvelle Commission du Golfe de Guinée :
alternative à l'ECOMOG ou volonté de répartir
désormais la manne offshore en dehors de l'influence
occidentale ?
Le 19 novembre 1999, a été mis en place à
Libreville, sous l'égide du Président Bongo, un nouvel organisme
"
chargé de prévenir, gérer et régler les
conflits existants et potentiels dans les eaux de cette mer
commune
"
69(
*
)
. Le
Cameroun, absent de la CEDEAO et de l'ECOMOG, y fait une entrée
remarquée. L'identité des nouveaux membres met l'accent sur
l'existence d'une volonté partagée par l'ensemble des pays
riverains
70(
*
)
-au sens large- du
Golfe de Guinée, riche en ressources halieutiques et
pétrolières, de définir désormais " entre
soi " la répartition des droits potentiels sur les
considérables ressources -notamment pétrolières- en eau
profonde de cette zone. Le texte du communiqué final insiste en effet
particulièrement sur l'exploration et l'exploitation des ressources
naturelles "
situées aux limites territoriales et notamment aux
zones territoriales exclusives -ZEE- des Etats membres
".
Cette initiative constitue en quelque sorte une
généralisation de principe des accords bilatéraux
déjà intervenus sur ce domaine, comme celui passé en avril
1999 entre le Nigeria et la Guinée Equatoriale, à propos
d'opérations de forage menées, depuis le Nigeria, par deux
plates-formes d'Elf. Elle pourrait également constituer une solution
bilatérale au conflit qui oppose depuis 1994 le Nigeria au Cameroun
à propos de la presqu'île de Bakassi
71(
*
)
.
c.-
Institutionnalisation du tandem Nigeria-Afrique du Sud :
une donnée durable ?
Les 4 et 5 octobre 1999, s'est tenue à Abuja la
première commission mixte Nigeria-Afrique du Sud. L'Afrique du Sud
était représentée par son Vice-président Jacob Zuma.
L'objectif déclaré est d' "
instaurer une
coopération active et suivie à la fois au niveau des pouvoirs
publics et à celui des secteurs privés, pour promouvoir le
développement économique
"
72(
*
)
. Parmi les domaines de
coopération cités par le communiqué, figurent le
pétrole, les minerais, l'énergie, les communications et l'acier.
Par ailleurs, les deux pays ont renouvelé leur appel à une
démocratisation du système des Nations-Unies qui permette la
représentation concrète de l'Afrique au Conseil de
Sécurité de l'ONU.
Cette première réunion s'inscrit à
l'évidence dans une ambition commune et déclarée des deux
plus puissants Etats du sous-continent de jouer désormais un rôle
actif dans l'évolution de celui-ci : "
Les deux pays vont
travailler ensemble pour déterminer la façon dont l'Afrique doit
vivre
", a déclaré à cette occasion le
Président Obasanjo
73(
*
)
.
Il convient de noter également, dans le même
" ordre d'idées ", la volonté déclarée du
Gouvernement nigérian
74(
*
)
d'établir des relations de " partenariat " de même
nature avec l'Egypte, utile contrepoids dans ce cadre à l'Afrique du
Sud, mais surtout à la Libye.