LE
NIGERIA :
UN PARTENARIAT BIEN COMPRIS
Table des matières
- I.- LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE DU NIGERIA : UN CONGLOMÉRAT ARTIFICIEL ET HÉTÉROGÈNE, MAIS INCONTESTABLEMENT PUISSANT
- II.- LA NÉCESSAIRE PRISE EN COMPTE DU NIGERIA SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE
- ANNEXE 1
- ANNEXE 2
- ANNEXE 3
LE
NIGERIA :
UN PARTENARIAT BIEN COMPRIS
____________________
COMPTE RENDU DE LA VISITE AU NIGERIA
D'UNE DÉLÉGATION DU GROUPE SÉNATORIAL D'AMITIÉ
FRANCE-AFRIQUE DE L'OUEST
DU 4 AU 10 OCTOBRE 1999
SOMMAIRE
LE NIGERIA : UN PARTENARIAT BIEN COMPRIS
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION SÉNATORIALE
M. Jacques
LEGENDRE
(
Groupe du Rassemblement pour la République
), Sénateur du
Nord,
Président du Groupe Sénatorial d'Amitié France-Afrique de l'Ouest.
M. Bernard BARRAUX
(
Groupe de l'Union Centriste
), Sénateur de
l'Allier.
M. Hubert DURAND-CHASTEL
(
Réunion administrative des sénateurs ne
figurant sur
la liste d'aucun groupe
), Sénateur représentant les Français établis hors de
France.
M. Yann GAILLARD
(
apparenté au Groupe du Rassemblement Pour la
République
),
Sénateur de l'Aube.
M. Bernard PIRAS
(
Groupe Socialiste
), Sénateur de la Drôme.
M. François TRUCY
(
Groupe des Républicains et Indépendants
),
Sénateur du
Var.
La délégation était accompagnée par Mme Nathalie DELAPALME, administrateur des
services du Sénat, secrétaire exécutif du Groupe Sénatorial d'Amitié
France-Afrique
de l'Ouest.
PROGRAMME DE LA DÉLÉGATION
Lundi 4 octobre
- 10 h 20 : départ Paris-Roissy
- 17 h 30 (locales, - 1 h) : accueil par M. Philippe Peltier, Ambassadeur
de France
au Nigeria
- 18 h 30 : réunion de travail avec l'ensemble des chefs de service de
l'ambassade
- 20 h 30 : dîner à l'ambassade avec les chefs de service
Mardi 5 octobre
- 09 h 00 : visite de la section consulaire de la Chancellerie
- 10 h 00 : Chancellerie - réunion sur la sécurité dans la région du delta
- Déjeuner : Chambre de commerce franco-nigériane
- 15 h 30 : visite du Lycée français de Lagos
- 17 h 00 : visite du Musée national de Lagos
- 18 h 30 : réception de la communauté française
- 20 h 30 : dîner avec les conseillers du commerce extérieur
Mercredi 6 octobre
- 06 h 30 : départ en avion pour Kano (nord)
- 10 h 30 : arrivée à Kano et départ pour le chantier BEC d'Hadeja :
2 h 30
de route
- 13 h 00 : 14 h 00 : visite du projet
- 14 h 00 : 16 h 30 : retour sur Kano
- 17 h 00 : audience de l'émir de Kano
- 18 h 00 : Ecole française de Kano
- 18 h 30 : Alliance française de Kano
- 19 h 30 : réception de la communauté française au consulat de Kano
Jeudi 7 octobre
- 08 h 00 : départ en avion pour Abuja
- 10 h 00 : visite de l'Ecole française d'Abuja
- 11 h 00 : entretien officiel avec les Présidents de groupes et de
commissions du
Sénat
- 11 h 30 : réunion de travail au Sénat
- 13 h 00 : déjeuner avec les sénateurs
- 15 h 00 - 18 h 00 : - audience du secrétaire d'Etat aux Affaires
étrangères
- audience du ministre de la Coopération et de l'Intégration
- audience du ministre chargé de l'Education
- 18 h 30 : réception de la communauté française d'Abuja
- 20 h 00 : dîner à l'invitation du Président du Sénat
Vendredi 8 octobre
- 07 h 00 : départ en avion pour Lagos
- 10 h 00 : visite d'un atelier d'art contemporain
- 11 h 00 : visite du Centre culturel français
- 13 h 00 : déjeuner à l'ambassade avec les responsables de l'action
culturelle et
francophone
- 15 h 00 : réunion de bilan
- 18 h 00 : conférence de presse
- 18 h 30 : départ pour l'aéroport de Lagos
- 22 h 30 : départ pour Paris-Roissy
La délégation sénatoriale tient à exprimer sa plus vive gratitude à Son
Excellence M.
Philippe Peltier, Ambassadeur de France au Nigeria, ainsi qu'à l'ensemble de ses
collaborateurs, tout particulièrement Vincent Süssfeld -à qui a notamment
incombé
l'organisation pratique de cette mission- pour leur concours précieux qui a
permis le
déroulement parfait et instructif des travaux de la délégation.
I.- LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE DU NIGERIA : UN CONGLOMÉRAT ARTIFICIEL ET HÉTÉROGÈNE, MAIS INCONTESTABLEMENT PUISSANT
A l'aube de l'an
2000, la Fédération nigériane constitue une entité artificielle, résultat
hétérogène des décisions du colonisateur britannique. Elle recouvre des
territoires
fortement contrastés et regroupe des ethnies culturellement antagonistes et
historiquement rivales, dont les dissensions sont aujourd'hui avivées par des
tensions
sociales et religieuses renforcées.
Dix ans à peine après l'Indépendance de 1960, la découverte de ressources
pétrolières considérables a profondément modifié la structure économique,
sociale et
politique d'un Etat récent et non encore consolidé, et fait du Nigeria un
"
partenaire
incontournable
" des économies développées.
En quarante années d'existence, l'Etat nigérian aura connu trente années de
régimes
militaires divers, une dizaine de coups d'Etat, une demi-douzaine de transitions
interrompues vers la démocratie, neuf années de gouvernement civil, et trois
républiques désormais défuntes. La quatrième vient de voir le jour, avec
l'élection,
en février 1999, d'Olusegun Obasanjo, général à la retraite.
Campé sur un carrefour géographique stratégique, regroupant le cinquième de la
population du continent africain, 6
ème
producteur mondial de
pétrole, le
Nigeria constitue néanmoins désormais, malgré une instabilité consubstantielle,
une
des toutes premières puissances du sous-continent africain.
A.- LE NIGERIA : UN CONGLOMÉRAT INVENTÉ PAR LE COLONISATEUR BRITANNIQUE
I.-
Une
mosaïque ethnique
L'analyse de l'évolution historique de ce qui constitue aujourd'hui, à l'aube
de l'an
2000, la République Fédérale du Nigeria, témoigne d'une complexité
considérable, en
fait d'une remarquable hétérogénéité.
Rien ne prédestinait à faire vivre
ensemble les différents groupes ethniques et socioculturels qui composent
aujourd'hui cet
Etat, si ce n'est, initialement, la volonté du colonisateur britannique
.
Les premières traces de civilisation en Afrique subsaharienne ont été
retrouvées à
Nok au nord du confluent du Niger et de la Benoué, dans le Nigeria central.
Certains
spécialistes estiment que la culture Nok s'est développée depuis la seconde
moitié du
premier millénaire avant J-C jusqu'au second siècle de notre ère et qu'elle
représente
" la souche ancestrale dont provient, pour une grande part, la
tradition
sculpturale de l'ouest africain "
1(
*
)
.
La délimitation géographique tracée par le " Y " que
forment le
fleuve Niger et son confluent la Benoué en direction du Cameroun, permet, de
façon
grossière, de distinguer les trois principaux groupes ethniques d'un Etat qui
en compte
au total environ deux cents cinquante
2(
*
)
:
les
Haoussas-Fulanis au nord, qui représentent aujourd'hui environ 40 à 45 % de la
population, les Yoroubas au sud-ouest -environ 20 à 25 % de la population- et
les Ibos au
sud-est -de 10 à 15 % de la population. Le tiers restant de la population est
constitué
de minorités multiples, les principales étant les Kanouris, les Noupés et les
Tivs au
nord, les Efiks, les Ijaws, les Itsekiris et les Ibidios dans le sud-est.
En réalité, la plupart des spécialistes s'accordent aujourd'hui à considérer
que ces
" petites ethnies " forment
de facto
un quatrième
" bloc ", très hétérogène, mais aussi très influent, car
notamment très représenté au sein de l'armée et des Etats pétroliers du sud, et
particulièrement habile à nouer des alliances complexes et variables.
a.-
Au nord : la société haoussa-fulani à dominante islamique
Enracinement de l'islam dès le XV
ème
siècle
L'histoire des Etats haoussas, qui occupaient le nord-est de l'actuel Nigeria,
est connue
depuis le XI
ème
siècle.
L'introduction de l'islam dans les régions du nord remonte au IX
ème
siècle.
Considérablement renforcé par le développement du commerce avec les pays arabes
à
partir du XV
ème
siècle, l'islam a fortement consolidé les structures
déjà
en place dans les cités-Etats haoussas tournées vers le commerce transsaharien.
Le
califat de Sokoto, en particulier, constitue depuis cette époque une entité
politique
affirmée et homogène, sur laquelle les colonisateurs britanniques choisiront de
s'appuyer en la confortant encore davantage.
La prédominance commerciale de la grande ville caravanière de Kano atteint son
apogée
à la fin du XV
ème
siècle. Dès le début du XVI
ème
siècle,
la
ville de Katsina, qui rivalise pour la domination du commerce en pays haoussa,
est
également un centre réputé d'études islamiques. Les deux cités constituent alors
d'importants marchés d'esclaves à destination du monde arabe.
La " guerre sainte " (djihad) d'Usman dan Fodio au début
du XIX
ème
siècle
Premiers peuples islamisés d'Afrique Noire, les Peuls (Fulanis au Nigeria)
mènent, à
partir de 1804, sous la conduite de Usman dan Fodio, un
djihad
victorieux contre
l'islam impie des rois haoussas décadents. Ils structurent alors définitivement
sous
hégémonie peule les royaumes haoussas transformés en émirats, sous la règle des
deux
califats de Sokoto (à l'ouest) et de Gwandu (à l'est). En 1830, tout le nord du
Nigeria
-à l'exception de l'Empire du Bornou
3(
*
)
- est
régi par un
système uniforme de gouvernement. Son unité ne se fonde pas sur la contrainte
mais sur
une obédience politique et religieuse unanime au
Shehu
, le Commandeur des
croyants, installé à Sokoto. Au terminus des routes caravanières du Sahara et de
Tombouctou, Kano confirme, pour sa part, son statut de capitale économique.
Une homogénéité relativement forte construite par la religion musulmane
Avec des nuances, il semble que Peuls et Haoussas se soient désormais presque
harmonieusement mélangés, autour de la religion musulmane peule, et de la
langue, des
institutions et des coutumes haoussas.
Seules les zones les plus septentrionales et l'ancien sultanat du Bornou,
adversaires
traditionnels des " djihadistes " et premières victimes des
négriers
musulmans, refusèrent toujours toute islamisation. Le nord reste ainsi parsemé
de poches
christianisées peuplées d'ethnies minoritaires.
On peut aujourd'hui distinguer deux grandes sous-régions : le
Far-North
,
adossé à la frontière du Niger, qui regroupe les anciens émirats des sultanats
de
Sokoto et Borno, et reste dominé par l'ensemble ethnico-religieux des
Peuls-Haoussas
islamisés, avec quelques îlots christianisés, et le
Middle Belt
,
beaucoup moins
homogène, peuplé par une mosaïque de minorités historiquement païennes,
récemment
islamisées ou christianisées, qui n'ont en commun que le refus de l'hégémonie
haoussa.
b.-
Au sud-ouest : présence historique des Yoroubas
L'homogénéité culturelle la plus forte à l'origine
La civilisation yorouba est notamment caractérisée par une forte urbanisation,
tout à
fait exceptionnelle en Afrique Noire précoloniale
4(
*
)
et un régime peu centralisé dans lequel les provinces sont quasiment autonomes.
Apparus
au XI
ème
siècle, les royaumes yoroubas fondent leur unité sur une
langue,
une culture et une origine communes. La ville sacrée d'
Ifé
, considérée
comme le
berceau de la civilisation yorouba, est le siège de l'
ori
, chef religieux
suprême.
L'Empire d'Oyo
est la formation politique la plus puissante et la plus
organisée
qu'ait connue le Golfe de Guinée jusqu'à la colonisation. Doté d'une cavalerie
puissante et bien organisée, il assied son pouvoir économique sur le
développement de
la traite négrière (via le port de Ajase, actuel Porto-Novo) à partir du
XVI
ème
siècle. Il décline au XIX
ème
siècle, sous l'effet conjugué des
rivalités
inter-yorouba, de l'affaiblissement de son pouvoir militaire et de l'avancée de
la
djihad
fulani venue du nord.
Plus à l'est, le
royaume de Bénin
5(
*
)
, de
souche
purement africaine, fondé vers le XIII
ème
siècle, se développe en
dehors de
toute influence islamique. Il connaît son apogée au XV
ème
siècle
6(
*
)
, et assoit sa prospérité sur les
échanges commerciaux
(esclaves, puis produits palmistes), d'abord avec les Portugais, puis avec les
Européens.
Une ouverture précoce à l'influence européenne et au christianisme
Ces deux royaumes, surtout celui de Bénin, sont les premiers à nouer des liens
-de
nature égalitaire- avec les Portugais et avec la Papauté. Dès 1597, le roi de
Warri
reçoit une éducation portugaise en Angola et adopte la religion chrétienne. En
1600, il
envoie son fils étudier au Portugal à Coimbra, avec une bourse du roi Philippe
VII du
Portugal. Son successeur confirme l'ouverture du royaume aux Portugais et
demande au Pape
l'envoi de missionnaires (1652). Le commerce des esclaves, puis, après son
abolition en
1807, celui des produits palmistes, contribuent à renforcer les échanges avec
les
européens.
De fait, le paysage politique de cette région reste aujourd'hui encore marqué
par les
activités évangélisatrices et éducatives des missions chrétiennes. Celles-ci
toutefois n'ont guère modifié les traits fondamentaux de la civilisation
yorouba :
panthéon religieux toujours vivace comportant plus de 400 dieux, ancêtres des
lignages
et esprits des forces de la nature, rôle essentiel des sociétés secrètes
religieuses
(ogboni)
7(
*
)
, forte
organisation familiale qui perdure, existence fort
ancienne de guildes professionnelles protégeant les intérêts de chaque métier
spécialisé, importance du commerce.
Conflits interethniques et diaspora
Pourtant la plus homogène au départ, l'ethnie yorouba reste toutefois marquée
par de
constantes rivalités régionales qui remontent aux conflits ancestraux entre le
royaume
d'Oyo et les royaumes côtiers esclavagistes d'Ibeju et Abeokuta.
Ayant depuis le XV
ème
siècle constitué la quasi-majorité des esclaves
exportés en Amérique du sud, aux Caraïbes et à Cuba, les Yoroubas bénéficient
aujourd'hui d'une importante diaspora, particulièrement solidaire au niveau
international. Bénéficiant souvent d'un niveau de formation élevé, ils sont
aujourd'hui très présents à tous les niveaux de la vie nigériane -politique,
économique, administratif, culturel
8(
*
)
.
c.-
A l'est : prédominance disputée des Ibos, démocratie directe et
sociétés
" anétatiques "
La tentation sécessionniste du Biafra
Aujourd'hui concentrés au sud-est du Nigeria, les Ibos représentent une
population
-estimation approximative et très difficile à vérifier- d'environ 16 millions
d'individus. Ils " fournirent " entre le XV
ème
et le XVIII
ème
siècle, l'essentiel du marché côtier des esclaves de Bonny, privilégié par les
européens.
Le système de gouvernement des Ibos est, dès l'origine, marqué par la
" démocratie directe "
9(
*
)
: si le
chef est chargé du maintien de la tradition, les décisions sont prises par
l'assemblée
du village.
En 1966, la permanence des revendications à l'autonomie des minorités ibo du
sud-est
culmine dans une succession de coups d'Etat militaires et de répressions
féroces qui
touchent notamment les Ibos. Deux millions de réfugiés ibos quittent alors le
nord pour
regagner le sud-est. La région fait sécession le 30 mai 1967 et proclame
l'indépendance
de la République du Biafra
, initiant ainsi une guerre de 29 mois qui fera
près de
deux millions de morts, victimes civiles pour la plupart de famine et de
malnutrition.
Des ethnies minoritaires violemment activistes
Il importe toutefois de souligner que l'aventure sécessionniste ibo de 1967 est
restée
constamment contestée par une multitude de petites ethnies, laissant des traces
profondes
encore sensibles aujourd'hui. Celles-ci contribuent à raviver les fractures de
la
période esclavagiste, qui a enraciné de profondes rancoeurs entre les peuples
razziés
de l'intérieur (les Ibos) et les peuples razzieurs côtiers (les Ijaws).
Parmi ces ethnies minoritaires, on trouve notamment les
Ogonis
, petite
minorité
d'environ 500.000 personnes vivant dans le delta du Niger sur des territoires
hautement
pétrolifères et aujourd'hui ravagés par la pollution. Ils sont à l'origine d'un
puissant mouvement revendicatif, le MOSOP (
Mouvement for Survival of Ogoni
People
)
aujourd'hui relayé par de nombreuses ONG occidentales. Ce sont les principaux
artisans de
la recrudescence des actes de violence et de vandalisme à l'encontre des
compagnies
pétrolières. Transformés en " martyrs " par l'exécution de
leur
leader, Ken Saro-Wiwa, le 11 octobre 1995, ils multiplient aujourd'hui des
affrontements
marqués par une durée et une cruauté croissantes, et vraisemblablement
" alimentés " par les armes et les
" vétérans "
issus des conflits voisins (Liberia, Sierra Leone).
Beaucoup plus importante en nombre -6 millions environ- l'ethnie des
Ijaws
,
présents dans la quasi-totalité des Etats pétroliers, est également
politiquement
très structurée au sein du
Congrès National des Ijaws
.
d.-
Une donnée importante : un siècle et demi de traite des
esclaves
En fait, la " cohérence " des trois principaux groupes
ethniques
-Haoussas-Fulanis, Yoroubas, Ibos- doit être relativisée. Quasi-inexistante
avant l'ère
coloniale, elle a surtout résulté de la politique du colonisateur britannique
et du
recours à l' "
indirect rule
".
Malgré certains temps forts de " mobilisation tribale ",
largement
utilisés par les élites au pouvoir, les pesanteurs des conflits interethniques
du passé
et des antagonismes entre anciens royaumes, émirats et empires demeurent
toujours très
vifs.
Il convient notamment de ne pas sous-estimer le poids de
" l'héritage " laissé par le passé esclavagiste de certaines
ethnies. Il constitue en effet un facteur essentiel d'explication des
antagonismes -plus
ou moins latents- contemporains.
Jusqu'à la seconde moitié du XIX
ème
siècle, la traite des esclaves,
dont le
Golfe de Guinée fut durant toute la période un pourvoyeur essentiel, constitue
une
donnée historique fondamentale. Il est aujourd'hui reconnu que, à cet égard, les
négriers européens et musulmans ont été largement
" assistés "
par des appareils négriers africains parfaitement organisés
10(
*
)
.
Il est clair que, dans ce cadre, l'apparition de rapports dominant-dominé a été
constante et les sources de conflits interethniques nombreuses.
L'interdiction de la traite par la Grande-Bretagne en 1807, par la France en
1831, puis
par le Congrès de Berlin en 1885 est loin de mettre un terme à des trafics qui
continueront de se dérouler de façon autonome, sous " gestion
locale ".
Yves Lacoste n'hésite pas à faire des systèmes
" africains " de
traite l'un des principaux facteurs, rémanents, des conflits interethniques
contemporains
11(
*
)
.
" La faiblesse des appareils d'Etat dans la plupart des pays d'Afrique
tropicale, la persistance en leur sein d'une très grande diversité ethnique, le
fait
qu'ils ne soient pas encore des Etats-nations sont dans une grande mesure, à
mon avis,
les conséquences de l'oppression que les appareils négriers les plus puissants
ont
exercée jusqu'à une période relativement récente sur les interethnies. Ce n'est
pas
parce que les frontières de ces Etats ont été tracées plus ou moins
arbitrairement par
les colonisateurs que l'on devrait les considérer comme fâcheuses, c'est parce
qu'elles
rassemblent aujourd'hui des groupes ethniques entre lesquels existent
de
très lourds
contentieux
. Ce sont ces contentieux qui expliquent qu'autour de fortes
ethnies les
phénomènes d'attraction et d'acculturation ne soient guère exercées sur les
groupes
plus petits qui restent chacun cramponnés à leur identité culturelle.
" ... Dans bon nombre d'Etats africains, ce sont les anciennes ethnies
négrières qui exercent encore aujourd'hui le pouvoir. D'abord en raison de leur
poids
démographique (elles ne furent pas soumises aux ponctions esclavagistes), en
raison aussi
de leur localisation littorale (et donc commerçante).
Y. Lacoste cite ici le
cas des
Yoroubas
(1987).
" Certes, en comparaison des dix siècles de la traite arabe et des
trois ou
quatre siècles de la traite européenne, la période de traite intra-africaine
massive
dura relativement peu et personne n'en parle guère aujourd'hui. Mais c'est sans
doute
celle dont les conséquences géopolitiques actuelles sont les plus graves, car
c'est
la
plus récente
. Les luttes qu'elle a provoquées sont encore dans toutes les
mémoires...
" Ces tensions, même celles qui ne sont pas formulées ouvertement,
empêchent
le développement d'une idée nationale, dans la plupart des Etats d'Afrique, ce
qui
détermine, à mon sens, pour une grande part non seulement leurs faiblesses,
mais aussi
leur incurie et leurs exactions. "
Montée des tensions ethniques depuis l'élection présidentielle
mai
:
Warri (delta du Niger) : affrontements entre Ijaws et Itsekiris : 200
morts.
10 juillet
: affrontements entre Yoroubas et Haoussas à Sagamu
(delta du
Niger) : 70 morts.
27 juillet
: émeutes à Kano entre Yoroubas et Haoussas : 30
morts
30 juillet
: affrontements entre Ijaws et Ilajes dans l'Etat
d'Ordo : 50
morts.
septembre
: affrontements entre Ijaws et Ilajes dans l'Etat d'Ordo
(sud-ouest) : 3 morts.
25 octobre
: affrontements entre Yoroubas et Ijaws à Lagos :
environ 20
morts.
30 octobre
: émeutes à Lagos entre Yoroubas de l'OPC
12(
*
)
et Ijaws : 12 morts.
2 novembre
: nouveaux affrontements à Lagos entre les mêmes :
7 morts.
15 novembre
: affrontements à Warri entre Ijaws et Itsekiris :
18 morts.
25-26 novembre
: affrontements entre Yoroubas et Haoussas à
Lagos : 100
morts. Fuite de centaines de Haoussas vers le nord. Les émeutes ont
vraisemblablement
été déclenchées par des partisans de l'OPC Cette flambée de violence, la plus
forte
depuis l'arrivée au pouvoir du Gouvernement civil, a fait monter la tension
d'un cran.
- "
Le Gouvernement n'a rien fait. Nous avons besoin de la police.
C'était
mieux sous le régime militaire
" (déclaration AFP d'un chef
haoussa).
- Le Président Obasanjo aurait ordonné de "
tirer à
vue
"
sur les manifestants.
26 novembre
: des agents de la sécurité nigériane indiquent avoir
découvert à Kano un projet de représailles contre les Yoroubas, fomenté par les
Haoussas.
1er décembre
: s'exprimant sur l'ordre du " tir à
vue "
donné par le Président Obasanjo, le Président d'une des deux factions de l'OPC
déclare : "
il s'agit d'un ordre dangereux, donné par un
Président
mal informé et qui comporte un danger de génocide
".
15 décembre
: mise à sac de la clinique du Docteur Frederick
Fashun, leader
de l'aile modérée de l'OPC : 1 mort.
1er janvier
: affrontements à Lagos entre des membres de l'OPC et
Haoussas : 5 morts.
5 janvier
: affrontements à Lagos entre des membres de l'OPC et des
Haoussas : 40 morts à Lagos.
- affrontements à Ibadan entre Yoroubas et Haoussas : 10 morts.
II.-
La colonisation britannique et la création du Nigeria
a.-
Le prétexte initial : l'interdiction de la traite des esclaves
Au cours de la seconde moitié du XIX
ème
siècle, le Soudan central et
la
Côte
des esclaves
sont l'enjeu des stratégies impériales européennes opposant
notamment
la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. La Grande-Bretagne l'emporte, se
fait le
champion de l'interdiction de la traite des esclaves sur la côte du Golfe de
Guinée à
partir de 1840 et multiplie les relations diplomatiques et commerciales d'abord
avec les
royaumes du littoral, puis en progressant -difficilement- vers le nord par une
série
d'expéditions
13(
*
)
.
Dans le delta du Niger et à l'est de celui-ci, les britanniques s'efforcent de
maîtriser
les hégémonies côtières (notamment Warry, Bonny et Calabar) en s'appuyant sur la
marine britannique dont la présence constante est censée éliminer le trafic
d'esclaves.
En pays yorouba, à l'ouest, jouant sur les conflits dynastiques locaux, ils
s'installent
à Badagry, puis à Lagos, transformée en Colonie de la Couronne en 1886. La
présence
d'anciens esclaves occidentalisés et des missions protestantes constitue alors
un appui
notable.
Au nord, la pénétration britannique est l'oeuvre d'une compagnie commerciale à
charte
royale
14(
*
)
, la
Royal Niger Company
, qui,
ayant
évincé les Français de l'axe Niger-Bénoué, conclut une série de
quasi-protectorats
avec les chefferies et émirats septentrionaux, puis avec le califat de Sokoto.
En
1899-1900, le Gouvernement britannique rachète les droits de la
Royal Niger
Company
,
se substitue à elle et constitue un Protectorat du nord confié à Sir Henry
Lugard. La
conquête de Sokoto par les britanniques le 19 mars 1903 assoit définitivement
leur
position.
b.-
L'application de l'
indirect rule
et la prédominance donnée au
nord
Au début du XX
ème
siècle, les possessions britanniques se composent
du
Protectorat
du nord
, du
Protectorat-Colonie du sud
et de la
Colonie de
Lagos
. En
1906, la Colonie de Lagos et le Protectorat du sud sont fusionnés.
Les deux
protectorats sont " amalgamés " en une
unité commune,
appelée Nigeria, en 1914
, regroupant la
Northern Region
et la
Southern
Region
, dotées chacune d'une administration et d'une réglementation
propres.
Sir Henry Lugard, nommé Gouverneur général du Nigeria, inaugure au Nigeria la
politique
d'
indirect rule
dont il est le théoricien. Les Britanniques s'emploient
alors à
conforter les structures islamisées
15(
*
)
,
monarchistes et
médiévales d'un nord qui leur paraît plus structuré, par opposition à un sud
déjà
nettement ouvert aux influences occidentale, chrétienne et panafricaniste.
En réalité, si l'
indirect rule
correspondait bien à la société
stratifiée du
nord, où le conquérant fulani percevait déjà l'impôt depuis longtemps, le
système ne
put jamais vraiment fonctionner avec les sociétés ibos de l'est, peu intègrées,
et
sans organes représentatifs, ni même à l'ouest chez les Yoroubas. Faute de chefs
traditionnels suffisamment influents, l'administration britannique dut désigner
des
warrant
chiefs
, méthode qui se révèla généralement peu probante, notamment en pays
ibo.
L' " indirect rule "
Système
d'administration coloniale (utilisé également en Inde avec les Maharadjahs)
consistant
à utiliser le relais des chefs coutumiers à l'échelon local en les établissant
à la
tête d'une "
native authority
" (autorité indigène),
-à la
fois aire de juridiction et autorité de pouvoir- pour percevoir l'impôt et
faire régner
l'ordre en échange de faibles avantages.
Tous les ordres donnés par les Hauts Commissaires britanniques transitent par
l'intermédiaire de l'autorité indigène.
Outre des économies de fonctionnement, le système permet sans doute un
enracinement plus
solide des nouvelles règles d'administration.
"
Trouver un homme d'influence pour être chef, placer sous son
autorité
autant de villages et de districts que cela est possible, lui déléguer certains
pouvoirs, l'intéresser au budget de la Native Authority et lui inculquer le
sens des
responsabilités
" (Sir Henry Lugard)
16(
*
)
.
III.-
Mise en place difficile d'une démocratie fédéraliste :
multiplication
constante des composantes de la Fédération, succession des coups d'Etat
militaires
a.-
Nationalisme, régionalisme, " tribalisme "
Au total, l'influence de la colonisation britannique reste moins marquée, plus
" furtive " que ne le furent les colonisations
d'administration
directe française, allemande ou portugaise dans les pays voisins. De fait, dès
les
années 20, un fort courant " nationaliste " émerge avec
Herbert
Macaulay, qui fonde le
Nigerian National Democratic Party
, initialement
cantonné
à la capitale.
Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le principe de la colonisation est
nettement
remis en cause. La radicalisation des mouvements sociaux et la multiplication
des
associations ethniques ou politiques conduisent à la formation de trois grands
partis
dont les bases électorales coïncident à peu près avec les trois régions qui
seront
consacrées en 1954 lors de la transformation du Nigeria en Etat fédéral : à
l'est, le
National Council for Nigeria and Cameroons
(NCNC) de Nnamdi
Azikiwe
(futur Président de la Première République), institué en 1944, essentiellement
composé d'Ibos, à l'ouest, l'
Action Group
de Obafemi Awolowo, fondé en
1945 par
des étudiants yorouba de Londres, au nord, le
Northern People's Congress
(NPC) de
Ahmadu Bello, créé en 1949 en pays haoussa.
Le partage qui se dessine alors entre les "
Big
three
" -trois
régions, quasi assimilables à trois ethnies et à trois partis- doit toutefois
être
très nuancé. Chaque " bloc " régional reste en effet marqué
par
d'importantes et multiples fractures internes, même si le nord, à dominante
musulmane,
bénéficie d'une identité régionale plus claire et mieux affirmée, notamment
sous la
férule intelligente de Ahmadu Bello,
sardauna
de Sokoto de 1954 à 1966.
De fait, dans la construction de cet Etat fédéral moderne, le rôle joué par les
unions
tribales
-particulièrement actives dans le sud
17(
*
)
- a
vraisemblablement été supérieur à celui des partis nationalistes, qui avaient
finalement peu d'assise dans le pays profond.
b.-
Bégaiement des régimes : en quarante ans, 4 républiques, 10 coups
d'Etats,
30 ans de régime militaire
A l'Indépendance, en 1960, le régime adopté pour la Première République est
celui
d'une démocratie parlementaire de type occidental. Les forces centrifuges du
régionalisme, la multiplication des tensions politiques, les difficultés d'une
économie
qui ignore encore la " manne pétrolière " culminent avec la
guerre
civile du Biafra qui durera de 1966 à 1970, et mettent définitivement fin au
premier
régime civil du Nigeria.
Lui succède, de 1970 à 1979, un régime militaire fort, centralisé, qui contrôle
les
principales ressources du pays, en particulier le pétrole, qui fait une
apparition
soudaine et massive en 1970.
La Deuxième République mise en place en 1979, sur le modèle présidentiel
américain,
fonctionne sur une séparation plus nette des pouvoirs exécutif, législatif et
judiciaire, avec une nette prépondérance du Président, Chef des armées, élu
pour 4
ans et doté de vastes pouvoirs. Le caractère fédéral est accentué, confirmant la
marque centralisatrice léguée par la guerre civile et la présence de l'armée au
pouvoir. Une attention particulière est accordée au principe d'égalité de
traitement
entre tous les Etats -le sacro-saint "
caractère
fédéral
"
18(
*
)
. La Deuxième
République s'effondre toutefois quatre ans plus
tard, en 1983, anéantie par une corruption massive, la multiplication des
fraudes
électorales et la contestation croissante des modalités de
"
partage du
gâteau
" pétrolier. La période est par ailleurs marquée par une
montée
des crispations religieuses. Enfin, la chute du cours du baril enclenche dès
1980 une
profonde récession économique.
De 1983 à 1999, se succèdent ensuite de manière quasi ininterrompue des régimes
militaires, jusqu'à l'élection, en février 1999, de l'ancien général Olusegun
Obasanjo, qui avait déjà assuré, en 1976-1978, la transition vers un régime
civil.
Evolution institutionnelle du Nigeria
1946
:
première constitution du Gouverneur général Richards . Promulguée sans aucune
consultation des nigérians, elle ne fut jamais appliquée.
1951
: première constitution Mac Pherson, issue de la conférence
institutionnelle d'Ibadan. Elle est déclarée caduque d'emblée.
1952
: constitution Lyttleton. Le Nigeria devient un Etat fédéral
(3 régions, 1 capitale) doté d'un système parlementaire. La représentation
du
nord égale celle du sud tout entier. La redistribution des ressources est
assurée en
fonction des besoins régionaux.
1954
: deuxième constitution Mac Pherson. Renforcement de la
partition du
Nigeria en trois gouvernements, régionalisation de la fonction publique et de la
magistrature.
Octobre 1959
: premières élections générales. Aucune des trois
principales
forces politiques n'obtient la majorité des suffrages.
1
er
octobre 1960
: indépendance du Nigeria
.
1960-1966
: Première République
(Président :
Nnamdi
Azikiwe).
mai 1962
: proclamation de l'état d'urgence. Arrestation de O.
Awolowo (chef
du NCNC)
février 1964
: première " guerre civile ". Forte
rébellion tiv dans le nord. Création d'une quatrième région (Midwest).
novembre 1965
: élections partielles dans l'est et l'ouest dans un
climat de
violence politique inégalé.
1966-1978
: succession de régimes militaires
.
14 janvier 1966
: premier coup d'Etat militaire (assassinat de 27
personnalités, dont le Premier ministre et le ministre des Finances de la
Fédération et
les deux Premiers ministres du nord et de l'ouest), suivi immédiatement d'un
contrecoup
d'Etat conduit par le général Aguiyi-Ironsi, chef d'état major ibo des forces
armées.
Les régions sont supprimées, les partis politiques et les unions tribales
abolis.
Annonce de l'abolition du Gouvernement fédéral.
29 juillet 1966
: assassinat du général Aguiyi-Ironsi. Mutineries
générales. Arrivée au pouvoir du colonel Gowon. Début des massacres d'Ibos dans
le
nord.
12 septembre 1966
: ouverture d'une conférence constitutionnelle à
Lagos.
30 septembre 1966
: série de pogroms organisés dans le nord, visant
essentiellement les Ibos. Afflux massif de réfugiés ibos vers le sud-est.
30 mai 1967
: sécession de la région de l'est. Proclamation de
l'Indépendance de la République du Biafra.
juillet 1967-janvier 1970
: guerre du Biafra.
14 janvier 1970
: reddition du Biafra. Politique de réconciliation
nationale.
" Découverte " du pétrole. Annonce d'un retour à la
démocratie
pour 1976.
1973
: recensement contesté. Montée de l'agitation autour de la
création de
nouveaux Etats. Perte de contrôle du Gouvernement fédéral sur les gouverneurs
locaux.
1
er
octobre 1974
: ajournement
sine die
du
transfert des
pouvoirs aux structures décentralisées. Montée des revendications sociales pour
le
partage du " gâteau " pétrolier.
29 juillet 1975
: coup d'Etat militaire, conduit par le général
Murtala
Mohammed. Démission des gouverneurs militaires. Annulation du recensement. Mise
en place
d'une " campagne de lutte contre la corruption ".
Licenciement de
10.000 fonctionnaires.
13 janvier 1976
: assassinat du général Murtala Mohammed. La
succession est
assurée par le général Olusegun Obasanjo.
avril 1976
: création de 7 nouveaux Etats.
21 septembre 1978
: promulgation d'une nouvelle Constitution qui
prévoit un
régime de type présidentiel avec une nette séparation des pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire. Confirmation du principe fédéral
19(
*
)
avec 19 Etats. Toutefois, 92 constituants musulmans boycottent les travaux à
cause du
refus des autres parlementaires d'envisager l'établissement d'une juridiction
fédérale
d'appel spécifique aux affaires de droit musulman (
charia
). Cette
question
demeurera non tranchée.
juillet-août 1979
: consultations électorales relativement
paisibles.
Majorité pour le National Party of Nigeria (NPN) de Shehu Shagari, élu
Président de la
République.
1
er
octobre 1979
: mise en place de la
II
ème
République
. Remise " paisible " du pouvoir au nouveau
régime
civil par la junte militaire, conformément aux engagements pris par le général
Murtala
Mohammed en 1975.
1979-1983 :
Deuxième République
.
1983-1993
: régimes militaires
:
1983
: coup d'Etat militaire, conduit par le général Mohammed
Buhari.
Démission du Président, dissolution des assemblées, abrogation de la
Constitution.
Nouvelle campagne d' " assainissement " mal ressentie dans
une
conjoncture économique fortement récessive avec la chute du cours du baril.
27 août 1985
: prise du pouvoir par le général Ibrahim Babangida. Il
s'engage à organiser une transition vers un régime civil et conclut avec le FMI
un
programme d'ajustement structurel (PAS).
1987
: adhésion du Nigeria à l'Organisation de la Conférence
Islamique.
Création de deux Etats supplémentaires.
mars 1989
: mise en place d'une assemblée constituante aux pouvoirs
limités.
En particulier, la question de la
charia
est à nouveau écartée.
mai 1989
: série d'émeutes étudiantes à Lagos, Ibadan et Benin City,
liées à la dégradation de leurs conditions de vie. Plusieurs dizaines de morts.
octobre 1989
: dissolution des formations politiques retenues par la
Commission électorale nationale. Répression violente.
22 avril 1990
: échec sanglant d'un coup d'Etat militaire.
décembre 1990-août 1992
: succession d'élections, marquées par des
fraudes
et des assassinats politiques.
août 1991
: création de neuf Etats supplémentaires.
octobre 1992
: annulation des primaires présidentielles. Le scrutin
est
reporté au 12 juin 1993.
12 juin 1993
: élection présidentielle. Victoire de Moshood Abiola.
Nouvelle
annulation des résultats. Deux mois d'affrontements sanglants.
août-novembre 1993
: Troisième République
27 août 1993
: démission du général Babangida. Transmission du
pouvoir à
un gouvernement civil intérimaire placé sous l'autorité d'un civil : Ernest
Shonekan.
Novembre 1993-février 1999
: régimes militaires
17 novembre 1993
: démission " obligée " de E.
Shonekan.
Passation des pouvoirs au général Sani Abacha. Interdiction des deux principaux
partis.
Dissolution des assemblées. Abrogation de la Constitution. Arrestation de
Moshood Abiola
et de Olusegun Obasanjo.
10 novembre 1995
: exécution par pendaison de Ken Saro-Wiwa,
Président du
MOSOP et de huit militants ogonis. Le Nigeria est exclu du Commonwealth. Le
régime se
durcit considérablement et le Nigeria est marginalisé sur la scène
internationale.
juin 1998
: décès du général Abacha. Intérim assuré par le général
Abubakar.
juillet 1998
: décès de Moshood Abiola.
Février 1999
-.......... : Quatrième République
27 février 1999
: élections présidentielles. Election de Olusegun
Obasanjo
avec 70 % des voix.
Mise en place de la IV
ème
République
.
5 mai 1999
: promulgation de la nouvelle Constitution.
15 novembre 1999
: réintégration au sein du Commonwealth.
c.-
La " scissiparité " de la Fédération
nigériane
20(
*
)
Le fédéralisme nigérian apparaît généralement, au mieux, comme le seul moyen de
concilier les exigences d'un régime de type présidentiel avec les revendications
régionalistes de " pays " traditionnels très puissants, au
pire,
comme la seule alternative au chaos.
Le Nigeria est ainsi passé de deux à quatre régions (
Northern, Western,
Eastern,
Midwest
), puis de 12 à 49 Etats et comprend en outre plus de 600
collectivités
locales
21(
*
)
, soumises à un processus de
fragmentation
incessant.
De fait, dénuées de la légitimité historique des chefs traditionnels, et du
pouvoir de
coercition du Gouvernement fédéral, faiblement dotées de ressources pour le
moins
incertaines et d'institutions peu représentatives, les " collectivités
locales " nigérianes constituent des échelons artificiels et peu
respectés
1
.
" Faute de légitimité historique, de compétences exécutives et de
moyens
financiers, les conseils des collectivités locales demeurent une greffe
étrangère au
terroir et les problèmes continuent d'être traités par d'autres canaux
d'expression
(lignages, réseaux d'influence, clientèles des chefs traditionnels), qui,
parfois,
empiètent sur le système de gouvernement moderne "
22(
*
)
.
Cette caractéristique a été ressentie par la délégation sénatoriale française,
lors
des différents entretiens qu'elle a pu avoir avec les sénateurs nigérians, qui
sont
apparus essentiellement préoccupés par l'annulation de la dette nigériane et la
récupération de l'argent détourné par les anciens dirigeants.
La Fédération nigériane
1914
:
constitution du Nigeria par fusion des Protectorats britanniques du nord et du
sud.
maintien de
2 régions
:
Northern Region
et
Southern
Region
,
cette dernière elle-même subdivisée en
Western Region
et
Eastern
Region
.
1954
: constitution d'un Etat fédéral formé de
3 régions
(
Northern,
Western, Eastern
) et une capitale fédérale (Lagos).
1963
: création d'une
quatrième région
(
Midwest
).
1967
:
12 Etats
: 6 Etats pour la
Northern
Region
; 3
Etats pour la
Western Region
; 3 Etats pour l'
Eastern
Region
.
30 mai 1967
: sécession de l'
Eastern Region
, sous le nom de
" République du Biafra ".
1975
: passage à
19 Etats
dans la nouvelle Constitution.
1987
: création de 2 Etats supplémentaires =
21 Etats
.
1991
: création de 9 Etats supplémentaires et 256 collectivités
locales
nouvelles, soit un total de
30 Etats
.
1993
: création de 29 Etats nouveaux, soit un total de
49
Etats
, plus
le territoire de la nouvelle capitale Abuja.
IV.-
Entrée dans le troisième millénaire : le spectre de la
violence
a.-
Un tripode supplémentaire : l'appartenance religieuse
Les tensions régionales et interethniques sont clairement renforcées par les
appartenances religieuses. Bien que en principe " laïque ",
la
Fédération du Nigeria est en butte à de nombreuses luttes religieuses pour la
désignation des principales autorités politiques, institutionnelles et
militaires.
Ainsi, les chrétiens s'émeuvent de la mention de la
charia
dans les
différentes
institutions, du financement des mosquées et du pèlerinage à La Mecque par le
Gouvernement fédéral, de l'adhésion du Nigeria à l'Organisation de la Conférence
Islamique. Les musulmans, pour leur part, dénoncent la prédominance d'
" infidèles " dans les forces armées, l'utilisation
officielle de
l'anglais et du calendrier chrétien, l'appartenance du Nigeria au Commonwealth,
présidé
par la Reine d'Angleterre, chef de l'Eglise anglicane.
La carte religieuse du Nigeria ne recouvre que grossièrement celle des trois
grands blocs
ethniques et régionaux. Les musulmans, largement majoritaires dans le nord du
pays et
chez les Haoussas, progressent désormais chez les Yoroubas du
sud-ouest
23(
*
)
. Le Nigeria est, de fait, le plus
important pays musulman de
l'Afrique de l'Ouest. Près de 50 millions de Nigérians pratiquent un islam
majoritairement sunnite.
Les chrétiens, majoritaires au sein des ethnies du sud, principalement chez les
Ibos,
sont également présents chez les ethnies minoritaires de la
Middle Belt
et du
sud-est.
Les adeptes des " cultes ancestraux ", encore très actifs
chez les
ethnies du sud, principalement les Yoroubas, font désormais de nouveaux
fidèles
24(
*
)
.
b.-
Montée des tensions, multiplication des affrontements
Loin d'être homogènes, les trois " blocs " connaissent
depuis une
trentaine d'années une multiplication des lignes de fractures internes, qui se
traduit
par la montée des tensions et d'affrontements, dont la violence se renforce.
Ainsi, au nord, la communauté musulmane, majoritairement sunnite, est divisée
par
l'existence de plusieurs obédiences dont les luttes d'influence sont parfois
sanglantes : d'abord entre la confrérie fondamentaliste
Izala
et les
confréries soufies
Tijane
25(
*
)
et
Gadiri
26(
*
)
, puis plus récemment avec
l'apparition du chiisme
(création en 1980 de l'
Islamic Movement of Nigeria
). Le chef actuel du
mouvement
chiite, Ibrahim El Zakzoky, s'appuie efficacement sur le ressentiment des
populations
musulmanes à l'encontre des autorités politiques et religieuses corrompues, pour
réclamer, depuis 1981, la création d'un Etat islamique nigérian, et déstabiliser
l'autorité ancestrale des chefs traditionnels. La
" greffe " de
l'intégrisme prend notamment efficacement chez les jeunes, victimes d'un exode
rural
massif, et paupérisés dans les banlieues des grandes villes du nord (Kano,
Kaduna,
Katsina). Ce type de " fondamentalisme " contestataire
paraît
s'inscrire dans la continuité de la
djihad
d'Usman dan Fodio, de
l'intégrisme
peul ou même du mahdisme soudanais du XIX
ème
siècle
27(
*
)
.
Parallèlement, les populations chrétiennes et animistes, numériquement
minoritaires,
s'opposent de façon croissante à ce " prosélytisme
panislamique ",
largement soupçonné de bénéficier d'importants capitaux moyen-orientaux
(Lybie
28(
*
)
, Iran
29(
*
)
, Arabie Saoudite,
Pakistan, Egypte, Koweit). Ils se reconnaissent plus volontiers dans la vague de
" nouvelle évangélisation " notamment encouragée par des
sectes
d'origine protestante. Cela se traduit par des flambées de violence régulières,
qui
perpétuent un climat de tensions ethniques et religieuses particulièrement
exacerbées
dans le nord du pays.
Ainsi, en 1980, l'insurrection de la secte Maitatsine, violemment réprimée par
l'armée,
a fait plus de 4.000 morts dans la région de Kano. Elle a été suivie de violents
pogroms anti-chrétiens en octobre 1982, février 1984, avril 1985 notamment,
puis en
janvier 1993. D'autres sectes d'inspiration sans doute chiites sont actives
plus au nord,
et sont à l'origine de violents affrontements en décembre 1994 puis en
septembre 1996.
Il est clair que le grand
djihad
lancé au début du XIX
ème
siècle par
Usman Dan Fodio reste présent dans toutes les mémoires. Plus récemment, la
controverse
violente née en 1976 autour des modalités d'intégration de la
charia
dans la
Constitution -avec notamment la mise en place d'une Cour fédérale d'appel de la
charia
-,
n'a toujours pas été résolue.
L'annonce toute récente de l'application stricte de la
charia
dans
l'Etat de
Zamfara (3 millions d'habitants) à compter du 27 janvier 2000 (port du voile,
suppression
de la mixité dans les écoles et les transports publics, suppression des prêts à
intérêts, application du Code pénal islamique) suscite une forte vague
d'inquiétude,
particulièrement ressentie par la délégation sénatoriale lors de son passage à
Abuja
et à Kano
30(
*
)
.
Le renforcement des antagonismes religieux, et leur
" politisation " devient désormais, pour de nombreux
observateurs, un
facteur
de tension qui risque de prendre la prééminence sur les clivages
ethniques et régionaux
.
Telle est notamment l'analyse contenue dans le dernier rapport RAMSES
2000
31(
*
)
.
" Dépolitisée, sans moyens militaires d'importance, la simple
révolte de
misère ne dispose que d'une idéologie de substitution : le religieux. Le
terrorisme
religieux dévoyé en violence millénariste est sans doute l'un des problèmes les
plus
complexes qu'auront à gérer demain les sociétés développées. La limite du
terrorisme
politique est connue : c'est celle de la raison stratégique, qui impose de
mettre en
relation l'objectif et le risque. La force du terrorisme religieux est
autre : elle
ne se réfère pas au même type de logique ".
Dans la région yorouba du sud-ouest, l'introduction du christianisme dès les
tout
débuts de la colonisation n'a pas donné naissance à une véritable communauté
religieuse. Au sein même de la religion chrétienne, catholiques
32(
*
)
et protestants (autour du
Christian Council of Nigeria
) continuent de se
faire
concurrence. Ceci contribue à conforter la progression de l'islam, notamment
dans les
Etats de Lagos, Oyo et Ogun. Enfin, la montée des " églises
chrétiennes
indépendantes " (notamment l'
Aladura
) et la prolifération des
sectes
empêchent définitivement la formation d'un bloc confessionnel
monolithique :
anglicans,
presbytériens, catholiques, baptistes, adventistes du Septième jour
coexistent
désormais avec des sectes plus récentes prêchant le Renouveau, comme
l'Eternel Ordre
Sacré des Chérubins
,
Séraphins
ou
l'Eglise Céleste du
Christ
33(
*
)
.
c.-
Une nouvelle force politique ? : le mouvement pentecôtiste
Il convient de souligner l'essor considérable, depuis une vingtaine d'années,
des
églises chrétiennes indépendantes, déjà avec la montée de l'
Aladura
, né
en
pays yorouba dans les années 30, qui se distingue par l'inclusion dans son
rituel
d'éléments provenant des religions " traditionnelles ",
mais aussi,
plus récemment, avec l'explosion du
christianisme pentecôtiste
, dont les
églises
sont regroupées depuis 1975 au sein de l'influente
Pentecostal Fellowship of
Nigeria
.
Les " églises " les plus récentes s'adressent aux
populations
jeunes, relativement éduquées, à mobilité sociale ascendante, et privilégient
les
contacts et les expériences internationales. Le mouvement pentecôtiste propose
de
nouveaux réseaux, à la fois spirituels et matériels, qui dépassent les clivages
locaux, ethniques, religieux traditionnels ou même sociaux. Il offre par
ailleurs un
canal privilégié d'expression des revendications et des aspirations
individuelles et
collectives, maîtrise parfaitement l'utilisation des médias, et n'hésite pas à
évoquer la nécessité de "
gagner le Nigeria
" et de
lancer
une "
armée d'invasion
" contre les
incroyants
34(
*
)
.
De fait, il constitue désormais une force politique non négligeable, susceptible
d'introduire de nouvelles lignes de fractures, dans un paysage déjà très
chahuté.
Religion et politique
" Notre Père, qui êtes aux cieux, vous avez accordé à notre pays, le Nigeria, des richesses naturelles et humaines. Nous sommes profondément désolés de la mauvaise utilisation de ces cadeaux, à travers l'injustice, les pots-de-vin et la corruption, à cause de laquelle nombre de nos compatriotes sont affamés, malades, ignorants et sans défense " (Oraison écrite par les évêques du Nigeria. Lecture obligatoire dans les églises catholiques le dimanche).
B.- UNE PUISSANCE INCONTOURNABLE
I.-
Le
cinquième de la population du continent, campé sur un carrefour
stratégique.
a.-
Un carrefour stratégique
La Fédération du Nigeria occupe une position géographique stratégique. Elle se
situe
en effet au carrefour de trois axes fondamentaux : l'axe saharien reliant
la
Méditerranée à l'Afrique subsaharienne, l'axe sahélien traversant le continent
d'est
en ouest, l'axe guinéen longeant l'Atlantique, de la Mauritanie au Golfe de
Guinée.
Le Nigeria représente un condensé de tous les paysages d'Afrique de
l'Ouest :
plateaux herbeux et savanes arborées de type sahélien au nord, papyrus et
roseaux le
long du bassin asséché du lac Tchad, à l'extrême nord-est, plateaux climatiques
et
forêts dégradées au Centre, avec cultures de cacao et de palmiers à huile ;
marécages et mangroves du delta du Niger au sud, forêts tropicales et collines
vallonnées du pays yorouba à l'ouest
35(
*
)
.
De fait, le quadrilatère ainsi couvert, soit 923.773 km
2,
constitue
un des
rares Etats africains auquel les données géographiques confèrent une possible
autonomie
et de substantielles potentialités de développement. L'accès à la mer s'étend
sur 800
km le long du Golfe de Guinée. Le réseau hydraulique tracé par le Niger et ses
affluents est à la fois considérable et relativement exempt de déséquilibres
catastrophiques
36(
*
)
.
Le Nigeria se situe enfin au " confluent " de quatre pays
francophones : le Niger au nord (1.497 km de frontières), le Bénin à
l'ouest (773
km de frontières), le Cameroun au sud-est (1.690 km de frontières) et le Tchad
à l'est
(87 km de frontières).
b.-
La plus importante concentration démographique du continent
Une démographie toujours croissante, à l'inverse du reste du monde
.
Avec 118 millions d'habitants, le Nigeria est aujourd'hui, de loin, le plus
peuplé du
continent. Ses premiers" concurrents " africains sont, loin
derrière
l'Egypte et l'Ethiopie (60 millions), le Congo (46 millions), la Tanzanie (31
millions),
le Kenya (29 millions)
37(
*
)
.
La population nigériane représente le quart du total de la population du
sous-continent
africain et près de la moitié de la population de l'Afrique de l'Ouest. A eux
tous, les
voisins francophones du Nigeria atteignent à peine le tiers de la population
nigériane : près de 14 millions d'habitants au Cameroun, moins de 10
millions au
Niger, 7 millions au Tchad, près de 6 millions au Bénin, un peu plus de 4
millions au
Togo.
Or, à l'entrée dans le troisième millénaire, le Nigeria est désormais le seul
pays au
monde, avec le Pakistan, à ne pas avoir été affecté, comme la quasi-totalité
des pays
les plus peuplés au cours des trois dernières décennies, par un
" basculement
profond ", à l'origine d'un sensible ralentissement de la croissance
démographique
38(
*
)
.
De fait, avec un taux de croissance annuel démographique de 2,9 %, un taux de
fécondité
supérieur à 6 enfants par femme, la population nigériane pourrait, selon les
dernières
perspectives démographiques des Nations-Unies (
Rapport mondial sur le
développement
humain - 1999
), atteindre
154 millions d'individus en 2015
.
Une urbanisation ancienne et importante
Cette population est caractérisée -de façon historique- par une forte
urbanisation. 40
% de la population totale du Nigeria vit aujourd'hui
39(
*
)
-et souvent depuis plusieurs générations- en ville.
Il s'agit là en effet d'une donnée historique. Elle remonte aux cités-Etats
haoussas
(Kano, Katsina, Sokoto, Zana) du nord du pays, situées au confluent des grandes
routes
caravanières du continent africain, mais aussi aux villes yoroubas
traditionnelles à
forte densité, assises sur une forte imbrication avec le milieu rural, avec
lequel elles
ont toujours entretenu des liens étroits, et enfin aux villes côtières de
l'époque
coloniale, notamment stimulées par le " commerce " des
esclaves
(Lagos, Badagry, Bonny, Calabar, Port Harcourt). Datent également de l'époque
coloniale
la ville de Kaduna, capitale coloniale du Protectorat britannique du nord, et
celle de
Jos, sur les hauts plateaux, centre de l'industrie de l'étain.
La prospérité pétrolière des années soixante-dix a considérablement renforcé ce
mouvement, et le Nigeria a connu à cette époque le taux de croissance de la
population
urbaine le plus rapide du monde. Dès 1990, les 21 capitales fédérales du Nigeria
comptaient toutes plus de 100.000 habitants, et 15 d'entre elles dépassaient
200.000
habitants.
Il en résulte aujourd'hui un contraste marqué entre Lagos, qui présente
désormais tous
les handicaps des villes du Tiers monde, à l'instar des autres
" villes " pétrolières comme Port Harcourt
40(
*
)
,
ravagées par la pollution et le banditisme, Abuja, nouvelle capitale surgie
d'un plateau
désertique au coeur du pays, clone africain de Brasilia
41(
*
)
,
traversée d'échangeurs routiers et de carrefours à la fois suréquipés et
déserts,
semée de bâtiments administratifs imposants au milieu de terrains toujours en
friche, et
enfin les cités historiques comme Kano, horizontales et conçues en cercles
successifs
autour de l'ancienne
médina
fortifiée, apparemment paisibles, où
circulent en
bonne harmonie cavaliers peuls, chameaux venus du nord et bicyclettes
chinoises.
La ville de Lagos constitue une illustration extrême de l'explosion des villes
tentaculaires du sud, marquées par la déstructuration, le déracinement des
habitants,
l'absence totale de maîtrise foncière et d'équipements de base (ni égouts, ni
éclairage public, ni feux de signalisation, ni trottoirs), la pollution massive
de l'air
et de l'eau liée à l'inexistence de systèmes d'évacuation des eaux usées et des
déchets solides, l'impossibilité de circuler, la montée de la délinquance, de la
criminalité et de la violence pure. Loin de découvrir pour la première fois une
ville
du " Tiers monde ", la délégation sénatoriale a pourtant été
très particulièrement marquée par la conjonction inexorable et massive de tous
les
handicaps possibles avec, en outre, une absence totale d'insouciance et de
gaieté, un
sentiment de dureté, d'âpreté, d'agressivité latente, un rapport de forces
permanent,
un marchandage continu, qu'on ne trouve pas à ce degré dans les autres villes
de même
nature
42(
*
)
.
Avec un nombre d'habitants estimé -avec de considérables marges d'erreur
potentielle -
à 12 millions aujourd'hui
43(
*
)
, ce qui en fait
la sixième
plus grande ville du monde, Lagos pourrait, selon les estimations des
Nations-Unies,
doubler sa population en 15 ans pour atteindre 24,4 millions en 2015, devenant
ainsi la
troisième ville du monde après Tokyo (28,7 millions) et Bombay (27,4 millions).
Aperçus de Lagos
Les "
go-slows
" :
embouteillages soudains et massifs, qui peuvent se traduire par plusieurs heures
d'immobilité, la seule mobilité étant celle des animaux qui circulent en
permanence
entre les voitures, et des handicapés montés sur des planches de surf,
" risque " constant pour les conducteurs incapables de les
repérer.
Pratiquement aucun " deux roues ", contrairement à la
plupart des
villes du Tiers monde.
Les "
pikins
" : les enfants " rois du
bitume ", qui vendent un peu de tout, généralement à l'unité (y
compris la
chaussure et l'allumette) avec beaucoup d'insistance et un certain talent.
Les "
area boys
" : vivant au bord des routes en
permanence, ils se faufilent sous les voitures pendant les
go-slows
pour
arracher
une durite ou débrancher un fil électrique...
Les "
bolekajas
" (" descends et viens te
battre ") : surnom des conducteurs. Les permis de conduire
s'achètent. Pas
d'auto-écoles, pas d'assurances, pas d'entretien des voitures, souvent
" reconstituées ", pas de feux, de trottoirs ou de passages
cloutés,
pas d'ambulances, moins encore de " SAMU "... C'est la
règle du
chacun pour soi.
La
NEPA
: EDF locale, surnommée
Never Expect Power Again...
Le "
Juju market
" : marché local de la sorcellerie,
officiellement connu pour ses trafics d'organes humains.
Les "
gutters
" :
" construit " sur
des marécages, tout Lagos est aujourd'hui un égout à ciel ouvert (3 % à peine
des
ordures sont évacuées, généralement à dos d'homme). En saison des pluies, les
" trottoirs ", purement abstraits, sont remplacés par des
torrents
qui charrient un peu de tout -on y fait le tri. Le seul bâtiment administratif
un peu
" florissant " remarqué par la délégation est celui de la
"
Flood and Erosion Control Division
" du ministère
de
l'Equipement et du Logement.
Les "
ghettos blindés
" : ambassades, légations,
sociétés étrangères et grands hôtels vivent retranchés dans des ghettos avec
veilleurs de nuit armés, voitures blindées, talkies-walkies, grillages de
protection,
barbelés et barreaux, chambres blindées pour s'enfermer la nuit au sein même de
son
domicile.
Une population jeune et relativement
" qualifiée
"
La population nigériane est massivement jeune : 45 % de la population a
moins de 14
ans, avec une espérance de vie de 54 ans en moyenne. En outre -même si ces
données sont
peu fiables-, il semble qu'elle soit " relativement " moins
décimée
par le sida que d'autres Etats du sous-continent
44(
*
)
.
Elle est également, là encore de façon ancienne, une des plus éduquées du
sous-continent. 67 % de la population est alphabétisée.
Trois " systèmes " d'éducation différents coexistent encore
au
Nigeria. Le système " indigène ", encore très présent en
région
rurale, fondé sur une éducation " communautaire " et des
systèmes
d' " apprentissage professionnel " relativement
élaborés et
surtout " suivis " ; les écoles coraniques, complétées
par les
centres d'études islamiques, particulièrement nombreux, anciens et réputés dans
le
nord du pays ; enfin l'enseignement " à l'occidentale "
dispensé dès les débuts de la colonisation par les missions chrétiennes
-méthodistes,
anglicanes, catholiques.
Au moment de l'unification en 1914, le Nigeria comptait 36.800 enfants
scolarisés dans le
primaire (1.100 dans le nord et 35.700 dans le sud), et onze établissements
d'enseignement secondaire dans le sud. A la veille de l'Indépendance, à la fin
des
années cinquante, 2,4 millions d'enfants fréquentaient des établissements
d'enseignement primaire, et 36.000 des établissements d'enseignement
secondaire, toujours
dans le sud essentiellement. En 1985, 13 millions d'élèves fréquentaient 35.000
établissements publics d'enseignement primaire, et 125.000 étudiants étaient
inscrits
dans 35 collèges et universités. Aujourd'hui, chaque Etat fédéral possède au
moins un
campus. Selon les chiffres officiels, en 1996, le Nigeria comptait 46.000 écoles
primaires et secondaires et 573.000 enseignants pour 18,2 millions d'étudiants.
Cet effort manifeste doit toutefois être nuancé. Lors du passage de la
délégation, la
totalité de l'enseignement -primaire, secondaire et supérieur- était en grève
illimitée. Les enseignants nigérians sont ironiquement surnommés
"
ceux
qui seront récompensés au Ciel
", tant ils sont aujourd'hui
délaissés
par le Gouvernement, qui n'arrive même pas à payer un salaire fixé à 240 francs
par
mois... De graves troubles se produisent régulièrement sur les campus
universitaires,
dans lesquels la montée des sectes et la criminalisation des associations
d'étudiants
adeptes de cultes secrets (
Scorpions noirs, Filles de Jézabel, Vickings,
Chiens de
mer...
) deviennent préoccupantes.
Il reste que les élites nigérianes sont incontestablement les premières
d'Afrique
Noire, d'abord certes par leur nombre, mais aussi de par la grande vivacité de
la vie
intellectuelle.
Apparue dès la fin du XIX
ème
siècle (1859), sans doute aujourd'hui
la plus
puissante du sous-continent africain, la presse nigériane est considérée par
l'Institut
International de Presse de Zurich comme " la plus libre d'Afrique
Noire ".
Elle comporte aujourd'hui 18 grands titres quotidiens (dont 12 à Lagos), 14
hebdomadaires
et plus de 200 magazines. Elle est complétée par 29 chaînes nationales, 17
chaînes
régionales, 11 retransmises par satellite et 11 par câble, enfin une
quarantaine de
stations de radio
45(
*
)
.
D'une manière générale, la vie intellectuelle, littéraire ou artistique
nigériane
reste une des plus créatives du sous-continent.
Le Prix Nobel de littérature décerné en 1986 à Wole Soyinka
46(
*
)
a certainement contribué à la reconnaissance de l'excellence de la littérature
nigériane. Mais, dès 1952, déjà, Amos Tutuola avait publié
The Palm-wine
Drinker
and his Dead Palm-wine Tapster in the Dead's Town
, immédiatement traduit en
français
par Raymond Queneau (
L'Ivrogne dans la Brousse
). Nombreux sont encore
les auteurs
nigérians de renommée mondiale
47(
*
)
. Pour
l'essentiel,
cette littérature souligne sans complaisance le poids du passé, le conflit
permanent
entre tradition et modernité, la violence et la corruption des moeurs
" modernes ".
On retrouve la même vitalité en matière de peinture ou de musique
48(
*
)
.
II.-
Des ressources naturelles conséquentes, aujourd'hui masquées
par la
dictature du pétrole
a.-
Des ressources naturelles considérables, insuffisamment exploitées
Devenu en moins de trente ans le 6
ème
producteur mondial de pétrole,
le
Nigeria s'est entièrement voué à cette richesse inattendue, abandonnant
l'essentiel de
l'exploitation des ressources qui avaient pourtant fait sa renommée dès les
débuts de
la colonisation
49(
*
)
.
En 1970, le Nigeria était en effet le premier producteur mondial d'arachides et
d'huile
de palme, et le second pour le cacao.
Trente ans plus tard, 97 % de ses recettes d'exportation reposent désormais sur
les
produits pétroliers, contre 60 % en 1970, la part des produits non pétroliers
étant
passée, au cours de la même période, de 40 % à 3 %.
Evolution de
la structure des exportations
|
|||||
1970 |
1990 |
||||
Produits agricoles |
28,3 |
2,1 |
|||
dont cacao |
15,6 |
1,0 |
|||
dont noix de cajou |
5,1 |
0 |
|||
Produits agricoles transformés |
3,1 |
0 |
|||
Produits minéraux |
0,2 |
0,1 |
|||
Produits manufacturés |
4,0 |
0,2 |
|||
dont métallurgie |
4,0 |
0 |
|||
Autres |
4,7 |
0,5 |
|||
Total produits non pétroliers |
40,3 |
3,0 |
|||
Produits pétroliers |
59,7 |
97,0 |
|||
Source : FMI : Nigeria, Experience with Structural Adjustment, Occasional Paper n° 148, mars 1997. |
|||||
Production
agricole 1997
|
|||||
Manioc |
32.510 |
||||
Ignames |
27.710 |
||||
Sorgho |
7.052 |
||||
Mil |
5.610 |
||||
Riz |
3.200 |
||||
Haricots |
1.867 |
||||
Arachide |
1.723 |
||||
Bananes plantain |
1.689 |
||||
Source : Central Bank of Nigeria |
|||||
Evolution
des exportations de produits non pétroliers
|
|||||
1980 |
1990 |
||||
Produits agricoles |
622,5 |
283,8 |
|||
dont Palmiers à huile |
25,8 |
11,8 |
|||
dont Cacao |
568,7 |
130,3 |
|||
dont Caoutchouc |
25,8 |
95,7 |
|||
dont Coton |
2,2 |
12,0 |
|||
Produits agricoles transformés |
51,9 |
16,7 |
|||
Produits minéraux |
-- |
3,3 |
|||
Produits manufacturés |
26,0 |
31,8 |
|||
- métallurgiques |
26,0 |
0,6 |
|||
- textiles |
-- |
12,8 |
|||
- chimiques |
-- |
18,3 |
|||
Autres |
259,2 |
69,9 |
|||
TOTAL |
959,2 |
405,5 |
|||
Source : FMI : Occasional Paper n° 148 |
Le monopole
pétrolier contemporain masque en réalité l'existence de ressources naturelles
pourtant
importantes et diversifiées, du moins à l'origine, y compris dans le secteur
agricole,
longtemps exportateur -auprès des pays européens au temps de la colonisation,
mais aussi
plus récemment auprès des pays limitrophes moins favorisés. Leur exploitation
est
toutefois aujourd'hui, de façon risquée, tombée dans une désuétude telle que
d'aucuns
évoquent désormais la "
malédiction pétrolière
" ou
une
nouvelle manifestation de la "
dutch
disease
"
50(
*
)
.
Ressources minières
Le Nigeria possède d'importants gisements de charbon, de chaux, d'étain, d'or,
de plomb,
de zinc, de fer, de colombite, d'uranium -certains, comme l'uranium- n'ayant
encore fait
l'objet ni d'une reconnaissance suffisante, moins encore d'une exploitation
sérieuse.
Enfin, lorsqu'elles existaient, la plupart des exploitations ont été laissées à
l'abandon. Ainsi, de 1990 à 1994, la production de charbon est passée de plus
de 77.000
tonnes à moins de 13.000 tonnes, du fait de l'obsolescence des équipements et
de la
croissance des coûts de production.
Actuellement, le nouveau Gouvernement Obasanjo multiplie, comme déjà le
précédent, les
déclarations et les initiatives pour relancer le secteur minier, dans une
optique de
diversification de l'économie.
La cassitérite (210 tonnes en 1998), la colombite (30 tonnes), le charbon
(220.000 tonnes
et la pierre à chaux (3,28 millions de tonnes) sont les quatre minéraux
actuellement
exploités. Mais des études, plus ou moins sérieuses, s'intéressent désormais, à
la
demande pressante du nouveau Gouvernement, aux potentialités en matière d'or,
de bitume,
d'étain et de tantale
51(
*
)
.
Ressources agricoles
D'autre part, le Nigeria dispose de réelles potentialités agricoles.
La superficie cultivée représente le tiers environ de la surface totale du
pays, soit la
dixième au monde. Le nord est caractérisé par une agriculture céréalière et le
sud
par une agriculture de tubercules, la
Middle Belt
réunissant les deux.
Le nord
cultive donc le sorgho, le mil, le maïs, en association avec les arachides et
le coton,
ainsi qu'un peu de blé et de riz le long des rivières et des canaux
d'irrigation
52(
*
)
. Le sud produit du manioc, des
ignames, des bananes plantain,
ainsi que les cultures qui ont fait la célébrité du Nigeria aux débuts de la
colonisation : les palmiers à huile, puis le cacao et le caoutchouc. Les
ressources
de la pêche et de l'élevage sont également conséquentes. Le Nigeria reste
encore le
premier producteur africain d'huile de palme, mais ne couvre plus que les
deux-tiers de la
demande intérieure. Il a laissé passer le " boom " du coton
dont ont
bénéficié les pays du Sahel pendant les années 70. Il dispose encore d'un
potentiel
intéressant en matière de gomme arabique, étant le second producteur mondial
après le
Soudan. Enfin, le principal produit générateur de devises est devenu le cacao.
Il faut donc déplorer qu'une utilisation peu rationnelle des sols, une
déforestation
incontrôlée et surtout la découverte de l'eldorado pétrolier aient conduit ce
secteur
à une quasi déshérence. Autrefois l'un des champions africains de l'exportation
agricole, le Nigeria n'assure même plus son autosuffisance alimentaire, et doit
désormais importer pour nourrir sa population -certes en croissance accélérée.
Les
produits vivriers représentent aujourd'hui 12 % du total des importations.
Pourtant, les
spécialistes considèrent généralement que -à condition d'investir dans un
minimum
d'infrastructures adéquates- le Nigeria pourrait facilement satisfaire un marché
intérieur de près de 120 millions de consommateurs, tout en développant une
réelle
capacité d'exportation vers les pays voisins déficitaires.
Capacités de transformation
Enfin, le Nigeria dispose, aujourd'hui encore, de la plus importante capacité
industrielle de transformation de l'Afrique subsaharienne, composée à la fois
de petits
industriels locaux et de nombreuses multinationales. Là encore, toutefois, le
recul de la
production est constant, notamment dans les sous-secteurs des biens
manufacturés et des
produits miniers. Aujourd'hui, le taux moyen d'utilisation des capacités de
production
est inférieur à 30 %. Ainsi, la production automobile nigériane, qui assemblait
plus de
170.000 véhicules par an en 1980 (notamment dans les usines Peugeot de Kaduna,
aujourd'hui en veilleuse), a diminué de plus de 70 %. On note toutefois
une sensible
reprise de cette production depuis 1998, qui bénéficie notamment à
Peugeot
53(
*
)
. En revanche, les industries
textiles, autrefois florissantes,
poursuivent leur dégringolade.
b.-
Le sortilège pétrolier
"
Oil, sweet oil
"
54(
*
)
Le Nigeria possède un potentiel pétrolier et gazier exceptionnel -tant en
quantité
qu'en qualité.
Les premiers indices signalant la probable présence d'hydrocarbures remontent
au début
du siècle. Dès 1937, Shell et BP ont obtenu un permis de recherche couvrant
l'intégralité du territoire. Les premiers forages ont été effectués par la
Shell en
1951. La licence de concession unique est supprimée en 1961 et de nombreuses
compagnies
étrangères s'implantent alors avec succès.
La production passe de 5.000 barils par jour en 1958 à 2,3 millions de barils
par jour en
1979, période où elle atteint son maximum, fournissant, à l'époque,
plus de
25
milliards de dollars de revenus annuels
. La moyenne s'établit aujourd'hui à
plus de
2 millions de barils par jour, soit 100 millions de tonnes par an
55(
*
)
,
faisant du Nigeria le premier producteur africain, devant la Libye et
l'Algérie, le
quatrième exportateur OPEP, et le sixième exportateur mondial.
Le pétrole nigérian bénéficie en outre d'un double atout : une excellente
qualité et un faible coût de production (2 à 3 $/baril), ce qui lui confère, en
conjoncture basse, une résistance économique presque comparable à celle du
pétrole du
Moyen-Orient.
Les réserves (prouvées) de pétrole sont actuellement estimées à 22 milliards de
barils (dont 40 % en offshore), soit l'équivalent de 21 années de production au
rythme
actuel . La production
offshore
, aujourd'hui estimée à 1,12 million de
barils par
jour devrait progressivement prendre le pas sur la production
onshore
(1
million de
barils par jour), notamment pour des raisons de sécurité
56(
*
)
.
Parallèlement, les réserves connues de gaz naturel sont évaluées à plus de 8.000
milliards de m
3
, ce qui place le Nigeria parmi les dix premiers pays
possédant
les plus grandes réserves du monde, et représente un potentiel de 150 ans de
production
au rythme d'exploitation actuel.
Les réserves de gaz sont, jusqu'à présent, demeurées inexploitées. Longtemps
déconsidéré dans un pays dénué de base industrielle pour l'utiliser, le gaz
naturel a
jusqu'ici fait l'objet, s'agissant du gaz associé, d'un brûlage à la torche
important,
équivalent à 70 % de la production.
La production du pétrole nigérian est confiée depuis 1971 à la
Nigerian
National
Petroleum
(NNPC)
, associée en joint-venture aux sept conpagnies
majors
étrangères.
Les majors avancent à 100 % les dépenses d'exploitation -compte non tenu des
dépenses
d' " environnement "-, et la NNPC rembourse à hauteur de 60
% (cash
calls), en dollars et devises locales, avec un retard plus ou moins long. Le
montant
accumulé des arriérés s'élève désormais à plusieurs milliards de dollars.
De fait, la privatisation actuellement envisagée, même partielle, des
participations que
l'Etat détient, via la NNPC, dans les principales entreprises de production,
pourrait
redonner un coup de fouet à l'exploration-production.
Répartition de la production de pétrole |
Part détenue par la NNPC en joint-venture |
|
Shell |
44,55 % |
55 % |
Mobil |
19,3 % |
60 % |
Clevron |
18,1 % |
60 % |
Agip |
7 % |
60 % |
Elf |
6,5 % |
60 % |
Texaco |
2,5 % |
60 % |
La
" malédiction " de l'or noir ?
Ce potentiel considérable contient toutefois, en lui-même, des risques majeurs.
D'abord parce que les recettes ainsi procurées dépendent, de façon étroite, de
l'évolution du cours mondial du baril exprimé en dollars. Cette dépendance
extérieure
devient particulièrement forte dès lors que les recettes pétrolières
représentent
l'essentiel (96 % aujourd'hui) des recettes totales d'exportation.
De fait, après avoir atteint un sommet en 1981 à 58 dollars, le cours du baril
a suivi
une évolution plus erratique. Descendu à 14,3 dollars en 1986, il a touché en
1998 son
niveau le plus bas depuis 1973. Du coup, les revenus pétroliers annuels du
Nigeria ont
diminué de moitié, passant de 12 à 7 milliards de dollars.
Les cours connaissent depuis une constante remontée qui les a conduits à 25
dollars le
15 novembre dernier, en liaison avec les déclarations de l'OPEP de prolonger ses
réductions de production et la menace irakienne de " fermer les
robinets ". Cette reprise des cours à la hausse risque toutefois
d'être
partiellement contrebalancée par une baisse des volumes exportés de l'ordre de
12 %, en
raison d'une part du manque croissant de productivité du secteur lié à la
recrudescence
des troubles dans le delta
57(
*
)
, et d'autre part
à la
décision de réduction des quotas de l'OPEP (23 mars 1999) qui a fixé, pour le
Nigeria,
un maximum de production de 1,885 million de barils/jour à compter du
1
er
mai
1999.
Si le pétrole nigérian possède une qualité de haut niveau, ses conditions
d'exploitation sont particulièrement nocives en termes d'environnement. La
petite taille
des gisements se traduit par une exploration intensive du territoire concerné,
au prix
d'une forte dégradation des sols
58(
*
)
. Enfin,
l'importance
du brûlage à la torche du gaz jusqu'à présent inutilisé induit une pollution de
l'air
qui atteint des niveaux inégalés.
Or, les inquiétudes grandissantes concernant l'environnement menacent à terme,
au niveau
mondial, le secteur pétrolier. La convention de Kyoto sur le réchauffement
planétaire
de 1997 prévoit un sommet de suivi fin 2000, dont les conclusions pourraient
bien être
porteuses de nouvelles contraintes coûteuses pour le secteur pétrolier.
En revanche, une telle évolution favoriserait l'essor du gaz naturel, déjà
amplifié
par la libéralisation progressive des marchés du gaz et de l'électricité au
niveau
mondial.
Or, dans ce secteur, les potentialités nigérianes sont considérables,
supérieures sans
doute encore à celles du pétrole.
Il est donc regrettable que l'usine de liquéfaction de GNL (gaz naturel
liquéfié) de
Bonny
,
construite par le consortium NNPC-Shell-AGIP-ELF, d'un coût voisin de 4
milliards de
dollars, en vue d'assurer d'ici deux ans une production de 6,3 millions de
tonnes, ait
été momentanément mise hors d'état de produire avant même son inauguration, par
les
communautés locales.
De fait, la montée des troubles dans la région du Niger devient particulièrement
préoccupante. En réalité, le "
partage du gâteau
"
pétrolier n'a jamais été résolu de manière satisfaisante par le Gouvernement.
Les Etats " producteurs " devaient -statutairement-
recevoir 5 % des
revenus fédéraux du pétrole en 1969. Descendu à 2 % en 1982, ce pourcentage a
été
remonté à 7,5 %, voire 13 % selon la décision -jamais promulguée- de l'Assemblée
constituante de 1994, mais à nouveau intégrée dans la nouvelle Constitution de
1999.
Reste à l'appliquer.
Depuis le début des années 90, la protestation -devant la dégradation
croissante des
territoires et l'absence de revenus supplémentaires- a pris une ampleur sans
précédent,
se traduisant par de véritables actes de terrorisme organisé -sabotages,
kidnappings,
demandes de rançon. Parallèlement, les forces de sécurité privées, financées
par les
compagnies pétrolières, ont souvent mené en réalité une guerre toute
personnelle par
ethnies interposées en alimentant les litiges locaux
59(
*
)
.
Incidents dans le delta au cours des trois derniers mois
20 septembre
:
occupation de l'usine de GPL de Bonny.
12 octobre
: attaque par 500 jeunes de la communauté itsekiri d'un
dépôt de
la NNPC :
4 morts.
15 octobre
: fermeture du terminal Shell de Forcados.
28 octobre
: enlèvement de 6 employés nigérians de la Shell.
1
er
novembre
: fermeture du terminal Shell de Bonny
(6
ème
fermeture en 3 mois).
5 novembre
: massacre de 12 policiers par les Ijaws dans l'Etat de
Bayelsa.
12 novembre
: massacre de 10 militaires par les Ijaws à Warri et
dans l'Etat
de Bayelsa
15 novembre
: explosion d'un oléoduc Shell : 4 morts.
22 novembre
: opération militaire dans l'Etat de Bayelsa. On évoque
des
dizaines de victimes civiles et l'évacuation de centaines de civils. Destruction
probablement totale de la ville de Odi.
30 décembre
: nouvelle fermeture, pour un mois, du terminal Shell de
Forcados.
La persistance et la sophistication désormais accrue de ces perturbations rend
chaque
jour plus aléatoires les conditions d'exploitation des gisements pétroliers et
gaziers
et conduisent les sociétés étrangères à multiplier les fermetures de sites et
les
arrêts d'enlèvements pour " force majeure ".
" La situation des compagnies pétrolières et de leurs
sous-traitants, pris
en otage sur le terrain par la guérilla business, devient de plus en plus
précaire. Non
seulement rien n'est jamais durablement résolu, les accords négociés au cas par
cas
avec les communautés étant très vite remis en cause, mais le " savoir
faire " revendicatif musclé mis au point dans le delta est en train
de faire
tâche d'huile sur les Etats voisins du nord et de l'ouest, partout où les
ethnies
locales sont au contact des entreprises étrangères "
60(
*
)
.
Cette situation pose un défi majeur à la société civile qui vient de se mettre
en
place. De fait, après près de six mois d'apparente
" inertie ", le
Président Obasanjo a décidé -le 22 novembre dernier- d'envoyer l'armée dans le
delta.
Les conditions de " remise en ordre " dans ce secteur,
désormais
entièrement bouclé par l'armée, n'ont pas été connues.
III.-
L'affirmation institutionnelle d'une prééminence
régionale
61(
*
)
Fort de sa position géographique centrale, de son poids démographique et de ses
richesses énergétiques, le Nigeria a, depuis l'Indépendance de 1960, constamment
confirmé son ambition de jouer un rôle moteur au sein du sous-continent
africain. Ainsi,
dès la fin de la deuxième guerre mondiale, il s'est fait le champion de la
dénonciation
de la colonisation et de l'apartheid. En 1961, il a suspendu ses relations
diplomatiques
avec la France pour protester contre les essais nucléaires au Sahara.
a.-
De la CEDEAO à l'ECOMOG : une évolution sécuritaire
Instituée le 28 mai 1975 à Lagos, le CEDEAO (
ECOWAS/Economic Community of
West Africa
States
) regroupe 16 pays anglophones, francophones et lusophones de la
région :
Bénin, Burkina-Faso, Cap-Vert, Côte-d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Guinée-Bissau,
Liberia, Mali, Mauritanie
62(
*
)
, Niger, Nigeria,
Sénégal,
Sierra Leone, Togo. Deux grands voisins du Nigeria, le Tchad et le Cameroun,
n'en font pas
partie.
La CEDEAO s'était fixée initialement pour principaux objectifs l'établissement
d'une
union douanière et d'un marché commun destinés à favoriser la libre circulation
des
personnes et des marchandises en Afrique de l'Ouest.
Toutefois, les intérêts commerciaux concurrents des pays membres, l'absence de
partenaires majeurs -le Cameroun notamment-, l'existence concurrente d'autres
organismes
sous-régionaux à vocation similaire (UEMOA), l'inexistence d'une monnaie
commune à
l'instar du franc CFA, le non-paiement des cotisations, l'importance de
l'économie
informelle dans la sous-région, ont considérablement handicapé la réalisation
de ces
objectifs
De fait, à partir de 1990, la CEDEAO s'est largement éloignée de ses objectifs
initiaux
en s'orientant, sous l'impulsion marquée du Nigeria, vers une mission de
" maintien de la paix " initialement au Liberia
63(
*
)
.
Lors de la 16
ème
conférence de la CEDEAO en 1993 à Cotonou, il fut
décidé
que "
la résolution des conflits constituerait désormais une des
missions
essentielles de la CEDEAO
". Ainsi fut mise sur pied l'ECOMOG
(
Ecowas
Cease Fire Moritoring Group
).
- La première intervention a eu lieu en 1990 au Liberia, et mobilisé 4.000
hommes
64(
*
)
sous commandement nigérian. Les
forces ECOMOG ont quitté le
pays 8 ans plus tard en 1998. Le mandat était large : cessez-le-feu,
désarmement
des factions, organisation d'une conférence nationale, tenue
d'élections
65(
*
)
.
- La deuxième intervention, presque exclusivement nigériane
66(
*
)
,
s'est déployée en Sierra Leone après le coup d'Etat de mai 1997 à Freetown. Le
Nigeria
a engagé 10.000 soldats dans cette opération pour un coût global estimé à 8
milliards
de francs. Ayant entamé une procédure de retrait graduel des soldats nigérians
de
l'ECOMOG, le Président Obasanjo s'est engagé à porter à 1.562 hommes sa
participation
à la force de paix des Nations-Unies en Sierra Leone (MINUSIL).
- La troisième intervention, exclusivement francophone (600 hommes), sous
commandement
togolais, a été envoyée en Guinée Bissau en février 1999. Elle est devenue sans
objet
avec le renversement du Président Vieira le 7 mai 1999
67(
*
)
.
Avec l'instrument ECOMOG, le CEDEAO apparaît donc désormais comme l'organisation
africaine sous-régionale qui dispose de la plus large expérience dans le
domaine du
maintien de la paix. Fort opportunément, le sommet de 1998 de la CEDEAO à Abuja
a
" institutionnalisé " davantage ce mécanisme régional de
gestion
des conflits avec la création d'un Conseil de médiation et de sécurité de 9
membres,
la mise en place d'un Conseil des Sages, et l'institution de structures
intégrées de
commandement.
Il est clair que, au sein de la CEDEAO comme de l'ECOMOG, le Nigeria joue un
rôle
prééminent, et entend bien qu'il continue à en être ainsi
68(
*
)
.
Dans le cadre de la " nouvelle politique africaine " de la
France, il
apparaît donc particulièrement opportun, et ce notamment à l'égard du Nigeria,
de
marquer le soutien de la France à ces deux organismes, en témoignant à la
CEDEAO un
intérêt au moins aussi marqué que celui accordé à la SADC (organisme équivalent
pour
les pays d'Afrique australe) en plaidant pour une aide accrue à cet organisme
par le
biais du FED, en favorisant le rapprochement entre les zones CFA et naïra, et en
encourageant encore l'institutionnalisation de l'ECOMOG.
b.-
La nouvelle Commission du Golfe de Guinée : alternative à l'ECOMOG
ou
volonté de répartir désormais la manne offshore en dehors de l'influence
occidentale ?
Le 19 novembre 1999, a été mis en place à Libreville, sous l'égide du Président
Bongo, un nouvel organisme "
chargé de prévenir, gérer et régler
les
conflits existants et potentiels dans les eaux de cette mer
commune
"
69(
*
)
. Le Cameroun,
absent de la CEDEAO et de l'ECOMOG, y fait une
entrée remarquée. L'identité des nouveaux membres met l'accent sur l'existence
d'une
volonté partagée par l'ensemble des pays riverains
70(
*
)
-au sens large- du Golfe de Guinée, riche en ressources halieutiques et
pétrolières, de
définir désormais " entre soi " la répartition des droits
potentiels sur les considérables ressources -notamment pétrolières- en eau
profonde de
cette zone. Le texte du communiqué final insiste en effet particulièrement sur
l'exploration et l'exploitation des ressources naturelles
"
situées aux
limites territoriales et notamment aux zones territoriales exclusives -ZEE- des
Etats
membres
".
Cette initiative constitue en quelque sorte une généralisation de principe des
accords
bilatéraux déjà intervenus sur ce domaine, comme celui passé en avril 1999
entre le
Nigeria et la Guinée Equatoriale, à propos d'opérations de forage menées,
depuis le
Nigeria, par deux plates-formes d'Elf. Elle pourrait également constituer une
solution
bilatérale au conflit qui oppose depuis 1994 le Nigeria au Cameroun à propos de
la
presqu'île de Bakassi
71(
*
)
.
c.-
Institutionnalisation du tandem Nigeria-Afrique du Sud : une donnée
durable ?
Les 4 et 5 octobre 1999, s'est tenue à Abuja la première commission mixte
Nigeria-Afrique du Sud. L'Afrique du Sud était représentée par son
Vice-président
Jacob Zuma.
L'objectif déclaré est d' "
instaurer une coopération active et
suivie à
la fois au niveau des pouvoirs publics et à celui des secteurs privés, pour
promouvoir
le développement économique
"
72(
*
)
. Parmi
les domaines de coopération cités par le communiqué, figurent le pétrole, les
minerais, l'énergie, les communications et l'acier. Par ailleurs, les deux pays
ont
renouvelé leur appel à une démocratisation du système des Nations-Unies qui
permette
la représentation concrète de l'Afrique au Conseil de Sécurité de l'ONU.
Cette première réunion s'inscrit à l'évidence dans une ambition commune et
déclarée
des deux plus puissants Etats du sous-continent de jouer désormais un rôle
actif dans
l'évolution de celui-ci : "
Les deux pays vont travailler
ensemble pour
déterminer la façon dont l'Afrique doit vivre
", a déclaré à cette
occasion le Président Obasanjo
73(
*
)
.
Il convient de noter également, dans le même " ordre
d'idées ", la
volonté déclarée du Gouvernement nigérian
74(
*
)
d'établir des relations de " partenariat " de même nature
avec
l'Egypte, utile contrepoids dans ce cadre à l'Afrique du Sud, mais surtout à la
Libye.
II.- LA NÉCESSAIRE PRISE EN COMPTE DU NIGERIA SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE
La fin de la
guerre froide et de la traditionnelle dichotomie
" est-ouest ", la
disparition progressive des générations qui ont connu la colonisation
-colonisés comme
colonisateurs-, le brouillage croissant de la ligne de partage tacite entre
Afrique
francophone et Afrique anglophone -chez les Français comme chez les
anglo-saxons, la
prédominance des intérêts économiques et financiers transnationaux sur les
considérations strictement politiques- ou l'assujettissement des uns aux
autres... -chez
les occidentaux comme chez les Africains-, l'enjeu majeur d'un marché potentiel
considérable pour des pays confrontés au vieillissement de leur population,
mais aussi
la multiplication et le durcissement des conflits régionaux sur le
sous-continent
africain, la nécessité impérative de maîtriser un déséquilibre démographique
croissant, la menace liée à la proximité d'un risque épidémique majeur, ainsi
que le
rôle désormais avéré joué par le sous-continent africain dans les principaux
trafics
internationaux, ont considérablement modifié les données de la politique
africaine.
De fait, la " civilisation " toute récente du régime
nigérian a
d'ores et déjà donné lieu à une considérable " surenchère ",
tant de la part des bailleurs internationaux que des partenaires européens et
anglo-saxons traditionnels
75(
*
)
.
Après avoir été mis au ban de la scène internationale, du temps de l'ère
Babangida,
puis surtout de l'ère Abacha, fortement entachée par l'exécution de Ken
Saro-Wiwa et la
multiplication des atteintes aux droits de l'homme, le Nigeria retrouve
aujourd'hui, avec
l'arrivée au pouvoir d'Olusegun Obasanjo, bien connu des milieux
internationaux
76(
*
)
, une affection parfois
démonstrative. Présente au Nigeria du 4
au 10 octobre 1999, la délégation sénatoriale a pu prendre la mesure de la
succession
quasi ininterrompue de visites, à des niveaux généralement élevés, toujours
opérationnels, d'émissaires des principales puissances occidentales.
Dans ce cadre, la France ne peut demeurer indifférente à son 5
ème
fournisseur de ressources énergétiques
77(
*
)
,
situé au
coeur même de l'Afrique francophone, et dont le rôle en matière de
stabilisation de la
région est si évidemment crucial, au moment précis où se tourne définitivement
la
page de la " France gendarme de l'Afrique ".
A.- LE NIGERIA EST DE RETOUR
I.-
La
reprise de l'aide multilatérale
a.-
La Banque Mondiale à nouveau sur place
En même temps que la délégation sénatoriale, a séjourné au Nigeria, -suivant le
même circuit Lagos-Kano-Abuja- une délégation conduite par le Président
Wolfensohn,
accompagné de son épouse et d'une vingtaine de collaborateurs de haut niveau.
Les déclarations faites à cette occasion par le Président Wolfensohn sont
apparues
particulièrement positives. "
Je crois que le Président Obasanjo a
notamment pour objectif prioritaire la réforme du secteur public et le
traitement de la
corruption. Je pense qu'il a
à la fois la volonté et la capacité de le
faire et
il obtiendra certainement notre aide
"
78(
*
)
.
"
La Banque Mondiale attend du Nigeria qu'il mette en oeuvre dans
les six
mois à venir un certain nombre de réformes qui justifieront sa demande de
rééchelonnement ou d'annulation de dette... Le Président Obasanjo est la bonne
personne, au bon moment, dans ce pays. La Banque aidera votre Gouvernement. Je
suis prêt
à accorder au Président Obasanjo tout le soutien
nécessaire
"
79(
*
)
.
La Banque Mondiale renforce d'ores et déjà à nouveau ses équipes sur place pour
réactiver les programmes en vigueur et en initier de nouveaux, centrés
principalement
sur l'eau, l'énergie et l'éducation (enseignement primaire). Au total, entre
l'assistance technique aux privatisations
80(
*
)
,
les
opérations en cours, et les programmes nouveaux de première urgence (eau
potable et
enseignement primaire), le Nigeria devrait bénéficier l'année prochaine de 115
millions
de dollars de la BIRD. La SFI -bras séculier de la Banque Mondiale en matière
d'assistance au secteur privé- devrait également intervenir dans le domaine des
assurances.
b.-
La main tendue du FMI
En réponse au " mémorandum " adressé dès son arrivée au
pouvoir
par le précédent Gouvernement, qui reconnaissait clairement les causes du
" malaise " nigérian : mauvaise gestion des ressources,
réglementation excessive de l'économie, distorsion des prix et des taux de
change
notamment, et aux premières décisions visant à abolir le double taux de change
et à
relever le prix de vente du super à la pompe (janvier 1999)
81(
*
)
,
le FMI avait accepté en février 1999 la mise en place d'un
"
staff-monitored
program
" (programme de dialogue et de surveillance), et installé
sur place
un représentant permanent basé à Abuja.
Sans garantir nécessairement un accès particulier aux crédits FMI, le SMP avait
surtout
pour intérêt de permettre un rapprochement avec les autres bailleurs de fonds
(notamment
les membres du Club de Paris) et de préparer, à terme, un accord plus formel,
sur la
base d'un véritable programme d'ajustement triennal, accompagné cette fois d'un
accès
privilégié aux ressources FMI.
Face à la non-réalisation des objectifs annoncés, le "
staff
monitored
program
" a été remplacé par un "
accord commun
d'objectifs
"
comprenant notamment trois éléments principaux :
- le vote d'un collectif budgétaire sur 7 mois, assorti d'un déficit limité à
1,8 % du
PIB. Cet objectif a été respecté.
- la mise en place d'un marché des changes libre, le taux de change étant
déterminé au
jour le jour par le seul gré du marché. L'IFEM (
Interbank Foreign Exchange
Market
)
a été effectivement mis en place le 25 octobre.
- le remboursement partiel (1,8 milliard de dollars) de la dette à l'égard des
créanciers bilatéraux et multilatéraux d'ici la fin de l'année.
La réalisation de ces trois objectifs -notamment du dernier- pourrait
déclencher la
négociation d'un accord de "
stand-by
" soumis à
l'approbation du FMI (au 1
er
trimestre 2000 ?), et permettant
un accès
ultérieur à une FASR (facilité d'ajustement structurel renforcée).
c.-
La reprise de l'aide européenne
Avec 365 millions d'écus programmés pour le
programme indicatif national
(
PIN
)
du 7
ème
FED (1991-1995), le Nigeria était l'un des principaux
bénéficiaires
du 7
ème
FED parmi les pays ACP. L'arrêt progressif de tous les
programmes à
partir de 1994, lié à la détérioration du climat politique, a conduit à ne
décaisser
que 16 % de ce montant. Aucune allocation au titre du 8
ème
FED n'a
été
accordée.
La transition démocratique engagée par le général Abubakar a rapidement conduit
à une
levée progressive de ces sanctions.
L'Union Européenne a annulé dès le 1
er
novembre 1998 toutes les
sanctions
civiles frappant le Nigeria et autorisé le retour des attachés de défense
européens à
Lagos et nigérians en Europe, tout en maintenant l'embargo sur les ventes
d'armes. Le 17
mai 1999, elle a levé l'ensemble des sanctions à compter du 1
er
juin
1999. La
Commission s'est déclarée prête à mettre en place des programmes sur les fonds
encore
disponibles sur le 7
ème
FED. Les négociations d'un
PIN
au
titre du 8
ème
FED sont en cours.
Au total, le Nigeria pourrait bénéficier de 440 millions d'euros (330 millions
au titre
des reliquats des 6
ème
et 7
ème
FED et 100 millions au
titre du 8
ème
FED). La Commission met actuellement en place une série d'actions pilotes à
forte
visibilité, essentiellement destinée à la région du delta. Elle étudie
également la
mise en place d'une aide pour le fonctionnement du Parlement d'Abuja et des
Parlements des
36 Etats de la Fédération, ainsi que divers travaux d'adduction d'eau potable
en zones
rurales.
On rappellera que le partenaire nigérian semble particulièrement demandeur
d'une aide du
FED " régionalisée " dans le cadre de la CEDEAO, notamment
dans le
secteur des télécommunications, du réseau routier interEtats et de la
réalisation d'un
gazoduc côtier.
d.-
La réintégration au sein du Commonwealth
Suspendu en novembre 1995 suite à l'exécution de Ken Saro Wiwa et de huit
militants
ogonis, le Nigeria a été réintégré en mai 1999.
La clôture du dernier sommet du Commonwealth tenu à Durban le 15 novembre
dernier a
été l'occasion d'un hommage appuyé au Nigeria, dont la présence
"
redonne
vigueur
" à cette organisation de 54 pays
82(
*
)
.
II.-
L'intérêt américain
Ayant levé les restrictions en matière de visas et procédé très rapidement à la
" recertification " du pays, les Etats-Unis ont apporté,
avant les
Européens, un soutien financier de 5 millions de dollars aux dernières élections
législatives et présidentielles.
a.-
Tournée de Madeleine Albright (20-22 octobre 1999)
Cette visite était la première d'un secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
depuis
12 ans.
Madame Madeleine Albright a salué à plusieurs reprises et de façon
particulièrement
appuyée la "
remarquable transition
démocratique
"
83(
*
)
du Nigeria.
Elle a indiqué que le Gouvernement américain
demanderait au Congrès "
un triplement ou un quadruplement de
l'aide
américaine
" au Nigeria dès l'année prochaine. Elle a
estimé :
" lorsque
l'histoire de la dernière décade du siècle sera écrite, la transformation du
Nigeria a
toutes les chances d'être retenue, à côté de la Révolution tchécoslovaque et de
la
longue
marche de l'Afrique du Sud vers la liberté, comme un exemple
lumineux de la
force, de la dignité humaine et de l'intensité du désir de
liberté
".
Evoquant l'engagement du Nigeria dans le cadre de l'ECOMOG, elle a
indiqué :
"
vous avez porté vos ressources limitées bien au-delà de ce que la
communauté internationale était en droit d'attendre et vous avez réussi bien
plus que
quiconque n'osait espérer
"
84(
*
)
.
b.-
Visite d'Etat du Président Obasanjo aux Etats-Unis (27-30 octobre
1999)
Le Président Obasanjo avait déjà été convié aux Etats-Unis par le Président
Clinton, dès le 30 mars dernier, pour une visite amicale.
La visite d'Etat du 27 octobre a été l'occasion pour le Président américain de
souligner l'intérêt concret des Etats-Unis pour le Nigeria. "
Il
est de
l'intérêt des Etats-Unis que le Nigeria réussisse et il est donc de notre
intérêt de
l'aider. Le Nigeria est un point-pivot autour duquel tourne l'avenir de toute
l'Afrique et
d'une grande partie du monde et je suis heureux que ce pays soit aujourd'hui
dans les
mains d'un tel dirigeant
"
85(
*
)
.
Le Président Clinton a confirmé la demande faite au Congrès de tripler ou
quadrupler
l'aide au Nigeria, et son appui à une demande de rééchelonnement de la dette
nigériane, dès lors que, pays producteur pétrolier, le Nigeria ne peut espérer
bénéficier d'une annulation pure et simple. La question de l'argent transféré
illégalement et le trafic de narcotiques, qui figurent parmi les priorités
respectives
des deux Etats, ont également été évoqués.
Le Président Obasanjo s'est par ailleurs entretenu (28 octobre 1999) avec le
secrétaire
d'Etat à la Défense William Cohen, et a obtenu un accord de principe à une aide
américaine pour réorganiser l'armée nigériane
86(
*
)
. On
rappellera que, dès mai 1999, William Cohen, en visite à Abuja, avait annoncé un
doublement de l'aide américaine à l'ECOMOG.
III.-
Le retour des Britanniques
87(
*
)
Sous leur présidence de l'Union européenne de janvier à juin 1998, les
britanniques ont
été prompts -au nom de l'UE- à répondre aux ouvertures du général
Abubakar :
déclarations saluant les premières mesures du nouveau Gouvernement, visite à
Abuja du
secrétaire d'Etat pour l'Afrique Tony Lloyd (26 juin 1998). Ils se sont
toutefois montré
un peu " tièdes " dans leur appréciation du bon déroulement
des
dernières élections, ce qui n'a guère été apprécié des nouvelles autorités
nigérianes, mais a rehaussé le cours des actions françaises....
La volonté britannique de renouer le dialogue à haut niveau est toutefois
évidente : visite de Robin Cook à Abuja le 8 mars 1999, présence du Prince
de
Galles aux cérémonies d'investiture du 8 mai 1999.
Les Britanniques ont également répondu avec empressement à la demande nigériane
formulée le 28 octobre 1999 d'aide à l'équipement et à la formation des forces
de
police, et donné un accord de principe immédiat. Parallèlement, plusieurs
missions
officielles d'experts militaires se sont déjà succédé sur place, et un exercice
militaire conjoint devrait avoir lieu en 2000. Par ailleurs, la Grande-Bretagne
étudie la
mise en place de différents programmes dans les secteurs de l'éducation et de
la santé,
de la lutte contre la pauvreté et de l'éducation à la bonne gouvernance.
S'ils ont perdu du terrain sur le plan économique, les Britanniques demeurent
très
présents sur le plan militaire, et bénéficient surtout d'une implantation
historique à
travers un réseau, à la fois dense et réparti sur la totalité du territoire,
d'associations privées, d'ONG et de représentants de différentes églises. On
estime à
près de 10.000 le nombre de coopérants actuellement présents sur le terrain.
Le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Peter Hain, se rend au
Nigeria du 9 au 12 janvier 2000, pour rencontrer le Président Obasanjo et se
rendre dans
la région du delta, où il devrait annoncer une initiative britannique en faveur
de
l'environnement. Avant son déplacement, il avait notamment d'ores et déjà
indiqué : "
Je voudrais encourager le Président Obasanjo à
poursuivre
l'action menée autour de son audacieux programme de réforme. Le Nigeria s'est
réinventé après une longue période de dictature brutale, et nous le
soutiendrons dans
cette voie
"
88(
*
)
.
Dès son arrivée, il a annoncé la tenue d'un forum annuel au niveau ministériel
entre
les deux pays, qui aborderait notamment les questions relatives à la politique
étrangère, à la prévention des conflits, à la défense, au commerce, à
l'industrie
et à la santé. La hiérarchie des questions ainsi citées par le ministre
britannique
mérite sans doute d'être soulignée.
"
Pour le Nigeria, c'est une époque de réalisation ou de rupture.
La
Grande-Bretagne est prête à fournir au Nigeria une assistance technique et
concrète
pour l'aider à atteindre ses objectifs
.
"
Je voudrais encourager le Président Obasanjo à poursuivre
l'action menée
autour de son audacieux programme de réformes. Le Nigeria s'est réinventé après
une
longue période de dictature brutale, et nous le soutiendrons dans cette
voie
"
89(
*
)
.
IV.-
L'arrivée des asiatiques
Le Nigeria attire aujourd'hui de façon croissante l'intérêt des asiatiques, en
particulier de la Chine, passée devant la France en 1999 au rang de quatrième
exportateur vers le Nigeria.
a.-
Intérêts commerciaux du Japon
Une délégation japonaise très polyvalente de 30 personnes s'est rendue au
Nigeria du 9
au 11 octobre dernier. Elle comprenait notamment des représentants du
Gouvernement, de la
Banque Japonaise pour la Coopération Internationale, ainsi que des industriels
et experts
spécialisés dans le commerce, l'industrie, la transformation des métaux, les
produits
manufacturés et le bâtiment.
b.-
Montée en puissance de la Chine
La dégradation des relations du Nigeria avec le monde occidental sous le régime
Abakar a
laissé le terrain libre à un renforcement marqué des relations avec la Chine.
En mai
1997, le Premier ministre Li-Peng est venu personnellement signer une série
d'accords de
coopération économique. Ces relations se sont poursuivies depuis de façon
constante.
Le Président Obasanjo s'est rendu en Chine dès le 11 avril 1999, à l'invitation
du
Président Jiang Zemin, en prélude à son investiture du 29 mai. Le ministre
chinois des
Affaires étrangères, Tang Jiaxuan, s'est rendu au Nigeria du 10 au 13 janvier
2000. A
son tour, il a annoncé la mise en place d'une commission mixte économique et
commerciale, complétée par un dialogue au niveau ministériel sur les questions
politiques.
En 5 ans, la Chine est passée du 14
ème
rang (1993) au
5
ème
rang
(1998) des fournisseurs du Nigeria, et ses exportations ont triplé, passant, au
cours de
la même période, de 120 millions de dollars à 390 millions de dollars. En 1998,
elle se
situe désormais au 5
ème
rang des exportateurs, derrière les
Etats-Unis (820
millions de dollars), le Royaume-Uni (777 millions de dollars), l'Allemagne
(649 millions
de dollars) et la France (567 millions de dollars).
Cette progression soutenue a surtout été tirée par un important projet de
réhabilitation des chemins de fer nigérians, actuellement en voie
d'achèvement
90(
*
)
. La Chine est également
présente dans les secteurs du BTP
(notamment dragage de la zone franche du port de Calabar), et de l'électricité.
On
trouve également une importante présence chinoise dans le textile et la petite
industrie
de transformation, la restauration et le petit commerce
91(
*
)
.
Les dix premiers fournisseurs du Nigeria |
||
1993 |
1998 |
|
Etats-Unis |
12,9 % |
12,7 % |
Royaume-Uni |
13,8 % |
12,0 % |
Allemagne |
10,0 % |
10,1 % |
France |
8,1 % |
8,4 % |
Chine |
1,8 % |
6,1 % |
Italie |
5,3 % |
5,3 % |
Brésil |
3,5 % |
5,2 % |
Pays-Bas |
5,5 % |
4,8 % |
Thaïlande |
1,1 % |
3,6 % |
Japon |
7,2 % |
3,6 % |
Source : PPE Lagos à partir données FMI |
B.- LE NIGERIA ET LA FRANCE
I.-
Un
intérêt bien compris
a.-
Un partenaire essentiel de la nouvelle politique africaine
La redéfinition de la politique africaine de la France s'est notamment traduite
par une
extension du " champ " traditionnel, essentiellement issu
des
territoires anciennement colonisés, aux pays lusophones et anglophones. Plus
largement
d'ailleurs, la politique d'aide au développement française n'est plus désormais
concentrée sur le seul sous-continent africain.
Dans ce cadre, il est clair que le Nigeria, poids lourd démographique et
économique,
situé à un carrefour stratégique du sous-continent, apparaît comme un partenaire
désormais incontournable, dont le rôle va bien au-delà de ses seules
" qualités " de cinquième fournisseur de pétrole.
En particulier, le désengagement officiel de la France, sur le plan militaire,
d'une
région qui apparaît désormais comme "
un vaste champ d'observation
des
nombreuses formes de la violence politique
contemporaines
"
92(
*
)
, confère
désormais au Nigeria un rôle de premier plan en
matière de sécurité régionale
93(
*
)
.
Principaux
extraits de la conférence de presse
du Président Jacques Chirac à Abuja, le 23 juillet 1999
" C'est
la première fois qu'un Président français en exercice rend visite au
Nigeria ".
" Il s'agit d'un geste fondateur d'une relation nouvelle, et qui est
pour nous
très importante ".
" La santé politique et économique du Nigeria conditionne pour une
large part
la santé publique et économique d'une partie très importante de
l'Afrique ".
" L'élargissement du champ de coopération de la France concerne au
premier
chef le Nigeria ".
" Le Nigeria qui est aujourd'hui, sous l'autorité du Président
Obasanjo,
engagé dans un grand effort de modernisation de son administration, de gestion
de ses
affaires publiques, dans un grand effort de redressement économique et
financier, ... a
besoin d'être aidé sur cette voie pour qu'il puisse être, demain, une zone
essentielle
pour cette région du monde, de paix et de développement ".
Si vous me demandez mon avis personnel, je dirai que je souhaite que, dans le
cadre de
cette réforme du Conseil de Sécurité de l'ONU, le Nigeria soit présent comme
membre
permanent du Conseil de Sécurité ".
b.-
Des intérêts économiques conséquents : le cinquième fournisseur
énergétique, un stock d'investissements de 12 milliards de francs
Peu conséquente au début du siècle, à l'exception de l'implantation de la BNP,
présente depuis 1949, et des deux comptoirs de la CFAO et de la SCOA installés
dès le
début du siècle, la présence économique de la France devient relativement
importante
au moment de l'Indépendance.
L'installation de Total dès 1956 puis de Elf en 1962, avant le début du
boom
pétrolier, suscite l'arrivée de Dumez dès 1958, de Air Liquide et Brossette en
1960, de
la BIAO en 1961 et de Michelin en 1962.
Si les deux grands comptoirs de négoce -la CFAO et la SCOA- sont déjà implantés
respectivement depuis 1902 et 1926, ils ne sont enregistrés officiellement
qu'en 1969,
avec la première grande vague d'implantations qui intervient avec la fin de la
guerre du
Biafra et le début du
boom
pétrolier.
Une seconde vague d'implantations intervient à la fin des années 1970, dans le
cadre
d'un programme nigérian intensif d'aménagement des infrastructures financé sur
recettes
pétrolières.
En 1983, avant le choc pétrolier, on recensait une centaine de groupes français,
représentés par 180 filiales, et une communauté française de 11.500
personnes.
Historique de l'implantation des entreprises françaises |
|
CFAO |
1902 |
SCOA |
1926 |
BNP |
1949 |
Total |
1956 |
Dumez |
1958 |
Air Liquide |
1960 |
Brossette |
1960 |
BIAO |
1961 |
Elf |
1962 |
Michelin |
1962 |
Peugeot |
1972 |
Fougerolle |
1973 |
SGE |
1975 |
Bouygues |
1975 |
SAE |
1977 |
SPIE-Batignolles |
1977 |
Degremont |
1978 |
BEC Frères |
1978 |
Compagnie Générale de Géophysique |
1978 |
SOCEA |
1979 |
Alsthom |
1979 |
Trindel |
1979 |
Dragages et Travaux Publics |
1980 |
Par la suite, le
choc pétrolier de 1986, la récession profonde qui intervient à partir de 1993,
le
durcissement du régime Abacha à compter de 1995, mais aussi le jeu des fusions
et
absorptions, a réduit fortement le nombre des entreprises françaises présentes
sur
place, aujourd'hui de l'ordre d'une centaine, mais de gros calibre.
Il est clair en effet que malgré une certaine altération de leurs marges et le
net
durcissement des conditions de sécurité, notamment dans le delta, pratiquement
tous les
grands groupes ont préféré rester sur place, considérant, malgré les
difficultés,
que "
le solde insécurité juridique/marges réalisées reste très
positif
",
ainsi que l'a déclaré l'un de leurs représentants à la délégation sénatoriale
lors
d'une réunion tenue sur les problèmes de sécurité dans le delta
94(
*
)
.
Au total, nos relations économiques et commerciales sont clairement
substantielles.
De fait, on peut évaluer à 12 milliards de francs le stock d'investissements
français
au Nigeria. Après le fort désengagement de 1993, le solde net des flux est en
constante
progression pour atteindre 600 millions de francs par an en 1998.
En termes d'échanges commerciaux, le montant des exportations (CAF-FAB, hors
matériel
militaire) s'est élevé en 1998 à 3,35 milliards de francs pour un montant
d'importations de 4,37 milliards de francs. La France est aujourd'hui le
cinquième
fournisseur du Nigeria
, sur un marché de 120 millions d'habitants.
Les implantations françaises actuelles restent diversifiées, puisque, outre le
secteur
énergétique, elles s'articulent autour de cinq pôles principaux :
Pétrole et gaz :
- Elf : 5
ème
partenaire de la NNPC pour
l'exploitation/production.
- Total : premier distributeur du pays de produits pétroliers - fortement
avancé
dans l'offshore et dans le secteur du gaz naturel.
- Sociétés de services et d'ingénierie pétrolière et gazière
95(
*
)
.
Nigeria,
6
ème
fournisseur mondial de brut de la France (1997)
Tonnage total |
% |
|
Arabie Saoudite |
18.894 |
20,4 |
Norvège |
16.800 |
19,6 |
Royaume-uni |
13.698 |
16,0 |
Russie |
7.741 |
9,0 |
Iran |
6.456 |
7,5 |
Nigeria |
4.257 |
5,0 |
Algérie |
4.111 |
4,8 |
Iraq |
3.794 |
4,4 |
Syrie |
3.097 |
3,6 |
Libye |
2.456 |
2,9 |
Autres |
4.572 |
5,2 |
Total |
85.876 |
100,0 |
Source : PPE Lagos
1 er fournisseur africain
Nigeria |
43,2 % |
Algérie |
20,4 % |
Libye |
15,4 % |
Gabon |
8,2 % |
Angola |
5,8 % |
Cameroun |
2,7 % |
Tunisie |
2,1 % |
Guinée équatoriale |
1,2 % |
Congo-Brazzaville |
0,8 % |
Source :
PPE Lagos
Automobile et associé :
- Peugeot, avec l'usine d'assemblage de Kaduna -qui montait 50.000 véhicules
dans les
années quatre-vingt, aujourd'hui sous-utilisée, mais qui reprend du
" service " avec le lancement des
" Boxers "
96(
*
)
.
- Michelin, qui développe aujourd'hui les plantations d'hévéas devenus plus
" intéressantes " qu'en Asie du Sud-Est, à la fois en amont
de la
fabrication locale de pneumatiques et pour l'exportation de gomme.
BTP :
- Face à une forte concurrence allemande, libanaise, israélienne et italienne,
la
présence française reste importante : Bouygues, Fougerolle, Dumez, Lafarge,
SPIE-Batignolles, SGE, Degrémont et BEC Frères.
Services :
- Secteur bancaire : Banque Belgolaise-Groupe Suez, Crédit Lyonnais,
Paribas, Banque
SBA.
- Transports : Bolloré, Air-France.
- Contrôle technique : Véritas.
- Eau : Lyse (Lyonnaise des Eaux).
Chimie-Pharmacie :
- Atochem, Rhône-Poulenc (May & Baker), Société Commerciale des Potasses et
de
l'Azote, Air Liquide.
Distribution :
- CFAO, SCOA, Brossette.
Par ailleurs, dans le contexte du processus de privatisation et de la
normalisation
espérée de l'environnement des affaires, un certain nombre de nouveaux créneaux
sectoriels apparaissent désormais, particulièrement porteurs : électricité,
électronique et télécommunications, pharmacie, assurances, notamment, mais aussi
sécurité aéroportuaire et secteur de l'alimentation.
A cet égard, la venue d'une délégation élargie du MEDEF prévue au premier
trimestre
2000, mais aussi l'envoi -non encore programmé- de missions de prospection de
l'Agence
Française de Développement
97(
*
)
, paraissent
judicieux.
Il reste que tant que la normalisation des relations financières du Nigeria (et
notamment
l'apurement de la dette)
98(
*
)
ne sera pas
" à
tout le moins amorcée ", l'Etat français (concrètement la Direction du
Trésor) refuse d'accorder la garantie COFACE ou la procédure FASED
99(
*
)
-à l'exception des projets d'équipement pétrolier,
garantis
par des recettes pétrolières
offshore
100(
*
)
.
Situation des échanges France-Nigeria en 1998 |
||
Millions de francs |
Pourcentage du total |
|
Principales exportations françaises |
||
- spécialités pharmaceutiques |
412 |
12,3 % |
- pièces et équipements spécifiques pour automobiles |
373 |
11,1 % |
- produits pétroliers raffinés |
276 |
8,2 % |
- voitures particulières |
253 |
7,6 % |
- produits de la robinetterie |
138 |
4,1 % |
- matériel aéronautique, thermique et frigorifique |
116 |
3,5 % |
- sucre |
114 |
3,4 % |
- tubes d'acier |
99 |
3,0 % |
- matériel informatique |
96 |
2,9 % |
Principales importations françaises |
||
- pétrole brut |
4080 |
93,4 % |
- produits de la pêche en mer |
75 |
1,7 % |
- fruits tropicaux, café, cacao |
66 |
1,5 % |
II.-
Une
concrétisation encore symbolique : 17 millions de francs en
1999...
A la veille de la visite d'Etat du Président Obasanjo en France, prévue les 6
et 7
février prochains, la concrétisation, notamment institutionnelle, du
renforcement des
liens de la France avec le Nigeria demeure encore au niveau des déclarations de
principe.
a.-
La présence institutionnelle : réduite au minimum vital
Ainsi, le dynamisme et la pugnacité incontestables de son Excellence Monsieur
Philippe
Peltier, Ambassadeur de France au Nigeria depuis novembre 1996, ne peuvent sans
doute à
elles seules compenser le caractère très ramassé
101(
*
)
de l'équipe à sa disposition sur place
102(
*
)
. En
particulier le service de coopération culturelle, technique et d'enseignement du
français est apparu à la délégation sénatoriale quelque peu démuni de moyens
-humains comme financiers.
Il pourrait donc être bienvenu de
renforcer en priorité le service de
coopération
culturelle et technique, y compris au niveau des assistants techniques présents
sur le
terrain
.
Mais il apparaît également souhaitable, conformément à une pratique courante
dans les
pays de l'ancien champ et qui a largement fait ses preuves, de
placer des
Français
-conseillers ou assistants techniques- à la disposition de certains ministres
et d'un
certain nombre d'organismes clés de l'administration centrale
: banque
centrale,
ministère des finances (notamment douanes et recettes fiscales), ministères de
la
justice et de l'intérieur, pétrole, commission nationale de planification,
présidence,
notamment.
L'ampleur des enjeux et du potentiel encore en cours d'évaluation pourrait
également
justifier que le poste d'expansion économique soit
" complété "
dans l'action qu'il mène avec une parfaite compétence et efficacité par -sinon
l'installation rapide d'une " antenne ", voire d'une
agence- de
l'Agence
Française de Développement
-au moins l'envoi, dans les meilleurs délais, de
missions de travail exploratoires de l'AFD, ainsi que la réactivation du
dispositif
PROPARCO
103(
*
)
.
b.-
Les perspectives de la " francophonie "
nigériane : une
souhaitable intensification des moyens et diversification des instruments
Dans le contexte actuel d'évolution sensible de la politique africaine de la
France,
faite d'une diversification qui n'exclut pas la consolidation des acquis, le
Nigeria
constitue, à l'évidence, un partenaire de tout premier ordre.
De " tradition " anglophone, ce pays, le plus important du
continent
par sa dimension et sa démographie, enclavé au sein d'un environnement régional
purement francophone, a officiellement fait état de sa volonté de
" francophonisation ". La France se doit d'y répondre de la
meilleure
façon.
Or, près de trois ans après la " main tendue " par le
général
Abacha, les réalisations dans ce domaine paraissent bien insuffisantes, sinon
médiocres,
au regard des besoins et de l'enjeu ainsi
exprimés, dans un contexte de
concurrence qui se renforce nettement.
Le général Abacha ayant décidé, en décembre 1996, de rendre le
" français
deuxième langue officielle ", l'essentiel des crédits de coopération
affectés au Nigeria (15 millions de francs en 1998, 16,7 millions de francs en
1999), ont
été concentrés sur la seule coopération linguistique, afin de
" cibler " au mieux un objectif éminemment ambitieux. La
priorité a
donc été donnée, dans l'immédiat, à l'introduction du français comme langue
obligatoire dans le secondaire. Il n'y a pas eu d'augmentation nette des
moyens.
Certes, la France dispose d'ores et déjà sur le terrain d'un réseau non
négligeable : huit alliances françaises, deux organismes de formation des
professeurs déjà anciens et réputés, le Centre français de documentation de Jos
et le
Village français de Badagry, le Centre culturel de Lagos, le Centre de
recherches sur
l'Afrique d'Ibadan (IFRA), enfin un ensemble d'accords de coopération
linguistique
signés avec la moitié des Etats de la Fédération.
Toutefois dans le contexte actuel, il serait certainement utile de conforter
encore et de
revitaliser ce réseau, qui existe effectivement depuis longtemps, et de
procéder à une
modernisation des accords ainsi passés, dont certains ont une ancienneté
supérieure à
dix ans...
L'objectif désormais fixé est la formation d'environ 10.000 maîtres de
l'enseignement
secondaire
104(
*
)
en cinq ans et la mise à leur
disposition d'un matériel pédagogique -notamment audiovisuel- efficace. Une
première
voie a été explorée pour utiliser les " formateurs "
béninois
voisins. Elle n'a pas, semble-t-il, réalisé tous les espoirs fondés sur elle,
notamment
pour des questions de rémunération
105(
*
)
. La
délégation sénatoriale a eu le sentiment que cette
" solution "
était quelque peu en panne, sans toutefois avoir été réellement utilisée au
maximum
de ses potentialités.
L'ambassade du Nigeria envoie également des stagiaires nigérians dans les
centres de
formation à l'enseignement du français au Bénin (CEBELAE de Cotonou), au Togo
(Village
du Bénin de Lomé) et en Côte-d'Ivoire (CUEF d'Abidjan). Mais cette solution est
limitée par les problèmes d'hébergement. Là encore, l'instrument utilisé reste
ponctuel, malgré pourtant un réel intérêt régional qui mérite certainement
d'être
davantage exploré.
L'appréciation, nécessairement rapide, de la délégation sur ce sujet la conduit
aux
remarques suivantes :
L'effort fait sur l'enseignement doit d'abord, pour mieux
" s'enraciner ", s'appuyer sur le
développement de notre
coopération culturelle, notamment audiovisuelle
. Or celle-ci semble pâtir
-en termes
de moyens humains et financiers- de l'accent mis sur la seule coopération
linguistique.
La délégation sénatoriale a été relativement frappée par ce
" décalage " regrettable. Elle estime par ailleurs que
d'autres
instruments mériteraient sans doute d'être davantage mis à profit.
Ainsi, au-delà du seul financement de " projets ", l'appui
français
pourrait se manifester par le biais de
missions d'expertise du ministère de
l'Education nationale
, lesquelles ont largement fait la preuve de leur
efficacité
immédiate auprès d'autres partenaires étrangers. De même, pourrait être
utilement
développé le recours aux
co-tutelles universitaires
106(
*
)
.
Enfin, il apparaît éminemment souhaitable de mettre en place, dans les meilleurs
délais, un système performant de
fichiers des boursiers
, assorti d'un
suivi
permanent
107(
*
)
.
Par ailleurs, l'importance des intérêts économiques, le maintien sur place
-" envers et contre tout " mais au prix d'une expatriation
limitée au
strict minimum- de représentants de grosses sociétés françaises, doit se
traduire par
une analyse approfondie en amont des
débouchés
et de la
demande
potentielle
locale de nos entreprises
. De même, une attention particulière doit être
apportée
à la
formation professionnelle
aux techniques françaises (fût-ce au prix
parfois
d'un enseignement initial en anglais...).
Enfin, une
utilisation plus large du " multilatéral "
francophone
108(
*
)
serait certainement
bénéfique. Outre un intérêt
politique évident, elle permettrait de disposer d'un levier financier
conséquent, très
supérieur aux seuls moyens strictement bilatéraux
109(
*
)
.
Ainsi, pourraient être étudiées une intégration à l'AIMF (
Association
internationale des maires francophones
), mais aussi une association
progressive du
Nigeria aux instances de l'APF (
Assemblée parlementaire de la
francophonie
),
d'abord à titre d'observateur, puis comme membre à part entière.
Il pourrait également être intéressant de mobiliser davantage les conséquentes
ressources de l'
Agence universitaire de la francophonie
, et enfin de
réfléchir au
montage -sur place- de manifestations " francophones " en
liaison avec
les importantes communautés libanaise et maghrébine.
L'ensemble de ces questions a vraisemblablement été abordé au cours des
Assises du
français à Abuja
, qui devaient en principe se tenir en novembre. Votre
délégation
n'a pas eu d'informations particulières à ce sujet
110(
*
)
.
c.-
L'entrée du Nigeria dans la "
Zone de solidarité
prioritaire "
? : 2,5 millions de francs en 1999
pour la
coopération scientifique et technique
Il convient certes de se féliciter de l'entrée officielle du Nigeria dans la
"
Zone de solidarité prioritaire
" (ZSP) française,
qui
permet notamment l'accès aux ressources du Fonds de Solidarité Prioritaire
(ex-FAC),
ainsi qu'aux instruments traditionnels de la coopération française jusqu'il y a
peu
réservés aux anciens pays du " champ ". Toutefois, la
traduction
concrète de cette décision ne s'est pas encore manifestée.
Par comparaison
avec ses
voisins francophones
111(
*
)
, et surtout calculée
par
habitant, l'aide apportée au Nigeria en 1999 conserve un niveau qui pourrait
rapidement
être qualifié de dérisoire
.
L'effort
français d'aide :
|
|||||||
1.- Aide civile |
|||||||
Population
1
|
APD bilatérale totale 2 |
Aide projet FAC 3 |
Assistants techniques 4 |
||||
Nigeria |
124,8 |
23 MF |
-- |
2 |
|||
Cameroun |
13,9 |
167 MF |
56 MF |
186 |
|||
Niger |
9,8 |
552 MF |
23,5 MF |
93 |
|||
Tchad |
7,1 |
281 MF |
27,0 MF |
101 |
|||
Bénin |
5,6 |
155 MF |
25,0 MF |
53 |
|||
Togo |
4,3 |
190 MF |
22,7 MF |
33 |
|||
1 1997 |
|||||||
2 1997 |
|||||||
3 1998 - hors projets " intérêt général " et " intérêts ", qui représentent un total de 502 MF |
|||||||
4 1999 |
|||||||
2.- Aide militaire |
|||||||
Formation de stagiaires 1 |
Coopérants militaires sur place 2 |
Aide en
matériel
3
|
|||||
Nigeria |
-- |
-- |
-- |
||||
Cameroun |
27 |
39 |
12,6 |
||||
Niger 4 |
(2) |
(39) |
-- |
||||
Tchad |
17 |
35 |
12 |
||||
Bénin |
29 |
19 |
5 |
||||
Togo |
37 |
22 |
5 |
||||
1 dans les écoles nationales à vocation régionale - chiffres 1999 |
|||||||
2 au 31 décembre 1999 |
|||||||
3 budget 2000 |
|||||||
4 contexte de suspension de la coopération française |
En l'état
actuel des informations fournies à la délégation sénatoriale dans le cadre de la
préparation de sa mission, tous les secteurs étaient considérés comme
prioritaires :
" L'intégration du Nigeria à la Zone de Solidarité Prioritaire
(ZSP)
devrait permettre la relance de notre coopération scientifique et technique
autour des
priorités suivantes :
a.-
Développement social et coopération éducative
:
- santé,
- réforme hospitalière, formation de médecins, de chirurgiens et de personnel
médical,
- lutte contre les maladies endémiques (malaria, SIDA, méningite et autres
maladies
tropicales),
- recherche en pharmacopée tropicale,
- SAMU (une mission des SAMU de Brest et de Paris a déjà eu lieu cette année),
- développement rural et communautaire,
- formation vétérinaire,
- promotion des formations supérieures, bourses d'excellence.
b.-
Développement économique et environnement
:
- eau et assainissement, gestion des bassins, irrigation,
- technologie agro-alimentaire,
- environnement et cadre de vie, transports,
- aviation civile, météorologie, en coordination avec l'ensemble des pays de la
région,
c.-
Coopération institutionnelle
:
- secteur économique : appui à la gestion, sciences économiques,
- formation en administration publique et en sciences politiques (avec l'IIAP
et l'ENA),
- coopération police, lutte contre les grands trafics et la criminalité,
- coopération décentralisée, gestion municipale ".
Concrètement, la concentration de l'enveloppe actuelle du poste (soit 16,7 MF)
sur
l'enseignement du français a réduit la totalité des moyens disponibles pour
cette
" relance " de la
coopération scientifique et technique
à 2,5
millions de francs
, ce qui correspond à une
baisse des crédits de 60 %
entre 1995
et 1999
. En outre, il n'y a actuellement
aucun assistant technique
français
présent sur le terrain
.
Il reste donc à l'évidence à mettre en oeuvre concrètement ces orientations,
incontestables sur le plan des principes, peut-être en les hiérarchisant dans
un premier
temps, pour définir rapidement des projets susceptibles d'être
adoptés
112(
*
)
dès l'exercice 2000, dans le
cadre du nouveau Fonds de
Solidarité Prioritaire, qui devrait bénéficier, pour cet exercice, de 1.250
millions de
francs en autorisations de programme et 922 millions de francs en crédits de
paiement.
Deux secteurs à forte visibilité -et à retombées non négligeables pour les
entreprises françaises- pourraient effectivement être privilégiés dans
l'immédiat et
bénéficier d'une concentration des moyens disponibles : la gestion de
l'eau
113(
*
)
et la
santé
114(
*
)
.
De même, en bonne complémentarité avec l'objectif de développement de
l'enseignement
du français, il apparaîtrait judicieux de pouvoir accélérer les projets de
coopération -déjà largement mis au point par les services français
115(
*
)
dans le
secteur audiovisuel
. La dérégulation
en cours
depuis 1992 constitue en effet une occasion irremplaçable pour des opérateurs
comme CFI
et RFI de se renforcer sur un marché jusqu'ici dominé, pour des raisons
historiques, par
les anglophones
116(
*
)
.
d.-
La coopération militaire et sécuritaire : répondre à un besoin
nigérian
La délégation sénatoriale a eu le sentiment, d'une part, que
" beaucoup
était à faire " en matière de
coopération militaire
au sens
strict,
mais également dans le cadre de la sécurité civile, notamment par le biais
d'une
" civilisation "
des forces armées
, et, d'autre part, que, à cet égard, et malgré la réelle
importance de la concurrence anglo-saxonne
117(
*
)
, la
France pouvait prétendre occuper un terrain non négligeable.
Il semble particulièrement opportun de renforcer encore les mesures déjà
envisagées en
matière d'
accueil de stagiaires
de l'Ecole de guerre nigériane (dans les
écoles
d'application, au CIP, à l'IHEDN...) -avec
visites intensives des matériels
français
-,
de renforcement de
l'
enseignement du français dans les écoles
militaires
nigérianes
, de participation concrète à la
restructuration des forces
armées
nigérianes, et de revitalisation des anciens
contrats
d'armement
118(
*
)
, parallèlement à
l'exploration de nouvelles possibilités
119(
*
)
.
Interrogé à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 2000 sur
les moyens
nouveaux donnés à l'aide en matériel militaire
120(
*
)
,
le Gouvernement a précisé qu'il s'agissait de "
prendre en compte
l'élargissement de la ZSP
" et que ces moyens étaient censés
profiter
"
en priorité au développement des écoles nationales à vocation
régionale, à la mise à niveau des forces de sécurité intérieure, à la
réorganisation des forces armées, à l'équipement des unités appelées à
participer
à des opérations de maintien de la paix et à la création de systèmes
centralisés de
répartition de matériel
". Ces indications pourront certainement
trouver
au Nigeria un terrain d'application idéal.
De même, une intégration effective et complète du Nigeria au dispositif
franco-anglo-saxon RECAMP
121(
*
)
(
Renforcement des
Capacités Africaines de Maintien de la Paix
) paraît éminemment souhaitable,
compte
tenu du poids politique, démographique et géographique de ce pays
122(
*
)
, et à l'heure où la France se désengage clairement de
l'intervention militaire directe.
Le volet de la
coopération " sécuritaire "
mérite
certainement d'être renforcé.
D'une part, l'installation d'une
antenne locale du SCTIP
à Lagos/Abuja
paraît
opportune, à la fois pour donner un signal positif à la communauté économique
française présente sur place, mais aussi pour assurer l'efficacité des
politiques
menées dans les pays francophones voisins en matière de suppression des trafics
en tout
genre, pour lesquels le Nigeria apparaît comme une évidente plaque
tournante
123(
*
)
.
D'autre part, l'avenir de la
police nigériane
constitue, à l'évidence,
pour le
nouveau Gouvernement démocratiquement élu, une urgence et un enjeu
considérable. La
sécurité dans la région du delta
124(
*
)
,
d'abord, mais
aussi dans la région du nord, où les conflits religieux semblent vouloir se
multiplier,
constituent désormais un véritable " test " pour le nouveau
Gouvernement.
Sérieusement mis à mal par les régimes militaires précédents, la police
nigériane a
besoin d'une profonde remise en ordre à la fois matérielle et morale. Les
demandes
exprimées par le Gouvernement nigérian à la partie française -surtout depuis
certaines
déclarations malheureuses des américains- sont multiformes : formation,
matériel,
équipement, munitions, télécommunications, transports. Dans ce cadre, il est
clair que
la compétence et l'offre françaises devraient pouvoir, utilement, trouver à
s'exprimer.
En conclusion, il paraît important que soit rapidement négocié un accord de
coopération en bonne et due forme, et que ne demeure pas trop longtemps au
niveau des
seules déclarations de principe la mise en place des institutions décidée par
les deux
présidents français et nigérian le 23 juillet 1999 :
- trois commissions mixtes spécialisées : une commission de politique
étrangère,
une commission économique et financière, une commission de coopération
regroupant les
secteurs culturels, technique et scientifique ;
- un forum consultatif de dialogue permanent, présidé, côté français, par une
haute
personnalité et, côté nigérian, par M. Ernst Shonekan
125(
*
)
,
reprenant notamment l'impulsion créée par l'exercice "
vision
2010
"
126(
*
)
qu'avait mené
celui-ci en 1997-1998. Il devrait réunir des
personnalités d'horizons divers : politique, parlementaire,
administration, secteur
privé ;
- une grande commission mixte co-présidée par le Premier ministre français et le
Vice-président nigérian, se réunissant une fois par an pour analyser les
rapports des
trois commissions mixtes spécialisées et du forum consultatif de dialogue
permanent.
On rappellera en effet que les Britanniques, d'une part, les Chinois, de
l'autre,
viennent eux-mêmes d'annoncer la mise en place d'organismes de même nature, et
que les
anglo-saxons, déjà très présents sur le terrain, multiplient les actions
concrètes
dans les domaines stratégiques de la communication et de la coopération
militaire,
sécuritaire et institutionnelle
.
Il serait regrettable que l'élan donné par la visite du Président français en
juillet 1999, répondant ainsi à la " main tendue " par le
général
Abacha puis par le Président Obasanjo, fasse long feu...
La France doit rapidement se donner, au Nigeria, les moyens de sa
politique.
ANNEXE 1
__________
COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE
__________
La mission du
Sénat français avait notamment pour objet la constitution d'un groupe d'amitié
homologue au sein du Sénat nigérian.
Les différentes rencontres effectuées, closes par un dîner officiel donné par le
Président du Sénat nigérian, se sont traduites par la constitution officielle
de ce
groupe d'amitié. Elles ont également été l'occasion, de la part de la délégation
française, de préciser les différentes modalités de coopération
interparlementaire
proposées à la partie nigériane : invitation en France d'une délégation de
sénateurs nigérians, envoi de missions de fonctionnaires du Sénat français au
Nigeria,
accueil pour des stages à " géométrie variable " de hauts
fonctionnaires du Sénat nigérian.
Le Secrétariat général du Sénat nigérian, en liaison avec l'Ambassade de France
au
Nigeria, étudie actuellement ces propositions.
Monsieur Jacques Legendre a également transmis officiellement au Président du
Sénat
nigérian l'invitation du Président Christian Poncelet à assister, le 14 mars
2000, à
la Rencontre des Sénats du Monde, organisée par le Sénat français.
Composition du Groupe d'Amitié Sénatorial nigérian
Président
:
M. Haruma Zego Aziz
Membres
: M. Alex Kadiri, Président de la Commission de
l'Education,
M. Danladi Bamaiyi, Président de la Commission des Affaires économiques,
M. Idris Abubakar, Président de la Commission de la Dette,
M. Mas'ud El Jibril, Président de la Commission de l'Agriculture,
M. Joseph-Kennedy Waku, Président de la Commission des Ressources hydrauliques,
M. Arthur Nzeribe, Président de la Commission de la Santé,
M. Chuba Okadigbo
127(
*
)
, Président de la
Commission des
Affaires étrangères
M. Otunba Durojaiye, Président de la Commission des Institutions,
M. Afolabi Olabimtan,
M. Udo Udoma
128(
*
)
,
M. Patrick Enebeli Osakwe.
ANNEXE 2
__________
LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE AU NIGERIA
__________
Immatriculés et dispensés ; |
1.400 (1.950 en 1994) |
(dont 89 % de détachés, 35 % de femmes, 18 % de binationaux) |
|
Non immatriculés |
500 |
Majorité de
célibataires, moyenne d'âge : 40 ans,
|
|
Durée moyenne de résidence : |
4 ans |
Principales communautés étrangères : |
|
- communauté libanaise : |
30.000 |
- communauté indienne : |
30.000 |
- communauté britannique : |
10.000 |
- communauté américaine : |
10.000 |
- communauté chinoise : |
4.000 |
Activité professionnelle : |
|
- 56 % d'actifs, essentiellement dans l'industrie pétrolière et le bâtiment |
|
- 26 agents de l'Etat français et 37 CSN |
|
- 28 enseignants |
|
- 1 religieux |
|
Ecoles françaises : Lagos, Port Harcourt 1 , Kano 129( * ) , Kaduna, Abuja |
|
ONG présentes sur le terrain (connues) : Secours Catholique, Caritas-France, Partenaires, Cratene-EAG (Centre international de la construction en terre - Ecole d'architecture de Grenoble), Reporters sans Frontières |
Établissements
sous conventions AEFE au Nigeria
(gestion parentale privée)
1.-
Lycée
français Louis Pasteur de Lagos
(maternelle à terminale)
- 550 élèves : 24 % de Français, 5 % de Nigérians, 71 % d'étrangers tiers
(45
langues parlées...)
- droits de scolarité annuels : de 9.560 frs à 18.360 frs, selon le niveau
d'enseignement et la nationalité des élèves
- aide en personnels : 20 enseignants (8 coopérants, 8 résidents, 4 CSN)
- charge annuelle pour l'AEFE : 5,2 MF
2.-
Ecole de Kano
- 117 élèves (maternelle à troisième) : 11 % de Français, 13 % de
Nigérians, 76
% d'étrangers tiers
- droits de scolarité annuels : de 8.500 frs à 15.040 frs
- aide en personnels : 3 instituteurs (dont 1 directeur expatrié chargé de
classe)
- charge annuelle pour l'AEFE : 840.000 frs
Il serait intéressant de pouvoir concrétiser le projet évoqué de
transformation en
école consulaire
.
3.-
Ecole Marcel Pagnol à Abuja
- 30 élèves inscrits pour la rentrée 1999 (perspectives de développement en
principe
importantes avec le déplacement progressif de la capitale à Abuja), 130 à la
rentrée
2000 selon l'ambassade
- actuellement installée, de façon précaire, dans les locaux de la base-vie
Bouygues
appelée à être supprimée dans les plus brefs délais
Il apparaît donc urgent de prendre une décision concernant la construction
d'un
édifice définitif
.
NB.- Deux établissements relevant d'entreprises françaises sont également
homologués AEFE :
- l'Ecole française Peugeot de Kadura (30 élèves)
- l'Ecole Elf-Michelin de Port Harcourt (120 élèves
ANNEXE 3
__________
REPRÉSENTANTS D'ENTREPRISES FRANÇAISES
RENCONTRÉS PAR LA DÉLÉGATION SÉNATORIALE
__________
Air-France
Air Liquide
Alcatel
BEC Frères
Brossette
Bouygues
Bouygues Offshore
Bureau Véritas
CBCLN
CFAO
CFAO Motors
Clemessy
Compagnie Générale de Géophysique
Dumez
Elf Nigeria
ETPM (filiale d'Entrepose-Lyonnaise)
Fougerolle
Michelin
Peugeot
SAIBOS
SCOA
SGE
SOFREMAS
SPIE-Batignolles
Total
TPM
1
Bernard W. Fagg.
2
Sur la base de la classification des langues africaines établie
par Joseph
Harold Greenberg, 395 langues distinctes ont été répertoriées.
3
Issu des migrations liées au dessèchement du Sahara, l'Empire du
Kanem
Bornou fut un des plus vastes de l'Afrique occidentale avec ceux du Mali et du
Songhaï.
Né au IX
ème
siècle, il perdurera jusqu'au XVIII
ème
siècle, sous
la dynastie des
maï
, une des plus longues du monde. Durement frappé par
les
expéditions militaires des Touaregs venus d'Agades, puis surtout par la
succession des
très sévères sécheresses et famines des années 1740, puis 1750 et enfin 1790,
il fut
facilement décimé par Usman dan Fodio. Aujourd'hui, l'Etat du Borno n'est plus
qu'une
région périphérique, peuplée en majorité de Kanouris, et relativement
marginalisée
au sein de la fédération nigériane.
4
En 1826, le capitaine Clapperton dénombrait en région yorouba 55
villes
dont plusieurs de plus de 20.000 habitants.
5
A
distinguer de l'actuel Etat du Bénin, ancienne république du Dahomey.
6
Période de production des célèbres sculptures en bronze.
7
La ville d'Ifé est le berceau du vaudou,
" exporté "
ensuite dans les Caraïbes par les esclaves.
8
Ainsi Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature en 1986, ou l'actuel Président
Obasanjo,
notamment.
9
Cette caractéristique se renforce aujourd'hui et constitue sans
doute un des
facteurs d'explication des difficultés dans le delta du Niger. Les chefs, avec
lesquels
les grandes compagnies pétrolières avaient pris l'habitude de traiter
directement, n'ont
guère d'autorité face aux " assemblées populaires " remises
en
vigueur par les jeunes aujourd'hui majoritaires et relativement formés.
10
Cf. notamment : - Cl. Meillassou :
Anthropologie de
l'esclavage
- PUF, 1986 ;
- Cath. Coquery :
L'Afrique Noire, permanences et ruptures
,
- Y. Lacoste : " Afriques blanches, Afriques noires "
-
Hérodote
,
Juillet-septembre 1992.
11
Y. Lacoste : " Géopolitiques internes en
Afrique "
-
Hérodote
- Juillet-septembre 1987.
12
OPC : Odua People's Congress : groupe nationaliste
yorouba créé
en 1995, qui milite pour une république autonome yorouba dans le Sud-Ouest du
pays.
13
Mungo Park, Clapperton, Barth, Baikie, les frères Lander.
14
La
Royal Niger Company
reçoit le monopole de la
colonisation
administrative et économique des territoires autour du Niger. Outre le pouvoir
de
négocier les traités, elle dispose de sa propre armée, la
West African
Frontier
Force
.
15
Henry Lugard tenait en haute estime l'aristocratie musulmane,
comme le
Général Liautey au Maroc, et n'avait que peu de considération pour les
chefferies
corrompues du Sud.
16
Cité par A.H.M. Greene :
The Principles of native
administration in
Nigeria
- 1965.
17
Union Ibidio, Union de l'Etat Ibo, Union Urhobo, Union
d'Asaba, Union des
Tivs pour le Progrès
...
18
Qui va jusqu'à imposer 19 joueurs dans les équipes de football...
19
Aucune prépondérance ne doit être accordée à des personnes
" originaires d'un petit nombre d'Etats ou d'ethnies ou d'autres
groupes
minoritaires dans le gouvernement ou dans l'un de ses organes ".
20
Cf.- Daniel Bach : " Nigeria, le fédéralisme dans
tous ses
états " -
Politique africaine
, n° 32, décembre 1988.
- Daniel Bach : " Unité nationale et société plurale au
Nigeria :
les mécanismes boomerang du fédéralisme " -
Afrique
contemporaine
, n°
152, 2
ème
trimestre 1989.
21
En 1990, la participation aux élections locales n'a pas dépassé
15 %.
22
M.A. de Montclos -
Le Nigeria
(page 164), Karthala-IFRA,
1994.
23
Le deuxième de l'ensemble du continent africain après l'Egypte.
24
Les observateurs font état d'une forte recrudescence des
sacrifices
humains, y compris dans les zones les plus urbanisées (notamment à Lagos).
25
Dirigée par Aminu Kano.
26
Dirigée par Ahmadu Bello, Sardauna de Sokoto,, Vice-Président du
Congrès
islamique mondial en 1963.
27
"
Zamfara est un Etat musulman. Les musulmans
veulent la
charia. Si quelqu'un tente de s'y opposer, ce sera le chaos
"
(déclaration
AFP du gouverneur de Zamfara).
28
La Lybie a ouvert en 1998 un consulat à Kano.
29
Le Président Obasanjo doit se rendre prochainement en Iran.
30
Cf. sur la progression de l'islam fondamentaliste, D.C.
O'Brien :
" La filière musulmane : confréries soufies et politique en
Afrique
Noire "
in Politique africaine
- novembre 1981.
Cf. également C. Coulon : " Les itinéraires politiques de
l'Islam au Nord
Nigeria "
in Religion et modernité politique en Afrique Noire
-
Karthala, 1993
31
IFRI :
RAMSES 2000
.
L'entrée dans le
XXI
ème
siècle
- Dunod, 1999.
32
L'Eglise catholique apparaît toutefois mieux structurée et plus
influente.
Avec 3.000 prêtres et 5.000 religieux et religieuses, elle gère près de 3.000
écoles
et 750 institutions médicales et sociales. La Conférence épiscopale nigériane
comporte
45 évêques. Le Pape Jean-Paul II s'est rendu au Nigeria en 1982 et 1998 (il
s'est alors
entretenu avec les chefs coutumiers musulmans).
33
Le Président Obasanjo a lui-même adhéré au pentecôtisme quelques
mois
avant les élections présidentielles, après s'être, dans un premier temps,
converti à
l'islam.
34
La réelle progression des religions traditionnelles participe
aussi de ce
mouvement de politisation :
" Certains de ces cultes exigent
des
sacrifices humains ou le don de certaines parties de l'organisme humain.
D'autres
impliquent l'élimination physique d'une personne et son écartèlement. Dans les
deux
cas, on retrouve l'idée que le pouvoir " se mange " pour
capturer une
énergie invisible et se l'approprier afin de l'utiliser contre les ennemis dans
la lutte
pour le contrôle de l'Etat et de ses ressources "
(extrait d'une
interview
donnée par J.M. Ela à
Avvenire
, 21-09-1995, cité par St.
Picciaredda :
" Afrique, géopolitique des religions ", in
Afrique, la
fin du
Bas-Empire
, Gallimard-Limes, 1997).
35
"
Le Nigeria n'est pas une nation, c'est une simple
expression
géographique
" (O. Awolowo).
36
Toutefois, la dernière saison des pluies, d'une ampleur et d'une
durée
exceptionnelle, a donné lieu à des crues inhabituellement fortes dans les Etats
du
Centre-Nord -les pires depuis 30 ans-, dont la délégation sénatoriale a pu
mesurer le
caractère catastrophique sur le trajet Lagos-Kano.
Près de 100.000 personnes ont été affectées par l'inondation des villages et des
terres cultivées, plusieurs dizaines de milliers étant désormais sans-abri. La
vallée
du Niger a été recouverte par les eaux sur plus de 200 km.
37
A un niveau " équivalent ", dans le monde, on
trouve la
Russie (147 millions d'habitants), le Bangladesh (124 millions d'habitants), le
Japon (126
millions d'habitants), le Pakistan (128 millions d'habitants) (Source :
Rapport
Mondial sur le Développement 1999
, PNUD).
38
Cf. J.-Cl. Chesnais : " Vers une récession
démographique
planétaire ", in
RAMSES 2000
.
39
Taux qui, en 1990, était considéré par les Nations-Unies comme une
" simple probabilité " pour seulement l'an 2010...
40
Où la délégation sénatoriale n'a pu finalement se rendre, comme
cela
était initialement prévu, en raison de la dégradation de la situation dans le
delta.
41
La réalisation a été confiée à l'architecte japonais Kenzo Tange,
qui a
notamment reconstruit Hiroshima et Skopje.
42
Le trajet, à la nuit tombée, de l'ambassade à l'aéroport s'est
révélé
particulièrement " illustratif ".
43
Contre 5.000 en 1800, 1 million en 1975, 1,4 million en 1993.
44
D'après le dernier
Rapport sur le développement humain
(1999) du
PNUD
, le pourcentage de population entre 15 et 49 ans porteur du virus en
1997 est
évalué à 4 % au Nigeria, contre 26 % pour le Zimbabwe et le Botswana, 20 % pour
la
Zambie et la Namibie, 15 % pour le Mozambique et le Malawi, 13 % pour l'Afrique
du Sud et
le Rwanda, 12 % pour le Kenya, 10 % pour la Côte-d'Ivoire et la République
Centrafricaine, 8 % pour le Congo, l'Ouganda, et le Burundi ...
45
Source :
CIA, World Fact Book
- 1999 (Internet).
46
Notamment :
The Interpreters
(1963),
A Season of
anomy
(1973)
Les Années d'enfance
(1981),
Ibadan, les années pagaille
(1988)...
47
Notamment Chihua Achebe :
Things fall apart
(Le monde
s'effondre, 1958),
No longer at ease
(Le malaise, 1960),
Man of the
People
(Le démagogue, 1966), ou encore Ben Okri :
Eloge d'un nouveau
couvre-feu
(1992),
Etonner les Dieux
(1997),
La Route de la faim
(1997) et
Nkem
Nwankmo :
My Mercedes is bigger than yours
, 1975.
48
Avec notamment Fela Kuti, célèbre père de l'
"
afrobeat
"
et son fils Femi.
49
La région des
Oil Rivers
tire son nom non pas du pétrole
mais des
palmiers à huile qui firent sa richesse au temps de la colonisation.
50
"
Dutch disease
" : le
" mal
néerlandais ", défini par une étude portant, dans les années 50, sur
l'impact nocif du formidable développement de l'exploitation du gaz naturel sur
l'économie néerlandaise, est aujourd'hui régulièrement évoqué à propos des
économies pétrolières du Vénézuela, de l'Irak, de la Libye et du Nigeria.
51
Cf.
Bulletin du Poste d'expansion économique de Lagos
,
1
er
octobre 1999.
52
Comme le projet d'irrigation extensive de la Société BEC Frères
visité
par la délégation, malheureusement en panne du fait de l'arrêt des paiements
nigérians.
53
Le véhicule utilitaire
Boxer
, digne héritier des antiques
pick-up
" Pigeot ", fait une remarquable percée sur le marché
africain, face
à une concurrence japonaise devenue écrasante. La délégation française a pu en
apprécier l'efficacité lors de ses déplacements à Abuja.
54
Wole Soyinka.
55
En 1997, le total des exportations s'élève, selon la
Central
Bank of
Nigeria
, à 771.000 tonnes.
56
Plusieurs découvertes prometteuses de l'ordre chacune de plusieurs
centaines de millions de barils de brut récupérable ont été faites récemment par
Texaco, Shell, Stratoil et Elf.
Ainsi, le 16 décembre 1999, Shell a annoncé la mise en chantier du projet
d'exploitation
en eaux profondes de
Bonga
, à 120 km de la côte et 1.000 m de
profondeur. Le
projet, qui représente un investissement de 2,7 milliards de dollars, devrait
permettre
de produire 200.000 barils/jour de pétrole et 150 millions de pieds cubes/jour
de gaz
naturel. La capacité totale est estimée à 600 millions de barils de pétrole.
L'exploitation pourrait commencer en 2003. Shell est associé dans ce projet à
Esso (20
%), Elf (12,5 %) et Agip (12,5 %).
Le 7 janvier 2000, Texaco a annoncé la découverte d'un des plus gros gisements
en eau
profonde d'Afrique de l'Ouest sur le puits
offshore
de
Abgami
. La
capacité
totale est estimée à plus d'un milliard de barils d'équivalent pétrole.
57
En 1998, les " troubles " dans le delta du
Niger se sont
traduits par une perte de 15 % de la production.
58
4.500 forages réalisés entre 1954 et 1992, contre 146 en Lybie et
68 en
Algérie...
59
Cf.
M.A. Pérouse de Montclos : " Pétrole et conflits communautaires
au
Nigeria : une perspective historique ", in
Afrique
contemporaine
,
juillet-août 1999.
60
Cf. analyses du PEE de Lagos. Bulletins du 1
er
août
1999 et du
15 novembre 1999.
61
Cf. G. Nicolas : " Le Nigeria : nouvelle
puissance
régionale africaine ", in
Afrique contemporaine
, n° 157,
1
er
trimestre 1991.
G. Nicolas : " Le Nigeria : pôle de restructuration
géopolitique ou
ligne de front entre chrétiens et musulmans ", in
Hérodote
,
automne
1992.
62
La
Mauritanie vient de se retirer de la CEDEAO.
63
En réalité, on peut faire l'analyse que le Nigeria, à l'occasion
des
interventions au Liberia puis en Sierra Leone, soit davantage partisan d'
"
opérations
de rétablissement de la paix
" -c'est-à-dire de véritables
opérations de
guerre au sens traditionnel, menées au profit de l'une des parties du conflit,
par des
forces coalisées venues de pays voisins- plutôt que d'
"
opérations de
maintien de la paix
", au sens souhaité par les Nations-Unies,
auquel le
Nigeria accorde en réalité peu de crédit.
64
Jusqu'à 19.000 hommes à l'été 1994, essentiellement anglophones.
Le
coût d'entretien de cette force a été évalué à 8 milliards de dollars. Le coût
humain, tenu secret, pourrait avoisiner les 3.000 morts depuis 1990. Les 60
derniers
militaires nigérians encore présents au Liberia ont été rapatriés le 21 octobre
1999.
65
Le général Babangida s'est considérablement impliqué dans cette
décision. La volonté de faire apparaître le Nigeria comme le " juge de
paix " de l'Afrique subsaharienne et de renforcer son image de
puissance
régionale a, selon certains observateurs, également été
" confortée " par le désir de préserver certains
investissements
faits par l'entourage proche du général Babangida, voire par la volonté des
cartels de
drogue nigérians de renforcer leur contrôle sur l'économie libérienne.
66
Cette intervention a été plus imposée que proposée à ses pairs
par le
général Abacha, alors chef de l'Etat nigérian.
67
Pour la première fois, la France a apporté un soutien logistique
direct à
la force d'interposition, en application des accords d'Abuja d'octobre 1998.
68
Lors de l'entretien accordé à la délégation sénatoriale le 7
octobre
1999, M. Dubem Onya, ministre délégué aux Affaires étrangères, a notamment
indiqué
que le Nigeria continuerait à " jouer un rôle à sa mesure "
dans la
résolution des crises africaines.
M. Jerry Gana, ministre de la Coopération et de l'Intégration en Afrique, a,
pour sa
part, souligné que la CEDEAO constituait le " pilier central de la
politique de
coopération et d'intégration africaine voulue par le Président
Obasanjo ".
69
Communiqué final.
70
Gabon, Nigeria, Congo-Brazzaville, Angola, Cameroun, Guinée
Equatoriale,
Sao Tomé et Principe.
71
La presqu'île de Bakassi commande l'accès au port nigérian de
Calabar et
sa possession détermine la souveraineté sur les eaux territoriales et la zone
économique de la région, riche en pétrole et en poissons. Les deux pays se sont
livrés
à plusieurs affrontements armés qui se sont traduits par des dizaines de morts
et un
nombre indéterminé de prisonniers de guerre de chaque côté. La France est
intervenue
dans le cadre de l'accord de défense qui la lie au Cameroun. L'affaire est
actuellement
étudiée par la Cour Internationale de la Haye.
72
Les deux pays représentent à eux deux 58 % du PNB africain.
73
The Guardian
, 5 septembre 1999.
74
Cette question a notamment été évoquée lors de l'entretien de la
délégation sénatoriale avec M. Dubem Onya.
75
Sans oublier la discrète mais constante montée en puissance de la
Chine,
et ce quelle que soit la nature du régime nigérian.
76
Ayant assuré l'intérim du général assassiné Murtala Mohammed et
remis
le pouvoir aux civils, O. Obasanjo fut emprisonné quelques années par le général
Abacha. Sa dernière fonction avant l'élection fut celle de président de l'ONG
Transparency
International
qui s'emploie à déterminer le degré de corruption des Etats.
77
30 % des réserves de pétrole brut du continent africain et 75 %
des
réserves de l'Afrique subsaharienne.
78
Abuja, 12 octobre.
79
Abuja, 10 octobre.
80
La Banque Mondiale devrait notamment s'engager dans la
préparation de la
privatisation de la compagnie nationale d'électricité (NEPA), de Nigeria
Airways, et de
la société nationale de téléphonie (NITEL) (via la SFI pour les deux
dernières).
81
Les autres " engagements " comportent
notamment la mise
en oeuvre d'un important programme de privatisations, l'élargissement de
l'assiette
fiscale, l'amélioration du recouvrement des recettes fiscales et douanières, la
diminution des dépenses publiques et la réduction des emplois publics.
82
Seul le Pakistan est aujourd'hui suspendu (extrait du communiqué
de presse
final).
83
Abuja, 20 octobre 1999.
84
Abuja, 20 octobre 1999.
85
Washington, 27 octobre 1999.
86
Déclaration officielle du
Pentagone
:
"
Nous
travaillerons et nous travaillons déjà avec les Nigérians afin d'établir une
liste de
besoins et pour définir les façons dont nous pouvons y
répondre
".
87
On notera également la visite du président Obasanjo en Allemagne,
les 16
et 17 décembre 1999. Le Chancelier Schröder a indiqué que l'Allemagne
étudierait un
rééchelonnement de la dette si le FMI accordait un nouveau crédit en janvier
2000.
L'Allemagne est le second pays importateur de produits nigérians et le troisième
exportateur à destination du Nigeria, derrière les Etats-Unis et le
Royaume-Uni.
88
Londres, 5 janvier 2000.
89
Abuja, 10 janvier 2000.
90
Remise en état de 3.100 sur 3.500 km de voies du réseau existant,
infrastructures et matériel et étude prospective de 800 km de voies nouvelles,
pour un
montant de 530 millions de dollars (essentiellement décaissés sous forme de
pétrole
brut).
91
Certaines implantations remontent à 1948. La communauté chinoise
présente
sur le territoire nigérian est aujourd'hui évaluée à 4.000 personnes.
92
Cf. :
Mondes rebelles - Guerres civiles et violences
politiques
(Michalon, 1999).
93
Cf. G. de Bellescize : " Le maintien de la paix en
Afrique : la France et le programme RECAMP ", in
Afrique
contemporaine
,
3
ème
trimestre 1999.
94
"
Si nous restons là, malgré les difficultés, c'est
qu'on
s'y retrouve
"...
95
CGC, Géoservice, Eiffel, BOS, ETPM, Ponticelli, Technip, Dietsman,
SMF-International, ETPM, Entrepose (via Delattre-Bezons) -tous deux filiales du
Groupe
Lyonnaise..
96
Qui
peut servir, à la fois, de transport collectif, d'ambulance, de voiture de
pompier...
97
Sans attendre nécessairement le " règlement
d'arriérés " de toute façon inexistants, puisque l'AFD n'a jamais
contracté
concrètement aucun engagement avec le Nigeria.
98
La dette du Nigeria à l'égard de la France est estimée à 16,5
milliards
de francs (hors intérêts de retard) -dont 14,1 milliards de francs sur accords
de
consolidation- sur un total de l'ordre de 35 milliards de francs.
99
Désormais exclue avec l'entrée du Nigeria dans la ZSP.
100
Projets en cours pour Compagnie Générale de Géophysique,
Schlumberger,
Total, Technip, Bouygues-Offshore, SPIE-Batignolles TP, Fougerolle.
101
Pour des raisons certes étroitement liées aux conditions locales de vie et de
sécurité.
102
Organigramme de l'ambassade :
- Chancellerie diplomatique : Ambassadeur, 3 conseillers, 1 secrétaire
d'ambassade,
1 stagiaire ENA, 3 secrétaires, 1 chauffeur.
- Permanence Abuja : 1 attaché de presse, 1 attaché commercial, 2
secrétaires.
- Mission militaire : 1 attaché de défense, 1 secrétaire.
- Service culturel, scientifique et de coopération : 1 conseiller, 1
attaché
culturel, 1 " coordinatrice ", 3 secrétaires.
103
Un dispositif " léger " avait été mis en
place en
1994, permettant l'instruction de plusieurs projets -clinique, tourisme,
Peugeot-Nigeria,
Crédit Lyonnais, Mobil-Nigeria. Ils n'ont fait l'objet d'aucune décision, la
direction
du Trésor s'étant opposée à toute implication de PROPARCO, compte tenu de
l'évolution
de la situation politique et économique. Cette décision n'a pas été revue
depuis,
semble-t-il.
M. Charles Josselin avait pourtant annoncé des interventions de l'AFD dans les
secteurs
de l'eau et de la santé, à l'occasion de la visite du président de la
République, le
27 juillet 1999.
104 Ils sont actuellement 3.000.
105
Les Nigérians considèrent en outre que les Béninois " ont un mauvais
accent "...
En tout état de cause, la question du " pécule de retour "
n'a
semble-t-il pas encore fait l'objet d'une solution satisfaisante. Initialement
prévu sur
FAC, son financement serait finalement imputé sur le budget des services de
coopération
du Bénin... qui, à juste titre, rechignent...
106
Y compris avec les universités technologiques de Compiègne et
Valenciennes.
107
Le fichier britannique des anciens d'Oxford et Cambridge assure
en
permanence le suivi de près de 5.000 Nigérians de haut calibre...
108
L'ACCT, à l'initiative forte des Canadiens, a d'ores et déjà
formulé
des propositions pour appuyer le développement du français au Nigeria.
109 Alors que la contribution française aux instances francophones est particulièrement conséquente...
110
Enfin, il convient de souligner l'importance du symbole que constituerait la
construction
rapide de l'Ecole française et d'un centre culturel à Abuja.
111
La comparaison avec le Cameroun, dont la population est près de
dix fois
moins importante, est particulièrement éloquente...
112
Le nombre réduit des effectifs de coopération actuellement
affectés au
Nigeria et leur compétence encore neuve en matière de procédures FAC ne peut
constituer
un argument suffisant pour justifier un retard prolongé dans l'adoption des
projets
FAC...
113
L'eau constitue le secteur dans lequel la demande de l'expertise
française
a été la plus forte avec notamment la Lyonnaise (via ses filiales Lysa
(assistance
technique) et Degrémont (traitement).
BEC Frères a également mis sur pied un important projet d'irrigation (660 MF au
total),
financé initialement sur protocole Trésor, au Nord de Kano, que la délégation a
pu
visiter rapidement. La deuxième tranche est regrettablement interrompue, en
raison,
semble-t-il, de la cessation des paiements nigérians.
Un projet FAC pourrait être présenté courant 2000, comportant deux volets :
l'appui à la constitution de bases de données générales sur l'eau (hydraulique,
hydrogéologie) à l'Institut national des recherches en eaux (NWRI) d'une part,
et
l'élargissement de la formation des fermiers aux techniques de cultures sur
périmètres
irrigués (dans la suite du projet mis en oeuvre par BEC à Hadedja Valley) à la
région
Nord de Kano. Ce projet nécessiterait notamment la mise en place de deux
assistants
techniques.
114
Un projet FAC -présentable fin 2000- pourrait viser
l'introduction d'un
service de médecine d'urgence à Lagos. Il paraît également souhaitable de
s'atteler
rapidement à un programme de lutte contre la malaria et le SIDA (dans le cadre
cette fois
d'un programme d'intérêt général ou d'un programme inter-Etats).
115
La réflexion porte actuellement sur la préparation d'un projet
FAC qui
comporterait quatre composantes, destinée à familiariser les médias nigérians
avec la
production et les méthodes de travail françaises :
- formation des nigérians : cadres des radios et télévisions publiques et
privées, journalistes et techniciens,
- soutien à l'instance de régulation nigériane (National Broadcasting
Commission),
- appui à la structuration de l'industrie audiovisuelle, en particulier à la
production
audiovisuelle,
- formation des cadres et responsables de la presse écrite (on notera que la
Commission
Européenne vient d'initier un programme en ce sens, au titre du 8
ème
FED).
116
Sans exclure cette fois la diffusion en langue
" natale ". RFI est aujourd'hui la seule grande radio
internationale
africaine qui ne diffuse pas de programme en
"
haoussa
", alors
que 60 millions de personnes parlent cette langue en Afrique, dont la totalité
des
Nigérians du Nord et beaucoup du Sud. Les programmes en
haoussa
de la
BBC
et de la
Deutsche Welle
bénéficient d'une large audience.
117
Grande-Bretagne : demande officielle le 28 octobre 1999
immédiatement
suivie d'un accord de principe pour l'équipement et la formation des forces de
police.
Exercice militaire conjoint courant 2000.
Etats-Unis : entretien du Président Obasanjo à Washington le 28 octobre
1999 avec
le secrétaire d'Etat à la Défence (W. Cohen) sur la formation des forces armées.
Réponse positive du Pentagone.
118
Panhard (remotorisation des 155 AML), Puma (entretien des Super
Puma),
Sagaie (ERC 90), entretien des Alphajets et des C 160.
119
Equipement radar des aéroports, bâtiments à capacité de plageage,
vedettes de type " Combattante ".
120
Chapitre 42-29, article 40 nouveau du budget de la Coopération.
121
Le concept RECAMP, mis au point par la France, le Royaume-Uni et
les
Etats-Unis, comporte, d'une part, un volet diplomatique, mais envisage
également la
constitution d'unités militaires en attente d'emplois dans différents pays en
vue de
missions de maintien ou de rétablissement de la paix.
122
Effectifs militaires 1997 - (
PNUD - Rapport 1999
) :
-Nigeria :
77.000
- Tchad : 25.000
- Cameroun : 13.000
- Bénin : 5.000
- Niger : 5.000
Total Afrique subsaharienne : 93.400
123
Largement implantée au Nigeria, la grande criminalité recouvre l'ensemble des
trafics
possibles : stupéfiants sur grande échelle, blanchiment d'argent, abus de
confiance
et escroqueries financières et informatiques sophistiquées, mais également
proxénétisme, trafic de main-d'oeuvre, trafic d'organes.
Le FBI a installé une antenne au Nigeria depuis 1997. Cf. l'appréciation portée
dans
CIA
World Factbook
1999 : "
Nigeria -
" drogue
" :
- facilite les trafics d'héroïne en provenance d'Asie du Sud-Est et du
Sud-Ouest vers
l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord,
- de manière croissante, pays de transit pour la cocaïne en provenance
d'Amérique du
Sud à destination des marchés d'Europe, Asie orientale et Amérique du
Nord ".
124
"
On savait que l'arrivée des civils aggraverait la
situation
"
a-t-il été dit -à plusieurs reprises et sous différentes formes- à la délégation
sénatoriale, à propos de la dégradation de la sécurité dans le delta.
125
Important homme d'affaires yorouba, chef du gouvernement civil
intérimaire
mis en place après la démission du général Babangida d'août à novembre 1993. A
dû
ensuite remettre le pouvoir au général Abacha.
126
" Vision 2010 " a tracé, en 1998, les
grandes lignes
d'un Nigeria modernisé cinquante ans après l'indépendance. L'exercice a concerné
l'ensemble des secteurs et rassemblé, autour de l'élite du pays, une dizaine
d'hommes
d'affaires français.
127
Aujourd'hui nouveau Président du Sénat, à la suite de la démission de M. Ewan
Enwerem.
128
Economiste réputé, très introduit dans les milieux pétroliers.
129
Ecoles d'entreprises.