Mme la présidente. La parole est à Mme Annick Billon. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Annick Billon. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, traiter de l’enseignement agricole, c’est avant tout s’enquérir de l’agriculture de demain.
Avec près de 75 % des apprentis dans 806 établissements scolaires, l’enseignement agricole public et privé, filière d’excellence, tient une place essentielle dans le développement de l’apprentissage.
Or les récentes réformes de l’apprentissage et du baccalauréat sont porteuses de profondes mutations pour ce secteur.
La réforme de l’apprentissage, visée par la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, prévoit ainsi un véritable choc de simplification. Si celui-ci est bienvenu, il pose de nouvelles difficultés, mais c’est le propre de toute réforme.
En effet, alors que les contrats d’apprentissage conclus à compter du 1er janvier 2019 au sein des entreprises de moins de 250 salariés préparant à un diplôme de niveau inférieur ou égal au bac verront leurs aides rassemblées et revalorisées, l’aide pour les diplômes supérieurs a pour sa part été supprimée.
Or aujourd’hui le diplôme le plus recherché de la filière agricole est le BTS Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole, dans la mesure où il permet l’embauche de salariés hautement qualifiés et offre des perspectives de reprise d’installation à terme. Dès lors, la suppression des aides fléchées pour les TPE vers les diplômes post-bac risque de pénaliser une profession qui cherche pourtant à monter en compétence.
Un autre questionnement voit également le jour à la faveur de cette réforme : le développement, certes souhaité, de l’apprentissage conduira les lycées à développer des classes mixtes mêlant apprentis et élèves en voie scolaire.
Si aujourd’hui les enseignants sont ouverts à cette éventualité en dépit de contraintes pédagogiques supplémentaires, de nouvelles difficultés pourraient apparaître dans la mesure où les enseignants ne sont pas habilités statutairement à intervenir auprès d’apprentis.
Il est donc à craindre que dans un avenir proche cette situation ne soulève de nouveaux obstacles qui n’ont pour l’heure pas été pris en compte.
Enfin, je souhaite évoquer la question de la réforme du baccalauréat général. Cette réforme a permis, je le rappelle, de regrouper les filières S, ES et L. Ainsi, les élèves issus de filières générales pourront désormais choisir parmi douze enseignements proposés, trois spécialités en première, puis deux en terminale. Cependant, les lycées agricoles ne peuvent quant à eux proposer que trois de ces douze enseignements : les mathématiques, la physique-chimie, ainsi que la biologie-écologie.
Cette restriction risque encore une fois d’accroître la déperdition d’élèves s’orientant vers les filières agricoles et, à terme, de mettre en danger l’existence même de celles-ci. En effet, de nombreux jeunes, incertains quant à leur orientation – ils représentent 50 % des élèves détenteurs d’un baccalauréat –, préféreront s’orienter vers des filières proposant un plus large choix d’enseignement.
Sans pour autant réclamer le même nombre de choix de disciplines, les lycées agricoles souhaiteraient a minima donner la possibilité à leurs étudiants de suivre des enseignements tels que les sciences économiques et sociales, ou encore le numérique et les sciences informatiques, qui s’inscrivent en totale cohérence avec la révolution technologique du monde agricole et des métiers de l’agriculture de demain.
Rappelons que, contrairement aux idées reçues, l’enseignement agricole n’a pas uniquement pour vocation de former des agriculteurs et des éleveurs.
Au vu de toutes ces interrogations, pouvez-vous m’indiquer, monsieur le ministre, si votre gouvernement a pris en considération ces problématiques, et, le cas échéant, si des ajustements sont prévus ?
Je souhaite également remercier Pierre Ouzoulias d’être à l’origine de ce débat, qui est tout à fait d’actualité. Alors que l’on parle souvent d’agri-bashing, on devrait davantage parler de l’avenir de l’agriculture. (Applaudissements sur les travées des groupes UC, RDSE, LaREM et CRCE.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Anne-Marie Bertrand.
Mme Anne-Marie Bertrand. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’agriculture d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui, et celle d’aujourd’hui ne sera sans doute pas celle de demain. Quelle agriculture voulons-nous ? Quel rapport à l’environnement, à la consommation voulons-nous ? Pour répondre à ces questions, l’enseignement agricole jouera un rôle décisif.
Les défis sont nombreux : comment mieux appréhender les aléas climatiques, les crises sanitaires ? Il est important que l’ensemble de nos exploitations puisse tirer bénéfice de nouvelles technologies, notamment avec l’utilisation des datas, des drones, ou encore de la méthanisation.
Pour produire différemment, il faudra être capable d’enseigner différemment. Il est vrai, monsieur le ministre, que cela a un coût qu’il faut être capable d’assumer dès maintenant.
L’enseignement agricole a longtemps fait preuve d’une forte capacité d’adaptation, avec des offres de formation de plus en plus variées. Néanmoins, aujourd’hui, il est important de mieux structurer et de mieux articuler ces offres, notamment en renforçant les passerelles avec l’enseignement dit général. Cela est d’autant plus important que les reconversions professionnelles sont de plus en plus nombreuses.
Cette multitude d’offres nous oblige à une plus grande visibilité sur les différents parcours et leurs débouchés. L’enseignement agricole va du CAP à la licence. Il concerne bien sûr les céréaliers et les éleveurs, mais pas seulement. Mais il conduit aussi au BTS Gestion et maîtrise de l’eau, et vise le paysagisme, ou encore l’agroalimentaire. Il suffit, pour se rendre compte de cette diversité, de consulter le site L’Aventure du vivant. Cependant, encore faut-il connaître ce site…
Une meilleure communication est par conséquent nécessaire, afin que ces formations soient connues non pas seulement par une poignée d’initiés, souvent d’ailleurs eux-mêmes issus du milieu agricole, mais bien par l’ensemble de nos étudiants.
Près de 80 % des élèves diplômés ne seront pas eux-mêmes agriculteurs à proprement parler. C’est dire à quel point le monde agricole est vaste. Les conseillers d’orientation doivent être mieux informés, tant il existe des formations spécifiques dans chaque région. Il est important de mener cette démarche, car, avec le temps, la question du manque d’enseignants se posera.
Il faut savoir que nous utilisons déjà la télétransmission de cours – je pense notamment aux étudiants en licence professionnelle à Rodilhan, près de Nîmes, qui suivent en direct des cours dispensés depuis l’université Clermont Auvergne.
Monsieur le ministre, il serait inconscient de penser que notre situation géographique suffit à elle seule à faire de la France une grande nation agricole. Cet héritage n’existerait pas sans ceux qui ont su apprivoiser nos terres. Nous devons être à la hauteur de cet héritage, et donner aux jeunes agriculteurs toutes les clés nécessaires à la compréhension des enjeux économiques, climatiques et même démographiques du XXIe siècle.
Enfin, je tiens à profiter de cette prise de parole pour souligner le formidable travail des maisons familiales rurales,…
Mme Anne-Marie Bertrand. … notamment celle d’Eyragues, qui doit beaucoup à l’aide que lui accorde le département – je sais que tel n’est pas le cas sur l’ensemble du territoire national.
En somme, monsieur le ministre, l’agriculture de demain se prépare aujourd’hui. Il s’agit de se montrer à la hauteur. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et CRCE. – Mme Noëlle Rauscent applaudit également.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Marie-Pierre Monier. (M. Jean-Michel Houllegatte applaudit.)
Mme Marie-Pierre Monier. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’enseignement agricole dans notre pays est exemplaire, et pourtant nous n’en parlons presque jamais. Celles et ceux qui le font ont du mal à être audibles, et cet enseignement est trop souvent le grand oublié des réflexions sur l’éducation.
Je me réjouis donc que nous ayons ce débat – j’en remercie le groupe CRCE –, et j’espère que nos échanges auront un écho important en dehors de cet hémicycle, car les enjeux sont immenses.
L’enseignement agricole permet une rencontre comme il n’en existe nulle part ailleurs entre enseignements général, technologique et professionnel, apprentissage, formation continue et même enseignement supérieur.
Ses effectifs réduits permettent un apprentissage dans les meilleures conditions. Il est un lieu de prédilection pour le développement de pédagogies innovantes qui font la fierté de ce modèle français. Enfin, il offre un excellent taux d’insertion professionnelle.
Aujourd’hui, l’enseignement agricole est à la croisée des chemins. Il est en première ligne face aux grands défis que notre agriculture doit relever : réussir la transition agroécologique et assurer la relève de toute une génération.
Je crois que nous en sommes désormais toutes et tous convaincus : la transition agroécologique doit avoir lieu. Nous devons réussir à réinventer notre modèle agricole pour répondre aux besoins de la nécessaire transition écologique et envisager un modèle économique et alimentaire viable en accompagnant et en soutenant pleinement nos agricultrices et nos agriculteurs.
Dire cela, c’est bien ; mais dire cela sans se pencher en profondeur sur l’enseignement agricole dans notre pays, sur la formation et sur les innovations qui naissent dans ces filières n’aurait aucun sens. Nous savons que les actrices et les acteurs qui le font vivre sont préparés à relever ce défi. Donnons-leur les moyens de le faire.
Comme dans de nombreux autres secteurs, c’est grâce à l’école que les grandes batailles se gagnent. Alors, ne ratons pas le coche !
Et ce n’est pas le seul défi important à relever. Au cours de la décennie à venir, le monde agricole connaîtra un grand nombre de départs à la retraite, puisqu’un tiers des exploitants partira avant 2030. Nous sommes à un moment charnière. Il faut mettre en œuvre les moyens nécessaires pour assurer la relève, susciter l’envie, former les paysannes et paysans de demain, et garantir à celles et ceux qui s’en vont la possibilité de transmettre sereinement leurs exploitations.
Nous ne pourrons pas relever ces défis sans un enseignement agricole de qualité. Aujourd’hui, cette qualité existe. Mais pour combien de temps ?
Monsieur le ministre, vous avez affiché de grandes ambitions pour l’enseignement agricole, ce que je salue, mais elles ne se réaliseront pas sans des moyens significatifs.
De nombreuses voix s’élèvent, car l’avenir de l’enseignement agricole suscite des inquiétudes.
La baisse du budget en euros constants, la suppression de postes – les quelques créations de postes en 2020 ne compensent pas les 50 suppressions en 2019 –, la baisse de la dotation globale horaire, ou encore la hausse du seuil de dédoublement des classes ne sont pas des signes encourageants et augurent de conditions de travail dégradées pour les enseignants comme pour les élèves.
Mais, surtout, l’enseignement agricole, parce qu’il est pluriel, est frappé de plein fouet par toutes les dernières réformes de l’éducation : celles du baccalauréat, du lycée professionnel, de l’apprentissage, de la formation continue. Ces réformes, prises individuellement, ont suscité de vives inquiétudes. Certes, elles ne proviennent pas du ministère de l’agriculture, mais elles ne prennent pas en compte la spécificité de l’enseignement agricole. De plus, appliquées simultanément, elles sont en train de le déstabiliser en profondeur.
Prenons, par exemple, la réforme de l’apprentissage. Celle-ci transfère le rôle de régulation de l’apprentissage aux branches professionnelles qui n’ont pourtant pas la connaissance des besoins locaux qu’ont les régions : la mise en adéquation des effectifs avec les emplois effectivement disponibles sur le terrain n’en est que plus compliquée. En outre, la réforme s’accompagne d’une évolution du mode de financement des formations, qui repose désormais avant tout sur le nombre de contrats signés, et plus sur le financement des « heures groupes » ni sur les subventions d’équilibre accordées par les régions.
Ce changement encourage une concurrence entre le public et le privé, qui n’est pourtant pas souhaitable. Le modèle économique des petits CFA s’en trouve ébranlé : beaucoup sont menacés de fermeture, alors qu’ils sont souvent ancrés au cœur de la vie de nos territoires ruraux. Même les finances des établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles, les EPLEFPA, plus importants, sont fragilisées, voire déséquilibrées.
L’enseignement agricole est à un moment clé de son histoire. Sur le terrain, il est défendu avec passion par des personnes qui y croient et qui veulent voir ce modèle perdurer, mais elles n’y parviendront pas sans nous !
Reconnaissons la spécificité de l’enseignement agricole, rendons-le plus visible, donnons-nous les moyens de le préserver et de l’aider à relever les défis qui se profilent à l’horizon. En tant que parlementaires, nous devons porter la réflexion sur cette question cruciale.
Ce soir, nous ne pourrons qu’effleurer le sujet, mais nous devons aller plus loin. C’est pourquoi je propose la mise en place d’un groupe de travail qui aura pour mission de produire un rapport parlementaire sur l’enseignement agricole dans notre pays.
M. Pierre Ouzoulias. Très bien !
Mme Marie-Pierre Monier. Prenons le temps de mener un travail collectif de qualité, qui ira au fond des choses, en nous appuyant sur les actrices et les acteurs de terrain qui ont beaucoup à nous apprendre. C’est ainsi que nous pourrons proposer une vision politique forte pour l’avenir de l’enseignement agricole en France ! (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR, CRCE, LaREM, RDSE et Les Indépendants.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Marie-Christine Chauvin.
Mme Marie-Christine Chauvin. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, créé à l’origine pour former les agriculteurs, l’enseignement agricole a su évoluer et s’adapter aux besoins de la société. Les missions qui lui sont confiées en font un enseignement actif, réactif, innovant et ouvert. Il s’agit d’un précieux partenaire des acteurs des territoires.
Pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain, il conviendra de porter un regard particulier sur l’innovation tant pédagogique que technologique et sur l’expérimentation.
Les outils pédagogiques grandeur nature que sont les fermes et les ateliers technologiques des établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles devront bénéficier des dernières technologies dans leur domaine d’activité et ainsi constituer une référence pour les apprenants et les professionnels.
Des moyens humains supplémentaires doivent permettre aux exploitations et aux ateliers de mener leur mission d’expérimentation sans risquer de compromettre leurs résultats et, donc, l’équilibre financier auquel ils sont soumis.
L’enseignement agricole constitue un réseau cohérent d’établissements, qui est structurant pour les territoires. Le département du Jura est un bon reflet de ce maillage territorial, avec notamment le réseau des maisons familiales rurales et les établissements de Doucier, de Salins-les-Bains et d’Amange.
L’établissement d’Amange conduit des formations agricoles par alternance et par apprentissage. Il a vu ses effectifs légèrement augmenter grâce au regain d’intérêt de jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole : ces derniers constituent environ 60 % du total des élèves, soit une proportion importante.
Il faudrait réfléchir à la possibilité de confier aux maisons familiales rurales, les MFR, la mission de prendre en charge, au sein de leurs structures, les jeunes de moins de quatorze ans qui s’écartent du milieu scolaire traditionnel. Je vous ai d’ailleurs écrit à ce sujet, monsieur le ministre.
L’enseignement public agricole rayonne également grâce au lycée de Montmorot, axé sur la production agricole, celui de Mancy, centré sur la filière équine, et l’École nationale d’industrie laitière et des biotechnologies – l’Enilbio – à Poligny, qui développe l’apprentissage pour tous les niveaux de formation, de recherche, de production, et la vente directe de produits transformés. Il n’y a que cinq Enilbio en France, dont deux se situent en Franche-Comté.
Beaucoup de ces formations, qui vont du CAP au bac pro, au BTSA et aux diplômes d’ingénieur, se font en apprentissage. C’est pour l’avenir une voie en plein essor. Celle-ci permet aux jeunes d’avoir une connaissance de l’univers professionnel qui débouche sur un diplôme reconnu. Les jeunes issus de ces formations trouvent ensuite facilement un emploi, car ils sont immédiatement opérationnels.
Plusieurs défis sont devant nous : l’évolution des activités traditionnelles, l’apparition de nouveaux usages dans la gestion de l’espace et des ressources, ou l’adaptation au changement climatique.
Une évidence saute ici yeux, l’enseignement agricole devra prendre en compte le développement des métiers verts et intégrer le thème de l’environnement dans ses formations initiales.
Nos agriculteurs sont et devront plus que jamais être compétitifs, efficaces, savoir anticiper et gérer les risques, inventer de nouveaux services, répondre aux défis environnementaux, tout en alliant performance économique, environnementale et sociale, et garder les territoires ruraux attractifs. Autant d’enjeux qui devront être pris en compte dans l’enseignement agricole de demain.
Cet enseignement agricole mène à de nombreux autres métiers très diversifiés qui sont à la croisée de l’agriculture, du numérique et de l’industrie, et qui répondent à la révolution du monde agricole qui est en train de s’accomplir.
Monsieur le ministre, compte tenu de ces éléments, quels mécanismes de soutien et de diffusion de l’information pourriez-vous mettre en œuvre, afin de favoriser une meilleure communication autour de la modernité et de la technicité des métiers auxquels l’enseignement agricole prépare ces étudiants ?
Le public intéressé par ces formations – nous l’avons vu avec les MFR – est en train de changer. De plus en plus de jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole intègrent cet enseignement. Il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle.
Toutefois, une exploitation agricole est une entreprise. Pour la diriger, il faut être à la fois un bon technicien et un parfait gestionnaire. Je pense que l’enseignement agricole doit également développer un volet « gestion et conduite d’une entreprise ».
Monsieur le ministre, vous avez fait de l’enseignement agricole une priorité et affirmé vouloir recruter 200 000 élèves et apprentis contre environ 160 000 aujourd’hui. Comment parviendrez-vous à concilier cet objectif avec la politique gouvernementale de suppression d’un certain nombre d’emplois dans l’enseignement public ?
Pour que l’enseignement agricole se projette sereinement, il lui faut des moyens humains et financiers. J’en suis persuadée, comme bon nombre d’entre nous, la formation agricole reste un bon moyen d’intégrer la vie active : on y apprend le goût de l’effort et la persévérance. Gageons que les moyens nécessaires à ces objectifs soient pérennisés pour l’avenir ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, RDSE, Les Indépendants, LaREM et CRCE.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)
M. Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Monsieur le sénateur Ouzoulias, je suis vraiment ravi d’intervenir devant la Haute Assemblée ce soir. Je tiens à vous remercier de votre initiative et à remercier votre groupe, le groupe CRCE, d’avoir suscité un débat qui me tient à cœur.
Je veux saluer la hauteur de vue dont vous avez fait preuve dans votre excellente intervention et saluer l’ensemble des sénateurs et des sénatrices qui se sont exprimés, parce qu’ils ont contribué à faire avancer et à enrichir la discussion en s’interrogeant sur l’avenir de l’enseignement agricole.
Comme vous l’avez toutes et tous souligné, mesdames, messieurs les sénateurs, l’avenir de l’enseignement agricole, c’est tout simplement l’avenir de l’agriculture. L’enseignement agricole est une chance pour tous les jeunes, un atout pour le monde rural et un moteur de la transition agroécologique.
Permettez-moi d’abord de rappeler que cet enseignement, dans l’Hexagone comme dans les outre-mer – j’en profite pour saluer la présence sur ces travées de MM. Guillaume Arnell et Antoine Karam –, est le second dispositif d’enseignement du pays avec plus de 800 établissements qui accueilleront dans les années qui viennent plus de 200 000 apprenants. L’objectif est en effet de dépasser cette barre fatidique des 200 000 étudiants et apprentis de la quatrième au BTS, partout sur notre territoire.
Cet enseignement regroupe aussi dix-neuf écoles qui forment les cadres du secteur : ingénieurs agronomes, vétérinaires, paysagistes, enseignants et chercheurs. Lorsque nous parlons de l’enseignement agricole, parlons de ces 800 établissements, mais aussi de nos écoles d’excellence, grâce auxquelles nous formerons les cadres de demain !
L’enseignement agricole, c’est plus de 120 formations dans l’agriculture, bien sûr, mais aussi dans l’agroalimentaire, la filière forêt-bois, l’environnement, les services à la personne, sans oublier les formations générales. Je vous le dis sincèrement, madame Brulin, je regrette que les lycées professionnels maritimes ne relèvent pas du ressort de mon ministère. Si vous pouviez faire quelque chose pour changer cela (Sourires.), je vous en serais reconnaissant.
Mme Céline Brulin. Mais ce n’est pas vous le ministre chargé de la pêche ? (Nouveaux sourires.)
M. Didier Guillaume, ministre. Cela permettrait de compléter la panoplie et de regrouper l’ensemble des acteurs de l’agriculture, de la pêche et de la mer !
L’enseignement agricole est un tout très riche de sa diversité. Établissements publics, établissements privés du Conseil national de l’enseignement agricole privé – le CNEAP –, de l’Union nationale rurale d’éducation et de promotion – l’UNREP – et MFR sont évidemment complémentaires. Je me suis d’ailleurs rendu cette année dans le deuxième plus grand établissement agricole de France à Yvetot, chez vous, madame Brulin, à l’occasion de la rentrée scolaire. J’ai également visité un établissement privé et une MFR de Magnanville, car je n’oublie pas combien ces MFR jouent un rôle essentiel dans la formation.
L’enseignement agricole, c’est 60 % des fonctionnaires du ministère de l’agriculture, 40 % de son budget, et ces deux chiffres sont en hausse depuis plusieurs années. L’enseignement agricole, cher ami Pierre Ouzoulias, n’est pas la cinquième roue du tracteur, comme vous l’avez dit. C’est bien le moteur du tracteur, ce qui le fait avancer, le pousse et le tire vers le haut, et j’en suis très fier !
M. Pierre Ouzoulias. Alors, mettez le turbo ! (Sourires.)
M. Didier Guillaume, ministre. J’ai entendu les propositions et préoccupations des uns et des autres. Je vais essayer d’y répondre, dans le temps qui m’est imparti.
Pour parler de l’avenir, partageons d’abord des constats factuels et transpartisans. Vos interventions étaient d’ailleurs quasiment toutes transpartisanes, et c’est tant mieux.
Premier constat, grâce à l’enseignement agricole, nous disposons d’un maillage territorial au service des jeunes et de l’emploi dont vous mesurez bien, en tant que sénateurs, l’importance.
L’avenir, c’est de préserver ce formidable et indispensable maillage territorial.
Celui-ci nous permet de répondre aux attentes des employeurs, qui, dans tous les secteurs, recherchent des compétences par dizaines de milliers, et offrent des emplois majoritairement non délocalisables. C’est aussi cela la force de nos établissements : former des jeunes qui seront ensuite employés sur place. Ce maillage nous permet aussi de répondre aux besoins de jeunes qui ne sont malheureusement pas toujours mobiles, on le sait très bien.
Deuxième constat, et non des moindres, l’enseignement agricole, ça marche ! Il permet aux jeunes de s’épanouir, d’obtenir un diplôme et, surtout, de s’insérer dans la société. Le taux de réussite aux examens est très élevé, vous le savez. L’avenir, c’est de continuer à offrir ces formidables résultats à nos concitoyens.
Troisième constat, l’enseignement agricole est une école du succès pour les jeunes des milieux modestes, pour les jeunes du monde rural qui sont parfois un peu délaissés. On ne peut pas les laisser de côté : ils doivent être au cœur des dispositifs et des formations, et c’est notre enseignement agricole qui les tire vers le haut !
Comme je le rappelle très souvent, on compte 35 % de boursiers dans l’enseignement agricole, ce qui n’est pas rien, grâce à l’importance de l’enseignement socioculturel.
Quatrième constat important, l’enseignement agricole représente une école inclusive. Le nombre d’élèves en situation de handicap a fortement augmenté et leur proportion y est désormais largement supérieure à celle qui est enregistrée dans l’éducation nationale. Soyons fiers de cette école inclusive dans une société inclusive !
Plus de 6 % des élèves bénéficient d’un aménagement d’épreuves ; le nombre de jeunes bénéficiant d’un projet personnalisé de scolarisation a triplé entre les rentrées 2010 et 2018. Dans le même temps, le nombre d’auxiliaires de vie scolaire a été multiplié par six, et les crédits dédiés au handicap multipliés par sept : oui, l’enseignement agricole a les moyens de son ambition !
Les crédits augmenteront encore de 26 % en 2020 pour tenir compte de la transformation des contrats aidés en postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, les AESH.
L’avenir, c’est de continuer à accueillir plus de jeunes en situation de handicap pour faire face à ces besoins.
Cinquième constat, l’enseignement agricole, ce sont 15 000 fonctionnaires de mon ministère, mais aussi 5 000 agents sur budget, 3 000 agents des régions qui jouent un rôle primordial dans le fonctionnement des établissements. Je veux les saluer toutes et tous : les enseignants, les formateurs, les personnels administratifs et techniques, et les directeurs sont pleinement investis dans leur mission. Ils méritent d’être reconnus, encouragés et soutenus.
Les succès de l’enseignement agricole, nous les leur devons, et je remercie une nouvelle fois le groupe CRCE et le sénateur Ouzoulias de l’avoir souligné. Sans ces personnels et ces fonctionnaires, l’enseignement agricole ne serait rien, tout comme l’enseignement en général, ou encore la fonction publique, parfois tant décriée. La fonction publique, sans les fonctionnaires, marcherait beaucoup moins bien !
L’avenir, c’est de valoriser nos agents via des chantiers statutaires et de revalorisation pour rendre leurs métiers plus attractifs. Nous l’avons fait cette année pour les directeurs, alors qu’ils attendaient depuis très longtemps un nouveau statut. Je m’y étais engagé et je pense que cette démarche a été appréciée.
Sixième constat, l’enseignement agricole est un dispositif qui sait s’adapter et mener des réformes. Oui, les réformes du bac et de l’apprentissage ont été source d’inquiétudes. Vous avez été nombreux à en parler, notamment Mme Monier.
Je connais ces inquiétudes, mais n’ayons pas peur et essayons d’avancer. L’immobilisme n’est pas une bonne chose : nous devons accompagner les mutations de la société, parce que la société change. Il faut donc que l’enseignement et la fonction publique changent aussi.
Je veux vraiment saluer la mobilisation des équipes.
Prenons la réforme de l’apprentissage. Certaines personnes me disaient qu’elles avaient peur du changement. Or cette réforme a permis de conforter les effectifs : on observe une hausse de 1 400 apprentis cette année, soit une progression de 4 %. L’enseignement agricole forme presque 10 % des apprentis de notre pays.
Alors, certes, l’avenir des CFA suscite des craintes, mais je constate aujourd’hui qu’il s’agit d’un succès, grâce à la communication un peu plus efficace et la mobilisation des professionnels, qui a été sans borne. En effet, le facteur limitant est souvent le nombre de maîtres d’apprentissage.
Nos CFA sont performants – soyons-en fiers – et sont accompagnés dans cette réforme. Le sénateur Joly exprimait son inquiétude. Je lui réponds qu’il faut se battre pour les maintenir. Cette année, les professionnels ont investi 25 millions d’euros de subventions exceptionnelles directement dans les CFA : c’est bien que la profession y croie, et nous pouvons y croire.
Cela dit, je suis heureux que, sur de nombreux aspects, la réforme du baccalauréat reprenne des points forts de l’enseignement agricole : les contrôles en cours de formation, le rôle des oraux, par exemple.
Concernant la question des spécialités, je ne partage pas totalement l’inquiétude manifestée par plusieurs d’entre vous. Ne nous racontons pas d’histoire, les lycées agricoles ne peuvent pas rivaliser sur le terrain avec les grands lycées des centres-villes et les grandes écoles. Nous n’avons que cent classes.
Nos atouts, Mme Vérien l’a évoqué tout à l’heure, ce sont le cadre de vie, les internats, l’ouverture internationale, la capacité à concilier la pratique d’un sport et des études de haut niveau. Nous avons des champions de France, des champions d’Europe, des champions du monde dans nos lycées agricoles.
Et, surtout, les résultats aux examens sont excellents : 93,5 % en 2019 contre 91,2 % dans l’éducation nationale. Ce n’est pas une compétition, mais les résultats dans l’enseignement agricole sont d’un très haut niveau.
L’avenir, c’est de poursuivre ces réformes et de faire valoir ces atouts.
Malheureusement, un dernier constat assombrit la situation, comme certains l’ont noté.
Malgré la hausse des moyens publics – plus de 850 postes ont été créés en six ans –, malgré l’ouverture de nouvelles classes – plus de 210 ont été ouvertes dans la même période –, l’enseignement technique agricole perd des élèves depuis dix ans.
Chaque année, on regardait les effectifs baisser sans rien faire. Lors de la rentrée 2018, on a comptabilisé 4 000 élèves en moins. J’ai alors considéré que l’on ne pouvait pas continuer ainsi : j’ai dit « stop » !
Soit on décide de maintenir un enseignement agricole partout sur le territoire, soit on ferme 7, 8 ou même 10 lycées agricoles pour s’adapter. Ce n’est finalement pas cette dernière option que j’ai choisie : en effet, je pense que l’avenir de l’enseignement agricole n’est pas menacé, et qu’il s’agit d’une pépite qui brillera encore longtemps !
Pour ne pas me résoudre à assister à la lente érosion du nombre d’élèves, j’ai souhaité m’engager dans la mère des batailles : la reconquête des effectifs. Or, en cette rentrée scolaire, nous avons regagné plus de 750 élèves !
Pour y parvenir, nous avons agi avec une ambition simple : convaincre les jeunes que l’enseignement agricole est un primo-choix. Henri Cabanel a raison : étudier dans un établissement agricole n’est pas un deuxième choix ; ces études ne concernent pas des élèves de seconde zone.
Comme l’a dit Anne-Marie Bertrand, j’ai lancé une grande campagne de communication, L’Aventure du vivant. Nous avons recueilli 10 millions de vues sur le compte Snapchat consacré à cette campagne et dénombré 18 600 visites sur le site internet que nous venons de mettre en ligne.
Oui, nous allons gagner le pari de la reconquête des effectifs ! Je vous le dis, plus d’apprenants demain, ce sera forcément plus d’enseignants dans les classes. C’est dans cette direction qu’il faut poursuivre. Franchement, cette remontée des effectifs est un formidable signal adressé au monde agricole.
Plusieurs d’entre vous l’ont dit : malgré l’agri-bashing et les difficultés agricoles, les jeunes s’inscrivent dans les lycées. C’est une vraie réussite, dont on peut être fier.
Je fais confiance aux établissements et à leur gouvernance inclusive pour optimiser l’offre de formation et leurs moyens. Ils le font sous l’autorité des directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, les Draaf, qui sont les véritables responsables et que j’ai mobilisées pour assurer qu’autonomie ne rime pas avec dérégulation.
Oui, je crois aux décisions prises au plus près du terrain, parce que c’est là que les choses bougent, mais cela ne veut pas dire pour autant que tout le système doit être éclaté. Il faut une régulation, un cadre national, seulement corrigé par un peu de flexibilité à l’échelon local.
Cette année, nous avons augmenté les seuils de dédoublement de certaines classes pour optimiser nos moyens là où il est possible d’accueillir plus d’élèves. C’est très bien ! J’ai veillé à ce que la sécurité des jeunes ne soit pas compromise : dès qu’un sujet relatif à la sécurité apparaît, nos services agissent.
Mesdames, messieurs les sénateurs, la principale difficulté de l’enseignement agricole, ce sont non pas des classes trop chargées, mais des classes avec des effectifs trop faibles. Voilà l’enjeu ! Nous nous sommes battus pour engager la reconquête.
Notre ambition est claire : atteindre 200 000 apprenants l’année prochaine. Y arriverons-nous ? Nous verrons bien, mais il faut se fixer un cap, une date, un objectif chiffré. C’est absolument indispensable, comme Mme Chauvin l’a clairement exprimé.
Cet objectif peut être atteint partout grâce à notre campagne L’Aventure du vivant, dans l’Hexagone, mais aussi en outre-mer. À Mayotte et en Guyane, notamment, les effectifs sont en très forte hausse. Permettez-moi de citer le lycée agricole de Matiti, fondé par mon ami Antoine Karam, établissement qui affiche l’une des plus fortes augmentations en termes d’effectifs grâce à l’ouverture de deux nouvelles classes.
L’enseignement agricole est le moteur de la transition agroécologique. Franck Menonville le soulignait tout à l’heure, il faut de nouvelles formations, mieux adaptées. Je vais lancer très prochainement le nouveau plan Enseigner à produire autrement, qui remplira cette mission.
Ce plan répondra à quatre engagements.
Le premier est d’être à l’écoute des jeunes, de ce qu’ils souhaitent aujourd’hui. Dans tous nos établissements, nous désignerons des jeunes éco-responsables. Nous allons généraliser ce dispositif parce que, qu’on le veuille ou non, les jeunes sont sensibles à l’écologie.
Le deuxième engagement consiste à rénover toutes les formations pour bien intégrer l’agroécologie et le bien-être animal.
Le troisième engagement est d’atteindre des objectifs ambitieux pour les exploitations agricoles de nos lycées : 100 % des 19 000 hectares d’exploitation de nos lycées devront être cultivés en agriculture biologique ou certifiés « haute valeur environnementale de niveau 3 ».
Enfin, le quatrième engagement est d’être exemplaire pour ce qui concerne l’alimentation et la qualité des repas servis dans les cantines scolaires : nous visons 50 % de produits bio dans les lycées agricoles.
Les établissements vont former et démontrer que cette transition est possible, avec le soutien de nos grandes écoles agronomiques et de l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, produit de la fusion entre l’INRA et l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, l’Irstea.
L’Inrae sera le plus grand centre de recherche publique du monde sur ces sujets. C’est pourquoi je ne partage pas du tout le pessimisme ambiant à propos des exploitations de nos établissements, qui ne seraient pas au niveau. Il est vrai que certaines d’entre elles connaissent quelques difficultés, mais nous avons pris le problème à bras-le-corps.
Cette semaine, j’ai réuni dans mon ministère les 200 directeurs d’exploitation agricole. Je vous assure qu’ils n’avaient pas le moral dans les chaussettes ! Ils faisaient preuve d’un très bel enthousiasme pour réussir cette transition agroécologique. Il s’agit vraiment de personnes très fortes. Ces directeurs travaillent beaucoup avec les régions – c’est aussi cela la coconstruction –, lesquelles investissent beaucoup d’argent dans les établissements.
Mme Vérien a demandé que l’on n’oublie pas les formations de base. C’est vrai, mais il faut aussi que les formations soient les plus générales possible.
Pour répondre aux besoins des professionnels, les formations doivent intégrer plus d’agroécologie et de bien-être animal, mais aussi du numérique, de la communication, du management, des nouvelles technologies et – je vous le dis tranquillement – de la gestion. En effet, un jeune qui sort d’un lycée agricole doit savoir gérer son exploitation agricole : il sera certes paysan, mais aussi chef d’exploitation et chef d’entreprise. Si on ne remet pas un peu le tracteur au milieu du village, on ne s’en sortira pas ! (Sourires.) Aussi faut-il que la gestion soit à la base de l’enseignement.
Enfin, nous devons penser aux métiers de demain et encourager les jeunes à poursuivre leurs études dans le supérieur, en particulier ceux qui sont issus des milieux populaires. Quand je me rends dans les établissements et que je vois des jeunes, venant plutôt de ces milieux, des zones rurales ou périurbaines, je suis très heureux, car je sais qu’ils parviendront à poursuivre dans l’enseignement technique et dans le supérieur. À mes yeux, il s’agit d’un chantier essentiel, sur lequel nous devons vraiment travailler.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je suis très fier de notre enseignement agricole, de ses agents et des jeunes que je rencontre dans les établissements.
Je suis parfaitement conscient de l’ampleur du travail qu’il nous reste à accomplir : la reconquête des effectifs, la transition agroécologique, la rénovation de nos formations – nous avons lancé un grand chantier dans ce domaine – et, évidemment, la promotion sociale. Surtout, je le répète, s’inscrire dans un lycée d’enseignement agricole doit être un primo-choix et non un choix par défaut.
J’ai entendu beaucoup d’intervenants exprimer leur confiance, leur optimisme, mais j’ai aussi parfois entendu des propos pessimistes. Pour ma part, je suis confiant dans l’avenir, car l’enseignement agricole et ses agents démontrent leur capacité à évoluer pour être le ferment de la transformation de nos territoires et de la réussite de nos jeunes.
Oui, les lycées d’enseignement agricole sont sur tous les territoires, et ils doivent y rester. Je souscris complètement à l’invitation lancée par Antoine Karam à sortir d’une logique de conservation pour entrer dans une logique d’expansion. C’est dans cette voie qu’il faut s’engager !
Je vous assure de nouveau de mon ambition pour l’enseignement agricole, mesdames, messieurs les sénateurs. Il doit former davantage, mieux et partout : c’est l’enjeu à relever et l’engagement que j’ai pris. J’espère que vous aiderez les jeunes à rejoindre ces établissements.
Je conclurai mes propos avec trois chiffres : aujourd’hui, sur les quelque 450 000 agriculteurs que compte la France, un tiers – 150 000 – prendra sa retraite dans les dix ans à venir ; l’an dernier, 12 000 jeunes se sont installés comme agriculteurs, malgré les difficultés, malgré l’agri-bashing, malgré la faiblesse des revenus, malgré toutes les crises. C’est pratiquement un renouvellement complet de génération !
Si nous parvenons à passer la barre des 200 000 apprenants, si nous progressons encore pour encourager les jeunes à rejoindre nos établissements d’enseignement agricole, nous aurons gagné une bataille, la plus belle des batailles, celle du renouvellement des générations. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et sur des travées des groupes SOCR, UC et Les Républicains.)