M. François Grosdidier. Et le boulet des 35 heures ?...
M. Pierre Moscovici, ministre. Le boulet, ce sont les emplois industriels que vous avez laissé partir, c’est la désindustrialisation qui s’est installée. (Protestations sur plusieurs travées de l’UMP.)
M. Claude Bérit-Débat. Eh oui !
M. Ladislas Poniatowski. Rendez-nous Cahuzac, il était meilleur !
M. Pierre Moscovici, ministre. Nous, nous sommes au travail, nous sommes aux responsabilités. C’est vrai que le redressement du pays prend du temps. En ce qui concerne le très important redressement des finances publiques, nous nous y employons en mettant en œuvre un effort structurel qu’aucun gouvernement n’avait consenti avant nous. Nous nous y employons en faisant en sorte de sauver la zone euro, qui était menacée dans son existence même.
M. François Grosdidier. C’est Sarkozy qui l’a sauvée !
M. Pierre Moscovici, ministre. Lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, il y a eu un changement de cap.
Nous le faisons en mettant en œuvre un pacte de compétitivité qui est d’une importance sans précédent et qui prend justement en compte certaines des dimensions que vous avez évoquées.
C’est le cas du coût du travail, que nous réduisons au travers du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.
M. François Grosdidier. Après avoir dit que ce n’était pas un problème !
M. Pierre Moscovici, ministre. Nous travaillons aussi sur la simplification, fondamentale, et qui est un engagement extrêmement fort du Président de la République. Nous nous efforçons de lever les rigidités, d’accélérer les procédures de manière que les entreprises puissent investir, embaucher rapidement et simplement.
M. Alain Gournac. En taxant les entreprises !
M. Pierre Moscovici, ministre. C’est aussi l’objet même de la Banque publique d’investissement, qui vient à leur appui.
Mais je ne veux pas être trop long, alors sachez que nous œuvrons actuellement au redressement du pays, parce que vous l’avez dégradé.
Oui, nous savons où nous allons, un cap est fixé, cela prendra sans doute du temps…
M. Ladislas Poniatowski. Charabia !
M. Alain Gournac. Oh là là ! Ils savent où ils vont, c’est nouveau !
M. Pierre Moscovici, ministre. … et je confirme, ici, l’engagement qui a été pris par le Président de la République, d’inverser, enfin, après vingt et un mois, la courbe du chômage dans ce pays d’ici à la fin de 2013.
Voilà, monsieur le sénateur, la réponse que je souhaitais vous apporter. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
emploi
M. le président. La parole est à Mme Frédérique Espagnac.
Mme Frédérique Espagnac. Ma question s’adresse à M. le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
Monsieur le ministre, comme beaucoup d’entre vous, j’ai, une nouvelle fois, été surprise d’entendre Jean-François Copé, président autoproclamé de l’UMP, donner des leçons de gestion au Gouvernement et à la majorité présidentielle.
Au regard de la réalité des chiffres de l’économie française, je souhaite dire à nos collègues de l’opposition que lorsque l’on a un bilan aussi catastrophique que celui qui est dressé à l’issue du quinquennat de Nicolas Sarkozy, on évite de se poser en donneur de leçons sans même faire l’inventaire de sa propre action. (Protestations sur les travées de l'UMP.- Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
Vingt-deux mois consécutifs de hausse du chômage, cela devrait amener la droite à plus de modération dans la critique et de modestie dans le propos !
M. François Grosdidier. Vous, vous niez les problèmes !
M. Alain Gournac. Et le seuil de 3 % du PIB pour le déficit public ?...
Mme Frédérique Espagnac. De plus, lorsque l’on sait que de nombreuses fermetures de sites ont été volontairement retardées pour ne pas nuire à la campagne du président sortant Nicolas Sarkozy,…
M. François Grosdidier. Il n’est plus au pouvoir, c’est vous, maintenant !
Mme Frédérique Espagnac. … comme l’a déclaré M. Fillon, on ne se pose pas en donneur de leçons.
Notre bilan, mes chers collègues, nous l’assumerons le moment venu mais, pour l’instant, nous travaillons. (Rires et exclamations sur les travées de l'UMP.)
Oui, le Gouvernement travaille au redressement de nos comptes publics !
M. Alain Gournac. C’est une question au Gouvernement ?
Mme Frédérique Espagnac. Oui, le Gouvernement travaille à la compétitivité de nos entreprises et, oui, il travaille également à la sécurisation du marché du travail.
Aujourd’hui, le Président de la République François Hollande et, derrière lui, les parlementaires de la majorité se sont engagés à inverser la courbe du chômage d’ici à la fin de l’année 2013.
M. Alain Gournac. Ils font l’inverse !
M. François Grosdidier. Tout l’inverse !
Mme Frédérique Espagnac. Monsieur le ministre, 100 000 emplois d’avenir à l’attention des jeunes les plus éloignés de l’emploi, 500 000 contrats de génération à l’attention des jeunes et des seniors, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le crédit d’impôt recherche à l’attention notamment des PME et des TPE,…
M. Alain Gournac. Pipeau !
M. François Grosdidier. Affichage !
M. Alain Gournac. Et adressez-vous au ministre, pas à nous !
Mme Frédérique Espagnac. … pouvez-vous détailler plus encore, pour la représentation nationale et les Français qui nous regardent, l’action que le Gouvernement a mise en œuvre et va poursuivre afin de lutter contre ce fléau qu’est le chômage ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. François Grosdidier. Le problème, ce n’est pas ce que vous dites, c’est ce que vous faites !
M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
M. Pierre Charon. Le bien nommé ministre du travail et de l’emploi !
M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Madame Espagnac, vous constatez – mais faut-il pour autant, mesdames, messieurs les sénateurs, donner de la voix ? – la continuité dans la hausse du chômage depuis des mois, depuis des années.
Vous parliez de vingt-deux mois de hausse consécutive ; je me permettrai de vous corriger : il s’agit de cinquante-sept mois de hausse !
La réalité des choses – et c’est d’ailleurs ce qui fait la gravité de la situation pour nous tous –, c’est qu’il ne s’agit pas d’un chômage qui aurait augmenté au cours de ces derniers mois – c’eût été grave, mais pas trop – ; c’est un chômage qui, depuis mai 2008, a augmenté chaque mois, à une exception près.
Oui, mesdames, messieurs les sénateurs, chaque ministre du travail et de l’emploi a dû annoncer chaque mois depuis cinquante-sept mois une hausse du nombre des chômeurs.
Au-delà du chiffre – peut-on vraiment parler de record ? Quel beau record, en vérité !–, ce qu’il faut bien voir, c'est qu’aujourd'hui plus qu’autrefois de nombreux jeunes se retrouvent sans emploi et trop souvent sans formation et que les plus âgés sont poussés hors de l'entreprise et ont du mal à retrouver un emploi.
M. François Grosdidier. C'est la crise, celle que vous avez niée !
M. Michel Vergoz. La crise, c'est Sarkozy !
M. François Grosdidier. Il n’est plus là, la crise, si !
M. Michel Sapin, ministre. Messieurs les sénateurs, car il me semble que ce sont plutôt des voix masculines que j’entends,…
M. Jean-Louis Carrère. Il n’y en a qu’un qui hurle, c'est François Grosdidier !
M. Michel Sapin, ministre. … vous devriez, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, avoir la modestie de ceux qui regardent la vérité en face !
M. François Grosdidier. La vérité, vous l’avez niée !
M. Michel Sapin, ministre. La vérité, c'est bien celle que je viens de décrire : les cinquante-sept mois consécutifs de hausse du chômage. Alors, inutile de faire vos commentaires sur un ton plus élevé qu'il ne convient !
Il faut agir pour les jeunes sans emploi, sans formation. Le projet de loi visant à créer 150 000 emplois d'avenir a été largement voté sur ces travées.
M. Claude Bérit-Débat. Oui, largement !
M. Michel Sapin, ministre. Il faut offrir à ces jeunes, qui sont les plus éloignés du marché du travail, non seulement les moyens de trouver un emploi mais, surtout, une formation, qui constitue le bagage personnel de chacun.
Quant au contrat de génération,…
M. François Grosdidier. Vous avez nié la crise !
M. François Grosdidier. Vous avez nié la crise, ce n’est pas saugrenu !
M. Michel Sapin, ministre. … il a été voté très largement par la Haute Assemblée, y compris par des sénateurs de l’opposition. (Protestations sur les travées de l'UMP.) Si vous voulez des noms, je vous les donnerai ! Heureusement que l’on trouve partout des personnes intelligentes qui cherchent à apporter concrètement des solutions à destination des plus jeunes pour qu’ils trouvent un emploi et des plus âgés pour qu’ils ne perdent pas le leur.
M. Alain Gournac. Cela ne marche pas !
M. François Grosdidier. Martine Aubry était contre !
M. Michel Sapin, ministre. Nous avons accordé à Pôle emploi le droit de recruter 2 000 agents supplémentaires, ce qui fait au total 4 000 en moins d'un an, alors que d'autres en avaient supprimé 2 000 au moment même où les chiffres du chômage explosaient.
C'est ainsi, par des dispositifs législatifs, par des actions concrètes et par un accompagnement personnalisé des chômeurs, que nous pourrons enfin stopper cette augmentation, jusqu'à présent inexorable, du chômage ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
suites de la manifestation contre le mariage pour tous
M. le président. La parole est à M. Pierre Charon. (Manifestations de satisfaction sur les travées de l'UMP.)
M. Pierre Charon. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Monsieur le ministre, dimanche dernier, les opposants au projet de loi dit du « mariage pour tous » se sont de nouveau réunis pour une manifestation familiale et pacifique. (Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste.)
M. Jean-Pierre Caffet. Bien sûr…
M. Pierre Charon. Une fois de plus, vos services ont annoncé un chiffre de participation aberrant, encore confirmé hier soir, celui de 300 000 manifestants, ce qui dénote une volonté délibérée de mentir aux Français, afin de minimiser la réalité de cet énorme mouvement de contestation.
Vous avez ainsi « égaré » 700 000 manifestants le 13 janvier dernier, et plus d’un million cette fois-ci !
Je conçois que le Gouvernement soit agacé par la détermination et la mobilisation massive des opposants à ce texte, mais cela ne saurait justifier ni la manipulation grossière des chiffres…
M. David Assouline. C'est de la provocation, c'est bas !
M. Pierre Charon. … ni les instructions données par vous-même, assisté du préfet de police, depuis la salle de commandement de la préfecture.
Comment expliquez-vous l’utilisation de ce que vous appelez des « aérosols »…
M. Jean-Pierre Godefroy. Les salariés connaissent cela depuis des années !
M. Pierre Charon. … sur des enfants, des femmes, des pères de familles ? (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)
Jusqu’à présent, ils servaient plus aux asthmatiques qu’aux manifestants ! Pourquoi pas des vaporisateurs, tant que vous y êtes, alors qu’il s'agit de gaz lacrymogènes ? N'ayez pas peur d'employer les mots qui sont les bons !
Hier encore, à l’Assemblée nationale, où mes collègues députés vous ont fortement secoué, vous avez parlé de « groupes extrémistes ». (Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste.)
M. David Assouline. J’ai les photos !
M. Pierre Charon. Monsieur le ministre, je ne sais pas si quelques agités ont pu se faufiler dans la foule, mais toutes les images et les vidéos sont accablantes pour vous et vos services !
Vos « extrémistes » sont des fillettes de huit ans, des personnes âgées, des bonnes sœurs, des familles nombreuses et des élus de la République ! (Vives protestations sur les travées du groupe socialiste.)
M. David Assouline. Propos honteux !
M. Pierre Charon. Rendez publiques les nombreuses plaintes de journalistes déposées contre vos services à la préfecture de police ! D’ailleurs, à l’heure où je vous parle, un jeune de quatorze ans est toujours hospitalisé, ne sachant pas s’il récupérera l’usage d’un œil.
M. Jean-Pierre Godefroy. On aurait aimé que vous vous préoccupiez autant des travailleurs !
M. Pierre Charon. Monsieur le ministre, quand le pouvoir s’en prend aux enfants, c’est la République qui saigne ! (Protestations sur les mêmes travées.)
M. David Assouline. C’est honteux de dire cela !
M. Pierre Charon. Comment pouvez-vous expliquer aux Français que, une semaine plus tôt, les CRS étaient restés impassibles devant les syndicalistes de PSA qui faisaient brûler des pneus sur cette même avenue de la Grande-Armée ?
Comment pouvez-vous affirmer que les organisateurs ont été débordés par la manifestation ? Pardon, mais ce sont vos services de renseignement qui, la veille encore, prévoyaient 100 000 personnes, au doigt mouillé !
Mme Catherine Tasca. Provocation !
M. Pierre Charon. Effectivement, si vous attendiez quinze fois moins de manifestants, il n’est pas anormal que vos services aient été débordés et que l’on ait à déplorer des incidents...
Il était tout à fait irresponsable de la part du préfet de police de Paris, M. Boucault, d’avoir figé les manifestants, sans prévoir d’issues au cortège. Vous savez à quoi cela revient ? À peu près à remplir une boîte de nuit sans prévoir de sortie de secours !
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. Votre temps est écoulé !
M. Pierre Charon. Cela dit, quand on nomme un directeur de l’ENA patron du maintien de l’ordre, et que l’on court des fauteuils du Grand Rex à la salle de commandement de la PP, il ne faut pas s’étonner d’être débordé par la situation !
M. le président. Mon cher collègue, veuillez conclure !
M. Pierre Charon. C’est pourquoi, devant l’absence de réponse, nous avons décidé, avec un certain nombre de collègues, de demander l’ouverture d’une commission d’enquête, afin d’être éclairés sur les conditions dans lesquelles la préfecture de police (Les protestations sur les travées de l’UMP couvrent la voix de l’orateur.)…
M. le président. Concluez maintenant, monsieur Charon !
M. Pierre Charon. … n’a pas anticipé, n’a pas encadré cette manifestation et a menti aux Français sur la participation. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. – M. Yves Pozzo di Borgo applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’intérieur.
M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur. Monsieur Charon, que cherchez-vous ? À remettre en cause la parole de l'État, celle du préfet de police ? À contester la légitimité du Parlement, celle des représentants de la nation ?
Dans quelques jours, vous allez être saisi, ainsi que vos collègues, d'un texte, celui du mariage pour tous, qui a été majoritairement adopté par l'Assemblée nationale.
Vous avez gouverné, assumé des responsabilités,…
M. Jean-Pierre Caffet. Pas lui ! (Exclamations amusées sur les travées du groupe socialiste.)
M. Manuel Valls, ministre. Effectivement, pas vous – heureusement d’ailleurs, vu ce que je viens d’entendre ! –, mais vos amis ! Vous avez été confrontés à des mouvements sociaux, à la nécessité de maintenir l'ordre, à la colère des Français, aussi. Et maintenant vous venez donner des leçons ? (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
M. Michel Vergoz. Très bien !
M. Manuel Valls, ministre. Monsieur Charon, vous qui avez souvent fréquenté la préfecture de police de Paris, vous savez parfaitement que la méthode de comptage est la même pour tous les rassemblements et toutes les manifestations, et qu’elle est utilisée depuis des années.
Le chiffre de 300 000 manifestants est déjà très important. Qui peut penser qu’il y avait dans Paris plus d'un million de manifestants ? Cela n'a aucun sens ! Pourquoi pas deux ou trois millions, tant que vous y êtes ?
M. Alain Gournac. Argument ridicule !
M. Manuel Valls, ministre. Vous essayez de tromper les Français sur ce sujet. (Non ! sur plusieurs travées de l’UMP.)
Il a été démontré qu’ils étaient bien 300 000. Vous jetez des accusations, mais il y a derrière des professionnels, des fonctionnaires consciencieux : 2 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés dimanche dernier. C'était adapté au nombre de manifestants prévu, parce que nous savions qu'ils seraient à peu près le même nombre que précédemment.
M. Pierre Charon. Et pourquoi pas 100 000 !
M. Manuel Valls, ministre. Non ! Et ne croyez pas tout ce que l’on vous dit dans certaines officines ! Vous avez trop fréquenté les officines de la République, vous voyez bien de quoi je veux parler... (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
M. David Assouline. Mauvaises fréquentations !
M. Manuel Valls, ministre. Je tiens d'ailleurs à votre disposition les preuves : les photographies de la manifestation ; elles ont été publiées hier, vous le savez, sur le site de la préfecture de police, parce que nous n'avons rien à cacher.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. Bravo !
M. Manuel Valls, ministre. Les manifestants ont annoncé un chiffre, mais quel mode de comptage ont-ils utilisé ? Vous pensez pouvoir en confirmer la fiabilité ? C'était peut-être l’une des rares manifestations auxquelles vous ayez participé, à moins qu’il n’y en ait eu d’autres, voilà quelques années…
Mme Éliane Assassi. Il y a bien longtemps…
M. Pierre Charon. Pas d’insulte !
M. Manuel Valls, ministre. Vous le voyez, cette polémique n'a pas de raison d'être.
Les débordements qui ont eu lieu, alors même que les consignes de la préfecture étaient claires, sont inacceptables. Il est bien étonnant qu’un parlementaire qui se réclame sur d'autres sujets du parti de l'ordre salue précisément ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre ! (Huées sur les travées de l'UMP. – Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
Il y a eu, sur internet et sur les réseaux sociaux, de nombreux appels à braver une décision préfectorale confirmée, je vous le rappelle, par le tribunal administratif de Paris.
Enfin, les organisateurs ne pouvaient ignorer, pas plus que vous, le rôle joué – les reportages des médias l'ont bien montré ! – par les extrémistes du Bloc identitaire, des Jeunesses nationalistes, du Renouveau français, du GUD, d'Europe-Jeunesse, qui étaient sur place et qui levaient leurs bras devant les forces de l'ordre.
M. Jean-Pierre Caffet. Factieux !
M. Manuel Valls, ministre. Cela aussi, monsieur Charon, vous l’excusez. Et vous trouvez normal – vous, un parlementaire ! – de mettre en cause nos forces de l’ordre ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Les forces de l'ordre sont intervenues, mais, pour ma part, je suis parfaitement cohérent : dans une démocratie, il ne saurait y avoir le moindre débordement. Vous n'avez pas le droit de mettre en cause ici, au Sénat, pas plus d’ailleurs qu’à l'Assemblée nationale, un homme d'État comme le préfet Bernard Boucault. C’est d’une lâcheté inacceptable ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche
M. le président. La parole est à M. Michel Berson.
M. Michel Berson. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Avec le projet de loi dont le Parlement vient d’être saisi, notre système d’enseignement supérieur et de recherche va enfin être placé au cœur du redressement de notre pays et au service de la compétitivité et de la croissance.
L’État va enfin redevenir stratège. (Exclamations ironiques sur les travées de l'UMP.)
M. Alain Gournac. Ouh là là !
M. Michel Berson. Oui, nous sommes en crise, mais la France est un grand pays ; elle a des atouts…
M. François Grosdidier. Mais un petit président !
M. Michel Berson. … et de réelles capacités à inventer, à innover.
Notre recherche fondamentale est mondialement reconnue.
Cependant, si notre recherche publique a atteint un niveau d’excellence - les prix Nobel et les médailles Fields l’attestent - nos entreprises privées réalisent un effort de recherche notoirement insuffisant.
Comme l’a souligné le rapport Gallois, notre industrie souffre d’un manque d’innovation. Les PME innovantes issues notamment de la recherche publique ne sont pas efficacement soutenues. La recherche technologique et les transferts sont notre point faible.
Force est de constater aujourd’hui que la stratégie nationale de recherche et d’innovation, lancée en 2006-2007, a été un échec. Ses priorités n’ont pas été clairement définies. Sa mise en œuvre n'a pas bénéficié d'un réel suivi. Après avoir subi une rafale de réformes brouillonnes, le système français de recherche et d’innovation est devenu illisible, en termes d’organisation comme en termes de gouvernance.
Madame la ministre, comment le Gouvernement entend-il remettre de l’ordre dans la gouvernance de notre système de recherche et d’innovation, au niveau tant national que territorial ?
Comment entend-il favoriser les transferts de technologie vers l’industrie et vers la société pour créer de nouvelles activités, et donc des emplois, notamment dans les filières d’avenir ?
Comment entend-il organiser de réelles coopérations entre les universités, les grandes écoles et les organismes de recherche, renforcer le partenariat entre le monde économique et le monde académique, pour que la France soit, enfin, à la hauteur des grands défis technologiques et sociétaux auxquels elle doit aujourd’hui répondre ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, vous l'avez dit, dynamiser notre recherche est un objectif prioritaire du projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche qui sera débattu au Parlement à partir du 13 mai.
Avec la priorité accordée à la réussite étudiante, parce que l'élévation du niveau de qualification est une urgence en France, cette nouvelle ambition pour la recherche prend une place essentielle dans le redressement de notre pays, pour développer la compétitivité par la qualité, la seule qui soit durable. C'est d'ailleurs ce que font la plupart des pays émergents et des pays développés.
De ce point de vue, nous avons pris beaucoup de retard, au cours des dix dernières années. Avec 2,2 % de notre PIB dédié à la recherche et au développement et une participation trop faible, vous l’avez indiqué, de la recherche privée, nous sommes bien loin tant de l’objectif de Lisbonne, fixé à 3 %, que de nos voisins allemands, qui ont atteint ce taux de 3 %, et encore plus éloignés de la République de Corée. Ce pays, qui était, voilà cinquante ans, ruiné, consacre aujourd'hui 4,3 % de son PIB à la recherche et au développement.
C'est dire l’ampleur du rebond qu'il nous faudra absolument faire ! Ce projet de loi nous en donnera les moyens, avec les outils nécessaires et l'environnement adéquat.
Oui, l'État stratège est de retour, mesdames, messieurs les sénateurs. Il n’y avait plus de stratégie de recherche dans ce pays. Chaque agence élaborait de son côté sa petite stratégie personnelle sans la moindre coordination et la moindre visibilité.
Oui, nous pouvons être fiers de notre recherche fondamentale, de nos médailles Fields, de nos prix Nobel et de nos prix Poincaré ! Elle est unanimement reconnue dans le monde.
Oui, aussi, la recherche technologique, le transfert, le lien, le décloisonnement entre la recherche fondamentale et le milieu économique sont nos points faibles. C'est cela que le projet de loi se propose d'améliorer avec des dispositifs de transfert beaucoup plus efficaces, ce transfert qui sera, et pour la première fois, inscrit dans les missions de service public de nos chercheurs. Nous fixerons un objectif d'élévation du niveau de formation de notre jeunesse à 50 %, alors que nous sommes à 43 %, bien loin, là encore, de l’objectif de Bologne, fixé à 50 % voilà une dizaine d'années.
Nous préserverons notre recherche fondamentale de la précarité à laquelle elle est confrontée en lui redonnant des crédits récurrents.
Pour répondre aux importants enjeux sociétaux que vous avez évoqués, monsieur le sénateur, nous lancerons des appels à projets et fixerons un agenda stratégique, en nous appuyant sur un conseil d’experts. Ces enjeux sociétaux seront ceux de l’Europe, de sorte que nous serons plus forts sur le plan national et plus forts sur le plan européen.
C’est ainsi, mesdames, messieurs les sénateurs, que nous contribuerons pleinement à la construction d’un projet de société fondé sur la connaissance, sur l’innovation, sur la croyance dans l’avenir.
C’est aussi pourquoi, dans quelques minutes maintenant, je m’en vais libérer les chercheurs en biologie et en médecine de la contrainte que vous avez fait peser sur eux en leur interdisant d’opérer des recherches sur les cellules souches embryonnaires ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)
chiffres du chômage
M. le président. La parole est à M. Jean-François Humbert. (M. Bernard Fournier applaudit.)
M. Jean-François Humbert. Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
Monsieur le ministre, qui peut encore croire en la promesse réaffirmée cette semaine par François Hollande d’inverser la courbe du chômage d’ici à la fin de l’année ?
Mme Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes âgées et de l'autonomie. Nous ! (On le confirme sur les travées du groupe socialiste.)
M. Jean-François Humbert. Personne ! D'ailleurs, nous le verrons bien ce soir.
Aujourd'hui, 68 % des Français sont inquiets pour leur avenir. Ils peuvent l’être, leur pouvoir d’achat ayant baissé, selon l’INSEE, de 0,8 % au quatrième trimestre de l’année dernière et de 0,4 % sur l’ensemble de l’année 2012. Ce recul du pouvoir d’achat, le premier depuis 1984, s’explique principalement par des ponctions sociales et fiscales inégalées. Ce sont les économistes qui le disent !
Mesdames, messieurs les ministres, la France souffre, les Français souffrent. Quand plus de 260 000 chômeurs supplémentaires ont été enregistrés en neuf mois, soit un tiers environ de la hausse constatée sur les cinq années précédentes, l’appel à la mobilisation générale pour l’emploi lancé il y a peu par le Premier ministre prend des allures pathétiques.
C’était il y a neuf mois qu’il fallait agir, comme le candidat Hollande s’y était engagé durant sa campagne ! Au lieu de cela, vous avez multiplié les réformes dites « sociétales » pour satisfaire des minorités, et proposé des réformes de convenance essentiellement tactiques.
Ce ne sont pas les 150 000 emplois d’avenir concrétisés jusqu’à présent ni les contrats de génération qui peuvent constituer une politique face au fléau du chômage !
Mais il y a plus, car, dès le départ, vous avez envoyé des signaux très concrets de défiance envers les entreprises et provoqué un véritable choc fiscal, alors que c’est dans les entreprises que se crée la richesse de demain. C’est d’elles que viendra la croissance ! (Eh oui ! sur les travées de l’UMP.)
D'ailleurs, comment espérer cette croissance, quand un excès de normes rend les entreprises françaises toujours plus vulnérables dans le jeu de la concurrence mondiale ? Certainement pas des mesures du plan pour la compétitivité et l’emploi, une véritable usine à gaz, si vous m’e n croyez !
Monsieur le ministre, quand allez-vous conduire une réelle politique de l’emploi ? Quand ce gouvernement va-t-il enfin mettre de la cohérence dans sa politique ? Quand allez-vous arrêter de dresser les Français les uns contre les autres ? Que comptez-vous faire pour redonner de la confiance à ce pays et en ce pays ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP. – M. Vincent Capo-Canellas applaudit également.)