SEANCE DU 7 JUIN 2001
M. le président.
Je suis saisi de trois amendements déposés par M. Marini, au nom de la
commission des finances.
L'amendement n° 37 a pour objet d'insérer, après l'article 8, une division
additionnelle ainsi rédigée :
« Titre II
bis
« Dispositions relatives aux autorités financières ».
L'amendement n° 38 vise à insérer, après l'article 8, un article additionnel
ainsi rédigé :
« L'article L. 621-2 du code monétaire et financier est ainsi rédigé :
«
Art. L. 621-2 - I. -
L'Autorité de régulation des marchés financiers,
personne morale de droit public, est composée de dix-huit membres.
« Cette autorité est composée de la manière suivante :
« - un conseiller d'Etat désigné par le vice-président du conseil,
« - un conseiller à la Cour de cassation désigné par le premier président de
la cour,
« - le président du Conseil national de la comptabilité,
« - trois personnalités qualifiées nommées, respectivement, par le président
du Sénat, le président de l'Assemblée nationale et le président du Conseil
économique et social, et choisies à raison de leur compétence financière et
juridique ainsi que de leur expérience en matière d'appel public à l'épargne et
de marchés financiers,
« - douze membres nommés sur proposition des organisations professionnelles
par arrêté de l'autorité administrative compétente :
« - six représentent les intermédiaires de marché,
« - trois représentent les sociétés industrielles ou commerciales dont les
titres sont admis aux négociations sur un marché réglementé,
« - trois représentent les investisseurs, dont un les gestionnaires pour
compte de tiers.
« Le mandat des membres est de quatre ans. Il est renouvelable une fois.
« Un représentant du ministère chargé de l'économie et un représentant de la
Banque de France peuvent assister, sans voix délibérative et sauf en matière de
décisions individuelles, aux délibérations de l'autorité.
« Le président de l'Autorité de régulation des marchés financiers est élu, en
son sein, par les membres de l'Autorité. En cas de partage égal des voix, il a
voix prépondérante. Il est soumis aux règles d'incomptabilité prévues pour les
emplois publics.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent
article et, notamment, les règles de majorité, de quorum et de représentation
d'un membre absent, les modalités de déroulement des consultations écrites en
cas d'urgence et de délégation de certains pouvoirs de l'autorité à son
président. Ce décret prévoit, après la deuxième année suivant l'installation de
l'Autorité, le renouvellement tous les deux ans par moitié de l'Autorité. A
l'occasion de la constitution de la première Autorité de régulation des marchés
financiers, la durée du mandat des membres de l'Autorité est fixée par tirage
au sort pour neuf d'entre eux à deux ans et pour les neuf autres à quatre
ans.
« II. - L'Autorité constitue, parmi ses membres, deux formations distinctes
chargées d'exercer les pouvoirs de l'Autorité en matière, respectivement,
d'opérations financières et de sanctions.
« La formation chargée d'exercer les pouvoirs de l'Autorité en matière
d'opérations financières est composée de huit des membres mentionnés au
septième alinéa de l'article L.621-2. Le président de cette formation est élu
en son sein. En tant que de besoin, cette formation peut proposer à l'Autorité
administrative compétente de nommer par arrêté des experts qui participent,
avec voix délibérative et pour une durée déterminée, à ses délibérations.
« La formation chargée d'exercer les pouvoirs de l'Autorité en matière de
sanctions est composée de six membres : le conseiller d'Etat, président, le
conseiller à la Cour de cassation et quatre membres mentionnés au septième
alinéa de l'article L. 621-2. La fonction de membre de cette formation est
incompatible avec celle de président de l'Autorité.
« Pour l'exercice de ses autres attributions, l'Autorité peut, en statuant à
la majorité des deux tiers des membres la composant, constituer en son sein des
formations spécialisées.
« Les modalités de fonctionnement et les attributions de ces formations
spécialisées sont fixées par le règlement intérieur de l'Autorité prévu à
l'article L. 621-3. »
L'amendement n° 39 tend à insérer, après l'article 8, un article additionnel
ainsi rédigé :
« L'Autorité de régulation des marchés financiers exerce les compétences
dévolues à la Commission des opérations de bourse et au Conseil des marchés
financiers par les dispositions législatives en vigueur non abrogées par la
présente loi.
« Jusqu'à la publication au
Journal officiel
de la République française
de l'avis concernant l'installation de l'autorité de régulation des marchés
financiers, la Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés
financiers exercent dans leurs compositions à la date de la publication de la
présente loi les compétences qui leur sont dévolues par les textes législatifs
et réglementaires en vigueur à la même date.
« A compter de cette publication, l'Autorité de régulation des marchés
financiers est subrogée, dans les droits et obligations respectifs de la
Commission des opérations de bourse visée à l'article L. 621-1 du code
monétaire et financier et du Conseil des marchés financiers visé à l'article L.
622-1 du même code.
« A compter de cette publication, les articles L. 623-1 à L. 623-3 et L. 642-4
à L. 642-7 du même code sont abrogés.
« Dans tous les textes législatifs en vigueur, les mots : "Commission des
opérations de bourse", "Conseil des marchés financiers" et "Conseil de
discipline de la gestion financière" sont remplacés par les mots : "Autorité de
régulation des marchés financiers". »
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter ces trois
amendements.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Madame le secrétaire d'Etat, sans vouloir allonger
nos débats, je voudrais quand même redire avec quelque peu de solennité que la
place financière de Paris attend depuis maintenant des mois un système de
régulation rénové, modernisé, simplifié.
Madame le secrétaire d'Etat, c'est bien M. Laurent Fabius qui, le 10 juillet
dernier, alors qu'on ne lui demandait rien, a opportunément pris l'initiative,
devant l'assemblée de Paris Europlace, d'annoncer une réforme des autorités de
régulation financière.
Cette réforme s'impose, elle est justifiée sur le fond. Elle est de nature à
améliorer la bonne visibilité internationale et la compétitivité de la place de
Paris.
Cette réforme, qui, je le rappelle, comporte, en particulier et
prioritairement, la fusion de la COB et du Conseil des marchés financiers, le
CMF, devait être incluse dans le projet de loi sur les nouvelles régulations
économiques, et c'est à peine dix jours avant la date prévue pour le dépôt des
amendements que ce volet a été supprimé du projet de loi, alors qu'il avait été
envisagé très précisément, très sérieusement, qu'il avait fait l'objet de
consultations et qu'il avait rencontré d'ailleurs, dans une très large mesure,
l'accord général et technique de notre commission.
Par la suite, le Gouvernement a déposé un projet de loi de réforme des
autorités financières, qui a été approuvé par le conseil des ministres et
inscrit à l'ordre du jour des assemblées parlementaires - peut-être un instant
de raison - puis il en a disparu.
Aujourd'hui, madame le secrétaire d'Etat, nous examinons des mesures urgentes
de réformes à caractère économique et financier. Si nous avons pu considérer
que la nécessité de réaliser des enquêtes publiques préalables à l'implantation
d'éoliennes de grande dimension faisait partie de l'objet du texte,
a
fortiori
la fusion de la COB et du CMF paraît être au coeur de cette
démarche réformatrice, au demeurant urgente.
C'est que l'on attend, madame le secrétaire d'Etat, « on », c'est-à-dire les
opérateurs, les membres de ces autorités, leurs collaborateurs, qui
souhaiteraient savoir comment va évoluer l'architecture de régulation de la
place de Paris. Plus on tarde, plus s'allongent les tergiversations techniques,
mais aussi politiques, et plus on nuit, madame le secrétaire d'Etat, à la
crédibilité de la place de Paris, à la réputation de la France, alors que le
Gouvernement, dont le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
s'est engagé devant l'ensemble de la communauté financière internationale.
M. Roland du Luart.
C'est tout à fait exact !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
On nous annonce donc dans le report de la réforme et
son intégration dans un projet de loi
ad hoc
dont nous ne savons pas
quand il sera inscrit à l'ordre du jour des assemblées. Mais le temps
parlementaire est rare, d'autant que l'on nous fait discuter à marche forcée de
sujets qui ne sont peut-être pas strictement indispensables, repoussant ainsi
des réformes plus substantielles vers un horizon assez indistinct du calendrier
parlementaire.
Vouloir inclure cette fusion de la Commission des opérations de bourse et du
Conseil des marchés financiers dans un texte spécifique dont il n'est pas
possible de prévoir aujourd'hui la date de l'examen parlementaire, ni à
l'Assemblée nationale, ni au Sénat, est-ce vraiment de bonne politique ?
Très franchement, ne vaudrait-il pas mieux nous dire que c'est le
statu
quo,
que, d'ici à la fin de la législature, on ne peut rien décider, que
cette réforme comporte des inconvénients, que votre majorité plurielle n'est
pas pleinement convaincue de son bien-fondé, que certaines personnes
n'apprécient pas la proportion de professionnels au sein de la nouvelle
instance fusionnée, que sais-je ? Madame le secrétaire d'Etat, mieux vaudrait
être directe et dire la vérité franchement pour que le marché puisse connaître
la durée de vie des autorités de régulation qu'il a devant lui et qui doivent
quotidiennement continuer à exercer leurs responsabilités.
Dans ce contexte, malgré la brièveté des délais, il apparaît indispensable à
la commission des finances de réintroduire dans ce texte MURCEF la création de
l'autorité de régulation des marchés financiers, autorité dont le collège, à
notre sens, doit être composé majoritairement de professionnels - douze membres
sur dix-huit - et qui reprendrait les compétences exercées actuellement par la
Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés financiers.
Tel est, monsieur le président, l'objet des amendements n°s 37, 38 et 39 que
j'ai ainsi présentés globalement.
Je ne m'étends pas davantage sur la technique, car nous nous sommes expliqués
longuement de tout cela et, à mon avis, de façon très convaincante lors de
l'examen du projet de loi relatif aux nouvelles régulations économiques.
M. Roland du Luart.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 37, 38 et 39 ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Non, monsieur le rapporteur, le Gouvernement ne
souhaite pas le
statu quo
. Il souhaite, tout comme vous, simplifier
l'architecture des autorités de régulation financière, et vous avez rappelé
vous-même les engagements pris par M. le ministre de l'économie, des finances
et de l'industrie à cet égard.
Le projet de loi portant réforme des autorités financières est beaucoup plus
large que les propositions qu'à travers vos amendements n°s 37, 38 et 39 vous
souhaitez voir incluses dès ce projet de loi portant mesures urgentes de
réformes à caractère économique et financier. En effet, ces amendements ne
traitent que des aspects organiques de la fusion de la COB, du Conseil des
marchés financiers et du Conseil de discipline de la gestion financière.
Le Gouvernement souhaite, lui, prévoir, d'une part, la fusion des autorités
boursières, la sécurisation du régime de leurs sanctions et un durcissement du
délit d'initié, et, d'autre part, un volet relatif aux autorités du secteur
bancaire et de l'assurance.
Ce projet de loi sera débattu lors de la prochaine session et, par conséquent,
je vous demande, monsieur le rapporteur général, de bien vouloir retirer vos
amendements dans l'attente de ce débat.
M. Roland du Luart.
Il sera déposé à la prochaine session d'automne ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission ne peut pas être convaincue par les
arguments du Gouvernement, car elle propose d'en rester, dans ce texte, en
raison de l'urgence, au premier volet, le volet organique.
Nous ne disconvenons pas de la nécessité d'aller plus loin, mais le marché a
vraiment besoin d'un signal. C'est une question de crédibilité, madame le
secrétaire d'Etat. On peut fort bien mettre en oeuvre cette réforme en
commençant par le volet organique avant de préciser les autres aspects du droit
boursier qui, naturellement, doivent accompagner la fusion des autorités.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans le
projet de loi, après l'article 8.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 8.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 8.
Intitulé du projet de loi