SEANCE DU 7 JUIN 2001
M. le président.
Par amendement n° 31, M. Marini, au nom de la commission des finances,
propose, dans la seconde phrase du premier alinéa du I du texte présenté par le
2 du I de l'article 6 pour l'article L. 312-1-1 du code monétaire et financier,
après les mots : « Les principales stipulations de cette convention »,
d'insérer les mots : « de compte de dépôt, c'est-à-dire les conditions
d'ouverture, de fonctionnement et de clôture ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement vise à préciser le champ d'application
des conventions de comptes de dépôt.
Il s'agit, je le rappelle, de conventions qui régleront les conditions
d'ouverture, de fonctionnement et de clôture des comptes de dépôt, le compte
courant classique des particuliers. Les opérations de crédit, pour ce qui les
concerne, demeureront, selon nous, régies par des conventions spécifiques, qui
sont bien distinctes des conventions écrites traitées dans cet article.
Ces précisions, monsieur le secrétaire d'Etat, présentent plutôt un caractère
de confirmation. Nous aurions, en effet, besoin que vous nous éclairiez sur
l'interprétation que le Gouvernement donne à cet article 6.
Selon la nature de vos explications, la commission verra si les précisions
qu'elle a envisagées se révèlent indispensables.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Il est clair que, pour le Gouvernement, les principes
de stipulation d'une convention de compte, qui seront précisés par arrêté,
doivent porter sur les conditions générales et tarifaires d'ouverture, mais
aussi de fonctionnement et de clôture de la convention de compte.
En conséquence, le Gouvernement souhaiterait le retrait de cet amendement. Il
pourrait toutefois s'en remettre à la sagesse de la Haute Assemblée si le
membre de phrase à insérer était rédigé ainsi : « de compte de dépôt,
c'est-à-dire les conditions générales et tarifaires d'ouverture, de
fonctionnement et de clôture, ».
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, acceptez-vous la suggestion de M. le
secrétaire d'Etat ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Oui, monsieur le président, j'accepte de rectifier
l'amendement dans le sens préconisé par M. le secrétaire d'Etat, que je
remercie de sa réponse tout à fait concrète et précise.
M. Yves Fréville.
Parfait !
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 31 rectifié, présenté par M. Marini, au
nom de la commission des finances, et tendant, dans la seconde phrase du
premier alinéa du I du texte proposé par le 2 du I de l'article 6 pour
l'article L. 312-1-1 du code monétaire et financier, après les mots : « Les
principales stipulations de cette convention », à insérer les mots : « de
compte de dépôt, c'est-à-dire les conditions générales et tarifaires
d'ouverture, de fonctionnement et de clôture. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 32, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose
:
I. - Dans la première phrase du second alinéa du I du texte présenté par le 2
du I de l'article 6 pour l'article L. 312-1-1 du code monétaire et financier de
remplacer le chiffre : « trois » par le chiffre : « deux ».
II. - Dans la seconde phrase du second alinéa du I du texte proposé par le 2
du I de ce même article pour l'article L. 312-1-1 du code monétaire et
financier, de remplacer les mots : « de deux » par les mots : « d'un ».
Par amendement n° 96 rectifié, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent :
I. - Après la première phrase du second alinéa du I du texte présenté par le 2
du I de l'article 6 pour l'article L. 312-1-1 du code monétaire et financier,
d'insérer une phrase ainsi rédigée :
« La communication se fait obligatoirement par recommandé avec accusé de
réception, valant notification effective ; tout autre mode de notification non
opposable est nul et de nul effet. »
II. - En conséquence, de supprimer la seconde phrase du même alinéa.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 32.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement a pour objet de revenir au texte
initial du Gouvernement, qui prenait acte d'un consensus intervenu,
semble-t-il, entre les représentants des consommateurs et ceux des banques.
Selon ses termes, la banque devait informer ses clients deux mois avant tout
changement de tarif, le client disposant d'un mois pour contester ce tarif.
Ce dispositif résultant de la commission Jolivet, il ne nous semble pas
opportun d'allonger les délais.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute
Assemblée.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre l'amendement n° 96 rectifié.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Cet amendement tend à apporter une simple précision aux conditions de
communication des modifications éventuelles de conventions commerciales entre
les banques et les usagers.
Il s'agit en effet, pour nous, de poser le principe d'une communication de
toute évolution de contrat par voie de courrier recommandé, ne serait-ce que
pour parer à un éventuel contentieux et, bien entendu, pour s'assurer que le
client est réellement informé de cette évolution.
C'est notamment pour ces raisons que, au-delà des modalités de communication
de la convention que nous précisons dans cet amendement, il nous apparaît
hautement souhaitable que la convention de compte ne soit pas soumise au
principe plus que discutable de la tacite acceptation, que la seconde phrase de
l'alinéa visé semble admettre.
Notre amendement répond donc à un souci de prévention des contentieux.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement prévoit que la notification du projet
de modification du tarif de produits ou de services contenus dans la convention
de compte se ferait obligatoirement par envoi recommandé avec accusé de
réception.
La commission n'est guère enthousiaste face à cette proposition, car elle note
qu'elle serait coûteuse pour la banque et que ce surcoût se répercuterait
immanquablement sur la tarification d'autres produits. Elle estime, en outre,
qu'il serait peu agréable pour le client de devoir se déplacer jusqu'au bureau
de poste dont il dépend pour aller chercher la lettre recommandée, alors même
que, bien souvent, ce bureau de poste se trouve fort éloigné de son
domicile.
Alourdir les procédures dans les relations banque-client n'est pas
nécessairement une bonne chose ; là encore, il nous semble préférable d'en
rester aux orientations dégagées par la commission Jolivet, qui, sur ces
aspects, est parvenue, semble-t-il, à un relatif consensus. Il convient de le
respecter.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Il est nécessaire que le consommateur, ou le client,
soit bien protégé. Les mécanismes doivent être suffisamment souples et
efficaces pour que ses droits soient bien garantis. Par conséquent, il convient
de ne pas trop alourdir le processus.
Madame Beaudeau, un consommateur ne sera pas privé du droit de résilier son
compte postérieurement au délai d'examen du tarif s'il n'avait pas pu prendre
connaissance du projet de changement tarifaire dans ce délai.
J'ajoute que le système tel qu'il a été retenu dans le texte du Gouvernement,
et qui suit les recommandations de la commission Jolivet, n'a pas soulevé
d'objections à l'Assemblée nationale.
Par conséquent, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 96 rectifié n'a plus d'objet.
Par amendement n° 97 rectifié, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le
II du texte présenté par le 2 du I de l'article 6 pour l'article L. 312-1-1 du
code monétaire et financier par un alinéa ainsi rédigé :
« Sont interdits les frais de toute nature visant à sanctionner la fermeture
ou le transfert du compte dès lors que le client estime que tout projet de
modification du tarif des produits et services lui paraît défavorable. »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Par cet amendement, nous revenons sur la question des coûts facturés aux
usagers de services bancaires désireux de procéder à la clôture de leur
compte.
L'évolution du service bancaire, notamment le développement d'une concurrence
aiguë entre établissements de crédit, dans un contexte de variation sensible de
la qualité et du coût des prestations, a conduit beaucoup d'usagers à envisager
de faire jouer la concurrence.
Nous sommes en effet passés d'une situation où la clientèle d'un établissement
de crédit était quasiment captive à une situation où la diversité et la variété
de l'offre, la différenciation et la segmentation des produits conduiront
naturellement la clientèle à opter pour une sorte de « nomadisme » bancaire, où
chacun cherchera l'offre la plus adaptée à un besoin donné.
Or nous constatons que les établissements de crédit, pour l'essentiel,
continuent de facturer à ceux de leurs clients qui sont désireux de clôturer
leur compte un montant de frais dissuasif, généralement sans commune mesure
avec l'importance des mouvements financiers en cause ou même de la provision
restant au crédit du compte.
Si l'on souhaite effectivement faire valoir la libre concurrence entre
établissements, il nous semble utile de poser un principe de gratuité pour
toute opération de clôture d'un compte courant.
Nous demandons également que cette clause de garantie joue notamment lorsque
c'est le client qui, au regard de l'offre de services qui lui est faite,
considère qu'elle est sans commune mesure avec la convention de compte qu'il a
pu signer précédemment.
Aujourd'hui, gratuité et facturation coexistent. Il nous semble que la
gratuité, évidemment plus favorable aux usagers, doit devenir la règle.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement tend à interdire les frais bancaires
qui sanctionnent la fermeture ou le transfert d'un compte courant quand le
client ne s'estime pas satisfait par les propositions de modification de la
banque en matière tarifaire.
La commission observe que les tarifs de fermeture ou de transfert d'un compte
sont, en effet, dans notre réglementation, des tarifs libres mais qu'ils
oscillent, en général, dans une fourchette assez étroite : entre 150 francs et
200 francs, autrement dit autour de 25 euros.
Du point de vue de la commission, il ne paraît pas utile d'imposer la
suppression de ces tarifs, et ce en particulier pour deux raisons.
Tout d'abord, la future convention de compte de dépôt que prévoit ce même
article 6 fixera très certainement les tarifs de fermeture ou de transfert de
compte. La transparence à l'égard du client sera respectée et celui-ci, au
moment de choisir une banque ou d'ouvrir son compte, sera, s'il le souhaite, en
mesure de comparer les tarifs et les conditions des différentes agences
bancaires situées autour de son domicile ou de son lieu d'activité.
Ensuite, la notification obligatoire du changement de tarifs par la banque
permettra à ce client, s'il estime que la hausse des frais est trop élevée, de
changer de banque dans les deux mois en gardant le bénéfice des anciens
tarifs.
Je pense, madame Beaudeau, que vous pouvez être rassurée par ces arguments. La
commission souhaite le retrait de cet amendement. A défaut, elle en demandera
le rejet.
M. le président.
Madame Beaudeau, maintenez-vous l'amendement n° 97 rectifié ?
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Oui, monsieur le président, car je ne suis nullement rassurée par les
arguments de M. le rapporteur général.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement comprend l'objectif, tout à fait
louable, des auteurs de l'amendement, mais il juge celui-ci à la fois trop
large et trop imprécis.
D'une part, il vise des « frais de toutes natures », ce qui pourrait englober
des coûts qui n'ont pas de rapport avec les opérations de clôture du compte.
D'autre part, il prévoit que sont interdits les frais de toutes natures « dès
lors que le client estime que tout projet de modification du tarif des produits
et services lui paraît défavorable ». Or cela semble bien difficile à
interpréter dans la pratique.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est sûr !
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Ainsi, en cas de désaccord sur une modification
minime, la clôture pourrait être immédiate et gratuite.
Pour ces raisons, tout en partageant votre objectif de ne pas pénaliser les
clients, madame Beaudeau, le Gouvernement émet un avis de « sagesse négative
».
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 97 rectifié.
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Pour ma part, je suis très sensible à cet amendement. Cela étant, je pense que
M. le secrétaire d'Etat est fondé à en relever le caractère trop imprécis.
D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi le compte courant serait seul visé.
Je signale, par exemple, que le transfert d'un plan d'épargne en actions d'une
banque à une autre soulève d'énormes difficultés. J'attire également
l'attention de M. le rapporteur général sur le fait que, par exemple, les frais
de clôture d'un PEA à la suite d'un décès se montent dans certaines banques à
près de 650 francs, et l'on peut chercher vainement ce tarif dans les
conditions générales de la banque. Cela n'a rien à voir avec les chiffres qu'il
a cités.
Je pense donc que la rédaction de l'amendement mérite d'être revue et qu'elle
doit notamment viser tous les comptes. Mais nous allons le voter en espérant
que la disposition sera retravaillée.
M. Thierry Foucaud.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Monsieur le président, ayant entendu M. le secrétaire d'Etat et M. Bellanger,
je souhaite rectifier cet amendement en remplaçant, dans le texte que nous
proposons, les mots : « lui paraît » par les mots : « peut paraître ».
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 97 rectifié
bis.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission reste défavorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat.
Même avis que précédemment.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 97 rectifié
bis,
repoussé par la
commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 312-1-1 du code
monétaire et financier.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 312-1-2 DU CODE MONÉTAIRE ET FINANCIER