II. L'AFFIRMATION DES COLLECTIVITÉS LOCALES COMME DES ACTEURS ÉCONOMIQUES DE PREMIER PLAN
A. LA PLACE DES COLLECTIVITÉS LOCALES DANS L'ÉCONOMIE NATIONALE
Les
tentatives de mise en évidence de la place des collectivités
locales dans l'économie nationale se heurtent à des
difficultés d'ordre statistique
13(
*
)
. Ces difficultés tiennent
tout d'abord au fait que les recensements statistiques, et notamment la
comptabilité nationale, ne distinguent pas toujours les
collectivités locales proprement dites de l'ensemble des administrations
publiques locales (APUL). Par ailleurs, si les statistiques du ministère
de l'intérieur et de la direction de la comptabilité publique
isolent les collectivités locales au sens strict, leur mode de
comptabilisation résulte de la synthèse des comptes et non de
leur consolidation, ce qui ne permet pas d'éliminer les doubles comptes
(par exemple les flux entre collectivités).
En outre, la catégorie des APUL retenue par la comptabilité
nationale n'appréhende pas l'ensemble du secteur public local. Sont
ainsi tenus à l'écart les hôpitaux publics ou privés
assurant une mission de service public, les sociétés HLM,
certaines associations et, surtout, les sociétés
d'économie mixte (SEM) ainsi que les entreprises privées ayant
reçu délégation de service public.
Malgré ces difficultés, il est possible de dégager des
tendances.
1. Une place significative
La contribution du secteur public local à l'économie nationale est généralement mise en évidence par le volume des recettes et des dépenses des administrations publiques locales (APUL) dans le produit intérieur brut (PIB).
Les administrations publiques locales (APUL) et le PIB
(en % du PIB)
|
1970
|
1975
|
1982
|
1987
|
1992
|
1992
|
1995
|
1998
|
1. DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES (APU) |
43,7 |
49,2 |
56,9 |
56,3 |
54 |
52,9 |
55,2 |
54,2 |
Dépenses de l'Etat |
21,7 |
22,1 |
24,5 |
23,8 |
- |
23,7 |
24,1 |
23,7 |
Dépenses des APUL |
6,9 |
8,1 |
9 |
9,5 |
10 |
9,8 |
10 |
9,8 |
2 . RECETTES DES APU |
44,6 |
46,8 |
54,4 |
55 |
54,8 |
48,8 |
49,7 |
51,5 |
Recettes de l'Etat, dont : |
22,7 |
20,3 |
22,6 |
21,6 |
- |
20,4 |
19,9 |
20,6 |
Recettes fiscales de l'Etat |
18,5 |
16,3 |
18,1 |
17,3 |
- |
16,7 |
16,5 |
16,9 |
Recettes des APUL, dont : |
6 |
7,2 |
8,2 |
9,4 |
- |
9,3 |
9,8 |
10,2 |
Recettes fiscales perçues au profit des APUL * |
3,4 |
4,1 |
4,8 |
5,9 |
6,3 |
5 |
5,5 |
5,8 |
* La
comptabilité nationale regroupe sous cet intitulé le produit de
la fiscalité locale et les prélèvements sur les recettes
de l'Etat au profit des collectivités locales.
Données chiffrées : Rapport économique, social et
financier (PLF 2000), rapport sur les comptes de la Nation de l'année
1993 (PLF 95).
Le
tableau ci-dessus permet de mettre en évidence deux
phénomènes :
-
l'augmentation de la part des administrations publiques locales dans le
produit intérieur brut au cours des trente dernières
années
. Cette part a augmenté fortement entre 1970 et le
milieu des années 80, puis s'est plus ou moins stabilisée
s'agissant des dépenses, tandis que l'augmentation de la part des
recettes locales dans le PIB se poursuit à un rythme ralenti .
-
un rééquilibrage en cours entre la part relative de l'Etat
dans le PIB et celle des administrations publiques locales
. Là
encore, on constate un fort rattrapage entre 1970 et le milieu des
années 70, puis une certaine stabilisation à partir du milieu des
années 80. Ainsi, la part des dépenses de l'Etat dans le PIB
était 3,1 fois supérieure à celle des APUL en 1970, 2,5
fois supérieure en 1987 et 2,4 fois supérieure en 1998. Pour les
recettes, la part de l'Etat dans le PIB était 3,7 fois supérieure
en 1970, 2,2 fois supérieure en 1987 et 2 fois supérieure en 1998.
Dans les deux cas, on constate une coïncidence entre la mise en oeuvre des
transferts de compétences prévus par les lois de
décentralisation et la stabilisation des parts de l'Etat et des
collectivités locales dans le produit intérieur brut.