OBSERVATIONS DU GROUPE SOCIALISTE

SUR LES PROPOSITIONS FIGURANT DANS LA MOTION ADOPTÉE
PAR LA MISSION D'INFORMATION SUR LA DÉCENTRALISATION

La décentralisation est aujourd'hui approuvée par l'ensemble des élus comme un acquis irréversible ; ceux-ci souhaitent poursuivre ce mouvement en simplifiant ce qui peut l'être dans le fonctionnement comme dans les champs d'action des institutions locales.

Il était temps de procéder à un bilan. C'est dans cette perspective, que le Gouvernement a confié à Pierre Mauroy la présidence d'une commission, où siègent tous les représentants des associations d'élus, chargée de faire des propositions pour rendre la décentralisation plus légitime, efficace et solidaire. Celle-ci rendra ses conclusions au début de l'automne prochain.

Les travaux de la mission d'information nous paraissent être une contribution intéressante à verser au dossier de la décentralisation.

Ce rapport est plus un constat, qu'un ensemble de propositions concrètes et de ce fait susceptible de recueillir un certain consensus.

Cependant parmi les mesures préconisées dans la motion du rapport de la mission d'information un certain nombre appellent des réserves, inquiétudes, voire opposition de notre part.

Les propositions formulées, apparaissent plus comme une liste de souhaits quelquefois insuffisamment articulés et hiérarchisés que comme des propositions concrètes et précises.

Ainsi par exemple:

Si nous n'avons pas d'opposition a priori à l'idée de promouvoir " une collectivité chef de file " pour les compétences partagées, encore faudrait-il que cette notion soit précisée au regard de critères déterminants (compétence principale, financeur principal...) et veiller à ce qu'elle n'entraîne pas la tutelle d'une collectivité locale sur une autre.

Avant toute réforme tendant au transfert des constructions universitaires à la région, il est indispensable d'évaluer avec précision les besoins pour l'avenir en matière d'investissement et de maintenance des universités. Il en va de même pour le transfert de la gestion des personnels administratifs et techniques des établissements d'enseignement. En règle générale toute modification des compétences entre l'Etat et les collectivités ou entre collectivités doit être précédée d'une étude d'impact approfondie prenant en compte l'existant et les perspectives à moyen terme.

La suggestion " d'ouvrir droit à l'expérimentation pour placer une police territoriale de proximité sous l'autorité des maires" par contre appelle notre opposition totale. L'Etat se doit d'assurer l'égale sécurité de tous. Le principe de libre administration des collectivités locales permet aux communes qui le souhaitent de se doter d'une police municipale. La loi du 15 avril 1999 relative aux polices municipales a fourni un cadre législatif précis à l'action des polices municipales ; il convient de ne pas aller au-delà.

Sur ce plan des missions régaliennes il nous semble dangereux de trop expérimenter en laissant un pouvoir très important aux collectivités locales, lequel pourrait entraîner des dérives.

S'agissant des propositions faites concernant la fonction publique territoriale, la présentation de celles-ci laisse à penser que le recrutement de contractuels serait insuffisant. Or le statut de la fonction publique territoriale permet le recrutement d'agents contractuels pour des tâches spécifiques à durée déterminée ; aller au-delà remettrait en cause le principe du concours qui préside à une fonction publique indépendante et compétente. Nous sommes opposés à toute extension du recrutement de contractuels.

La promotion des métiers territoriaux par les institutions en charges de l'organisation des concours doit être une priorité, afin de recruter dans de bonnes conditions des professionnels devant remplacer les nombreux départs à la retraite et de prendre en compte l'évolution des tâches au sein de nos collectivités dans une perspective prospective. Pour autant nous pensons que les cadres d'emploi existant sont assez larges pour intégrer les nouveaux métiers et qu'il n'est pas nécessaire d'en créer de nouveaux.

En ce qui concerne la rénovation du système du financement local, nous regrettons que la solidarité entre les collectivités locales soit trop peu abordée. De même, il nous semblerait souhaitable de préciser les axes d'une " modernisation de la taxe d'habitation "

Enfin, la proposition de loi constitutionnelle du président Poncelet, est pour nous inacceptable. Outre le fait, qu'elle confère au Sénat un droit de veto parfaitement injustifié sur tous les textes relatifs aux collectivités territoriales, en constitutionalisant les relations entre l'Etat et les collectivités locales elle fait descendre la Constitution à un niveau qui n'est pas le sien. Les règles de compensation des charges transférées sont déjà prévues par les lois de décentralisation et le dispositif proposé impliquerait que l'on modifie la Constitution chaque fois que l'on voudrait adapter ces règles. La nécessaire réforme de la fiscalité locale ne passe pas par une révision constitutionnelle.

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