CHAPITRE II :
ENGAGER ENFIN UNE BAISSE
DES
PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES
Sous le
titre "
des prélèvements obligatoires
délibérément élevés
", votre
commission des finances notait dans son rapport pour le débat
d'orientation budgétaire 2000
2(
*
)
, que les annonces de baisses
d'impôts du gouvernement depuis 1997 avaient toujours été
démenties dans les faits, car il avait, sans le dire, abandonné
l'objectif de réduction de la pression fiscale et sociale.
De fait, le pic historique atteint par les prélèvements
obligatoires en 1999 (45,7% du PIB) a malheureusement confirmé cette
analyse.
En 1999, 70,7 % de l'augmentation de la richesse nationale aura
été prélevé par la sphère publique
, un
chiffre exceptionnellement élevé comparé à ceux de
1998 (43,4 %) et 1997 (50,8 %).
Aujourd'hui, le gouvernement est contraint de reconnaître que la pression
fiscale est devenue insupportable pour nos concitoyens, pour l'emploi et les
entreprises qui sont le moteur de l'activité. Mais les mesures fiscales
présentées dans le collectif budgétaire pour 2000, qui ont
pour principal objectif d'effacer une partie des hausses d'impôts
enregistrées depuis 1997 sont loin de répondre aux attentes des
Français et aux besoins de l'économie.
Face à cet état de fait, votre commission des finances estime
indispensable de procéder à une réforme structurelle du
système des prélèvements obligatoires axée autour
d'une baisse de l'impôt sur le revenu mais également des
cotisations sociales.
I. DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES DEVENUS INSUPPORTABLES
A. UN PIC HISTORIQUE EN 1999
Le bilan
des hausses d'impôts sur la période 1997-2000 est impressionnant
et révélateur.
Les recettes
d'impôt sur le revenu
auront augmenté de
15,4 % en trois ans, passant de 293 milliards de francs en 1997 à
339 milliards de francs dans le collectif pour 2000
3(
*
)
. Sur la seule année 1999, la
hausse du produit de l'impôt sur le revenu s'est élevée
à 9,7 % (7,8 % hors intégration de la contribution
représentative du droit de bail), soit nettement plus que
l'évolution du revenu disponible des ménages en 1998
(4 %)
4(
*
)
. Cet impôt a
ainsi, contrairement à ce qu'a laissé penser le gouvernement,
contribué de façon significative à l'éclosion des
surcroîts d'imposition pesant sur le contribuable mieux connus sous le
nom de " cagnotte ".
Les recettes nettes
d'impôt sur les sociétés
auront
progressé de 41,5 % depuis 1997, dont une hausse de 24,4 %
pour la seule année 1999, avec un produit passant de 172 milliards de
francs en 1997 à 229 milliards de francs en 2000.
La taxe sur la valeur ajoutée
(TVA)
aura progressé
de 7 % en trois ans, passant de 626 milliards de francs à 672
milliards de francs. En 1999, la TVA nette aura progressé de 4,5 %,
pour un indicateur d'évolution des emplois taxables
pondéré de 3,8 % et des dépenses de consommation des
ménages de 2,8 % en valeur.
La taxe intérieure sur les produits pétroliers
aura
progressé de 10,8 % sur trois ans, passant de 150 milliards de
francs à 167 milliards de francs.
Ainsi, au cours des trois années passées aura bien
été enregistrée une hausse massive de tous les
impôts, au premier rang desquels l'impôt sur les
sociétés, mais également l'impôt sur le revenu,
pesant sur les ménages.
Comme le souligne l'INSEE dans sa lettre sur les comptes des administrations publiques en 1999, " la réduction du déficit résulte d'une forte hausse des prélèvements obligatoires " confortant ainsi l'exception française en matière de finances publiques.
Evolution du taux de prélèvements obligatoires depuis 1996
(en pourcentage du PIB)
Les prélèvements obligatoires en 1999
|
Recettes 1999 |
Evolution |
|
Prélèvements obligatoires... |
En milliards de francs |
En % du PIB |
99/98 (en %) |
... de l'Etat |
1.578,8 |
17,9 |
7,4 |
Taxe sur la valeur ajoutée |
673,5 |
7,6 |
4,2 |
Taxe sur les produits pétroliers |
161,2 |
1,8 |
2,6 |
Impôt sur le revenu |
302,6 |
3,5 |
9,3 |
Impôt sur les sociétés |
225,1 |
2,6 |
21,9 |
Autres (1) |
216,4 |
2,3 |
5,6 |
... des organismes divers d'administration centrale |
70,6 |
0,8 |
5,0 |
... des administrations publiques locales |
489,2 |
5,5 |
- 0,7 |
Taxe professionnelle |
133,7 |
1,5 |
- 4,2 |
Taxes foncières (propriétés bâties et non bâties) |
101,3 |
1,1 |
3,6 |
Taxe d'habitation |
64,7 |
0,7 |
5,2 |
Autres prélèvements |
189,5 |
2,2 |
- 2,1 |
... des administrations de sécurité sociale |
1.840,3 |
20,9 |
4,8 |
Contribution sociale généralisée |
354,4 |
4,0 |
5,4 |
Autres impôts |
77,3 |
0,9 |
4,0 |
Cotisations sociales (2) |
1.408,6 |
16,0 |
4,7 |
... des institutions de l'Union européenne (3) |
52,1 |
0,6 |
- 1,5 |
Total des prélèvements obligatoires |
4.031,0 |
45,7 |
5,2 |
(1)
Comprend la déduction des transferts fiscaux de l'Etat aux
collectivités locales et à la sécurité sociale et
les impôts dus non recouvrables ainsi que les autres
prélèvements (notamment la contribution représentative du
droit de bail, 9,5 milliards de francs).
(2) Déduction faite des cotisations dues non recouvrables.
(3) Les versements aux institutions de l'Union européenne comprennent,
outre les impôts retracés dans le tableau ci-dessus, un transfert
de l'Etat au titre de la " quatrième ressource ". Au total,
ces versements se sont élevés à 91,6 milliards de
francs en 1999, soit 1 % du PIB.
Sources : Comptes nationaux 1999 - base 95, INSEE, direction de la
prévision, direction générale de la comptabilité
publique
Les recettes fiscales
nettes des dégrèvements et
remboursements auront progressé de 7,6 % en 1999, soit nettement plus
vite que le PIB (+ 3,3 % en valeur).
Mais les
prélèvements sociaux
se seront également
accrus de 4,8 % avec une contribution sociale
généralisée (CSG) particulièrement dynamique
(+ 5,4 %). Ce dynamisme reflète avant tout celui de la masse
salariale du secteur privé, qui nourrit la progression des cotisations
sociales et de la CSG.
Seuls les prélèvements des administrations publiques
locales
(hormis le cas, très spécifique, des
prélèvements de l'Union européenne)
auront connu une
légère décrue
, de - 0,7 %. Toutefois, cette
diminution est principalement imputable à la réforme de la taxe
professionnelle, la baisse sensible du produit de cet impôt
(- 4,8 %) compensant la hausse des autres impôts.