4. La correction par les dépenses : l'hypothèse d'un cofinancement des dépenses agricoles
Estimant
que les contributions brutes des Etats membres au budget de l'UE sont
généralement équitables et devraient l'être encore
plus dans les années à venir du fait de l'augmentation de la part
de la ressource PNB dans les recettes de l'Union,
la Commission voit dans la
structure des dépenses la cause fondamentale des
déséquilibres budgétaires
. Elle souligne en outre que,
selon l'accord de Fontainebleau, la voie privilégiée du
traitement des déséquilibres budgétaires est l'action sur
le volet des dépenses du budget.
Partant du postulat qu'
" il est manifestement incohérent d'agir
sur les résultats budgétaires des dépenses
structurelles ",
la Commission estime en revanche
" concevable
de modifier les dépenses agricoles "
en réduisant leur
montant global. "
L'idée fondamentale consiste à tirer
parti du fait que la part dans le financement du budget de l'UE de tous les
Etats membres connaissant des déséquilibres budgétaires
importants est beaucoup plus grande que leur part dans les dépenses
agricoles de l'UE et qu'une réduction du montant global des
dépenses améliorerait leur solde budgétaire
".
La Commission évoque ainsi l'hypothèse d'un cofinancement par
l'UE et les Etats membres des aides directes de la politique agricole commune
qui, à l'avenir, ne seraient donc remboursées que partiellement
par l'Union (par exemple à hauteur de 75 %). Les mesures de soutien
demeureraient quant à elles intégralement financées par
Bruxelles.
La Commission considère que la limitation du remboursement des aides
directes versées aux agriculteurs serait justifiée par le fait
que celles-ci "
constituent une redistribution strictement
interpersonnelle, sans aucun objectif de répartition. Selon le principe
de subsidiarité, la redistribution interpersonnelle est mieux mise en
valeur au niveau des Etats membres qu'au niveau de l'Union
européenne
".
Les tableaux ci-après, établis à partir des données
de la Commission, présentent les conséquences pour chaque Etat
membre d'un remboursement par l'Union européenne des aides directes aux
agriculteurs limité à 75 %.
Conséquences
d'un remboursement partiel (75 %) des
aides directes de la PAC
|
|||||||||
|
Montant des aides
directes qui serait laissé à la
charge des Etats
|
Montant de la diminution des contributions nationales au budget de l'Union Européenne (due au non-remboursement par l'Union européenne de 25 % des aides indirectes) |
Différence |
||||||
|
en millions d'euros |
en millions d'euros |
en millions d'euros |
PNB (%) |
|||||
Belgique |
77,8 |
208,6 |
130,9 |
0,06 |
|||||
Danemark |
201,3 |
138,5 |
- 62,8 |
- 0,04 |
|||||
Allemagne |
1.057,8 |
1.762,0 |
704,3 |
0,04 |
|||||
Grèce |
551,5 |
99,2 |
-452,3 |
- 0,41 |
|||||
Espagne |
993,5 |
463,7 |
- 529,8 |
- 0,10 |
|||||
France |
1.663,0 |
1.184,5 |
- 478,5 |
- 0,04 |
|||||
Irlande |
163,0 |
56,4 |
- 106,6 |
- 0,17 |
|||||
Italie |
877,3 |
972,7 |
95,4 |
0,01 |
|||||
Luxembourg |
3,8 |
14,8 |
11,1 |
0,07 |
|||||
Pays-Bas |
90,3 |
315,9 |
225,6 |
0,06 |
|||||
Autriche |
120,5 |
175,6 |
55,1 |
0,03 |
|||||
Portugal |
106,5 |
87,8 |
- 18,7 |
- 0,02 |
|||||
Finlande |
72,0 |
100,5 |
28,5 |
0,03 |
|||||
Suède |
134,8 |
191,7 |
56,9 |
0,03 |
|||||
Royaume-Uni |
854,0 |
1.194,8 |
340,8 |
0,03 |
|||||
Total |
6.966,8 |
6.966,6 |
0,0 |
0,00 |
|||||
Conséquences
d'un remboursement partiel (75 %) des
aides directes de la PAC
|
|||||||||
|
Montant des aides directes qui serait laissé à la charge des Etats |
Montant de la diminution des contributions nationales au budget de l'UE |
Différence |
||||||
|
en millions d'euros |
en millions d'euros |
en millions d'euros |
PNB (%) |
|||||
Belgique |
157,4 |
268,1 |
110,7 |
0,03 |
|||||
Danemark |
278,7 |
178,1 |
- 100,6 |
- 0,05 |
|||||
Allemagne |
1.586,6 |
2.264,8 |
678,2 |
0,03 |
|||||
Grèce |
579,5 |
127,8 |
- 451,7 |
- 0,30 |
|||||
Espagne |
1.123,7 |
595,5 |
- 528,2 |
- 0,07 |
|||||
France |
2.169,7 |
1.521,2 |
- 648,5 |
- 0,04 |
|||||
Irlande |
268,4 |
72,6 |
- 195,8 |
- 0,23 |
|||||
Italie |
1.115,2 |
1.249,7 |
134,5 |
0,01 |
|||||
Luxembourg |
7,5 |
19,1 |
11,6 |
0,05 |
|||||
Pays-Bas |
237,2 |
406,0 |
168,8 |
0,03 |
|||||
Autriche |
181,9 |
225,7 |
43,8 |
0,02 |
|||||
Portugal |
136,6 |
112,8 |
- 23,9 |
- 0,02 |
|||||
Finlande |
106,3 |
129,1 |
22,8 |
0,01 |
|||||
Suède |
185,9 |
248,2 |
62,3 |
0,02 |
|||||
Royaume-Uni |
1.010,7 |
1.440,3 |
429,6 |
0,03 |
|||||
6 nouv. EM |
0,0 |
286,4 |
286,4 |
0,07 |
|||||
Total |
9.145,3 |
9.145,3 |
0,0 |
0,00 |
Les résultats de ces derniers tableaux sont résumés par les graphiques suivants, extraits du rapport de la Commission.
Conséquences sur les soldes budgétaires
d'un
remboursement partiel des aides directes de la PAC
(Différences par rapport au système actuel ; données
pour 2006 ;
prix courants correction du RU ; taux de
remboursement : 75%)
Ces
données conduisent à un triple constat :
- la réduction effective du solde négatif de l'Allemagne,
des Pays-Bas, de l'Autriche et de la Suède ne correspondrait pas, loin
de là, aux demandes de ces quatre Etats. Pour l'année 1999, cette
réduction serait au mieux identique (pour l'Allemagne) et le plus
souvent bien inférieure à celle qui résulterait pour ces
pays de la suppression du " chèque britannique ", qui serait
donc tout aussi efficace (et en même temps plus conforme à la
logique communautaire) que le cofinancement de la PAC ;
- la timide amélioration (en % du PNB) qui en
résulterait pour les quatre Etats précités diminuerait sur
la période 1999-2006 : de 25 % pour l'Allemagne ; de
33 % pour l'Autriche et la Suède ; de 50 % pour les
Pays-Bas. Ce constat conduit à s'interroger sur l'efficacité
à terme d'un dispositif qui serait pourtant conçu dans le seul
but de réduire la contribution nette de ces pays ;
- enfin, si l'on excepte la France et le Danemark, ce
rééquilibrage serait intégralement financé par les
Etats les moins prospères (Espagne, Grèce, Irlande et Portugal).
Face à ces multiples revendications et propositions, souvent
inconciliables, le risque est grand de céder au pessimisme. Fort
heureusement pour l'avenir de l'Union européenne, les Quinze refusent de
se considérer dans une impasse et maintiennent leur objectif d'un
aboutissement des négociations sur l'Agenda 2000 pour le premier
trimestre 1999. La délégation pour l'Union européenne
croit également à un accord dans des termes qui permettront
d'améliorer l'efficacité et la légitimité de
l'Union européenne. Une solution aux difficultés, acceptable par
tous, paraît en effet susceptible d'être trouvée par une
adaptation du " volet dépenses ".