IV. L'EXPLOITATION
A. UN RÉSEAU DE SALLES EN FORTE CROISSANCE
1. Le réseau de salles français est le plus dense d'Europe
•
La France disposait en 1997 de 4 695 salles actives, réparties dans
2 156 établissements.
• Elle est le pays le mieux équipé d'Europe : 8 salles
pour 100 000 habitants (et encore 7,5 salles si l'on ne compte pas les
salles parisiennes) contre 6 pour le Danemark, deuxième pays de l'Union
Européenne suivant ce critère.
• Les zones urbaines sont mieux équipées que les zones
rurales. Paris regroupe environ 8% des salles de France.
2. Le dynamisme des créations de salles se confirme depuis 1993
•
Après avoir connu une régression constante entre 1985 et 1993,
correspondant à une période de baisse de la fréquentation,
le parc de salles français connaît une croissance sensible depuis
trois ans. En 1996, le nombre d'écrans nouvellement créés
a été le double de celui de 1995 et le solde net de
créations d'écrans en 1996 a été de 176 (233
ouvertures et 57 fermetures). En 1997, mle nombre de nouveaux écrans a
été de 185.
• Pour 133 cas sur 185 en 1997, les salles créées sont dues
à l'ouverture de multiplexes ou à la restructuration de complexes
classiques en multiplexes.
• Les multiplexes sont définis comme des complexes comprenant au
moins 10 salles pour un minimum de 1 800 à 2 000 fauteuils. A
la fin de 1997, 34 multiplexes étaient en activité, totalisant
442 écrans. Ils cumulaient 26 millions d'entrées, soit 17,3% de
la fréquentation.
• La capacité des nouvelles salles créées est plus
importante qu'auparavant : elle tourne autour de 200 fauteuils par
écran ; le Château du Cinéma à Lomme,
près de Lille, totalise 7 403 fauteuils pour 23 écrans.
• Le nombre d'établissements de plus de 10 salles est passé
de 7 en 1993 à 37 en 1997.
• La concentration du secteur de l'exploitation est croissante : les
50 premiers établissements réalisent 27,7% des entrées
totales et 30,5% des recettes.
3. Les multiplexes relancent la fréquentation mais fragilisent d'autres exploitants
•
La dynamique de création des multiplexes est génératrice
d'audience dans la zone de chalandise de ces nouveaux établissements. A
la table ronde organisée par l'association Villes et Cinémas, le
gain net de spectateurs a été estimé à 300 000
en moyenne pour l'agglomération dans laquelle ils sont implantés.
• Cependant, l'effet des multiplexes sur les autres exploitants de la zone
de chalandise est généralement négatif. Les salles
situées à proximité du multiplexe accusent une baisse
sensible de leurs entrées, de 20% à 50%. Les salles qui
résistent le mieux sont les salles Art & Essai dont la programmation
est complémentaire de celle des multiplexes. Cependant, dans certaines
villes, les multiplexes ajoutent certains films d'auteur à leur
programmation et concurrencent ainsi directement les salles d'Art & Essai
de la zone de chalandise. L'association les Cinémas Indépendants
Parisiens évalue la chute d'audience du Quartier latin, due à
l'implantation du cinéma UGC-Ciné-Cités les Halles, entre
20% et 30%.
• Parallèlement, suite à des ouvertures de multiplexes
jugées anarchiques, certaines villes ont dû faire face à
des offres en doublon (l'exemple de Nantes est le plus souvent cité).
Les exploitants ont engagé une guerre des prix, diminuant les
remontées vers les producteurs.
• Aujourd'hui, les ouvertures de multiplexes sont soumises à
autorisation, comme le secteur de la grande distribution. Les Commissions
départementales d'équipement cinématographiques (CDEC),
instituées par l'extension de la loi Royer à la fin de 1996, sont
entrées en action en 1997. Quatorze commissions se sont réunies
en douze mois : elles ont autorisé la création de huit
multiplexes et ont refusé six projets. Cette réglementation a
conduit les exploitants (principalement UGC et dans une moindre mesure
Pathé et Gaumont) à ouvrir des multiplexes à
l'étranger et à amorcer un phénomène
d'internationalisation, surtout vers les pays européens (Espagne,
Portugal, Pays-Bas).
• Le nombre de salles Art & Essai évolue de manière
irrégulière depuis 1975, mais représente une part
croissante du parc total depuis quelques années : de 13,6% en 1975
à 17,2% en 1996. Ce parc génère 629 MF de recettes en
1996, soit 13% du total national.
4. Les salles se modernisent et s'équipent progressivement
•
Le nombre d'installations sonores sophistiquées a connu une croissance
forte depuis quatre ans : son Dolby, son digital, son THX.
• Le nombre d'écrans 70 mm a connu une progression importante en
1992 (passage de 25 à 70 écrans), mais est stable
depuis.
5. Les exploitants sont entrés dans une phase d'investissements
•
Les investissements des exploitants (hors foncier et activités annexes)
ont presque doublé en trois ans. Ils sont passés de 427 MF
en 1994 à 814 MF en 1997. La conversion des salles en multiplexes
explique en grande partie cette évolution.
• Ces investissements ne sont plus couverts par le fonds de soutien
exploitant qu'à 34% en 1997 contre 60% en 1994.
• Cette situation tend à fragiliser les plus petits qui ne peuvent
suivre cette modernisation essentiellement orchestrée par les groupes
(UGC, Pathé, Gaumont).
Évolution des investissements des exploitants
(hors
foncier et activités annexes)
|
1994 |
1997 |
Fonds de soutien aux exploitants |
255 MF |
274 MF |
Investissements des exploitants |
427 MF |
814 MF |
Taux de couverture |
60% |
34% |
Source : CNC