IV. L'ÉVOLUTION DES SOURCES DE FINANCEMENT A FORTEMENT CONTRIBUÉ À L'INFLATION DU BUDGET DES FILMS

• Nous avons vu que la structure de financement des films d'initiative française a connu de profonds changements entre 1980 et 1997.

• Les différents postes de financement des films d'initiative française suivent des rythmes de croissance différenciés qui peuvent expliquer l'évolution non linéaire du coût moyen des films au cours des périodes 1980-83, 1983-87, 1987-92 et 1992-97.

1. 1980-83 : forte augmentation de la fréquentation
2. 1983-87 : une baisse relative des financements disponibles

• La période 1983-87 voit une croissance très forte de l'apport des chaînes en 1987, avec la privatisation de TF1, la création de M6 et La Cinq, et surtout la montée en puissance de Canal+ et ses obligations en matière de cinéma (+33,5% en moyenne par an; +99,5% entre 1986 et 1987).

• Il en est de même pour les Sofica (+141% entre 1986 et 1987).

• Les à-valoir des distributeurs français chutent fortement (-23,4 % par an) au cours de cette période, tandis que l'apport des producteurs français reste relativement stable. (Tableau 2).

• Bien que l'apport des chaînes de TV croisse de manière soutenue, il ne suffit pas à compenser la forte chute des à-valoir des distributeurs : le déficit de financement qui résulte de ces évolutions entre 1983 et 1986 tend à stabiliser le coût moyen des films d'initiative française.

3. 1987-92 : recours accrus aux sources de financement régulées

• La période 1987-92 regroupe deux sous-périodes (Tableau 2).

- Jusqu'en 1989-90, l'apport des chaînes de TV en francs constants continue de croître fortement (+17,2% par an en moyenne). Les apports des producteurs français et étrangers reprennent, tandis que les à-valoir des distributeurs français continuent de chuter (-40% par an) et que le recours aux Sofica baisse (-2,2% par an). Les soutien automatique et sélectif augmentent fortement (respectivement +76% et 9,5% par an), de même que les cessions de droits vidéo (+88% par an).

- A partir de 1990, l'apport des producteurs français et étrangers se stabilise, les à-valoir des distributeurs français connaissent une reprise soutenue (+34% par an) et le soutien automatique finance relativement moins les films d'initiative française (-12% par an), du fait entre autres de la baisse de la fréquentation et de la chute brutale des cessions de droits vidéo (-42%). Les autres postes de financement observent la même tendance qu'entre 1987 et 1990.

• Tout au long de la période, la croissance des ressources financières régulées (apports des chaînes, soutien public) exprimée en francs constants commence à compenser la baisse continue des à-valoir des distributeurs (+16% de croissance contre 2,7%). La forte croissance des chiffres d'affaires de Canal+ et de TF1 génère de nouvelles ressources financières pour le cinéma. La mise en oeuvre de quotas de diffusion d'oeuvres originales françaises élargit les débouchés des longs métrages. Le confort apporté par l'afflux de ces ressources, dont la nature limite le risque pris par les producteurs, explique en grande partie la hausse du coût moyen des films français sur cette période.

4. 1992-97 : baisse des investissements en production

• La période 1992-97 regroupe aussi deux périodes (Tableau 2).

- Jusqu'en 1995, l'apport des producteurs français et étranger baisse. L'apport des chaînes augmente encore, mais sa croissance ralentit (7,7%). La reprise de la fréquentation alimente une augmentation de la part du soutien automatique dans le budget total (+9,4%) tandis que la part du soutien sélectif diminue (-1,9%). Les à-valoir des distributeurs français sont de nouveau orientés à la baisse (-3%) et le recours aux Sofica continue de chuter (-27%).

- A partir de 1995-96, l'apport des chaînes décroît (-3%). L'apport des producteurs français est de nouveau orienté à la hausse entre 1996 et 1997. Après une légère reprise jusqu'en 1995 (+13%), le recours aux Sofica est moins fréquent (-27%) et les cessions de droits vidéo ont pratiquement disparu. Les autres sources de financement connaissent la même évolution qu'entre 1992 et 1995.

• Entre 1992 et 1996, les investissements en production sont orientés à la baisse (-5%). Le rythme de croissance des ressources financières régulées jusqu'en 1997 se ralentit fortement (+3,3%). En conséquence, le coût moyen des films d'initiative française se stabilise de nouveau.

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