II. DES RÉSULTATS SCOLAIRES CONTRASTÉS
En dépit d'un taux d'encadrement assez élevé à Saint-Pierre comme à Miquelon, les résultats scolaires apparaissent assez contrastés. En effet, si les résultats au baccalauréat sont relativement conformes à la moyenne métropolitaine, les taux d'accès aux classes de troisième ou de seconde des lycées d'enseignement général et technologique sont très inférieurs au taux nationaux d'accès à ces niveaux.
A. DES RÉSULTATS AUX EXAMENS SATISFAISANTS...
L'évaluation en sixième révèle des scores en mathématiques constamment plus élevés qu'en métropole de 1994 à 1996 (64,2 contre 62,9 en 1996). Cela était également le cas en français jusqu'en 1996, année qui a vu les enfants de Saint-Pierre et Miquelon réaliser des scores moins élevés que la moyenne française (60,9 contre 62,1).
Scores de français |
|||
|
1994 |
1995 |
1996 |
Lycée SPM |
66,2 |
72,1 |
60,9 |
France |
64,4 |
66,4 |
62,1 |
Les résultats au baccalauréat de la session 1997 ont été tout à fait honorables avec un taux global de réussite, toutes sections confondues, de 75,68 %. Les taux de réussite oscillent entre 68,57 % en 1996 et 100 % à la session 1989.
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Admis/Présents |
21/21 |
22/24 |
25/27 |
27/31 |
27/36 |
21/31 |
34/42 |
24/35 |
28/37 |
Taux de réussite |
100% |
91,6% |
92,6% |
87% |
75% |
67,7% |
80,9% |
68,5% |
75,7% |
B. ... MAIS DES TAUX D'ACCÈS AUX CLASSES SUPÉRIEURES ET AU BACCALAURÉAT MÉDIOCRES
Une
étude menée par le Directeur du Centre d'information et
d'orientation de Saint-Pierre et Miquelon sur neuf générations
d'élèves nées entre 1971 et 1979 révèle que
si le taux d'accès à une troisième de collège ne
cesse de croître depuis 1986, il est loin d'atteindre le taux
constaté en métropole.
Ainsi, si près de 70 % des élèves nés en 1979
ont accédé à une troisième de collège contre
57 % des élèves nés en 1971, ce chiffre est à
comparer à un taux national de l'ordre de 81 %, soit un
écart de plus de dix points. De même, si 43 % des
élèves nés en 1979 ont accédé à une
seconde générale contre 30,6 % des élèves
nés en 1971, le chiffre national d'accès à la seconde pour
les élèves nés en 1979 était de 55 %.
Enfin, plus problématique, alors que 61,5 % des
élèves métropolitains accèdent au niveau du
baccalauréat, ce taux tombe à 40 % à Saint-Pierre et
Miquelon.
Les différents interlocuteurs rencontrés dans l'archipel ont
d'ailleurs révélé une certaine réticence des
" bons " élèves à exceller en matière
scolaire, afin de ne pas être envoyés en métropole. Il est
vrai qu'en raison d'un certain " confinement " propre à
Saint-Pierre et Miquelon, la métropole effraie. Il conviendrait
peut-être, à cet égard, d'encourager les échanges
avec les voisins canadiens, ce qui aurait le double avantage d'émanciper
des élèves un peu trop protégés et de favoriser un
bilinguisme à développer.
Le maintien à Saint-Pierre et Miquelon de l'accès au CAP à
la sortie de la classe de cinquième fournit une autre explication
à cette faiblesse du nombre de bacheliers. Cette dérogation
devrait prendre fin cette année.
Les statistiques récentes ne sont toutefois pas définitives
compte tenu du nombre d'élèves qui sont encore dans le
système scolaire et susceptibles d'accéder à une terminale
par le jeu des passerelles entre filières.
C. LE DÉPART DES ÉLÈVES LES MIEUX FORMÉS
En
1996-1997,
66 élèves boursiers
poursuivaient leur
formation
en
métropole
2(
*
)
, essentiellement dans des lycées
offrant des options plus diversifiées (le lycée de Saint-Pierre
n'offrant que les sections S, ES et L) et dans des sections BEP de
lycées professionnels, les autres dans des sections de CAP, dans des
lycées agricoles ou dans des centres de formation d'apprentis.
119 étudiants
étaient par ailleurs recensés dans
les différentes filières de formation supérieure de
métropole (IUT, Universités, grandes écoles, écoles
spécialisées, CPCG, STS...).
L'analyse des chiffres rassemblés pour la génération
née à Saint-Pierre et Miquelon en 1971 est
particulièrement éclairante du devenir des 95 jeunes adultes
recensés dans cette tranche d'âge et ayant effectué la
totalité de leur scolarité à Saint-Pierre et
Miquelon
3(
*
)
. Ces jeunes ont 26
ans aujourd'hui et ont terminé leurs études pour la plupart.
L'étude indique ainsi que sur les 69 personnes qui ont terminé
leurs études avec un niveau inférieur au baccalauréat
(soit 72 % du groupe témoin), 62 personnes sont établies
à Saint-Pierre et Miquelon, dont 28 avec un CAP ou un BEP. Les sept
élèves ayant préféré la métropole
où le Canada représentent 10 % des élèves de
cette catégorie.
En revanche, sur les 26 élèves ayant obtenu un
baccalauréat
4(
*
)
(soit
27 % du groupe témoin), seuls 19 sont établis à
Saint-Pierre et Miquelon (soit les trois quarts) dont 8 avec un diplôme
de l'enseignement supérieur. Deux d'entre eux poursuivent leurs
études. Les sept élèves " émigrants "
représentent 27 % des bacheliers.
Il y a donc 81 personnes établies à Saint-Pierre et Miquelon sur
95, soit une " fuite " vers la métropole ou vers le Canada de
14 élèves parmi les plus qualifiés.