c) Quelle réforme des modes de décision du Conseil ?
-
• Dans une Union élargie, il sera extrêmement difficile de
prendre des décisions à l'unanimité.
L'extension du
domaine où le Conseil décide à la majorité est donc
un aspect capital du préalable institutionnel.
Même si les
domaines régis par l'unanimité sont aujourd'hui peu nombreux, il
s'agit de domaines où le renforcement de la capacité de
décision de l'Union paraît indispensable, car la réussite
des deux plus grands chantiers de l'Union, l'union monétaire et
l'élargissement, en dépend au moins en partie. L'extension du
vote à la majorité qualifiée devrait ainsi concerner la
politique sociale, la fiscalité, la politique de cohésion, la
libre circulation des personnes et la lutte contre la criminalité
internationale (4(
*
)).
• Mais l'extension du champ du vote à la majorité qualifiée doit nécessairement s'accompagner d'une révision de la pondération des votes au sein du Conseil. La délégation pour l'Union européenne a déjà abordé ce sujet, il y a un an, sur le rapport de M. James Bordas (5( * )) ; votre rapporteur se bornera donc à rappeler les données essentielles de ce débat :
- la modification progressive du rapport entre " grands " et " petits " Etats a pour effet de compromettre la légitimité du processus de décision, dont les règles reflètent de moins en moins les réalités démographiques et les contributions financières respectives des Etats membres ; en même temps, elle tend à empêcher l'approbation à la majorité qualifiée de propositions pourtant approuvées par des Etats représentant une très large majorité de la population de l'Union. Tant du point de vue de la légitimité que de l'efficacité, une révision des règles de pondération paraît donc indispensable dans l'optique de l'élargissement.
- un objectif raisonnable pourrait être, ainsi que M. Michel Barnier l'avait suggéré devant la Délégation lors de la préparation de la CIG , d'adopter des règles de pondération permettant de rétablir et de conserver l'équilibre entre " grands " et " petits " Etats tel qu'il existait au sein de l'Europe des Douze . A défaut d'accord sur une nouvelle pondération, un système de double majorité serait pour votre rapporteur une solution de repli acceptable, très largement préférable au statu quo (dans ce système, la coalition d'Etats nécessaire pour qu'une mesure soit approuvée devrait représenter à la fois une majorité qualifiée en voix, avec les règles actuelles de pondération, et une majorité qualifiée démographique, par exemple 60 % de la population de l'Union).