ANNEXE N° 1 -
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
de sa séance tenue le mercredi 29 avril 1998, la commission a
procédé à l'examen du rapport d'information,
présenté par M. Jean François-Poncet,
président, sur la mission d'information effectuée par une
délégation de la commission au Kazakhstan, en Ouzbékistan
et au Turkménistan, du 20 au 30 septembre 1997, pour étudier
l'économie de ces pays ainsi que leurs relations économiques,
commerciales et financières avec la France.
Après avoir annoncé la tenue d'un colloque sur l'Asie centrale,
en collaboration avec le Centre français pour le commerce
extérieur (CFCE) le 27 mai prochain, M. Jean
François-Poncet, président, a rappelé que cette
région, qui couvre un espace de près de 4 millions de
km² peuplé de 53 millions d'habitants, rassemblait cinq
états, autrefois républiques soviétiques : le Kazakhstan,
l'Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizistan et le
Tadjikistan. Il a indiqué que la mission sénatoriale avait
dû restreindre la durée de sa visite à dix jours en raison,
notamment, de la session extraordinaire du Parlement et n'avait donc pas pu se
rendre au Kirghizistan et au Tadjikistan.
M. Jean François-Poncet, président, a observé que son
potentiel énergétique et sa situation de carrefour
stratégique faisaient de cette partie du monde au passé
particulièrement brillant une région aujourd'hui essentielle.
Il a souligné que l'avenir des trois pays visités était
intimement lié à des caractéristiques communes à
l'ensemble de la zone.
Parmi celles-ci, il a relevé en premier lieu l'importance de l'islam.
Evoquant l'installation et l'expansion musulmane dans la zone, il a
rappelé que l'islam sunnite de rite hanéfite s'était
imposé progressivement, le soufisme jouant un rôle central. Bien
que la pratique religieuse et l'influence de l'islam aient été
contrecarrées pendant les décennies soviétiques, le fait
musulman, -a-t-il précisé-, n'en est pas moins resté
intact comme référence identitaire, même si depuis
l'indépendance les autorités, tout en reconnaissant son
importance, entendent le contrôler. Evoquant à ce propos l'exemple
du Maroc, il a précisé que malgré la proximité
d'Etats fondamentalistes, les autorités, notamment Ouzbèkes et
Turkmènes, avaient réussi à circonscrire ces
phénomènes.
M. Jean François-Poncet, président, a observé, en second
lieu, que la colonisation russe et la soviétisation de l'Asie centrale
avaient marqué cette région d'une empreinte
indélébile. Après avoir souligné l'importance des
minorités et de la langue russes en Asie centrale, il a indiqué
qu'on assistait actuellement à un découplage vis-à-vis de
la Russie avec, d'une part, le renforcement de l'indépendance politique
des états d'Asie centrale et, d'autre part, l'affirmation d'une
souveraineté économique centre-asiatique.
Il a rappelé par ailleurs que ces pays connaissaient des régimes
de pouvoir personnel -pouvoir concentré entre les mains du chef de
l'Etat- mais observé que certaines fragilités étaient
perceptibles, évoquant à ce propos le délicat
problème de la succession et l'existence de factions
régionalistes au sein de l'appareil d'Etat.
M. Jean François-Poncet, président, a, enfin, souligné la
richesse du potentiel économique, notamment énergétique,
de l'Asie centrale. Il a indiqué qu'au-delà des ressources
déjà décelées, la Mer Caspienne semblait contenir
de considérables réserves en gaz et en pétrole, mais que
la question du statut de cette mer n'était toujours pas
réglée.
Il a fait observer qu'au-delà des handicaps et des aléas propres
à chacun des Etats de la région, l'Asie centrale dans son
ensemble était soumise à deux contraintes majeures :
l'enclavement et les menaces environnementales. En ce qui concerne
l'enclavement, il a présenté les différentes voies
d'évacuation des hydrocarbures vers l'ouest, le nord, le sud et l'est,
chacune d'elles présentant des caractéristiques politiques et
techniques spécifiques. En ce qui concerne l'environnement, il a
évoqué les perspectives d'avenir pour le sauvetage de la Mer
d'Aral et les conséquences écologiques des expériences
nucléaires soviétiques.
M. Jean François-Poncet, président, a fait état des
multiples convoitises dont cette région était l'objet, notamment
de la part de la Turquie et des pays occidentaux. Insistant sur la forte
présence américaine, il a relevé que l'Allemagne, la
Grande-Bretagne, la Suisse et les Pays-Bas avaient effectué une forte
percée en Asie centrale.
Il a ensuite décrit la situation spécifique de chacun de ces
trois pays.
S'agissant du Kazakhstan, il a rappelé son considérable potentiel
énergétique et analysé une situation politique fortement
marquée par la personnalité de M. Nazarbaiev. Il a
évoqué les problèmes soulevés par le transfert de
la capitale d'Almaty à Akmola.
Insistant sur la richesse de la civilisation ouzbèke, il a
indiqué que l'Ouzbékistan disposait d'atouts importants qu'il
avait réussi à mettre en valeur durant la première phase
de son indépendance.
Il a souligné que le Turkménistan disposait d'une manne
gazière très importante, mais que le désenclavement
économique s'avérait difficile pour ce pays en transition,
fortement marqué par le poids du passé.
M. Jean François-Poncet, président, a regretté que
malgré le rôle positif des visites d'Etat du président
Mitterrand en septembre 1993 et avril 1994, la part de la France dans
les investissements et les échanges commerciaux en Asie centrale soit
demeurée très modeste. Il a observé que si la France avait
conclu de grands contrats, notamment dans les secteurs du bâtiment et des
travaux publics et de l'énergie, les entreprises françaises
n'avaient dans cette zone qu'une implantation relativement faible. Il a
considéré que la France pouvait néanmoins trouver un grand
nombre d'opportunités en Asie centrale, en particulier dans le secteur
de l'eau et dans le domaine alimentaire.
Il a ensuite abordé la présence culturelle française en
Asie centrale -assez importante-, estimant notamment que l'Institut
français d'Etudes sur l'Asie centrale était un organisme qui
faisait honneur à la France.
M. Jean François-Poncet, président, a considéré que
ce déplacement avait permis une bonne approche des grands
problèmes de la région et a conclu que cette zone cruciale,
notamment sur le plan énergétique, continuerait à susciter
les appétits des grandes puissances. Il a précisé que
cette zone offrait aux entreprises françaises un vaste champ de
développement qu'elles auraient grand tort d'ignorer ou de sous-estimer.
Enfin, la commission a
autorisé la publication du présent
rapport d'information.