II. UNE INSTITUTION APPRÉCIÉE QUI FAIT HONNEUR À LA FRANCE : L'INSTITUT FRANÇAIS D'ÉTUDES SUR L'ASIE CENTRALE

A. LES AMBITIONS DE L'IFÉAC

1. " Déchiffrer " une région complexe

L'IFÉAC veut avant tout déchiffrer un monde doublement opaque, par son héritage soviétique et par sa structure patriarcale traditionnelle. Pour cela, elle privilégie les études contemporaines, qui représentent entre les deux-tiers et les trois-quarts de l'activité de l'Institut. Elle remonte néanmoins vers des " siècles " dont elle favorise l'étude pour elle-même -XIVe-XIXe siècles pour comprendre les formations ethniques, politiques et religieuses et période pré-islamique pour l'étude des routes commerciales et migratoires-.

Plusieurs colloques ont ainsi été organisés en 1995 sur " Les réformismes islamiques en Asie centrale depuis le XIXe siècle " , sur " l' Inde et l'Asie centrale, routes du commerce et des idées ", ainsi qu'en 1996 sur " l' Islam et la musique  ". L'IFÉAC a également passé un contrat avec l'Institute for developing Economies de Tokyo, organisme à but non-lucratif et semi-gouvernemental, pour une étude sur la transition des Etats centre-asiatiques vers l'économie de marché.

Pour éviter l'éparpillement des moyens au gré de formations individuelles, l'Institut développe des programmes de recherche, choisis à la fois pour s'intégrer à la société d'accueil et pour parer à des urgences ou saisir des occasions scientifiques.

2. Procéder à un recrutement de haut niveau

L'IFÉAC profite de son insertion locale, privilège dont elle est en Asie centrale le seul organisme de recherche étranger à bénéficier, pour explorer les " ressources humaines " de la région. Elle repère les savants prometteurs ou confirmés, les aidant à se concentrer sur leur recherche et à se former aux méthodes modernes d'abord et, pour les meilleurs, en Europe ensuite, à les faire voyager pour des formations approfondies en immersion. C'est pour la France un moyen de rayonnement intellectuel dans toute la région et une source précieuse d'information rare et de qualité.

Par ailleurs, le recrutement de chercheurs étrangers à l'Asie centrale est fondamental. L'IFÉAC reçoit, en outre, un chercheur-pensionnaire, deux allocataires du ministère, un ou plusieurs boursiers Lavoisier, et attribue également, sur dossier, ses propres bourses. En 1997, est apparue une nouvelle catégorie, les stagiaires, admis à l'Institut mais sans soutien financier de sa part.

Le principe d'une rotation assez rapide des chercheurs a été retenu en fonction des impératifs suivants :

- former un nombre suffisant de jeunes chercheurs, avec l'espoir de stimuler le milieu français ;

- ne pas laisser ceux qui préparent une thèse s'enfermer dans le confort trompeur de l'allocation ;

- éviter les effets négatifs de l'existence -malgré tout austère- qu'impose le séjour en Asie centrale. Le poids de l'isolement ainsi que les complications administratives et matérielles ne doivent en effet pas être sous-estimés.

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