INTRODUCTION -
Tout a
changé en Asie Centrale, mais à y regarder de plus près,
rien n'est encore vraiment différent. Jugement un peu trop hâtif
sur cette partie du monde qui a recouvré son indépendance, ou
simple constat sur une région qui constituait, il y a peu de temps
encore, une fraction de l'empire soviétique ?
Six ans après le démembrement de l'Union soviétique, le
moment semble venu, pour la France, de tourner sérieusement son regard
vers ces nouveaux pays souverains.
Pour le plus grand nombre, l'Asie centrale est une contrée mal
identifiée sur la carte du globe. Pour ceux qui la connaissent, elle est
apparue, ces dernières années, comme un territoire situé
dans la sphère d'influence de la Russie.
Ainsi tout se passe comme si notre pays, satisfait de la relance de ses
relations politiques et économiques avec la Chine et la Russie, se
contentait de résultats modestes pour assurer sa présence dans
cette région essentielle du monde.
Quiconque s'intéresse au continent asiatique ne saurait, pourtant,
ignorer l'Asie centrale.
L'histoire l'interdit. Elle renvoie au royaume des Parthes, aux cités de
Merv et de Samarcande, aux empires de Gengis Khan et de Tamerlan. La
célébration, en 1997, par l'UNESCO du 2.500 ème
anniversaire de la fondation des villes de Boukhara et de Khiva témoigne
du passé prestigieux et mouvementé de cette région
tombée dans l'oubli depuis le début du XVIème
siècle, et mise sous le boisseau depuis la fin du XIXème
siècle.
L'Asie centrale, trait d'union entre plusieurs aires culturelles, couvre un
espace de près de 4 millions de km² peuplé de
53 millions d'habitants. Elle rassemble cinq Etats, autrefois
Républiques soviétiques : le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le
Turkménistan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. L'Azerbaïdjan, bien
que certaines caractéristiques l'apparentent à l'Asie centrale,
appartient plutôt au Caucase.
L'indépendance de ces Etats a donné lieu, au début des
années 1990, à trois pronostics sur le devenir de cette
région.
Pour les uns, son potentiel énergétique, devait rapidement
l'autoriser à occuper une place primordiale dans l'économie
mondiale. Pour d'autres, une forte instabilité risquait de s'y
développer du fait de l'ascension de l'islam, de la diversité
ethnique des Républiques et du caractère artificiel de leurs
frontières. D'autres enfin, annonçaient que la disparition de
l'URSS laissait le champ libre à la Turquie, à l'Iran et à
d'autres appétits venus de plus loin.
Aujourd'hui aucun de ces pronostics ne s'est réellement
vérifié. Une certitude pourtant : l'Asie centrale est redevenue
l'une des pierres angulaires de l'équilibre géopolitique de
l'Eurasie, suscitant nombre d'interrogations stratégiques,
économiques et culturelles.
Pour mieux comprendre ce miroir aux facettes multiples qu'est l'Asie centrale,
la mission d'information de la Commission des Affaires Economiques,
après avoir rencontré à Paris un certain nombre d'experts
de la région, s'est rendue au Kazakhstan, en Ouzbékistan et au
Turkménistan.
Elle a volontairement restreint la durée de sa visite à dix jours
en raison de la session extraordinaire du Parlement et n'a pas pu, en
conséquence, se rendre au Kirghizstan et au Tadjikistan.
Invitée par le Sénat de la République du Kazakhstan, la
mission d'information a réservé la première partie de son
voyage à Almaty, où elle a été accueillie par la
Commission des Affaires économiques, des Finances et du Budget du
Sénat du Kazakhstan. Elle a pu mettre à profit son séjour
dans la capitale pour rencontrer M. Noursoultan Nazarbaev,
Président de la République, ainsi que plusieurs ministres et
parlementaires.
La mission s'est ensuite rendue en Ouzbékistan. Après Tachkent,
où elle a pu rencontrer les autorités gouvernementales et
parlementaires ainsi qu'un grand nombre de chefs d'entreprises, elle s'est
rendue à Samarcande et à Boukhara.
Elle a achevé son voyage à Achkabad au Turkménistan.
La mission d'information tient ici à adresser ses vifs remerciements
à Son Excellence M. Noursoultan Nazarbaev, Président de la
République du Kazakhstan, à M. Outkour Sultanov, Premier Ministre
de la République d'Ouzbékistan, aux Parlements kazakhstanais,
ouzbèke et turkmène, ainsi qu'aux autorités
gouvernementales, provinciales et locales pour l'accueil qui lui a
été réservé et la disponibilité avec
laquelle toutes les personnalités rencontrées se sont
prêtées à ses questions.
Malgré le court laps de temps qui leur était imparti, les
Sénateurs ont pu mieux cerner la réalité de ces Etats et
identifier les défis que leur évolution lance à l'Asie et
à l'Occident.
Si l'avenir de chacun de ces pays est intimement lié à
l'histoire, à la civilisation, aux handicaps et aux atouts communs
à l'ensemble de cette région, l'Asie centrale demeure aujourd'hui
une terre de diversité sur laquelle la France est encore trop peu
présente.