EXAMEN DU RAPPORT PAR LA DELEGATION

La délégation s'est réunie le 1er octobre, sous la présidence de M. Jacques Genton, pour l'examen du présent rapport.

M. Christian de La Malène a tout d'abord présenté les principales dispositions du traité, abordant tour à tour les questions institutionnelles et les modifications apportées à chacun des trois piliers de l'Union européenne. Puis, dans un second temps, il a apporté des éléments d'appréciation sur ce texte, en soulignant notamment les points suivants :

- le traité renvoie à plus tard la solution du principal problème qu'il avait à résoudre, l'adaptation des institutions dans la perspective de l'élargissement ; le protocole mentionnant la nécessité d'une réforme avant l'élargissement n'offre aucune garantie véritable car il est rédigé en de tels termes qu'il n'a pas par lui-même de force obligatoire ;

- le seul changement important est l'accroissement des pouvoirs du Parlement européen ; en l'absence d'une réforme corrélative de la Commission et du Conseil, il pourrait altérer l'équilibre des institutions et porter atteinte à l'indépendance de la Commission qui était un des éléments essentiels du système institutionnel communautaire ;

- quelques avancées non négligeables ont été accomplies dans le sens d'un renforcement de la PESC, mais elles ne s'accompagnent d'aucun véritable progrès dans le domaine de la défense, et la cohérence du dispositif est compromise par le classement des crédits de la PESC en dépenses non obligatoires ;

- la réforme du troisième pilier aboutit à un dispositif complexe qui risque de ne pas apporter le surcroît d'efficacité qui serait nécessaire dans la lutte contre la grande délinquance internationale ;

- l'affirmation plus explicite de la dimension humaine et sociale de la Communauté répond à une attente des opinions, mais les orientations fondamentales de la construction européenne ne s'en trouveront pas bouleversées ;

- sur un certain nombre de points particuliers, à la demande de tel ou tel pays ou groupe de pays, le nouveau traité va combler des lacunes. La France a ainsi obtenu au moins partiellement satisfaction pour certaines de ses demandes ponctuelles : meilleure reconnaissance de la notion de service public, statut particulier des DOM, confirmation du siège du Parlement européen...

Concluant son propos, M. Christian de La Malène a estimé que la réalisation de l'Union économique et monétaire apparaissait plus que jamais comme le ciment essentiel de la construction européenne dans les années qui viennent, et que, dès lors, la physionomie de l'Europe à venir semblait celle d'une union économique, certes fortement structurée par des politiques communes et par une union monétaire, mais sans véritable dimension politique au sens d'une volonté d'agir ensemble et d'affirmer une identité commune sur la scène internationale.

Enfin, il a ajouté que la jurisprudence du Conseil Constitutionnel donnait à penser qu'il serait nécessaire de réviser la Constitution préalablement à la ratification du traité d'Amsterdam.

M. Jacques Genton s'est félicité que le rapport donne une vue d'ensemble des problèmes posés par le traité d'Amsterdam.

M. Xavier de Villepin a demandé des précisions sur la date de ratification du traité et sur l'initiative conjointe de la Belgique, de la France et de l'Italie pour une relance du processus de réforme. Il s'est interrogé sur l'éventualité d'un résultat négatif lors du référendum au Danemark.

M. Christian de La Malène a indiqué que, compte tenu des risques d'interférence entre le débat sur le traité et les décisions sur l'euro, il lui paraissait probable que le processus de ratification s'engagerait plutôt dans la deuxième moitié du premier semestre de 1998. Il a précisé que l'initiative évoquée avait pris la forme d'une déclaration annexée au traité, sans portée contraignante, soulignant la volonté des signataires d'établir un lien entre la réforme des institutions et les premières négociations d'élargissement, et mettant l'accent sur la nécessité d'étendre le champ des décisions à la majorité qualifiée.

M. Denis Badré a exprimé sa perplexité devant le dispositif prévu pour les coopérations renforcées, craignant que ce nouveau dispositif ne décourage les coopérations renforcées à l'extérieur de l'Union tout en les rendant très difficiles à l'intérieur de celle-ci, même si le nouveau texte ouvre malgré tout certaines possibilités. Il s'est déclaré déçu par l'absence de réforme institutionnelle préalable à l'élargissement. Le Gouvernement, a-t-il estimé, a commis une erreur en relançant inutilement le débat sur le pacte de stabilité au moment même où les négociations institutionnelles entraient dans leur phase finale. Le protocole sur les institutions annexé au traité, a-t-il ajouté, n'offre aucune garantie, et la déclaration de la Belgique, de la France et de l'Italie n'a en réalité qu'une portée réduite. Concluant son propos, il s'est interrogé sur l'opportunité de ralentir le processus d'élargissement, la réforme des institutions devant être prioritaire.

M. Christian de La Malène a souligné que l'élargissement à l'Est était un processus de portée historique et de caractère irrésistible, tandis que le déroulement de la Conférence intergouvernementale avait montré qu'il n'existait pas de véritable mouvement de fond pour une réforme des institutions. Cet écart, a-t-il ajouté, est d'autant plus préoccupant qu'il sera plus difficile encore de réformer les institutions quand l'Union aura entamé son élargissement.

M. Denis Badré a estimé que, dans ces conditions, on ne pouvait plus que compter sur le rôle intégrateur de l'euro.

Mme Danielle Bidard-Reydet s'est interrogée sur les modalités de ratification du traité.

M. Christian de La Malène, approuvé par M. Jacques Genton, a estimé que ce texte ne donnerait pas lieu à un référendum, mais à une approbation parlementaire.

M. Pierre Fauchon s'est préoccupé de voir l'Allemagne en dehors de l'initiative italo-franco-belge. A Maastricht, a-t-il observé, l'Allemagne était prête à avancer vers l'intégration politique, la France plus prudente : aujourd'hui les rôles sont renversés. Puis, faisant référence à des propos de M. Valéry Giscard d'Estaing, il a estimé que la réforme qui s'était avérée impossible à quinze le serait a fortiori avec de nouveaux membres, et que, dans ces conditions, l'Europe pencherait vers une zone de libre échange améliorée, même si le rôle intégrateur de l'euro pouvait contrebalancer quelque peu cette tendance ; dès lors, a-t-il conclu, une véritable intégration politique suppose le regroupement des Etats réellement décidés à avancer et la formation d'un " noyau dur " de l'Union.

M. Christian de La Malène a souligné que les dispositions relatives aux coopérations renforcées ne paraissaient pas de nature à favoriser la formation d'un " noyau dur ".

M. James Bordas, après s'être félicité que le rapport donne une présentation synthétique des principaux aspects du traité, a souhaité que la distinction des rôles respectifs du Conseil européen et du Conseil de l'Union européenne apparaisse plus nettement.

Puis la délégation a décidé à l'unanimité d'autoriser la publication du présent rapport.

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