F. LES PRIX

Les deux scénarios confirment la tendance à la désinflation. Le salaire par tête progresse en effet moins vite que la productivité, ce qui permet aux entreprises de préserver leurs marges sans augmenter leurs prix.

Le prix du PIB marchand progresse ainsi de 1,1 % par an en moyenne de 1996 à 2001 dans le scénario 1 (et de 1,2 % dans le scénario 2 ).

Compte tenu d'une augmentation plus rapide des prix des importations due notamment à l'augmentation des prix du pétrole, les prix de la consommation progressent légèrement plus vite que le prix du PIB : + 1,5 % par an en moyenne.

G. PRINCIPALES CONCLUSIONS

Les grandes tendances de l'économie française, telles qu'elles viennent d'être illustrées par les deux scénarios présentés ci-dessus, peuvent se résumer de la manière suivante :

Même dans le scénario le plus favorable, la croissance à moyen terme de l'économie française est inférieure à celle de ses principaux partenaires. Ceci ne doit pas être considéré comme une évolution probable mais plutôt comme une indication fournie par le modèle sur une tendance lourde : le manque de dynamisme de la demande interne freine la croissance, de telle sorte que l'économie française a des difficultés à suivre le rythme de ses partenaires. Or, cette atonie de la demande interne ne peut être imputée à l'orientation rigoureuse de la politique budgétaire : en effet celle-ci n'aurait un impact restrictif qu'en début de période, alors que c'est en fin de période (1999 à 2001) que l' essoufflement de la croissance française est le plus manifeste.

Les raisons de l'atonie de la demande interne doivent être trouvées du côté du revenu des ménages qui, en raison de la faiblesse des évolutions salariales, ne peut contribuer au soutien de la consommation. Celle-ci progresse ainsi en projection à un rythme moyen inférieur à 2 % par an, soit moins vite que le PIB. Ceci explique qu'après un cycle assez bref, l' investissement des entreprises ralentisse en fin de période en raison des perspectives médiocres de débouchés.

L'économie française croîtrait ainsi durablement à un rythme inférieur à son potentiel, de telle sorte que le nombre de chômeurs continuerait à augmenter (de 40.000 à 50.000 par an environ d'ici 2001).

Des excédents extérieurs continueraient à s'accumuler. En effet, la compétitivité-prix des produits français s'améliore et, de plus, la demande intérieure française progresse moins vite que celle de ses partenaires. Ainsi la projection met-elle en évidence la poursuite d'un scénario de " désinflation compétitive ", effectivement à l'œuvre depuis le milieu des années 1980, et seulement interrompu sur la période 1992-1995 par les mouvements de change intra-européens.

Enfin, il a été souligné qu'en projection le pouvoir d'achat du salaire par tête progressait moins vite que la productivité.

On pourrait en déduire que le pouvoir d'achat de la masse salariale (soit le pouvoir d'achat du salaire par tête que multiplient les effectifs occupés) augmente moins vite que le PIB en volume (soit la productivité que multiplient les effectifs), prolongeant ainsi la tendance, observée au cours de la dernière décennie, à la déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment des salaires. Toutefois, ceci ne s'observe pas en projection : la masse salariale en valeur progresse comme le PIB en valeur , ce qui se reflète dans la stabilité du taux de marge des entreprises. Ceci s'explique par le fait que les prix à la consommation (déflateur utilisé pour obtenir le pouvoir d'achat de la masse salariale) progressent sensiblement plus vite que les prix du PIB (déflateur utilisé pour obtenir le PIB en volume).

Au-delà de cette complexité technique, il convient de retenir que le faible dynamisme des salaires - qui servent d'assiette aux cotisations sociales - ne facilite pas en projection le rééquilibrage des comptes sociaux.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page