3. Allocution de son Excellence M. Ranjit Sethi,
Ambassadeur de l'Inde en
France
M. Ranjit Sethi
.- Merci, Monsieur le
Président. Monsieur le Président Monory, Monsieur le
Président Francois-Poncet, Président de la Commission des
affaires économiques et du plan, Mesdames et Messieurs les
parlementaires, Mesdames, Messieurs, est-il encore besoin que je dise quelque
chose, Monsieur le Président ? Je me le demande.
Vous nous avez mis devant la possibilité, et non pas l'obligation,
d'être bref. Permettez-moi tout d'abord de présenter mes respects
à M. Monory. Je me félicite que cette personnalité
française de premier plan apporte un grand et précieux soutien au
renforcement des relations entre la France et l'Inde et réserve aussi
à notre pays une place dans son optique des " clefs pour le
futur ". J'ai été très heureux de voir, dans cette
optique, même si cela anticipe un peu le voyage qu'il doit effectuer en
Inde, d'entendre les allusions qu'il a faites à notre pays. Je suis
très sensible au fait que M. le Président Monory se propose
d'effectuer un voyage en Inde.
Cela dit, M. Jean Francois-Poncet a mené deux importantes missions en
Inde ces derniers mois et si nous sommes réunis aujourd'hui devant le
" pari indien ", c'est grâce à la mission,
dirigée par lui, d'un groupe de sénateurs de la Commission des
affaires économiques qui s'est rendue en Inde au mois de février.
Cette mission fut le plus récent témoignage de l'action que
mène le Sénat en direction de l'Inde. Cette action, par missions
successives, à raison d'une par an (nous le constatons et c'est un
rythme élevé), s'inscrit dans la continuité et s'attache
à une évaluation de l'Inde dans le contexte de sa propre
évolution et dans celui de la région. C'est une évaluation
qui a été largement évoquée par le Président
Francois-Poncet et je ne peux, à ce stade, que me rallier aux
considérations qu'il a évoquées et qui constituent un
tableau très complet, d'une part, des conditions qu'il a
découvertes en Inde et, d'autre part, des possibilités qui
existent et qui ont été largement soulignées d'une
coopération accrue dans tous les domaines, grâce à la
sympathie qui existe entre les deux pays, et donc d'un avenir très
fructueux entre l'Inde et la France.
A ce stade, je me permets tout simplement de dire qu'à l'égard de
l'Inde, une analyse peut se faire en fonction de trois critères.
Tout d'abord, on peut relever dans l'ensemble de la situation indienne une
stabilité d'institution. Quelle que soit la succession au pouvoir, la
succession du parti que nous avons vue par exemple à la suite des
dernières élections, il y a une stabilité qui existe en
Inde grâce au cadre constitutionnel et juridique qui a été
mis en place au lendemain de l'indépendance de notre pays.
Le deuxième critère est celui de l'adaptation de l'Inde et de sa
mobilité. Certains ont estimé ces derniers temps que si on
assiste à des changements politiques et autres en Inde, c'est en
fonction des revendications, des fautes ou des erreurs, mais en
réalité, en Inde, s'il y a aujourd'hui des changements qui
interviennent, ils sont dus avant tout non pas tellement à une
quelconque sclérose de la société mais à une
prospérité grandissante dans le pays, à une
évolution profonde, à une mutation qui est créatrice de
richesses et qui fait naître des revendications nouvelles et des espoirs
chez une plus large partie de la population.
Le troisième aspect à souligner, c'est celui de la
continuité. Nous avons cherché, tant dans la gestion fiscale et
financière que dans les aspects fonctionnels de la démocratie,
une continuité qui donne de la confiance et de l'espoir, tout d'abord,
dans le fonctionnement du pays et de ces institutions et, ensuite, dans
l'avenir qui doit être partagé par toutes les couches de la
population.
Ces thèmes peuvent être examinés et approfondis au cours du
débat. Je pense que certains aspects de la situation en Inde aujourd'hui
peuvent être déchiffrés grâce à la
volonté que nous avons d'imprimer cette stabilité à notre
pays.
Un mot pour conclure, parce que je dois me contenter d'une intervention
brève et liminaire, sur les relations entre la France et l'Inde.
Quand je suis arrivé en France, il y a deux ans et demi, on avait
beaucoup tendance à dire que les relations franco-indiennes
n'étaient pas ce qu'elles devaient être, mais il me semble
aujourd'hui que ce stade est largement dépassé. Il y a un nouvel
essor, un nouveau dynamisme dans les relations franco-indiennes ; il y a
d'abord un grand intérêt qui se manifeste : en témoigne
votre présence à ce colloque aujourd'hui.
Certaines réticences ont été levées. Les
entreprises françaises semblent aujourd'hui beaucoup plus confiantes
lorsqu'elles regardent vers l'Inde quant aux possibilités d'intervenir
dans ce pays.
Les investissements français s'accroissent de façon
significative, le commerce augmente et de façon générale,
une nouvelle attitude apparaît, imprégnée de confiance, sur
les possibilités d'une plus vaste collaboration, notamment dans le
domaine économique.
Sans doute cet aspect a été largement examiné dans le
rapport qui a été établi par la mission sénatoriale
et qui vient de paraître. Je n'ai pas eu le temps de le regarder en
détail, mais c'est avec un très grand intérêt que je
pense l'étudier.
Je remercie la mission sénatoriale et le Sénat de l'initiative
qu'ils ont prise d'entreprendre cette mission en Inde. Je vous remercie,
Monsieur le Président.
M. le Président
.-
La parole est à M.
l'Ambassadeur Petit.