TROISIÈME PARTIE : L'ACTION AUDIOVISUELLE DE LA FRANCE DANS « L'AUTRE EUROPE »

Partie intégrante de l'Europe, tous ces pays de l'ex-bloc soviétique rejoindront, à terme, à des échéances plus ou moins longues avec des niveaux de développement plus ou moins élevés et avec des conditions certainement diverses, les pays qui ont créé l'Union européenne.

Cette zone est donc propice aux investissements d'autant plus qu'elle est encore accessible aux capacités de financement de l'audiovisuel français, ce qui ne sera plus forcément le cas dans une dizaine d'années.

Le marché local de la publicité est suffisamment porteur, en particulier pour les investissements radio. Selon les pays et les législations, il peut l'être pour la télévision, à condition qu'il s'agisse de l'une des deux ou trois premières chaînes en terme d'audience.

Les obstacles législatifs et politiques ne doivent pas être sous-estimés. Ils sont les plus nombreux et les plus difficiles à vaincre. Dans la plupart de ces pays, le risque commercial n'est pas très éloigné de celui des pays d'Europe occidentale, même si des différences existent d'un État à 1'autre.

Dès 1990, la France a su être très présente dans cette zone grâce aux programmes de TV5, CFI, ARTE, MCM, France 2, Europe 2, Nostalgie, Fun, Skyrock, RFI, mis à disposition gratuitement.

En revanche, le passage depuis 1991/1992 d'une politique de l'offre, généreuse, à celle de la mise en place d'investissements capitalistiques dans des relations commerciales étroites s'avère beaucoup plus difficile.

L'absence des opérateurs privés français, excepté Canal +, est également regrettable. De trop rares prises de participation, des parts de marché à l'exportation - en matière de programmes audiovisuels -trop étriquées caractérisent le manque d'audace et sans doute de lucidité des opérateurs audiovisuels français. Il n'est pas trop tard, même s'il est déjà bien tard d'investir des marchés audiovisuels encore accessibles et en pleine expansion.

L'industrie américaine de la télévision Ta bien compris et elle est très présente.

De la production à la diffusion, de la distribution à la commercialisation, plusieurs sociétés américaines maîtrisent parfaitement toutes ces étapes, et par là même l'épineux problème des droits liés aux programmes. La proximité entre les studios de production et les réseaux de distribution leur permet de multiplier l'offre indéfiniment. Par exemple, Home Box Office (HBO) propose une chaîne de cinéma, en tchèque, sur le réseau américano-tchèque Kabel Plus.

Les « majors » américains raisonnent déjà de façon continentale : ils incluent complètement l'Europe centrale et orientale, dans le volet européen de leur stratégie mondiale. Les opérateurs français - publics ou privés - sont, hélas, encore loin d'un tel raisonnement.

I. L'ACTION DES OPÉRATEURS PUBLICS

A. LES MOYENS ET MISSIONS DU SECTEUR AUDIOVISUEL PUBLIC EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE

1. Quelle politique audiovisuelle de la France dans ces pays ?

La chute du mur de Berlin en 1989 a provoqué un immense appel de programmes audiovisuels. Le besoin d'images de pays privés de contacts avec le marché international de l'audiovisuel était considérable. La France a entendu cet appel. A-t-elle su y répondre autant que les Américains ou les Allemands ?

Dès 1990, le Conseil Audiovisuel Extérieur de la France considérait comme un objectif prioritaire la présence des programmes français en Europe centrale et orientale.

L'équipement de tous les établissements culturels de la région d'un grand nombre d'universités, fut tout d'abord décide.

De nombreux opérateurs ont ensuite permis d'accompagner l'évolution des paysages audiovisuels de ces pays, du « tout État » aux conditions du marché.

On a toutefois pu s'interroger sur l'efficacité de la diversité de ces intervenants, au début des années quatre-vingt dix. L'effort de rationalisation, entamé depuis - et seulement depuis - 1994, doit donc être vigoureusement encouragé par le Parlement.

C'est pourquoi la stratégie audiovisuelle de la France dans cette région devrait connaître une mutation profonde.

Dans un premier temps, la politique poursuivie par la France a été celle d'une politique de l'offre. Il s'agissait alors d'occuper le terrain, de présenter des images françaises. On peut considérer que cette stratégie a réussi. Les images du putsch de Moscou n'ont-elles pas été suivies, en Europe centrale et orientale, sur TV5 ? Avec la diversification des paysages audiovisuels, largement commentée au chapitre II , notre stratégie doit désormais adapter l'offre de programmes audiovisuels aux demandes nationales, mais également à l'entrée de l'audiovisuel centre-européen dans la sphère marchande.

La France doit tout d'abord proposer des programmes attractifs, dans les langues nationales. Elle doit ensuite constituer des « bouquets de programmes » diversifiés sur les satellites les mieux à même d'être reçus en Europe centrale et orientale. Il faut enfin considérer que la période de la distribution gratuite est achevée, sous peine de voir les diffuseurs refuser de consentir que leurs programmes soient retransmis dans ces pays.

Encore trop souvent, la politique audiovisuelle extérieure de la France demeure inadaptée aux réalités économiques de l'audiovisuel, qui est désormais davantage un marché qu'un art.

En général, lorsqu'il y a pénurie de programme des chaînes publiques de télévision, notamment en Europe centrale et orientale, les apports de la France sont les bienvenus pour compléter la programmation, améliorer la qualité et la diversité, entrebâiller une fenêtre sur une télévision d'Europe occidentale.

En revanche, lorsque les marchés se développent et lorsqu'une véritable concurrence s'instaure, les phénomènes d'éviction, au détriment des programmes français, commencent.

Le rapport BALLE 21 ( * ) partage cette analyse : « Cette politique est sans doute assez efficace pour ouvrir ces marchés aux programmes nationaux, elle ne peut cependant être pérennisée surtout lorsqu'il s'agit de programmes sous-titrés ou doublés, mis à disposition gratuitement. Ces pays constituent en effet des débouchés potentiels pour les programmes français exportables et il serait paradoxal qu'une politique de distribution culturelle menée sans concertation suffisante avec la profession aboutisse à réduire ces débouchés potentiels et à permettre aux opérateurs locaux de bénéficier de ressourcés supplémentaires pour acquérir sur le marché international des programmes... américains ».

Le meilleur exemple en est fourni par la SEPT-ARTE dont la collaboration avec les chaînes de télévision de ces pays est particulièrement déséquilibrée.

Comme l'indique la société française, « ces télévisions ayant de plus en plus de difficultés à soutenir le rythme de leurs propres productions, elles trouvent en la SEPT-ARTE une compensation à un type de programme qui leur fait défaut ». En revanche, on doit constater que la diffusion des programmes de ces pays sur la chaîne franco-allemande, à vocation culturelle et européenne, brille par sa faiblesse. De même, la reprise des programmes dans les pays d'Europe centrale et orientale est sans doute inférieure, dans la réalité, aux résultats annoncés à Paris.

2. Quel vecteur ?

Les relations audiovisuelles avec les pays d'Europe centrale orientale n'échappent pas à la question récurrente du vecteur le plus approprié pour cette action culturelle.

On compte en effet quatre opérateurs publics dans le domaine audiovisuel : France-Télévision, de manière limitée, et, de façon plus importante, la SEPT-ARTE, CFI et TV5.

La SEPT-ARTE, CFI et TV5 présentent des différences non seulement dans les types de programmes qu'ils diffusent, s'adressant à des publics différents, mais aussi dans le mode de diffusion adopte.

Les émissions de la SEPT-ARTE sont celles d'une chaîne avant tout culturelle, dont l'objectif est de répondre au goût et à la tradition des pays d'Europe centrale et orientale pour la culture. Elles sont reprises et intégrées dans les grilles de programmes des télévisions nationales de chaque pays. CFI, pour sa part, propose un catalogue de programmes pour tous publics. Inclus dans les grilles des télévisions nationales, ces programmes font l'objet d'un service « à la carte » pour les chaînes qui les choisissent.

Depuis septembre 1991, la SEPT, puis la SEPT-ARTE a mis à disposition de CFI plus d'une centaine d'heures d'émissions qui ont été diffusées par CFI dans les pays bénéficiant de la clause culturelle, hors Europe centrale et orientale (Afrique, Asie, Proche et Moyen Orient).

Les programmes francophones de TV5, composés d'émissions françaises mais aussi belges, suisses, luxembourgeoises et canadiennes, touchent un grand public qui apprécie les qualités d'une chaîne généraliste. TV5 est diffusée principalement sur les réseaux câblés et dans son intégralité. Un bon nombre de coproductions de la SEPT-ARTE avec France Télévision, ou les autres partenaires de TV5 ont été diffusés gratuitement par TV5.

Plus d'une centaine d'heures de programmes a été coproduite par la SEPT-ARTE et le ministère des Affaires étrangères. Ces programmes sont diffusés dans les pays d'Europe centrale et orientale et dans le cadre de 1'assistance culturelle, soit par la SEPT-ARTE, soit par CFI.

L'objet de ce rapport n'est pas de trancher entre ces différents opérateurs, dont l'action apparaît néanmoins complémentaire, à défaut d'être toujours rationnelle. On ne peut que regretter, encore une fois, que l'audit du secteur audiovisuel public décidé, au premier semestre 1996, par les pouvoirs publics ait exclu l'action audiovisuelle extérieure dont l'efficacité aurait sans doute gagné à davantage de cohérence.

3. Avec quels moyens ?

a) Les moyens budgétaires du ministère des Affaires étrangères

Les moyens du Quai d'Orsay pour les pays d'Europe centrale et orientale ont connu des variations d'une exceptionnelle amplitude, notamment pendant la période 1989-1992. La forte augmentation des crédits budgétaires affectés à cette zone en 1990 s'expliqua surtout par l'ouverture de nouvelles ambassades dans les Républiques d'Asie centrale.

Les crédits de fonctionnement du ministère des Affaires étrangères pour les pays d'Europe centrale et orientale connurent une forte progression en 1990 (628 millions de francs) par rapport à 1989 (250 millions), avant de retomber à 488 millions de francs en 1991 et 466 millions en 1992.

Les évolutions erratiques des moyens budgétaires de la diplomatie française, notamment culturelle, avaient été déjà constatées et critiquées dans le rapport du Conseil économique et social consacré aux « Relations culturelles entre la France et l'Europe centrale et orientale », du 9 décembre 1992. Ce rapport déplorait de telles évolutions, qui signifiaient que « des projets seront annulés, que des politiques à long terme se trouveront compromises et que, une fois de plus, la réputation d'inconstance qui est faite à la France se trouvera vérifiée ».

Il n'est malheureusement pas possible de connaître avec précision le montant des crédits budgétaires affectés, au sein de l'action audiovisuelle extérieure, aux opérations menées dans les pays d'Europe centrale et orientale.

Aux crédits de la direction de l'action audiovisuelle extérieure du ministère des Affaires étrangères s'ajoutent en effet les dépenses des opérateurs, et principalement des diffuseurs. Ces sommes ne sont pas, en général, géographisées et il est difficile d'isoler les dépenses spécifiquement consacrées à telle ou telle région.

Ainsi, à titre d'exemple, peut-on relever que les crédits budgétaires mis à la disposition de la direction de l'action audiovisuelle extérieure du ministère des Affaires étrangères pour l'exercice 1995 sont essentiellement des crédits non géographisés (840,8 millions de francs), les crédits géographisés ne représentant que 6,5 % du total (58,8 millions de francs). Sur cette somme, les crédits affectés à l'Europe centrale et orientale - incluant la Russie - s'élèvent à 11,4 millions de francs, ce qui représente le deuxième budget après la zone Asie-Pacifique (14,4 millions de francs), et près de 20 % des crédits géographisés.

Une telle absence de lisibilité de la politique audiovisuelle extérieure de l'État est profondément regrettable. Et il serait souhaitable que le Quai assure une présentation plus apparente de ses moyens 22 ( * ) .

Quant aux opérateurs publics, il est établi qu'ils disposent d'un budget global nettement inférieur à nos principaux partenaires.

En radio, le budget de RFI s'élevait, en 1995, à 654 millions de francs, soit 30 % du budget de Voice of America (2 150 millions de francs), 37 % du service mondial de la BBC (I 758 millions de francs) et 46 % de celui de la Deutsche Welle (1410 millions de francs).

En télévision, le budget de CFI et de TV5 cumulé était, en 1995, d'environ 500 millions de francs (dont 365 de contribution française), contre 615 millions de francs de crédits pour le service télévision de la Deutsche Welle.

b) La présence des média français en Europe centrale et orientale

Cette présence correspond à une bonne démarche française, et traduit l'existence d'une véritable diplomatie culturelle.

Le développement de cette présence dans les média, audiovisuels et presse écrite, s'est articulé autour de quatre axes :

- contribuer à la restauration de l'État de droit grâce à la coopération dans le domaine de la presse écrite et audiovisuelle en privilégiant les actions de formation et de perfectionnement des journalistes, débouchant ainsi sur une conception nouvelle du traitement et de la circulation de l'information,

- accompagner l'évolution des paysages et de l'économie de l'audiovisuel en participant à la réflexion et à la mise en place de législations et de réglementations adaptées à un système libéral et concurrentiel, dans lequel les entreprises audiovisuelles doivent être rentables,

- assurer la pénétration et la diffusion des programmes français par la signature d'accords avec des télévisions nationales et des dons d'installations de réceptions satellitaires et d'équipements de sous-titrage, facilitant l'ouverture,

- participer à la création de réseaux de professionnels.

Pour développer de telles actions et assurer sur place les relais indispensables, des postes d'attachés audiovisuels ont été créés dans l'ensemble des pays d'Europe centrale et orientale, constituant le maillage le plus serré du réseau.

L'intérêt des opérateurs français, publics et privés, pour cette région s'est manifesté tant dans la radio que dans l'audiovisuel.


• La disparition des radios d'État et l'ouverture de bandes FM ont ouvert un marché important sur lequel se sont immédiatement positionnés les opérateurs radiophoniques français tant publics - RFI. Radio et SOFIRAD - que privés - Europa plus et Europe 2, Fun et Sky Rock -.

Les succès d'Europe 2 à Prague et de Radio Delta, première radio bilingue et biculturelle, à Bucarest, sont réels et témoignent de la complémentarité entre radios publiques et privées.

La montée de RFI sur le satellite EUTELSAT II depuis octobre 1993 lui permet d'offrir le service mondial en français 24 heures sur 24 heures. Il est repris en FM à Bucarest par Radio Delta, à Prague, et à Sofia. Parallèlement, des accords de partenariat permettent à RFI de faire reprendre certains de ses programmes en langues étrangères en Pologne (15 stations), en Roumanie (4 stations).

? Les reprises par les télévisions publiques nationales des programmes de CFI, satisfaisantes jusqu'en 1994, s'inscrivent désormais dans un contexte plus difficile.

D'une situation quasi monopolistique dans certains pays au moment de l'ouverture des télévisions, les reprises de programmes sont désormais limitées par les exigences des ayants-droit bénéficiant par ailleurs de l'émergence de marchés créés par la privatisation des chaînes comme en Pologne et en République Tchèque et prochainement en Hongrie.

Le bilan est donc contrasté. C'est en Bulgarie et en Roumanie, qui comptent de nombreux francophones, et en République Tchèque où la privatisation a accentué la concurrence et renforcé le besoin de programmes de la télévision nationale que CFI continue de bénéficier des plus importantes reprises.

TV5 a fait une bonne percée en Europe centrale et orientale grâce au démarrage du câble dans certains pays : Pologne, Hongrie, et République tchèque, qui devrait être accentuée par sa « montée » sur le satellite d'EUTELSAT, HOT BIRD 1, à la position 13° Est, depuis mars 1995.

En Roumanie et en Bulgarie, pays davantage francophones, TV5 est diffusé sur un réseau hertzien terrestre dans l'attente du développement du câble. Cette diffusion se heurte à de nombreuses difficultés dans la mesure où les instances de régulation réclament l'incorporation dans la grille de TV5 d'une proportion de programmes nationaux en liaison avec un partenaire de droit local. Cette demande pose à la fois un problème d'image pour la chaîne francophone et de pérennité de la présence sur l'hertzien terrestre. Il est donc tout à fait clair que ces deux exceptions ne doivent persister que dans l'attente de la mise en place de réseaux câblés à Bucarest et à Sofia.

La reprise des programmes de la SEPT s'avère en revanche plus décevante. Les accords passés par cette société avec les télévisions de ces pays sont cependant positifs puisqu'ils ont permis de mettre en place une politique efficace d'échanges de programmes ainsi que des coproductions.

c) La constitution d'un bouquet francophone sur EUTELSAT

On sait que se sont constitués sur EUTELSAT des bouquets de chaînes francophones publiques et privées : celui de TF1 et de France Télévision, la CLT, M6 et la Lyonnaise des eaux et sans doute une ou plusieurs de ses chaînes thématiques du secteur public, ARTE et La Cinquième 23 ( * ) , celui des chaînes du groupe AB Production. Ces bouquets de programmes émettent à la position unique de 13° est.

Il s'agit d'une évolution très importante.

Tant que les chaînes françaises n'étaient pas installées sur EUTELSAT, la diffusion des chaînes francophones est restée marginale, compte tenu de la présence des satellites ASTRA. Les paraboles - bon marché - permettant de recevoir les chaînes diffusées sur le satellite luxembourgeois sont pratiquement les seules à équiper en Autriche comme dans le reste de l'Europe centrale et orientale, les foyers domestiques.

La très grande majorité des téléspectateurs hésitent à se doter de plusieurs paraboles. Celles qui permettent de recevoir les chaînes françaises diffusées sur TELECOM sont nettement plus coûteuses en Europe centrale et orientale, car elles doivent être de plus forte puissance, les satellites TELECOM 2A et 2B étant centrés sur une position orbitale décalée par rapport à cette région. Dans l'obligation de choisir, les foyers centre-européens s'équipent prioritairement en paraboles permettant de recevoir ASTRA.

Le « recentrage » décidé par les techniciens des satellites TELECOM 2A et 2B n'avait, en effet, pas constitué une décision heureuse. Déstiné à améliorer la réception des foyers eu Europe de l'Ouest, il a dans le même temps supprimé les « débordements » de diffusion en Europe centrale. Les pays situés à la frange de la zone de réception des satellites, qui le recevaient dans de mauvaises conditions, mais qui les recevaient quand même, se sont vus privés d'images. Cette décision fut mal ressentie.

Cependant l'évolution récente de la stratégie satellitaire de la France est heureuse et tombe à point nommé.

Le renforcement de la présence de la France dans une région ou ASTRA occupe la place dominante, a permis de mettre en évidence la nécessité de constituer des bouquets de programmes regroupant l'offre française de façon cohérente et attractive, à destination soit de la réception professionnelle (reprise sur les réseaux câblées et les chaînes hertziennes), soit de la réception directe.

En outre, le lancement du bouquet numérique de CanalSatellite devrait contribuer à améliorer la présence audiovisuelle française à l'est.

Cette combinaison des initiatives publiques et privées a été encouragée par le rapport de M. Vanderchmitt consacré à « la télévision par satellite » (décembre 1995). Ce rapport a définitivement établi que l'efficacité d'un système satellitaire se mesurait par rapport à l'objectif que l'on voulait atteindre en termes de public. Cette attitude pragmatique doit inciter à « rechercher les partenariats avec les acteurs privés ».

L'audiovisuel francophone n'est pas suffisamment en position de force pour que l'on se permette le luxe de la rivalité entre public et prive. Les deux secteurs doivent s'épauler dans la conquête des publics étrangers, notamment en Europe centrale et orientale.

d) La coopération à la formation des journalistes

Le savoir-faire français, la réputation de nos écoles de journalisme et le système économique de la presse française ont suscité un fort intérêt de la part de Gouvernements dont l'objectif prioritaire était de restaurer la démocratie.


• La Roumanie
est le pays avec lequel la coopération journalistique a pris le plus d'ampleur. L'élément central de cette coopération a été l'informatisation de l'agence roumaine de presse ROM PRESS, et l'aide à la restructuration de l'enseignement de la faculté de journalisme de Bucarest. La présence française prend dorénavant la forme d'envois d'intervenants pour participer à des ateliers de formation.


En République Tchèque, à Prague, un jumelage entre l'Université d'une part, le CFPJ et l'IFP d'autre part, a permis d'effectuer des échanges d'étudiants et de professeurs.


• En Pologne,
a été créée depuis 1994 une filière franco-polonaise, en liaison avec l'École Supérieure de Journalisme de Lille.


• En Bulgarie,
des actions de formation et de perfectionnement sont menées.

La coopération journalistique, permet des opérations associant des professionnels français et étrangers, comme les programmes de stages montés avec l'Association. « Presse et solidarité » regroupant les principaux syndicats de la presse française qui facilitent la venue en France, pour des séjours de courte durée, de professionnels étrangers.

B. L'ACTION DES DIFFÉRENTS OPÉRATEURS PUBLICS

1. Les chaînes du secteur public en Europe centrale et orientale

a) France-Télévision

L'action audiovisuelle extérieure de France Télévision en Europe centrale et orientale n'est pas très développée. Ce n'est pas, en effet, la vocation de l'entreprise publique d'intervenir comme opérateur. Même si elle le voulait et en admettant que le Conseil de l'action audiovisuelle extérieure lui en donne le mandat, elle n'en aurait pas les moyens financiers. Néanmoins, i1 lui est possible de procéder à des échanges de programmes.

Afin de renforcer la coopération avec les télévisions publiques, France Télévision participe du reste aux différentes actions menées par l'UER pour aider à la modernisation des télévisions publiques des pays d'Europe centrale et orientale.

Il s'agit essentiellement d'actions de formation de cadres, de techniciens et de personnels administratifs afin de mieux associer ces télévisions publiques aux mécanismes d'échange des images d'actualité et d'achats de droits des événements sportifs.

(1) En matière de diffusion de programmes

Les programmes de France-Télévision sont essentiellement transmis, par satellite, dans les pays d'Europe centrale et orientale via TV5 et Canal France International. En Roumanie et en Bulgarie en revanche, la diffusion s'effectue uniquement par voie hertzienne terrestre.

France-Télévision a l'intention de développer des actions bilatérales avec les télévisions des pays les plus francophones (essentiellement la Roumanie et la Bulgarie). Elle estime toutefois qu'il s'agit d'une « t âche difficile pour le moment mais qui ne doit pas être perdue de vue ».


• Au titre de cette politique bilatérale, on peut mentionner l'accord de coopération conclu, en octobre 1995, entre France 3 et la télévision publique hongroise Magyar Televizio.

Les deux chaînes ont décidé de procéder à des échanges de programmes et d'actualités, de réaliser des coproductions, notamment dans le domaine des documentaires et de la fiction, de se prêter un concours mutuel pour les reportages d'actualité, les retransmissions sportives et autres événements importants. Enfin, elles harmoniseront leurs positions dans le cadre de l'UER. Les stations régionales de France 3 joueront un rôle opérationnel dans ce dispositif. Il est en effet prévu des jumelages directs avec les stations régionales de la télévision hongroise, dans la perspective d'échanges et d'expertises dans le domaine de la production et de l'information.


• On peut également citer l'accord signé le 11 janvier 1996 entre France 2, France 3 et la télévision publique polonaise TVP.

Cet accord porte sur la coopération concernant les programmes et d'informations, les relations entre les stations régionales de la TVP et celles de France 3 et la concertation sur les questions européennes et internationales, notamment au sein de l'UER. Un accord particulier concerne également France Espace, qui apportera son concours technique à la régie publicitaire de la TVP

La coopération bilatérale avec les chaînes publiques a le mérite d'exister, mais son efficacité demeure limitée, en raison du manque de ressources de France Télévision pour engager une politique ambitieuse de coopération audiovisuelle.

Il apparaît toutefois important pour France Télévision de constituer avec les télévisions publiques d'Europe centrale et orientale un « front commun » des secteurs audiovisuels publics, qui pourrait faire valoir au sein de l'Union européenne de radiodiffusion les spécificités des chaînes publiques.

(2) En matière de production audiovisuelle

Le secteur public français utilise également les pays d'Europe centrale et orientale pour délocaliser sa production audiovisuelle.

En 1994, sur les 270 téléfilms produits en 1994, 73 ont été tournés en tout ou partie à l'étranger, dont 36 en Europe de l'Est (16 en République tchèque, 5 en Russie, 2 en Hongrie, 2 en Pologne, 1 en Roumanie) et 6 en Afrique du Sud.

À titre anecdotique, on relèvera qu'une fiction de France 2 « Marion du Fouet z », qui relate l'histoire d'une aventurière bretonne ayant vécu au XVIII e siècle, a été tournée en Pologne, en février-mai 1996. Une coproduction avait pourtant été envisagée avec la SFP Production. Les acteurs polonais, nombreux, qui s'exprimeront en leur langue, seront doublés en Belgique...

Ces délocalisations ont, à l'époque, été vivement contestées par la SFP.

Le tournage de productions audiovisuelles hors de l'hexagone, parfois sous couvert de coproductions douteuses, permettant de bénéficier des fonds d'aide à la production français et/ou européens, augmente le sous-emploi dans les métiers du cinéma et de la télévision. Cette concurrence déloyale (main d'oeuvre non taxée, absence de protection sociale, monnaies parfois non convertibles, etc.) risque d'aboutir à l'extinction de métiers rares dans les secteurs du tournage, de la décoration et de la post-production. Cette situation résulte du coût élevé de la production audiovisuelle en France.

b) TV5-CFI

La présence audiovisuelle française en Europe centrale et orientale est essentiellement assurée par TV5.

(1) Une présence nécessaire

Dans un univers de plus en plus concurrentiel, où l'inflation de nouvelles chaînes conduit à l'uniformité des programmes, TV5 doit apparaître comme une contribution à la nécessaire diversité des programmes et des langues afin de représenter, selon la chaîne, « une couleur supplémentaire dans l'arc-en-ciel culturel de l'offre du câble européen ».

TV5 constitue également un instrument essentiel au sein des pays d'Europe centrale et orientale pour permettre de contrebalancer l'irrémédiable croissance de l'influence américaine.

Inventeurs du câble et du MMDS, les protagonistes américains (TCI, ITl, etc.) tentent d'exporter des systèmes éprouvés. De la construction au marketing, leurs réseaux sont remarquablement performants et ménagent, dès aujourd'hui, une place pour les services de l'avenir (pay per view, video on demand, téléphone, etc.).

TV5, dans ces conditions, a privilégié la constitution d'un réseau de correspondants dont la mission serait de défendre les intérêts de la chaîne. Mais trouver sur place des professionnels de la télévision, avertis du satellite et du câble, qui plus est francophones, s'est avéré difficile, voire, en certains cas, impossible.

La chaîne francophone a donc eu un rôle pédagogique. Selon la chaîne, il s'agit d'« une tâche longue et difficile, ponctuée d'échecs, mais qui porte aujourd'hui ses fruits. Ce devoir de formation, nous avons même fini par l'appliquer, à leur demande, à des opérateurs d'Europe centrale et orientale, en éclairant les priorités de leurs activités et en les incitant à résoudre l'essentiel de leurs problèmes dans la concertation. TV5 a ainsi apporté une contribution pédagogique française à 1'éducation au câble ».

C'est en effet par ce mode de diffusion que la chaîne s'est imposée.

(2) Une stratégie spécifique

La présence de TV5 en Europe centrale et orientale obéit à une stratégie spécifique car la langue française n'est pas perçue comme « immédiatement nécessaire » par l'ensemble des téléspectateurs de ces pays.

Cette stratégie passe par une présence sur le câble. À cet effet, TV5 prospecte, identifie et fédère les câblodistributeurs disposant de 10 à 15 canaux et donc d'un plan de services fournissant 10 à 15 chaînes de télévision.

Cette présence dans le service de base de ces réseaux câblés et l'implantation « pionnière » de la chaîne francophone internationale en Europe centrale et orientale, constituent les moyens privilégiés d'une pénétration efficace, à court terme, et surtout, les garanties de la pérennité de TV5 dans l'offre de programmes de ces opérateurs.

(3) Une présence inégale

? TV5 est devenue l'une des chaînes de référence du marché tchèque, en tant que chaîne européenne destinée prioritairement au câble. La chaîne francophone internationale bénéficie d'une excellente notoriété.

Cependant, l'obligation imposée aux opérateurs d'une diffusion simultanée et continue des programmes ferme encore l'accès de TV5 à des réseaux majeurs. La faiblesse de la francophonie conjuguée à l'austérité et la méticulosité de la réglementation tchèque, qui cherche à copier les modèles les plus compliqués, ralentissent la progression de la chaîne.

Présente dans une grande partie des réseaux tchèques, TV5 est un outil privilégié pour les câblodistributeurs, et notamment pour ceux qui la distribuent sans avoir signé la convention. Assainir cette situation est 1'une des priorités de TV5.

? C'est en Pologne que le succès de TV5 est le plus spectaculaire. Ayant déjà largement dépassé le million d'abonnés. TV5 poursuit sa progression sur le câble.

TV5 est distribuée par plus de 200 réseaux câblés répartis sur l'ensemble du territoire polonais. Les plus grands opérateurs polonais, PTK (Gdansk et Varsovie), Porion (Varsovie), DAMI (Radom), font partie des nombreux signataires de la convention TV5. La croissance continue de la pénétration est étayée par l'action des deux correspondants de TV5 Varsovie et Lodz.

? En Hongrie, et malgré la forte présence américaine et la douloureuse constatation d'une francophonie déclinante, TV5 s'est efforcée de conquérir, un à un, les nombreux réseaux opérationnels. Avec plus de 500.000 abonnés. TV5 est aujourd'hui solidement implantée. Néanmoins, la chaîne dépend fortement d'opérateurs américains en matière de marketing.

Dans ce pays, où le câble est très développé. TV5 est distribuée par près de 90 % des réseaux opérationnels et « légaux », dont ceux de Time Warner, la situation actuelle est encore floue. Elle devrait toutefois se régler rapidement, avec l'application des textes législatifs et plus particulièrement, le paiement des droits d'auteurs. En Hongrie. TV5 intéresse plus d'un million d'abonnés.

? En Bulgarie. TV5 était distribuée depuis 1991, de façon partielle, sur le troisième réseau hertzien de l'agglomération de Sofia et dans une vingtaine d'autres villes. En 1995. TV5 a pu acquérir un nouvel émetteur et disposer ainsi d'un nouveau réseau hertzien. Le développement des réseaux câblés s'effectue, à l'image de tous les pays de la région, à partir des antennes collectives. Cependant, certains opérateurs ont obtenu des licences d'exploitation et démarrent, aujourd'hui, la construction de grands réseaux câblés modernes. TV5 compte plus de 30.000 abonnés en Bulgarie répartis sur plusieurs réseaux différents (Provadia, Sevlievo, Rousse et Pomorie).

? En Roumanie. TV5 est diffusée, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, à partir d'un émetteur hertzien installé à Bucarest. Pour ce qui est du câble, la progression de TV5 est importante. Avec une dizaine d'importants opérateurs et de nombreux petits réseaux. TV5 est maintenant distribuée dans la plupart des grandes villes roumaines.

? Depuis 1985. TV5 est distribuée sur un grand nombre de petits réseaux câblés disséminés sur tout le territoire autrichien. Depuis 1991, TV5 est également reprise par le plus grand opérateur national. Telekabel. TV5 continue aujourd'hui sa pénétration au rythme de celle du câble.

La réception de TV5 Europe dans les pays d'Europe centrale et orientale représentait au total, au 1 er janvier 1995, un peu moins de 4 millions des foyers abonnés - soit par le câble soit par un système d'antennes collectives - sur un total de 31,6 millions de foyers abonnés en Europe, soit un taux de 12,65 %.

La répartition par pays est la suivante :

Audience de TVS en Europe centrale et orientale

Source : TV5. Document Sénat.

CFI pour sa part, a développé un projet de bouquet de programmes vendus à la carte, selon les besoins des télévisions nationales, en réception professionnelle, numérique et cryptée. Il s'agit d'une évolution saine de l'opérateur, confronté à une maturation du marché.

Ce projet, d'un montant de 3,5 millions de francs pour l'investissement technique et de 15 à 20 millions de francs en acquisition de programmes pour une année pleine, aurait démarré le 1 er mai 1996, mais le gel budgétaire qui a été envisagé au mois de février 1996, a considérablement ralenti ce projet.

c) La SEPT-ARTE
(1) Une coopération limitée au pôle français

La SEPT-ARTE a été la première télévision, dès avril 1990, à passer des accords avec les télévisions d'Europe centrale pour y être diffusée.

Tous les accords ont été renouvelés entre la SEPT-ARTE et ses partenaires, Ex-Tchécoslovaquie, Pologne, Hongrie, Ex-Yougoslavie, Roumanie. Deux nouveaux contrats ont été signés ; fin 1993, avec la télévision de Bosnie-Herzégovine et, début 1994, avec la télévision Slovène. D'autres pays (Bulgarie, Croatie, Slovaquie, Ukraine, Arménie, Biélorussie, Pays-Baltes) ont demandé à passer des accords semblables de coopération avec la SEPT-ARTE Conformément aux directives données par le Gouvernement, le Président de la SEPT-ARTE et d'ARTE a proposé aux membres du GEIE ARTE de reprendre les accords passés en 1990 par la SEPT.

Au cours de l'Assemblée générale du 23 septembre 1992, et après une instruction longue et détaillée, l'ARD n'a pas souhaité, pour des raisons juridiques, répondre favorablement à cette proposition. C'est la raison pour laquelle, en accord avec les partenaires allemands, la SEPT-ARTE poursuit seule la coopération engagée avec l'aide du ministère des Affaires étrangères (subvention de 4 millions de francs), laquelle conditionne la poursuite de l'opération.

Source : SEPT-.4RTE.

Les télévisions partenaires ont toutes demandé de poursuivre leur collaboration avec la chaîne française pour plusieurs années et ont toutes demandé le renouvellement des accords au 1 er janvier 1994.

L'audience de la SEPT-ARTE, en Europe centrale et orientale représente 14 millions de téléspectateurs.

Source : SEPT-ARTE

Jusqu'à l'automne 1992, la situation de crise et de désorganisation au sein de la télévision hongroise a cependant affecté la bonne diffusion des programmes de la SEPT-ARTE malgré de nouvelles nominations favorables à la coopération.

Par ailleurs, et depuis 1992, un système rigide de « cases » culture et de cycles programmés très longtemps à l'avance, nécessitant la constitution d'un stock important, a été mis en place sur la télévision publique roumaine. La reprise des programmes de la SEPT-ARTE est soumise à cette contrainte du long terme qui écoule le stock de programmes très lentement.

(2) La diffusion des émissions de la SEPT-ARTE

Les émissions de la SEPT-ARTE, insérées dans les grilles de programmes des télévisions nationales d'Europe centrale et orientale, bénéficient d'horaires souvent favorables et sont diffusées régulièrement.

La diffusion moyenne de programmes sur les chaînes nationales est d'environ 10 heures. L'année 1995 a été une année atypique, avec le passage de la diffusion des programmes par satellite de TDF1 à EUTELSAT, qui a perturbé la reprise de programmes au premier semestre de l'année. Les programmes ont en effet été fournis sur bandes, et non diffusés via satellite, pendant cette période, ce qui a entraîné de moindres reprises.

Ainsi en République Tchèque, le volume de programmes repris par CT n'était plus que de 5 heures 40 environ au premier semestre, mais de 8 heures au second semestre 1995. Aux raisons ci-dessus indiquées s'ajoute, pour ce pays, la disparition de la chaîne culturelle OK.3, qui a diffusé jusqu'à 40 heures de programmes de la SEPT-ARTE en 1993. Si la télévision publique CT a diffusé 20 heures de programmes en 1994, elle a réduit ses demandes de flux, disposant d'un important stock d'émissions, notamment culturelles, provenant d'OK3.

Pour optimiser la diffusion des émissions de la SEPT-ARTE par les télévisions d'Europe centrale et orientale, des catalogues promotionnels d'information sur le contenu et les droits sont constitués et régulièrement adressés aux télévisions. Ces catalogues favorisent l'information sur les programmes et leur intégration dans les grilles de programmation de chaque télévision.

LA REPARTION PAR TYPE DE PROGRAMME

Source : SEPT-ARTE.

Les stations d'Europe centrale et orientale reprennent les émissions de la SEPT-ARTE au fur et à mesure de leur programmation et de leur diffusion par ARTE. Chacune des télévisions recrée, au sein de sa grille, sa propre chaîne culturelle idéale composée d'une majorité de spectacles, de documentaires et de fictions.

(3) Un très bon accueil

De manière générale, la diffusion de la SEPT-ARTE est, selon la chaîne, « perçue comme une représentation de la culture européenne de Ouest dans ce qu elle a de plus inventif, une culture de création, dont les pays d'Europe centrale et orientale sont restés à l'écart pendant ces dernières années, et qu'ils veulent découvrir ». Elle représente également une « image de marque au service de la culture française ». Perçue comme une chaîne française, elle bénéficie d'un capital de sympathie très important.

La SEPT-ARTE a pu relever l'intérêt de la télévision tchécoslovaque pour ses programmes, notamment certaines séries innovatrices, et l'éclectisme de la demande polonaise pour les nouveautés dont les rediffusions sont sollicitées systématiquement : les émissions sur les compositeurs et les écrivains du monde moderne...

La télévision roumaine, si proche par la langue, entendant bien garder ses liens privilégiés avec la France, et reprend sans les traduire, certains films et documentaires.

La chaîne est appréciée à travers ses émissions relatant la vie culturelle française, le choix se portant le plus souvent sur ce qui est typiquement français, et sur plus de 3/4 de programmes francophones.

(4) L'échange de programmes.

Les accords passés avec les télévisions des pays d'Europe centrale et orientale prévoient, depuis 1992, un échange de programmes, ce qui constitue une originalité exceptionnelle dans le monde audiovisuel.

Cet échange offre plusieurs avantages :

- stratégique. Le mode de relation choisi par la SEPT-ARTE, fondé sur la confiance, et non sur de simples rapports commerciaux, permet une approche plus intéressante. Il ne s'agit pas seulement de choisir des titres sur un catalogue préparé pour l'exportation, mais bien d'avoir le privilège de rechercher dans les fonds d'archives autant de curiosités précieuses pour la SEPT-ARTE et d'accéder à des programmes inédits, jamais diffusés à l'étranger.

D'autre part, de même que ses partenaires diffusent les programmes de la SEPT-ARTE en exclusivité, la SEPT-ARTE bénéficie en retour d'une exclusivité de droits pour 2 ans sur les territoires de diffusion d'ARTE : France, Allemagne, Belgique, Suisse.

- financier. Cet apport de programmes étrangers constitue un retour non négligeable de droits de diffusion gratuits. Elle permet de récupérer en partie les investissements consentis.

- politique. La SEPT-ARTE montre ainsi sa volonté réelle de coopérer avec d'autres partenaires européens et de les associer à la chaîne ARTE.

En 1994, l'échange est concrétisé avec la télévision hongroise, la télévision polonaise et la télévision tchèque, la SEPT-ARTE a obtenu les droits de diffusion d'une centaine d'heures de la part de ces télévisions et bénéficie d'une exclusivité de droits gratuits de diffusion, pour une période de deux ans à compter de l'acceptation technique par la chaîne de la copie fournie.

Les programmes fournis par les télévisions d'Europe centrale et orientale pour la SEPT-ARTE en 1993-1994 sont les suivants :

? La télévision hongroise MTV a fourni 10 heures de programmes. Cependant, seul le concert d'archives « Stravinski dirige sa Symphonie de Psaumes » a été diffusé (sous la forme de Musicarchives). De surcroît, les droits de ces programmes hongrois sont arrivés à terme entre fin 1994 et début 1995.

? La quasi totalité des programmes (18 heures) de la télévision polonaise PTV est arrivée en mauvais état technique. En outre, un certain nombre de titres les plus prestigieux parmi ces programmes ont été retenus par le service commercial de la SEPT-ARTE pour une vente vidéo. En conséquence, aucun programme n'a été diffusé.

? Les premiers programmes fournis par la télévision tchèque CTV sont en général de bonne qualité technique. La SEPT-ARTE souhaite faire venir les programmes une fois que des perspectives de diffusion se dessineront. Pour le moment, une dizaine de programmes (archives musicales, documents historiques, fictions) est stockée. Deux diffusions seulement eurent lieu : la fiction « Mala strana », en octobre 1993, et un documentaire d'archives « Portrait de Karel Ancerl », sous forme de Musicarchives.

La SEPT-ARTE souhaite que la coopération ne s'arrête pas à la diffusion et au troc de programmes. Par delà et grâce à l'exportation de ses émissions, grâce aux différents contacts établis à l'occasion de missions, la chaîne désire produire avec les nombreux créateurs de ces télévisions. Outre les aspects financiers avantageux (partage des frais de production), elle cherche à devenir ainsi de manière plus évidente l'un des partenaires « naturels » des télévisions et des réalisateurs d'Europe centrale et orientale.

Depuis 1990, une cinquantaine de coproductions ont été réalisées (spectacle, fiction, cinéma, documentaire, magazine). Des projets avec la télévision polonaise sont à l'étude.

2. Les radios du secteur public en Europe centrale et orientale

a) Radio France

Comme le reste de l'Europe et le pourtour méditerranéen, cette zone est desservie par les trois programmes nationaux de Radio France diffusés par le satellite EUTELSAT 2F1 et bientôt Hotbird : France Info. France Inter et France Culture Europe. La communauté française résidant dans les cinq pays visés est régulièrement informée de cette possibilité d'écoute, notamment par les associations de Français à l'étranger. De plus. Radio France informe les institutions françaises, en particulier celles consacrées à l'enseignement, par l'intermédiaire des postes diplomatiques.

La coopération traditionnelle, cantonnée dans le passé à quelques échanges musicaux, a pris un nouvel essor en s'étendant à d'autres secteurs. Aujourd'hui, les échanges de concerts sont nombreux et la participation importante à Euroradio 24 ( * ) ou aux échanges de musique traditionnelle (voir bilan 1994 en annexe).

Depuis le début de l'année 1995, Radio France fait parvenir une fois par semaine à ses partenaires un enregistrement d'« En avant la zizique », émission quotidienne de France Inter consacrée à la chanson française.

Par ailleurs, la société propose chaque année des stages spécifiques dans ses radios locales, destinés aux journalistes.

Elle accueille aussi des représentants de ses partenaires venus s'informer du contenu des programmes et des méthodes de gestion.

Au sein de l'UER, Radio France participe activement à un programme de formation pluriannuel des radiodiffuseurs publics d'Europe Centrale et Orientale. À titre d'exemple, on note que, dans ce cadre, un séminaire s'est tenu en novembre 1994 à Bratislava. Y assistaient quarante responsables envoyés par les radiodiffuseurs et trois intervenants de Radio France.

D'une manière générale, la coopération entre radiodiffuseurs publics de l'Europe de l'Ouest et de l'Est devrait être renforcée par l'arrivée de la directrice générale adjointe de la Radio Bulgare dans le nouveau comité radio de l'UER, instance élue par ses membres.

La présence de Radio France dans les cinq pays cités continuera à être assurée par le biais de la promotion faite en faveur des programmes sur satellite, par le développement des échanges d'émissions, par la formation, enfin grâce au travail fait en commun au sein de l'UER.

Les dispositions du cahier des missions et des charges de Radio France ne permettent cependant pas, dans ce domaine, de développer d'autres formes de coopération.

b) RFI

Interrogé sur les investissement réalisés ou projetés en Europe centrale et orientale. RFI a répondu que « le terme investissement s'entendait au sens figuré, c'est-à-dire non commercial ».

Conformément à sa mission de service public, il s'agit donc, pour RFI, de mettre des moyens techniques à la disposition de partenaires étrangers, ou de louer sur place des émetteurs afin de permettre la diffusion des émissions de RFI en français et/ou dans l'une des autres langues de RFI (polonais, roumain, russe), sans attendre de contreparties commerciales.

La conjonction de la chute du Mur de Berlin et des possibilités techniques offertes par la transmission des programmes radio sur satellites a ouvert la voie au développement de RFI en Europe centrale et orientale.

À l'exemple de BBC World Service, RFI met en place, comme - à titre expérimental - à Sofia, en Bulgarie, des rédactions décentralisées. Cette nouvelle orientation ne peut qu'être approuvée. En effet, elle dégage des économies - les salaires étant largement moins élevés dans les pays d'Europe centrale et orientale qu'en France, le coût d'installation d'un bureau est très inférieur à l'entretien d'une section langue à Paris (570 000 francs par an) -, et elle est plus efficace. Jusqu'à présent, toutes les rédactions étrangères étaient installées à Paris. La filialisation des antennes permet l'immersion de l'équipe rédactionnelle dans son environnement, ce dont la qualité de l'information ne peut que bénéficier.

RFI a donc réalisé des implantations en République tchèque. Pologne, Roumanie, et Bulgarie, sous la forme de relais 24 heures sur 24 de son Service Mondial en Français, ou de reprises de certaines de ses émissions en français ou dans la langue du pays d'accueil. Les relais ou reprises concernent la modulation de fréquence, dont les bandes étaient et sont encore peu encombrées dans cette partie de l'Europe. Le succès de cette décentralisation est cependant mitigé, avec les échecs, en Pologne, de l'association avec Radio-Zet et par le vote d'une loi restreignant le développement des agences de presse en République Tchèque, contraignant RFI à mettre fin à Radio Plus, une station lancée en octobre 1991 avec l'agence nationale de presse CTK. L'implantation en Bulgarie correspond à un nouveau départ de cette politique.

Les actions de RFI en Europe centrale et orientale correspondent à une stratégie essentiellement pragmatique, qui s'appuie sur l'adaptation aux conditions économiques et à la réglementation de chaque pays.


• La Roumanie apparaît d'emblée comme un cas à part : premier type d'implantation de RFI dans la région, la radio bilingue et bi-culturelle créée à Bucarest dès 1991. Radio Delta partage le temps d'antenne avec une équipe roumaine. Celle-ci produit ses propres émissions et assure le relais des programmes de RFI, en français et en roumain, aux heures convenues.

Ce type d'implantation s'est avéré coûteux par l'importance des investissements en matériel et en formation et n'a donc pas été poursuivi.

Par la suite, les actions de RFI en Roumanie se sont orientées vers la reprise d'émissions en français et surtout en roumain par des stations FM dans certaines villes de la province roumaine. Sur ce terrain RFI subit une très forte concurrence de la BBC et de la Deutsche Welle qui disposent de moyens importants pour la prospection et l'accueil de leurs émissions en roumain.

Un accord conclu avec la radio nationale roumaine permet de diffuser sur tout le territoire une revue de la presse française produite par la rédaction roumaine de RFI. Cet accord prévoit également la participation de cette rédaction à des émissions en multiplex, organisées par la radio nationale roumaine.


• En Bulgarie, RFI a créé un relais en 1992, pour la diffusion de ses émissions à Sofia 24 heures sur 24. Elle s'est vue récemment demander d'insérer des émissions en bulgare dans sa programmation, à l'instar de la politique menée par les autres radios internationales. L'implantation d'un studio à Sofia a donc été décidée afin de permettre la diffusion d'1 h 30 d'émissions quotidiennes en bulgare. Cette création a impliqué la constitution d'une société de droit bulgare et le recrutement de journalistes bulgares. L'installation du studio a été réalisée dans les premiers jours du mois de juin 1995, et la première émission a eu lieu le 16 octobre 1995.


• En République tchèque, RFI a créé en 1991 un relais diffusant ses émissions en français 24 heures sur 24 à Prague, en association avec l'agence de presse CTK. Cette association a pris fin à la suite d'une modification de la réglementation tchèque visant à interdire à une agence de presse d'exercer une activité radiophonique, dans une optique de défense de l'égalité d'accès de toutes les radios aux services des agences de presse. Depuis 1993, la diffusion des émissions de RFI se poursuit à Prague. 24 heures sur 24.


• En Pologne, après le changement de régime, RFI a fait partie des toutes premières radios à mener une politique d'implantation en modulation de fréquence. Le partenariat envisagé en 1990 avec Radio Gazeta, aujourd'hui Radio Zet, n'a cependant pas permis à RFI de concrétiser son objectif de radio FM bilingue, car cela n'était pas compatible avec les objectifs commerciaux de cette jeune radio.

En revanche, la foire internationale qui s'est tenue à Poznan, en 1991, a fourni à RFI l'occasion d'obtenir la diffusion d'une heure quotidienne en polonais sur la radio publique régionale de cette ville, radio Merkury.

Depuis lors, l'autonomie des stations publiques régionales a permis à RFI d'étendre la diffusion de son émission en polonais, en intégralité ou en extraits, à dix autres stations régionales.

En outre, depuis juillet 1992, les bulletins d'information en polonais de RFI sont diffusés quotidiennement sur tout le territoire par la chaîne II de la Radio nationale.

Le point noir reste l'absence de diffusion FM en langue française.

RFI a été candidate à l'attribution d'une fréquence FM à Varsovie, mais, la loi polonaise prévoyant qu'une fréquence ne peut être attribuée qu'à une société majoritairement polonaise, il en résulte pour RFI la nécessité de s'associer à un partenaire polonais qui accepterait de partager sa fréquence.

Les contacts pris jusqu'à présent par l'intermédiaire de l'organe de régulation polonais ou de l'ambassade de France à Varsovie n'ont pas permis de trouver ce partenaire.


En Hongrie : la langue hongroise n'existant pas sur RFI, c'est avec son Service Mondial en français que RFI cherche à s'implanter à Budapest. RFI s'est donc portée candidate à l'attribution d'une fréquence FM dans la capitale lors des appels d'offres lancés en 1993 et 1994, mais dans les conditions extrêmement contraignantes et dissuasives d'un cahier des charges interdisant de fait la présence de radios commerciales ou étrangères.

RFI a entrepris de compléter ses implantations dans les capitales des pays d'Europe centrale et orientale par des reprises à l'antenne de stations régionales. Elles sont déjà nombreuses en Roumanie et la prospection en vue de nouvelles reprises dans ce pays se poursuit. En Bulgarie, l'ouverture d'un studio diffusant des émissions en bulgare à Sofia a facilité sans doute l'accès d'émissions de RFI en français sur l'antenne de stations de villes de province, comme le bon niveau de francophonie de ce pays le laisse espérer. En République tchèque, le fait que RFI ne s'exprime pas en langue tchèque et le niveau limité de la francophonie laissent moins d'espoir à des ambitions d'implantation dans des villes autres que Prague.

En résumé, RFI jouit d'indéniables atouts dans son développement en Europe centrale et orientale : ce sont essentiellement l'attrait de la langue et de la culture française, l'absence d'un contentieux historique comparable à celui que les souvenirs de la Deuxième guerre mondiale font peser dans de nombreux pays voisins.

Un autre atout est l'intérêt rencontré pour les émissions en langues locales venues de l'Europe occidentale. Les émissions en polonais, en roumain et bientôt en bulgare à Sofia, constituent un élément moteur des implantations de RFI, tandis que l'absence d'émissions en tchèque et en hongrois handicape son développement dans les pays correspondants. C'est sur ce terrain que s'exerce la concurrence entre radios internationales occidentales.

Si RFI pâtit quelque peu de cette concurrence, elle bénéficie en revanche de l'attrait qu'exerce la variété française, et de l'alternative qu'elle offre à l'omniprésence anglo-saxonne. Une demande de variété française a été constatée dans tous les pays, souvent exprimée spontanément. RFI y répond par l'envoi de disques compacts produits par ses soins, regroupant les nouveautés de qualité de la production discographique française, mais cela ne comble pas entièrement le vide laissé par la faiblesse des exportations de disques français. La demande reste importante.

RFI poursuit donc son développement en Europe centrale et orientale avec l'espoir de disposer le plus rapidement possible des moyens nécessaires pour compléter son offre de programmes par la diffusion sur satellite d'un « fil musical » consacré à la variété française d'hier et d'aujourd'hui.

c) La SOFIRAD

La SOFIRAD joue un rôle particulier dans le domaine de l'action audiovisuelle extérieure en Europe centrale, avec EURINVEST, créé en 1992 en partenariat avec Radio Nostalgie.

(1) Une présence insuffisante

En décembre 1990, la SOFIRAD a reçu du Conseil pour l'action audiovisuelle extérieure un mandat d'intervention en Europe centrale et orientale en lui confiant mission « d'information, d'investigation et de constitution de partenariats audiovisuels »

Outre ses filiales de télévision (CFI, MCM, TV 5) qui ont une politique de développement en Europe centrale et orientale, la SOFIRAD a participé depuis 1991 à des appels d'offres en association avec des partenaires locaux, afin d'exploiter des fréquences FM en radio, et des fréquences hertziennes aériennes en télévision grâce à des sociétés mixtes communes.

Même si de nouvelles fréquences radios ont été obtenues en 1994, en particulier en Hongrie et en Roumanie, la SOFIRAD a tardé à mettre celles-ci en exploitation au risque de perdre ses partenaires locaux et sa crédibilité.

Cette position de repli semble motivée par un manque de capacité d'autofinancement de la société et par le peu d'intérêt que les tutelles de la SOFIRAD manifestent désormais pour son action dans cette partie du monde. En effet l'État - via le ministère des Affaires étrangères - a alloué à la SOFIRAD des moyens modestes pour atteindre cet objectif, avec un investissement cumulé de 7 millions de francs au 31 décembre 1994.

(2) La radio

En 1992, la SOFIRAD a créé sa filiale EURINVEST (66 % SOFIRAD, 34 % Radio Nostalgie) destinée à la création en Europe centrale et oriental de sociétés mixtes de radio exploitant le savoir-faire, le format, et le programme de Radio Nostalgie.

Les résultats sont cependant modestes.

Pour un capital total de 5 millions de francs, EURINVEST détenait, fin 1994 :

- 35 % d'EURINVEST Budapest (3 fréquences à exploiter).

- 40 % d'Elfinvest Roumanie (1 fréquence à exploiter).

ainsi que des participations dans Radio Russie Nostalgie et Elfinvest Moldavie.


En Roumanie

Les refus en 1992-1993 du Conseil National de l'Audiovisuel roumain d'attribuer une fréquence FM à Bucarest à Nostalgie n'ont pas empêché le partenaire local d'obtenir, pour son compte, une fréquence FM qu'il a mise à la disposition d'EURINVEST.


En Hongrie

Grâce à la société mixte qu'elle avait créée en 1993 à Budapest. EURINVEST a pu participer à un appel d'offres et obtenir ainsi en décembre 1994 une fréquence FM à Budapest en temps partagé et avoir à sa disposition deux fréquences en province.

Ce bilan mitigé s'explique sans doute par le fait que le conseil d'administration d'EURINVEST ne s'est pas réuni pendant deux ans, de janvier 1994 à février 1996 (délai pendant lequel la SOFIRAD a connu trois présidents...), et n'a donc pu procéder aux choix d'investissements, alors que la situation évoluait rapidement dans ses pays. En outre, l'administrateur délégué ne disposant pas des pouvoirs bancaires, il n'a pu libérer les moyens financiers nécessaires aux projets de développement.

Les projets roumains et moldaves n'ont pu, dans ces conditions, être développés, les projets bulgares et kazakhs ont été abandonnés, les participations hongroises ont été liquidées et la prospection en Pologne, proposée par Radio Nostalgie, a été refusée.

Alors qu'EURINVEST bénéficiait d'une dynamique de développement pendant les années 1993-1994, son fonctionnement bridé a gâché les chances de l'opérateur public dans cette région.

Ces résultats peu brillants tranchent avec la réussite de l'implantation de Radio Nostalgie, partenaire privé de cette opération à l'origine commune, et qui a manifestement mieux su tirer son épingle du jeu.

(3) La télévision

Dans ce média également, la SOFIRAD ne brille pas par sa présence.

En 1991 et 1993, en liaison avec les sociétés publiques françaises (FR3. TDF, la Sofratev) SOFIRAD a participé aux études de faisabilité et appels d'offres concernant des projets en Pologne (Poznan), Slovaquie (Kosice, Bratislava) et République Tchèque (Prague).

La SOFIRAD détient aujourd'hui 5 % d'une société candidate à une fréquence nationale en Pologne.

(4) Quel bilan ?

La SOFIRAD est confrontée depuis plusieurs années à de réelles difficultés financières qui l'empêchent de jouer un rôle moteur dans la politique audiovisuelle extérieure. La stagnation, voire la diminution, de ses ressources limitent sa capacité d'investissement dans de nouveaux projets L'essentiel de sa mission semble désormais d'assurer un appui financier à des filiales, qui n'ont pas pu ou su développer leurs propres ressources, ou de les maintenir sous perfusion.

La privatisation de RMC constitue, sans doute, et paradoxalement, la dernière chance pour la SOFIRAD de jouer un rôle véritable dans l'action audiovisuelle extérieure.

Ce rôle ne pourra être rempli que si la société bénéficie de l'essentiel, voire de la totalité des ressources tirées de la privatisation lorsque celle-ci sera effectuée. Ces ressources pourraient permettre à l'entreprise de se constituer un « trésor de guerre » pour agir efficacement dans des opérations ponctuelles, bien ciblées, contribuant à l'effort public en matière d'audiovisuel extérieur.

Cette société constitue un atout unique au monde. Elle permet en effet à l'État français d'intervenir, par le biais d'une société anonyme, auprès de média de pays étrangers.

Outre la prise de participation dans Europa Plus et la création d'EURINVEST, dont les résultats contrastés ont été examinés ci-dessus, la SOFIRAD a, par exemple, participe en Pologne avec NTP à un appel d'offre pour une télévision nationale privée. En République Tchèque, elle a participé également à un appel d'offre qui s'est révélé infructueux

Cinq ans après le Conseil audiovisuel extérieur invitant la SOFIRAD à opérer dans cette région, on ne peut que déplorer le bilan décevant, tant sur le plan radiophonique que télévisuel, de l'action de la société publique en Europe centrale et orientale.

Le développement des paysages audiovisuels nationaux dans cette région de l'Europe fait que la France a, une nouvelle fois, « raté le coche ». En effet, l'enveloppe financière nécessaire pour investir dans les média de ces pays est devenue substantiellement plus importante, à la mesure de la valorisation des sociétés locales. La SOFIRAD n'a sans doute plus les moyens de sa politique dans cette région.

3. Les autres opérateurs publics

a) TDF

Comme les autres opérateurs audiovisuels. TDF doit tenir compte de l'existence de trois blocs de pays, pour déterminer sa stratégie d'investissements.

La Hongrie, la République Tchèque et la Pologne constituent les pays dans lesquels le développement d'une activité plus importante de la société est envisagé à court ou moyen terme.

En effet, ces pays, estime TDF, « comptent parmi les plus avancés de l' Europe centrale et orientale, à la fois sur le plan économique et sur le plan de libéralisation des paysages de l'audiovisuel et des télécommunications. Ils présentent ainsi pour TDF un intérêt particulier pour le développement de son activité de base, par la prise de participation au sein des entreprises homologues de télédiffusion ou par la création - en partenariat avec des investisseurs locaux ou en accompagnement de clients français - de sociétés de prestation de services de diffusion, et également pour la mise en oeuvre de sa politique de diversification, notamment dans le secteur des radiocommunications ».

En revanche, « la Roumanie et la Bulgarie constituent des zones d'observation, faute d'opportunités clairement appréciables à l'heure actuelle ».

Enfin, « La décision d'approche du marché autrichien demeure fonction des résultats d'une prospection en cours ».

En ce qui concerne la taille du marché local et le potentiel de recettes publicitaires (pour TDF, il s'agit d'un bénéfice indirect lié au développement de clients, à savoir principalement les sociétés de programmes de radio et de télévision), la Pologne demeure vraisemblablement le pays le plus propice à une poursuite des investissements. La République Tchèque et la Hongrie (cette dernière étant à ce jour moins largement ouverte à l'implantation de chaînes privées), malgré leur taille inférieure, peuvent encore fournir quelques opportunités intéressantes, comme la privatisation des télédiffuseurs.

Les législations de ces trois pays autorisent les investissements d'entreprises étrangères dans leur paysage audiovisuel, parfois de manière majoritaire, comme l'a montré la privatisation d'Antenna Hungaria. Pour TDF, « la création d'organismes indépendants de régulation de l'audiovisuel (inspirés du CSA) a permis la clarification des situations locales et tend à minimiser les obstacles politiques ».

Enfin, TDF estime que « la bonne perception des entreprises françaises de l'audiovisuel constatée dans ces pays constitue un argument favorable dans les négociations ».

L'action de TDF, en Europe centrale et orientale était, en juillet 1995, la suivante :


En Hongrie. TDF a créé, en 1991, une société commune avec le diffuseur national Antenna Hungaria (ex-MMV) pour l'exploitation et la commercialisation d'un service national de radiomessagerie. TDF détient 49 % de cette société, dénommée Operator Hungaria, participation portée actuellement par sa filiale, le holding TDF International (TDFI).

Il existe un projet - avancé - de réponse à l'appel d'offres lancé par le Gouvernement hongrois pour la privatisation du télédiffuseur Antenna Hungaria, en vue d'une prise de participation majoritaire ; cette opération est planifiée pour le second semestre 1995.


• En République Tchèque,
TDF a créé, en 1991 également, une société commune avec les diffuseurs de l'ancienne république fédérale tchécoslovaque SR-Praha et SR-Bratislava, pour l'exploitation d'un service national de radiomessagerie en norme RDS, maintenue après la partition, avec les partenaires tchèque et slovaque ; TDF détient 58 % de cette société, dénommée Radiokontakt Operator, participation portée par TDFI.


• En Pologne,
TDF a créé, en 1994, une société en partenariat avec des investisseurs locaux, pour la réalisation de prestations d'ingénierie et de services de diffusion hertzienne terrestre. TDF détient 33 % de cette société dénommée P.S.E. (Polskie Sieci Emisyjne), qui réalise, en 1995, la mise en place et le déploiement du réseau « multivilles » de télévision de Canal + Polska (filiale du groupe français) et du réseau radio FM de radio ZET (membre du groupe Europe 1 Communication).


En Roumanie , l'entreprise a pris des contacts, courant 1994, avec le télédiffuseur national R.A. Radiocommunication, d'une part, pour un projet d'extension du réseau radio FM, d'autre part, dans la perspective d'une ouverture du capital aux investisseurs étrangers.


En Bulgarie , elle a également eu des contacts - en 1992 - avec des investisseurs locaux pour l'étude d'un réseau de radiomessagerie en norme RDS.


En Autriche , l'entreprise n'a aucune activité, mais des prospections sont en cours depuis 1994.

b) L'AFP

L'AFP n'a pas d'investissements ou de prises de participation, mais seulement des clients média gérés respectivement par ses bureaux dans les pays concernés.

Son client le plus important dans cette région est l'agence autrichienne APA (ventes de services d'information et de technologie numérique photo). Il existe également une collaboration technique importante avec l'agence roumaine Rompress (vente d'un système rédactionnel financé par la France) et l'agence tchèque CTK (photo numérique).

L'AFP souhaite développer sa présence dans ces pays afin d'y augmenter sa clientèle média et hors média, en dépit d'une conjoncture difficile et de la concurrence acharnée des autres agences internationales.

L'agence estime toutefois que « les média écrits et audiovisuels dans ces différents pays ne sont toujours pas encore très florissants et la pénétration envisagée ne peut donc être que progressive ».

* 21 Rapport sur « la politique audiovisuelle extérieure de la France » à M. Hervé de Charrette, Ministre des Affaires étrangères, par M Francis Balle, professeur à l'Université de Paris 2, avec la collaboration de MM Jean Rouilly et Jean-Marc Virieux décembre 1995, page 52.

* 22 À cet effet, le rapport BALLE précité propose une loi de programmation, une ligne budgétaire unique et un document budgétaire spécifique.

* 23 Diffusent sur cette position, en mode analogique TV5, CFI et MCM, ARTE ainsi que la Cinquième.

* 24 système de distribution de concert par satellite géré par l'UER.

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