C. UNE IMMIGRATION ALGÉRIENNE UNIQUE PAR SON AMPLEUR ET SA NATURE

L'analyse de l'exécution de l'accord franco-algérien appelle deux observations principales.

L'immigration algérienne se distingue premièrement de la plupart des autres flux par son volume. Près d'un titre primo-délivré chaque année sur dix l'est à un ressortissant algérien, tandis que les certificats de résidence en cours de validité représentent plus de 15 % du stock de titres valides. Pour instructives qu'elles soient, ces données doivent néanmoins être analysées avec prudence. D'une part, l'intensité de l'immigration algérienne résulte très probablement plus de la profondeur des liens historiques entre la France et l'Algérie et de l'importance de la diaspora présente en France que de l'accord lui-même. D'autre part, ces proportions ont connu une modeste diminution sur la période récente.

Part des certificats de résidence délivrés aux Algériens dans les primo-délivrances de titres de séjour et dans le stock de titres valides (2019-2023)

 

2019

2020

2021

2022

2023

Primo-délivrances de titres

287 503

229 388

282 772

318 926

326 954

Dont Algériens

27 452

23 939

25 925

29 271

31 943

En %

9,5 %

10,4 %

9,2 %

9,2 %

9,8 %

Stock de titres valides

3 411 241

3 426 309

3 569 298

3 833 443

4 003 718

Dont certificats de résidence

590 320

599 397

584 431

599 255

614 835

En %

17,3 %

17,5 %

16,4 %

15,6 %

15,4 %

Source : Commission des lois, à partir des données publiées par le ministère de l'intérieur

Surtout, l'immigration algérienne se distingue des autres par sa nature, à savoir une immigration principalement familiale et d'installation. Ce point a notamment été évoqué en ces termes par le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau lors de son audition devant la commission des lois le 27 novembre 2024. Selon lui, les avantages découlant de l'accord du 27 décembre 1968 en matière d'immigration familiale ont « profondément structuré l'immigration algérienne en une immigration d'installation, au contraire des immigrations marocaine et tunisienne, aujourd'hui davantage économiques et estudiantines ». Les indicateurs statistiques transmis à la mission d'information sont à cet égard sans appel. Selon la DGEF, l'immigration familiale représente 55 % des premiers titres délivrés à des ressortissants algériens en 2022 (15 527), contre seulement 34% pour les ressortissants marocains et 40% pour les ressortissants tunisiens.

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