Réponse de Sandra Vizzavona

Je vous remercie vivement pour ce prix spécial et pour le travail remarquable de la délégation aux droits des femmes, ainsi que pour vos votes.

Celui du 1er février 2023 a fait tomber un barrage et a rendu possible une révision constitutionnelle. Il a été suivi de celui du 28 février 2024 sur le projet de loi constitutionnelle. Cette reconnaissance par une délégation parlementaire revêt une importance particulière pour moi, car elle illustre l'évolution de ma démarche.

Initialement, en écrivant mon livre, je n'affichais pas d'ambition militante. Je voulais simplement partager mon expérience et donner la parole aux femmes sur leur IVG, afin de mettre en lumière la diversité de leurs situations sans les juger. Cependant, au fil des témoignages recueillis, j'ai pris conscience de la fragilité du droit à l'avortement et du poids du silence et de la culpabilité qui pèsent sur les femmes. Cette prise de conscience m'a poussée à sortir de ma réserve et à m'engager dans un combat politique.

À la suite de la publication du livre, nous avons développé un projet théâtral avec Hannah Levin, metteuse en scène, et Pascale Arbillot, comédienne. Le festival Paroles Citoyennes nous a offert l'opportunité de présenter notre pièce et de participer à des tables rondes sur l'IVG. Initialement prévue pour une unique représentation le 16 avril 2023, la pièce Interruption a ensuite été programmée au Théâtre Antoine pour une vingtaine de représentations, se prolongeant finalement jusqu'en avril 2024.

Pendant que nous étions en représentation, le calendrier politique s'est accéléré, aboutissant au vote de la loi constitutionnelle par le Congrès le 4 mars 2024. Nous avons observé une évolution dans la réception du public au cours des débats parlementaires. Les représentations qui ont suivi le vote de la loi constitutionnelle ont été accueillies avec une joie et un enthousiasme particuliers. Nous avons ressenti la fierté du public de vivre dans un pays offrant une protection constitutionnelle au droit à l'IVG.

Aujourd'hui, la France fait figure d'exemple dans le monde grâce à votre vote. Néanmoins, la modification du texte constitutionnel n'est pas suffisante. Il est crucial de veiller à l'effectivité de ce droit au quotidien et dans tous les territoires. Nous devons également penser aux femmes au-delà de nos frontières, à toutes celles vivant là où les droits reproductifs stagnent ou régressent de manière alarmante.

La maîtrise des droits reproductifs est par ailleurs une condition nécessaire, mais non suffisante, pour atteindre une égalité réelle entre les femmes et les hommes. D'autres travaux que vous menez sont essentiels. Je pense notamment à la situation des mères isolées et des familles monoparentales.

Je tiens à exprimer ma gratitude envers Chantal Birman, présente aujourd'hui, qui m'a grandement inspirée et m'a accordé un entretien déterminant pour l'écriture de mon livre et la création de la pièce de théâtre. Je suis profondément honorée d'être parmi vous aujourd'hui.

Dominique Vérien, présidente. - Je me suis rendue à la représentation de votre pièce d'abord pour des raisons professionnelles liées à nos débats autour de la constitutionnalisation de l'IVG, et j'ai finalement découvert une pièce exceptionnelle. Je comprends désormais son succès fulgurant, car lorsqu'on y a assisté, on a envie d'y inviter notre entourage.

J'invite désormais la docteure Aurélie Tinland, à me rejoindre, ainsi que mes collègues Olivia Richard et Laurence Rossignol, rapporteures de notre rapport d'information sur les femmes sans abri, que nous avons rendu public le 9 octobre dernier.

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